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 black hearts and dollar signs ((diana))

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Dès que Gali l'a abandonné sur le seuil de leur maison, Ajay s'est empressé de retrouver ses quartiers. Il a envoyé un bref message à Diana pour l'avertir qu'il serait dans les parages ; mais, de manière plus quotidienne cette fois. Il n'a pas mit longtemps pour se décider, au fond de lui il attendait l'occasion rêvée de rentrer chez lui, pour de bon. Mais il ne s'imaginait pas rentrer seul et les premiers jours lui ont rappelés les cinq années qui ont suivies le départ de Gali. Ce sont seulement les circonstances qui le rendent maussade, sinon, il préfère son vieux sofa. Il est plus confortable, sans doute parce que la mousse a prit la forme de son corps à force d'être avachi dedans. L'appartement porte à nouveau son parfum, un mélange de cigarette et de nourriture très appétissante. Il a prit le soin de rapatrier les cosmétiques que Gali à laissé dans leur salle de bain.
Quand il s'ennuie, il essaye ses masques et fronce les sourcils. C'est vrai qu'il a la peau plus douce, mais personne ne lui fait la remarque. En revanche, il a fait une croix sur l'anti-cernes.
C'est un peu sa marque de fabrique, l'insomnie.
Il rumine. Assez pour qu'il se soit résignée à toucher à sa cave de whiskys vieux d'âges. Le King est seul maintenant, il a retrouvé ses habitudes au Deck. Beaucoup de personnes avaient, mine de rien, remarqué qu'il passait moins de temps au pub. Il ne sait pas comment prendre la remarque, une part de lui s'en révolte tandis que l'autre se renfrogne ; il ne comprend pas exactement pourquoi on lui souhaite de rester un chef de gang alcoolique. Mais quelle qu’en soit la raison, il est de plus en plus persuadé qu'elle est bonne. Ce qui a le don de l'énerver encore plus. Il est de bien meilleur humeur maintenant, sauf si on compte le retour des terreurs nocturnes. Mais il faut croire qu'on l'aime caustique.
Il appréhende moins la venue de Diana. Il est d'assez mauvaise humeur pour supporter une de leurs joutes verbales. Parfois, il se demande si elle n'a pas du sang chaud de Nephtys dans ses veines. Sauf que pour le coup, Nephtys n’obéirait jamais à ses ordres surtout si ça inclut de sourire et d'être aimable devant tout le monde. Il n'a toujours pas fait le déplacement pour aller la remercier d'avoir - certes, en retard - fait passer le message a Gali. Il est curieux de leur relation. l a été surpris quand il a apprit qu'ils se connaissaient. Mais, il est surtout curieux de savoir si Gali a déjà parlé de lui à d'autres, avant qu'ils ne flirtent.
Au moins, Opal n'aura pas vampirisé son ego.
Il regarde sa montre quand quelqu'un frappe à la porte. Elle est à l'heure. La ponctualité est importante chez les Nulls. Une minute de retard ou d'avance avertit parfois d'un intrus, c'est comme ça qu'on repère les traîtres et les indésirables. La rigueur est nécessaire. Il se lève nonchalamment du sofa  pour aller ouvrir et pose son verre à moitié vide sur un meuble. Il porte toujours un de ses costumes. Sauf qu'il n'est pas certain de la couleur, noir ou violet. Vu que Gali n'est pas à ses cotés, il distingue mal la couleur.  
