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 kammthaar + frisbee#2

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MessageSujet: kammthaar + frisbee#2   kammthaar + frisbee#2 EmptyLun 9 Juil - 15:38

Depuis quelques semaines, des cargaisons de Nulls triés sur le volet étaient envoyées sur Sigan, aussi bien humaines que matérielles, pour faire du repérage. Et, parmi eux, celui que tu considérais être comme le plus éminent des membres du clan : toi. De tous, tu avais été le premier à signer pour aller faire un tour chez les robots, puisque que tu avais un plan en tête et en avais parlé avec Jay : sympathiser avec vos deux flics de service pour récolter des infos sur la police et le monde criminel de Sigan.
Contrairement au trou que tu t’étais creusé à Altea, ou dans lequel tu étais né à Néphède, l’idée dans ce monde-là était de passer par la grande porte, l’idée étant de se régulariser autant que faire se peut quand on ne vient pas de cette dimension.
Pour le moment, tu avais un implant de temps éphémère, abreuvé par le fric d’Ajay, mais tu avais déjà pris rendez vous avec un type qui pouvait t’en encastrer un dans le tien pour un montant moins exorbitant que les autres.

Parallèlement, il fallait que tu te fasses une place dans le monde du business androïde, et que tu mises sur un concept prometteur, et pour ça, tu comptais sur les conseils avisés de Gali.
Fort de tes précédentes escapades mensuelles dans les casinos siganais, il y avait déjà quelques grands pontes de l’androïde domestique peu avisés qui sympathisaient avec toi et te promettaient des places relativement intéressantes dans leur boîte. Tu jouais l’enfant sage, en attendant de monter ta propre enseigne pour verser dans la vente de pacotille d’un côté, et le trafic de l’autre. Jay t’assurait financièrement et tu pouvais allonger tous les pots-de-vins nécessaires.

Cela dit, comme tu aimais à le dire, on ne change pas une équipe qui refuse de se coucher au poker ; c'eût été trop bête de ne pas profiter un peu plus de cet argent.
Les casinos de Sigan n’ont rien à envier à ceux dans lesquels tu avais pu fourrer ton nez à Néphède. Cela dit, ils constituaient tout de même une sacrée piscine à gros poissons.

Vraiment, on ne sait pas à quoi tu t’attendais en continuant comme ça, à multiplier tes allées et venues à Sigan sans prendre le temps d’en informer l’un des principaux concernés et accessoirement raisons de ta petite entreprise.
Tu te disais sans doute qu’en ne fréquentant que de futiles riches dans des casinos bondés, tu ne risquais pas de tomber sur Sid. C’était des milieux très fermés, encore très humains et que les seuls androïdes qui y traînaient étaient des androïdes de compagnie, des trophées qui devaient valoir quelques décennies, aussi chers qu’inutiles. Personne n’irait pavaner comme un paon au bras d’un tank aux finitions mal léchées ; ou du moins, tu espérais que Zenia n’osait pas.

Tu te disais sans doute qu’avec cette dégaine, tu étais même difficilement reconnaissable pour ceux qui te fréquentaient. Tiré à quatre épingles, tu portais un costume parfaitement ajusté et accordé aux codes de la mode siganaise comme si tu la suivais depuis tes plus jeunes années, les cheveux plaqués en arrière et seulement luisant de lotion, et non de gras. Rasé de près, le teint frais et l’haleine fleurant bon les cocktails chers et parfumés, tu avais le sourire beaucoup trop aimable par rapport au rictus de requin qu’on te connaissait habituellement.

Tu te disais que dans ce genre d’endroit, il ne fallait pas faire de vagues. Et de fait, si ton androïde avait dû te tomber dessus, il aurait dû le faire en toute discrétion au risque de s’attirer des ennuis, puisqu’aux yeux du reste du monde, tu ne l’aurais pas importuné en premier, si ce n’est pour l’ignorer royalement.

Tu ne te doutais donc pas un instant de pouvoir tomber sur celui que tu n’avais pas encore jugé bon de prévenir de ta venue, et surtout, de ton installation -provisoire, certes, mais installation quand même- à Sigan. On ne sait pas trop ce qui se trame dans ta caboche dans ces moments-là, comme si tu te sentais prêt d’aviser au moment où il te tomberait dessus. Tu étais doué pour raconter des craques, mais généralement, c’était à l’attention de personnes qui, d’une part, ne faisaient pas partie intégrante de ta tête, et d’autre part, ne te faisaient pas l’effet que l’androïde pouvait te faire.
Après tout, dans le genre remettre ses problèmes à plus tard, tu aurais pu remporter une palme d’or.

Cela dit, tu avais eu raison de te dire tout ça. Parce qu’en effet, la soirée s’était déroulée sans plus grand encombre que le manque de petit four ou la plastique pas suffisamment irréprochable du croupier à votre table. Des problèmes de riches qui te faisaient doucement grincer des dents autant que tu les leur enviais à long terme. Tu te rassurais en te disant que, bientôt, toi aussi tu pourrais couler des jours tranquilles.
Toi aussi, tu passerais ta vie dans les grands restaurants à te remplir la panse, foutant la main aux fesses des androïdes parce qu’elles ne pourront rien dire, et parce que tu seras même leur concepteur.
Toi aussi, quand tu repartirais du casino, la gueule un peu embullée par le champagne, tu aurais un chauffeur qui t’attendrais sur place, au lieu de devoir retrouver ton chemin sous la pluie.

C’est fort de ce genre de motivations superficielles que tu sors donc du casino, les gouttes d’eau polluée s’écrasant sur ton costume de bonne facture.
Et tout porte à croire que ta poisse légendaire était elle aussi de sortie puisqu’elle jugea bon de mettre Sid sur ton chemin, sans que tu t’en rendes compte, alors que tu t’allumais avec difficulté une clope sous la pluie battante.
Et à ce moment-là, tu t’es sans doute dit que, si tu ne bougeais pas d’un cil, stupéfait de voir l’engin te foncer dessus à en perdre ta cigarette, qui sait, il allait peut-être te passer au travers.
Qui sait.
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Siegfried Schtauffen
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MessageSujet: Re: kammthaar + frisbee#2   kammthaar + frisbee#2 EmptyJeu 13 Sep - 9:31

Bobby n’était pas ou peu facile d’accès ces derniers mois.
Il refusait qu’on se projette à ses côtés, pour le peu qui souhaitaient bien s’y risquer habituellement. Sid devait être l’un des rares - le seul ? - qui pouvait prétendre, au sein du cluster, à cette place privilégiée. La place du plus masochiste, (ou du plus idiot), lui dira Jensen. Et comme à chaque fois que cela pouvait concerner cet escroc né, il ne l’écoutait pas. Il était sourd de toute remarque qu’on pouvait faire à son encontre, si peu qu’il ait eu envie de le défendre. Un lien particulier les unissait et ça n’allait pas en s’arrangeant.
Si particulier qu’il leur permettait d’être un peu trop en communion l’un l’autre; même lorsque l’un des deux  s’occupait à dresser un mur psycho-émotionnel. Un mur qui n’en était pas vraiment un puisqu’étant le plus perméable qui soit. Ce n’est pas faute d’avoir essayé… et de tenter de le maintenir encore ce soir. C’est donc tout naturellement qu’il laissait l’androïde sur le banc de touche et dans l’inquiétude. Rien de plus affligeant pour le protecteur-né que d’être abandonné à la porte d’entrée. Il aurait mieux fait de s’y habituer, parce que Zenia y réussissait déjà bien à elle seule.

