Tu sais me manqueront toujours | Nills

▬ Mais genre, tu réalises le culot de la meuf? Parce que t'es la fille d'un grand "économiste" je dois t'inviter partout où je vais? Et pourquoi pas te rouler une pelle dans un placard pendant qu'on y est? J'te jure ce genre de pétasse ça te gâche n'importe quel défile Lust & Vanity.

Il n'y avait aucun bruit lorsque London poussa la porte de l'appartement de Nills, tira sur l'épingle qui retenait ses boucles brunes dans un chignon ridiculement sophistiqué - elle avait eut toute les peines du monde à convaincre sa styliste qu'y accroché des papillons synthétique était aussi superflu que ridicule- et avança l'air excédée, déchaussa d'une main ses escarpins qu'elle envoya valdinguer en quelques foulés, se dirigea vers la cuisine en soupirant et en glissant sa main dans ses cheveux qu'elle ébouriffa mécaniquement du bout des doigts. Elle déposa sa pochette sur le plan de travail, balaya l'espace du regard avant de déambuler jusqu'au réfrigérateur. Elle en sortit une bouteille d'eau avec agacement, ne vérifia même pas si le propriétaire des lieux prêtait attention à son babillage - peu importe l'absurdité de son plaidoyer, Nills était de ceux qui écoutaient toujours ce qu'elle pouvait bien raconter.

▬ J'veux dire, bien sûr que je suis la maitresse de cérémonie et je représente l'image de la marque. Et par extension l'image de mes parents mais on devrait pas avoir une contre-immunité pour les gamines qui savent même pas marcher droit et qui veulent traverser une cat walk? J'suis quoi moi? Une foutu magicienne? J'anime des évènements j'fais pas de miracle !

Sans doute exagérait-elle. Sans doute. Mais elle s'arracherait les ongles un à un avant de l'admettre. Elle soupira une nouvelle fois, tirant sur la fermeture de sa robe qui s'écroula à ses pieds dans une mer d'écarlate, porta la bouteille à ses lèvres pour en boire une longue gorgée, puis arpenta la pièce en lingerie pêche, la démarche dynamique et pourtant silencieuse -foutue moquette- , jusqu'à l'immense canapé sur lequel elle se laissa finalement tomber. Puis, après de glorieuses et non moins bénéfiques minutes de silence durant lesquelles elle observa le jeune homme ramasser le désordre qu'elle avait put semer, elle se décida à l'attraper par le poignet et à le tirer à ses côtés. Pas besoin de ranger, cette pièce était déjà bien trop ordonné pour s'accorder à la tempête qui l'agitait.

▬ Nicholas Safar est ce que tu peux arrêter de jouer les fées du logis pendant dix petites minutes et essayer de compatir à ma pseudo crise existentiel ?

Il y a cette moue amère qui tord le pli délicat de ses lèvres. Il y a ces caprices proprement irréalistes qu'elle ne se permettait qu'avec lui, ce stress muet qu'elle n'évacuait que dans le cocon de leur solitude. Anxiété écrasante de cette vie d'apparence où tout comptait même le débit raccourcit de ses expirations. Elle était assise en tailleur sur le canapé, échevelée, négligée et dévêtue. Si sa mère la voyait, elle la tuerait. Et cette simple pensée était beaucoup trop plaisante pour qu'elle ne s'en prive. Ca avait quelque chose de délicieusement grisant, la désobéissance.  Il y avait trop d'elle en Nills pour qu'elle se soucie encore des apparences et des qu'en dira-t-on. Et trop de lui dans la vasque de sa poitrine pour qu'elle doute un instant de son entière attachement. Elle était un bout de lui et il était un bout d'elle même. Nills, parfois elle avait l'impression qu'il exhalait tout le calme qu'il lui manquait. Mais elle n'était pas venu pour faire sa pétasse siganaise. Enfin, pas vraiment.


▬Et accessoirement me dire que toi tu as put passer une bonne journée ça me ferait plaisir.

Parce qu'il n'y avait rien de plus plaisant que le bonheur retranscrit sur ce visage là.