(#1) gash + the beginning of the rest of our lives

Elle a fui.
Elle sait que c’est pas bien.
Avec sa casquette sur la tête, elle avance aussi rapidement que son corps le lui permet dans les rues grouillantes de New Brasilia. La nuit est tombée depuis un moment, tout le monde se balade, s’arrête devant les écrans et les hologrammes. Tant mieux. Ils font pas attention aux gens autour, et elle passe pour l’instant inaperçue. Elle a rentré ses cheveux dans son sweat avec l’espoir qu’ils ne la trahiraient pas, mais avec les écrans dans les mains de tous les passants, elle sait que rien ne garantit qu’elle va arriver à jusqu’à sa destination sans être dérangée.
Ashley veut juste pas qu’on lui parle, et que personne poste de photos d’elle sur les réseaux sociaux. Tout ce qu’elle veut, c’est échapper à Attwood (son agent), et à ses employés - qui apparemment sont partout et semblent surveiller le moindre de ses faits et gestes. Juste quelques heures de tranquillité, pendant lesquelles ils ne savent pas où elle est et ne peuvent pas venir la chercher en lui répétant qu’elle n’est pas sérieuse, qu’elle agit comme une gamine capricieuse.
Elle ne demande que quelques heures, c’est quand même pas grand-chose ? Apparemment, si. C’est beaucoup. Sinon, elle n’aurait pas à quitter les studios comme une voleuse. « Putaaaaaain. » Elle essaie de mettre le plus de distance possible entre elle et les studios, mais son corps n’est pas particulièrement coopératif. Elle n’a dépassé que quelques blocs quand elle sent son téléphone vibrer dans sa poche. Ils ont dû se rendre compte qu’elle avait disparu.
je suis aux toilettes, deux secondes. écrit-elle à la va vite.
tous les toilettes sont vides.
« Putaaaaaaain. » Elle fourre le smartphone dernier cri dans sa poche de jean et hèle un taxi qui passe dans les parages. Bien sûr, le conducteur plisse les yeux et semble un peu confus quand il voit son visage dans le rétroviseur. Elle lui donne l’adresse sans répondre aux questions dans ses yeux, et pianote du bout des doigts sur sa jambe, avec l’impression que le véhicule ne va vraiment pas vite du tout. C’est quand même con, d’avoir l’impression d’être en fuite. D’avoir l’impression d’être plus prisonnière que quand elle était coincée dans son lit d’hôpital. Elle aimerait pouvoir profiter des lumières, des beaux souvenirs, de la musique, des discussions avec les autres, des visages souriants. Mais non, Ashley elle est sans cesse angoissée depuis qu’elle est revenue. Parfois, elle a juste envie de se rouler en boule et de se boucher les oreilles. Elle a envie de retrouver le calme, le silence, même. Elle a envie de replonger dans cette obscurité rassurante qu’elle a connu pendant cinq ans. On ne lui demandait rien, on n’attendait rien d’elle.
Le téléphone vibre encore. Elle ferme les yeux et ignore.
Elle finit par poser son menton sur le rebord de la fenêtre, et essaie de se laisser distraire par les mille et unes lumières de la ville. Dans quelques minutes, elle pourra se blottir dans les bras rassurants de Gali. Ça va aller.
Parfois, elle se demande si c’est juste elle qui est trop fragile.
« Merci. » Elle pose son poignet sur la borne de transfert et donne bien plus qu’elle ne devrait donner. « Vous m’avez jamais vue, ok? » lâche-t-elle, son regard déterminé vrillé sur les yeux du chauffeur dans le rétroviseur. « Bonne soirée et bon courage. » Elle sort de la voiture à la hâte, et ce n’est que quand elle se retrouve sur le trottoir, se sachant bien loin de toute son équipe stressante, qu’elle sent qu’elle commence à se détendre un peu.
j’suis là. faut que j’aille où? j’ai rien compris, attwood a grillé mes neurones écrit-elle rapidement à Gali sur son téléphone, faisant glisser les neuf notifications d’appels manqués venant de divers membres du label. j’espère que tu as à manger, ils m’ont donné un sandwich pourri Elle use et sur-use du smiley qui pleure, et attend des nouvelles.
Ses yeux se lèvent finalement sur le ciel. Elle peut sentir un semblant de brise - c’est presque inespéré dans une ville où les immeubles coupent tout le vent. En haut, le ciel est étonnamment clair. Ashley n’espère pas trop trouver des étoiles, mais elle plisse les yeux, et arrive même à reconnaître une constellation. Elle n’en connaît qu’une, de toute manière : celle qui est répliquée au-dessous de sa poitrine. Elle s’est toujours demandé pourquoi celle-là, quelle était la raison, quel était le sens, mais jusqu’à aujourd’hui, le ciel se contente de la regarder sans fournir de réponses. il fait froid, réponds moiiiiiiiiiiiiii Elle pourrait entrer, techniquement. Mais Gali lui a dit qu’il avait un truc à lui montrer, et elle ne sait pas encore s’ils vont devoir bouger - et elle a la flemme de rentrer si c’est pour ressortir.