Et même si le grand responsable était parfois revenu à lui avec ce sourire qu’on lui connaissait que trop bien, le laissé-pour-compte avait préféré garder le silence, ayant bien comprit qu’on lui cachait quelque chose.
Qu’il lui cachait quelque chose.
Parce que c’est qu’il faisait toujours, en dépit d’une cruelle sincérité, celle de la machine de guerre prétendument non sentiente.
Est-ce qu’il lui en voulait ? Oui… non. Il n’était plus certain de vouloir ressentir ça, alors que le reste semblait sensiblement plus agréable…
Sans doute.

Alors, sans savoir de quoi il s’agissait, il a imaginé, conjecturé.
L’IA a établi sa liste et avec, en tête, l’éventualité qu’il n’apprécie tout simplement plus sa compagnie ; notamment depuis la dernière mésaventure (plutôt fâcheuse) qui avait marqué leur fête d’anniversaire.
Il ne sait pas s’il lui en veut de l’avoir blessé, mais Siegfried lui, regrette d’avoir été si peu attentif, et l’avoir fait souffrir.
Encore peiné par le seul souvenir que cette fin de soirée lui avait laissée, il ne lui en a pas parlé depuis.

Peut-être était-il en train de projeter ses propres émotions ?
Peut-être était-il en train d’expérimenter un tout nouveau degré d’empathie ?
Ou peut-être était-il sur le point de saisir que Bobby n’était pas - ou plus - comme Jensen ou Zenia, même s’il semblait déjà se hisser à leur plan ?

Toujours est-il que cette nuit-là, il errait.

Seul, sans couvre-chef pour se protéger la tête de cette pluie ingrate, chose qui, contrairement à nombre de siganais, était le cadet de ses soucis.

Il sent, perçoit, s’étonnerait presque d’être stoppé à l’entrée de cet axe urbain, puisque soudain…

« LEX. » le synthétique lève les yeux dans la direction d’où provenait le son, se stoppant net. Cette voix robotique appartenait à une Sentinelle, bien plus imposante que le véhicule physique qu’il possédait à ce jour. Fut un temps où il aurait pu rivaliser de gabarit, mais plus aujourd’hui. Un premier constat qui fit perdre temporairement le fil du présent à l’IA, qui s’affaira à amonceler des souvenirs dans sa mémoire numérique, reconstruisant même des sensations, des émotions qui pour la plupart, qu’il n’avait pas encore connu. Le soldat-flic le salue, sans ouvrir la bouche, seulement par une inclinaison du chef et un regard soutenu — la gestuelle, rien de plus. Ils avaient des systèmes qui n’étaient pas si différents, conçus pour la protection et le maintient de l’ordre, si telle était sa - leur - mission. Il lui aurait donc fallu peu de temps pour comprendre que son homologue était une présence menaçante, et ce n’était pas le cas. Sa qualité sur l’échelle de la déviance décorait sa tempe. C’était un bon début.

Et comme bon nombre des siens, anciens qui plus est, les civilités étaient aussi froides que celles d’une machine à café.

« SOUHAITEZ-VOUS TRAVERSER ? »
Pourquoi n’a-t-il pas préféré décliner et faire un détour, comme d’habitude ? Le périmètre est protégé, et ça ne le regarde pas. En temps normal il aurait tracé son chemin pour avoir à éviter le protocole.
« Oui. »
Mais pas ce soir.
« MOTIF ? »
Pas pour une mission, assurément.
« Tourisme. »
Des termes protocolaires.
« SEUL ? »
« Seul. »
Aussi seul qu’il lui était permit de demeurer, du moins.
« VEUILLEZ PRÉSENTER VOTRE ID. »
Un geste qu’il a fait depuis un demi siècle sans broncher, un geste qui lui paraissait de plus en plus difficile à accomplir. Il incline un peu la tête, tend la nuque en passant une main contre celle ci pour en dégager le col de son manteau trempé. La Sentinelle scanne, et là où Siegfried s’attendait à de « simples » formalités protocolaires, l’IA qui lui faisait face eu le don de le surprendre.
« ACCÈS AUTORISÉ. ÊTES-VOUS TOUJOURS AFFILIÉ AU GOUVERNEMENT, SIEGFRIED SCHTAUFFEN, NOM DE CODE XR-66 STORMBRINGER ? »
Il relève ses yeux d’un bleu phosphorescent dans sa direction, et lui répond.
« Non. »
La théorie, seulement la théorie. Il leur appartient encore, il leur appartiendra toujours : c’est écrit jusque dans son data accessible, pour un simple contrôle. Mère était des leur. Un jour peut-être, il retournera là-bas, dans ce « chez lui » qui l’a vu naître.
OU PEUT-ÊTRE PAS, s’étonne t-il à penser, la mélancolie pour meurtrissure.
La Sentinelle qui surprend par une révérence que lui-même avait cru oublier, bras claquant sur la tôle métallique gigantesque qui formait son buste…
Pis même, qui l’émeut.
« LEX. PAX. GEHE IN FRIEDEN, MEIN BRUDER. »
« LEX. PAX. GEHE IN FRIEDEN, MEIN BRUDER. »
Réponse automatique, froide — un réflexe, comme l’égard qu’il lui rend. Pourtant, au fond, il bouillonne. Il y voit une attention alors que rien n’avait forcé l’autre machine à l’emploi de sa deuxième langue de programmation, qu’il avait vraisemblablement détecté lors du scan.
L’IA rejoue encore la scène, interprète les émotions, les intonations. La nostalgie découverte au travers de quelques mots échangés — et d’un regard, le dernier, dirigé vers la montagne métallique aux quelques puces phosphorescentes. « PASS AUF DICH AUF. » ajoute t-il, nuançant son discours.
Là, alors qu’il prend de la distance, Sid s’avoue touché.

Il traverse finalement le quartier et Schtauffen guette d’un oeil faussement distrait les alentours. Ce n’est pas sa mission, et ce n’est pas lui-même qu’il protège à sur-analyser son environnement, mais bel et bien l’humain, l’éternel privilégié en ce bas monde, malgré lui. Ce que Fives considérerait comme un travers, mais dont il pourrait très bien être soigné, un jour. Pas sans sacrifices - mais le voudrait-il seulement ?
Quelques minutes à rôder avant de ressortir du périmètre, débouchant sur une rue où boutiques de luxe et casinos se jouxtaient, s’entassaient même, sur des étages dont le nombre était toujours plus ahurissant au fil des mètres parcourus. Les désagréments cosmiques paraissent loin et la vie a reprit son cours depuis, même si cela semble encore trop proche pour lui.
Mais le géant n’était pas là pour rester des heures. Il songeait même à poursuivre jusqu’à Casma, qui sait; il était connu que ce quartier avait beaucoup plus de potentiel de divertissement à ses yeux que n’importe quel autre dans la capitale.
Pourtant il se laisse distraire un peu çà et là et s’arrête face à une vitrine où cohabitent un nombre impressionnant d’animaux synthétiques, entourés d’hologrammes et d’autres joyeusetés technologiques. Et il les observe silencieusement, sourire aux lèvres, il semble être contaminé, songe alors à Lolly, plus vraie que nature dira t-on ; et de fil en aiguille, à Bobby.
Bobby.
Il perd un peu de son sourire, il s’affadit avec l’amertume héritée de sa seule absence.
Et du mensonge qui guette, jamais loin.
OÙ ES-TU ?
Il est tenté de gratter à sa porte mais ne le fait pas.
Alors il marchera jusqu’où ses pas - et son autonomie - voudront bien l’emmener.
Décelant une présence derrière la vitre, il scelle son regard à ce qu’il désignera comme étant la gérante de l’animalerie robotique. JUGEMENT. INCOMPRÉHENSION. DISCRIMINATION. Conclut-il au terme de ses 2,11s de réflexion, déjà bien longues pour ce qui lui avait paru aussi acide que naturel. Sid tourne aussitôt les talons et s’engouffre à nouveau sous le manteau pluvieux, dont il avait été, pour quelques misérables instants, protégé.
Ça l’agace plus que ça le dérange, à lui qui est incapable d’oublier un seul regard.

