le temps d'un instant (&) reyn

Invité

☽ ft. reyn

j'ai oublié de vivre
le temps d'un instant
j'étais redevenu ce môme insouciantaujourd'hui.
Soleil écarlate s’écrase à l’horizon, en témoignent les faisceaux dorés filtrant en travers des volets ; ceux-là qui viennent et s’étendent le long d’une carcasse courbaturée, presque étriquée dans la solitude de l’appartement – dans l’absence de ses comparses. La cage thoracique se soulève doucement puis s’abaisse en un sifflet d’air transperçant les lippes à peine entrouvertes ; Aleksandra s’étend sur le sofa, et le regard rivé vers le plafond vibre en quête de présences autres – elles qui sont toujours présentes.
En quête d’une présence,
Particulière,
Autre.

février 2013.
De la courbure d’un dos, du dessin d’une mâchoire, naissent quelques frissons ineffables ; l’étrange sensation de déjà-vu grouille sous le poitrail de la demoiselle sans qu’elle ne puisse esquisser la moindre palabre à cette idée. Pourtant, la chaire s’hérisse et quelque chose au creux de ses entrailles semble s’agiter en un million de picotements intuitifs, telles autant d’évidences que l’on ne peut nommer. C’est l’impression fugace de saisir le regard de l’autre un instant qui saisit ses sens, et qui semble courber l’espace-temps pour qu’elle s’y plonge ; bulle intemporelle dont l’existence ne dépasse pas les microsecondes et dont pourtant la substance paraît les englober d’une étreinte aux accents d’infini. Un coup de langue râpeuse vient humidifier les levres de la jeune adolescente, dont la courbure s’accentue, entrouvertes comme dans l’intention d’en extirper une interpellation et- « Aleks, qu’est-ce que tu fous ? » Silence si soudain, et tout à coup le bruit et le monde autour d’elle se réveillent en une cacophonie assourdissante – quand elle reporte le regard sur l’autre il est déjà hors de vue.
« Rien. »

aujourd'hui.
Quelques demi-teintes lunaires peuplent les iris incandescentes de la Kiasnev, avant que le voile de paupière ne s’abattent à demi sur ses globes oculaires. Les réminiscences sont lointaines et pourtant encore nettes, à l’abris de sa boîte crânienne ; de Reyn elle se remémore l’ami d’enfance, celui retrouvé et perdu encore. De Reyn elle retient le vent dans ses mèches brunes et l’envolée soudaine, comme un schéma duquel on ne se défait pas.

avril 2013.
« Y’a un truc. J’veux dire… vraiment, un truc. » Lever de rideau sur le premier face-à-face, peuplé par les incertitudes d’Aleks quand elle pousse la porte et que deux regards entrent en collision, deux âmes se percutent. « T’as le droit de pas me croire mais… C’est pas normal, je comprends pas et j’sais que tu peux m’aider à comprendre. Tu veux bien ? » Presque une supplication, adolescente hantée par l’incompréhension, rongée par l’impuissance tandis qu’elle croit décerner la trame de quelque chose de nouveau, de plus puissant. D’autre auraient fait passer cela sous le coup de la folie, ou de l’amour – choses si semblables qui poussent les êtres à se croire souder entre eux. Mais la conviction est plus forte, et Aleks fière d’avoir su retrouver Reyn il y a peu, sent la panique s’installer au cœur de ses entrailles à l’idée qu’il lui glisse encore entre les doigts. Et les mots coulent, s’écoulent sans qu’elle puisse y songer davantage, comme une lointaine supplique, pressante.

un instant

Date d'inscription : 12/01/2018

☽ ft. Aleksandra Kiasnev

j'ai oublié de vivre
le temps d'un instant
j'étais redevenu ce môme insouciantaujourd'hui.
Les doigts s’activent sur les touches de la manette, les malmènent, tentent le tout pour tout afin d’évacuer la colère. La frustration se languit d’un quelconque soulagement sensé être apporté par le jeu. Aujourd’hui comme de trop nombreuses fois, il troque la réalité pour les artifices du virtuel Reyn. Mais ça ne semble pas fonctionner, son esprit est ailleurs, comme happé par une force supérieure. Alors il se résigne l’Alestra et envoie vaser son casque avant d’éteindre l’appareil. Sa vieille carcasse se laisse choir sur le canapé, le Siganais lâche un soupir agacé avant de fermer les yeux et s’évader.

février 2013.
L’adolescent jette un regard affolé sur son compteur, par habitude ou par peur de voir le temps s’envoler. Plus que seize heures, c’est beaucoup et à la fois rien du tout. Ca devrait le déprimer mais il a l’habitude Reyn, de vivre à mille à l’heure, de ne pas laisser les secondes lui être arrachées. Alors il court, son robot rafistolé sous le bras, il court pour le troquer contre de précieuses minutes et rallonger le fil de sa misérable existence. Mais son corps s’arrête subitement, ses pieds veulent plus avancer, une paire d’yeux l’immobilise sans qu’il ne le réalise. Il se demande pourquoi, pourquoi maintenant, pourquoi lui ? Parce que cette foutue sensation veut pas le quitter, comme si y avait quelqu’un dans la foule qui le compléterait, le rendrait un peu plus entier. C’est sa propre folie qui parle qu’il se dit. C’est dans sa tête, c’est la fatigue. C’est tout ce qui rendra réaliste l’inexplicable, les mille et unes raisons qui lui soufflent de reprendre sa course à la survie plutôt que de se laisser distraire par l’impossible.

avril 2013.
« Y’a un truc. J’veux dire… vraiment, un truc. » Mais il veut pas y croire Reyn, il est pas prêt à y faire face alors même qu’une des preuves irréfutables se trouve devant lui. Celle qui avait croisé son regard et éveillé quelque chose d’insoupçonné en lui. L’amie d’enfance disparue sans un mot pour lui revenir des années plus tard. Différente et pourtant si familière, comme si tous ses sens avaient été décuplés par sa simple présence à ses côtés. « T’as le droit de pas me croire mais… C’est pas normal, je comprends pas et j’sais que tu peux m’aider à comprendre. Tu veux bien ? » Il reste cloitré dans son silence un peu trop longtemps, à peser le pour et le contre, à se demander si la question vaut vraiment la peine qu’il perde du temps à s’y attarder. « Y a rien à comprendre, c’est juste impossible. C’est qu’une impression… peut-être qu’on a souhaité trop fort de se retrouver. » Il fallait à tout prix qu’elle arrête de le torturer avec ça, qu’elle cesse d’alimenter cette paranoïa qu’il parvenait à peine à étouffer. Parce que c’était impossible qu’ils soient plusieurs dans sa tête, c’était impossible qu’ils existent. « J’ai vraiment envie qu’on arrête d’en parler d’accord ? Ca me met mal à l’aise Aleks et on a pas besoin de se compliquer la vie. Je pensais plutôt qu’on devait rattraper le temps perdu et faire en sorte que ça n’arrive plus... » Un sourire sincère vient soulever ses lèvres, appuyant sa demande de profiter du moment présent et chasser ces démons qui n’apporteraient rien de bon. Elle est là et c’est tout ce qui compte, pourquoi ça pouvait pas être assez pour elle ? Pourquoi fallait rendre ça plus spécial que ça ne l’était déjà ? Non, vraiment, Reyn il comprenait pas.

un instant

» maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi (cloe)
» reyn alestra
» reyn alestra ☾
» reyn alestra
» A whole new world - ft. Reyn.