Il ne l'a pas vu depuis des jours, Ashley. Elle s'est un peu envolée, si on veut, au travers de ses occupations et de la maison nettoyée ; elle a sa propre vie, Ashley. C'est un peu étrange, de l'avoir toujours eu là, en lui, à sa place aussi, parfois, puis dans le loft le plus clair du temps, et maintenant, elle n'est plus trop là, dans les environs. Il a cette habitude de regarder un peu plus bas dans le loft pour la chercher, car elle est minuscule, comparée à lui, et qu'il ne veut pas la bousculer par accident, Gali. Mais elle est là de moins en moins souvent, depuis quelque temps. Il doute même qu'elle vive encore avec lui, parfois. Il ne sait plus vraiemnt. La vie est trop remplie ; autant celle d'Ashley que de Gali. Depuis l'accident avec Ajay, les choses ont déboulés un peu trop brusquement. La vie a suivi un cours un peu trop rapide entre Kasey et son concert, la journée avec le cluster au complet, le test d'ADN avec Nikita et cette journée, avant hier simplement, où il a pleuré sa vie devant l'homme. Et puis il y a eu Cahen, aussi, et la peur de perdre Ajay à chaque seconde et le vieux théâtre, aussi. Les événements ont été trop nombreux en peu de temps. Le coeur bat un peu trop vite, mais au moins, l'esprit est occupé. Il n'a pas le temps de paniquer un peu plus fort, à propos de son âme soeur, et d'imaginer le pire un peu plus fort, toujours, sans cesser. C'est aussi épuisant que reposant. Mais l'absence d'Ashley lui pèse. S'il se sentait comme un gamin à lui demander de dormir avec lui lorsqu'elle est sortie de l'hopital, il se sent encore plus capricieux de vouloir sa présence près de lui en sachant parfaitement qu'elle est aussi occupée de lui. Mais Ashley est une part de lui ; ils le sont tous, sauf qu'ils ne font pas partie de la même pièce. Ils constituent tous un morceau de l'ensemble qui forme Gali, peut-être sans le savoir. L'italien ne peut pas réellement définir de ce qu'ils sont chacun, car il ne cherche pas non plus à expliquer les sentiments, il n'a jamais été doué pour ça, de toute manière. Il essaie de les ressentir pureté, ce qui est déjà beaucoup, dans son cas, pour s'y être refusé si souvent. Il sait, tout au moins, que s'il est là aujourd'hui, c'est grâce à eux. Peut-être ne le savent-ils pas. Peut-être n'ont-ils pas remarqués l'état dans lequel il se trouvait, en revenant à Sigan, il y a cinq ans. Le lien était encore faible, à l'époque. Mais ils ont brisé sa carapace, un petit peu à la fois, et ont poussés les idées noires un peu plus loin à chaque fois, en prenant leur place. Gali ne leur a jamais dit merci, pour cela. Peut-être qu'il ne le fera jamais ; un peu d'orgueil, de fierté qui l'empêche de le faire. Peut-être aussi l'envie de maintenir les apparences, de paraître ce dont il paraît quotidiennement ; content.
Un soupir quitte ses lèvres et Gali passe ses doigts contre son front ; la sueur lui coule légèrement contre la peau, à force de déplacer les quelques bancs qui posent encore problèmes. Le théâtre est presque vide, maintenant ; avec l'aide de Cahen et de quelques androïdes, ils ont jetés la plupart des bancs et ont même récupéré un vieux canapé en velours bourgogne, fait en croissant de lune, qu'il a posé au milieu de l'endroit immense, face à la scène. Il hésite encore à savoir ce qu'il fera, mais sait que le modèle l'intéresse. Il en image déjà le long de chaque mur, nombreux et discret, cachés dans des semblants de pièces à trois façades, offrant intimidés à ceux qui désirent discuter tout en observant le spectacle du coin de l'oeil. Peut-être instaurer un système de pivot pour que les sections se ferment, si les gens désirent des spectacles décents, mais privés. Il ne sait pas encore. Les idées sont trop nombreuses et le temps est compté. Et puis, il doute ; il doute de ses capacités à gérer un truc aussi grand que cela, qu'importe si les filles et Ajay ne cessent de lui dire qu'il y arrivera assurément.
Dans sa poche, son portable vibre. Gali finit de pousser le canapé pour qu'il soit dans le bon angle, avant de faire un signe de la main à Cahen. La journée est terminée, la nuit est déjà tombée depuis longtemps ; il peut aller se reposer. Même si Gali doute et sait, quelque part, que Cahen va peut-être simplement travailler en bas, à l'Illusion. Qu'importe ce qu'il peut lui dire, ce gars croit encore lui devoir quelque chose. Dans sa poche, le portable vibre une seconde fois. Gali n'y jette pas un regard. Il se contente d'agripper sa veste en fourrure - fausse fourrure, mais si immense et si douce - avant de rejoindre l'entrée qui mène à la rue. Un sourire fleurit sur ses lèvres à voir la silhouette d'Ashley de l'autre côté de la vitre, avant qu'il ne pousse la porte et, ouvrant ses bras, colle le dos de la petite contre son torse, et l'enferme sous son manteau de fourrure.
Les lèvres claquent un baiser contre sa tempe, avant qu'il ne pose sa tête au sommet de la sienne.
- allez babygirl, suis moi, avant de la guider comme un petit robot à l'intérieur du bâtiment. Il est beaucoup plus propre qu'il y a deux jours, lorsque Nikita est venu. L'entrée a déjà été nettoyé, les murs également, les trous fermés et de belles moulures mises, le reste attendant la peinture choisie. bienvenue dans ce qui sera, peut-être, potentiellement, le prochain endroit décadent de New Brasilia, teroso. La porte ferme derrière eux et Gali la lâche délicatement. mi sei mancata, qu'il confesse, un sourire sur les lèvres, les doigts dans ses longs cheveux. À chaque fois qu'il observe la crinière d'Ashley, une part de lui regrette presque sa propre crinière. Mais elle ne fait plus partie de lui depuis longtemps maintenant. Il préfère la laisser à Ashley et à Oskar qui semble bien apprécier les favoris, également.
Déjà, il se met à descendre le couloir pour rejoindre la grande salle.
- j'ai emprunté l'un des projecteurs en bas, donc on va pouvoir regarder des films. j'en ai choisi quelques uns au hasard, and some porn, of course. enfin, porn, Gali lui lance un regard amusé, un haussement de sourcil révélateur, avant de continuer. Ce sont des films de festival à caractère sexuel qui ont été qualifié pour leur merveilleux scénarios mais, entre toi et moi ? ce sont certainement les culo qui ont charmés les gens.

Ses inquiétudes, ses angoisses, ses questions… Tout s’envole, quand Gali l’enferme dans son grand manteau de (fausse) fourrure. Son pied arrête de battre la mesure - un tic qu’elle a quand elle est stressée ou préoccupée. Ashley s’abandonne complètement à l’étreinte et ses mains glissent sur la matière si douce et rassurante du manteau. Voilà, elle se sent enfin chez elle.
Parfois, elle se sent un peu coupable de ne plus vraiment se sentir chez elle dans l’appartement dans lequel elle a grandi. Ils ont pourtant tout fait pour qu’elle se le réapproprie, elle a trié les souvenirs et a couvert les murs de photos et d’oeuvres qu’elle aime. Elle a complètement refait la partie studio de l’appartement, et a fait de l’ancien bureau d’Ansel son bureau à elle. Mais y’a toujours un truc qui cloche. Elle n’arrive pas trop à mettre le doigt dessus, mais elle se doute que ça a à voir avec le fait qu’elle occupe cet endroit seule, et que quand bien même elle essaie de le rendre chaleureux, ça ne lui rendra pas tout ce qu’elle a perdu.
