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 ceux qui rêvent + jillian

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MessageSujet: ceux qui rêvent + jillian   ceux qui rêvent + jillian EmptyJeu 6 Déc - 19:50






☽ ft. jillian samuels
le monde est en suspens.

selene fend la foule, oscille et progresse, se presse à la tombée des lueurs. selene avance, son long manteau gris enfilé à la hâte sur un survêtement encore trempé, cheveux tirés et traits fatigués. elle file, court presque, remonte l’enchevêtrement des canaux de neo venezia à toute allure pour s’engouffrer, le cœur battant, dans des locaux qui lui sont familiers.

le souffle lui manque, la raison aussi, car tout s’emmêle et plus rien n’a de sens, si ce n’est l’espoir que jillian apparaisse et illumine cette éprouvante journée. jillian, dont la voix sonne en échos, dont les mots tournent et tournent en boucle dans sa tête ; des excuses, mais surtout des aveux auquel selene veut croire plus que tout au monde.

parce que la vie a perdu ses saveurs. parce que léo se tue au travail, s’enferme dans un mutisme que les misifts ne lui connaissent que trop bien. parce que, sans l’intervention de yohan, elle aurait réinventé sans cesse la spirale de son malheur. et si elle n’a su réagir lorsqu’elle a reconnu l’émission que braillait la radio du centre d’entraînement, ses coéquipiers ont décidé pour elle qu’il était grand temps qu’elle se reprenne en main. elle n’aurait sans doute pas eu le courage de se précipiter ici si l’on ne l’y avait poussée. ce soir, la jeune femme lui tend une main qu’elle ne pourrait peut-être pas éternellement saisir, et tout aussi perplexe soit-elle, elle ne peut plus la faire attendre. elle ne peut plus les faire attendre, passive, comme s’il n’y avait plus rien à vivre qu’en subissant.

« je… »

les mots lui manquent lorsqu’on lui demande ce qu’elle fait, plantée là, dans cet accoutrement, la bouche ouverte et les yeux perdus.

« je cherche jelly. » articule-t-elle alors que son cœur bat la chamade. il pourrait se décrocher, tomber à ses pieds, qu’elle ne se rendrait compte de rien.

et puis on la reconnaît, on la fait entrer rapidement tandis que quelques curieux s’agitent. et selene maudit la siganaise de vouloir tout faire en grand alors qu’un simple coup de fil aurait suffi. pour peu qu’elle ait décroché… et rien n’est moins sûr. depuis des jours, jours qui semblent des siècles, selene évite scrupuleusement tout ce qui pourrait lui faire penser à la belle qui a dérobé son cœur. son pas se fait plus hésitant alors qu’on la précède dans les couloirs de la radio. et puis un sourire fleurit sur ses lèvres. c’est précisément là que tout a commencé. derrière cette porte d’où fusent des rires familiers. c’est là que jillian a privé son myocarde de quelques battements.

le ventre noué, selene blêmit alors que son regard accroche une silhouette, de l’autre côté de la baie vitrée. l’émission tourne encore. jillian, depuis son poste, jillian lui brûle la rétine et enrage son pouls. sans trop se poser de questions, parce qu’elle sait déjà sa volonté à deux doigts de flancher, selene pousse la porte du studio.

« je suis là. » murmure-t-elle sans lâcher jillian des yeux.
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Jillian Samuels
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MessageSujet: Re: ceux qui rêvent + jillian   ceux qui rêvent + jillian EmptySam 15 Déc - 23:31






