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 les coeurs crieurs (liebhann)

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MessageSujet: les coeurs crieurs (liebhann)   les coeurs crieurs (liebhann) EmptyJeu 31 Mai - 19:01

les coeurs crieurs (liebhann) Tumblr_on8he8Zkgc1szzfhuo1_500REPORT N°5944 (31/05/2018)
Rien à signaler. Je suis en surveillance rapprochée de Liebe Suranee. Elle n’a encore aujourd’hui, fait preuve d’aucune activité suspecte.
Outre aller à deux intersections en voiture, en une journée, écrire de nouvelles feuilles sur de nouvelles découvertes, prendre des photos de ce type, à Sigan, et tant, tant d’autres choses qui constituent des activités suspectes.
Aucune activité étrange sur Altéa.
Aucune. Si on oublie Liebe, et ses activités toujours très étranges. Aoibheann inspire un grand bol d’air. Elle en a besoin.
Fin du rapport.
Elle en a ras-le-bol, Aoibheann, de mentir sur ses rapports. Mais c’est de plus en plus facile. Elle finit par s’y habituer. Aux mensonges. Elle trahit le gouvernement qui l’a élevé depuis tant d’années maintenant. Que quand ça concerne Liebe. Toujours, et encore. C’est une infinie répétition.
Les autres corbeaux peuvent bien faire ce qu’ils veulent, Aoibheann aura aucun soucis à les dénoncer. Enfin. Presque. Les filles de son cluster font exceptions. Avec les autres, elle est sans pitié. Et elle a cette étrange impression d’être d’autant plus sans pitié, depuis qu’elle protège Liebe. Cette impression de pas faire son travail, de pas être assez bonne, ça lui donne envie de dénoncer plus, de bosser plus, de trouver plus. De faire tuer plus. D’être comme ça, avec Liebe, c’est tous les autres qui en pâtissent. Et au final, vraiment, Aoibheann, ça la dérange pas. De toute façon, Liebe ou non, ces gens là auraient fini par mourir, qu’elle soit celle à les dénoncer, ou non.
Aoibheann regarde sa tablette, la fixe. Comme si elle allait lui donner la réponse. Ou une réponse, n’importe laquelle. A n’importe quelle question, d’ailleurs. Est-ce qu’elle doit dénoncer Liebe, finalement ? Est-ce qu’elle devrait dénoncer tous les autres corbeaux, et la tuer elle-même ? Est-ce qu’elle devrait juste quitter le gouvernement et se faire tuer, entraînant forcément la mort de tout son cluster, qui se fera tuer parce que reconnus comme des corbeaux par n’importe qui d’autre ? Est-ce qu’elle fait bien en les protégeant ?
La tablette parle pas. Mais elle sait que, la tablette étant du gouvernement, si vraiment elle parlait, Aoibheann supporterait pas les réponses qu’elle lui donnerait.
Elle supporterait pas de dénoncer Liebe, sans vraiment comprendre toujours pourquoi. La tuer, encore moins. Se faire tuer, Aoibheann, sa vie a jamais été trop importante. Mais mettre quelqu’un d’autre à la surveillance de Tasya, et de Liebe, c’est hors de question. Elles seraient mortes en quelques jours. L’incompréhension, c’est ce qui la dérange le plus, dans cette histoire. Parce que si encore, elle avait une bonne raison de la protéger. Tasya, c’est facile ; Elles font parties du même cluster, et puis, comme elle la voit quand même pas souvent, elle a pas vraiment la chance de l’observer en train de jouer l’exploratrice. Mais Liebe ?
Liebe, elle la voit plusieurs fois par semaine. Et chaque jour, elle lui montre un peu plus de ses recherches, en fait juste devant son nez. Aoibheann, malgré le cluster, pourrait, devrait, la dénoncer. Mais elle le fait pas. Et elle sait que c’est pas le cluster, le problème. Elle le sent. Le problème, c’est ce truc qui lui contracte les poumons à chaque fois qu’elle pense seulement, à l’image de la mort de Liebe, qu’elle serait obligé de regarder. A ces larmes qui montent à chaque fois qu’elle pense au sang qui coulerait de son corps, juste par sa faute. C’est ça qui l’empêche de la dénoncer. Mais ça, Aoibheann sait pas ce que c’est. Le comprend pas. Et ça la rend dingue. Plus que d’habitude.
Quand elle sent deux bras autour de sa taille, Aoibheann sursaute, ferme le clapet de sa tablette avec empressement. Elle sait que Liebe est derrière elle, que c’est ses bras. Elle sent, qu’elle se sent merveilleusement bien, et pourtant, y’a ce truc, cette bille qui monte le long de son oesophage. De la honte. Elle aime pas ça, quand Liebe vient la voir, pendant ses rapports.
Elle a l’impression qu’elle la nargue. Ou elle a l’impression que ce qu’elle fait, daily basis, c’est pas un job qu’elle devrait faire. Que dénoncer les autres, c’est lâche.
Aoibheann a jamais pensé à ça, de cette manière. Aoibheann fait ça parce que les corbeaux ont tué ses parents. Elle fait ça parce que c’est la bonne chose à faire. (Et aussi parce qu’elle a fait ça toute sa vie. Qu’elle connaît que ça.)
Pourtant, quand Liebe est dans les environs, Aoibheann se sent comme un petit enfant qui a rapporté au bully de la classe quel enfant l’avait dénoncé à la maîtresse. Aoibheann déteste ça.

Lâche moi.

Qu’elle lance, la voix qui se veut froide mais qui sort, vraiment, juste tremblante.
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les coeurs crieurs (liebhann) Tumblr_inline_o93dw9teMa1t6da4c_400Il y a Liebe dans cet appartement confortable où les jours défilent. Ces temps-ci, la vie est remplie. Liebe papillonne, que ce soit en enchaînant des services à la supérette ou bien avec les œuvres de charité. Liebe ne reste pas en place, encore moins lorsqu’il lui reste tant à découvrir. Elle est pleine de curiosité, intéressée par ces mondes et merveilles. L’appareil qu’elle ne lâche jamais, des photos qu’elle fait par milliers. Et les jours défilent, le temps aussi. Vilaines aiguilles qui tournent, parfois trop vite. Elle voudrait détruire l’horloge quand elle la voit elle. Aoibheann. Elle a le cœur qui s’emballe, vingt-sept ans mais des sentiments de midinette face à elle. Liebe est le feu, Aoibheann la glace. Leur collision n’est qu’une évidence. Et Liebe est ravie de la voir. Elle a l’impression que ça fait longtemps mais bien sûr, la notion est subjective. Peut-être qu’elle a lui a manqué parce qu’elle hante ses pensées régulièrement. Liebe se met à sourire bêtement lorsqu’elle repense à leurs moments ensemble – des petites choses mais qui ont leur importance pour elle.

Et l’eau de la douche coule ; Liebe prend son temps, ressasse les derniers événements. Met de côté le visage d’Aoibheann – bien sûr il reviendra mais plus tard. Cette semaine a été productive. Liebe a noirci beaucoup de feuilles, pris de nombreuses photos. Les intersections l’attirent alors elle y va, retrouve ces gens. Elle se plaît dans l’exploration, veut tout savoir – tout connaître. Elle aime faire ses recherches, planquer ses découvertes juste au cas où. Au cas où on l’arrêterait, la ferait disparaître. Liebe ne veut pas que tout ça ait été vain. Vie bercée par l’action, Liebe aime souffler mais seulement lorsqu’elle est à ses côtés. Elle aime qu’Aoibheann arrête le temps pour elle. Les sentiments s’imposent avec le temps. Et Liebe ne sait pas quoi en penser, ni quoi en faire. Elle se contente d’exister à ses côtés, de lui sourire lorsqu’elle la voit. Elle ignore le reste, l’efface. Liebe ne prend même pas la peine de se dissimuler. Le cluster l’empêche de mentir, elle n’en voit même plus l’utilité. Elle a comme cette confiance aveugle en Aoibheann. Elle sait, croit fermement que peu importe ce qu’il pourrait se passer, elle l’aidera. Du moins, elle ne peut que l’espérer. Et son cerveau referme le chapitre, Liebe revient au présent. Sortie de la douche, elle se hâte d’enfiler quelques vêtements. Les cheveux encore humides, elle sort. Gamine ou presque, elle a envie de la serrer dans ses bras. Et elle le fait. Pas presque discrets, elle aime la suspendre alors qu’elle est concentrée. Ses bras viennent naturellement se poser autour de la taille d’Aoibheann. Liebe sourit à son sursaut. Un peu moins lorsqu’elle referme la tablette mais ça n’a pas d’importance. Liebe a envie de continuer à la serrer. Ses cheveux gouttent sur Aoibheann, son cœur se manifeste à cause de leur proximité. Et elle aurait voulu que des mots doux s’échappent des lèvres de sa douce, que tout ne soit que jolis sentiments. Ou qu’elle ne dise rien, la laisse faire. Mais non, non pas cette fois, ni jamais d’ailleurs. Aoibheann n’est pas quelqu’un qu’on contrôle, qui se laisse faire. Elle se débattra toujours, preuve qui est là. Lâche-moi. Le temps s’arrête pour les mauvaises raisons. Et c’est froid mais plus que froid, c’est tremblant. Incertain, incompréhensible – compréhensible aussi. Et Liebe, ça lui arrache un sourire compatissant. Non, pas de soupir. Rien de tout ça parce que Liebe comprend. Non, elle ne lâchera pas. « J’ai pas envie. » Qu’elle lui répond, même pas pour être méchante – juste parce que c’est vrai. Et Liebe, comme à sa grande habitude se rapproche. Son visage se colle à celui d’Aoibheann, ses bras ne desserrent pas leur prise. « Qu’est-ce qui ne va pas ? » Liebe, l’ignorante. Elle sait, devrait savoir que c’est le monde contre elles mais non. Elle préfère demander, espère une réponse simple ou rien du tout. Aoibheann n’a pas besoin de parler. Ça lui ferait plaisir d’entendre le son de sa voix mais peu importe. Ses mains viennent retourner la chaise, font pivoter Aoibheann pour qu’elle lui fasse face. Liebe croise son regard, ne juge pas ce qu’elle y lit dedans. Et elle ne dit rien, s’approche un peu plus pour la prendre dans ses bras – une nouvelle fois. Prise ferme, ses doigts caressent les cheveux d’Aoibheann, elle essaie de calmer la tempête.

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les coeurs crieurs (liebhann) Tumblr_on8he8Zkgc1szzfhuo1_500Aoibheann, quand elle a commencé à travailler, elle était jeune. Elle était même petite. Elle avait que douze ans la première fois qu’elle a fait un rapport. Ce jour là, elle s’en souvient. Elle a aidé à chercher un criminel, un corbeau. Son mentor l’avait envoyé dans un bar, pour aller discuter avec un homme de trois fois son âge. Quatre fois, même, peut-être. Elle lui avait soutiré des informations, et avait été fière d’elle. Avait été fière de pouvoir dire qu’elle avait aidé à la capture d’un monstre, un comme ceux qu’avaient tué ses parents. En rentrant à la “maison”, on l’avait félicité. On lui avait dit que c’était un premier pas sur la vengeance de ses parents, sur l’assainissement de ce monde. De ces mondes. Et Aoibheann a jamais posé de questions, a jamais vraiment réfléchi. Parce que ça lui allait très bien comme ça. Elle faisait ce qu’on lui disait, un bon parfait petit soldat. Le faisait même avec le sourire, parfois. Regardait les tueries, souriait, parce que ces gens là devaient mourir, méritaient de mourir. Après tout, ils avaient tous un peu tuer ses parents, avec leur recherches. C’est comme ça, que Aoibheann a toujours pensé. Et elle aimerait tant retourner à cette époque. Où elle réfléchissait pas, où elle avait pas l’impression de commettre des meurtres, à chaque fois qu’elle dénonçait quelqu’un. Parce que c’est pas des meurtres. Parce que c’est eux, les meurtriers. Pas elle. Pas le gouvernement. Eux.
Puis y’a eu Liebe. Liebe est ses yeux, et sa bouche, son visage, et l’entièreté de son être. Liebe et sa beauté. Cette beauté qui ressort extérieurement mais qu’est tellement plus évidente intérieurement. Et Aoibheann déteste ça. Elle déteste ça parce qu’elle contrôle pas le fait qu’elle apprécie être à ses côtés. Elle est comme attirée par Liebe comme un aimant, et c’est pas quelque chose qui devrait arriver. C’est quelque chose qu’aurait jamais dû arriver. Liebe, elle devait la surveiller. Comme ce monsieur, au bar, y’a seize ans. Elle devait lui parler, essayer de savoir si elle faisait des recherches sur les autres mondes ou pas. Et elle l’a su. Oui, elle en faisait. Elle en faisait même clairement. Pas comme la petite Dylan qui se rendait pas compte du problème de son imagination. Liebe, c’était un tout autre level. Elle aurait pas dû profiter du moment, passer la nuit avec elle. Elle aurait jamais dû se laisser aller. Le lendemain, elle a pas pu la dénoncer, et elle comprend toujours pas pourquoi. Après ça, ça a fait qu’empirer. Et dés qu’elle passe sur Altéa, elle se sent obligé d’aller voir Liebe, de la toucher, de l’embrasser, de rester à ses côtés, et c’est insupportable. Parfois, elle se retient, va voir Dylan, parce que voilà, c’est comme ça. Et qu’elle a besoin de prendre ses distances, pour réfléchir. Mais finalement, elle pense à elle, tout le temps.
Et si encore, elle pouvait l’expliquer. Si encore elle pouvait dire Ouais, c’est ma soulmate, c’est normal. Mais non. Non, c’est juste une fille, dans son cluster. Et c’est pas comme si elle avait cette même sensation, ces mêmes émotions face à Théa ou à Tasya. Du tout, même. Elle a pas envie de les dénoncer, mais pour d’autres raisons. Parce qu’elle sait que si elles meurent, elle vivra ça comme une déchirure. Et qu’elle préfère mentir que souffrir. Encore un truc qu’a changé, chez elle, ça.
Elle aime pas ça.
Les bras se desserent pas pour autant, quand Aoibheann lui demande de la lâcher. Et elle a envie de taper fort par terre, d’envoyer la chaise sur laquelle elle est assise contre le mur, de crier, de pleurer. Parce qu’elle a demandé à ce qu’elle la lâche, et qu’elle déteste quand Liebe fait pas ce qu’elle lui demande. Parce que ça la fait ressentir ces trucs, là, ces machins, qu’elle déteste. Elle frissonne, a l’impression que son estomac va la lâcher, et les poumons qui fonctionnent plus normalement. C’est pas des réactions normales.
Pire, son visage s’approche, et rapidement, leur joues sont collées l’une à l’autre. Et les yeux d’Aoibheann prennent une forme toute particulière. Changent de couleur, redeviennent marrons. Ils sont bleus, à Altéa, faut qu’elle se concentre, bon sang !
Si elle commence à perdre le contrôle sur son pouvoir face à Liebe, c’est pas bon, c’est jamais bon.

Et quand Liebe fait tourner la chaise, qu’elle la reprend dans ses bras, c’est le corps entier d’Aoibheann qui commence à trembler. Faut pas. Faut pas. Elle s’agite, ressemble à un ver de terre qui essaye de s’échapper d’une prise forte sur lui. La prise est pas si forte que ça. Parce que Liebe a pas la force de dix hommes dans ses bras. Aoibheann réussit à se dégager. S’approche de la fenêtre, regarde dehors, se retourne, regarde Liebe, puis se retourne de nouveau vers la fenêtre. Fait ce mouvement cinq, six fois avant de se calmer. Enfin, calmer... Ses cheveux sont tantôt roux, un peu brun, châtain, même si le blond reste principalement, ses yeux sont devenus verrons. Aoibheann a perdu le contrôle.

J’AI DIT LÂCHE MOI !

Elle cri, se recroqueville sur elle-même, s’appuie sur la fenêtre, derrière elle. Les larmes se sont mises à couler, à un moment, elle est pas exactement sûre de quand. Qu’est-ce qui va pas ? Qu’elle demande, Liebe ? Tout. Rien ne va. Tout devrait être différent.
Le cri qui sort de sa gorge ensuite glacerait le sang des gens trop sensibles. Ce genre de cris suraigus qui portent sa marque, à Aoibheann. Ce genre de cris qui casseraient la voix de n’importe qui d’autre. Mais pas elle. Parce que c’est sa seule façon de s’exprimer, vraiment.
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les coeurs crieurs (liebhann) Tumblr_inline_o93dw9teMa1t6da4c_400 Une étreinte qu’elle aurait peut-être voulue plus calme. Une douceur qu’elle recherche parfois mais à laquelle il faut dire au revoir. Elle et Aoibheann qui ont cette relation compliquée, qui passe du calme à autre chose en une seconde. C’est si mouvant, si changeant en un instant. Et pourtant Liebe semble s’y être habituée. Elle est prête à essuyer les larmes, à offrir tous les sourires compatissants de la terre. Le lâche-moi qu’elle ne peut pas ignorer tellement il résonne en elle, empli l’appartement où elles ne sont que deux. Il ressemble à un cri de détresse, n’est pas assuré. Tremblant, comme Aoibheann. Et malgré ce qui ressemblerait à un ordre, elle ne le fait pas. Sa propre voix résonne désormais. Réponse pour celle qui la voudrait fuyarde. Prise qui reste, ne s’envole pas. Liebe n’est pas comme ça. Elle ressent un trouble chez l’autre, n’en dit pourtant rien. Elle préfère sourire, encore. Et elles restent là, ensemble. Aoibheann dans ses bras, Liebe qui ferme les yeux. Ne verra pas ceux d’une Aoibheann qui perd le contrôle, mille couleurs dans les iris. Et Liebe pivote cette chaise, la veut pour ses seuls yeux. Aucun jugement, aucune critique qui traverse sa tête. Liebe se contente de la regarder. Encore des retrouvailles et ses doigts glissent, dérivent dans les cheveux d’Aoibheann. Caresses que Liebe voudrait rassurantes, nécessaires. Et pourtant, ce n’est pas le cas. Aoibheann parvient à la quitter, à se dégager de ses bras qui en demandaient sûrement trop. Et Liebe reste là, immobile. Ses yeux suivent la silhouette de la brune. Son sourire veut dire ‘ça ira’. Liebe la voit qui s’approche de la grande fenêtre, son regard qui vire – direction l’extérieur. Et puis elle se retourne vers elle, peut-être pour ça que Liebe sourit encore même si cette esquisse s’éteint parfois. Aoibheann, petit manège continuel. Liebe qui n’en est que le témoin. Elle lui laisse son espace, pour l’instant. Et tout change, perte de contrôle mais pour Liebe, ce n’est pas grave. Elles n’ont rien à maintenir l’une devant l’autre, elles ne sont pas des étrangères. Elles se connaissent depuis bien trop longtemps et bien trop intimement pour cela. Non, elles sont un terrain connu. Aimé aussi. Les sentiments qui ont fleuri comme la nature au printemps. Liebe qui se sent irrémédiablement liée à Aoibheann, encore plus loin que le cluster. C’est différent de Tasya et Thea, c’est une connexion profonde. Mentale, physique. Une qui fait vriller son cœur, le fait capituler.

Elle voudrait la voir sourire et que ça ne s’arrête jamais. Et Liebe fait quelques pas, veut encore l’enlacer de façon à la rassurer. Nouveaux mots qui s’échappent des lèvres d’Aoibheann, elle crie. Et Liebe n’y est que trop habituée. Aoibheann finit recroquevillée, appuyée contre la fenêtre. Et Liebe ne voit que les larmes qui coulent, image qui n’est pas nouvelle mais qu’elle n’aime pas. Elle préférerait qu’elles soient de joie mais ce n’est pas le cas. C’est une évidence qui s’offre à elle. Liebe voudrait les sécher, perles salées qui nuisent à sa tranquillité. Et Aoibheann ne répond pas à sa question par des mots. Non, c’est un cri strident qui fait office de réponse. La voix d’Aoibheann qui n’en sera pas brisée pourtant. Et Liebe brave l’interdit, encore. Revient à la charge. Ses bras entourent Aoibheann, ses mains caressent son dos. Tentative de réconfort. Et malgré ce cri, les larmes – Liebe vient encadrer son visage. Ses pouces essuient les larmes qui semblent pourtant continuer. Sourire compatissant encore. « ça va aller. » Liebe qui veut la réconforter. Elle croise son regard, continue pourtant de chasser les larmes. Ses doigts finissent par caresser les cheveux d’Aoibheann. Liebe est compréhensive. Ses lèvres se posent pourtant sur le front d’Aoibheann ; baiser vite envolé. « ça va aller, je te le promets. » Liebe qui persiste, veut la calmer – patience logique.

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les coeurs crieurs (liebhann) Tumblr_on8he8Zkgc1szzfhuo1_500Le cri semble durer une éternité. Et peut-être que c’est un peu le cas. Il s’arrête juste lorsqu’elle n’a plus assez de souffle pour le continuer. Elle a évacué ce qu’elle avait besoin de sortir. Et si ça n’avait pas été le cas, elle aurait très probablement repris du souffle pour crier une nouvelle fois. Liebe a peut-être mal aux oreilles, ce n’était pas le but initial, mais c’est du bonus. Parce que tout ça, tout ce qui se passe, c’est de sa faute, à Liebe. Si elle n’était jamais arrivée dans sa vie, tout aurait été beaucoup plus simple. Tout aurait continué comme sur des roulettes, et elle n’aurait jamais dévié de son travail, de son devoir. Parce qu’aujourd’hui, même si ce n’est qu’une infime partie du problème, c’est là, et c’est un fait. Aoibheann ne fait plus son devoir. Et Aoibheann ressent ça comme l’abandon total et pur de son besoin de vengeance. Elle doit venger ses parents, après tout. Elle doit être capable, plus tard, de retrouver leur tombe, ou, qu’importe où ils ont été enterré ou incinéré ou mis pour pourrir, elle veut pouvoir aller sur leur tombe et dire qu’elle a réussi à les venger. Que les corbeaux qui les ont tué sont morts, eux aussi. Qu’elle a pas tiré sur la gâchette, qu’elle a pas manié l’arme, mais qu’elle a été celle qui travaillait derrière, celle grâce à qui ils ont pu mourir.
Sauf que maintenant, à cause de Liebe, ça, c’est plus possible. Parce que Liebe fait des recherches sur les autres mondes, qu’elle connaît même, qui sait, les gens qui ont tué ses parents, mais qu’elle dit rien. Qu’elle reporte rien, qu’elle reste dans ses bras où elle se sent bien. Et c’est pas bien.
Elle arrête de crier, continue de pleurer. Elle est toujours pliée presque en deux contre la fenêtre, elle se tient l’estomac, elle essaye de choper son poumon à travers sa peau, parce que ça fait mal. Ca sert, et la respiration s’en trouve difficile. Faut qu’elle arrive à le desserrer, faut qu’elle arrive à le remplir d’air de nouveau sans qu’il se compresse, sans qu’il n’accepte rien.

Liebe s’approche d’elle, elle la sent. Peut pas se reculer, derrière elle une vitre fermée. Elle veut pas se reculer non plus. Liebe approche rapidement, elle peut pas non plus se dégager. Elle veut pas se dégager, au final. Et quand Liebe la prend dans ses bras, cette fois ci, c’est différent. Liebe était agresseur, plus tôt. Là, elle est sauveur. Et Aoibheann comprend pas. Mais lorsque Liebe lui prend le visage et qu’elle essuie les larmes qui continuent d’être abondantes sur son visage, Aoibheann voit face à elle une femme qui l’aide, qui l’a toujours aidé.
Qui détruit sa vie telle qu’elle était, et qui la détruit elle, par la même occasion.
Mais une femme qu’est là pour elle, et c’est bizarre. Parce qu’au centre de formation, quand Aoibheann criait, ou pleurait, elle se prenait des claques, ou on la mettait sous des jets glacés et puissants pour qu’elle se calme. Et qu’elle, elle lui prend le visage dans les mains, elle essuie ses larmes. Comme sa maman l’aurait fait, Aoibheann le sait.
Ca va aller, qu’elle répète, sans s’arrêter. Une belle phrase, que Aoibheann répète plusieurs fois dans son esprit. Quand elle, elle se le dit, ça semble ridicule. Mais quand Liebe le dit, ça semble réaliste. Comme si, oui, ça allait aller mieux. Comme si ça pouvait aller mieux.
Et elle continue de caresser ses joues, puis ses cheveux. Puis ces lèvres si douces, si connues, qui se posent sur son front. Aoibheann ferme ses yeux, prend la sensation de plein fouet, la garde ancré en elle. Et c’est un conflit beaucoup trop violent qui fait rage en elle, quand ça concerne Liebe. Mais là, à cet instant précis, ça semble juste simple. C’est juste elle, et Liebe. Et un baiser, et des caresses. Et Aoibheann voudrait que ce soit toujours aussi simple. Qu’il y ait qu’elles deux et que ce soit une bulle hors du monde. Hors de tout.
Elle répète que ça va aller, le promet même. Alors Aoibheann hoche juste la tête. Parce que lorsque Liebe le dit, ça semble réaliste. Ca semble possible.
Elle relève les yeux finalement, renifle, laisse Liebe essuyer les quelques dernières larmes qui finissent de couler de ses yeux. Et se redresse, doucement.

J’ai mal aux poumons, Liebe. Très mal. Je suis malade je crois.

Parce que c’est la seule réponse logique à cette sensation. C’est ce qu’on lui a apprit. Si on a mal quelque part, c’est qu’on est blessé, ou malade. Aoibheann n’a été blessé nulle part. Puis c’est compliqué de blesser les organes internes de quelqu’un, à part avec du poison ou autre médicaments, alcool, et autres drogues. C’est qu’elle doit être malade.
C’est la seule possibilité.
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