Partagez
 

 i ran so far away (beera)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant
Invité
Anonymous
Invité

i ran so far away (beera)  Empty
MessageSujet: i ran so far away (beera)    i ran so far away (beera)  EmptyMer 28 Fév - 19:47

Il pousse la porte du restaurant et épouse la lumière du jour, pour une fois. Bebe lève les yeux au ciel et dévisage, un long moment, les nuages qui traversent avec lenteur. Il voit des formes; plus qu'il y en a, certainement. Le blond s'attarde un moment sur les images que son imagination dessine, les clés de son camion entre les doigts, avant de le rejoindre. Ameera n'est pas encore arrivée. Il se pince les lèvres. Peut-être qu'elle ne viendra pas ? Le doute l'effleure un instant et il regarde son téléphone ; un message - parmi tant d'autres, dont certains sont de Dakota, comme toujours - l'attend. Elle est en route. Il ouvre la porte de son véhicule et se glisse derrière le volant, les fesses sur la fourrure rosée, avant de démarrer. Si elle longue la route 66, il la croisera en chemin. De toute manière, ils ont de la route à faire. Beaucoup de route certainement, s'ils veulent attendre les bois et le lac avant le soir et profite un peu du soleil et de l'eau avant que la nuit ne tombe. Le moteur gronde, crache une boucane sombre, et le véhicule se met en route; peut-être trop vite pour la limite mise en place, mais qu'importe. La musique lui noie les tympans, entre ses doigts déjà, un joint. Il n'a pas fumé depuis des heures, depuis le début de sa journée. Ses pensées sont claires, un peu trop pour être cohérentes. Elles se bousculent et Bebe a besoin de les calmer. La fumée quitte ses poumons qu'il voit la silhouette de la brune sur le long de la route, au loin, et donne un coup de volant un peu surprenant pour la rejoindre. Le camion arrête brusquement, le moteur tourne encore et la musique, et il descend la vitre pour lui parler.
Ou hurler.
- allez monte, j'dois aller chercher des choses chez moi et j'crois que mon père est pas à la maison. 'fin il doit être au garage. La porte s'ouvre et elle monte, il tend les doigts et baisse la musique, légèrement. Ça s'rait con de le croiser dans l'appartement, non ? j'veux dire, j'ai bousillé les caméras de surveillance de la dernière fois, mais vu c'que tu fais et tout, t'as surement pas envie de voir sa gueule. well, j'ai pas envie de voir sa tête, qu'il conclue dans un rire, avant de se remettre en route.
Les pneus hurlent contre le bitume, le véhicule s'élance sur la route. Oriel est à une distance acceptable. La route ne le dérange pas, de toute manière. La musique hurle toujours un peu et Bebe ne peut s'empêcher de sourire à l'occasion, tournant son regard vers Ameera à plusieurs reprises. Elle lui a manqué, au cours des derniers jours. Les choses se passent étrangement vite, depuis un moment. Cosmopolis se casse la gueule avec le sol qui tremble à l'occasion et les gens sont étranges. Mais c'est pas réellement important. Elle a accepté son invitation et la chose suffit à le rendre heureux.
Le shit lui bousille les neurones pendant les quelques kilomètres à parcourir avant qu'ils n'arrivent dans une maison plus ou moins grande dont le garage semble être plus important que le reste. Le moteur s'arrête. Bebe éteint ce qui lui reste de joint et détache sa ceinture.
- allez viens, il est pas là ; si on a d'la chance, il a pas changé la serrure depuis la dernière fois que j'suis v'nu. ça doit faire quelques semaines ? ou c'était à mon anniversaire ? j'sais plus du tout. mais il change jamais la serrure, de toute manière. j'sais pas pourquoi j'ai dit ça.
La porte claque derrière lui et il enjambe la plate-bande délaissée par son père - bebe s'est occupé un temps des plantes, avant de disparaître cet été - pour pénétrer dans la demeure.
- fais comme chez toi, c'est c'que je fais partout. même ici. enfin c'est chez moi mais pas totalement.
Il hausse des épaules et traverse la cuisine, puis un couloir. La porte de sa chambre est fermée ; à l'intérieur, une odeur d'encens. La même dont Dakota se sert. Sur le sol, quelques papiers, quelques livres. Le bureau est envahi par des passions diverses et les murs sont tapissés par des posters des motos comme d'artistes plus ou moins connus. Le reste de la décoration est sobre, étrange contraste avec Bebe. Même les vêtements qui trainent au sol ne portent pas de couleurs.
- sauf yohan et dakota, y'a aucun de mes potes qui est venu ici. t'es spéciale, ameera, qu'il dit, un sourire sur les lippes, lui lançant un léger regard, avant d'ouvrir son placard pour chercher ce qu'il faut pour dormir à la belle étoile.
Revenir en haut Aller en bas
Ameera Kolisnychenko
Ameera Kolisnychenko
Date d'inscription : 15/01/2018
Messages : 241
Pseudo : jiji
Avatar : neelam gill
Réputation : 38

i ran so far away (beera)  Empty
Meera n’est pas du genre à se plaindre, mais elle est un peu fatiguée pour une fois. Franchement épuisée même, elle a du parcourir Central City en long en large et en travers plus d’une centaine de fois en quelques jours pour quelques courses et missions de contre-espionnage pour la belle Anya et son cerveau profitant de chaque demi-seconde de répit pour repenser à un symbole presque oublié, une vie complètement délaissée, une identité mise au placard : Ameera et sa famille. Meera n’a pas de famille, elle n’est même pas sûre d’avoir des amis, mais elle a un gang, une allégeance et surtout une vie, ce qu’elle n’aurait probablement pas eu pour bien longtemps si elle était restée fidèle à elle-même à travers les années. Ameera est morte pour les Kolisnychenko, elle ne doute pas un instant qu’ils ont fait leur deuil et elle a trouvé plus facile de s’enterrer elle aussi que de renoncer à eux d’abord. Meera est fatiguée et elle ne dort pas beaucoup à cause de rêves qui ressemblent trop à des souvenirs et puis elle ne fait plus confiance à la terre à ses pieds, depuis qu’elle s’est mise à trembler, elle est fatiguée, mais elle ne s’arrête pas malgré tout, sac à dos sur l’épaule contenant toutes ses possessions — surtout des armes — alors qu’elle longe la route 66 d’un pas rapide puisqu’elle se sait déjà en retard. Un chauffard dans un camion dévie brusquement sa trajectoire pour s’arrête devant elle dans un joli dérapage, la vitre qui s’abaisse laissant filtrer une musique pleine de basses et de percussions qui lui détruit déjà les tympans. « Allez monte, j'dois aller chercher des choses chez moi et j'crois que mon père est pas à la maison. 'fin il doit être au garage. » Lui hurle-t-on dessus et elle se ferait sûrement la réflexion que y a pas plus glauque comme situation que de se faire accoster par un camionneur sur la route étonnement vide, mais elle grimpe sans hésitation dès que la portière s’ouvre pour elle et s’installe en posant son sac au contenu délicat sur ses genoux. Bebe fait l’effort de baisser la musique, un chouïa à peine. « Ça s'rait con de le croiser dans l'appartement, non ? » Alors ça c’est clair que Meera préfèrerait largement éviter d’avoir à croiser la tête de con du Grim Bastard et puis ça la gêne en plus d’aller chez Bebe parce que la dernière fois qu’elle s’est approchée de l’endroit c’était pour saccager le garage de son père et si Bebe ne semble pas trop lui en vouloir, ça rend presque sa culpabilité plus insupportable encore. « j’veux dire, j'ai bousillé les caméras de surveillance de la dernière fois, mais vu c'que tu fais et tout, t'as surement pas envie de voir sa gueule. well, j'ai pas envie de voir sa tête » Il conclue sur un rire et elle lui offre un petit sourire pour signifier qu’elle est d’accord sans trop avoir besoin d’insulter son père non plus. Elle ne l’aime pas et elle a parfois l’impression que lui non plus, mais bon ça reste son paternel, elle imagine que ça compte.