Encore aujourd'hui, Ajay dévisage Diana comme si elle était la plus belle chose qu'il ait jamais vue. Il se mord nerveusement la lèvre inférieure et essaye de détourner son attention d'elle. Elle ressemble terriblement à Nameha et rien que pour cette raison, ça n'aurait jamais pu fonctionner entre eux. C'est un sujet encore sensible et douloureux, même après toutes ces années. Il a aimé être séduit, sauf que les sentiments n'y étaient pas, ni l'envie. Le mal était déjà fait, il avait déjà rencontré celui qui allait devenir son âme soeur. Il aime les femmes qui savent lui tenir tête. Comme les hommes, car il est rarement tranquille avec Gali. Il n'aime pas quand les choses sont trop évidentes. Diana est doué pour ça, elle est douée pour tenir tête à tout ce qui bouge, c'est pour ça qu'elle est parfaite pour son rôle. Elle serait parfaite quelques grades plus haut, même. Ajay lui fait suffisamment confiance pour lui partager des secrets que même ses lieutenants ne connaissent pas. « Salut, je t'attendais. » La perspective de ne pas passer la soirée seul permet à un sourire en coin de s'échapper de ses lèvres. Il a presque l'air de rire, mais c'est plutôt de lui qu'il se moque et de son sentimentalisme.  On le quitte pendant une semaine et il est déjà à bout. « Je te sers à boire ? »
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Ana Washburn
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Diana a un verre à la main. Il est probablement un peu tôt pour boire de l’alcool fort, et c’est pour ça qu’elle s’est contentée de verser une canette de bière dans un verre d’eau. Après tout, ça reste plus classe. Puis, c’est dégueulasse les canettes, à boire. On sait jamais qui a posé ses mains ou ses lèvres sur le bord de la canette. Et les baisers interposés pleins de bactéries et d’autres conneries, très peu pour elle. Elle regarde Nova et Lava parler ensemble. Et elle a le sourire qu’est à deux doigts de s’pointer. Parce que, vraiment, elle a l’impression de regarder deux clowns, à croire que faire rire, c’est leur job. Parce que Nova est trop blasée, et que Lava est trop. Lava. Diana comprend Nova, c’est facile d’être blasée face à une gosse qui comprend pas la moitié des mots compliqués qui sont dit. Et qui considère que “tablier” c’est un mot compliqué. Non, vraiment. Lava, c’est pas une tasse de thé. Diana regrette pas de l’avoir récupéré à Dorian, jamais. Parce qu’elle rapporte beaucoup. Puis parce que Dorian la traitait d’une façon dont on devrait jamais traité une femme, qu’importe son âge, mais encore moins une jeune. Et qu’à l’époque, Lava était même pas encore une jeune femme, mais carrément une fille. Plus vraiment une ado, mais vraiment loin d’être une jeune femme. Et à bien la connaître, Diana est pas sûre qu’un jour, elle en deviendra une, de jeune femme. Peut-être qu’elle restera au niveau enfant toute sa vie. Ce qui est pas pour déplaire aux clients, donc. Pourquoi pas.
Le téléphone dans l’autre main, elle surveille l’heure. Elle va voir Ajay, plus tard. Il est revenu sur le territoire des Nulls, et Diana sait. Elle sait qu’il lui a dit pour qu’elle vienne le voir. Elle sait qu’elle a vraiment besoin de ce verre de bière avant d’aller le voir. Elle sait qu’il va la souler avec Leo, Gali, qu’importe, et avec la petite Opal, et avec sa vie de famille. Quoique. Parce que, vraiment, s’il devait la souler avec ça, il l’aurait soulé avec ça dans son nouveau chez lui. Et Diana se dit que, peut-être, y’a un autre truc en jeu. Peut-être que Ajay est pas si bien que ça. Diana croit pas qu’il soit juste “revenu” parce que “les nulls lui manquaient”. Nope. C’est pas possible. Diana le connaît. Bien mieux que toutes ses langues pendues qui pensent connaître les gens parce qu’ils l’ont vu trois fois en photo. Elle connaît tous ses visages, et toutes les diverses facettes de sa personnalité. Si Ajay est revenu dans leur quartier, c’est qu’Ajay va pas super bien. Ce qui, en soi, donne encore moins envie à Diana d’y aller. Elle est pas forcément la meuf la plus doué, pour donner des conseils, et surtout pas pour réconforter les gens. Sauf ses filles, c’est une exception. Mais Ajay… Elle sait juste le motiver, et le secouer, et lui dire de prendre sa vie en main. Peut-être que c’est ce dont il a besoin. T’façon, il la connaît mieux même qu’elle ne le connaît. Et s’il avait envie d’un avis constructif, et de conseils et de réconforts, il aurait probablement choisi d’aller voir une psy. Ok. C’est pas complètement vrai. Parfois, parfois Diana, se trouve être d’une compagnie assez réconfortante. Mais ça reste rare. Et Ajay en est réellement le seul bénéficiaire. Mais Diana est pas vraiment en l’état en ce moment. Pas depuis qu’elle a apprit sa stérilité. Pas depuis que Lava est encore plus proche de Theo qu’avant, pas alors que Nova est en fin de contrat. Elle veut pas la perdre, Nova.