Et lorsqu’il réoriente ses clairs dans son axe de marche habituel, l’impossible se dessine. Ou plutôt, à ce stade d’ignorance, l’espéré : il est là.

« Bobby ? » quand il a tenté de lui parler, il ne l’a pas entendu, n’a pas levé les yeux — parce que ce n’était qu’un murmure sous une pluie battante, parce que Bobby n’était, cette fois-ci, pas un mirage cosmique.

Pas un mirage…

SCÉNARIO INCONCEVABLE.

Il lui aurait dit.

Non ?

Non.

L’IA avait imaginé tout sauf ça.

Et si la mise en exergue de cette faille des probabilités semble le piquer, ce n’est pas tant ce détail qui l’ébranle.
Ce n’est pas une projection.
Et c’est un mensonge, là, debout, à 9m03 de distance, à midi.
À un tel stimuli émotionnel, Siegfried ne pouvait répondre que d’une seule façon.

Le nœud d’émotions est tel qu’il aurait pu le paralyser, mais il n’en fut rien : Sid n’était définitivement pas un androïde passif, et encore moins un androïde prêt à laisser s’enfuir une cible.
Est-ce qu’il l’a senti ?
Est-ce qu’il a éraflé la conscience de Schtauffen par inadvertance ?
Tant ils étaient proches, l’inverse aurait presque pu paraître farfelu, démodé, invraisemblable.
Il ne pouvait pas ignorer, et son mouvement d’yeux en témoigna.

Or, lorsqu’il le vit lever l’œil dans sa direction, le mastodonte synthétique était déjà en marche, et la seule pulsion de fuite qui traversa l’esprit de Bobby l’incita à surcharger brièvement ses circuits pour se pousser jusqu’à lui plus rapidement.
Avec l’élan gagné par la puissance insufflée, il ne ralentit pas ou peu à son approche — et ce malgré le retour d’une pseudo-allure de marche — il l’attire cinq mètres en arrière et le presse contre le mur vibrant et frémissant qui l’accueille, une main agrippée à son col.
« DU WILLST MICH WOHL FÜR DUMM VERKAUFEN! »
Fut la première chose qui franchit la barrière de ses lèvres. Et sur son visage griffé de larmes célestes, certaines des siennes s’y mêlent, secrètes.
Sa voix ne crie même pas, elle fend par une froideur mordante; et ce même si ses passions, elles, étaient assourdissantes.
« WARUM?! »
L’IA switch en anglais, après une très courte absence, et s’approche un peu plus de lui, sans mesurer autre chose que la température corporelle et son pouls soutenu. Et tout ça sans l’avoir vraiment touché.
« Pourquoi tu m’as rien dit ? »
TU ME DÉTESTES ? SI TU ME DÉTESTES, DIS-LE MOI.
« Pourquoi tu te caches ? »
DE QUOI TU AS PEUR ? DE MOI ?
Trois secondes, quatre, cinq — ça coule comme la pluie sur ses épaules, des secondes interminables où il fixe ses prunelles écarquillées.
La seconde qui suit, l’IA, affolé, re-calcule, et entend aussi les sensations.
Quelque chose de sensiblement différent, de plus fort, en lui et en l’autre.
Il y a l’attraction, emmêlée autour d’un noyau de crainte, d’inquiétude — d’un il-ne-sait-trop-quoi qu’il ne saurait nommer seul. Ce n’était pas comme ça avec Jensen, qui pourtant faisait partie de son cluster. Alors pourquoi était-ce si différent avec lui ? Blanc ou noir, l’androïde réagit avec démesure, jusqu’à la nuance, si la chance leur sourit.

Sid qui entend qu’ils soient l’un en face de l’autre, dans le même univers, coincés sur les mêmes mètres carrés.
Son regard, son cœur qui bat, son souffle tiède sur son cou, son parfum qu’il s’était imaginé un millier de fois sans jamais pouvoir le deviner.
Et tout ça est vrai; la chimère s’écaille.
Le sien, composé d’anneaux semi-phosphorescents gravitant autour de sa pupille, se stabilisent peu à peu, réduisant leur mobilité au fil des secondes qui filaient. On l’imaginerait alors presque apaisé, mais ce n’est pas tout à fait ça. La machine garde ses réflexes — alors quand il remarque les lèvres du quinquagénaire s’entrouvrir imperceptiblement, s’apprêtant à parler, Sid, blessé et troublé, se défendit par un tranchant « Tais-toi, » on ne peut plus rustre.
Après l’avoir criblé de questions, il ne semblait plus vouloir l’entendre tenter d’y répondre.
Le cérule luminescent galope encore sur ces traits qu’il connait pourtant par cœur. Sa main, anormalement hésitante dans son approche, ose finalement effleurer la joue qu’on lui présente,  après 2,25s interminables à la surplomber. « Tais toi… » répète t-il un peu plus bas, comme transporté peu à peu vers un ailleurs, la pulpe de son pouce passant sur la pommette masculine. Geste qu’il suit, absorbé, presque décontenancé par le familier redevenu étranger.
Plus rien autour de lui ne semble avoir autant d’importance que ce fieffé menteur qu’il redessinait à la pulpe de ses doigts. Sid a depuis relâché sa prise au col, laisse sa main s’y reposer.

Plus rien n’a vraiment d’importance, pas même ces regards qui interrogent, dissèquent et jugent, intrusifs à souhait, en imaginant qu’un androïde de cette envergure (il n’était pas de compagnie, pourquoi ne travaillait-il pas dans les casernes du nord ?) vienne s’en prendre à un siganais de bonne famille; impossible se disent-ils, une diode bleuâtre luit, jusqu’aux arcs orbitaux de ses prunelles.

Impossible, comme le fait qu’un humain puisse s’enticher d’un synthétique.






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MessageSujet: Re: kammthaar + frisbee#2   kammthaar + frisbee#2 EmptyJeu 13 Sep - 10:17

Comme un poids lourd à plus de cent à l’heure sur la quatre voies, Sid te fonce dessus, t’embarques sur plusieurs mètres avant de t’écraser contre un mur. Tu te cognes un peu la tête et, étourdi, tu ne bites pas un mot de ce qu’il raconte. Il s’exprime en allemand, tu piges pas mais quelque chose te dit que tu préférais mieux ne pas savoir ce qu’il grinçait.
Malheureusement pour toi, il croit bon de te faire la traduction -ou un truc du genre, sans te laisser le temps de répliquer -la pire parade pour un beau-parleur dans ton genre. A croire qu’il savait qu’il n’y avait rien de plus révélateur qu’un péroreur réduit au silence.