☽ ft. selene yun
“Y’a quelques temps, j’ai fais une erreur. On en fait tous, je pense. Et aujourd’hui, comme ces dix derniers jours, j’ai décidé d’essayer de la réparer. Alors, pour les habitués, qui écoutent l’émission tous les jours, vous le savez. Mais pendant ces quelques minutes, enfin, quelques secondes, enfin, pendant ce lapse de temps, j’vais pas faire de blagues débiles ou quoi. Je vais juste vous parler à coeur ouvert. Te parler à coeur ouvert. On m’a autorisé, à demi mot, à le faire, et on m’a pas renvoyé depuis que j’ai commencé y’a dix jours, alors. Je vais pas m’arrêter, jusqu’à ce que tu répondes. Je voudrais aussi préciser de nouveau aux spectateur, qui écoutent, et qui ont téléphoné ces derniers jours, que vos offres sont gentilles, mais que personne ne pourra jamais la remplacer. C’est elle dont j’ai besoin. Et il n’y a qu’elle de qui j’accepterais les bras. J’fais de la poésie, wesh, t’as vu ? Donc. Ouais. Tu sais, j’peux vraiment pas te promettre que je vais être parfaite. Je suis loin de l’être. Et toutes les personnes qui me connaissent peuvent te le dire. Je suis pas parfaite. Mais, est-ce que quelqu’un l’est ? Je veux pas dédramatiser ce qu’est arrivé entre nous. Et j’en prends l’entière responsabilité. Je m’en excuse, platement. Je suis désolée. J’aimerais que tu réaprennes à me connaître. Moi, vraiment. Et j’aimerais que tu réussisses à aimer celle que je suis vraiment, sans artifices, et sans mensonge. Parce que moi, j’aime celle que tu es. Et c’est pas un je t’aime beaucoup, comme la dernière fois non. Tu me manques. Et j’ai besoin de toi dans ma vie. Je t’aime.”
Jillian voit les regards autour de la table. Certains sont amusés, la plupart, et d’autres sont désolés. Ceux qui sont désolés sont au courant de pourquoi Jillian a dû prendre quelques jours de repos. Ceux qui sont amusés pensent juste que la rupture avec Selene l’a mise assez ko pour la déprimer. Elle a besoin de Selene, en ce moment. Elle a besoin d’elle plus que de quiconque d’autres. Elle a sincèrement penser à retourner sur Sigan pour passer du temps avec Lidiya et Ilya, mais a préféré leur envoyer juste un texto. Elle est pas certaine qu’elle aurait eu la force d’expliquer à tous les journalistes qu’elle aurait croisé, quand et pourquoi, elle a décidé de quitter le monde de l’entertainment. Oui, parce qu’elle a clairement fuit. Depuis qu’elle a pris la décision, elle a fuit. Puis y’a eu la dispute avec Selene. Puis la mort de Liebe. Et elle a pas vraiment eu le temps, ni l’envie, de retourner voir ce qu’il se passait dans son monde natal. Et ça fait maintenant une semaine, quasiment, qu’elle lance ses appels amoureux à Selene. Mais pas de réponse. Elle a promis à Tamsyn d’arrêter au bout de deux semaines sans réponses. Mais elle sait, elles savent, que si dans deux semaines y’a pas de réponses, Jelly continuera. Parce que Jelly est têtue. Très, têtue. Et qu’elle a besoin de s’excuser. Parce qu’elle a été super conne. Et qu’elle a besoin de Selene. Parce qu’elle est super mal, depuis la mort de Liebe. Et qu’elle a besoin de lui dire que maintenant, elle a plus de soulmate. Que sa soulmate, elle peut la choisir. Et qu’elle la choisit elle. Elle compte lui dire aussi qu’elle arrêtera pas d’être conne. C’est une marque de fabrique, la connerie, chez elle. Les disputes, comme celles-ci, seront probablement fréquentes. Parce que le couple, Jelly a jamais vraiment fait. Et qu’elle a pas confiance au fait que ça peut marcher.
Elle entend vaguement des gens parler alors qu’elle continue de présenter son émission habituellement. Et lève la tête lorsque la porte du studio s’ouvre. C’est surprenant, elle s'apprête à réprimander sérieusement la personne qui vient d’entrer, parce que c’est la base, de pas entrer pendant que l’émission est en cours. Mais les mots s’arrêtent dans sa gorge, et elle reste là, comme une débile, une carpe, la bouche ouverte, et les yeux embués. Elle s’apprête à se lever, fait même le geste pour. Mais se ravise, se rassoit, et prend une grand inspiration. Elle a préparé ça. Ou, pas vraiment mais. Elle regarde Selene dans les yeux. Elle est si, si belle. Et elle lance, d’une voix un peu fébrile un : “J’aimerais dédicacer une chanson à la magnifique créature qui vient d’entrer dans le studio.” Elle a pas besoin de dire son prénom. Ils savent tous, se doutent tous qu’elle parle de la fille de son discours. Et elle lance une piste audio, karaoké. Elle sait qu’elle se fera charier, par Ari peut-être, par Ruben, probablement. Elle se met à chanter, au dessus. Et pense chacune des paroles qu’elle dit. C’est rare qu’une de ses chansons de Sigan colle autant à la réalité de sa vie. A l’époque, on lui demandait de chanter l’amour. Alors qu’elle connaissait pas le sentiments, et que le plus proche sentiment qu’elle en avait était pour Ilya. Maintenant, c’est différent. Maintenant, elle se rend compte du pouvoir des mots des chansons, lorsqu’ils sont pensés. Et elle laisse couler une larme qui ne s’entend pas, sur sa joue. Elle quitte pas Selene des yeux, pas une seule fois, durant la chanson.
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MessageSujet: Re: ceux qui rêvent + jillian   ceux qui rêvent + jillian EmptyDim 23 Déc - 17:49






☽ ft. jillian samuels
« je suis là. » et la valse du temps reprend.

jillian et ses deux amandes dans lesquelles noyer son âme et perdre son souffle. jillian, et tout prend des proportions vertigineuses ; le studio, si grand, si impersonnel, les regards intrusifs qui se rivent à elles, et les yeux au bleu déroutant dont elle se languissait jusqu’alors. le regard qu’elles échangent, le premier mouvement d’alarme qu’elle réprime, la voix tendre et les mots maladroits, tout se pare d’amertume pour éclore en notes d’espoir.