Elle ne se sent pas non plus chez elle au studio, dans les rues de Sigan, à l’hôtel. Elle aimerait se sentir chez elle sur scène, mais là aussi, il y a quelque chose qui cloche. La passion d’autrefois n’est plus aussi vive. Bien sûr, qu’Ashley aime toujours chanter devant ses fans. Bien sûr qu’elle adore sentir la joie de la foule et voir la satisfaction dans les yeux de ceux qui sont venus la voir. Mais Ashley ne se sent plus aussi confiante qu’avant. Elle aimerait pouvoir rester dans les coulisses, où être en bas avec les fans. Quelque chose s’est brisé, et ça la rend malade. Elle n’ose pas en parler, pas même à ceux qui lui sont le plus proche. Elle en a presque honte.
C’est vraiment là qu’elle se sent chez elle. Dans les bras de Gali, main dans la main avec Lupe, au milieu des parfums de Sasha, en pleine course avec Scar, en train d’observer Joshua enchaîner les sucettes. Désormais, chez elle, c’est plus vraiment un endroit fixe. C’est un peu difficile à expliquer, mais elle a lu quelque part que c’était comme ça, quand on aimait vraiment quelqu’un. Il faut croire qu’elle les aime tous les cinq assez fort pour être chez elle même quand elle n’est qu’avec l’un d’entre eux.

« allez babygirl, suis moi » Attwood peut bien aller se faire voir, qu’elle pense soudain, en se laisse guider comme une enfant, C’est sa vie à elle, pas vrai ? Les traits si familiers de Gali, au-dessus de sa petite tête, la confortent, et la honte d’avoir fui s’évapore. « bienvenue dans ce qui sera, peut-être, potentiellement, le prochain endroit décadent de New Brasilia, teroso. » Ashley hausse les sourcils, et fait glisser son regard curieux sur les moindres détails qui l’entourent. L’endroit semble avoir été abandonné pendant un moment, à en juger l’état de certains murs, de certains meubles qui traînent… Mais il y a du potentiel. Gali sait toujours voir ces choses-là. « mi sei mancata » Elle se tourne vers lui avec une petite moue triste. « i missed you too, boo. » Gali a beau toujours être plus ou moins avec elle grâce à leur lien inexplicable, Ashley a toujours l’impression qu’il manque, quand il n’est pas là dans une pièce. Même quand elle s’enferme dans son studio - cet endroit qui lui est personnel et dans lequel elle ne fait entrer personne en temps normal… Elle se dit qu’elle aimerait qu’il soit là. Elle frissonne un peu quand les doigts du brun passent dans ses cheveux et le suit sans hésiter quand il l’entraîne dans un couloir un peu sombre.
La grande salle dans laquelle ils débouchent ne manque pas de lui faire lever la tête. Le plafond est haut, on dirait presque une salle de concert. On dirait un vieux théâtre, qui aurait été abandonné. Il y a une odeur particulière ici, quelque chose qu’elle n’arriverait pas à définir mais qu’elle aime beaucoup. L’endroit a bien besoin d’un rafraîchissement… Mais on s’y sent bien. Étrange, ce sentiment. Ashley est sûre que Gali l’a ressenti aussi. « j'ai emprunté l'un des projecteurs en bas, donc on va pouvoir regarder des films. j'en ai choisi quelques uns au hasard, and some porn, of course. enfin, porn » Un grand sourire s’étire sur les lèvres de la productrice. « Ce sont des films de festival à caractère sexuel qui ont été qualifié pour leur merveilleux scénarios mais, entre toi et moi ? ce sont certainement les culo qui ont charmés les gens. » Elle lève les yeux au ciel. « toute personne normalement constituée préfère le cul au scénario. » déclare-t-elle sans ciller, en s’approchant du projecteur et du grand sofa qui a été déplacé au milieu de la pièce. Elle caresse le dossier, monte dessus, s’y recroqueville. Elle a toujours aimé le velours. C’est à la fois rassurant et extrêmement sexy. « je savais pas que cet endroit existait. » Tout cet espace, ce bois, cette atmosphère intime - tout ça se cachait depuis le début. « comment ça se fait, qu’il soit vide ? » demande-t-elle, sincèrement curieuse. Il semble y avoir plein de choses à faire ici, surtout quand on prend en compte d’emplacement du bâtiment dans New Brasilia. « est-ce que… » Elle tourne des yeux pleins de soupçons vers Gali. « … c’est toi qui as fait tout ça? » Elle parle du sofa, du ménage qui semble avoir été fait, des quelques meubles qui appartiennent à un autre temps mais qui sont toujours, ici et là, dans des coins de la pièce. Ashley se doute déjà de la réponse, mais elle a envie qu’il confirme ce qu’elle semble comprendre. Elle sent un truc ici, elle sait pas très bien quoi, mais c’est important. « j’aime bien ce canapé. » avoue-t-elle en caressant de nouveau le velours doux - même si un peu vieux. « est-ce qu’on est vraiment là pour regarder des films ? c’est quoi, cet endroit ? » Non pas qu’elle ne soit pas intéressée par les petits culs. Mais elle est fascinée par ce vieux théâtre - et elle se doute que Gali ne l’a pas emmenée là pour rien. Il l’adore, mais elle doute qu’il ait privatisé un endroit juste pour qu’ils puissent regarder du porn.