La pression se relâche un peu, même si tu ne peux toujours pas bouger, tu ne préfères même pas t’y essayer, de peur qu’il prenne ça pour un signe de résistance et qu’il explose ce qu’il te restait de cage thoracique.
Tu vas finalement pour te lancer dans des excuses bidons mais, pour la première fois en plusieurs décennies de carrière de roublard, il t’ordonne de te taire.
Tu ne sais pas si c’est l’enivrement, le choc à l’arrière de ton crâne contre le mur ou simplement son injonction, mais ça te laisse clairement pas indifférent. Si, jusqu’à présent, c’était de l’androïde dans sa docilité et son dévouement que tu t’étais entiché, tu te découvrais un nouveau penchant déviant pour son profil despotique.

Il te caresse la gueule comme jamais personne n’avait essayé (hormis la mère de Bebe quand elle voulait que tu lui cèdes quelque chose) ; l’effet, immédiat, te cloue effectivement le bec. A croire que l’androïde avait pris le pli sur tes méthodes d’intimidation : rester le plus imprévisible possible.
Tu ressembles à un animal apeuré avec ta mèche collée au front, ton regard confus et ivre, ton costume tout rippé des coutures, comme si par sa simple intervention à la deus ex, Sid avait fait tomber les masques pour révéler à son coin de mur quelle épave tu étais vraiment -et de quelle épave il avait pu s’amouracher.

Tu attends impatiemment que ça se calme dans sa caboche, bien qu’elle fût contrie d’insatisfaction et de frustration. Tu te décides enfin à désobéir pour lui offrir un semblant de réponse des plus confuses et des moins crédibles de ton répertoire. « Figure-toi que j’comptais t’prévenir bientôt, j’te jure » Tu attends de voir s’il va encore te sommer de te taire, et tu as l’air presque déçu qu’il te laisse continuer, trop absorbé semble-t-il, par le grain douteux de ton épiderme. Tu clignes fébrilement des yeux, comme incapable de fixer la lumière fluorescente de ses iris.
Disons que, plus que te cacher, tu voulais juste te préserver, parce que se rapprocher ainsi de quelqu’un n’apportait jamais rien de bon ; même Jay s’était laissé piéger par le joli Gali, et depuis, il se trouvait des problèmes et des interrogations que personne ne lui aurait cru capable d’avoir. Et, si votre big boss perdait la tête d’amour, tu te devais de garder la tienne froide, ou alors juste un peu tiède d’alcool.
Cela dit, au vu de la situation actuelle, il n’y avait plus beaucoup de partie de ton corps de refroidie. Borné que tu es, tu mettrais ça sur le coup de l’échauffement qu’avait dû surproduire la carcasse de ton androïde pour te mettre aux arrêts.
Toutefois, c’était bien tes mains qui étaient moites, ton visage qui était rouge, et tout le reste qui s’échauffait peu à peu, à mesure que tu comprenais l’absence de distance qui ne vous séparait désormais plus.

« C’est juste qu’j’me suis fait avoir par le temps, t’sais. J’sais pas, ça doit être l’air de Sigan, mais genre chez vous, ça va beaucoup plus vite qu’dans ma bourgade » Et, s’il y avait autre chose qui allait beaucoup plus vite ici qu’à Altea, c’était ton palpitant.  
C’est que t’en avais oublié un court instant que c’était la première fois que tu le touchais pour de vrai. La première fois donc que vos cervelles n’avaient pas à s’imaginer à quoi s’attendre, puisqu’il était là, du haut de ses 250 kilos, de son tour d’épaules plus larges qu’un char d’assaut, de sa présence plus pressante qu’un camion lancé à vive allure sur l’autoroute, de sa peau synthétique luisante de pluie, et de ses petits tifs auxquels t’avais envie de t’agripper. Tu avais ramassé tes bras contre toi dans un geste puéril de défense, et tes doigts fiévreux s’entortillant sur eux-mêmes trahissaient leur pulsion réprimée de venir se ficher un peu partout sur sa figure.
« J’étais très occupé, t’vois ; fallait qu’j’prenne mes marques, qu’j’rapporte des trucs à Jay. J’veux faire les choses biens, tu m’connais, j’suis un pinailleur. C’est qu’vous êtes quand même la seule galaxie à payer avec votre âge, t’sais ; j’sais pas si t’imagines le boulot qu’ça r’présente pour nous, les faux-monnayeurs… après j’fais ça bien, hein, pour être clean, t’vois. Après tout j’sais pas combien d’temps j’vais rester… ni où d’ailleurs, j’sais pas si t’as une piaule autre que ta niche chez la p’tite Zenia... »

Et désormais, toutes les excuses du monde n’auraient pas suffi à maquiller la tension irréfutable de ta carcasse à toi vers la sienne, comme si tu réclamais qu’il t’encastre encore un peu plus entre lui et le mur, qu’il te gueule encore un peu plus dessus, avec sa voix et ses yeux froids, et son petit moteur de palpitant vrombissant entre vous, se propageant comme deux âmes dans un cluster.
Tu peux réfréner tous les sentiments que tu veux, fermer toutes les portes que tu veux, il persistait des pulsions que tu contrôlais pas, des souffles que tu réfrénais pas et des attentions que tu ne pouvais t’empêcher de réclamer avec ta gueule ouverte et tes yeux qui lui font définitivement pas que des trucs propres.
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Siegfried Schtauffen
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MessageSujet: Re: kammthaar + frisbee#2   kammthaar + frisbee#2 EmptyJeu 13 Sep - 14:36

Bientôt, c’est vexant, blessant au possible même, puisque Garcia avait vraisemblablement voulu le relayer au second plan de son existence.
Quelque chose que Schtauffen ne comprend pas, pour sûr; et dont il n’était pas pleinement conscient encore. Cette exclusivité-là, à moins qu’il ne s’agisse d’une forme de possessivité mal placée, n’était clairement pas sans sous-entendre l’existence de certaines émotions cultivées à son égard. De fait, le regard d’Ulysse aurait pu en témoigner à lui seul, si on avait bien voulu prendre la peine de s’y pencher un peu plus.

Mais ce bientôt, comme les propos qui suivirent - il s’était muré dans un silence persistant, et même ses yeux clairs ne semblaient vouloir se reposer sur ceux de Bobby pour le moment - filaient comme des colibris devant sa conscience-éponge. De quoi accentuer cette seule idée que l’esbroufeur puisse parler dans le vide, malgré les sollicitations piquantes de Sid.
Sid qui avait beau rester attentif mais qui entassait ces informations psalmodiées dans un coin de son cerveau numérique, classées et sous-analysées en arrière-plan ; avec un air mi-songeur, mi-captivé.
Sid qui ne peut être parfaitement là pour l’instant, tant la situation semble dépasser toutes ses expériences passées réunies ; si ce n’est ses espérances même.

En colère ? Triste ? Déçu ? Heureux ? Il ne sait plus vraiment.

Naufragé de sa propre conscience qu’il tente de déchiffrer avec des armes qui n’étaient pas les siennes. À se risquer à dénicher la réponse chez l’autre, vainement.
La raison première d’un tel brouillon émotionnel est dû au choc proprement dit et à ce flux qui ne lui appartenait pas, l’assaillait sans le ménager. Le contact physique avait rendu leurs entités plus perméables et tout ce qui animait la carcasse du quinquagénaire en face de lui semblait le contaminer. Tout se renforce de ce seul fait. Toujours un peu plus. Fort.
Alors soit, il n’a pas l’air d’écouter ce qu’il lui raconte, trop absorbé par ce kaléidoscope de sensations, physiques, émotionnelles, qui le heurtaient plus que n’importe quoi d’autre. Chaque émotion qui pouvait piquer le myocarde de Bobby était à sa portée; les meilleures comme les pires, et c’était aussi compliqué à gérer qu’une Zenia en pleine crise d’adolescence.

Mais quelles étaient les « pires » en fin de compte ?
Le fait que la frustration, la crainte le poursuive de par le choc de leur rencontre-retrouvailles; ou bien cette évidente attraction, singulière d’un spectre qu’il n’avait jusqu’alors jamais découvert à lui seul ?
Et quant bien même l’IA aurait pu faire un effort, la question fut toutefois relevée, lèvres closes :
QU’EST-CE QUE C’EST ?
Ça l’entraîne comme ça le compresse, lui qui n’a pourtant jamais réellement souffert d’avoir cette prison de métal comme véhicule, se sent aussitôt à l’étroit. Il croit ressentir de la chaleur sous la moiteur que lui laissait ses vêtements trempés de pluie. Ses circuits et rien d’autre, qui peineraient à refroidir. L’IA réagit enfin. TEMPÉRATURE DU VÉHICULE EN HAUSSE. Il entend mais ne peut pas faire machine arrière, Bobby est là, il ne pense qu’à ça, à lui. Et enfin, il capture ses yeux en amande qui le scrutent toujours : il vient de prononcer le prénom de son petit trésor, Zenia. L’IA n’aime pas ça c’est vrai, comme il vient de remarquer les bras croisés du malfrat qui marquent un semblant de distance entre eux, alors que tout porte à croire que ce n’est pas de ça qu’il.s réclament.

Sa main n’a pas tout à fait quitté son visage empourpré, elle s’est laissée glisser peu à peu, passant l’arc de sa mâchoire pour rejoindre son cou, lui aussi palpitant sur l’artère carotide. Il y a une nuance dans ce regard qu’il rejoint à nouveau après un court va et vient avec ce point de contact qu’ils partageaient. Un regard qu’il ne comprend plus tout en ayant un indice moteur : ce que Bobby avait sous la carcasse, ni plus ni moins.
CALCUL TERMINÉ. CIBLE : BOBBY. FRÉQUENCE CARDIAQUE : 127 p/mn. TEMPÉRATURE CORPORELLE EN HAUSSE. Ce cœur qui palpite, il a l’impression de l’entendre battre contre sa tempe — quand naquit le besoin curieux de le sentir cogner contre lui, là, maintenant. C’est que Garcia en remet une couche en voulant combler ce vide qui n’en était pas un, à défaut de pouvoir colmater celui qui les séparait physiquement.

Mais c’est déjà trop tard, il veut rentrer.
Le géant se sent oppressé au possible, et cette fois-ci, ne cherche pas à recueillir un quelconque avis ; éclate la barrière psychique qui les séparait d’un élan bélier imprévisible.
Il ne sait pas ce que c’est, vraiment, mais il veut y aller. Poser des mots pour comprendre, il le fera plus tard, il n’a pas été conçu pour ça, il faut qu’il agisse, tout de suite.
TEMPÉRATURE DU VÉHICULE EN HAUSSE.
Et tout ça, toutes ces énergies et vibrations cosmiques n’avaient pas été là sans faire suffoquer les autres du cluster par la même occasion. Et cette chaleur, toujours…
REFROIDISSEMENT NÉCESSAIRE.
La conscience projetée de l’androïde a laissé son front reposer - avec une infinie douceur qu’on ne lui aurait certainement jamais deviné à première vue - contre cet autre, ses grands bras l’enceignant, formant un cocon où passion et lascivité semblaient s’entrelacer avec justesse irréelle.
REFROIDISSEMENT NÉCESSAIRE.
Or, près de deux secondes après, la réalité les dépouille de tout idylle fantasmé par leurs consciences respectives : des étapes sont grillées sous l’émotion inconnue, insoutenable, incontrôlée  ; et Sid vient s’échouer sur le pauvre homme, alors qu’il avait la bouche encore entrouverte…

…sur des propos dont le synthétique n’avait visiblement eu cure.
À préférer le bécoter d'une profonde maladresse, évitant de peu de l’avoir cogné — même si le reste (à la hauteur d’un cafouillage d’ordre anthologique) sembla engendrer un effet similaire. Rien qui puisse faire resplendir leur dignité à l’un comme à l’autre, tant rien ne semblait s’accorder dans cet élan fougueux. Si ce n’est les émotions, elles, qui ne faisaient pas tâche dans le décor, pour ainsi dire.
Il y a encore tant à lui apprendre…
Le reflet de Jensen dans une des flaques d’eau à leurs pieds les scrute brièvement. Un Jensen qui pourtant n’était pas particulièrement emporté par cette entreprise.
Le reste du groupe semble être aussi surpris que décontenancé. D’aucuns n’iraient les remercier pour ce qu’ils devaient certainement subir de chaque côté de l’univers.

Le visage de l’élu piégé entre ses deux mains puissantes, il le délivre tout de même de l’emprise de ses lèvres, sous lesquelles une grimace s’était formée, et à juste titre. Une grimace qu’il a bien remarquée en complément d’une émotion curieusement ambivalente - et interprétée à la péjorative - qui avait pointé le bout de son nez.
Schtauffen réalise et porte deux de ses doigts sur ses lèvres synthétiques, ne sachant pas - ou plus - ce qu’il devait faire sur le moment. La première chose qui lui vint fut de s’excuser. Les rôles sont inversés une fraction de seconde. REFROIDISSEMENT NÉCESSAIRE. Disons, la deuxième, après cette histoire de circuits à refroidir. Or la gêne, qui se démarque dans ce melting-pot bouillonnant, commence à s’instiller dans son esprit ; aussi pour essayer de la noyer il vint l’enlacer et le serrer contre lui.

Ça au moins, il savait le faire, même s’il n’était pas le plus confortable des gaillards. À vrai dire, même la plage arrière d’une vieille Jeep devait l’être davantage.
Des bras devenus un peu trop chauds qui lui hurlaient de ne pas s’en aller. À moins d’avoir à subir sa frustration, une fois encore, et sans univers parallèle pour s’en protéger. Et Sid était le premier à ne pas vouloir ressentir ça de nouveau; pas après avoir reçu et goûté à toutes ces choses.

Enfin, et c’était espéré, il sent son cœur battre contre sa carcasse métallique, mêlé au vrombissement léger de ce qui pouvait être considéré comme étant le sien.

Toutefois, et contre toute attente, le soldat-flic lui dit presque aussitôt :

« Je n’ai pas envie de te tuer. »

Ce qui sonnait plutôt comme une bonne nouvelle au demeurant. C'était aussi incongru que perturbant. Il le serre un peu plus fort sans s’en rendre compte, la nuance étant toutefois minime.

« Alors ne fait rien d’illégal ici. »

Ça s’estompe assez vite heureusement, et lorsqu’il cesse enfin de l’écraser contre lui comme une pauvre peluche qu’on lui aurait confisqué depuis déjà trop longtemps, il va chercher à nouveau les prunelles adverses. Au diable les chimères.

Toujours secoué par lesdites émotions malgré ce calme approximatif, il n’a pas fait de pas en arrière et les deux hommes sont toujours aussi proches qu’ils pouvaient le demeurer, un certain détail trahissant toutefois Bobby. Un détail que l’androïde ne parvint à traduire immédiatement, ses connaissances en la matière étant limitées. Le même détail, la même raideur qu’à cette fameuse soirée où il s’était propulsé dans son corps humain émoustillé. L’œil indiscret et peu subtil de l’androïde va s’accrocher brièvement à cette zone qui ne lui appartenait pas… avant de remonter à son visage.
REFROIDISSEMENT NÉCESSAIRE.
Deuxième coup de fouet, en plein visage : la gêne reprend ses droits, le malaise même, qu’il se connaissait habituellement dans ces situations ; le forçant d’abord à faire un demi-pas en arrière, lâcher son poignet autant que son regard qui se mit à fuir.
INSTABILITÉ DU SYSTÈME. Là il croisa ledit reflet de son binôme flic. L’IA chercha alors à analyser ce regard-là en arrière-plan, ce qui lui sembla hors de portée. Au lieu de ça, les deux billes phosphorescentes semblaient vouloir chercher quelque chose, sans jamais réussir à le trouver. De par le fait : ce que Siegfried cherchait n’était certainement pas palpable.

C’est beaucoup à supporter, avec si peu d’explications fournies pour apaiser l’IA confus.

Passant du blanc au noir, d’un extrême à un autre, Sid se tend un peu et tire le menton vers son buste 2s01, avant de redresser la tête, l’air toujours aussi agité.

QU’EST-CE QUE C’EST ?
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MessageSujet: Re: kammthaar + frisbee#2   kammthaar + frisbee#2 EmptyDim 16 Sep - 14:06

Si un jour tu avais dû faire des pronostics sur l’allure de ta vie amoureuse, tu n’aurais jamais penser qu’elle allait débuter par la vision d’une tour de cathédrale humaine s’essayant à te rouler un patin. Tu n’as pas eu le temps de faire la mise au point sur son bec s’ouvrant en grand qu’il te happait la moitié du visage. Comme un ado en émoi, tu gardes les yeux grand ouverts, incapable de lui rectifier le tir, la tête rentrée dans les épaules, attendant qu’il comprenne que te bouffer la mâchoire n’était pas exactement la bonne marche à suivre.
Quoique, il faut avouer que son initiative, aussi vorace soit-elle, ne te laissait définitivement pas de marbre.
Si tu ne t’en défais pas de surprise, c’est entre autre parce que vos consciences s’en sortent beaucoup mieux que vous, les fronts tendrement joints, comme si le manque et la frustration n’animaient pas cette partie-là de votre monde.

Tu laisses également Sid s’ébrouer quant il te lâche la moitié inférieure de la figure, pour finalement jeter son dévolu et ses 250 kilos contre ta carcasse trempée de sueur et de pluie. Tu te gardes d’abord de toute réaction, comme une poupée de chiffon, le laissant prendre ses marques sur toi, comme tu serais jamais capable d’assumer de faire. Il faut avouer que t’as failli craquer, quand il t’a pris dans ses bras, d’en faire autant, plus que ce que tu ne fais là, à passer les bras sous l’épaisseur traîtresse de son manteau, et de laisser vagabonder tes paluches dans son dos. T’as le nez dans son cuir, ses biceps qui compriment dangereusement tes cervicales, et puis merde quoi, personne t’avait jamais accueilli comme ça, à corps perdu, comme si, pendant quelques minutes, t’étais le truc le plus beau à ses yeux. T’as failli craquer et le serrer encore plus fort, finissant d’écraser ton visage comblé à la chute de son cou. Parce que cette étreinte et ce squelette d’acier que tu sentais sous ses habits, c’était la promesse de quelque chose qui dure. Sid était incassable, et par la même inépuisable : Sid te promettait par là de plus jamais te quitter, de ne plus jamais te laisser partir.
Et ça faisait, quoi, cinquante ans que t’attendais que quelqu’un t’ordonne un truc pareil ?
« Je n’ai pas envie de te tuer. Alors ne fait rien d’illégal ici. » Tu te marres un peu contre le cuir de son col de manteau. Oups, touché. « Me tente pas. » Au vu de l’effet qu’une simple injonction t’avait fait, tu ne te surprendrais pas à trouver quelque plaisir que ce soit à le voir essayer de te tuer. La perspective qu’il réussisse, en revanche, ne semblait pas atteindre ton cerveau gonflé de concupiscence.
« T’inquiète pas, poussin ; papa, il va faire les choses bien cette fois-ci et il passe par la grande porte~ »

Il n’y a vraisemblablement pas que ton cerveau qui est gonflé d’ailleurs, à le voir reculer d’un pas, le nez baissé sur le renflement entre tes jambes. Y’a les questions qui se bousculent au portillon de sa conscience que c’en est presque adorable. Tu ignores s’il est gêné que ce genre d’incident puisse t’arriver par sa faute, et qui plus est, dans un lieu public, ou bien s’il n’a tout simplement pas la moindre idée de ce dont il s’agit. Ça ne te rassure pas trop, et tu espères que ce genre d’ingénuité ne vient que du fait qu’il ne soit pas programmé pour avoir ce genre typique d’incidents matinaux… encore faudrait-il qu’il soit équipé pour ça…
« Ça, bébé, ça veut dire qu’daddy est très content d’te voir » Tu sers brièvement les cuisses, présumant naïvement que ça allait te rendre plus discret.

« Faut pas avoir peur d’ce genre de trucs, hein ? Surtout pas un grand gaillard comme toi » Tu plantes ton regard dans le sien, plantes tes mains autour de ses épaules et dans ses cheveux, pour le ramener à toi. La poigne dans son cou contraste avec la fébrilité de vos bouches qui se frôlent quand tu parles.  
Vos projections tournent moins autour du pot puisqu’elles ont remis le couvert, s’embrassant tout comme il faut, à croire qu’elles apprenaient plus vite que vous.
Toi, en attendant, tu sers juste à le calmer, histoire que les ardeurs de vos consciences ne le mènent pas au black-out.

Et il y aurait de quoi le faire virer à l’écran bleu, tant tu l’arroses d’images d’une brièveté terrible, et pourtant suffisamment suggestives pour lui faire miroiter des trucs dont l’androïde de guerre qu’il était n’avait même pas idée : des images vibrantes où tu tombes à ses genoux, la bouche ouverte, où il s’arque à quatre pattes sur un lit, la goule dans les draps défaits, où tu te contorsionnes sous lui sur la banquette arrière d’une voiture dont les suspensions grincent à tout-va. Si tu fermes les yeux, tu peux les voir aussi, et c’est pas vraiment ce dont tu avais besoin présentement pour calmer ton emballement. Mais Dieu, que c’était ce dont tu avais envie. Tu avais beau avoir fait des plans sur la comète pour te frayer un chemin jusqu’à Sigan, la véritable raison de ton entreprise était là, en chair et en acier, encore un peu trop habillée à ton goût. On pouvait te prendre pour un détraqué, à te languir de désir pour une boîte de conserve même pas dernier cri. Mais au vu de ce dont les véritables êtres humains étaient capables, et ce dont tu avais pu être témoin, t’étais pas loin de penser que de vous tous, Sid était ce qui se rapprochait le plus d’une âme. Contrairement à vous, il n’était pas constamment pétri de mauvaises intentions ou d’auto-destruction. Sid ne faisait pas semblant de ne pas comprendre. Il n’avait pas honte de ressentir, puisque c’était au contraire sa plus grande réussite. Et, si un jour, tu avais effectivement l’occasion de lui en faire voir de toutes les couleurs et de toutes les positions, alors tu pourrais te targuer d’avoir accompli au moins une bonne oeuvre dans ta vie.

