Amour et passion... pour la tôle pliée ! [Mew]

Encore une foutue exposition... c'était un truc qu'il aimait son proprio, faire des expo ! Chaque semaine il y avait droit et même si Levi lui n'était que peu amateur de ce genre de chose, comprendre par là que ça le faisait chier, il se forçait chaque fois à lui faire plaisir ! Après tout il ne pouvait le nier, il avait la belle vie avec lui, il était même plutôt gâté alors... il pouvait bien lui donner un peu de son temps pour ça. Même si au final Levi se demandait souvent si il n'était pas plus souvent là pour être montré plutôt que pour lui tenir compagnie ou être éduqué sur l'art, un escort boy en quelque sorte et, encore une fois, cela expliquerait bien des choses ! Car son propriétaire avait beau faire genre, lui parler un peu des différentes sculptures et autres formes d'art pour lui demander la majorité du temps ce que cela lui faisait ressentir, ils venaient vite les moments où il finissaient par lui laisser le champ libre à faire ce qu'il voulait tandis que le plus vieux allait retrouver ses amis, sentant alors des milliers de regard se poser sur lui, sentant bien qu'il était le sujet principal de leurs conversations... Et le pire c'est que dans l'idée ça ne lui aurait pas posé de soucis si seulement on avait été clair avec lui ! Être un objet de fantasme, de prestige, sexuel, tout ça ça ne le dérangeait pas en soit ! Mais là les signaux étaient tellement contradictoires... l'homme se rapprochant toujours de lui mais ne dépassant jamais une certaine limite tout en restant si flou sur la raison de sa présence à ses côtés jour après jour... au final ça ne faisait que le frustrer plus qu'autre chose et se sentir... mal à l'aise par ces murmures qui s'arrêtaient dès qu'il osait trop s'approcher de leur groupe. C'était comme ça à chaque fois et aujourd'hui encore ça ne manquait pas.

Alors soit, Levi les laissaient à leurs délires perso, de toute manière il s'en fichait... ce qui était faux... mais il allait faire tout comme, faisant le tour de l'expo pour essayer de se changer les idées en attendant que son proprio en ait marre et décide qu'il était temps pour eux de rentrer. Et pour cela quoi de mieux que de tenter de comprendre ce que l'artiste avait voulu réaliser ? Car en soit Levi n'était pas forcément fermé à l'art, il aimait la musique ; d'ailleurs ici elle était plus cool ; la littérature, le cinéma... mais cette forme d'art ci... ça le laissait totalement de marbre ! Il tournait autours d'une sculpture d'ailleurs, le genre contemporain, à essayer de comprendre ce que cela pouvait bien vouloir dire... mais tout ce qu'il voyait lui, c'était des plaques de métal collées les unes aux autres, déformé à coup de massue et qu'on avait tenté de faire passer pour du grand art afin de s'en foutre plein les fouilles. Et à la limite il espérait que ce soit ça ! Car franchement là il aurait du respect pour le type, il aurait réussit à les enflé mais alors tellement profond, là ça aurait été une forme d'art ! Mais non... et à en croire le titre de la sculpture c'était sensé représenté la passion et le romantisme... mouai... Si lui avait des problèmes à totalement comprendre les émotions qu'on lui avait foutu dans sa programmation, ce gars là il devait carrément être pire ! Et Levi se retrouva sans réellement se rendre compte à rire tout seul devant cette sculpture, tel un ado un ado à qui l'on aurait dit le mot bite, se fichant bien de ce que l'on pouvait penser de lui. Après tout qui allait-il faire chier ? Dans ce genre d'expo on ne venait jamais lui parler, on parlait juste de lui au loin mais personne n'osait l'approcher à chaque fois sauf les gens présent pour assurer le services ou d'autres androïdes, voilà tout. « Amour et passion... Le gars devait sacrément aimé cette plaque de tôle, ses coups de reins on fait de sacré marques. » avait-il dit à voix haute pour lui même, se moquant ouvertement.

