Invité
| | Elle regarde attentivement les nombreux rayons, yeux perdus entre les petites étiquettes au-dessous de chaque rangés. Et parfois, c’est vers l’écran de son téléphone que ses yeux glissent. Pas parce qu’elle accro à son téléphone et qu’elle ne peut pas passer cinq minutes sans en actualiser chaque application ouverte, même si ça avait tout de vrai, mais parce qu’elle y avait aussi une liste de pièces qu’elle était venu chercher dans ce magasin. Elle avait déjà fini son boulot, il ferait d’ailleurs bientôt nuit et malgré la fatigue de cette longue journée, elle a décidé de rester sur sa première idée qui était d’offrir encore un peu de son aide à ce jeune homme qu’elle appréciait tout particulièrement. Elle a déjà trouvé la majorité des pièces qu’elle voulait mais une dernière restait définitivement absente, elle a beau regarder un peu partout, c’est en vain. Le vendeur est à quelques mètres d’elle seulement, près à lui en venir en aide. Mais les vendeurs sont souvent bien trop bavards, il risquerait surement aussi à la pousser à acheter des choses dont elle n’avait pas plus besoin. Sibel se connaissait, parfois il devenait difficile de stopper l’acheteuse compulsive qui sommeillait en elle. Elle se rend toute de même à l’évidence, elle doit demander de l’aide. Plusieurs minutes après, elle est hors du magasin avec deux fois plus de pièces que ce qu’elle était venue pour. La jeune femme soupire doucement, avec l’absolue sensation de s’être fait avoir encore. Bon, si elle pouvait faire plaisir à une personne proche tout en comblant ses envies de shopping maladives, pourquoi pas ?
C’est un chemin parfaitement à l’opposé de sa maison qu’elle prend par la suite, un simple sms envoyé à son père l’informait qu’elle rentrerait plus tard que prévu. Elle sait à quel point l’homme s’inquiète pour elle, surtout ces derniers mois depuis la disparition de son frère. Elle ne veut pas y penser, elle détesterait fondre en larmes au milieu de la rue. Elle n’est pas une fille faible, sauf devant les robots mais ça c’est une toute autre histoire. Elle arrive enfin devant la porte, toque et entre directement quand on lui ouvre, agissant déjà comme si elle était chez elle. « Yo Benji ! » Un rire dans son voix qui chantonne un autre des nombreux petits surnoms qu’elle trouve pour son ami de toujours. « J’ai cru sentir une odeur de café, ça m’a attiré jusqu’ici, et… » Elle s’interrompt, le temps de poser son gros sachet entre les mains du jeune homme. « C’est fou tout ce que les gens jettent à la rue ces temps-ci, juste i n c r o y a b l e. » elle articule chaque petite lettre, de façon exagérée, comme si ça suffirait à le faire croire à sa version de l’histoire.
|
|
Invité
| |