elle a couru jusqu’ici comme si sa vie en dépendait, s’est ruée à son studio sans se soucier de passer pour une folle, hirsute et débraillée, mais maintenant que la pression retombe et qu’elle se tient droite comme un piquet au beau milieu de semi-étrangers, elle commence à croire qu’elle aurait mieux fait de prendre son temps. de rentrer chez elle à pied, si ce n’est à reculons, pour se laisser le luxe de méditer sur les mots de la belle siganaise. peut-être aurait-il mieux valu qu’elles se retrouvent quelques jours plus tard autour d’un chocolat chaud, chez l’une ou chez l’autre, et qu’elle reprennent là où elles l’ont laissée cet fameuse discussion qui les a divisées. peut-être…

quoi qu’il en soit la voilà face à l’objet de ses désirs et de ses craintes, désœuvrée, l’air perdu, tandis que jillian souffle dans son micro les premiers mots d’une chanson d’amour.

d é c h i r e m e n t .

c’est le joug des craintes qui s’abat, c’est le sel des larmes qu’elles ont toutes deux versées. et aussi beau l’air soit-il, selene ne peut s’empêcher de se sentir coupable. elle devine, à présent, combien jillian a souffert de leur séparation, et elle s’en veut d’avoir cru être la seule à ressentir un tel vide. quel égoïsme… honteuse, elle se ressaisit, tait son émoi pour boire les paroles de la jeune femme. et dans ses grands yeux tristes, elle lit tout ce qu’elle aurait voulu entendre la nuit de leur rupture. c’est d’autant plus touchant que sa voix est douce, et d’autant plus précieux qu’elle n’a jamais chanté pour elle auparavant.

lorsque sur la joue blême s’égare une larme, selene réprime un sourire attendri. jillian est si belle, si fragile, et si courageuse à se livrer ainsi… depuis les mètres qui les séparent encore, distance qu’elle n’ose pas franchir, selene lève une main, suit de la paume du pouce la forme du visage adoré, et regarde la perle s’évaporer doucement.

la chanson tourne dans sa tête, se lie au message qu’elle a entendu ce soir pour la première fois. doux mélange de peine et de joie ; selene fait quelques pas vers jillian, glisse une main contre sa nuque, sous ses cheveux dont elle embrasse la racine. et dans cette tendresse volée, ce trop court instant d’intimité, un déluge de souvenirs la saisit. des images, des odeurs et des sons qu’elle pensait reléguer au passé. elle se penche jusqu’à frôler le micro de jillian, dans lequel elle peine à prononcer le moindre son. la musique a laissé s’installer un silence religieux que personne n’ose plus rompre.

« tu mériterais d’être invitée dans ta propre émission pour qu’on parle un peu de ton talent. » plaisante-t-elle, petit rire à l’appui. « je n’ai pas préparé de discours, mais de toute façon si j’en avais préparé un je l’aurais oublié au moment où tu as commencé à chanter. je voudrais juste dire à tes auditeurs que si quelqu’un te veut il devra d’abord me passer sur le corps. et je veux que tu saches que j’ai jamais cru que tu étais parfaite, et que je veux pas que tu le sois. et que tu devrais pas avoir peur de te montrer telle que tu es parce que tu es simplement incroyable. j’aurais tellement de choses à te dire… je suis vraiment désolée jelly. »

elle pourrait poursuivre, et parler pendant des heures. elle pourrait disserter sur le cas « jillian », expliquer — thèse, antithèse, synthèse — tout ce qui fait d’elle cette femme magnifique et complexe dont elle ne peut plus se passer. mais elle n’en fait rien, se contente de rendre l’antenne avec un sourire désolé. et dans l’oreille de jillian, elle glisse avec un baiser : « finis tes affaires ma belle, je t’attends dehors. je t’aime. »


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Jillian Samuels
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☽ ft. selene yun
Jillian se serait jamais pensée capable d’un courage, d’une audace pareil. Et ça lui fait peur, presque autant que ça la fait frémir. Chanter comme ça, live, elle en a l’habitude. C’est du message qu’elle transmet, qu’elle a pas l’habitude. Et du fait qu’elle soit pour quelqu’un, et pas juste comme ça, pour des fans. Et ça change ses émotions, aussi, à elle, pendant qu’elle chante. C’est profond, si fort, ce qu’elle ressent. Jillian, ça lui fait peur. Elle est prise à dépourvue, un peu. Elle continue de chanter, avec une voix qu’elle maîtrise parfaitement. Elle a des années d’entraînements derrière elle, pour que sa voix soit pas perturbée par ce qui pourrait se passer à l’intérieur, ou même à l'extérieur. Puis cette chanson, elle l’a chanté si souvent. Elle pensait que ce serait plus facile que ça. Que ça passerait comme une lettre à la poste. Juste une nouvelle fois, après toutes ses milliers de fois où elle a laissé ses mots couler sur sa langue. Mais c’est différent. Tout est différent, cette fois ci. Elle est sur Altéa, pas sur Sigan. C’est pas son public habituel qui l’écoute. C’est un public qu’elle ne connaît pas encore. Ou plutôt, c’est un public qu’elle connaît, mais qui ne l’a encore jamais vraiment entendu chanter. Ou alors des trucs débiles, pas de vraies chansons. Pas de chansons de Sigan. Puis, y’a celle pour qui elle chante. Y’a Selene, au fond de la salle, qui la regarde, avec des yeux qu’elle arrive pas à lâcher. Parce qu’elle a de si beaux yeux, Selene. Tout est beau chez elle. Même sa respiration un chouilla haletante, du fait d’avoir couru. Et Jelly pourrait juste se satisfaire de ce fait là, qu’elle ait couru. Parce que ça veut dire qu’elle était pressée de la retrouver, qu’elle était pressée de venir la voir.
Jelly garde sa voix stable jusqu’à la fin, mais elle entend la différence entre les fois où elle la chantait sur scène et cette fois ci. Alors qu’elle la chante dans un comité moindre, même si elle est écouté par des Altéens habitué à l’écouter déblatérer des conneries. La personne pour qui elle chante est là, face à elle. Elle aurait pu tout aussi bien écrire cette chanson pour elle, vraiment. Même si, elle a jamais écrit cette chanson, et elle est plus sûre du nom de la personne qui l’a écrite. Mais elle reflète si bien, si parfaitement ce qu’elle ressent. Alors oui, elle laisse une larme tomber sur sa joue. Parce que c’est beaucoup de changement, parce que c’est surprenant, et parce que ça la prend au tripes, de chanter pour quelqu’un. Parce qu’elle a enfin l’impression de réapprendre à aimer ça. Et elle sait que si elle avait découvert ça plus tôt, elle aurait jamais perdu l’envie de chanter. Elle aurait jamais pensé à arrêter.
Elle sent la larme sécher, et s’effacer, et porte la main à sa joue, tout en continuant de chanter. Le don de Selene est surprenant. Jillian aimerait bien en avoir un aussi. Elle sourit, doucement, et peut-être que ça s’entend, un peu, dans ce qu’elle chante. Elle fait tout pour que ce soit pas le cas. Jillian est professionnelle. Très.

Et quand elle termine de chanter, et que Selene s’approche d’elle, elle pense qu’elle va peut-être avoir droit à un vrai baiser de cinéma, avec applaudissement et sifflements en arrière plan. Puis se dit qu’elle aimerait bien ça, vraiment. Jillian aimerait être le personnage principal d’un film d’amour. Seulement si la personne en face est Selene. Mais c’est un bisous sur ses cheveux, qu’elle a. Et c’est si Selene. Et ça lui fait du bien. Jelly ferme les yeux quelques instants pour profiter du moment. Et quand elle les rouvre, elle lance un regard tueur aux personnes autour de la table. S’ils l’ouvrent pour se moquer d’elle, elle a de chauds dossiers sur chacun d’entre eux, qu’elle aura aucun remord à dévoiler à leurs auditeurs. Elle se reconcentre sur Selene lorsqu’elle parle au micro. Et Jillian est surprise. Elle pensait pas Selene capable de parler aussi naturellement au micro, en sachant qu’elle était écoutée. Sait-elle combien de personnes écoutent ses mots, actuellement ? Probablement pas. Et Jelly va pas se presser pour lui dire. Et ce qu’elle dit…
Jillian rougit. Fort. Elle sait qu’elle a du talent. Après tout, elle a passé plus de dix ans sur scène, à chanter et à danser. Elle le sait. Mais que Selene le dise, c’est différent. Tout prend un ton et une intention différente lorsque c’est Selene qui le dit. Et Jillian adore ça. Elle recule un peu son visage pour laisser plus de place à Selene pour parler. Et pour l’observer, plus dans son entièreté. Selene a l’air crevée. Selene a l’air de pas avoir dormi depuis une semaine. Et Jillian se sent terriblement coupable. Parce que c’est en partie de sa faute. Elle le sait. Alors elle l’écoute, dans le même silence que toutes les autres personnes autour de la table. Et la voix de Selene résonne partout. Dans le studio, et à l’intérieur de son corps. Réveille son palpitant de la plus délicieuse des manières. Lui contracte les poumons. Et elle sait pas si c’est cet excès de jalousie parfait, ou juste sa voix. Mais Jillian a envie de la prendre dans ses bras, et de la serrer. Fort. Jusqu’au moment où elle s’excuse. Et Jelly hausse les sourcils, un peu, écarquille les yeux. Pourquoi ? Elle a aucune raison de s’excuser. C’est elle qu’a été nulle. C’est elle qu’a pas gérer. C’est elle qui lui a fait croire qu’elle était quelqu’un qu’elle n’est pas. Pire. Lui a fait croire qu’elle était quelqu’un qu’elle déteste être. C’est de sa faute, tout ça.
Puis, finalement, elle l’embrasse doucement, toujours pas sur ses lèvres, qui n’attendent que ça. Et lui dit de finir, et d’aller la rejoindre. Et Jillian sourit. Parce qu’est-ce qu’elle peut bien faire d’autre ?
Elle finit l’émission rouge de honte, et peut-être d’autre chose, plus personnel. Elle a du mal à se remettre au travail, mais une fois que c’est fait, elle reprend avec le professionnalisme dont elle sait faire preuve, souvent. L’émission se termine, et même si elle rêve d’envie de planter ses chroniqueurs là, elle prend le temps de faire un petit débrief, et regarde quand même par la vitre. Selene est là, juste de l’autre côté, à attendre. Alors Jillian fait juste un petit débrief. Et les chroniqueurs comprennent, et lui disent eux même de partir. Alors elle le fait.
Et lorsqu’elle ouvre la porte qui la sépare de Selene, elle se met à courir, et va se réfugier dans les bras de Selene. Elle est plus petit qu’elle et peut donc poser son front contre ses épaules sans avoir à se baisser. “Je t’aime Selene. Je t’aime vraiment.” Et elle reste là. Elle pleure pas, mais elle est exténuée. De ces derniers jours, de la mort de Liebe, aussi.
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☽ ft. jillian samuels
elle a du mal à reculer. du mal à tourner le dos. du mal à s’éloigner encore, à ouvrir la porte et à la fermer derrière elle. sentiment fallacieux de déjà-vu alors que les voix reprennent doucement ; selene revit cette terrible nuit où jillian n’est devenue plus qu’une étrangère. la main sur la poignée, elle lutte contre l’envie folle de faire demi-tour, d’attraper jillian par la main, le bras, la taille ou qu’importe, pour s’enfuir avec elle, la soustraire à ses obligations juste une fois, pour rattraper le temps qu’elles ont perdu, rattraper les horreurs qu’elle lui a dites sous le coup de la colère, et de la peine, et de la peur.