Ils reprennent la route, Meera n’a jamais été en voiture sauf avec lui justement donc ça lui fait un peu bizarre et elle n’aime que moyennement ça, parce que les pneus font un bruit un peu bizarre et son camion n’est pas exactement dans le meilleur état qu’il soit, mais elle dit rien et écoute la musique qui commence à l’avoir à l’usure, observant le paysage qui défile sous ses yeux, la ville qu’elle a appris à connaître par cœur même si ce n’est pas exactement la sienne. Meera n’a pas vraiment d’amis mais elle a Bebe et ça y ressemble foutrement bien en fait vu les messages qu’elle lui envoie parfois et ses sourires à chaque fois qu’elle se met en route vers le KFC alors que ça fait bien des mois qu’elle en a marre de leur nourriture. Elle aime bien Bebe, même s’il sait maintenant ce qu’elle fait pour survivre et que ça la dérange d’autant plus qu’il a l’air de s’en foutre. Il est plus vieux qu’elle Bebe mais il a l’air plus jeune, à l’intérieur surtout. Il mérite bien son surnom. Oriel les accueille et puis finalement le garage dans lequel les Sister Morphine n’ont pas manqué de laisser leur trace, elle est un peu gênée, Meera quand le moteur s’arrête et que Bebe détache sa ceinture avec l’air d’attendre à ce qu’elle en fasse de même. Peut-être que ça devrait l’embêter vis-à-vis d’Anya d’être chez les ennemis, mais bizarrement c’est pas ça qui la gêne le plus. Comme si elle avait su laisser Spider de côté quand elle a récupéré ses affaires et quitté le QG un peu plus tôt, pour ne laisser que ce qu’il reste de Meera outre le gang, à savoir pas grand chose. Ou comme si sa loyauté envers Bebe était presque aussi importante. Elle n’y pense pas, saute en dehors du camion et fourre ses mains dans ses poches dans un geste qu’on pourrait penser destiné à prouver qu’elle compte rien casser cette fois. « allez viens, il est pas là ; si on a d'la chance, il a pas changé la serrure depuis la dernière fois que j'suis v'nu. ça doit faire quelques semaines ? ou c'était à mon anniversaire ? j'sais plus du tout. mais il change jamais la serrure, de toute manière. j'sais pas pourquoi j'ai dit ça. » D’habitude ça la saoule quand les gens parlent trop, surtout quand c’est pour rien dire, mais elle a découvert que les riens de Bebe ils l’amusent. Elle le suit en dehors du garage et jusqu’à la maison à proprement parler, en retenant un peu son souffle parce que selon toute raison elle ne devrait pas être là.

« fais comme chez toi, c'est c'que je fais partout. même ici. enfin c'est chez moi mais pas totalement. » Elle comprend elle imagine, elle se sent un peu pareil chez les SM, dans le bordel reconverti par la reine comme une espèce de mauvaise blague. C’est chez elle mais pas vraiment, sauf que c’est con parce que c’est pas comme si elle avait autre part où aller. Et puis c’est pas pareil, elle n'a pas grandi là-bas. Elle se demande si Ameera aurait fini par penser la même chose de la maison en tôle à Néodam, si elle était restée. Son visage se renfrogne alors qu’elle étouffe aussitôt l’idée, se concentre sur les pièces qui défilent, l’instinct d’espionne se réveille malgré elle, à la recherche de la moindre petite information à vomir ensuite sur les genoux d’Anya. Bebe l’emmène jusqu’à ce qui doit être sa chambre même si elle n’aurait pas forcément deviné vu les fringues mornes qui traînent au sol et le manque général de couleur et d’originalité. Pas forcément étonnant s’il ne passe véritablement que très peu de temps ici, se dit-elle. « sauf yohan et dakota, y'a aucun de mes potes qui est venu ici. t'es spéciale, ameera, » y’a un joli sourire presque flatté qui rôde sur ses lèvres et puis qui disparaît presque aussitôt quand elle entend le dernier mot, le dernier nom. C’est con, c’est qu’une lettre en plus et une erreur sûrement, en plus de ça, mais ça lui fout la poitrine et l’estomac en vrac. Elle s’est toujours présentée comme Meera, pour faire plus vite et puis… et puis parce qu’elle a eu besoin pour sa santé mentale de tout séparer, séparer Ameera la sœur d’Ashkar la fille de Néphède, de Meera orpheline d’Oriel désormais membre gradée des Sister Morphine. « Comment tu m’as appelée ? » Question stupide aussitôt regrettée, ses doigts sont trop tendus dans le fond de ses poches et elle lui tourne le dos avant qu’il puisse se retourner vers elle depuis le placard qu’il est en train d’éventrer. Elle s’approche du bureau un peu au hasard, à la recherche d’une distraction, de quoi calmer son cœur qui bat un peu trop vite. « Ça m’fait plaisir d’être spéciale mais ça m’met mal à l’aise d’être ici trop longtemps…alors hm si on pouvait…» Le père de Bebe fait un peu peur déjà et puis…son nez se fronce elle sort une main de la poche de sa veste vient déplacer une feuille quelconque sur le bureau qui cache la moitié d’un dessin entamé sur celle du dessous et c’est comme si son cerveau s’était arrêté de fonctionner pendant dix secondes quand elle regarde bêtement l’esquisse. « C’est toi qu’as fait ça ? » Elle soulève le morceau de papier avec des doigts tremblant pour le montrer à Bebe. Ameera, il l’a appelée Ameera et c’est une erreur et une coïncidence, mais il a un dessin du symbole qui la hante depuis des semaines, le symbole qui appartient à l’Autre, à Ameera justement et à sa mère et au médaillon qu’elle a eu à ses sept ans et perdu comme le reste de sa vie. Le même symbole que sur le torse de Dagan of all people, dessiné et redessiné partout où Meera le peut, pour essayer de se rappeler exactement, de se souvenir presque désespérément pour trouver des différences entre les armes ancestrales et le tatouage de son pire ennemi. Sauf que c’est identique et identique aussi au dessin fait par Bebe. Le pire c’est que y’en a d’autres sur le bureau, des copies quasi-conforme entassées les unes sur les autres. « T’as vu ça où? » Elle se rend compte que son ton est un peu brusque et qu’il va pas comprendre, même si elle doute qu’il lui en veuille beaucoup parce que c’est Bebe et qu’il est définitivement pas comme les autres. « J’veux dire c’est plutôt euh particulier comme forme c’est joli, ça vient d’où? » On a fait meilleure menteuse pour une espionne, mais elle a jamais été douée pour bien contrôler ses émotions, pour ça qu’elle fait de son mieux pour pas trop en avoir.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Invité