Tu rouvres un oeil, bouffant ta bouche pour pas assaillir la sienne. « Va falloir être plus précis sur c’qu’est légal ou pas d’faire avec un androïde ici... » Un coup de menton aux passants qui, au vu de ta triste mise, te dévisageaient plus que Sid, comme si tu dévergondais ce pauvre petit androïde -ils n’avaient donc pas idée de ce qui était en train de se passer sur un autre plan astral.
Cela dit, il s’agissait pas que tu lui promettes de faire ta vie proprement si c’est pour que vous finissiez en garde à vue pour attentat à la pudeur sur la voie publique -le tout Sigan était juste jaloux que tu te dégotes un tel modèle, ouais.
Tu réajustes pensivement les plis de son manteau, et essuies son front trempé de pluie. « Alors j’s’rais ravi qu’tu m’récites mes droits et mes d’voirs de bon p’tit Siganais, une fois qu’on s’ra posé dans ta piaule. » Tu lui grattes le menton, haussant les sourcils. « Parce que j’vois bien dans tes mirettes que tu meurs d’envie d’me faire » l’amour -non, ça c’est toi « faire le tour du proprio~ » Vu que ça faisait maintenant un petit moment que la vieille riche que t’avais planifiée de séduire afin de ne pas passer la nuit dehors s’était carapatée dans un taxi.
Et, au vu de la circonférence de ses épaules dont tu avais du mal à faire le tour, ça n’était peut-être pas plus mal.
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Siegfried Schtauffen
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MessageSujet: Re: kammthaar + frisbee#2   kammthaar + frisbee#2 EmptySam 6 Oct - 17:23

« Me tente pas. » ça ne l’enchante pas, et c’est certainement parce qu’il ne comprend pas où il veut en venir. Bobby pensait à autre chose, qu’il léchait du bout des doigts sans y trouver une définition concrète. Tout ce qu’il savait c’est que la seule idée d’illégalité n’était pas une option; quant bien même ça lui était arrivé lui-même d’en faire fi. Toujours par erreur, ou par excès d’humeur ; ce qui semblait être un argumentaire un tantinet plus solide que celui du menteur emprisonné entre ses bras.

Bébé, poussin, papa, — les termes employés ne font qu’agiter davantage l’IA, qui se déforment sous l’incompréhension, mais jamais assez pour atteindre la réalité cachée sous les artifices verbaux. Il ne l’aide pas. Il le torture et à bien des niveaux — et ça lui fera mal de se l’avouer, mais il aime ça. Il aime ressentir à outrance, parce que ce qu’il a à lui donner est aussi inédit que délice. Mais qu'avant et surtout, ça le rend vivant.

inédit + délice = effrayant

Est-ce que ça aussi, il le sent ?

REFROIDISSEMENT NÉCESSAIRE.

Et il pointe du doigt ce sur quoi il voulait faire l’impasse. Schtauffen essaie alors d’aligner quelques mots, pour se défendre, pour tenter de rétablir un semblant de compréhension, d’équilibre. Bobby revient vers lui et réinvestit son terrain, une main moite contre sa nuque. Les images pleuvent, les scénarios aussi, il a l’impression de les lire dans ses yeux, projeté.e.s contre son corps alors qu’ils sont bel et bien là, agglutiné l’un contre l’autre sous une pluie ingrate.

Son IA avait beau être performant, il ne l’était certainement pas autant que les super-serveurs qui faisaient tourner ce monde numérique dystopique.

shutdown -r -f -t 5 -c "emergency cooling program"

5…

La conscience vacille. Lui aussi, littéralement.

4…

« Faut pas avoir peur d’ce genre de trucs, hein ? Surtout pas un grand gaillard comme toi »
C’est pas ce que tu crois. C’est juste que…

3…

Il avance d’un demi-pas, se colle à Bobby pour le faire reculer doucement mais sûrement, au fur et à mesure.

« Je n’ai pas peur, »
…je ne comprends pas tout ça.

2…

Quand le dos du quinquagénaire retourne contre le mur, la montagne métallique s’en sert aussi comme appui, d’une seule main, de peur de l’écraser si jamais il ne parvenait pas à…

« J’ai »
…mais pourquoi t’es là ?

1…

Les articulations bloquées, le scintillement moins important de ses yeux figés, Sid perd conscience et garde heureusement l’équilibre. Avoir coupé partiellement le courant avait au moins réussit à diminuer ladite température qui s’accumulait sous son lourd manteau; mais avait fait disparaître aussi sa projection pendant quelques minutes — 1m57s d’absence — où l’IA en veille ne rêve que d’un puits sans fond aux séquences outrageusement simples. Le tout sans entendre une seule fois la voix de Bobby qui pourtant résonnait encore dans son champ auditif. À lui à qui on avait offert brièvement une machine amorphe.

L’épreuve ne dure pas plus : quand il reprend ses esprits, il sent Bobby un peu plus accroché à lui encore ; peut-être avait-il tenté de le faire revenir,  et si tel est le cas il ne saurait dire comment. L’androïde regarde brièvement autour d’eux pour refaire un état des lieux, quand il sent une main sur l’arc de sa mâchoire métallo-synthétique, qui fait rabattre presque aussitôt ses prunelles luminescentes sur l’homme à l’allure débraillée. Il lui faut toutefois quelques secondes pour réinstaller progressivement ses programmes et refaire tourner la machine correctement. Il ne répond pas tout de suite aux sollicitations de Garcia.
Quand finalement il en place une en différé… « Je n’ai pas peur, » sûr de lui mais pas de l’avenir. Il a l’air presque calme, de retour sur des rails neufs. Malgré ça il n’oublie pas. Et malgré ça il lui en veut toujours. Presque autant qu’à lui-même, pour le coup :

1m57s où il aurait pu se passer n’importe quoi.

(Faire les choses bien cette fois-ci, passer par la grande porte-)

Alors qu’il ôte sa main du mur et caresse le visage trempé de Garcia, l’IA commande en arrière-plan un taxi après avoir transmit ses coordonnées GPS. Les murmures à l’allure de prières lui sont offertes, tant qu’il le peut encore — il ne veut pas d’une énième absence, il ne veut pas qu’il s’échappe, il ne se veut plus aussi vulnérable. Ses mots qui connotaient pourtant sa fièvre obscure…

« Explique-moi- » ce qui se passe « -je ne comprends pas pourquoi » j’ai besoin de toi contre moi « pourquoi je ne comprends pas- » pourquoi là où je veux avoir des réponses, il n’y a que tumultes et typhons ? pourquoi tu ne m'embrasses pas ?
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MessageSujet: Re: kammthaar + frisbee#2   kammthaar + frisbee#2 EmptyDim 7 Oct - 19:32