elle prend une grande inspiration. ses doigts se desserrent doucement, sa main retombe sur sa cuisse. elle expire. elle a déjà causé trop d’ennuis. ça ne lui ressemble pas, elle qui se montre si compréhensive, si mature et sensée. pourtant, face à jillian, les choses lui échappent et le bonheur lui file entre les doigts. elle se tourne, tendre et lente, vers le studio où le monde reprend ses couleurs, et alors que l’adrénaline retombe une vague de fatigue la submerge ; elle a mis tant d’efforts, tant de courage, tant d’énergie à venir jusqu’ici. elle a versé des larmes à en perdre le sommeil, du crépuscule à l’aube, à contempler le théâtre de ses fautes, le lit défait où elle n’ose plus se coucher, la chambre encore empreinte du parfum singulier de son amante.

elle a du mal à reculer, mais des vertiges la forcent bientôt à s’assoir. elle se laisse tomber dans un fauteuil, le visage enfoui dans ses mains et le cœur battant à tout rompre. épuisée et heureuse, selene laisse les sanglots la secouer ; elle est infiniment soulagée. et pourtant elle s’en veut, elle regrette amèrement de s’être laissée aller à la colère et d’avoir blessé jillian. elle regrette de ne pas avoir su la rassurer quand elle en avait besoin, et de ne pas lui avoir prouvé l’inconditionnalité de son amour. et à mesure que le temps s’écoule, les reproches s’accumulent et l’épuisent. l’attente est interminable et douloureuse. selene ne peut s’empêcher de méditer la chanson de jillian, dont chaque parole tourne en boucle. ça lui met du baume au cœur. elle espère que les quelques mots qu’elle a réussi à glisser auront su exprimer sa gratitude. parce qu’elle se sent incroyablement chanceuse, et on ne peut plus reconnaissante que jillian ait pris les devants pour les réconcilier.