i ran so far away (beera)  Empty
Entre ses doigts, des milliers de choses. Des milliers de souvenirs. Bebe s'y accroche également, s'arrête une demie seconde pour dévisager un pull noir où, contre les manches, quelques gouttes de sangs ont lourdement séchés. La peau lisse de sa paume effleure la texture rugueuse sans arrière pensée, le coeur porte un battement non pas absent, mais peut-être plus lourd, avant qu'il n'éloigne le tissu et se concentre sur autre chose. L'armoire renferme des secrets qu'il aime garder loin de lui-même, oublier à l'occasion et parfois, la nuit, les craindre comme l'on peut craindre tout monstre prenant place dans un placard. Les choses sont nombreuses et certainement pas jolies ; elles font tâches contre sa peau trop blanche et si Bebe est trop pur, trop parfait, les noirceurs qui se trouvent contre sa chair ne sont que plus sombre. Et il dévisage, à l'instant. Il dévisage, les doigts enfoncés dans les abysses qui peuvent parfois le peupler, le définir entièrement, car jamais il n'est complet à l'extérieur de ces murs, avec l'absence de cette part de lui-même, et il se salit de sa propre crasse. Les ongles resteront sales pendant quelques heures avant qu'il ne les frotte beaucoup trop fort et sur ses lèvres, un sourire sera plus léger, plus dur aussi. Peut-être fumera-t-il ; il fume trop souvent pour rendre le monde entier plus vague mais surtout sa propre personne. Les ailes coupées, l'oiseau blessé essaie de planer d'une autre manière, la seule qu'il peut trouver. Mais tout ça, tout ça, Bebe ne le montre pas. Bebe est léger, Bebe sait voler. Bebe a un sourire sur les lèvres qu'importe si ses doigts s'enfoncent dans ses propres plaies et il cherche, dans le bordel qu'est son placard, les quelques objets qu'ils ont besoin pour leur petit voyage improvisé. Il se sent étranger de ses propres souvenirs, de toute manière. Il se souvient de tout, qu'importe sa mémoire bien trop souvent déficiente, et se sent étranger de la chose. Même la demeure partagée avec son père ne semble pas être la sienne.
Les doigts s'emparent d'un semblant de réchaud qui s'est perdu sous plusieurs vêtements avant de chercher quelque chose pour dormir, des plaids peut-être, bien qu'ils sont déjà nombreux dans la boite du camion. Ils dormiront à la belle étoile, de toute manière. L'oiseau n'a pas besoin d'être en cage.
- Comment tu m’as appelée ?
Il tourne sa tête vers elle dans un mouvement brusque, le regard un peu surpris. Les sourcils se froncent légèrement alors qu'il cherche dans sa mémoire ce qu'il a bien pu dire. La chose est difficile car la plupart du temps, Bebe ne peut réellement faire la différence entre ce qu'il a dit et ce qu'il a pensé car tout va trop vite, dans son esprit, et que sa bouche ne suit pas mais parfois si, mais qu'il ne sait tout simplement pas. Il essaie pourtant de trouver, car elle est Ameera, et qu'elle lui est cher et que son ton porte quelque chose de puissance.
- Spéciale ? qu'il tente, par hasard, car c'est la seule chose qui lui vient à l'esprit.
- Ça m’fait plaisir d’être spéciale mais ça m’met mal à l’aise d’être ici trop longtemps…alors hm si on pouvait…
Becan hoche de la tête, un sourire satisfait sur les lèvres. Il lui a répondu correctement, certainement, si elle ne demande pas une seconde fois. Son regard retourne se perdre au fin fond de son passé qui ne lui appartient pas totalement et il trouve quelques plaids, quelques vêtements également qu'il met dans un sac portant le symbole des grim.
- t'as pas besoin de t'expliquer, tu sais. j'veux dire, c'est moche aussi. oppressant. j'déteste venir ici. c'est l'enfer ; j'ai l'impression de faire des pas vers l'arrière à chaque fois que j'mets les pieds ici et je déteste ça. c'est pas chez moi ; c'est chez quelqu'un d'autre. je sais pas du tout qui ; quelqu'un que j'ai essayé d'être peut-être ? non, c'est un mensonge. une part de moi-même, on dira. même si j'aime pas vraiment. mais bon, mentir, c'est pas un truc qui change la réalité, hein ?
Il se redresse et même si le sac est lourd maintenant, Bebe le ramène contre son épaule. Le corps est maigre, certains pourraient dire que Becan est faible, mais la chose est peut-être faute. Le chef des Grim Bastards ne laisseraient jamais son fils être faible. Alors certes le corps de Bebe est grand et maigre, mais il est surtout nerveux et noueux et il porte des muscles longs mais forts qui peuvent supporter plus que sa gueule d'ange laisse croire.
- C’est toi qu’as fait ça ?
- Ça ? Quoi ?
Le regard brille de curiosité et il s'approche d'elle pour mieux voir. Ses doigts se tendent et il s'empare du dessin sans pour autant le lui enlever des doigts. L'oeuvre a été fait il y a plusieurs mois maintenant, certainement quand il vivait encore dans la demeure, car Bebe aime les choses fort mais les abandonne vite et le dessin, il n'y a pas touché depuis un moment, déjà. Il se demande pourquoi ; il a oublié.
- T’as vu ça où? J’veux dire c’est plutôt euh particulier comme forme c’est joli, ça vient d’où?
- Je savais pas que t'aimais l'art. Enfin j'dis pas que je suis un artiste, hein, je fais ça à l'occasion, et puis il est pas trop parfait non plus, qu'il répond un peu rapidement, lâchant le dessin pour en prendre un autre, sur la table, avant de le lui tendre. Celui-là est un peu mieux. Les détails sont un peu plus parfaits, non ? Enfin c'est difficile à dire. C'est un truc que j'vois souvent dans mes rêves, quand j'me souviens de mes rêves. Tu sais qu'on dit que, si on fait un rêve trois fort, le truc risque de se produire ? J'me suis toujours demandé si c'était vrai car c'est vraiment un truc auquel je rêve souvent. Pas toujours la même scène, mais toujours le même objet, et toujours la même gamine. La même maison, aussi, et les parents, et  - c'est comme une seconde vie, un peu ? Tu crois que c'est possible ?
Bebe tourne vers elle un regard curieux, un peu brillant. Il sait qu'il s'enflamme et cherche un instant à pincer ses lèvres pour retenir ses mots. Ses yeux s'attardent sur les traits d'Ameera. Il se perd brièvement dans la noirceur de ses yeux, presque aussi noirs que les secrets de son placard, et sur la teinte de sa peau qui le capture trop souvent. Elle est belle et Bebe le sait ; il n'est pas aveugle. Toute forme de beauté parvient facilement à le charmer et elle ne fait pas exception à la règle.
Il détourne le regard, conscient qu'il l'observe depuis trop longtemps dans les yeux. La chose est brève, car Bebe est incapable de parler aux gens sans, justement, les regarder dans les yeux. Qu'importe s'ils sont trop proches. Alors, il chasse le malaise en grattant légèrement l'une de ses joues, avant de lâcher un bref rire, puis de l'observer de nouveau, se perdre brièvement au fond de ses yeux, un nouvel abysse qu'il ne peut nier.
- Est-ce que j'ai répondu à ta question ? Je sais plus. Hmm, dans mes rêves, du coup ? La plupart de mes rêves, en tous cas, parce que parfois je rêve que je suis pourchassé par des chats géants portant des chaussettes et ils ont étrangement la voix de Clyde mais ça c'est - enfin, tu veux pas savoir. Dans mes rêves, ouais. Depuis genre, des années ? je sais plus du tout. j'ai essayé d'me le tatouer sous l'un de mes pieds y'a deux ans je crois mais avec le temps il est devenu tout moche et j'devrais le refaire, en fait. j'avais complètement oublié.
Sur son épaule, le sac pèse légèrement. Bebe le remonte d'un coup sec tout en se souvenant de sa présence.
- J'ai tout ce qu'il faut, en tous cas. On peut continuer à parler dans la voiture, si tu veux. Tu voulais pas rester longtemps ici, non ? Oh mais, tu peux prendre un des dessins, si tu veux. Prends celui que tu préfères, c'est cadeau.
Revenir en haut Aller en bas
Ameera Kolisnychenko
Ameera Kolisnychenko
Date d'inscription : 15/01/2018
Messages : 241
Pseudo : jiji
Avatar : neelam gill
Réputation : 38

i ran so far away (beera)  Empty
« Je savais pas que t'aimais l'art. Enfin j'dis pas que je suis un artiste, hein, je fais ça à l'occasion, et puis il est pas trop parfait non plus, » Meera hausse les épaules, elle ne peut pas dire qu'elle aime l’art parce qu’elle ne s’y connaît pas. Dans une autre vie, papa était forgeron, mais c’était un peu de l’art aussi, surtout quand il lui créait des bijoux depuis de pauvres morceaux de ferraille. Elle ne s’y connaît pas et elle s’en fiche, elle n'a pas visité un seul musée depuis qu’elle est à Altéa, pas le temps, c'est loin d'être une nécessité d'aller regarder ce qui n'est que beau mais ça, ça l’arrête. « Celui-là est un peu mieux. Les détails sont un peu plus parfaits, non ? Enfin c'est difficile à dire. C'est un truc que j'vois souvent dans mes rêves, quand j'me souviens de mes rêves. Tu sais qu'on dit que, si on fait un rêve trois fort, le truc risque de se produire ? J'me suis toujours demandé si c'était vrai car c'est vraiment un truc auquel je rêve souvent. Pas toujours la même scène, mais toujours le même objet, et toujours la même gamine. La même maison, aussi, et les parents, et  - c'est comme une seconde vie, un peu ? Tu crois que c'est possible ? » Meera retient très fort son souffle un peu comme si on lui avait mis la tête sous l’eau brusquement et que ses pieds trouvaient plus le sol, elle flanche, perd de son assurance et de ses sourires et elle ne comprend pas vraiment ce que Bebe raconte. Bebe étant Bebe l’idée qu’il mente ne lui traverse même pas l’esprit, il doit dire la vérité, même si ça doit vouloir dire qu’il est fou et même si ça lui retourne la poitrine de façon trop violente cette fois. Elle aimerait qu’il se mette à rigoler et qu’il lui claque le dos du plat de la main, et que tout ça ne soit qu’une blague étrange parce que ce qu’il dit n’a pas de sens et en même temps, c’est si précis…  L’air retrouve difficilement le chemin de ses poumons et ça lui appelle un peu Néodam et c’est encore pire, elle détourne le regard en même temps que lui, en attrapant la feuille tendue, incapable de parler, même si le noir de ses prunelles rencontre vite de nouveau le bleu des siennes. Ils sont pareils pour ça : quand ils parlent ils regardent. « Est-ce que j'ai répondu à ta question ? Je sais plus. Hmm, dans mes rêves, du coup ? La plupart de mes rêves, en tous cas, parce que parfois je rêve que je suis pourchassé par des chats géants portant des chaussettes et ils ont étrangement la voix de Clyde mais ça c'est - enfin, tu veux pas savoir. Dans mes rêves, ouais. Depuis genre, des années ? je sais plus du tout. j'ai essayé d'me le tatouer sous l'un de mes pieds y'a deux ans je crois mais avec le temps il est devenu tout moche et j'devrais le refaire, en fait. j'avais complètement oublié. » Il divague un peu à la Bebe, rien de neuf ou d’étonnant et Meera envie de croire que tout n’est qu’une pauvre coïncidence, que c'est elle qui essaye d'y voir quelque chose, parce qu'une part de son esprit ne veut pas move on, aime souffrir. Elle a envie de croire que ses rêves d’une famille et d’une gamine et de ce symbole n’ont rien de plus réel et profond que ceux dans lesquels des chats parlant le poursuivent. Y a pas de raison que ça ne soit pas le cas.

