(#1) gash + the beginning of the rest of our lives

C’est pas une décision qui se prend à la légère, s’engager dans un projet aussi important que celui-ci. C’est pour ça, peut-être, qu’Ashley ne s’est pas lancée dedans corps et âme dés le moment où Gali l’a mentionné pour la première fois. Sa vie, c’était un peu le bordel, à l’époque. Pendant cinq ans, elle a été privée de toutes ses options - alors se réveiller et en avoir trop, ça avait de quoi la submerger. Elle a préféré rester dans sa zone de confort pendant un long moment : c’était ce dont elle avait besoin. Ça lui a permis de comprendre qui était la nouvelle Ashley, amputée de sa famille de sang. C’était plus facile, de continuer la scène et le travail sur ses chansons en studio, de suivre les indications de quelqu’un d’autre, le temps de retrouver ses repères. Peut-être que certains auront trouvé ça bizarre, qu’elle retombe dans sa routine si rapidement, mais Ashley avait besoin de ça pour évoluer, et pour comprendre où était sa place.

La décision, elle a fini par la prendre sans grand mal. Et ça n’aurait probablement pas été la même paire de manches si en face d’elle, il n’y avait pas eu Gali. Se lancer dans un projet aussi ambitieux avec quelqu’un, c’est signer un contrat. Comme les mariés le font lorsqu’ils s’unissent officiellement. C’est pour ça, qu’elle a choisi de lui demander d’être son associé avec autant de cérémonie. C’est comme un mariage platonique, ce qu’ils s’apprêtent à sceller. Ensemble, ils vont élever un bébé - leur cabaret - et devoir se battre tous les jours pour que les choses fonctionnent. Ensemble, ils vont devoir prendre des décisions, s’entendre même quand ils ont des visions opposées. Ashley sait que ça arrivera, parce que quand bien même ils se ressemblent et s’adorent, chacun a sa vision des choses. Ce mariage platonique, ce choix de construire quelque chose avec lui, elle le fait parce qu’elle y croit de tout son coeur : ils peuvent tout faire, ensemble. Ils sauront passer par-delà les obstacles, même si parfois, ils semblent insurmontables. Pourquoi ? Parce qu’ils s’aiment suffisamment pour ne pas abandonner.

tu es folle Elle fait non de la tête. Ashley est loin d’être folle : tout ça est réfléchi, a été soupesé avec attention et concentration. C’est l’une des premières fois de sa vie qu’elle sait exactement ce qu’elle fait, aussi fou cela puisse paraître. Les médias diront probablement le contraire : qu’elle a perdu la tête, qu’elle renonce à une carrière brillante pour une lubie. Mais ils ne savent pas. Ils ne peuvent pas comprendre. Ashley n’a franchement pas grand-chose à faire de leur avis. Si son public doit la suivre, tant mieux. Si son public doit lui tourner le dos, tant pis. C’est comme ça : les icônes de l’entertainment sont adulées puis disparaissent. Elle est parfaitement prête à laisser ça derrière elle. Et elle serait ravie de passer ses fans à Jaz comme un relai - ils seraient entre de bonnes mains, elle le sait.
j'ai une condition Elle attend, toujours sur les genoux, curieuse mais pas inquiète pour un sou. Ce sera sûrement une bêtise, un truc pour la faire rire - après autant d’émotions, il est probablement temps de calmer un peu le jeu. j'accepte uniquement si tu es mon témoin à mon mariage. Les yeux s’écarquillent, le sourire s’efface sous la surprise. moi? Son bras s’abaisse, et elle pose la petite boîte sur le sol. pour de vrai? Bien sûr que c’est pour de vrai - pense-t-elle au moment où elle prononce ces mots. Dans les yeux de Gali, aucune ruse ou aucune plaisanterie. Il est sérieux.

Ils vont monter ce projet ensemble. Gali va se marier.
Est-ce qu’elle pourrait être plus heureuse que ça ? Probablement pas.

je… Elle cligne des yeux, des larmes s’accrochent de nouveau à ses cils. oui. bien sûr. Elle sourit. mille fois oui. Ashley le serre de nouveau dans ses bras, parce qu’elle ne trouve pas de meilleur moyen d’exprimer son amour et sa gratitude. merci, babe. ça compte beaucoup pour moi. Elle relève la tête, le menton toujours posé sur son torse. Est-ce que ça veut dire que c’est moi qui vais organiser ton enterrement de vie de jeune garçon? demande-t-elle avec un sourire en coin qui décroche les larmes de ses cils et les fait glisser sur ses joues. Parce que je connais le parfait squad pour te faire passer la meilleure soirée du monde. Il saura de qui elle veut parler bien sûr, qui d’autre que les quatre autres zoziaux avec qui ils partagent tout depuis six ans maintenant ?

gali ne possède pas beaucoup d'espoirs. ce sont le genre de choses qu'il préfère garder de côté, pour les autres, car l'espoir apporte souvent le désespoir ou encore, la déception. il préfère ne pas croire et plutôt, agir pour obtenir ce qu'il veut. alors, il n'espère pas que le cabaret ait du succès ; il prévoit faire tout ce qu'il peut pour que la chose se réalise. tout comme il n'espère pas que les choses aillent mieux, avec ajay. il préfère ne pas y penser, pour le moment, et se concentrer sur le bonheur ressenti plutôt que d'être envahi par les doutes qui lui traversent un peu trop souvent. il préfère serrer ses bras autour d'ashley, lui parler du mariage qu'importe s'il doute que la chose va survenir, et voir les étoiles naître dans ses yeux comme les larmes. il voit le bonheur de la brune qui nait et le ressent, dans ses veines, et il en profite. gali abuse puérilement des bonnes émotions qu'elle ressent, face à l'annonce, et la serre honteusement dans ses bras, sans grande honte, pourtant. il a longtemps porté des masques et porte une certaine fierté à les avoir contre ses traits. certes, sont-ils revenus plus minces au cours de la dernière année, mais ils n'ont pas disparu. gali ne se détourne pas de ses mensonges ; ils ont été ses amis depuis trop longtemps. il les déguise uniquement d'une autre façon et porte un peu de vérités sur les traits, également.
il les berne comme il se laisse berner par la joie trop grande de la chanteuse. comme il se laisse toucher par ses larmes et son sourire, et qu'il croit en chacune de ses paroles. ashley chasse ses doutes pendant un moment, et lui offre une autre forme de bonheur. il ne pense pas aux choses qui se passent à la maison. à ajay qui s'occupe d'une gamine qui n'est pas à eux et que gali ne veut pas. il pense au cabaret et aux projets si nombreux dans son esprit. il pense à l'anxiété, bonne, qui lui dévore les tripes face à toutes les idées qu'il possède.
un sourire, doux, se pose contre ses lippes lorsqu'elle parle du cluster. gali ferme les yeux une seconde et hoche de la tête. ils accepteraient de réellement être présents, tu crois ? la bouche se tord en une moue capricieuse. je déteste ne pas pouvoir les prendre dans mes bras il les a tous vu au moins une fois dans sa vie. scar et sasha, chacun à leur tour, sont venus le voir tandis que le king était perdu. mais il ne les a jamais vu tous en même temps, réellement. et gali est capricieux, comme un enfant qui exige tout ce qu'il veut sans penser aux conséquences. sans penser à quoique ce soit. je t'aime, tu sais ? qu'il finit par dire, dans une étrange émotion, à poser son regard au creux au sien. le sourire sur les lèvres est petit, cette fois, presque maladroit, et gali renifle puérilement, à détourner les yeux rapidement, peu souvent axé sur les émotions qu'il ressent. il sent qu'il pourrait bientôt fondre en larmes et se refuse d'être aussi faible et laid. le moment est beau. il n'a pas envie de pleurer. il a trop souvent pleurer, dernièrement, et le cache cerne est contre ses traits, pour cacher le peu de sommeil qu'il a, depuis quelques jours. il ne dira pas, non plus, le nombre de cachets qu'il prend à défaut de dormir correctement et de manger. certaines mauvaises habitudes ne disparaissent pas. elles se cachent mieux, voilà tout. il se doute, également, qu'ashley a ses propres problèmes. il se demande si elle en parle à quelqu'un. il espère qu'elle ne lui en parle pas. pas qu'il ne l'aime pas, mais plutôt car il ne saurait quoi en faire. il en fait pas encore parti de ces gens donnant des conseils alors qu'ils ne savent pas gérer leur propre vie. l'ancien prostitué est honnête sur ce point, au moins.
il finit par lui tendre son poignet, impérieux. allez. mets moi le, princesse. qu'il exige, un doux sourire sur les lèvres, les noires pensées dans une cage, pour profiter du moment.

ils accepteraient de réellement être présents, tu crois ? Ashley n’en doute pas une seconde : ils accepteraient tous d’être présents. Ils s’en réjouiraient, même. Mais l’obstacle de leurs obligations professionnelles pourrait compliquer les choses : notamment pour Joshua, qui est tout le temps en train de bosser. Mais elle est sûre qu’il est possible de tous les réunir. Ça prendra probablement du temps, parce que ça sous-entend trouver le moyen de tous les faire débarquer sur Sigan, mais ça doit bien être possible. Scar et Sasha ont déjà voyagé, Gali aussi, et ils connaissent tous des gens qui ont voyagé aussi. Ashley ne l’a pas encore fait, mais c’est parce qu’elle a peur que ça détraque son corps toujours en rééducation. Elle préfère ne pas l’exposer à un environnement différent, et encore moins à des plantes et des animaux qui pourraient lui donner des allergies (c’est Joshua, qui lui a expliqué tout ça). Elle n’a toujours pas rencontré Scar et Sasha en vrai, c’est un scandale. De toute manière, ils connaissent tous des gens qui voyagent. Alors c’est possible, vraiment possible. ça vaut le coup d’essayer. dit-elle doucement. Elle ne peut rien lui garantir, mais essayer, ce sera déjà bien, non ? je déteste ne pas pouvoir les prendre dans mes bras C’est vrai, que c’est frustrant. Ils ont bien essayé de se réunir, plus d’une fois, mais ils n’ont jamais pu savourer pleinement la joie d’être dans la même pièce, de pouvoir se toucher. Il y a toujours un voile entre eux, quelque chose qui met une distance même quand ils veulent se débarrasser de celle-ci. Ashley aimerait qu’ils puissent, pour une fois, vraiment savoir ce que c’est, d’être réunis pour de vrai. ce serait tellement beau… Oui, elle aussi, elle veut tous les prendre dans ses bras. Serrer leurs corps qu’elle a si souvent empruntés.

je t'aime, tu sais ? Elle n’a pas besoin d’assimiler les mots, tant ils sont une évidence. Elle n’a pas besoin de réfléchir avant que la réponse, elle aussi évidente, passe ses lèvres : moi aussi, je t’aime. C’est drôle, quand on y pense. Beaucoup de gens considéreraient probablement qu’ils ne sont pas si proches. Il y a beaucoup de silences, entre Ashley et Gali. Beaucoup de choses qui ne se disent pas. Il ne se confie pas particulièrement à elle. Elle ne lui raconte pas vraiment ce qu’elle traverse, ou du moins ne se perd jamais dans les détails et les subtilités. Quand elle a besoin de parler, elle se tourne plus naturellement vers Noora, ou vers Lupe. Mais ils partagent autre chose. Ils n’ont pas besoin des mots. Ils savent qu’ils sont l’un pour l’autre une présence réconfortante, ensoleillée, peu importe les tempêtes qui ébranlent leur quotidien. Ils n’ont pas besoin de se poser des questions, n’ont pas besoin d’avoir réponse à tout - même quand ils ressentent la détresse ou le chagrin de l’autre. Ils sont juste là, tous les deux, main dans la main face à tout ce que le destin leur envoie, et ils n’ont pas besoin de plus. Et Ashley, ça lui suffit, cet amour-là.
allez. mets moi le, princesse. Elle agite ses sourcils. oh mais je vais te le mettre… Son rire est un peu gras - exprès. Elle ne se fait pas prier pour ramasser la petite boîte, et en sortir un des deux bracelets, qu’elle dénoue puis passe autour du poignet de Gali. Elle galère un peu à l’attacher, toujours un peu tremblante à cause de l’émotion. Ça la fait rire, et Gali rit aussi, alors elle sourit de plus belle. Elle caresse l’argent recomposé sur son poignet - c’est parfait. Elle lui tend la boîte pour qu’il fasse de même, et scelle définitivement leur union platonique.
Les bracelets n’ont rien de spécial, mais elle a pris le temps de faire graver sur l’attache, en tout petit, la date de leur rencontre. Leur rencontre de l’esprit, le 31 octobre 2012, quand ils ont tous été liés. C’est là que tout a commencé.
Elle lève son poignet vers la lumière, une fois qu’il y a attaché le bracelet, et laisse les couleurs danser sur le matériau. Elle ne compte pas s’en séparer. Jamais. viens manger avec moi. On se fait un dîner aux chandelles. propose-t-elle, en poussant le cliché romantique jusqu’au bout avec beaucoup d’amusement. Et puis Gali a perdu du poids, ça la rassurerait de le voir manger, au moins un peu. Elle veut pas le forcer à jouer les ogres, mais un dîner ensemble est une bonne occasion de s’assurer qu’il avale au moins deux-trois choses. promis, si tu veux rentrer chez toi vite, je ne te garde pas longtemps. ça peut être un apéro aux chandelles, si tu préfères? Elle sourit. À partir de demain, on a du pain sur la planche, tous les deux. Elle a déjà plein de choses en tête : des personnes à contacter, des musiques à proposer, un plan de communication. Penser à tout ce qu’ils ont à faire lui donnerait presque des papillons dans le ventre. Elle sait que ça va marcher, elle le sait au plus profond d’elle-même. Elle sait que Gali - même si c’est lui qui a entamé le projet - n’est probablement pas aussi certain du résultat qu’elle. Il est toujours plus mesuré. Mais elle sera confiante pour deux s’il le faut. Tout comme il sera raisonnable pour deux. Un parfait duo.