quand la porte, enfin, s’ouvre sur la siganaise, selene se lève d’un bond. elle ouvre ses bras, le ventre noué d’émotion, et reçoit jillian tout contre son cœur, niche son visage au creux de son cou pour se repaître de son odeur. et les mots qu’elle lui confie, ceux qu’elle se mourait d’entendre depuis trop longtemps, lui font encore une fois l’effet d’une bombe. c’est encore si nouveau, si tendre et salvateur, que les larmes recommencent à couler. alors elle verrouille ses bras autour de la taille de la jeune femme, la serre si fort qu’elle lui fait probablement mal. elle se presse contre son corps, avide de sa chaleur et de son corps qui lui manque terriblement, tandis qu’elle sanglote contre son cou. « j’ai cru que je t’avais perdue. » elle prend le visage de jillian entre ses mains, contemple les traits qui lui ont manqué au point qu’elle les retrouvait partout. « « je m’en veux tellement… est-ce que tu vas bien ? » elle a l’air épuisée, au point que selene relâche doucement son emprise et la dévisage d’un œil soucieux. « ça fait combien de temps que tu n’as pas dormi, jelly ? »
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☽ ft. selene yun
Elle a toujours été excitée autant que terrifiée par les mots qu’elle vient de prononcer. Elle a toujours rêvé qu’on lui dirait, et toujours eu extrêmement peur de les dire. Elle a l’impression que c’est des mots qu’elle ne peut pas retirer. Pas commes les mots qu’elle a l’habitude de dire. Ou, si elle les regrette, elle peut juste dire que c’est pas ce qu’elle a voulu dire, et reformuler. Je t’aime n’a pas cinquante mille sens. Et c’est trop important pour être juste un lapsus. Et tout le monde sait que Jillian aime ça, les lapsus. Elle est connue aussi pour en faire, souvent. Certains sont voulus et surjoués, et d’autres la font finir sous la table, rouge de honte. Avant de se relever, parce qu’elle est ridicule, et de faire comme si rien n’était. Jillian a un don pour ça, faire comme si de rien n’était. Là, elle sait qu’elle pourra pas. Elle le pense, vraiment. Elle a jamais su trop ce que c’était, que l’amour. Mais le fait qu’elle ait toujours besoin de l’avoir près d’elle, le fait que, lorsque Liebe est décédée, c’est Selene qui lui manquait le plus. Elle se dit que c’est probablement ça l’amour. Et c’est pour ça qu’elle lui a dit ces mots que Jillian sait que Selene attendait d’entendre. Elle le sait parce que leur dispute est, entre autre, partie du fait qu’elle l’avait dit en voulant dire autre chose, et qu’elle a été incapable de le lui répéter. Et si Jillian pensait qu’en le disant une fois, ce serait comme enlever une sparadrap d’une plaie en une fois, puis que ce serait facile, ensuite, elle se rend compte que c’est pas le cas. Parce que, dans les bras de Selene, elle fronce légèrement les sourcils. Est-ce qu’elle voulait vraiment lui dire ça ? Est-ce que c’est ça l’amour ? Ou est-ce que c’est de la dépendance ? Mais elle décide d’essayer d’arrêter de se prendre la tête avec ça. Parce que de toute façon, maintenant, c’est dit. Deux fois. Et qu’elle peut plus le retirer. Et qu’elle veut pas, non plus. Pas si ça déclenche de nouveau une dispute avec Selene comme la dernière fois. Elle se doute, que leur première sera loin d’être la dernière. Mais pas aussi vite, pas aussi rapidement après leur réconciliation. Alors elle garde ses interrogations derrière, loin, dans son esprit.
Son froncement de sourcil se transforme en sourire doux et heureux lorsqu’elle sent le corps de Selene si près du sien, qu’elle sent son visage dans le creux de son cou. Et même si ça lui fait des guilis, elle a aucune envie de la repousser. Elle passe sa main dans les cheveux de Selene lorsqu’elle l’entend, lorsqu’elle comprend ce qu’elle lui dit. Et Jillian pense que c’est le monde à l’envers. Qu’elles sont parties fâchées, et que c’était clairement la faute de Jillian. Même si, dans les semaines qui ont suivies, elle a prétendu le contraire, à une Liebe clairement pas dupe. Elle s’en veut, d’avoir mis Selene dans cet état. Même si, au final, si ça avait pas été le cas, elle aurait pas pu passer les derniers jours de Liebe avec elle. Et elle changerait ça pour rien au monde.
Liebe lui manque. Beaucoup.

Selene la recule et le regarde. Et ses yeux sont tristes, et Jillian peut facilement imaginer toutes les peines qui ont pu les traverser, les inquiétudes. Elle voulait pas la blesser, elle voulait pas lui faire du mal. Jillian a juste tout le temps très peur. De s’accrocher à quelque chose qu’elle pourrait finir par perdre. Elle a extrêmement peur de perdre Selene. Surtout maintenant qu’elle a perdu sa soulmate. Elle s’en veut, mais c’est ridicule. C’était pas de sa faute. Enfin. Si. Peut-être un peu quand même. Après tout, elle aurait aimé qu’elle comprenne sa problématique. C’était pas facile de décider de quitter son job sur Sigan. Puis, ça revenait à dire adieu au monde, presque. Et c’est toujours quelque chose qu’elle veut pas vraiment faire, ça. Elle aimerait pouvoir montrer Sigan à Selene, un jour. Elle est sûre qu’elle détesterait. Mais juste pour pouvoir lui montrer d’où elle vient. Jillian essaye de lui sourire, et y arrive jusqu’à un certain point. Mais ça reste compliqué d’avoir de vrais beaux sourire made in Jillianworld depuis la mort de Liebe. Selene finit par la lâcher, et Jillian veut juste la rattraper pour qu’elle s’en aille pas. Pour la garder proche d’elle. Selene compte trop pour elle pour qu’elle la laisse s’éloigner. Elle a trop besoin d’elle en ce moment.
Sa question la prend un peu au dépourvu. Jillian n’a pas compté. Elle a dû dormir deux heures toutes les trois nuits depuis la mort de Liebe. Peut-être moins. Probablement moins. Lorsqu’elle s’endort, elle revoit le corps de Liebe, étendu dans son salon, son sang s’écoulant de son corps sans vie. Et c’est. C’est pas quelque chose qu’elle veut voir. Puis lorsqu’elle se réveille, elle sent la ligne sur sa cheville passivement régulière. Et ça lui donne envie de vomir. Alors elle vomit. Et c’est impossible pour elle de se rendormir après ça. La bonne chose, c’est qu’elle s’est mise à composer, du coup. Et finalement, elle est pas trop trop dégueu. Moins que ce qu’elle pensait. Moins que ce qu’on lui disait qu’elle l’était, sur Sigan. Elle pose sa main sur la joue de Selene, juste pour retrouver un contact physique, avec elle. Lui caresse la joue. Elle doit pas s’inquiéter pour elle. “Hier. J’ai dormir hier.” C’est pas faux. Elle a dormir vingt minutes entre vingt-trois heures trente et minuit moins dix. “Et toi ? Tu vas bien ? T'arrives à bien dormir ?” Elle s’arrête avant d’ajouter sans moi à tes côtés. Elle aimerait pouvoir faire des blagues, faire comme si tout allait bien. Mais elle y arrive pas. Puis. Elle arrive pas à oublier pourquoi elles se son disputés la première fois. Parce que Jillian lui avait montré un côté d’elle qu’elle n’aimait pas. Et qu’elle était pas naturelle. Et pour ça, le fait que Liebe vienne de mourir va pas aider. Jillian ne fait que de jouer à la fille drôle, depuis sa mort. Mais elle arrive même plus à rire de ses propres blagues.
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☽ ft. jillian samuels
selene n’arrive pas à s’excuser. elle peut lui dire, sur tous les tons, sous toutes les formes, que la culpabilité la ronge, qu’elle se déteste, qu’elle donnerait cher pour ne l’avoir jamais laissée seule. elle regrette, de tout son cœur, d’avoir abandonné jillian au moment où elles avaient tant besoin l’une de l’autre. elle sait combien son amante souffrait déjà, et elle n’ose imaginer la peine supplémentaire qu’elle lui a infligée cette nuit-là. mais elle n’arrive pas à s’excuser ; les mots se perdent à la barrière de ses lèvres, tues par la même honte qui l’a tenue loin de jillian tout ce temps.