Il n’empêche qu’elle reste plantée là comme une idiote au milieu de la chambre de Bebe, toute forme d’inconfort dû au fait d’être sur le territoire ennemi oubliée. « J'ai tout ce qu'il faut, en tous cas. On peut continuer à parler dans la voiture, si tu veux. Tu voulais pas rester longtemps ici, non ? Oh mais, tu peux prendre un des dessins, si tu veux. Prends celui que tu préfères, c'est cadeau. » Ses doigts se crispent machinalement autour du papier, elle n'en a pas besoin, elle en a des dizaines de brouillons similaires, même si son tracé à elle est bien moins joli que celui de Bebe. Ce n’est pas la même chose, lui s’inspire de ses rêves pour de l’art et elle, elle essaye juste de prouver que ses souvenirs refoulés ne coïncident pas avec la marque sur le torse de Dagan. « Oui euh, on y va, » approuve-t-elle avec un hochement de tête, elle n’a pas envie de s’attarder et ce n’est pas comme si elle risquait de trébucher sur quoi que ce soit de plus étrange que ces papiers trouvés sur son bureau — en fait elle aurait presque peur de trouver pire. Elle en glisse un dans sa poche, un « Merci » à peine audible quand ils quittent la pièce. Aussi brusquement que le malaise l’avait quittée, il lui revient à pleine puissance, et elle ne marmonne pas un mot jusqu’à ce qu’ils retrouvent le garage et le camion, son visage tout froncé, comme si elle essayait physiquement d’empêcher son cerveau de trop penser à ce qu’elle a vu, à ce qu’il lui a dit, à la famille qu’elle peut voir elle aussi, si elle ferme les yeux et se concentre. Leurs traits sont devenus flous dans ses rêves à elle, et c’est pas possible que Bebe se souvienne mieux qu’elle des parents d’Ameera, ça serait pas juste, donc ça peut pas être ça. Ça peut pas… « Et hm…la gamine…dans tes rêves…elle a un nom? » Mais rien n’est jamais impossible, elle l’a prouvé depuis qu’elle n’est plus Ameera, depuis qu’elle une altéane, depuis qu’elle voit les pouvoirs sataniques manipulés par tout le monde autour d’elle au quotidien. Rien n’est impossible, alors elle pose la question, les doigts tous tordus d’anxiété dans le fond des poches de sa veste, là où le dessin de Bebe est déjà tout froissé.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Invité

i ran so far away (beera)  Empty
Ameera n'est pas à l'aise et si Bebe remarque quoique ce soit, il ne dit rien. Peut-être tente-t-il la tentative du silence, ignorer le problème jusqu'à ce qu'il ne soit plus. Pas qu'il n'ait pas envie de la réconforter ; il est le premier, en tant normal, à faire son possible pour calmer les autres, à sécher leurs larmes. Il a du mal avec ses propres maux mais fait son possible avec ceux des autres. Ses lèvres se pincent brièvement et s'il cherche quelque chose dans son regard, Bebe n'y trouve pas de réponses qu'elle veut offrir, et elle s'empare du dessin dans un geste possessif. Son regard dévie sur ses doigts et le papier, son attention particulièrement appuyé sur l'intensité du geste, avant qu'il n'hoche de la tête pour approuver ses paroles. Il n'a pas envie de rester ici plus longtemps. Les minutes ont déjà été trop nombreuses et les murs empestent Wilhelm et il lui suffit de tendre le nez pour sentir un mélange de tabac froid et de bière tiède et il n'est pas certain d'apprécier l'effet que la chose lui apporte. Il hésite une seconde à prendre son encre et ses aiguilles pour refaire le tatouage dont ils viennent de parler contre la paume de son pied, avant de se souvenir que les objets en question se trouvent déjà dans son coffre à gant. Il se tatoue trop souvent, dernièrement ; les marques sont certes discrètes contre sa peau, mais elles commencent à être nombreuses et de plus en plus apparentes, dans l'ensemble. Les questions fusent de plus en plus souvent et les réponses, de son côté, font de moins en moins de sens. Ameera n'a pas posé de questions à ce sujet là et tant mieux. Peut-être le fera-t-elle lorsqu'ils seront au bord du lac dans le calme, loin du bordel et de tout ce qui constitue la ville. Bebe s'étonne encore à chaque fois d'être un amoureux de la nature. Ses pas le ramènent toujours dans les bois ou encore sur la plage sans qu'il ne puisse s'en empêcher. C'est plus fort que lui. Il espère qu'elle aimera également. Elle n'a jamais quitté la ville, qu'elle lui a di lorsqu'il a proposé l'idée. Les yeux de Becan se sont mis à briller et depuis, l'idée n'a pas quitté son esprit un seul instant. Il se doit de lui montrer. Il rêve d'aller à la plage en sa compagnie mais ce sera pour une autre fois. Il vaut mieux commencer par la forêt, le lac et une nuit là-bas. Si une part de lui-même, celle rêveuse et désespérément à la recherche de romance, s'imagine des folies, Bebe se contente de sourire simplement et ne s'attarde pas aux rêveries que lui accorde son esprit. Il est habitué, de toute manière, à ce que son esprit ne s'imagine des choses dés l'instant où quelqu'un devient important pour lui. Son amour est habituellement sans frontière et aveugle et il ne remarque pas réellement les différences entre les élans qui le traversent. Ils se confondent tous. C'est parfois pénible, mais il est bon, par la même occasion, d'aimer autant de gens en même temps. C'est comme tomber amoureux un millier de fois ; le meilleur des sentiments à profusion.
Le moteur du camion gronde et les pneus hurlent contre le bitume. Ils reprennent la route. Bebe ne tarde pas à sortir de la ville pour reprendre la route 66 et si une limite de vitesse est mise en place, il ne l'obéit pas particulièrement. Il n'essaie pas, tout autant, de faire peur à son amie. Il peut voir, du coin de l'oeil, la manière qu'elle a de crispé les doigts au fond de ses poches et redresse légèrement le pied pour ralentir. Qu'importe s'il meurt d'envie de lui montrer le paysage le plus rapidement possible ; il ne désire pas lui faire peur. Cette fois-ci, la radio diffuse une musique plus douce et le volume est presque muet. La route est presque vide si ce n'est que quelques voitures. Ils arriveront rapidement.
Il passe devant le KFC lorsque la question d'Ameera tombe et Bebe se fait violence pour ne pas la regarder dans les yeux, pour lui répondre. Il dévie tout de même la tête vers elle quelques secondes, suffisament pour croiser son regard pleinement, avant de diriger son regard vers la route.
- Ameera, qu'il dit, franchement, sans détour. Et y'a d'autres personnes, aussi. Ils ont tous des prénoms vraiment uniques et jolis comme ça. Tu veux les connaître ? À une époque j'les listais sur un papier et j'essayais de trouver comment les écrire pour essayer de trouver la signification exacte du prénom parce que j'étais dans une phase où j'voulais savoir la signification de chacun de mes rêves mais j'ai arrêté y'a longtemps, ça faisait rire Dakota et j'ai commencé à trouver ça stupide aussi. Mais j'me souviens de la plupart des prénoms. La mère - elle s'appelle Jameela - les hurle souvent dans la maison. C'est tout petit pour le nombre de personne qu'ils sont à l'intérieur mais c'est tellement chaleureux que j'ferais n'importe quoi pour y vivre avec eux. C'est pour ça que j'ai commencé à détester la maison, d'ailleurs. C'est tellement vide.
Déjà sur la route, les arbres commencent à se faire de plus en plus nombreux et les batiments de moins en moins présents. Le pied appuie un peu plus sur l'accélérateur et Bebe sourit un peu plus.
- Quand j'pense à mon enfance et que j'la compare à celle que j'vois dans mes rêves, avec les jumeaux et leurs bonbons, avec ce Danyal et ses amis, et à Ameera et ses grands yeux et tout ce que je vois que je dors, ça me donne l'impression d'être horriblement seul, tu sais ? Ça me rend pas forcément triste, avant oui mais plus maintenant. J'ai trouvé des gens qui me font ressentir la même chose que dans les rêves, je crois.
Il tourne le volant pour engager le véhicule dans une bretelle et prendre une plus petite route, tourne son regard vers elle, trop bleu, un fin sourire sur les lèvres, et dit, les yeux au creux des siens.
- Et toi, Meera ? Tu te sens seule, parfois ?
Revenir en haut Aller en bas
Ameera Kolisnychenko
Ameera Kolisnychenko
Date d'inscription : 15/01/2018
Messages : 241
Pseudo : jiji
Avatar : neelam gill
Réputation : 38

i ran so far away (beera)  Empty
« Ameera », tombe presque aussitôt la réponse et en même temps le cœur de Meera, lourd, lourd tellement lourd dans le fond de son estomac, un poids qu’elle a tenté d’effacer et d’oublier, pendant longtemps. « Et y'a d'autres personnes, aussi. Ils ont tous des prénoms vraiment uniques et jolis comme ça. Tu veux les connaître ? À une époque j'les listais sur un papier et j'essayais de trouver comment les écrire pour essayer de trouver la signification exacte du prénom parce que j'étais dans une phase où j'voulais savoir la signification de chacun de mes rêves mais j'ai arrêté y'a longtemps, ça faisait rire Dakota et j'ai commencé à trouver ça stupide aussi. » Elle s’en fiche de ça, pour une fois les digressions de Bebe ne l’amusent pas, ne la font pas sourire, elle s’en fiche, elle veut savoir les noms, elle veut tout savoir ; elle veut qu’il se taise, qu'il mente, elle veut sortir du camion où elle étouffe et poser les mains sur ses oreilles et hurler comme une enfant. Elle a peur. Elle a peur parce qu’il y a son symbole et son prénom dans ses rêves et peut-être même elle tout simplement et sa vie d’avant, qu’elle ne pourra jamais retrouver ailleurs que dans des souvenirs qui deviennent de plus en plus flous. « Mais j'me souviens de la plupart des prénoms. La mère - elle s'appelle Jameela - les hurle souvent dans la maison. C'est tout petit pour le nombre de personne qu'ils sont à l'intérieur mais c'est tellement chaleureux que j'ferais n'importe quoi pour y vivre avec eux. C'est pour ça que j'ai commencé à détester la maison, d'ailleurs. C'est tellement vide. » C’est injuste, première pensée de Meera après le choc d’entendre d’entendre dans la bouche de Bebe le nom de sa mère. C’est injuste que pour elle les visages et les moments marquants se perdent, à tel point qu’elle n’est même plus sûre qu’elle serait capable de revoir totalement les traits de Jameela si elle fermait les yeux et se concentraient. Et elle est sûre, en tous cas, de ne plus pouvoir se rappeler de sa voix alors que lui, il l’entend dans ses rêves. Ce n’est pas sa famille, mais il les voit et ce n’est pas juste.

C’est étrange parce que ça fait des années qu’elle sait que rien n'est juste, rien du tout. Parce que si la vie était juste Meera ne se serait jamais retrouvée à la rue, ou pire dans le bordel et elle n'aurait jamais eu du sang comme ça sur les mains et elle n'aurait jamais eu à devenir la Spider des Sister Morphine. Elle n'aurait jamais eu à quitter Néphède, Downtown Neodam et Maman et Papa et ses frères. Rien n'est jamais juste, et elle pensait que rien ne pourrait encore la toucher, la décevoir, la blesser comme ça, mais la simple idée des rêves de Bebe, dans la petite maison en tôle où elle a grandi, lui brise le cœur. Elle serait contente qu’il conduise et doive garder les yeux sur la route, sans pouvoir donc la regarder elle et son expression choquée, presque heurtée, si elle était ne serait-ce que capable d’y penser, de penser à quo que ce soit d'autre que ses sentiments refoulés qui ressurgissent avec une puissance inattendue. « Quand j'pense à mon enfance et que j'la compare à celle que j'vois dans mes rêves, avec les jumeaux et leurs bonbons, avec ce Danyal et ses amis, et à Ameera et ses grands yeux et tout ce que je vois que je dors, ça me donne l'impression d'être horriblement seul, tu sais ? Ça me rend pas forcément triste, avant oui mais plus maintenant. J'ai trouvé des gens qui me font ressentir la même chose que dans les rêves, je crois. » Elle pince des lèvres, détourne le visage un bref instant pour essayer de recomposer ses traits en une expression neutre et pas écorchée vive comme elle a l’impression de l’être en l’entendant. Ce sont des détails tous bêtes, rien qu’elle ne redécouvre, mais tout qui prouve que ce sont bien les Kolisnychenko, sa famille (il y a longtemps qu’elle n’a pas pensé ça) dans les rêves de Bebe. « Et toi, Meera ? Tu te sens seule, parfois ? » Tout le temps. Ce n’était pas le cas avant, quand y avait tout ce monde dont il rêve dans sa vie, pour de vrai, en chair et en os et en hurlements de Maman et douceur bien cachée de Papa et rires d’Ashkar surtout, surtout. Il n'a pas mentionné Ashkar, Bebe, c’est peut-être tant mieux, ceci dit, ça la rendrait trop triste de penser à lui. Ça la rend triste. Elle regarde résolument la route qui défile à sa fenêtre, silencieuse un long moment, comme si elle cherchait la bonne réponse à sa question, comme s'il y en avait une. « Oui. » finit-elle pourtant par dire, malgré elle et toute la force qu'elle essaye d'avoir et de présenter au monde au quotidien. Elle s'ouvre souvent plus à Bebe qu'aux autres, mais quand même pas à ce point, au point d'avouer qu'après avoir grandi dans une toute petite maison pour une fratrie trop imposante se retrouvée esseulée à été difficile et que même en faisant partie d'un gang, même avec son cluster et sa jumelle cosmique, elle se sent seule, tout le temps. Elle peut presque déjà sentir l'inquiétude de Neha justement, qui doit ressentir la tornade qui agite sa poitrine. Don't worry, pense-t-elle, un peu pour elle-même, un peu pour sa jumelle, Meera n'aimerait pas qu'elle se sente obligée de lui renvoyer Yohan dans les pattes une nouvelle fois. « Moi aussi j'ai des rêves, des images…le papa, il s'appelle Andriy et Jameela, » étrange de les appeler par leurs prénoms, elle n'a jamais fait ça avant, elle n'a jamais parlé d'eux depuis son transfert, non plus. « elle a une émeraude sur son médaillon, non ? » Un bref regard vers Bebe, à peine le temps de le laisser approuver, elle sait déjà la réponse, parce qu'elle peut bien croire aux coïncidences quand ça l'arrange Meera, elle peut bien essayer de s'y forcer. Mais là, elle-même doit se rendre à l'évidence. « Mais pour moi c'est pas que des rêves. La maison… » j'ferais n'importe quoi pour y vivre avec eux, a dit Bebe et ça trouve tellement écho dans le cœur de Meera malgré toutes les barrières qu'elle a essayé d'ériger pour survivre à la douleur de la séparation que pour la première fois depuis des lustres, elle se retrouve à combattre ce qui ressemble à des sanglots dans sa gorge, une humidité brûlante dans ses yeux. « C'est…c'était la mienne. » Elle s'étrangle presque sur ses mots alors elle préfère se taire un peu brusquement ses doigts  tant serrés sur le morceau de papier dans sa poche qu'ils manquent de le déchirer. « Pour moi c'est flou et confus et des fois j'oublie et souvent j'essaye d'oublier parce que…parce que ça me fait mal que le visage de Jameela » Maman. « il soit plus très précis et que j'me souviens quand elle hurlait, mais j'arrive plus à entendre sa voix, j'arrive plus, j'arrive plus à me rappeler les blagues des jumeaux, j'arrive plus… » Même Ashkar, celui dont elle se souvient le mieux, le son de son rire, elle a du mal à s'y raccrocher. Elle bat des cils comme pour retenir de force les larmes qui perlent au coin de ses yeux, laisse sa voix se perdre, le silence achever sa phrase, mieux vaut ça qu'un hoquet. Elle est un peu plus calme en apparence au moins, quand elle lâche, platement, presque neutre, factuelle : « Tes rêves. Tes rêves ce sont mes souvenirs. » Ce n'est pas la chose la plus folle qui lui soit arrivée, clairement pas, mais c'est peut-être la pire (et la meilleure à la fois).
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Invité

