don't leave (clilea#1)

La colère le surprend. Les colères d'Azalea le surprennent à chaque fois mais en soit, Cliff ne pense pas bien comprendre les femmes. Quand il en parle à Jad, elle lève les yeux au ciel et rit faiblement aux histoires qu'il peut bien lui raconter. Elle le trouve idiot. Lui, de son côté, les trouve beaucoup trop émotive et surtout, intense. Si Jad peut lui offrir de sacrées colères, elles ne battent pas celles de sa copine. Car Aza, elle frappe brusquement quand Cliff a souvent l'impression que tout se passe bien. Un moment, elle est mignonne comme tout et ils pensent un bon moment, à deux, sans avoir besoin de se soucier de quoique ce soit et brusquement, elle lui balance des misères à la gueule comme s'il venait de faire la pire chose qui soit. Comme à l'instant. Cliff lève les yeux de son téléphone pour la dévisager, déconcerté et surtout, embêté. Il pensait avoir régler le problème en lui proposant un restaurant pour lui faire plaisir. Mais Azalea rage de nouveau et uniquement pour quelques messages. Le joueur d'exy serre les dents et laisse son téléphone tomber sur la table en lui lançant un regard exagéré, comme si la chose allait suffire pour la faire taire. Mais elle continue et, après une énième plainte et accusation, elle finit par quitter la table. oh eh, aza franchement qu'il gronde à tendre le bras pour l'attraper, mais elle file déjà. Cliff soupire et lève les yeux, restant assis sur la banquette. franchement az' Il passe une main dans sa crinière folle et, exaspéré, la regarde se rendre au comptoir et faire des manières au serveur. Les sourcils se froncent et Cliff gronde, un instant, avant de reprendre son téléphone. n'importe quoi vraiment. Il lit les derniers messages de Jad lui parlant d'un gars quelconque puis ceux d'Antoni, affichant une fille plutôt canon dont l'hispanique pense pouvoir ramener chez lui. Quand il envoie sa réponse, Azalea est de nouveau là, face à lui, et toujours furieuse. Le poète lui lance un regard ennuyé. Bah alors, t’attends quoi ? Un miracle. La paix. Un moment de silence. Cliff la dévisage et ne dit rien. Il est découragé. C’est qui ? Une meuf, un mec ? Il est conscient que t’as une copine, ou alors tu lui racontes des salades, à lui aussi ? Il serre des dents et balance ; mais de quoi tu parles, aza ? c'est n'importe quoi là, ta crise. Certes, il fait le lien entre les messages qu'il reçoit et sa crise, mais il ne voit pas plus loin que cela. Elle n'a aucune raison d'hurler de la sorte pour quelques messages lui venant de ses amis. C'est déjà un miracle que Cliff en possède, des amis. Si tu voulais pas venir, t’avais qu’à le dire, tu sais ? Au lieu de me faire des coups comme ça. Un soupir quitte ses lèvres et il secoue la tête, avant de tourner ses yeux vers la fenêtre. Pendant un moment, Clfif envisage de lui offrir un silence. Il aimerait qu'elle fasse la même chose, tiens. Pourquoi elle ne fait pas partie de ces filles qui font la gueule en tenant le silence ? Antoni dit que c'est l'horreur mais, sur le coup, Cliff aimerait bien se prendre ça à la gueule, plutôt que des accusations.
Il finit par tourner les yeux vers elle et s'avouer vaincu, comme à chaque fois. Mais forcément, Cliff n'est pas délicat et plutôt que de lui parler d'un ton doux, il aboie également, découragé. j'sais pas c'qui se passe dans ta p'tite tête, babe, mais c'est du n'importe quoi c'qur tu dis. Il la dévisage un instant et soupire encore, avant de se redresser de peine et de misère, et d'aller s'asseoir à côté d'elle. Azalea fait toujours la moue et Cliff percute son épaule de la sienne et lui sourit, un peu, pour la faire sourire. allez babe, fais pas la gueule. Son bras passe autour de ses épaules et, une seconde, Cliff enfouit son nez dans ses cheveux. Il a du mal avec les contacts, et ce pour des raisons qu'elle ne connait pas, mais lorsqu'il les exécute lui-même, la chose est beaucoup plus simple. Étonnement, c'est dans les moments comme celui-ci que Cliff est beaucoup plus démonstratif, car Azalea fait la gueule et ne cherche pas à le toucher, de son côté. Il ne risque rien. Aucune tension, aucun sursaut. tu veux voir mes messages ? c'jad qui m'parle d'son plan cul et antoni, aussi. Il délaisse sa crinière pour chercher son regard. Elle fait toujours la moue. Alors, du bout de son doigt, il appuie au coin de ses lèvres pour forcer un sourire. C'est une chose qu'ils font, souvent, l'un sur l'autre. Vu le nombre de fois où ils font la gueule, aussi. anto m'confirmait qu'il dormait ailleurs, c'soir, parce que j'lui avais d'mandé. pour t'inviter à dormir au dortoir. Techniquement, il n'a pas le droit d'inviter de filles dans les dortoirs. Mais Cliff n'y prête pas attention. Surtout en ayant un peu d'alcool dans les veines. sauf si tu veux rester avec le gars aux dents moches, au comptoir. j'l'ai vu mangé sa crotte de nez, toute à l'heure. Il fait une grimace exagérée, pour tenter de la faire rire.

Et puis même, Lila est trop fière.
C’est pas une qualité, une trop grande fierté, elle le sait. Ça fait faire des trucs débiles pour garder la face -- Cliff est bien placé pour le savoir. Mais elle y peut rien, elle est comme ça. Elle va pas s’excuser d’être qui elle est. On l’accepte telle qu’elle est, ou alors on mérite pas d’être dans sa vie : c’est ce que ses nombreuses lectures sur le self-love lui ont appris. Il faut faire passer son bien-être en priorité, se préserver soi, et tant pis si ça ne plaît pas aux autres.
Elle a probablement loupé ou oublié les paragraphes sur le pardon, la patience et les compromis, essentiels à l’harmonie et à une vie équilibrée. Sacrée mémoire sélective. mais de quoi tu parles, aza ? c'est n'importe quoi là, ta crise. tsk. Bien sûr, c’est toujours n’importe quoi, aux yeux de Cliff, ses crises. Le fait même qu’il appelle ça des crises la gonfle. Elle aime pas ce mot, il est trop péjoratif, il la fait passer pour une écervelée.
Il soupire, elle croise les bras sur sa poitrine, déterminée à lui faire comprendre pour la énième fois que quand il est avec elle, il doit vraiment être avec elle. Elle ne le regarde pas directement, juste du coin de l’oeil pour jauger la situation, n’ayant absolument aucune idée de quel tour va prendre la conversation. Est-ce qu’il va être nul et la laisser là ? Est-ce qu’il va essayer de se faire pardonner, et être honnête avec elle, pour une fois ? Est-ce qu’il va tenter de calmer les choses en l’endormant avec des histoires pourries auxquelles elle ne croira qu’à moitié ? Tout est possible, à ce stade. j'sais pas c'qui se passe dans ta p'tite tête, babe, mais c'est du n'importe quoi c'qur tu dis. Elle attend la suite, toujours sans le regarder. Tout est encore possible. C’est comme un jeu de dés, un tirage de numéros, on ne sait vraiment jamais sur quoi on va tomber.
Finalement, il bouge. Est-ce qu’il s’en va ?
Lila prépare des mots pas très jolis dans sa tête. Oh, non, il s’assoit à côté d’elle. Elle ravale ses injures. allez babe, fais pas la gueule. Il passe son bras autour de ses épaules. Elle garde sa moue de fille pas convaincue, malgré le sourire de son copain. Elle sent qu’il s’approche de ses cheveux. Il tente l’approche tendre. Celle-là n’est pourtant pas la plus habituelle. Lila est à l’écoute. tu veux voir mes messages ? c'jad qui m'parle d'son plan cul et antoni, aussi. Elle fronce toujours les sourcils, pince toujours les lèvres, mais Cliff la force à un sourire, et, très franchement, elle ne monopolise aucun muscle de son visage pour l’en empêcher. Parce qu’il est mignon quand même. Un peu. anto m'confirmait qu'il dormait ailleurs, c'soir, parce que j'lui avais d'mandé. pour t'inviter à dormir au dortoir. Elle lâche un petit mmh intéressé, pas encore sûre d’à quel sauce elle va le manger. Mais l’idée qu’il ait pensé en amont à demander à Antoni de dormir d’ailleurs calme un peu ses nerfs. sauf si tu veux rester avec le gars aux dents moches, au comptoir. j'l'ai vu mangé sa crotte de nez, toute à l'heure. ew. Elle tourne un visage dégoûté du côté du comptoir. s’il met ses mains dans mes oeufs brouillés j’y touche pas. dit-elle avec une grimace, qui répond à celle que Cliff arbore. Elle finit par décroiser les bras, sans pour autant chercher à créer un contact physique supplémentaire avec lui. Elle le sent pas. Pas maintenant. C’est dommage, parce que s’il a vraiment prévu qu’ils soient tous les deux ce soir dans le dortoir… Ce serait mieux qu’ils soient dans le mood.
Lila a du mal à voir comment ils peuvent y arriver vu le yoyo auquel ils jouent depuis le début de la soirée.
je faisais pas de crise. finit-elle par rétablir, ne perdant pas le nord. c’est juste que j’aime pas quand t’as la tête ailleurs comme ça. dit-elle, très sincèrement, au lieu de tourner autour du pot comme jusqu’à maintenant. ça me donne l’impression que t’as pas envie d’être là et comme tu m’écoutes pas j’ai l’impression que y’a plus intéressant que moi et c’est pas que je devrais être plus intéressante mais… Elle hausse les sourcils et soupire. un peu, quand même. Elle lève les yeux vers Cliff, attend un peu. Puis elle finit par ajouter, après avoir délaissé pour de bon le reste de sa petite moue : moi non plus, je sais pas ce qui se passe dans ta tête, babe. dit-elle, faisant écho à ce qu’il lui a dit un peu plus tôt. Parce que c’est la vérité : elle n’arrive jamais à le comprendre, tout comme lui n’arrive pas souvent à la comprendre. C’est comme s’ils parlaient des langages différents et tentaient toujours de faire comme s’ils parlaient la même langue. Elle a envie de lui dire : j’veux juste que tu me rassures ou quelque chose comme j’ai juste peur que tu t’intéresses plus à moi, mais rien ne sort, parce que… la fierté, toujours la fierté. Lui dire ça, ce serait admettre qu’elle est vulnérable, que tout ça un impact réel sur elle.
c’est un alien, du coup? demande-t-elle en haussant les sourcils, curieuse pour Antoni. Elle est presque sûre que la réponse est oui.

Azalea lui donne mal à la tête et au coeur, mais au moins, elle lui fait ressentir quelque chose. Quelque chose de vrai, à chaque fois. Cliff aime ça. Il aime être certain de chacune de ses émotions, qu'importe laquelle, en sa présence. Qu'elle soit bonne ou mauvaise, elle est honnête. Elles sont toujours fortes ou trop vives, trop présentes et envahissantes mais au moins, elles sont vraies. Elles lui donnent l'impression d'exister, d'être là, en dehors de toute la merde qui tourne en rond, dans sa tête. Azalea lui fait oublier le reste, trop souvent, et même si parfois c'est pour de mauvaises raisons, Cliff en a de besoin. Il y a beaucoup de choses auxquelles il se refuse de penser. Et il préfère encore être ennuyé par ses crises et ses caprices, par leur dispute et par les hurlements que par les chimères qui se trouvent dans sa tête. Certains les jugent ; Cliff a conscience des ragots et des murmures mesquins sur leur relation, lui même en disant de nombreux, mais il n'en a rien à foutre. Il ne saurait dire pourquoi. Ils ne sont pas parfaits. Loin de là. Mais ils sont eux ; ou du moins, Cliff aime croire qu'il est vrai, avec elle. Et peut-être est-ce l'une des raisons pour laquelle ils sont aussi brisés, aussi poisons l'un pour l'autre mais au moins, le faux est si minime, comparé au vrai. Azalea ne lui donne pas des ailes mais elle l'aide à garder la tête hors de l'eau. C'est mieux que rien. C'est mieux que tout ce qu'il a connu, jusqu'à présent. Il n'aurait jamais cru avoir droit à quelque chose comme ça.
Elle l'emmerde, fort. Très profondément. Cliff se demande, souvent, comment il fait pour la supporter si souvent, et s'il envisage parfois de rompre et qu'il le fait, à l'occasion - et elle aussi - il revient toujours vers elle. Il l'aime, à sa manière. Peu importe à quel point elle le met en rogne.
Peu importe à quel point il est las, d'elle, trop souvent.
C'est pour ça, alors ; pour ça qu'il se presse contre elle, passe un bras autour de son épaule, et lui offre une nuance de vérités, avec de légers mensonges, pour qu'elle cesse de lui faire la tête. je faisais pas de crise. c’est juste que j’aime pas quand t’as la tête ailleurs comme ça. Cliff lève furtivement les yeux au plafond et soupire. Elle l'exaspère horriblement, mais il a l'habitude. C'est ce qui fait son charme, dans un sens. lila ... Il soupire son prénom comme si elle était coupable, comme si elle faisait un caprice, encore. C'est certainement le cas. ça me donne l’impression que t’as pas envie d’être là et comme tu m’écoutes pas j’ai l’impression que y’a plus intéressant que moi et c’est pas que je devrais être plus intéressante mais… un peu, quand même. Cliff soupire encore et passe sa seconde main dans ses cheveux, non pas énervé mais un peu las de ça. Ce n'est pas la première fois, après tout, qu'elle lui fait la remarque. Mais Cliff ne sait pas quoi lui dire. Oui, il a la tête ailleurs, parfois. Il pense à ses potes et à d'autres choses, mais au moins, il ne pense pas à ça, à ses chimères. Mais ça, il ne le dira pas. Il faudrait juste qu'Azalea sache qu'elle l'empêche de penser aux horribles choses, et qu'elle en soit contente. tu devrais savoir que c'complètement faux. Il tourne les yeux vers elle pour se rendre compte qu'elle le regarde, déjà. Lila est belle. Son regard est sombre, comme ses cheveux, et Cliff aime la fixer. moi non plus, je sais pas ce qui se passe dans ta tête, babe. Il grimace brièvement face au surnom, pas certain de l'apprécier. Antoni l'appelle parfois comme ça, pour se moquer, depuis qu'il a entendu Lila le dire. Elle ne le sait pas, forcément. Il vaut mieux. Jad aussi le fait, à l'occasion, de manière beaucoup plus mesquine. Et ça, Cliff ne désire pas que sa petite amie le sache. c’est un alien, du coup? Les paroles le surprennent. hm ? qui ? Perdu dans ses pensées, encore. Cliff fait mine de rien, la conversation lui revenant à l'esprit. le plan cul d'anto ? j'sais pas. rien à foutre. Son bras fait un peu plus pression contre les épaules de Lila, comme son corps contre le sien. Il la regarde dans ses yeux et prend sur lui, une seconde, pour poser un baiser sur son nez. Le geste est puéril ; il sait qu'elle n'apprécie pas. Cliff est certain qu'elle adore, secrètement. t'es belle ce soir. j'te l'ai dit ou pas ? Azalea l'est toujours, belle. Cliff la préfère le matin, pourtant. Pas spécialement car ils ont fait quelque chose la veille - il n'aime pas y penser - mais car elle aime porter ses hoodies trop grand, et ses yeux sont cernés, son visage sans maquillage, et ses cheveux maladroitement nouées. Il la trouve plus à nue ainsi que dans ses draps. La vision lui parait plus intime, et le touche d'une autre manière. C'est dans des instants du genre qu'il se dit qu'il l'aime.
Il se racle la gorge, un peu mal à l'aise, par les pensées. Ses iris dévient des siennes ; il se demande quand les assiettes vont arriver. hm. et donc ? Le moche parle au cuisinier ; peut-être bientôt. Quand il ramène son regard vers elle, il est plus ouvert, presque timide. tu dors chez moi ? j'ai rien d'main. et j'sais qu'toi aussi. Sur les lippes, un fin sourire, un peu innocent. on pourra bruncher encore ? Il ne l'aime pas parfaitement, mais il l'aime vraiment.
Sur la table, son téléphone vibre. Cliff ne regarde pas le message, cette fois. Il la regarde elle.

tu devrais savoir que c'complètement faux. Lila hausse les épaules. Peut-être, qu’elle devrait savoir. La plupart de ses copines lui disent qu’elles ont une confiance aveugle en leur copain. Mais le truc, c’est qu’il peut bien dire ce qu’il veut, elle n’a aucun moyen de vérifier que Cliff lui dit bien la vérité. Elle lui demande de lui parler, en lui rappelant qu’elle n’est pas dans sa tête… Mais en même temps, ce serait mentir que de dire qu’elle est prête à croire quelque chose à partir du moment où il lui dit. Elle aimerait. Mais la confiance, comme ça, c’est pas vraiment quelque chose qui lui est familier. Après tout, sa propre famille lui sert des phrases toutes faites depuis des années sans que la sincérité atteigne leurs yeux. Leurs lèvres prononcent des mots, mais leurs regards disent toujours quelque chose de complètement opposé. Comment est-elle censée croire Cliff, alors que ses parents ou sa soeur jumelle, déjà, ne sont pas toujours honnêtes avec elle ?
Mais bon. Le fait qu’il lui parle au moins un peu de ce qu’il ressent, c’est toujours mieux que le silence, qu’elle prend pour de l’indifférence. Ça aussi, sa famille en est spécialiste. Donc oui, même si elle n’est pas sûre de la véracité de ses paroles, vaut mieux qu’il tente de parler plutôt qu’il se taise.
Elle change de sujet, parce que même si elle a pas dit clairement ce qu’elle ressentait, elle se sent beaucoup trop vulnérable et impuissante, soudain. hm ? qui ? le plan cul d'anto ? j'sais pas. rien à foutre. Elle est presque déçue, elle était prête jouer la miss potins. Cliff lui dépose un baiser sur le nez, elle grimace. t'es belle ce soir. j'te l'ai dit ou pas ? Elle lève les yeux au ciel, avec une expression qui dit tss, t’es niais, arrête de dire de la merde alors qu’au fond, ben ouais, ça lui fait plaisir, qu’il lui dise ça. Lila, elle a toujours tendance à abuser : il lui faut toujours la plus belle tenue, elle se maquille comme une professionnelle, sûre qu’elle n’a aucun intérêt sous toutes ses couches de fond de teint. Elle prend soin de ses cheveux comme s’ils valaient des milliers de stellars, et teste toujours les coiffures les plus à la mode. 0n la connaît pour ça, à la fac : on scrute son style et on lui fait des compliments. Même ceux qui ne peuvent pas la supporter admirent sa capacité à se mettre en beauté. Elle est habituée à ce qu’on lui souligne qu’elle est jolie, que son maquillage est parfait, ou que sa coiffure la met en valeur. Mais c’est pas souvent que Cliff lui dit, comme ça. Et Lila ne le dira jamais, parce qu’elle est bête, mais ça compte plus pour elle qu’il la trouve jolie que les autres la trouvent jolie. C’est aussi pour ça, qu’elle fait tant d’efforts : pour continuer à lui plaire, et qu’il soit fier de la ramener à ses potes et aux matchs d’exy. Elle prend son rôle de copine de sportif très au sérieux.
hm. et donc ? tu dors chez moi ? j'ai rien d'main. et j'sais qu'toi aussi. Elle hausse les sourcils. tu connais mon emploi du temps? Quelques minutes plus tôt, elle aurait probablement dit ça sur un ton qui indiquait que c’était une mauvaise chose, juste pour l’embêter. Mais elle s’est calmée, alors elle lui offre un petit sourire en coin. Peut-être qu’il lui porte plus attention qu’elle l’imagine, finalement. on pourra bruncher encore ? À côté d’eux, le téléphone de Cliff vibre. Lila ne le quitte pas des yeux. Il continue de la regarder.
Alors elle sourit. i’d like that very much. répond-t-elle avec un petit air fier et heureux. Le mec aux crottes de nez approche, et Lila le regarde avec un air mauvais - presque dégoûté - quand il dépose les assiettes. Elle se frotte les mains dés qu’il a les yeux tournés. ça sent trop bon Elle se rue sur la nourriture - une part d’elle qu’elle ne montre qu’à Cliff (les autres auraient vite fait de dire qu’elle a pris du poids s’ils la voyaient comme ça, elle en est sûre). on mange, et après on rentre se mettre au chaud chez toi. c’est un beau plan. j’aime.
Ils passent la majorité du temps à se faire chier, c’est vrai. Mais au fond, y’a peu de choses qui rendent Lila aussi heureuse que la perspective de passer la soirée avec Cliff. Elle déteste son appart vide, elle déteste passer du temps avec sa soeur et son frère. Elle déteste passer du temps avec ceux qui prétendent être ses amis à l’université alors qu’ils ne sont là que par pitié (à cause de sa soeur) ou pour profiter de sa popularité. Cliff, au moins, lui donne l’impression qu’elle n’est pas qu’une mauvaise personne. Parfois, il lui donne même l’impression qu’elle est quelqu’un qui mérite d’être aimée un peu. Et c’est déjà plus que tous ceux qu’elle connaît réunis. Finalement, peut-être qu’il est la personne qui la connaît le mieux, devant qui elle s’autorise le plus le droit d’être elle-même. Et ça, ça prouve qu’il est aussi probablement la personne qu’elle aime le plus sur cette planète.
Et elle est même pas foutue de l’aimer correctement.