sa main, pourtant, s’attarde sur sa joue, et selene retient son souffle. jillian initie rarement le moindre contact, peut-être par réserve, ou parce que selene la devance toujours. elle n’en sait trop rien. ce seul geste la brûle, caresse inespérée qu’elle voudrait ne jamais interrompre. elle incline le visage, juste assez pour reposer sa joue contre la paume de la siganaise, ferme les yeux un moment pour en apprécier la douceur. sa petite amie lui manque profondément. malgré tout ce qu’elle prétend, selene se refuse à croire que leur relation n’est basée que sur des mensonges. ce qu’elle ressent pour jillian va bien au-delà d’un penchant pour son enjouement, sa maladresse et sa fragilité. il ne s’agit pas simplement d’attirance, d’un faible pour ses courbes de nymphe et ses yeux de chat, pour son sourire aussi tendre soit-il. c’est un attachement plus profond, nourri par une complicité qui ne saurait tromper. selene a suffisamment souffert de l’amour pour le retrouver en jillian. et si le moindre doute la poussait encore à douter de ses sentiments, l’enfer de ces derniers jours ne peut qu’éclairer son jugement.

« hier… » murmure-t-elle sans parvenir à la croire. quoi qu’elle en pense, elle la connaît suffisamment bien pour lire l’épuisement sur ses traits. mais elle ne relève pas, se contente de secouer la tête. « non. impossible de dormir depuis… » les mots lui manquent. comment évoquer le temps qui les a séparées ? était-ce une rupture ? et que se passe-t-il alors, à présent ? « mais ça va. je tiens encore aux entraînements. »

c’est faux. elle multiplie les erreurs, se blesse bêtement et parvient à peine à se concentrer. mens sana in corpore sano. on est loin de l’idéal que zach inculque et auquel elle tend depuis des années. le tournoi approche et rien ne va plus, au point qu’elle doute que les misfits aient enfin la moindre chance de briller cette saison. pas avec elle à sa tête, en tout cas. mais zach est aux abonnés absents depuis quelques semaines et personne n’est plus là pour porter l’équipe. tout repose sur elle, qui n’a rien de plus à offrir qu’un mutisme obtus. piètre capitaine.

« tout ira bien maintenant. » souffle-t-elle avec un sourire amer, et sa main se perd dans la chevelure aux mille reflets. ses yeux accrochent le regard de jillian et s’y perdent. une question lui brûle les lèvres. « jillian, est-ce que… est-ce qu’on peut tout recommencer ? est-ce qu’on devrait essayer de reconstruire la relation qu’on avait ? » son index parcourt, tendrement, la mâchoire de la jeune femme, jusqu’à en soulever le menton. selene masque à peine son inquiétude. « je ne veux plus te décevoir. »

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Jillian Samuels
Jillian Samuels
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☽ ft. selene yun
Tamsyn est inquiète, depuis la mort de Liebe. De voir son animatrice la moins drôle, mais qui fait le plus de blagues, ne plus en faire. Jelly suspecte que c’est une des raisons pour lesquelles elle a accepté que Jelly fasse l’appel à Selene sur les ondes. Une façon pour elle d’aller “mieux”. Jelly s’est passé de lui dire qu’il lui faudrait plus que ça. Qu’il lui faudrait plus que le retour de la femme qu’elle aime dans sa vie pour aller mieux. Parce que sa soulmate est morte. Parce qu’elle a été tuée. Et que c’est pas parce qu’elle aime quelqu’un et que cette personne l’aime et qu’elles se retrouvent que ça ira forcément mieux. Vraiment pas. Jelly le sait. C’est pas suffisant. Et c’est pas vraiment comme si, un jour, quelque chose sera suffisant. Sa soulmate est morte, et rien ne changera jamais ça. Et rien ne pourra jamais remplacer ce vide. Pas même la personne qu’elle aime le plus au monde actuellement. Pas même Selene. Elle peut plus dormir depuis sa mort. Et elle sait que même avec Selene, elle ne pourra pas plus dormir. Elle sait pas quand est-ce qu’elle pourra retrouver le sommeil, d’ailleurs. Elle espère, un jour. Elle espère, bientôt, surtout. Parce qu’elle est pas sûre de pouvoir réussir à tenir longtemps comme ça, en dormant que vingt minutes par nuit. Mais elle peut pas faire autrement quand les moments où elle dort, elle voit en boucle dans sa tête, le corps de Liebe, étendu par terre, ensanglanté.
Et Jelly s’en veut, d’inquiéter ses proches. C’est vraiment pas son but. Elle veut pas les inquiéter, elle veut pas. Elle veut pas qu’ils s’inquiètent trop pour elle et qu’ils se sentent inutiles pour l’aider ou quoi. Elle en a parlé à Tamsyn parce qu’elle le devait, parce qu’elle bosse pour elle et que c’était important. Mais elle veut pas en parler à Selene, pas pour le moment. Elle veut pas l’inquiéter pour rien. Elle veut pas qu’elle se sente dans l’incapacité de l’aider, parce que, elle peut l’aimer comme elle veut, elle restera dans l’incapacité de l’aider, de toute façon. Et Jelly souhaite de vivre ça à personne. Elle a perdu Liebe, et sa vie s’en est retrouvée totalement changé. Sa vie sera pour toujours différente. Et elle veut forcer personne de son entourage à vivre avec la douleur que ça la fait ressentir.
Elle sent bien que Selene la croit pas vraiment. Elle peut pas lui en vouloir. A sa place non plus elle se croirait pas. Vraiment. C’est pas comme si son anti cerne pouvait couvrir la noirceur qui s’est développé sous ses yeux. Selene arrive à la lire probablement mieux qu’elle ne le voudrait. Et lorsqu’elle lui répond, Jelly se sent coupable. C’est de sa faute à elle, si elle a pas pu dormir, ou. Enfin. Elle suppose. A cause de leur dispute. Puis, la suspension qu’elle laisse à la fin de sa phrase laisse pas vraiment place à l’imagination. Jelly aimerait que le fait qu’elle puisse pas dormir soit juste lié à ça aussi. Parce que ça veut dire que ça pourrait se régler beaucoup plus rapidement. Que ça pourrait se régler si, si rapidement. Il suffirait qu’elle la retrouve pour que ça règle le problème. Mais c’est pas ça. Et Jelly a peur. Que ça se règle jamais vraiment. Qu’elle soit plus dans la capacité de se relever, un jour, après être tombée de sommeil. Et lorsque Selene lui dit que ça va quand même, qu’elle arrive à rester debout, Jillian sourit. Elle est heureuse, c’est une bonne chose, vraiment. Jelly se sentirait mal du contraire. Parce qu’elle veut pas que quelqu’un soit trop mal à cause d’elle. Elle se sent toujours mal de faire du mal. Même inintentionnellement. Surtout, inintentionnellement.
La promesse de Selene, finalement, fini de développer son sourire sur ses lèvres. Oui, tout ira. Oui, ça va aller. Tout ira bien, maintenant qu’elles sont ensembles. Les mains dans ses cheveux sont doux, et Jillian donne l’impression de s’y réfugier. Et les questions de Selene sont comme un baume au coeur. Et Jillian secoue négativement la tête, doucement.
Parce que Jelly est joueuse, quand même, malgré la douleur. Et qu’elle veut montrer ce côté là, à Selene, aussi. “Je veux pas qu’on recommence.” Et elle laisse quelques secondes, avant qu’un vrai sourire, le premier réel depuis la mort de Liebe, prenne place sur son visage. Un sourire denté, un sourire grand comme le monde. “Je veux qu’on reprenne là où on s’était arrêtée. J’ai pas la patience de tout recommencer Leo.” Et c’est peut-être un raisonnement d’enfant. Mais Jelly n’en a que faire. Elle l’aime, Selene. Et tout recommencer serait une torture.
Elle approche son visage du sien, doucement, et pose sa main sur sa joue. “Tu me décevras pas, j’en suis sûre.” Et elle s’avance, et dépose ses lèvres sur les siennes. Et c’est doux, et c’est juste amoureux comme il le faut. Et elle entend les applaudissements et les sifflements derrière elles, et lève son majeur vers eux. Qu’ils parlent, les mauvaises langues. Elle, elle est heureuse.
Et amoureuse.
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