Avoir une certaine réputation ouvre des portes, c'est quelque chose que Mew a toujours pu observer. Les stars côtoient les mêmes endroits secrets où elles sont les seules conviés, il n'y a que les paparazzis qui connaissent aussi ses adresses. Elles restent en petit comité et rare sont ceux qui peuvent avoir une place de choix dans leurs assemblées. C'est à peu près pareil pour tous, les hommes aiment s'isoler en petit groupe, quand bien même ils prêchent n'être qu'une seul et même humanité. Les gens comme lui - enfin, ceux qui en bas de l'échelle - se contentent d'admirer tout en bas ce qui se passe au dessus de leurs têtes.
Contre toute attente, il a décroché des prix aux derniers Grammys, il a réussi à se forger une réputation dans un milieu fermé et qui comprend des humains à grande majorité. Mew s'est glissé dans un trou de souris, il a fait son nid là où il ne devrait pas. Il se demande parfois si ce qu'il fait est bien, ou mauvais, s'il ne devrait pas laisser tomber et continuer son simple boulot d’électricien. Sauf que chaque fois qu'il va travailler, il se rend un peu plus de la condition dans lesquelles il évolue. Leur patron et son esprit étroit, les coups et les passes pour avoir l'espoir d'une bonne réputation, toujours sous la menace de voir la petite diode sur sa tempe devenir rouge.
Mew est las de cette vie là qui ne lui apporte plus rien, il n'est plus obligé de travailler. Mais il attend le bon moment pour décrocher complètement, il ne veut pas sauter dans le vite non plus. Les choses sont délicates. Officiellement, il appartient à son patron, c'est lui qui paye ses réparations, c'est grâce à lui qu'il est en vie et qu'il ne dort pas dans une décharge, éternellement. Il devrait faire comme Loni et trouver une âme plus charitable qui voudra bien se montrer garant de son corps. Gali ne l'a jamais maltraitée.
Ainsi, jour après jour, Mew se décide à vivre cette nouvelle vie qui s'offre à lui. Il délaisse peu a peu cette idée qu'il doit rester dans sa case, maintenant que les portes de la haute société lui sont grandes ouvertes. Il ne cherche pas à monter sur un trône, mais s'élever au moins un peu de sa condition. Il est venu à l'exposition par curiosité, donc. S'il est incollable pour tout ce qu'il s'agit de musique, l'art en général ne l'émeut pas. Il ne le comprend pas. Gh4st ne fait pas la différence entre un bon et un mauvais texte, ce qu'il aime dans la musique c'est l'état brut, les sons, les mélodies, les platines, les tables de mixage. Créer un rythme, remixer. Mew n'est pas un chanteur, sa voix est trop monocorde et ne peut pas être modulée.  Le son est technique, théorique. Il comprend aussi les dessins d'architectes du Led. Les films documentaires. Mais tout ce qui relève de l'abstrait n'est pour lui qu'un enchaînement d'images, de couleurs, dépourvues de sens. Il traîne dans cette galerie sans se faire remarquer depuis près d'une heure et ses yeux se posent sur les œuvres sans même s'y attarder.
Pourtant, face à cette tôle fracassée et pliée, il comprend. Peut-être qu'aujourd'hui, il est plus émotif qu'à la normale, parce qu'il assume plus facilement que ses pensées soient occupées par un autre - et par d'autres. L'impression que le métal qui le constitue retrouve pliée, maltraité. C'est un peu ce qu'il ressent chaque fois qu'il voit Sol Veloso. Il est incapable de dire si la sensation est agréable ou si c'est une véritable torture. Il pouffe de rire quand la personne avec lui fait un commentaire. Il ne manque d'humour. Mew se doute bien que des coups de reins ne peuvent pas plier de la tôle, sinon il aurait déjà été réduit en miettes depuis longtemps.  « Peut-être qu'il a voulu exprimer que l'amour fait mal. Il ne sait pas de quoi il parle, malheureusement. L'amour est quelque chose qui ne lui est pas réservé. Il n'en ressent qu'une infime partie, un avant goût de ce que ça pourrait être d'être humain et de pouvoir offrir tous ses sentiments à une personne qu'on veut vraiment. Mais Mew est soumis à des réactions automatiques. Parfois, malgré ce qu'il ressent à l'égard de Jaco, d'autres l'émeuvent.  Il n'en a pas envie. Mais c'est comme ça que ses circuits fonctionnent. Ils ne sont pas fait pour se vouer à une seule personne.   Sauf que ça ne fait pas vraiment de coups, c'est invisible. Enfin, il donne son avis. Il pense, il émet des hypothèses. Peut-être que l'artiste aimait justement vraiment sa voiture. Mew se tourne vers son interlocuteur. Il se force à cligner des yeux pour paraître plus naturel. Mais de toute façon, sa puce est visible malgré ses cheveux. Tu es un androïde toi aussi ? » Les hommes restent entre eux. C'est dont qu'il n'est pas avec eux. Mew tente, demande poliment. Il s'ennuie, mortellement. Il a enfin l'occasion de s'amuser un peu.

Levi se sentait comme... un objet ! En même temps dans un sens il était un objet, créé dans une usine puis acheté par quelqu'un. Mais de base... son propriétaire avait toujours tout fait pour le pousser à éveiller son esprit, ses sens... et même cette exposition devait, soit disant, servir à cela. Mais Levi n'était pas idiot, il les sentait bien tous ces regards sur sa personne, ces conversations au loin dont le son baissait toujours dès qu'il approchait... oui, il était lui même une des pièces exposée sur cette salle, c'était flagrant ! Mais qu'importe, il commençait à en avoir l'habitude maintenant. Tout ce qui importait à Levi à présent c'était le fait de rentrer rapidement et pour ça il devait trouver un moyen de passer le temps. Du coup... ouai, lui il profitait de l'exposition qu'il y avait, observant les divers sculptures de cette artiste renommé et n'y voyant... rien, absolument rien ! Hormis des bouts de ferraille fracassés et encastré les uns dans les autres avec un nom un peu chicos pour faire croire qu'il y avait vraiment un sens derrière toute ça. C'était un peu comme ces tableau laissés blancs et présenté comme l'expression du vide... surtout un bon moyen d'entuber son monde d'après Levi et de se faire un paquet de fric ! Du coup ouai, il faisait le tour, observait les différentes œuvres et... n'avait pu s'empêcher de se marrer et penser à voix haute surtout sur cette expression de l'amour.

Ce qu'il n'avait pas prévu cependant c'était que l'on vienne l'aborder suite à ses paroles. Quoi que... ce ne serait pas la première fois, des gens outré par son manque de culture et de fibre artistique, mais quelqu'un venait réellement faire la conversation de manière douce ? Ouai non ça c'était tout de même relativement rare. Levi s'était donc tourné vers cet inconnu, un grand chevelu qu'il était certain avoir vu sur la scène tout à l'heure mais surtout... présentant une particularité au niveau de la tempe qu'il connaissait bien. Voila qui était fort intéressant ! Il écouta alors son explication, son interprétation, tentant de visualiser la chose « Peut être... c'est vrai que les gens ont l'air de se faire carrément du mal pour l'amour... perso je ne connais pas vraiment ça donc je peux pas trop témoigner. » Il connaissait le concept de l'amour, il le « comprenait » par le biais de ses amis, des films, de la fiction. Mais lui ? Il n'était jamais tombé amoureux et n'était pas certain que ce soit tout à fait possible, ce qui, pour le coup, le rendait assez jaloux des humains il devait bien l'admettre « Après... il y a bien un type de coup qui va avec l'amour si tu vois ce que je veux dire. » avait-il dit avec un air sous entendu, accompagnant ses paroles de mouvements de hanches pour bien se faire comprendre, prouvant ainsi son manque de classe et de poésie. « Mais ouaip, bien un androïde ! Qu'est-ce qui m'a trahit ? Mon manque de classe ? Mon incapacité à comprendre l'art ? Ou cette petite loupiote sur ma tempe que toi et moi nous partageons ? » avait-il dit toujours en souriant, pointant du doigt cet anneau lumineux qui ne l'avait jamais quitté, lui montrant ainsi que lui même avait remarqué la nature de son camarade « Qu'est-ce qui attire un autre androïde ici ? Toi aussi on t'expose tel un boytoy au milieu de ce gratin ? »

Spoiler:

Lorsqu'on utilise le mot amour, la première chose qui vient à l'esprit de Mew est une personne : Jaco. Il ne sait pas si c'est parce que l'homme s'est occupé de lui dans des moments où il se serait laissé décharger, ou parce qu'il est resté même après. Une part des deux, qui se mélangent, qui font que sa relation et les choses qu'ils éprouvent à son égard sont ce qu'elles sont. Pourtant, l'androïde n'en sait pas plus sur l'amour que son compère. En dehors de la définition que fournit le dictionnaire. Il ne cherche pas, Mew ne cours par après l'amour comme il court après une humanité, il n'est pas intéressé par le sentiments. Il prend ce qu'il y a de bon dedans, ce qui le fait sourire et lui donne du plaisir et il essaye de laisser derrière les complications. Les sentiments de... tôle pliée quand il y pense trop.
C'est une belle façon de dire les choses.
C'est facile à dire, plus facile à dire qu'à faire. Même quand il essaye, il n'y arrive pas toujours. Quand il écoute des chansons qui parle de cette personne ou quand il écoute les chansons de Veloso, quand il regarde les vidéos. Quand il laisse divaguer toute son imagination. Il découvre tout ce qu'il est capable de créer par la pensée, toutes ces choses qui lui sont soudainement accessibles et pour quoi on ne l'a pas programmé. Il se surprend à envisager des choses qui ne devraient pas traverser son esprit. Comme l'envie de frapper l'homme qui l'emploie, plus fort encore que les autres robots qu'il casse pour gagner des bons points. Il a une furieuse envie de se rebeller contre quelque chose qui ne lui convient pas. Uniquement parce qu'on lui a fait entrevoir une autre vie.
Ce qui est stupide, parce qu'il ne vivra pas aux cotés de Jaco quoi qu'il arrive, parce qu'il y a déjà des personnes qui jouent ce rôle. Il n'y a pas de place pour sa carcasse métallique, ses questions, ses froncements de sourcil et son coeur vide.

Mew renifle. Il fronce les sourcils de manière exagérée. Les sous-entendus ne le mettent pas mal à l'aise. Rien en rapport avec le sexe ou l'amour charnel ne trouble son masque inexpressif. Toutes les personnes qui l'ont eu dans ses draps peuvent en témoigner, il reste rigide et de marbre face à ce qui lui arrive. Il se concentre sur les sensations, il réfléchit. Il se demande s'il apprécie ou si c'est quelque chose qui le rebute. Mais puisqu'on ne lui pose jamais la question, il se garde bien de faire des commentaires. Il ne sert qu'à servir les hommes d'une certaine manière, chaque petite révolution qu'il mène - en faisant de la musique par exemple - n'amène à rien. Il continue de remplacer des ampoules et d'écarter les cuisses quand on lui demande, parce que l'autorité est la seule chose qui compte. Il s'en fiche, il a presque envie de briser la pudeur de ses mots par quelque chose de plus explicite. Il a du mal à comprendre pourquoi les gens n'aiment appeler les choses par leur noms quand elles concernent.
Et plus encore, il se demande toujours pourquoi c'est aussi sacré, pour cela procure un sourire chez certains. C'est sans doute qu'il y a un problème chez lui. Mais ce n'est pas comme ci il était fait pour comprendre. Alors il hausse les épaules.
Il préfère changer de sujet.
Il ne sait pas ce qu'il fait là. Il est venu parce qu'il a reçu une invitation, sans doute à cause de son succès récent. Mais il n'en voit pas l'intérêt. Il occupe son temps comme il peut, puisqu'il n'est pas compté. Il tique uniquement au mot qu'il emploie. Toyboy. Est-ce que c'est qu'il est aussi quelque part ? Il est, beaucoup de choses. Lui même et quelqu'un d'autre en même temps. Parfois, il s'y perd. Comme ci il avait une personnalité qui dormait en lui, qu'on avait écrasé. Comme un fichier remplacé à la va vite, un travail sale et négligé, à l'image de ce qu'on lui demande de faire et qui lui demande. «  Non, moi je suis juste un technicien. J'ai reçu... une invitation par quelqu'un. Alors je suis venu voir. »  Il ment. C'est amusant. Le discours est pré-enregistré dans sa matrice, il st sensé répondre exactement ce qu'on lui demande. Et pourtant, au dernier moment il change le contenu. L'exercice ne réussi par toujours mais est jouissif quand il arrive à ses fins. Il sourit maintenant, vainqueur de quelque chose que l'autre ne peut deviner.  « Et oui, je t'ai reconnu grâce à ta puce. Mais tu es mieux fait que moi. Tu ressembles vraiment à un humain sauf quand tu parles. »  Mew hausse les épaules, gêné. Ses joues commencent à rosir. Machinalement, il vient coincer une mèche de cheveux derrière son oreille. «  Tu... tu as une seule personne qui t'aime ? »  En prononçant le dernier mot il reproduit le geste effectué par son compère quelques instants plus tôt, avec son bassin.

Spoiler: