Invité
 | | Ajay a eu le temps de se changer avant de se rendre au casino. Il a profité des toilettes pour nettoyer le sang sur son visage, même s’il ne peut pas faire disparaître les cicatrices, la lèvre fendue et l’oeil au beurre noir. S’il avait eu le fond de teint de Gali, il aurait pu essayer de se donner meilleure mine. Il doit admettre que sur ce point, les artifices de son fiancé sont plutôt utiles. La simple idée de retourner à la maison, constater la vitre brisée et tout ce qui l’accompagne lui est trop douloureuse. Il n’a jamais ressenti le besoin de fuir sa propre demeure avant aujourd’hui. Il était plutôt content d’aller s’y réfugier et de retrouver Gali. Il pensait naïvement qu’il ne pourrait jamais en avoir marre de son âme sœur, au point de ne pas pouvoir supporter sa présence, tant il a passé des années à la réclamer. Pourtant, se forcer serait la meilleure chose à faire. Parce que ce soir sans doute l’autre à besoin de lui et que l’ambiance qui règne dans les lieux est une ambiance qui leur va bien. Ajay l’aime plus facilement dans le conflit, il a une certaine fascination pour l’intensité des sentiments qu’il ressent quand Gali est insupportable ou quand une situation est vraiment critique. C’est différent d’un quotidien ennuyeux à mourir. Rentrer, c’est ce qu’on attend de lui, mais le King se défile et il n’a qu’une idée en tête. Boire. Boire jusqu’à oublier, boire jusqu’à ne plus sentir son corps, son stress, ses angoisses et le poids de ses pensées. S’il a un mauvais souvenir de sa dernière cuite Néphédienne, il met le souvenir de coté, avec sa morale. Il tire la chasse et il laisse le tout derrière lui, aux chiottes. Il a besoin d’air.
Ce n’est pas dans le brouillard de Néodam qu’il risque d’en trouver. Mais Ajay est Ajay, il ne sait pas s’occuper de sa personne. Il a toujours eu besoin de quelqu’un pour le border, lui changer ses couches et lui foutre une claque quand il commence à pleurnicher un peu trop fort. Si Diana avait été là, elle lui aurait botté le cul, elle lui aurait dit de s’excuser auprès de Max. Puis, sans doute d’aller voir Gali et conclure une bonne fois pour toutes. Sauf qu’il n’y a personne.Ajay a quitté le bar des Sharks d’une aussi humeur massacrante que lorsqu’il y est entré et s’est arrangé pour rappeler le chauffeur qui l’y avait amenée. Même troué, il a trouvé un moyen de refourguer son costume dans une friperie. Le tissu est d’une qualité qu’on ne trouve pas ici. Il en trouvé un autre en échange, plus fin et moins qualitatif. Presque trop grand, les manches sont en tout cas trop longues et il est obligé de retourner les bords. Juste histoire de ne pas faire tâche dans le casino le plus huppé de Néphède. La voiture de son taxi de circonstance ressemblant déjà assez à une poubelle ambulante qu’à une limousine. Il laisse derrière lui les tracas de sa dernière conversation et les révélations. Il passe la majorité du trajet à fixer le paysage qui défile. Il essaye de ne penser à rien, mais la tâche est plus ardue qu’il n’y paraît.
N’ayant toujours pas d’argent sur lui, Ajay ne paye pas le chauffeur mais lui donne sa montre à la place. Il en a d’autres et ne tenait pas forcément à celle-ci. Il est beaucoup trop dépassée par la tournure que prend sa vie qu’il ne se soucie même plus de donner ses bijoux.
Même si c’est difficile à croire, c’est lorsque que Wolf lui a parlé du sien que Ajay a mit pour la première de sa vie les pieds dans un casino. Il en a copié les nombreux aspect dans son propre bar et dans les machines à sous de l’illusion, mais en temps que client il n’a jamais arpenté les couloirs aux tapis feutrés. Pas avant qu’on l’y invite. Le King tient trop à ses sous pour perdre au jeu, il préfère à la rigueur le perdre au poker qu’il estime plus intéressant. Mieux, il préfère que les gens perdent l’argent pour lui. Il a du donc s’habituer à la clientèle et aux petites vielles, à la musique. Mais ce n’est pas vraiment le jackpot qui l’intéresse, seulement son patron qui est un vieil ami et son bar de qualité. Ajay ne vient pas chercher un conseil, il vient juste chercher une bonne rasade que sa grande fatigue risque de rendre légendaire. Il ne l’a pas prévenu de son arrivée et espère tout de même le croiser. Ajay croise les doigts suffisamment fort que la chance décide enfin de lui sourire. Il le reconnaît de dos avant de le voir de face, mais vu le personnage il pourrait sans doute le reconnaître dans n’importe qu’elle tenue. Il s’annonce d’une tape amicale sur l’épaule qu’il n’aimerait même pas recevoir personnellement. Hé, je passais dans le coin et je me suis dis, tiens, et si j’allais voir mon super pote ? Rectification, il a d’abord pensé à brûler une bagnole ou quelque chose du genre – des gens plus précisément. Puis il a décidé de se bourrer la gueule. Mais, c’est presque la même chose. Ajay trouve que c’est même rassurant de constater qu’il est toujours capable de mentir, vu que apparemment ses derniers mois, les événements de sa vie ont fait de lui un type un peu trop correct. Tout passe toujours plus facilement avec un sourire et pour la peine, il se force à avoir un rictus à peu près amical. |
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