L'endroit n'est pas joli. Il l'a été, il fut un temps, mais Galileo ne l'a connu autrement que de la manière dont il se présente à leurs yeux présentement. Quelques changements ont été apportés, certes, depuis que le lieu lui appartient enfin, mais la superbe l'a quitté depuis longtemps et il ne reste que des vestiges de ce que l'endroit était. Il n'a pas réellement cherché à connaître l'histoire des lieux. Gali ne se préoccupe pas de l'histoire, ni des autres. Il possède une curiosité face aux potins mais la normalité ne l'attire pas et il ne creuse pas où les choses sont simples. L'endroit a certainement fermé car le temps a changé et que le passé les retenait. Beaucoup de lieux ont fermés, dans les dernières années, car le monde évolue et que certains se refusent à le faire. Il suffit de voir les librairies qui ferment un peu plus à chaque jour car plus personne ne veut acheter de véritables livres. S'il se trouve, de vrais artistes venaient faire des prestations ici et les gens ont commencés à être lasses. Il n'est pas rare que de voir principalement des androides sur scène. Ils possèdent un talent que les humains n'ont pas. Ils ne font pas les même erreurs. Même l'industrie de la musique commence lentement à être envahi par les androïdes et les artistes ne cessent d'accumuler les changements corporels pour continuer la danse. Bien que, de règle générale, les artistes encore humains sont surtout idolâtrés et suivis pour les scandales et les histoires personnelles. Il suffit de voir les Vanne et leur émission. Il suffit de voir à quel point la curiosité est maladive et comment les gens s'accrochent aux vies qui ne leur appartiennent pas et veulent tout savoir. Depuis qu'Ashley est sortie du coma et qu'il a posté une photographie en rapport à Kasey, Gali a vu plusieurs étranges se glisser à l'illusion par simple curiosité et d'autres arrêtés leur pas dans la rue simplement pour le regarder. Des photographies ont été prises ; il n'est pas stupide, il s'est rendu compte de la chose. Quelques tags ont été fait sur instagram, des photos de loin ou de dos, la plupart assez avantageuse, heureusement. Il n'a pas parlé de la chose au King, encore. Gali ne se voit pas réellement comme une célébrité, après tout. Il tient simplement un établissement où les plus libertins viennent soulagés certaines envies. Mais les gens sont plein de vices, et son nom a été exposé sur la place publique par sa propre personne, et Gali assume les choses qui viennent en conséquence. Il espère seulement ne pas tomber sur un autre psychopathe comme celui qui a tiré sur Ajay. Peut-être est-ce pour cette raison que, depuis la hausse en popularité de son compte instagram, il préfère se rendre sur Altea qu'attendre le King sur Sigan. Il se demande comment les choses évolueront avec l'ouverture de cet endroit. Avec un peu de choses, cet élan d'attention sera bénéfique pour le lieu. Gali l'espère. C'est une manière comme une autre de faire de la publicité, après tout. Il n'a pas honte de vendre une image de lui-même pour attirer des clients. Il a déjà vendu son corps, après tout. Quelques photographies et des potins ne le dérangent pas. L'ancien prostitué sait que les gens sont voraces de ce genre de choses. Ils sont des oiseaux de proie, des vautours.
Ashley prend place sur le canapé. Gali se glisse à ses côtés ; le tissu est agréable. Le touché est moelleux. Il ferme les yeux une seconde, expire doucement, et ouvre les yeux, légèrement paresseux, pour écouter ses questions. Gali reste silencieux et n'y répond pas immédiatement. Il sait qu'elle parle tout en pensant, et que les questions seront certainement nombreuses. Les lippes s'étirent un peu plus et l'oeil s'emplie de malice tandis qu'elle additionne les interrogations et le sourcil s'hausse, et Gali reste silencieux. Il hausse même vaguement des épaules, tournant son regard brièvement vers ses ongles en faisant mine de les nettoyer, tandis qu'elle continue avec une question précise. Cet endroit ? Mon dernier achat, qu'il finit par dire, le regard toujours posé sur ses ongles, avant de le lever vers elle. D'une certaine manière, le ventre est tordu par la nervosité, mais elle est appréciée. Gali est excité par la chose. Les employés ont essentiellement aidé à nettoyer. On commence la restauration des lieux lentement, pour une éventuelle ouverte. Les lippes se tordent en un sourire et il lui adresse un clin d'oeil. Je te l'ai dit ; le futur endroit décadent de New Brasilia. Un cabaret burlesque, pour être plus précis. Avec une petite association avec l'illusion, évidemment, pour les intéressés. Pourquoi mettre des limites aux plaisirs des yeux, hm ? Tout autant est-il heureux de lui parler de la chose, autant Gali ne cesse d'en parler, depuis des jours. Il lui semble que le sujet est le seul qui tourne en boucle et peut-être qu'une part de lui-même a besoin de fraîcheur, comme Ashley. S'il l'a amené ici pour lui montrer le lieu, il n'a pas réellement envie de répéter des choses qu'il a dit des dizaines de fois pour entendre une réponse plus ou moins identique au reste, car étrangement, si l'ancien prostitué est une personne nécessitant une certaine approbation venant de certaines personnes, il ne recherche pas spécialement la chose. Il préfère tracer son propre chemin sans chercher le regard des autres. Le corps, après tout, est tendu par le temps qui a lourdement quitté son bras et les années en moins. Il ne peut réellement se détacher de cette obsession face à la chose. Les nuits ne sont pas courtes ; elles sont inexistantes. Même dans les bras d'Ajay, il parvient seulement à s'endormir quelques minutes avant le levé du soleil, juste quand l'homme doit quitter les draps pour aller travailler. On fait ce que tu veux, ma belle. Les films, c'était surtout pour te changer les idées. Les siennes également.

« Cet endroit ? Mon dernier achat » C’est ce qu’elle soupçonnait, mais elle attendait une confirmation de sa part pour s’accorder le droit d’être encore plus enthousiaste. « Les employés ont essentiellement aidé à nettoyer. On commence la restauration des lieux lentement, pour une éventuelle ouverte. » Elle n’a pas besoin d’attendre ses prochaines paroles pour comprendre exactement ce qu’il veut faire ici : ils en ont déjà parlé, ou du moins, l’idée a déjà été évoquée, même si elle n’a pas forcément été creusée très sérieusement. Ashley se souvient d’une soirée à imaginer des tas de choses pour un endroit comme celui-là, en grignotant des chips… Elle se doutait que Gali y réfléchissait sérieusement - plus sérieusement qu’elle qui a malheureusement eu d’autres chats à fouetter récemment - mais voir les choses prendre autant de sérieux, c’est encore autre chose. « Je te l'ai dit ; le futur endroit décadent de New Brasilia. Un cabaret burlesque, pour être plus précis. Avec une petite association avec l'illusion, évidemment, pour les intéressés. Pourquoi mettre des limites aux plaisirs des yeux, hm ? » Ashley joue des sourcils, et rebalaie l’endroit du regard, encore, encore. Les possibilités se dessinent dans son esprit, et elle se doute bien que Gali a déjà prévu plein de choses qui vont lui donner des raisons de s’émerveiller. « On fait ce que tu veux, ma belle. Les films, c'était surtout pour te changer les idées. » Elle le regarde, pince les lèvres. « Tu sais que je t’aime, toi ? » Elle se blottit contre son flanc, se recroqueville de plus belle sur elle-même pour plus de confort. « Je suis désolée de pas avoir pu être plus présente ces dernières semaines. J’ai tellement envie de me débarrasser de tous ces… » Elle ne finit pas sa phrase, préfère soupirer que dire quelque chose de trop vulgaire ou trop désagréable. Elle n’est pas venue ici pour se plaindre : elle est venue ici parce qu’elle savait que Gali saurait la remettre de bonne humeur, et qu’elle avait besoin de son doudou.