Il fait un pas vers toi et t’en peux déjà plus ; tu cèdes comme un dépravé, à t’arquer outrageusement contre le mur, t’offrant comme si t’avais plus rien à perdre. Tu te rends compte que tu as fermé les yeux lorsque tu finis pas en rouvrir un, après que rien ne se soit passé pendant les secondes que tu croyais décisives. Au lieu de te prendre fiévreusement dans votre coin de ruelle, Sid s’était juste immobilisé. Même sa projection a disparu. Ça te fait concrètement l’effet d’un coup de coude dans les boules : improbable, ridicule et douloureux. Tu regardes autour de toi, pour voir si ça avait alerté quelqu’un que ton androïde s’éteigne sur ta gueule. T’as peur de faire le moindre mouvement, craignant qu’il ne te tombe dessus d’un bloc dans un grincement sinistre, comme ses pétroliers à la dérive au large d’Altea. « Il nous fait quoi, là... ? »

Passés les claquements de doigt comme pour réveiller quelqu’un, tu finis par te décider à essayer de le rallumer. Tu cherches un interrupteur de redémarrage, à un endroit aussi incongru que dans les mauvais films pornos que t’avais regardés, impliquant un androïde, prétextant alors te renseigner sur les us et coutumes de Sigan, bien que par la suite, on t’assure qu’aucun androïde n’avait besoin de se faire prendre par derrière pour une révision ou une mise à jour.
En plus de ça, Sid ne te facilite pas la tâche, saucissonné qu’il est dans ses 40 couches de cuir ; pas que tu trouvais pas ça attrayant -c’était sans doute la première fois que tu rencontrais quelqu’un qui portait si bien la ceinture- ça éveillait même un truc en toi, mais disons que pour la fouille au corps, on faisait plus pratique.

T’as donc les mains passées un peu partout autour de lui comme un très mauvais pickpocket lorsque ses yeux semblent se rallumer. T’entendrais presque un petit bruit de moteur se remettre en branle, te renvoyant à la gueule que c’était pas un humain en chair et en os que t’avais en face de toi. Un coup de couteau dans le bide, et il avait certainement pas une platrée d’intestins qui s’écrasaient à ses pieds, comme tu avais eu l’occasion de faire subir à quelques détracteurs. « Welcome back, baby. »

Sa projection se rallume dans ta conscience, et elle s’empresse de rejoindre la tienne, et de s’entortiller l’une à l’autre, tandis que tu restes un peu bête, comme pris sur le fait à essayer de le dépouiller.
T’es conscient que c’est toi qui es responsable de son soudain shut down et tu sais pas trop sur quel pied danser, bien que ça ne soit pas la première fois que tu t’attires des foudres ou des reproches, à trop chauffer quelqu’un.
Parce que tu le sens vouloir de toi, à se douter que c’était lui à l’origine de tes bouffées de chaleur. Tu sens qu’il s’en approche, de la réponse, mais c’est comme s’il voulait te l’entendre dire. Cela dit, ça faisait approximativement 50 ans que t’avais jamais rien confié d’intime à personne, alors tu doutais pouvoir céder à la tentation maintenant, surtout auprès d’un androïde qui risquait de se reboot à la seconde même où tu lui listerais tout ce que t’avais envie de lui faire et qu’il te fasse.
Ce n’était d’ailleurs pas la première fois qu’il vous faisait le coup ; c’est que vous n’y alliez pas de main morte, dans le cluster, à lui poser des questions toutes plus gênantes et intrusives les une que les autres. La plupart du temps, il se contentait de couper la connexion, mais tu te demandais à présent si son IA ne lui forçait pas un peu la main en le foutant en veille de force.

Et pourtant, il est là, avec son regard implorant et sa main sur ta joue, à en demander plus, et tu te retrouves comme un con, le cul entre deux chaises, le cul entre deux fantasmes, à ne pas savoir comment le gérer. Parce qu’il est précieux et que t’as envie d’y faire gaffe.
Alors tu optes pour un appât des moins délicats, sans trop suggérer, lui dévoilant un sorte de vérité crue, en la rendant désinvolte, comme si ce que vous désiriez était la chose la plus banale du monde alors qu’avec d’autres, ce genre de conversations seraient beaucoup plus délicates.
Un haussement d’épaules, alors que tu frottes ta joue grise dans le creux de sa main. « Bienv’nue dans le monde compliqué des émotions ; » ta voix s’étouffe un peu, alors que tu égares ta bouche dans sa main, avant de reprendre « pour faire simple, il s’agit juste de faire le tri entre tout ce que t’as envie d’faire ou dire aux gens. Genre, ceux qu’t’aimes pas, t’as envie d’leur faire du mal, t’vois, et ceux qu’t’aimes bien, tu veux leur faire du bien » Une seconde pause, le temps de modérer ta respiration, cherchant la manière la moins suggestive pour lui expliquer tout ça. « Donc papa, il veut t’faire beaucoup de bien, mais t’as clairement pas été programmé pour ça, donc va falloir y aller doucement, ok ? » Tu le vois de là se vexer, alors tu ne le lui laisses pas le temps d’intervenir, tapotant son front. « J’sais bien qu’t’as pas peur, mais j’crois ta caboche elle préfère quand c’est toi qui prends les initiatives, alors pour l’instant, j’vais t’ménager un peu... Mais ça veut pas dire que j’suis pas content d’te voir hein ! » C’était un peu une première pour toi, de prendre tant de précautions ; d’habitude, quand tu voulais quelque chose, tu te l’obtenais, souvent même de la pire des manières qui soit. Mais tout portait à croire que jusqu’à présent, t’avais jamais autant voulu quelqu’un. Alors, comme pour faire durer le supplice -mais aussi parce que c’était le seul moyen qu’il ne tombe pas encore en rade- tu ne lui accordes qu’un presque trop pudique baiser au coin de la bouche.

« J’avais envie d’te voir » que gémit ta voix rendue feutrée par la confession. C’est peut-être le truc le plus sincère que tu puisses lui dire, même si ça colle pas avec le fait que tu l’aies pas prévenu que t’étais à Sigan, ni avec le fait que tu squattais sa dimension tout le temps.
C’est juste que t’avais envie de le voir et de le sentir pour de vrai ; et si t’as fait la connerie de différer ton arrivée et de la lui cacher, c’est peut-être parce que tu aurais été incapable de faire quoi que ce soit d’autre, une fois vos chemins croisés pour de bon. Ça fait 50 ans que t’as jamais dit à quelqu’un que tu l’aimais peut-être parce que t’as jamais cru ressentir un truc pareil. Il y a eu des histoires à part, Polly et Roy, ou même ton frère, mais tous ceux-là avaient souffert de ta connerie à l’époque, et c’est peut-être en les ayant perdus que t’as pris tout le reste de ta vie avec des pincettes, pour te préserver une nouvelle fois de te briser le coeur.

Tu ne garantis pas que Sid sera totalement épargné, au contraire. Il y avait des décisions que tu ne reproduirais pas, en revanche, votre situation t’offrait un panel de nouvelles conneries à faire. La suite risquait même d’être compliquée ; mais le truc c’est qu’à force de porter la poisse, on ne pense plus à ce genre de détails, ces petites lignes en bas du contrat que ses yeux d’amoureux évincent d’un regard sur toi.
Une autre paire de phares, moins bandantes, dans ton champ de vision. Personne d’autres aux alentours « J’crois qu’c’est pour nous l’taxi, hm ? » Tu ravales un peu trop de scénarii dans lesquels il t’épingle à la banquette arrière, enhardi à l’idée que ce genre de bagnole devait être en pilote automatique. « S’tu veux j’t’expliquerai tout c’que tu veux une fois au sec, parce qu’à c’rythme-là, j’vais rouiller plus vite qu’toi. »
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