Diana part. Elle laisse la direction de l’endroit à une Nova continuellement blasée, et se dirige vers l’ancien appartement d’Ajay. C’est étrange, d’y aller. Elle s’était presque habituée à la grande maison aux baies vitrées. Elle toque. Elle sonne pas. C’est pas classe, de sonner. Puis merde, ça fait quand même beaucoup de bruits, pour pas grand chose. Et Ajay lui ouvre, rapidement. Il a pas l’air bien. Genre, vraiment. Il a l’air complètement crevé, et Diana serait pas étonnée de savoir qu’il a pas dormi ses dernières nuits. Il sourit, et Diana y répond, plus par habitude que parce qu’elle a envie de sourire. C’est plus par politesse, presque. Mais sans chercher à être polie. Diana a abandonné depuis longtemps l’idée d’être polie avec Ajay. Dès qu’elle a compris qu’elle avait pas vraiment besoin de l’être, en fait. Pas qu’elle oserait être complètement irrespectueuse envers lui, parce que, vraiment, faut avoir des envies de mort imminente pour lui manquer complètement de respect. Mais juste. Pas forcément polie. Elle hoche la tête, finalement. “T’as des trucs forts ?” Elle va en avoir besoin, elle le sent. Comme à chaque fois qu’il a cette tête, ou qui s’en rapproche. Elle va avoir besoin d’un truc fort. Elle observe son visage quelques secondes avant de sourire. “Genre très fort.” Elle rigole doucement, comme pour faire passer le message de : j’ai besoin de me bourrer avant de t’écouter déballer tes problèmes. Mais c’est pas de l’irrespect. Il la connaît. Elle le connaît. Ils fonctionnent comme ça. Et ça fonctionne bien, comme ça.
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Il aime son honnêteté, il aime savoir que parfois elle déteste, autant qu'elle le respecte, autant qu'il peut être important pour elle. Même si Ajay le sait, d'eux deux, c'est lui qui a le plus besoin de Diana, même s'il ne le dit pas, parce qu'i ne parle pas. Il donne des ordres. C'est quelque chose qui ne se dit  pas mais qui se vit, ce qu'il y a entre eux et qui n'a rien à voir avec les choses banales entre les gens. Ils ne sont pas normaux, le tatouage du diamant les empêchent de faire partir de cette majorité bruyante et assommante ; Ajay déteste les gens. Il est ivre du monde, dans un mauvais sens, d'une mauvaise cuite. Diana lui suffit, et il lui fait comprendre, dans la manière qu'il a de s'inquiéter, de lui faire confiance et de l'écouter, de lui laisser sa vie entre ses mains et son grand secret. Elle est parfois plus présente que Kira, il ose plus facilement lui parler de certaines choses. Il le voit souvent dans les yeux de la Queen, l'ailleurs, la mer. Le vague. Elle a envie de partir, même si elle n'est jamais explicite. Et c'est pour lui tout naturel que Diana la remplace. Ils ont l'air tous les deux d'accord, sans jamais en avoir parlé. Diana est la suite logique des choses, le début d'une nouvelle ère. Elle lui a fait comprendre certaines choses, admettre certaines choses. Et Kira le sait aussi, il a besoin de nouveauté, de passer à autre chose. De laisser le passé où il est.
Ce soir il n'y arrive pas. Il revit la même catastrophe que son réveil quand Gali est parti, il se retrouve aussi perdu et désœuvré. Il a une mine terrible. Il a son petit sourire satisfait. « Je ne bois pas de léger. . Le King aime beaucoup de choses chez elle. Peut-être qu'il aime encore la courbe de ses jambes, la façon dont elle lui fait la morale avec cet air exaspéré et ennuyé. Il sait qu'elle se fiche de Gali mais c'est la seule chose qu'il trouve parfois pour lui parler, pour qu'elle vienne. Il aimerait avoir plus de choses à dire et se rapprocher, mais il est toujours compliqué pour Ajay de faire un geste.