« Le film peut attendre. » finit-elle par déclarer. « Tu sais quoi, l’atmosphère de cet endroit me plaît. Je parle pas des améliorations que tu as commencées, mais rien que… le feeling, tu vois ? Y’a un truc ici qui me plaît. » explique-t-elle. La présence de Gali à elle seule ajoute beaucoup à ce ressenti, mais Ashley ne dirait pas ça si ce n’était pas sincère. C’est peut-être débile, mais depuis qu’elle est de nouveau debout, elle est hypersensible aux énergies, bien plus qu’avant. « Tu t’occupes déjà de l’endroit dans un premier temps, j’imagine ? Tu as déjà une idée claire pour la déco ? Il faut du velours. Beaucoup de velours. Du voile aussi, pour ajouter de la légèreté. Il faut des couleurs chaudes, du rouge, beaucoup de rouge. » Elle lève les yeux vers lui, le menton collé à son torse. « Enfin j’imagine que tu as déjà tout ça dans la tête. Tu as besoin d’aide pour financer tout ça ? Je suis prête à te donner tout ce que j’ai. » Elle soupire. « Mon argent, mon réseau, ma voix, mon physique de rêve. » Ashley sourit un peu, désigne ses jambes et son booty d’un geste de la main. « Si je pouvais, je quitterais tout et je t’aiderais à monter ce truc, on en ferait l’endroit le plus prisé de tout New Brasilia. Imagine, des performances dont personne ne parle à l’extérieur, qui deviennent des mythes, des exclusivités que les magnats des médias ne peuvent nous voler… Un endroit où on peut être qui on veut. Pffiou. Ça me plaît Gali. » Elle a les yeux plein d’étoiles. C’est bien la première chose qui la fait vraiment rêver depuis un moment. C’est pas bien, de penser ça, elle le sait. Remonter sur scène devrait la faire rêver. Sortir un nouvel album devrait la faire rêver. Mais ses quelques premiers pas dans le monde publique lui ont plus donné envie de s’enfuir et de se cacher qu’autre chose. Elle se verrait bien rester cachée là, pour de bon, avec Gali et ses idées grandioses. « Dis moi tout ce que tu as en tête. Fais moi rêver. Oh! Et qui est au courant, pour l’instant ? »

Si Ashley possède une chose que Gali lui envie, ce sont ses rêves. Elle brille par les idées qui parcourent son esprit et par cette envie qu'elle possède de les réaliser, cette force également qui le pousse à le faire. Peut^-être que, d'une certaine manière, elle lui a partagé cette envie depuis qu'elle fait partie de sa vie. Peut-être que la chose n'a fait que croître, depuis qu'elle est éveillée, et qu'elle est une des raisons pour laquelle Gali ose sauter le pas et faire une pareille chose, sans aucun filet de sécurité, car il le désire et qu'il veut posséder ce rêve entre ses doigts, les yeux ouverts et non fermés. Mais il garde la chose. Il ne s'ouvre pas sur ses envies, sur ses rêves et ses désirs. Il préfère étalé les faits et réaliser la chose et surtout, paraître confiant sur un terrain qui est glissant. Il garde les doutes enfouis dans son esprit et s'efforce de trouver des solutions sans regarder les minutes, heures et journées manquantes à son bras. Et Ashley, avec ses questions, ses gestes et surtout, son être, lui permet de ne pas penser aux détails coûteux. Lui permet de rêver d'une certaine manière. Il est enchanté, Gali, d'entendre qu'elle rêve de la même chose que lui, pour l'endroit. Il s'attarde sur ses mots mais ne s'y accroche pas trop, persuadé qu'il peut se permettre d'avancer seul et que, même si elle le rejoint à un point dans l'aventure, il doit se contenter d'avancer seul sans attendre qui que ce soit. Il doute encore, après tout, de réserver des soirées pour les affaires d'Ajay, bien que l'idée lui plait. Il possèdes des idées trop nombreuses pour le nombre de journées présentes dans un mois et devra faire un tri, certainement, et bien que le rouge est son idée principale pour le décor, il rêve d'autres couleurs et envisage des tissus plus dispendieux contenant une technologie nanorobotique pour changer la couleur avec des simples touches.
Ashley brille plus que les étoiles dans le ciel, avec son enthousiame. Elle calme un peu l'angoisse, d'une manière. Elle laisse les questions au placard et se concentre sur l'excitation et c'est peut-être pour cela, au final, qu'il lui a partagé l'information. Il avait besoin d'elle pour profiter du bonheur relié au projet. Alors, les lèvres se tordent en un sourire et l'ancien prostitué pose un baiser sur son front avant de prendre la parole. d'accord. je te dis tout. ça prendra un temps, mais je te dis tout. Et il lui dit. Tout. Les idées des soirées, les idées des spectacles, des projets pour les employés de l'illusion, les décors et aussi, les rêves peut-être un peu, car il se permet avec Ashley d'en parler vaguement, des rêves. Elle lui fait croire qu'ils peuvent être autre chose que des rêves, justement.
fin juillet 2018.
Le cabaret est terminé. Il est terminé depuis un mois, plus d'un mois, même. Mais vide. Il est vide. Parce que Galileo l'a été aussi, vide. Trop plein de bonheur avant d'être trop vide de tout. De tout, sauf que peine. De tristesse. Il s'en veut, d'une certaine manière, d'avoir répondu de manière évasive aux questions que les employés ou même Ashley lui posaient, sur le cabaret. De répondre brièvement, trop brusque, lorsqu'il insistait. Mais il ne pouvait pas ouvrir le cabaret, sans Ajay. Il avait besoin du king à son bras, ou une connerie du genre, savoir qu'il était présent du moins, pour être heureux de l'ouverture. Il ne pouvait pas l'être en sachant que Ajay était quelque part sans lui, peut-être blessé, peut-être mort, et qu'il ne pouvait rien faire sauf être faussement heureux pour un cabaret qui, au final, ne valait pas grand chose, s'il perdait une partie de sa vie. Mais Ajay est revenu depuis plus d'une semaine. Opal le dévisage toujours d'une étrange manière, comme s'il était une bête sauvage, dangereuse, mais la gamine aime les bêtes un peu effrayantes et se colle lourdement au King, lorsqu'elle le désire, sans lui demander son avis. Gali retrouve un peu plus le sourire, son énergie. Il pénètre, aujourd'hui, dans le cabaret pour la première fois depuis plus de deux semaines. Les employés se sont occupés du ménage, de garder l'endroit propre.
Ce qui le surprend, lorsqu'il arrive au coeur du lieu, c'est de voir Ashley, présente. Il ne pourrait exactement dire ce qu'elle est en train de faire. Il ne pourrait dire ce qu'elle fait là. Gali la dévisage un moment, encore à l'abri de son attention, avant de la rejoindre. Il n'a pas d'excuses à lui accorder. Elle doit savoir, d'une certaine manière, que certaines choses sont survenues. Ils ont du le ressentir. Ils l'ont ressenti ; Sasha et Scar sont venus, à tour de rôle et ensemble, pour lui porter compagnie. Même Joshua s'est glissé dans la demeure en rénovation, prétextant venir faire un examen médical à Opal, mais Gali a senti son regard se poser sur lui, inquiet, comme s'il vérifiait son état de santé également. Tu te caches encore de ton agent, princess ? Il s'approche finalement d'elle tout en parlant, la veste d'Ajay sur le corps, des lunettes de soleil sur le bout du nez. Il sait que son visage est plus fin que le mois dernier. L'absence d'Ajay l'a fait maigrir malgré lui. Il laisse son corps se glisser sur la banquette de velours rouge à côté de la brune et pose un baiser contre sa joue, puis laisse ses bras pendre contre le long dossier. Je crois que je suis prêt pour l'ouverture. Les choses sont enfin en place, de mon côté. C'est sa manière de dire, indirectement, que tout va mieux. Pas parfaitement, mais mieux. et toi ? Car également, il ne saurait dire à quel stade d'invertissement Ashley désire être présente dans l'entreprise, à ce moment précis. Il s'avoue, sans le moindre gêne, ne pas réellement savoir où elle est rendue dans sa vie. Car il est égoiste, et que ses propres malheurs ont captés toute son attention. Une part de lui, puérile, serait dérangé qu'elle ne soit pas prête tandis qu'il l'est, et ce, qu'importe si le cabaret est prêt depuis des lustres et qu'il les a tous fait attendre.

fin juillet 2018
Cette chanson, c’est son secret, son truc à elle. Le truc qu’ils peuvent pas lui arracher.
Ça fait quelques temps que l’air lui traite dans la tête : il est né pendant sa tournée avec Noora, quand elles étaient en promotion pour leur featuring. Elle a écrit sur des feuilles volantes, a tenté des trucs avec les différentes applis de son téléphone, puis quand elle est rentrée, elle s’est enfermée dans son studio, chez elle, pendant des heures. Elle a peaufiné, réécrit la mélodie, ajouté des arrangements, retravaillé le tout mille et une fois. Dés qu’elle mettait les pieds chez elle, et qu’elle saluait Naora, la mélodie reprenait dans sa tête, et elle plongeait dans une frénésie musicale inexplicable, comme elle n’en avait pas vécu depuis qu’elle est sortie du coma.
C’était libérateur.
Les paroles sont venues plus tard. Mais elles sont arrivées d’un coup. C’était comme une évidence. Ashley n’avait pas écrit aussi facilement depuis très, très longtemps. Ça l’a enthousiasmée autant que ça lui a fait peur - parce que les mots lui sont venus avec un visage en tête, et que d’écrire pour ce visage-là l’a déconcertée plus qu’autre chose. Mais elle a essayé de ne pas trop se prendre la tête là-dessus. Elle a juste écrit. Et il en est ressorti une chanson dont elle est fière. La première qu’elle a écrit toute seule, composée et arrangée toute seule depuis son réveil.
Mais cette chanson, elle refusait de la donner à Attwood. Elle refusait de la donner à sa maison de disque, dirigée par un homme qu’elle méprise. Ils lui mettaient la pression depuis des mois pour qu’elle se remette en selle, pour qu’elle leur concocte la chanson de l’année. Attwood a essayé à plusieurs reprises de lui faire comprendre qu’elle n’avait pas le droit à l’erreur, qu’il leur fallait des récompenses cette année si elle voulait qu’ils continuent à s’occuper correctement de sa carrière. Ce comportement n’a fait que renforcer la colère d’Ashley, et brider sa créativité dés qu’ils la forçaient à travailler en studio avec eux. Cette chanson, elle doit la mettre entre de bonnes mains. C’est ce qu’elle s’est dit le jour où elle l’a terminée pour de bon. Et les seules bonnes mains auxquelles elle a eu envie de donner son nouveau bijou, c’est celles de Gali. Elle lui confierait sa vie s’il le fallait, alors c’était lui, ou c’était personne.
Le cabaret est devenu sa seconde maison. Mais une maison avec une partie de son âme amputée, quand Gali n’y était pas. A shley a essayé d’insuffler un peu de vie, a fait danser quelques employés pour garder l’enthousiasme, la joie, la bonne humeur, le temps que son Gali revienne. Elle a pris cette responsabilité sans demander l’avis de qui que ce soit, sans même trop y réfléchir. Là encore, c’était une évidence. Elle a commencé à parler de performances avec quelques personnes, a dessiné à la va-vite des scènes, sans trop savoir ce qu’elle allait en faire.
Jusqu’à ce qu’elle arrête de se voiler la face.

Aujourd’hui, elle est posée sur le sofa, et griffonne des choses sur une feuille sur la table basse en face, des choses qui n’ont de sens que pour elle. Elle a eu toujours eu une manière un peu spéciale d’écrire la musique. Tu te caches encore de ton agent, princess ? Il lui fait un bisou sur la joue, et elle lui en rend un, posant ses lèvres pendant bien trop longtemps sur sa joue un peu émaciée. C’est sa manière de lui témoigner son amour - puisqu’elle ne veut pas le forcer à parler. Peut-être… dit-elle avec un sourire en coin. Elle se repenche sur son ouvrage, la feuille grisée par mille annotations. Je crois que je suis prêt pour l'ouverture. Les choses sont enfin en place, de mon côté. Elle lève les yeux vers la scène, puis se redresse un peu, pour regarder Gali dans les yeux. S’assurer qu’il vient bien de dire ce qu’il vient de dire. Sonder leur lien pour une confirmation. Qu’elle trouve sans mal. Alors elle sourit. Ses lèvres s’étirent doucement. et toi ? Il ne lui demande pas par hasard : elle s’est impliquée dans le projet. J’ai écrit une chanson. Elle serait parfaite pour l’ouverture. Attends. Elle se lève, gambade jusqu’aux coulisses et branche son téléphone pour que la mélodie qu’elle a composé résonne dans le grand ancien théâtre. Elle a enregistré la chanson dans son intégralité il y a quelques jours déjà, en espérant pouvoir la montrer à Gali quand il serait prêt.
Elle prend un micro et monte sur la scène, faisant les choeurs par dessus sa voix enregistrée sur la mélodie, tentant des essais de chorégraphie pour faire sourire le brun. Au fond de la pièce, elle voit quelques employés qui se sont arrêtés dans leurs tâches pour observer la scène, le sourire aux lèvres. Pendant quatre minutes, la voix d’Ashley résonne, habillant les murs du cabaret de nouvelles couleurs, donnant de la vie à l’endroit précédemment beaucoup trop calme à son goût.
Quand les dernières notes résonnent, le petit public applaudit, au fond de la pièce, elle fait une petite révérence, mais à vrai dire, ses yeux bruns sont fixés sur Gali, et seulement Gali. Seul son avis à lui importe. J’ai pensé que peut-être… Ce serait un bon numéro régulier. Il faudrait une vraie choré, un décor, des costumes. Elle pince ses lèvres, et toujours dans le micro, dit : Maintenant que j’ai quitté mon label, je vais avoir le temps de peaufiner tout ça. Et elle sourit. Si tu veux bien de moi, bien sûr.
Il y a deux jours, elle a dit à Attwood qu’elle s’en allait.

les rêves sont des illusions. mais c'est le nom de l'endroit, n'est-ce pas ? l'illusion. alors, gali se permet. il se laisse aller dans l'illusion et ose croire, fort, en diverses choses à propos de nombreux sujets, et qu'importe à quel point il a terriblement peur de l'attérissage, qu'importe s'il ne sait pas où mettre les pieds et comment voler, il ose faire quelques pas et attend de voir comment les choses se dérouleront. c'est ainsi que l'endroit est né. c'est ainsi qu'il grandit, en compagnie d'ashley. c'est comme ça également qu'il a permis au king de se faire une place dans sa vie, et qu'il n'est plus totalement gali, mais autrechose également. il fait parti d'un ensemble qui lui a longtemps semblé impossible. de divers ensembles, en réalité. car même ashley est une part de lui-même. certainement la plus belle. il se demande, parfois, si certaines personnes le voient de la même manière qu'il voit ashley. belle, inspirante, forte. elle ressemble aux filles que sa soeur et sa mère idolâtraient, il lui semble. elle ressemble à ce que cleo aurait pu être, à ce que cloe est peut-être, et elle lui berce le coeur autant qu'elle le blesse, à certaines occasions. il se souvient des premiers mois à la détester car elle désirait tout ce qu'il voulait et tout ce qu'il ne pourrait jamais avoir. il se souvient de la jalousie qui lui tordait le ventre, comme l'admiration, et des voeux idiots qu'il osait faire pour tenter de lui ressembler, d'être un minimum comme elle. elle avait beau être allongée dans un lit, incapable du moindre mouvement sauf en allant dans son corps, gali lui enviait tout ce qu'elle possédait. non pas les biens matériaux, mais ce qu'il y avait à l'intérieur d'elle. peut-être est-ce encore le cas, aujourd'hui. il ne saurait le dire. encore moins l'expliquer. mais à chaque instant où il pose les yeux sur elle, gali ne peut s'empêcher d'avoir un noeud dans les trippes. peut-être lui en veut-il d'être ce que cleo - ou cloe - aurait pu être. peut-être la voit-il comme la soeur qu'il a perdu, tué, il y a des années.
il est encore présent, ce noeud, tandis qu'ashley monte sur la scène principale du cabaret et met une musique en route. il lui tord douloureusement mais tendrement les tripes, ce noeud, tandis que sa voix s'élève, somptueuse, et que les paroles prennent place. gali n'est pas doué pour comprendre les choses. il ne lit pas, il n'écrit pas. il comprend les choses directes, sans détour. et peut-être ne comprend t-il pas complétement les paroles de la chose, le sens ou encore, à qui elles sont désignées, mais il est emporté par la chose. par ashley. par tout ce qu'elle dégage, tout ce qu'elle est et surtout, tout ce qu'elle pourrait être.
et il n'est pas le seul, à entendre les applaudissements qui résonnent par la suite, dans la salle. gali, quant à lui, se garde de la moindre parole et se contente de la fixer. peut-être car sa gorge est nouée et que ses yeux portent un voile qui sera prochainement des larmes. peut-être est-il, au final, encore fragile des événements passés. ou alors, est-ce simplement qu'elle le touche, terriblement. sa belle et douce ashley. sa tendre petite soeur.
elle le fixe. il le fixe. si certains font des compliments derrière, gali n'entend rien. ashley également, il assume. car ils se perdent dans le regard de l'un et de l'autre, à chercher des réponses sans poser les questions. il finit, au bout d'un moment, par tendre les doigts pour s'emparer d'un verre de martini abandonné et se racler la gorge. si je veux bien de toi ? s'il souffle, la voix est assez forte pour être entendue. car elle porte, sa voix. gali se fait entendre par tous, généralement. au fil des années, il a su en jouer. lorsqu'il sourit, ses yeux miroitent des larmes qui s'y trouvent et des creux se forment dans ses joues. c'est plutôt moi qui devrais dire cela, princesse. sans elle, il ne saurait pas là. sans elle, il doute même d'être encore vivant. je veux pas de toi. j'ai besoin de toi. sur les lippes, le sourire se tord, devient plus grand, et sur la joue, une larme coule. de joie, cette fois. elle finit en léger rire, délicat.

si je veux bien de toi ? Ashley sourit, le micro toujours dans les mains, impatiente. Qu’est-ce qu’elle va faire, s’il dit non? Il ne dira pas non, elle le sent, elle le sait. Il ne peut pas dire non. Elle serait dévastée, s’il lui disait non - il prendrait pas le risque de la dévaster pour sûr, mais elle sait qu’il lui dira oui parce qu’il en a vraiment envie, pas juste pour ne pas la vexer. c'est plutôt moi qui devrais dire cela, princesse. Elle commence déjà à faire non de la tête. Bien sûr que non, bien sûr que non ce n’est pas à lui de dire ça. je veux pas de toi. j'ai besoin de toi. Elle penche légèrement la tête sur le côté, la gorge soudain serrée, les yeux soudain embués, miroirs de ceux de Gali, tout aussi émus. Quand elle voit la larme sur sa joue, elle abandonne le micro, elle saute de la scène comme un chat et se précipite vers le canapé, pour s’écraser dans ses bras, recroquevillée comme une petite fille, et se lover dans son parfum rassurant et familier. Elle le serre fort, fort, fort contre elle. j’ai encore plus besoin de toi, crois moi. Elle n’entend plus de bruit au fond de la salle, les autres ont dû partir, probablement conscients qu’ils n’avaient pas à assister à une scène aussi intime.

Elle a eu l’impression qu’ils s’étaient un peu laissés, ces derniers temps, même si c’était malgré eux. Elle veut pas revivre ça. Elle veut qu’ils soient tout le temps ensemble, à construire des choses qui ont du sens, à faire vivre des choses qui les passionnent, main dans la main. C’est bizarre à dire, mais depuis que Gali lui a mentionné le cabaret pour la première fois, Ashley sait. Elle sait que c’est spécial. Elle est sûre que le destin voulait ça, qu’elle était destinée à finir sur cette scène-là, avec Gali en face d’elle, et des rêves plein les yeux. Elle est persuadée qu’elle a sa place ici, que c’est une évidence, que c’est tout ce qu’elle a toujours voulu, sans le savoir. Je suis enfin libre de faire ce que je veux. Et c’est ça, que je veux. Je vais faire illusion pendant un peu moins d’un mois encore, le temps de la fin de la promotion de ma chanson avec Noora, parce que je veux pas la desservir… mais après… Elle esquisse un sourire en se redressant. Je ne vivrai plus qu’au rythme de l’illusion. Elle affiche un grand sourire, prend le visage de Gali entre ses mains. Ça va être parfait, tu verras. Elle se redresse pour de bon, va fouiller dans son sac, et en sort une petite boîte. ok, ok. j’ai un truc pour toi. Elle se met à genoux, comme dans les films, et lui tend la boîte. je te promets d’être la meilleure amie de la terre, je promets de faire de cet endroit ce que tu imagines en rêve, je te promets que je serai là tout le temps et que je te laisserai plus jamais. Elle dégaine son regard de chat potté, son plus beau sourire, ses jolies fossettes, et demande, solennellement : Galileo Bruni, je t’aime. Veux-tu devenir mon associé, pour le meilleur et pour le pire, dans la santé comme dans la maladie, dans la joie comme dans la peine? Est-ce qu’elle avait prévu le coup ? Bien sûr qu’elle avait prévu le coup. Elle a la boîte dans son sac depuis des semaines - elle attendait le bon moment, pour lui et pour elle, c’est tout.

peut-être est-il trop émotif, à pleurer pour une telle chose. mais il lui semble qu'ashley lui apporte à l'instant un bonheur réel. quelque chose qui n'est pas faux, qui ne fait pas illusion. il peut y toucher réellement, et le sentir à l'intérieur de ses veines comme dans son coeur, et l'ancien prostitué, envahit par la chose, ne peut que déborder. les derniers jours ont été diffiiciles. il ne sait réellement ce qui est le pire, entre la disparition de son âme soeur et sa présence dans la demeure, depuis son retour. il le cherche dans son regard et n'en trouve que des miettes qui sont balayés rapidement. il le dévisage en compagnie d'opal, perturbé par tout ce qu'il fait pour la gamine. choqué par les propositions qu'il lui fait, les conversations qu'il mène à propos d'un souvenir presque trop beau pour être vrai et qui est, à ses yeux, faux. il ne sait que faire, à la maison. il ne sait que faire, dans sa relation. mais ici. ici, en compagnie d'ashley, il sait. gali possède une fierté, quelque chose qui l'empêche de parler de ce qui le démange à l'intérieur, mais il sait profiter des belles choses et surtout, ignorer ses problèmes lorsqu'il le peut. l'illusion est son sanctuaire. il l'avait oublié, peut-être. il avait fui malgré lui, et maintenant, à voir ashley, à l'avoir contre lui, presque en larmes, il le comprend. et il la serre fort, contre lui. aussi fort qu'elle peut le serrer également.
et il l'aime. il l'aime, pour de multiples raisons, mais précisément car elle est la personne qu'elle est. il l'aime pour ce qu'elle lui dit, pour ses choix, pour ses restrictions. car elle ne se jette pas dans le vide en coupant tout brusquement, car elle fait les choses correctement, en réfléchissant, sans changer. et gali sourit, heureux, quelque chose de minime sur les lippes mais de grand, dans le coeur. ça lui fait du bien. ça lui fait du bien de la voir, elle, comme ça, et de savoir. de savoir que, quelque part, certaines personnes ne changent pas. ça lui fait du bien, avec tout ce qui se passe à la maison, depuis un moment.
mais il essaie de ne pas penser à la maison. présentement.
il ne pense qu'à l'illusion.
qu'au cabaret.
qu'à cette autre maison que, ensemble, ils ont construit et que, ensemble ils pourront rendre encore plus grands, pour accueillir encore plus de gens, et accueillir encore plus de n'importe quoi.
et elle ne cesse de le surprendre.
le geste qui suit lui rappelle, malgré lui, la demande d'ajay, quelques mois plus tôt. gali la regarde interdit, le regard grand ouvert, incapable de concevoir qu'une telle chose ait lieu. il a passé sa vie à se mettre à genoux devant les autres, il a encore du mal à concevoir qu'on puisse faire une pareille chose devant lui, bien qu'il agisse en permanance comme si la totalité du monde était à ses pieds. mais le geste représente quelque chose de plus grand, et le coeur se serre autour qu'il déborde, et cette fois-ci, les lèvres se pincent et tremblent, avant de se fracasser dans un sanglot peu attirant. il essuie ses yeux du revers de la main et, d'un rire dans la gorge léger, lui répond. tu es folle dans un rire sanglot, à essuyer encore, tout en l'observant comme les bracelets, également. le geste lui apporte un surplus d'émotions et tellement de bonnes choses, il ne sait que en faire. j'ai une condition qu'il finit par dire, au travers de renifllement et en retrouvant une certaine contenance. d'un geste familier, il glisses ses mains contre ses vêtements pour les replacer, puis, menton bien haut. j'accepte uniquement si tu es mon témoin à mon mariage. parce que c'est elle et personne d'autre. ils lui ont tous sauvé la vie, lorsqu'il est revenu sur sigan, mais ashley a toujours été sa petite fée.