i ran so far away (beera)  Empty
Le oui tombe comme une sentence. Une peine de mort, peut-être bien, mais l'image est trop tragique pour une personne comme Bebe. Il garde son regard sur la route, lorsqu'elle répond. S'il n'est pas totalement à l'aise avec l'étrange ambiance qui prend place dans le véhicule - aller en camping reste une aventure formidable et il aimerait que Ameera vive la chose entièrement - Bebe ne pousse pas la question. Ce qu'il a compris avec la brune au fil des mois, c'est qu'il doit apprendre à se taire. Il peine encore à le faire totalement, et il lui arrive parfois de se mordre la lèvre un peu trop fort pour ne pas ouvrir la bouche et commencer à parler. Pas spécialement à propos de leur conversation ; avec la tension, il serait capable de lui parler de ce qu'il a mangé la veille ou de Reyn qui a tellement ri qu'il a craché un spaghetti par le nez il y a trois semaines ou encore, d'un chien qu'il a croisé sur la route il y a cinq jours et qui l'a suivi sur deux rues avant de le quitter brusquement. Mais le blond se mord la joue et continue de conduire dans les petites routes ; autour, les civilisations diminuent lentement et les arbres prennent de plus en plus de place. Encore une fois, il aimerait lui parler ; lui dire combien de fois il a pris cette route, combien de personnes sont venus avec lui, et ce qu'il a prévu pour l'occuper et l'amuser. Il espère que ses idées l'intéresseront autant qu'elles lui plaisent. Mais Bebe sait que Ameera est spéciale, car il l'a dit, et qu'il ne dit jamais des choses qu'il ne pense pas. Du moins, pas lorsqu'il s'agit de compliments. Il sait qu'ils ne partagent pas beaucoup de points communs et il se demande encore pourquoi ils se parlent et surtout pourquoi elle lui parle mais elle est toujours là malgré les mois et malgré les différentes et Bebe ressent quelque chose, face à ça. Il n'arrive pas forcément à décrire le sentiment, mais c'est une sensation agréable. Il fait son possible - bien que ça ne lui en demande pas pourquoi - pour l'accepter comme elle est, et il lui semble qu'elle en fait tout autant. Qu'importe à quel point ils ne viennent pas du même monde. Qu'importe tout ce qui importe, au final.
Bebe mord sa lèvre et attend, offre un silence qui n'est toujours pas présent car, justement, finalement, simplement, Ameera est spéciale. Il le sent, tout simplement.
Puis, enfin, elle parle de nouveau. La chose le surprend. Si elle lui parle à l'occasion de certaines choses, elle n'a jamais abordé quelque chose proche de ce sujet là. Pas qu'il sache duquel il s'agit. Mais il attire son attention. Alors Bebe papillonne des yeux et tourne son regard vers elle. Peut-être un peu trop longtemps ; il lance quelques regards furtifs sur la route déserte, mais le revient toujours sur elle.
- elle a une émeraude sur son médaillon, non ?
Un hochement de tête, sec. Mais Ameera a déjà détourné le regard. Bebe abandonne la joue meurtrie pour dire ;
- oui oui, comment tu sais ? et dans sa poitrine, son coeur s'excite. Il se fait déjà des scénarios. Mais Bebe, il s'en fait toujours, des scénarios. Dans sa tête, il y a déjà eu des milliers de mariages et d'enfants et de femmes, et d'hommes, et de morts. Le blond a déjà vécu un milliers de vie dans son esprit et dans ses rêves, aussi. C'est peut-être pour cela qu'il peine à garder pied dans la réalité. Il peine à savoir où elle se trouve, avec toutes ces histoires. Mais les siennes n'ont pas d'importance. Bebe se concentre sur les mots de la brune et reste attentif, et mord sa joue encore plus fort, toujours plus fort, lorsqu'il entend quelque chose de serrer dans la voix d'Ameera suivi de ;
- C'est…c'était la mienne.
De maison. Sa maison.
Dans sa bouche, un goût de fer. Sur le volant, les doigts sont blancs. Bebe serre trop tard. Il aimerait la prendre dans ses bras. Un petit silence, et elle continue. Il aimerait qu'elle se taise. C'est stupide, mais Bebe comprend pourquoi les gens aimeraient qu'il se taise, parfois. Ameera continue de parler et Bebe serre le volant, ne dit rien et la regarde pas. Il aimerait lui dire des milliers de bêtises pour qu'elle cesse d'avoir la voix serrée et qu'elle lui puisse rire mais Bebe ne dit rien et écoute ses mots car il veut savoir ce qu'elle a à dire. Car la chose lui semble impossible mais Bebe croit aux fantômes et à d'autres idioties du genre alors il écoute ses mots et il veut y croire, fort. Bebe est curieux, trop curieux peut-être, mais pas forcément cruel. Du moins, il aime le croire. Alors oui, il la laisse finir et écoute ses mots avec un peu trop d'attention, mais il ralentit le véhicule et lorsqu'elle conclue par une simple phrase qui est tout sauf simple, le camion s'arrête sur le côté de la route.
Le regard reste d'abord sur le volant. Les mains aussi. Bebe cherche quoi dire. Bebe ne cherche jamais quoi dire ; il se contente de balancer un milliers de mots qui ne vont pas forcément ensemble et espérer que les gens comprennent, mais ne se soucie pas particulièrement qu'ils comprennent, justement.
- vraiment ? j'suis désolé ; la voix est serrée et il tourne son regard vers elle. Il faut quelques secondes pour que les doigts quittent le volant et glissent contre son pantalon. Le blond pince ses lèvres et baisse les yeux un peu, les remonte et les baisse, puis les remonte. Il ne sait pas où regarder. Il ne sait même plus parler. Alors, il opte pour la normalité ; vomir tout ce qu'il peut bien penser. j'ai l'impression d'avoir voler tes souvenirs ou tes rêves et je suis désolé. je sais pas comment j'ai fait ça, je sais même pas si c'est ça mais je suis désolé parce que si je pouvais tout oublier pour que tu te rappelles tout ça je le ferais. s'il te plait pleure pas. j'ai pas envie de te voir triste. mais tu peux être triste si tu veux. mon envie c'est rien. si tu veux être triste, sois triste. c'est toi qui décide, meera.
Bebe se tait et grimace. Il passe ses doigts dans ses cheveux et soupire, la regarde et détourne les yeux, la regarde encore et essaie de rester accroché. Car qu'importe s'il n'aime pas la voir pleurer, s'il s'en veut, Bebe parle toujours en regardant les gens dans les yeux. Ou du moins, il cherche leur regard.
De toute manière Ameera ne pleure pas. Pas encore, en tous cas. Peut-être que Bebe la voit pleurer car lui, il serait certainement déjà en train de pleurer. Il ne les a jamais connu tout ces gens, mais il les aime énormément. Elle, elle les a connu. Il n'imagine pas sa peine.
Il a envie de pleurer pour elle.
- est-ce que tu veux que ... je veux dire, tu veux que je te raconte ? je suis pas très doué pour les histoires, je commence par le milieu puis le fin puis le début et le milieu et la fin et finalement je recommence mais - je peux essayer ? si tu veux ? j'veux dire, je fais encore les rêves. seulement si tu veux. je peux me taire aussi.
Il hoche de la tête, les sourcils un peu froncés, un peu sérieux, même si la chose ne lui va pas forcément bien. Mais Bebe veut faire ce qu'il faut pour qu'elle aille mieux et s'il doit se taire, il enfoncera ses dents dans l'autre joue, c'est tout.
- tu veux un calin ? - ou je peux me taire, qu'il répète, forcément, à ne pas savoir comment faire. Car Ameera n'est pas comme les autres filles, il ne peut pas juste la prendre dans ses bras et dire que tout ira bien, car ce n'est pas une histoire normale, non plus. Ameera est spéciale, les rêves sont spéciaux, et peut-être que tout simplement, ils sont spéciaux.
Revenir en haut Aller en bas
Ameera Kolisnychenko
Ameera Kolisnychenko
Date d'inscription : 15/01/2018
Messages : 241
Pseudo : jiji
Avatar : neelam gill
Réputation : 38

i ran so far away (beera)  Empty
Bebe ralentit le véhicule dont la trajectoire s’arrête presque en même temps que la voix de Meera meurt, dans une synchronisation un peu étrange. Ils ne regardent pas et le silence est pesant soudainement. Meera aime bien le silence, elle en a l’habitude, mais pas avec Bebe, avec Bebe y a jamais de silence, jamais de blanc, à peine quelques trous pour en placer une et ça lui convient ça aussi parce que, silence ou pas, Meera ne parle pas beaucoup. Sauf qu’elle vient de parler, elle vient de parler pas mal, elle vient de dire quelque chose d’aussi fou et impossible qu’important. Et avec ça elle a l’air d’avoir su accomplir l’impossible : rendre Bebe muet. Ça ne dure pas trop longtemps, mais ça dure et elle le marque ce moment de silence, unique comme un petit miracle, désagréable car il met l’accent sur tout ce qu’elle a dit, tout ce qu’elle vient de réaliser, tout ce qui lui manque désespérément comme un trou béant dans son cœur. Et puis ça lui fait retenir sa respiration pour pas qu’on entende trop ses souffles tremblotant maintenant que le moteur ne crachote plus. - vraiment ? j'suis désolé ; et le pire c’est que Bebe la croit, qu’il ne ponctue pas son silence d’un éclat de rire, il est sérieux et sincère quand il s’excuse, comme s’il avait compris son accusation à demi-mot, sa rancœur pourtant tout à fait injuste. On ne choisit pas de quoi on rêve. Il n’y a qu’à l’univers, au destin, à Dieu, qu’elle peut s’en prendre de leur jouer une blague cruelle. - j'ai l'impression d'avoir voler tes souvenirs ou tes rêves et je suis désolé. je sais pas comment j'ai fait ça, je sais même pas si c'est ça mais je suis désolé parce que si je pouvais tout oublier pour que tu te rappelles tout ça je le ferais. s'il te plait pleure pas. j'ai pas envie de te voir triste. mais tu peux être triste si tu veux. mon envie c'est rien. si tu veux être triste, sois triste. c'est toi qui décide, meera. Meera a les yeux fixé sur ses propres genoux, apparemment très concentrée sur ses doigts qui y sont posés, s’enroulent les uns aux autres, se tordent. Bebe n’a à s’excuser de rien. Elle devrait lui dire ça, mais elle n’ose pas ouvrir la bouche, elle a trop peur que pour la première fois depuis des années un sanglot ne s’échappe d'entre ses lèvres. Meera ne pleure pas et elle devrait lui dire ça aussi, mais en cet instant ça serait un mensonge, parce qu’elle a envie de pleurer. C’est stupide et vain, ça ne lui apporterait rien d’être triste pour une réalité qui date de près d’une décennie maintenant, mais c’est le cas, comme si Bebe venait de lui rappeler l’existence de sa famille, comme si elle avait un jour réellement pu les oublier. Il dit qu’elle a le droit d’être triste et il a raison, elle imagine, mais Meera a du mal à se l’avouer, elle a du mal à baisser une garde qu’elle a été bien obligée de monter pour survivre toutes ces années.