Il préfère lui faire croire qu'elle est juste un moyen de combler le vide quand Gali n'est pas là, ça lui paraît plus simple que d'admettre qu'il s'est attaché. Qu'elle est plus que le rôle qu'il lui laisse bien jouer. Le King lui prend sa veste et l'invite silencieusement à s’asseoir sur son canapé en cuir blanc, l'achat le plus inutile qu'il ai fait puisqu'il est tâché de sang à certains endroits. Il essaye vainement de recouvrir les traces par des plaids tendance. Toute la décoration de son appartement suit les tendances, si on omet quelques meubles qui ajoutent un peu de charme au loft et son plafond outrageusement haut. Il lui sert un verre bien rempli du whisky qu'il était en train de vider seul. Si Ajay tient bien l'alcool, mélangé à son humeur maussade, il l'a très mauvais. La chose se voit dans ses yeux vides et sombres et sa voix pâteuse. « Tu penses qu'il va revenir ? » Lui. Toujours. Même quand il ne veut pas parler de lui, Ajay n'a que Gali a la bouche. Ça fait cinq ans. Il s'était calmé, maintenant qu'il pouvait combler le vide avec l'intéressé. Mais quand ses lèvres ne sont pas occupées à l'embrasser, elles rabâchent la même histoire, chauffée et réchauffée, jusqu'à devenir une bouille dégueulasse et fade. « A la tienne. Et aux Nulls » Il trinque. Sa main ne tremble pas. Pas encore. Il sourit, toujours l'air narquois. Ce soir, il est mauvais King, ils y sont tous habitués. Ils ont vu l'épave pendant des années. Parfois, il remonte et parfois, il se laisse engloutir par ses idées noirs et la dépression qu'il se traîne depuis. Trop longtemps. Son regard est dirigée en haut à droite. Il réfléchit. Il ne sait plus à quoi. Ajay soupire et vient s'asseoir à coté de Diana. Combien de fois ont-ils fait ça, avant, parfois juste en silence.
Il ne sait pas s'il voudrait la voir comme un fantôme de Nameha, de sa mère, ou pour qui elle est. Il voudrait la voir pour qui elle est, mais tout ce que ses yeux savent voir depuis deux mois, c'est Gali. Gali et encore Gali et pas ses hommes, pas l'argent, il ne va même plus au bar. Il s'y est rendu ces deux derniers jours juste pour se bourrer la gueule et penser à autre chose. Il a l'air aussi perdu que quand la première Queen du nom est morte. Froid et distant. Inatteignable. Mais s'il a appelé Diana, c'est qu'il a bien l'intention de ne pas l'être, totalement fermé. Il ne sait plus. Ajay ne sait rien. « De quoi j'ai l'air ? » Il brise finalement la glace, le regard dans le vague.
Il a besoin d'une claque. Il a besoin de se retrouver. Il ne savait pas qu'on pouvait autant se perdre dans son propre chez soit.  
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Ana Washburn
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Sa vie aurait pas été la même si elle avait jamais croisé la route d’Ajay. Probablement qu’elle serait pas rentrée chez elle, quand même, parce qu’on faut pas pousser le bouchon. Mais elle serait certainement pas où elle est maintenant. Et elle serait peut-être pas aussi à sa place. Parce que c’est ça, le truc. Diana se sent à sa place chez les Nulls. Elle se sent à sa place, aux côtés d’Ajay. Même si c’est pas en tant que Queen, comme elle le voulait au début. Même si c’est qu’en tant qu’amie. Ajay a besoin d’amis, de vrais amis. Et Diana avait besoin de gens à écouter, à conseiller. Elle a comprend qu’elle aimait bien ça, en commençant à travailler avec les filles, des Nulls. En apprenant à les connaître. Elle essaye de les comprendre, de les cerner, pour pouvoir leur donner un job qui leur convient. Pour donner les hommes les plus calmes aux filles les plus fragiles, et le genre plus violent à celles qui veulent de l’aventure. Même si, elle s’est arrangée, au fil des années, pour que les mecs violents aillent plutôt voir Dorian. Après tout, c’est sa spécialité, à ce bâtard, de vendre ses filles à des connards. Elle se dit que si un jour, Ajay lui en donne le pouvoir, elle le virera. Et elle se fera une joie de retirer elle même la partie de sa peau où il y a son tatouage des Nulls. Dorian a rien d’un Nulls. Dorian leur fait honte. Dorian n’a rien à faire avec eux. Il traite ses filles comme du bétail, et les considère que très peu. Il fait quelque chose que Diana a refusé de faire dés qu’elle a commencé : vendre la virginité des filles qu’il a, qui le sont encore. Elles sont rares, et il en profite pour en faire des ventes aux enchères monstrueuses. Diana regrette juste de pas pouvoir toutes les empêcher. Elle a réussi à en faire capoter quelques unes. En achetant les filles, avec son propre argent si besoin, pour les former, et les faire avoir leur premier rapport de façon consentie, et non rémunérée. Mais d’autres, malheureusement. Elle s’en veut toujours un peu, pour Lava. Essaye plus ou moins de se racheter, depuis.
