(mao#1) to do list. 1. get revenge. 2. get tampons.

2013

Une grimace furtive traverse ses lippes le temps d'une seconde, avant que Max ne la fasse disparaître. Malgré le malaise ressenti, il prend le temps de déposer les divers sacs - bien lourds - contenant des vêtements aux filles qu'il apporte à la maquilleuse de chacune, prêtant peu attention aux remerciements qu'on lui offre, comme aux baisers soufferts et aux clins d'oeil. Elles n'ont toujours pas compris qu'il ne désire pas leur prêter attention, de ce côté là, qu'importe les bouts de chair qu'elles osent lui mettre sous le nez, une moue quelconque sur les lèvres. La chose commence à l'ennuyer, avec le temps. Encore plus depuis qu'il est pris avec ce bras bionique ; la peau ne cesse de lui tirer, peu habituée au point s'y trouvant, la prothèse étant assez lourde, et son calme est léger. Ses expirations sont lourdes, souvent par les narines, et il pince souvent son nez. Il attend avec impatience la première mission à l'extérieur du bar pour ne plus voir trop de gens. Les nerfs sont à vif et les crocs sont aiguisés ; il a envie de mordre, de détruire, de créer un néant pour être au calme, pendant un temps. Mais Max reste un Shark et écoute plus ou moins docilement ce qu'on lui dit de faire, attentif au prochain ordre lui disant d'aller sur le champ de bataille. Ils manquent, les ordres. À croire qu'ils essaient de le préserver, depuis qu'il s'est fait coupé le bras. Le blond n'en a rien à faire. Le bras n'est plus là ; Victor l'a avalé et Max ne le regrette pas. Il laisse ses iris, parfois, couler vers sa soulmark dont il ne reste qu'une certaine partie, incertain des effets que le massacre peut avoir, autant sur lui que sur la personne qui lui est destinée. Mais il ne s'en soucie pas, pas réellement. C'est un problème pour lequel les regrets et les réflexions ne servent à rien, pour le moment. Il y pensera quand , et surtout si, il rencontre cette personne. Pour le moment, ça n'a pas d'importance. Pour le moment, il n'en a rien à foutre. Max, chaton Les sourcils se froncent et Max sort de ses pensées. Le regard assassin, il dévisage la danseuse qui lui tend une feuille de papier. Le Shark ne s'en empare pas. quoi ? qu'il gronde, accompagné d'un reniflement. Il se prend encore un rhume à la gueule, surement la deuxième fois depuis le début du mois. Ou alors, ce foutu rhume n'a jamais arrêté. Il ne sait pas. Il devrait prendre les cachets que le vieux lui propose, mais Max déteste le trois quart des produits qui se trouvent à l'intérieur. Il essaie de couper sa consommation de produits animales de manière plus large, après avoir cesser la viande et les produits laitiers depuis plusieurs mois, déjà. Mais ça, il le garde pour lui. Les autres sont trop cons pour comprendre, de toute manière. Et puis, peut-être qu'il n'a pas envie d'attirer l'attention sur lui.
Comme présentement. La rouquine le dévisage toujours avec une moue boudeuse, à soupirer, et la conversation - si c'est une conversation - commence à attirer un peu l'attention. Max manque de patience. Elle ouvre la gueule avant qu'il ne la perde totalement. C'est une liste de tout ce dont on a de besoin, par nom, par produit, par magasin et par marque. Tu peux aller nous ça s'il te plait, mon mignon ? Oh, tu peux demander de l'aide, pour les sacs. Le boss a dit de demander au gars au bar. Elle grimace, jette un regard autour d'elle, et fan de gossip, lui dit . Il est un peu étrange. Fais attention à toi, mon mignon. Elle va jusqu'à tendre les doigts pour caresser sa joue, chose qui amène un mouvement de recul pour Max qui contrôle mal la grimace sur sa gueule. Et elle rit, amusée par la chose, comme s'il était mignon. Trop mignon Elle finit par s'éloigner, non sans lancer un long - trop long - regard par dessus son épaule, comme pour s'assurer qu'il lui dévisage le cul. Max ne le fait pas. Il n'en a rien à faire, de son cul. Il se contente de serrer le papier entre ses doigts et de déposer les derniers sacs avant d'aller au bar, où le gars en question doit se trouver, surement. Encore une autre preuve qu'ils le prennent pour un grand blessé, à lui proposer de l'aide pour aller chercher du maquillage à la con et des tampons. hé toi qu'il aboie au seul bar appuyé au bar, vu que celui-ci est fermé, à cette heure du jour. Max prend le temps de le dévisager brièvement, quand il tourne son visage vers lui. Sa gueule lui dit quelque chose, mais il ne lui a jamais parlé. Max préfère travailler seul, de toute manière. Il est un shark solitaire. Dans tous les cas, l'autre est plus vieux que lui, on dirait. Max lève son bras, pour lui montrer le papier qui s'y trouve. on a des merdes à acheter. bouge ton cul. Le regard plane une seconde vers le comptoir où se trouve quelques bières. Il a envie de boire. Alors, il tend sa seconde main, la bionique, et avec quelque maladresse - il peine encore à associer les mouvements à son cerveau - il s'empare d'une canette de bières avant d'aller vers la sortie. j't'attends dehors, faut pas trop faire attendre les princesses. L'appellation n'est pas mignonne. C'est une insulte. Mais ça, les filles préfèrent le prendre autrement. Une fois dehors, il ouvre la canette et laisse le papier au fond de sa poche, se sortant une cigarette par la même occasion. Quelques voitures se trouvent dans la rue, pouvant être voler.