Meera pense quand même que devant Bebe elle pourrait la baisser sa garde. Elle l’a déjà fait, en souriant quand il parle trop, en riant à quelques unes de ses singeries, en acceptant de passer le weekend hors de Cosmopolis, juste avec lui, près du lac. C’est déjà beaucoup, c’est déjà trop, et pourtant ce soir, devant lui, elle pourrait presque se mettre à pleurer, vraiment, à chaudes larmes, pour ces souvenirs qu’on a décidé de lui voler pour les donner à Bebe. Elle se demande pourquoi lui.

- est-ce que tu veux que ... je veux dire, tu veux que je te raconte ? je suis pas très doué pour les histoires, je commence par le milieu puis le fin puis le début et le milieu et la fin et finalement je recommence mais - je peux essayer ? si tu veux ? j'veux dire, je fais encore les rêves. seulement si tu veux. je peux me taire aussi. Meera reste silencieuse, encore. Elle ne sait pas ce qu’elle veut, elle ne sait pas si elle a envie de trop se rappeler, elle ne sait pas si elle veut re-goûter à sa vie passée à travers la voix de Bebe. Ça lui manque tellement, ils lui manquent tellement tous, tous, surtout Papa, surtout Maman, surtout Ashkar. La seule chose qui lui permet de ne pas s’effondrer tous les jours c’est de tout refouler, elle a peur que tout réentendre lui soit tout bonnement insupportable. Peut-être que c’est un cadeau qu’on lui a fait, en fait, de lui voler ses souvenirs. Mais pourquoi les donner à Bebe ? Meera aime bien Bebe. Elle préfère que ce soit lui plutôt qu’un autre, à choisir, de toutes les personnes qu’elle connaît à Altea elle n’aurait pas su trouver meilleur candidat, même si ça reste triste et injuste, au moins Bebe apprécie-t-il sa famille, sa maison, son vieux bonheur simple et délicat à sa juste valeur.

- tu veux un calin ?  - ou je peux me taire, Mais il se tait jamais Bebe et elle se laisse jamais prendre dans les bras Meera ; ils sont dans une impasse. Meera se mord un peu l’intérieur de la joue pour se secouer, pour s’empêcher de céder aux larmes, pour se forcer à hocher la tête, approbation à elle-ne-sait-trop quoi. « T’y es pour rien, c’est pas de ta faute si tu rêves de ça…de chez moi. » Sa voix tremble un peu, mais elle la maîtrise assez pour l’empêcher de se briser. « Je sais pas pourquoi tu vois mes souvenirs, c’est vrai que c’est pas très juste, mais tu sais, quitte à choisir j’suis contente que ce soit toi qui les vois. » Parce qu’il avait une jolie lueur dans les yeux en lui racontant tout ça, et qu’elle sait qu’il se moque pas de la maison en taule et du ton bourru de papa, comme un autre pourrait le faire. Et puis aussi parce qu’il la croie, sans se poser de question, il la croie quand elle lui dit que ça lui appartient, que c’est son passé à elle, comme si c’était normal pour lui. « Peut-être qu’un jour j’voudrais bien que tu me racontes, peut-être demain, peut-être la semaine prochaine, peut-être pas. Mais pas ce soir, s’il-te-plaît. Pas ce soir c’est un peu trop, » Elle veut pas que ses yeux débordent, elle veut pas gâcher leur voyage. « Je suis contente que tu les aimes ceci dit…ma famille. » Les deux derniers mots sortent très difficilement, lui brûlent la gorge et la langue, font remonter un peu d’humidité dans ses yeux qu’elle combat farouchement. « Ameera. » murmure-t-elle ensuite très simplement. « Si tu veux tu peux m’appeler comme ça. » C’est con parce qu’il l’a déjà appelée comme ça tout à l’heure et qu’elle s’en est étonnée, presque plaint, mais c’est différent, elle comprend maintenant, ou du moins croit comprendre pourquoi. C’est beaucoup parce qu’elle se fait appeler Meera pour une raison, comme si ça pouvait vraiment l’aider à se différencier de la gamine néphedienne qu’elle a un jour été. « Moi aussi j’avais un médaillon, comme ma Maman. Enfin sans l’émeraude. Mais je l’ai perdu en arrivant ici. » Ça semble trivial comme aveu, mais pour Meera c’est énorme, c’est la première fois qu’elle se dévoile à qui que ce soit à Altéa, la première fois qu’elle accepte de parler du passé, du fait qu’elle n’a pas toujours habité ici. Elle ne sait pas pourquoi l’univers, ou le destin, ou Dieu, a choisi Bebe, mais peut-être que devant lui, elle peut être Ameera et se souvenir et parler. Il ne lui fera pas de mal Bebe, peut-être que c'est pas si grave si elle se laisse être un peu vulnérable devant lui.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Invité

i ran so far away (beera)  Empty
Il n'essaie pas de comprendre la situation. Il n'essaie pas d'assimiler comment ces choses peuvent être possibles, ni ce qui pourrait donner une explication logique à toute cette histoire. Bebe n'en a pas besoin, des explications. Peut-être qu'il en a peur, au final. Peut-être qu'il n'a pas envie de savoir comment les choses font pour être ce qu'elles sont. Après tout, ne passe-t-il pas tout son temps à chercher les raisons pour des choses insensées ? Combien d'heures a-t-il perdu pour trouver l'explication face des faits naturels complètements stupides comme pourquoi les oiseau volent-ils en flèche et combien de kilomètres peut faire une fourmie qui s'est perdue ou pourquoi les araignées ont-ils plusieurs yeux. Mais pour les gens ? Pour les gens, non. Il ne cherche jamais. La vérité fait peur. Il n'a jamais demandé pourquoi sa mère était partie. Il n'a jamais cherché à comprendre pourquoi son père était de la sorte. Il sait pour ce que Roy fait à Polly, mais seulement car la mère de Dakota lui a expliqué, quelques fois, en larmes et fragile. Mais il n'a jamais rien fait face à la chose. Il n'a jamais été voir Roy pour lui demander. Il n'a jamais ouvert la bouche pour demander pourquoi. Comme il n'a jamais demandé à Dakota pourquoi il est encore son ami après toutes ses années malgré leur différence Il n'a jamais demandé à Scar d'où il venait, en vérité, ni à Shade et Reyn. Il y a beaucoup trop de choses qu'il ne sait pas, et qu'importe à quel point il les aime, ces personnes. Car il a peur. Peur de la vérité. Il ne veut pas comprendre. Il ne veut pas, peut-être, endurer un peu plus de douleur ou être sérieux ou qu'importe comment cette chose peut être expliquée car justement, Becan n'y pense pas. Il prend les choses comme elles sont, et les laisse partir lorsqu'elles parlent. Il ne s'accroche pas entièrement. Il ne veut pas. Il aime, certes, fort mais peu longtemps. Il aime, certes, très fort, mais pas suffisament.
Sauf qu'il sait une chose, au travers de tout ce vide, de ce néant. Il sait que Ameera est triste. Il sait qu'il n'aime pas être triste. Il sait qu'il le serait, triste, s'il ne voyait plus ces personnes, dans ses rêves. Il s'imagine donc, forcément, qu'elle doit être triste de ne plus les voir, car elle les a réellement connu.
Il ressent, évidemment, une certaine culpabilité face à tout cela. Assez pour que ses lèvres se tordent un peu et que son visage perd un brin de cet air d'ange, d'enfant, et qu'un peu de sérieux plane dans ses yeux beaucoup trop bleus. Si le blond est plus doué avec les gestes qu'avec les mots, il ne peut utiliser cette méthode, avec la brune. Elle est comme une bête sauvage qu'il commence à peine à amadouer. Elle se laisse approcher, mais elle ne veut pas être caresser. Il lui arrive, à certaines occasions, de poser sa main contre sa peau, brièvement, sans qu'elle ne sursaute, sans que son corps ne se tende. Mais il sait parfaitement que l'accolade, elle n'en voudra pas.
Et il se sent encore plus mal, forcément, lorsque la brune parle de nouveau et qu'elle lui dit qu'elle est heureuse. Contente que ce soit lui, et non un autre. Mais triste, à la fois. Les mots parlent plus que son visage. Elle essaie de le contenir, son visage. Bebe le voit ; il y a un froncement dans ses sourcils, une tension dans sa voix, dans ses bras, ses mouvements. Pouvoir pleurer pour elle, pour la soulager, Bebe le ferait. Tout ce que tu voudras savoir, Ameera. Je te dirais tout ce que tu veux savoir. Même si c'est juste la couleur des chaussettes ou du tapis ou alors la quantité de poussière, je te dirais tout ce que tu voudras. Promis. Mais elle a quelque chose qui se brise, dans sa voix. Quelque chose qui se brise et elle lui semble si fragile, soudain, qu'il doit se faire violence pour ne pas la prendre fermement dans ses bras et la serrer et lui donner l'amour qu'elle a besoin, à l'instant. Rien de charnelle, juste une accollade, forte, assez pour qu'elle se sente en sécurité, ou qu'importe. Mais il n'imagine que ce n'est pas tout le monde qui a besoin de ce genre de choses, dans la vie, et qu'il ne peut pas imposer aux autres ce qui lui fait du bien à lui, en pensant que ça leur fera plaisir également. Becan n'est pas aussi stupide.
C'est ton prénom, non ? Il est confus, un instant. Car Bebe est doué, avec les prénoms. Et pour lui, elle a toujours été Ameera. Il n'arrive pas à l'associer à autre chose. Mais peut-être qu'il se trompe. Peut-être que son esprit l'a associé malgré lui à cette petite fille. Cette petite fille qui lui manque terriblement, dans les rêves où elle n'est pas présente. Il garde la chose pour lui. Il ne veut pas la faire pleurer. Il veut simplement la faire sourire. Mais ça, il n'y arrive pas trop, malgré ses efforts. Et il sait, forcément, qu'il n'arrivera jamais à trouver son médaillon. C'est grand, Central City. Il se demande de quel pays elle peut bien venir. Il s'imagine que c'est loin. Peut-être un autre continent. Mais Bebe ne demande pas. Il ne demande pas, car il y a plusieurs choses qu'il ne veut pas savoir, dans la vie. Je pourrais - enfin, si tu veux, hein. Je pourrais essayer de t'en faire un. Si tu veux ? Enfin pas moi, je suis pas trop doué avec les métaux et ces choses là mais j'ai un bon souvenir et je pourrais peut-être trouver quelqu'un pour le faire ? Peut-être ? mais juste si tu veux, hein. Il prend une seconde pour prendre son souffle, et continue, plus bas, comme à bout de souffle, comme dans une confession, dans une dernière tentative, aussi. juste si tu veux ... je ferais rien que tu veux pas. c'est à toi. tes souvenirs. ton médaillon. ta famille. Et ce, qu'importe si Bebe, il voudrait que ce soit la sienne aussi, de famille. Il sait que c'est une chose qui n'est pas fait pour lui.
Le regard tourne vers la route. Le camion est toujours arrêté sur le côté. La route est belle, devant eux. Mais soudain, le voyage est moins tentant. Mais amusant. Il fixe l'horizon un moment, les mains contre le volant, avant de soupirer et de passer ses doigts trop pales dans ses cheveux trop blonds. On est pas obligé de faire du camping, tu sais. On peut retourner en ville ou - je sais pas - on peut faire ce que tu veux. Quelque chose qui te ferait plaisir. J'ai envie de te faire sourire. pas pleurer. Il a un sourire doux, Bebe. Un vrai sourire. Pas juste un pour me faire plaisir. Tu le mérites.
Revenir en haut Aller en bas
Ameera Kolisnychenko
Ameera Kolisnychenko
Date d'inscription : 15/01/2018
Messages : 241
Pseudo : jiji
Avatar : neelam gill
Réputation : 38

