(shadian) all you needed was a little closure

≈ ≈ ≈
{guide my way to you}
crédit/ jeonkookie_iu ✰ w/shadian

L'esprit happé par la lumière de son écran, l'impétueuse ne porte que peu d'attention aux discussions de son entourage. Kassian l'enfant, Kassian l'homme. Ils se mélangent dans sa tête, forment une boule dans son estomac, et elle est prête à exploser. Les lippes étirées en un large sourire, elle répond à son dernier message avec taquinerie. Le torturer, le charrier, un nouveau plaisir coupable pour l'audacieuse. Ses yeux sont désormais posés sur son verre de jus presque vide et elle l'attrape en toute hâte pour le finir, laissant le liquide lui caresser la gorge avant de se lever. « J'vous laisse, j'ai un truc à faire. » et elle s'en va, quitte ses amis qui n'ont eu le droit qu'à peu d'intérêt ce soir. Pas un au revoir, ni même un signe de main, juste ces derniers mots vagues. Shade s'enfuit dans la nuit, rejoint la lune éclatante et marche à toute vitesse jusqu'à son appartement. L'âme redevenue enfantine, elle sent son cœur battre sous ces pulsions irrégulières, trop rapides, réveillé par ces sensations nouvelles que le garçon avaient réussi à lui transmettre. Mélange d'excitation, d'interdit, une mélodie qui se rapproche de son ancienne vie. Loin de cette inquiétude permanente qui la bouffe; le désir remplace la crainte. Celle de voir Reyn partir, celle de ne pas être là quand il a le plus besoin d'elle. Et si elle oublie tout ce soir, si elle devient égoïste, ce n'est qu'à cause de lui. En bas de l'immeuble, elle guète la moindre présence, sans succès. Sourcils froncés, elle sent la déception l'assiéger. N'avait-il pas compris son appel ? Ses bras retombent le long de son corps et elle soupire, toute l'adrénaline s'échappe. Plus lasse, elle traîne des pieds jusqu'à la porte de son appartement, l'âme perturbée, en quête de ce dont elle s'était permise de rêver. Elle passe la clé dans l'entrée et l'ouvre avec délicatesse, jusqu'à sentir une présence dans son dos. Un sursaut, l'Alestra fait volte face et son palpitant s'agite, son regard s'adoucit. L'obscurité lui donne un attrait dangereux, capturant toute son attention en un contact visuel. « Ah, t'es là. » qu'elle dit, comme si elle ne l'avait pas attendu, comme si elle n'avait pas été déçu de ne pas le trouver en bas. La fierté maquille ses traits, peu encline à dévoiler ses émotions trop puissantes. Et malgré sa confiance mal placée, elle ne sait quoi dire de plus, quoi faire. Si petite, si fragile face à son corps carré. Kassian, éphèbe anesthésiant.

Il y a quelque chose d'incontestablement troublant, dans le fait de la voir de ses propres yeux après l'avoir si longtemps contemplée à travers le prisme qu'est le regard de Reyn. D'abord, affection distante ; ce n'était que ça — vague intérêt teinté d'élans protecteurs que toutes les lois physiques rendaient caduques. Jusqu'à ce qu'elle perce la couche d'ozone, littéralement tombée du ciel : comète arrachée à un autre univers, fille de Sigan entrée en collision avec sa terre. Et un à un, les ramparts s'effondrent. Il y a leurs mains qui se joignent sur un pinceau retraçant le spectre infini d'émotions vives qu'elle livre à ses yeux d'artiste — elle se fait source d'inspiration. Il y a le tissu qui chute et l'expose jusqu'aux hanches alors qu'elle lui tourne le dos, laissant libre court aux élucubrations dont recèlent les pensées du peintre — elle se fait canevas de soie. Il y a la complicité qui s'affine au fil des instants partagés. Il y a les mains de Sian sur une parcelle après l'autre du corps qu'elle le laisse effeuiller tel un trésor, sans hâte, et décorer d'arabesques à la pointe de ses médiums. Il y a les pleins et les déliés qu'il découvre avec une révérence professionnelle.
Mais les lèvres qui l'effleurent ensuite, en une question muette, sont bien celles de Stiles ; curieuses et avides de sa fragrance, d'elle tout entière, ni platonique ni contenues : celles de l'homme, non de l'artiste. Tension brodée d'écarlate et de tentation tacite quoi qu'évidente. Ce soir, ils ont pour la première fois mis des mots, par messages interposés, sur les gestes esquissés, jamais concrétisés.

Elle est rentrée (dans sa vie, dans sa tête, quelque part dans les battements qui pulsent au creux de sa poitrine) chez elle et lui est quelque part alentours, comme promis. À se fondre dans la pénombre, épaule contre le mur, sale manie de hors-la-loi d'observer avant de se révéler. Les lieux ne sont pas piégés ; c'est le terrain sur lequel elle et lui valsent qui est miné. Quelque part entre eux, l'ombre de Reyn. Quelque part entre eux, le risque de tout éclater, tout réduire en fumée. Et puis Kass hausse les épaules en s'assurant qu'il n'a en rien l'intention de la blesser — de donner à leur frère commun de raison de le haïr pour l'avoir touchée — et la rejoint.

Ah, t'es là, elle commente depuis l'encadrement de la porte entrouverte, et les commissures de Stiles trahissent un vague amusement : Toi aussi. Déjà. T'as couru ? Push and pull, elle exacerbe le désir puis prétend se rétracter, seulement pour le mieux le raviver l'instant d'après, cercle que Kass estime rien de moins que vertueux. Toes to toes, il tatoue dans sa mémoire l'image qu'elle renvoie quand, au-delà de son calme apparent, ses pupilles vacillent. Effleure de son pouce la courbe de sa lippe, taquine du bout de l'ongle. Trop près ? il demande pour le seul plaisir de la frustrer, lassé des airs sages qu'elle a enfilés tel un manteau pesant en foulant le sol d'Altea ; il l'a surtout connue sauvage et quoique chacune de ses facettes ait son attrait, c'est assurément celle qu'il préfère. Il n'attend pas, pourtant, avant de lui prendre la mâchoire en coupe ; paume de métal épousant sa mâchoire pour la relever jusqu'à ce que leurs souffles se mêlent, tandis que son bras de chair se niche autour de sa taille. Ou pas assez ? Distance infime qu'il lui laisse le soin d'abolir ou de creuser.

≈ ≈ ≈
{guide my way to you}
crédit/ jeonkookie_iu ✰ w/shadian

A bout de souffle, d'avoir couru, de l'avoir vu. L'impétueuse pose ses perles sombres sur lui, sur ses lèvres demandeuses. L'air détaché, le cœur affolé, elle trésaille de le voir avancer. « Toi aussi. T'as couru ? » question qui n'aura aucune réponse tant l'évidence se lit dans ses pupilles dilatées. Elle s'est pressée, à coupé court à sa soirée, l'âme happée par leurs mots échangés. Sensation de désir infini, de plaisir inassouvi. Il n'y a plus aucune résistance à cette attirance doucement imposée. Le corps encore loin du sien, Shade sent la pointe du pinceau de Sian effleurer son dos, et elle se cambre sous cet effet retrouvé par la simple pensée. Des souvenirs qui se mélangent à la réalité quand son pouce touche sa lèvre. La boule dans son ventre explose, nid de papillons dont les ailes battent, frénétiquement, sans cesse, à l'image de ce myocarde qui ne sait plus comment palpiter. Silencieux depuis trop longtemps, il s'oppresse et balbutie des battements inaudibles sous cette sensibilité retrouvée. Shade douceur, Shade bonace, à présent secouée par le simple toucher du voleur d'âme, brigand de ces hommes et de ces dames, bandit de son battant. Dangereux, il s'approche un peu plus, cède à la soif de passion, l'embarque dans un torrent d'illusions. Et la danse s'élance. Capture sa mâchoire, l'oblige à incliner son visage au sien, et mêle leur souffle. Elle sent ses membres trembler; de peur, d'excitation, de tout. Shade se perd et se retrouve en ses murmures, ses lippes qui effleurent sa bouche. Et il joue, comme elle aime jouer. Il s'amuse à la déstabiliser, la faire craquer. Elle veut, elle le veut. Son corps bouillonne, rougit ses joues alors en contact avec le métal froid. « Tais toi. » féroce, elle enserre ses doigts félins à son col et l'attire avec elle en arrière, poussant du pied la porte mal ouverte. Leurs corps se frôlent sans jamais réellement se toucher. Sadisme imposé à chacun, tyrannie de leur envie. Force créée par l'adrénaline, elle le projette contre l'entrée, faisant résonner dans l'immeuble l'écho de la porte claquée, prémices de leur nuit agitée. La nymphe s'avance, colle sa poitrine gonflée contre son torse, mélange de nouveau leur souffle légèrement coupé. Prurit de le posséder, gestes frivoles, l'Alestra se lâche et ne cherche à se calmer. « Tu veux continuer à jouer ? » la lune les éclaire, dévoile leur expression déformée par l'embrasement de leur conscience égarée. Enfant redevenue bête, choquée par la flamme de ses instincts primaires. Vile tentatrice qui se brûlera bien vite.

La porte claque— scelle leur empressement, vibre sous l'assaut de leurs corps qu'elle y projette. Kassian l'attrape par les hances, l'ancre à son bassin ; d'un coup de nez, la pousse à incliner la nuque pour faire courir ses lèvres entrouvertes contre son épiderme. Ni baiser ni réel contact— tout juste un effleurement, teasing éhonté. Il retrace la courbe de son cou jusqu'à sa mâchoire, caresse apposée d'un souffle brûlant, s'immobilise à la lisière de sa bouche. Commissures étirées en un sourire canaille lorsqu'il affirme : Always. La consonne finale lui embrume encore la lippe qu'il la capture déjà entre ses lèvres. Demi-lune de chair rose, clamée prisonnière, qu'il taquine et triture de ses incisives pressantes. Seconde d'éternité— dernier instant de suspension avant qu'ils ne basculent corps et âme dans les limbes envoûtantes d'un désir longtemps attisé. Lèvres qui se découvrent, se délivrent puis s'épousent, tour à tour ; il s'enivre de son contact comme si l'oxygène se résumait à elle.

Les intermédiaires habituellement placés entre eux sont détrônés par la quête de contact, de sensations : pinceaux troqués contre les doigts rugueux de Kassian, délicatesse de leur toucher supplantée par ses ongles ras ; le tissu qui la masque à ses yeux cède de quelques centimètres à l'insistance de ses gestes et se relève, révélant une peau de crème à la surface de laquelle ses phalanges s'égarent. Il la parsème de lignes éphémères, orne le flanc de Shade d'arabesques pressantes aux nuances irrégulières— afflux rubiconds estompés en un instant. D'une pression de son coude contre la porte, Kassian fait basculer le poids de leurs corps pour inverser les rôles. Emprisonne ses poignets au-dessus d'eux, poigne d'acier muée en menotte, tandis que son toucher d'homme effectue le chemin inverse— elle s'abaisse, la main curieuse, achève sa course sur une chute de rein dont la cambrure tentatrice l'électrise, glisse jusqu'à sa cuisse pour la hisser autour de lui.

C'est flou— dans ses pensées, dans son cœur dont les battements se pressent inexplicablement, intensifié par le contact invisible d'autres âmes liées. Égaré l'espace d'un bref instant, Stiles se ferme brusquement à toute connexion à son cluster ; barricade qui atténue le voile et clarifie son esprit, le laissant en tête à tête avec elle. Seul à seule, corps à corps. J'te veux comme ça depuis une éternité, il avoue à même une clavicule dénudée là où son haut s'est dérobé. Y pose un baiser qui se fait morsure, brièvement, puis s'interrompt: Tes limites ? Simple précaution. Kassian se redresse pour aligner leurs traits, bute légèrement son nez plissé contre le bout du sien, taquin. J'suis pas très... vanilla sex, il précise, lui embrasse le coin des lèvres, pose une traînée d'étapes le long de sa mâchoire. Et tu m'inspires— des nébuleuses ocres-violacées. J'ai trop la manie de te peindre pour te laisser m'échapper intacte. Cette fois sa prise se joint sans crier gare à sa taille et il la surélève ; Shade l'encercle de ses jambes, de ses bras, son cou livré à portée de la bouche avide qui déclame une parcelle de ses envies. Il n'est pas douceur et elle est de feu, et il se doute, Stiles, ou espère du moins, qu'elle lui offre carte blanche pour la consumer.