beautiful trauma (scar)

« Tiens, enfile ça ! ». C’est rare quand elle se trouve pas toute seule dans cette pièce. Du moins, avec un autre être vivant et pas fraîchement mort. Son père est déjà venu pour observer l’environnement de travail de sa fille chérie, il voulait s’assurer que tout se passait bien, qu’elle n’avait besoin de rien. Sa mère n’a jamais dépassé les portes battantes elle qui, pourtant, serait capable de parler de la mort durant des heures et de ses rites si spécifiques, si fascinants qui ont parfois le don de faire grimacer ses étudiants. Et son frère ? N’en parlons pas. Il l’a toujours laissé à l’entrée, pas foutu d’y mettre ne serait-ce qu’un seul pied ! Comme s’il avait peur que la Grande Faucheuse l’attende au tournant d’un couloir. Faut dire que l’année dernière, le déguisement de Leo l’a pas aidé, il a vraiment cru y passer ce jour-là et que son heure était arrivée. Depuis pour Halloween, il reste enfermé chez lui à regarder des comédies romantiques à se goinfrer de bonbons qu’il ne donnera jamais aux gosses. Et y’avait Gorgie. Mais Gorgie est plus là pour lui faire des grimaces à travers les carreaux des portes ou passer sa tête entre les planches pour lui faire un coucou qui la mettait toujours de bonne humeur quoi qu’il arrive. Mais Georgie n’est plus là et il reviendra pas.

Alors quand Scar lui a demandé s’il pouvait venir au boulot avec elle, il lui aura fallu moins de deux secondes pour trépigner sur ses pieds et accepter avec un grand sourire. Leo elle est toujours heureuse de partager son métier, de le faire découvrir à qui voudra bien l’écouter. En temps normal, elle en discute avec son père ou bien les morts. Même si leur cœur avait cessé de battre, elle trouvait important qu’ils sachent ce qui allait leur arriver. Et surtout de découvrir ce qui leur était arrivé. Et aujourd’hui, elle allait avoir la joie de le faire à Scar. « Pour certains, ça se voit direct de quoi ils sont morts. Difficile d’échapper à une balle en pleine tête » qu’elle dit en rigolant franchement avant de s’arrêter brutalement, les images ensanglantées dansant dans sa tête. Elle revient à elle, dessinant à nouveau une courbe sur ses lèvres. « Et puis pour d’autres, faut chercher en profondeur ». Et elle éclate de rire, fière de son propre jeu de mots parce que c’est vrai que dans son métier, faut pas avoir peur de se salir et de fouiller dans les entrailles. Une fois son bleu de travail enfilé, elle guide le jeune homme dans les couloirs, le présente à tout le monde comme étant un étudiant de médecine avant de l’entraîner dans son labo. « Ça va être un peu la surprise aujourd’hui ! » qu’elle lui dit en se récurant les mains jusque sous ses ongles parfaitement et soigneusement taillés. « Prêt pour l’exploration Doc ? ».