En rencontrant Ajay, sa vie a changé, dans le bon sens. Elle sait qu’elle est devenue une meilleure personne. Alors que chez les Mahal, elle était âcre, acerbe et cynique, chez les Nulls, elle est maternelle, à l’écoute, et toujours prête à donner des conseils. Faut pas la faire chier, et elle s’emmerde vite si la conversation tourne au monologue inintéressant, mais tout passe mieux après un verre. Puis après tout, son job, c’est aussi d’écouter. Et de répondre, le mieux possible, aux demandes de ses filles.
Lorsqu’il lui répond, elle sourit en coin. C’est vrai. Ajay est pas connu pour boire du soda. Mais c’est pas plus mal. Surtout alors qu’il l’a appelé pour lui parler de Gali, et de leur dispute. C’est encore quelque chose qui a changé, depuis sa rencontre avec lui. Chez les Mahal, l’alcool était quelque chose de prohibé. Chez les femmes. Les hommes avaient toujours un peu d’alcool servi à table. Les femmes, non. Elles restaient au jus de fruit et à l’eau. Diana trouvait ça pitoyable. Mais elle a toujours respecté cette règle. Trouvant pas d’intérêt à se bourrer la gueule. Ca l’aiderait pas à sortir de cet enfer plus rapidement. Quand elle a débarqué chez les Nulls, well. Y’a des trucs, des habitudes, qui se prennent vite. Et boire, c’est l’une d’elles.
Elle prend le verre de Whisky qu’il lui tend, et le sent, profitant du parfum. Elle entend sa phrase, sa question, mais relève pas. Elle a apprit à pas relever les questions rhétoriques. Répondre à de vraies questions, d’accord, et encore, avec parcimoni. Mais répondre à des questions qui attendent pas réellement de réponses, ou dont les réponses sont évidentes, non. Elle trinque avec lui, aux Nulls. Surtout aux Nulls. Elle sourit avec lui, et se retient de lever les yeux au ciel. Il s’assoit à côté d’elle, et Diana tourne sa tête, pour le regarder. Il est beau, Ajay. Ou, si ce n’est beau, très charismatique. Gali et lui font un beau couple. Vraiment. Ce genre de couple qui ne semble exister que dans les esprits. Jusqu’à ce que ce soit réel, finalement. Un couple parfait. Et si, si imparfait à la fois. Parce que c’est Ajay. Et qu’Ajay, en couple, ça peut difficilement être parfait, déjà. Et que c’est Gali. Et que Diana a aucun commentaire à faire sur Gali, parce que c’est juste. Gali. Si y’a bien une personne qu’elle imaginait finir sa vie seul avec des chèvres, à s’habiller en princesse avec des résilles noires, c’est Gali. Y’a beaucoup de choses qui font qu’ils devraient pas être ensemble. Mais ils le sont. Et Diana trouve ça merveilleux.
Sauf quand elle doit écouter Ajay s’en plaindre. Comme aujourd’hui.
Elle l’observe plus sérieusement lorsqu’il lui demande de quoi il a l’air. Elle sourit plus, vraiment. Elle a toujours cette base de lèvres retroussées, qu’est juste habituelle chez elle, mais pas plus que ça. “Pas d’un King. D’un valet, au mieux. Mais je dirais plutôt que t’as l’air d’un paysan. Ou, peut-être même, d’un rat malade, qui se laisse mourir.” Elle prend une gorgée d’alcool, deux, puis trois, les enchaînent. S’arrête à la moitié de son verre. “Il va finir par revenir. Mais ça irait plus vite si t’allais le chercher.” Elle croise les jambes, doucement, et pose ses avant bras dessus. Elle a caché le compteur de kilomètres par du fond de teint ce matin, et il commence à s’enlever. Elle aime pas qu’il lui rappelle qu’un bout de son âme se trouve aussi loin d’elle. Ca a quelque chose de frustrant.
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