i ran so far away (beera)  Empty
MessageSujet: Re: i ran so far away (beera)    i ran so far away (beera)  EmptyMar 19 Juin - 21:54

Je pourrais  - enfin, si tu veux, hein. Je pourrais essayer de t'en faire un. Si tu veux ? Enfin pas moi, je suis pas trop doué avec les métaux et ces choses là mais j'ai un bon souvenir et je pourrais peut-être trouver quelqu'un pour le faire ? Peut-être ? mais juste si tu veux, hein. Les dents de Meera viennent se planter dans sa lèvre inférieure, pour l’empêcher de trembler, pour s’empêcher de répondre trop vite aussi, de dire quelque chose qu’elle regretterait. Les gens travaillent bien le métal ici, très bien même, il y en a qui sont nés pour ça, avec ça dans le sang. Y a sûrement quelqu’un qui pourrait lui en faire une réplique, c’est même carrément sûr, mais…mais elle n’aime pas ça, elle n’aime pas les pouvoirs des altéans, elle n’aime pas la facilité au bout de leurs doigts. Papa suait sang et eau à la forge, Papa a pris de son temps pour lui faire le médaillon au lieu de travailler pour les clients qui payent, Papa l’a fait presque à partir de rien, juste des tout petits bouts de métal qui trainaient dans l’atelier, précautionneusement ramassé pour en faire le cadeau d’anniversaire d’Ameera. Elle ne veut pas de réplique, ça n’aurait pas le même poids, la même valeur, et l’idée même l’énerve un peu, même si elle sait que Bebe ne pense pas à mal. juste si tu veux ... je ferais rien que tu veux pas. c'est à toi. tes souvenirs. ton médaillon. ta famille. Oui, c’est à elle, à elle qui a pourtant essayé de tout mettre de côté, de passer à autre chose, en vain finalement, toujours trop sensible quand elle y pense. Jalouse des rêves de Bebe. Elle n'a pas menti ceci dit, si quelqu'un doit voir ses souvenirs, autant que ça soit lui. Parce qu'il est inoffensif, mais aussi parce qu'elle l'aime bien. Vraiment bien. Elle secoue simplement la tête en guise de réponse. On est pas obligé de faire du camping, tu sais. On peut retourner en ville ou - je sais pas - on peut faire ce que tu veux. Quelque chose qui te ferait plaisir. J'ai envie de te faire sourire. pas pleurer. Mais elle ne va pas pleurer, elle refuse de pleurer, elle déteste pleurer, elle n’a pas le droit de pleurer. Un vrai sourire. Pas juste un pour me faire plaisir. Tu le mérites.

Y a une petite plaie sur sa lèvre quand enfin elle la libère de sa prison, hochant doucement la tête sans trop savoir pour qui ni pourquoi, inspirant et expirant profondément pour essayer de calmer la cavalcade de son cœur. Elle ne sait pas ce dont elle a envie Meera, ni ce soir ni de manière générale, elle ne sait pas si elle a envie de se chercher un passage pour Néphède de voir ce que les Kolisnychenko sont devenus, elle ne sait pas s’il est préférable d’oublier, elle ne sait pas ce qu’elle fera dans dix ans si elle sera encore une Sister Morphine (à la vie à la mort après tout), si elle en a envie. Elle ne sait pas si elle a envie de camper, de voir le lac, faire griller de chamallows avec Bebe ou juste de rentrer s’allonger sur le toit du bordel et regarder les étoiles. Elle n’a pas envie d’être seule ceci dit, pas cette fois. Elle inspire et expire encore une fois, son souffle lourd, mais décidé. « T’es gentil Bebe tu sais, » elle ne sait pas si c’est un vrai compliment parce que les gens gentils dans la rue ils ne font pas long feu, mais Bebe n’est pas dans la rue, et sa gentillesse, elle, elle l’apprécie pour sa rareté et, elle croit en tous cas, sa sincérité. « Vraiment gentil. » Elle joue encore un peu avec ses doigts sur ses cuisses, relève une paire d’yeux presque timides vers lui, voilés par ses longs cils bruns. Elle se demande un peu pourquoi, pourquoi lui, pourquoi elle, si ça veut dire quelque chose. « J’aimerais bien qu’on y aille quand même. » Parce qu’elle n’a pas encore envie de retourner à la ville, elle n’aime pas la ville, c’est là qu’elle est tombée il y a bientôt dix ans, là-bas qu’elle a perdu tout ce que Bebe voit la nuit, là-bas qu’elle a dû se reconstruire, mais visiblement — c’est très clair aujourd’hui —, pas assez bien. Et puis elle n’est jamais allée au lac, c’est un terrain neutre, ce qui lui semble plutôt idéal pour ce soir. « Si tu veux bien. Ça me ferait plaisir. » Elle se sent stupide pour sa sensibilité soudaine, stupide que Bebe sache, sente qu’elle ait été (est toujours) pas loin de pleurer, c’est tellement mal vu, mauvais tout simplement ce genre de faiblesse dans le monde dans lequel elle vit désormais. Mais devant Bebe ce n’est pas trop grave. « T’es vraiment gentil, y’en a pas beaucoup des gens comme toi, » il est vraiment spécial Bebe et même si c’est difficile de faire confiance à qui que ce soit pour elle à Altéa, elle ose avec lui. « Merci Bebe. » Merci, un mot qu'elle n'a pas dit avec sincérité et autant d'émotions depuis longtemps.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

i ran so far away (beera)  Empty
Revenir en haut Aller en bas
 
i ran so far away (beera)
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
ANTIGRAVITY :: through the valley of the shadow of death :: Let the record spin :: IRP :: RPS TERMINÉS OU ABANDONNÉS-
Sauter vers: