ATTRAPE LA FUREUR A PLEINES MAINS (zoeta)

☆ ☆ ☆

Face au miroir, j'craque une allumette
J'invoque le feu et j'fais tourner mes mantras à voix basse
J'les égrène comme un chapelet
Bientôt va falloir montrer les dents et rentrer dans l'arène
Sous les strobes et l'bastringue

Ça bout, dans les veines, et c'est pas souvent. Cette fois c'est comme un défi lâché, les crocs acérés. J'sais qu'tu peux l'faire gamin. Tu sais ce type c'est pas un mec bien. Il nous a pigeonné plusieurs fois et c'était la fois de trop, c'est tout. Tu voudrais pas qu'on passe pour des tafioles ? »
Oh non, pas des tafioles,
surtout pas des tafioles.
On lui a passé une adresse et on lui a dit de se débrouiller seul. Un téléphone en mode caméra et un gun, preuve obligatoire d'avoir fait payer Marco avant de le liquider. Il a tué, il tue depuis des années, cerveau lavé, vide quand il appuie sur la détente, quand il frôle à peine le canon et que la balle part dans la bonne direction. Il pourrait le buter à distance, dans le dos, pendant une course, lui rouler dessus, même, dès qu'il trouverait le type. Mais les plus grands, ils semblent penser que c'est trop facile. Zoe est un bon gars, Zoe est dévoué, il a quand même besoin de prouver sa valeur, Zoe. C'est comme un test. La dernière fois qu'il a flanché commence à dater, mais il voit dans les yeux de certains que rien n'est pardonné. Parce qu'on ne trahit pas les Grims, qu'on ne laisse aucune balle s'échapper. Jo boîte encore un peu à cause de la balle perdue et chaque fois qu'il voit Zoe il a la mâchoire serrée. Lui il affronte ses yeux noirs avec un peu de férocité, parce qu'il est doux, mais qu'il sait se battre. Des poignards sous les sourires.
C'est presque trop facile de trouver Marco, il suffit de la tombée de la nuit, de s'aventurer dans cette boîte, trop moite, trop étroite pour Zoe, qui fuit ces endroits comme la peste. Il voit la silhouette, cheveux gominés et blouson en cuir, presque clichée, glisser comme une vipère dans le club, une fille sous chaque bras. Il a le même sourire que lui sur le champ de course, prêt à tout plumer. Alors Zoe serre les poings, inspire un grand coup, et ne sourit pas au videur qui le laisse quand même entrer. C'est facile, il a répété le plan des milliers de fois dans sa tête en quelques minutes seulement. Le trouver, utiliser son charme, en faire une connaissance, le droguer à son insu. Puis il faudra le ramener, le cueillir, le surprendre, filmer, cogner, cogner, cogner, et l'achever. Une suite de verbes tous chronométrés, car il n'a pas de temps à perdre. Surtout dans cette atmosphère qui compresse déjà sa poitrine. Il regarde les corps se déhancher sous les stroboscopes, respire par le nez l'odeur des corps mêlés. Il faut qu'il fasse vite ou il risque sûrement de s'effondrer.

Aujourd’hui était jour de fête. Aujourd’hui était l’achèvement d’un parcours agréable mais acharné dans le seul but d’entrer chez les nulls. Dak était un gosse insupportable, cruel et mielleux, mais il avait réussi à devenir un élément dont le gang allait avoir du mal à se passer. Ajay l’avait prévenu, lui avait dit qu’il avait carte blanche mais qu’il fallait que ce type disparaisse de la surface d’altea. Il n’eut pas besoin de le répéter. Bowers était enfermé dans les toilettes ; les yeux éclatés par la fureur qui le traversait de la queue jusqu’aux oreilles et les mains veineuses prêtes à faire leur office. Dakota n’allait pas seulement tuer ce type et se tirer. Il allait l’emporter dans son antre et le faire regretter d’avoir vu le jour. peut-être qu’il rendra visite à son épouse également, histoire de consoler la veuve. Putain que c’était bon. le gamin sauta sur la place tant l’impatience grondait dans ses phalanges noircies ; il ne pouvait plus attendre. Dak était venu bredouille ; il ne savait pas se servir d’une arme à feu et n’en éprouvait pas le besoin. Après tout, le bon satan ne l’avait pas doté de dons pour rien.

Il se dégagea de sa cachette, bouscula un type qui pissait à côté et regarda sa tête de lucifer dans le miroir. Ses cheveux étaient gras, comme d’hab, attachés en un chignon luisant qui faisait mal aux yeux. Le voilà maintenant dans la boite, la même où les retrouvailles avec bebe s’étaient déroulées, quelques jours plus tôt. Un frisson l’envahit tout à coup, il chipa des verres sur le bar avant de s’avancer vers la table où s’était installé ce connard. Les filles le dévisagèrent un moment ; avant que marcus, le cigare dans la main, ne lève le nez pour afficher un sourire en plastoc et ordonner au nulls de poser les boissons, ainsi que son gros cul histoire de discuter affaire. L’autre jeta les verres sur le plateau avant de pouffer de rire, le regard fuyard vers ses arrières avant de pousser un grognement sévère.

« - eh merde. » siffla-t-il entre ses dents. Voilà un moustique qui s’amène, le regard sombre, et les mains luisantes de vengeance. Il connaissait cette démarche, et surtout il connaissait cette sale gueule. « - zoe. » chuchota dans sa barbe inexistante le psycho. Il était tout simplement hors de question que cet apollon gâche tout. dak fit claquer ses rangers sur le sol collant de merdes, s’avança vers le caïd, et vulgairement, posa sa main sur son épaule. « - holà, c’est pour les grandes personnes ici (douce ironie sachant que vlaesper était plus âgé que lui) ; alors fous le camp compris ? »