Il aurait presque un air jazzy, Neo. Le regard mélancolique plongé dans un liquide ambré. Les soupires rythmés par les tintement étouffé du verre épais sur le bar. ”Encore un verre Mr Vicious” Bien sûr, Jack, “M’dame, va pas gronder si vous rentrez dans un piteux état ?” Oooh vous savez madame, un coup de pied au cul et tout va bien. Dans l’mien j’veux dire. Oui bon, il aurait l’air plus jazzy s’il parlait pas à un barman imaginaire en faisant lui-même les deux voix. En descendant dans les graves rauques pour le barman et, bizarrement, personne ne sait pourquoi, en montant dans les aigus traînards pour sa propre voix. Qui n’est pas comme ça du tout. Enfin, il a l’air du coup nettement moins jazzy et classe qu’il aurait pu l’avoir en fermant tout simplement sa gueule. Main disons que l’obscur alcool brun dont il n’a pas pris la peine de regarder l’étiquette a déjà fait une partie de son job. Et qu’il a un net besoin de distraire sa psyché de ses divagations usuelles. Même si elle est toujours là, en périphérie, une évocation, un souvenir, l’éclat de ses rires qui résonne quand il trouve un truc drôle. Alors faut faire autre chose, pensé à autre chose. Il a abandonné son atelier, Neo. Ses mécaniques, l’électronique, et le congélateur que personne n’ose ouvrir. Et c’est sans doute la meilleure intuition qu’un humain puisse avoir. Mais même ça, ça n’a pu retenir son attention. Alors il a laissé tomber, il est remonté à l’appartement. Y avait personne. La blonde du moment s’est carapatée la veille avec le reste de ses petites pilules à rêves. La salope. Putain. C’est le cas de le dire. Ça le fait ricaner pendant qu’il termine de vider la bouteille dans son verre, se demandant au passage pourquoi il se casse le cul à se servir des verres au lieu de boire directement à la bouteille. Tant pis. C’est pour faire jazzy.

Y a un type qui viendra t’chercher tout à l’heure, tu lui fileras un coup d’main. Il hoche  la tête sans un regard pour le requin qui lui le regarde encore un instant. Se demandant sans doute s’il sera toujours apte à mettre un pied devant l’autre quand ce fameux « type » viendra le chercher tout à l’heure. Mais au pire ce n’sont  pas ses affaires et il s’en balec et repart faire son inventaire ou dieu seul sait quoi, loin du regard des gens bien. Mais ouais, Neo est venu se proposer au bar pour faire un truc, pour se changer les idées. Pour pas penser aux pilules. A aller chercher un type qui vend des pilules. A rentrer à la maison avec les pilules. A prendre les pilules. Et à aller voir dans le rêve un monde mieux que celui-là. Un monde où il y a encore « madame ». Il sait que ce n’est pas bien. Il sait qu’il ne va pas y résister longtemps. C’est peut-être pour ça que c’est plus facile d’y résister maintenant. De faire genre qu’une demi-bouteille et un petit boulot pour les sharks ça suffit. Mon cul. Il n’arrive même pas à se duper lui-même.

Il se met à fredonner un truc dont il ne se souvient même pas du titre, un truc commercial, les yeux fixer sur les bouteilles du mur en face, les doigts qui pianotent sur le verre en plein. Le dernier alors il faut en profiter. Il est à deux doigts de s’enjailler comme une ado sur la musique qui tourne en boucle dans son crâne quand il se fait invectiver par un type peu aimable derrière. Certainement LE type. Un esprit de déduction remarquable n’est-ce pas. Il considère un instant le papier au bout de sa main et les paroles du blond, ravi de voir que la mission du jour est d’aller faire les courses. Ça fait 5 ans qu’il n’a pas foutu les pieds dans un supermarché. 5 ans qu’il se fait tout livrer, jusqu’à son pq. Donc aussi barbante soit cette mission, elle n’en sera pas moins exotique. Ralenti par l’alcool et sa flemme millénaire, il ne prend pas la peine de réagir au manque évident de manière du type, mais ne peut s’empêcher de remarquer les difficultés dans la coordination de sa prothèse. Sûrement pas de sa manufacture, il ne fait pas de la merde comme ça (il s’auto-congratule juste un peu sur son travail). Ou alors une d’avant… mais non ce n’était pas lui avant.

A la prochaine, Jack. “Passe le bonjour à madame de ma part.“ J’y manquerait pas Jacky. Oui, il n’y a qu’avec ses amis imaginaire qu’il est poli et courtois, Neo. Sans doute parce que ses amis imaginaires ne le font jamais chier. C’est une sorte d’avantage. Il vide son verre d’une traite et le repose sur le bar non sans avoir levé son verre au barman fictif en guise de salutation. En quittant le club il passe devant le shark de toute à l’heure, qui le regarde d’un air dubitatif. Neo ne lui adresse toujours pas la moindre attention, mais sort en ricanant comme un bossu, s’allumant une clope au passage. Il constate que son comparse en a fait de même en l’attendant. Neo. qu’il lâche mollement, en se plaçant à côté du type qui regarde les voiture. « Hé toi » c’est tout aussi court, mais ça a le mérite de  moins porter à confusion. Sait-on jamais, en beuglant « hé toi » dans les allées d’un magasin, il risque d’ameuter pas mal de monde. J’te suis. Où tu me guides si tu veux qu’on prenne ma caisse. Bah oui, s’il avait une caisse il serait à côté, pas en train de toutes les reluquer. Élémentaire mon cher Watson.

Il lève les yeux vers le ciel. Ou du moins, Max tente. Sur Néodam, le ciel il n'existe pas. Même à se perdre dans la plus haute des tours, on ne peut pas l'entrevoir. Le Shark se demande si parfois, les cieux sont une invention pour les enfants, qu'on raconte la nuit, avant d'aller au lit. Sauf que Max n'a jamais eu droit à des histoires, petit, et peut-être est-ce principalement pour cela qu'il y croit encore à cette connerie de ciel, car il a lu les livres lui-même, trop tard. Il ne voit que la brume, que les nuages. Que le gris et le noir qui se mélangent pour former quelque chose, n'importe quoi, une masse lourde qui goutte brusquement, la plupart du temps, de pluie ou de neige, pour glacer les os des gens. On parle de ciel, d'étoiles, de lune et de soleil, mais personne ne sait vraiment. Personne n'a réellement vu ce que c'est, que le ciel. Et pourtant, Max cherche, une seconde. Il lève les yeux, un instant, la clope aux lèvres et canette entre les doigts, avant de tourner son regard, morne, vers la porte qui s'ouvre et la personne qui se présente à ses côtés. C'est le gars. Max l'étudie une nouvelle fois. Dévisage son visage et ses airs, sa manière de bouger. Il ne fait aucun constat. La chose est inutile, après tout. Il ne s'assume pas souvent à présumer ce que sont les gens. Ils sont, c'est tout. Son avis ne change rien sur leur personne comme l'avis des autres ne change rien à sa vie. C'est aussi simple que cela. Que ce type croit au ciel ou pas, Max n'en a rien à foutre. Il y croit. Son regard quitte ses traits et retourne vers le ciel, encore. C'est un rêve, il le sait. Il prend pourtant le temps de chercher encore quelques longues secondes, la fumée dans les poumons qui, lorsqu'il baisse les yeux, s'en extirpent lentement. Il jette le mégot contre le sol, l'écrase de sa botte, tandis que l'autre ouvre enfin la gueule pour lui dire quelque chose.
Son prénom, certainement. Max le regarde de nouveau et hoche de la tête, brièvement. Max qu'il dit, simplement, avant de prendre enfin une gorgée de sa bière. Quelques gouttes coulent le long de sa machoire, contre sa gorge également. Il les essuie du revers de sa main et regarde les voitures, attentif aux mots qui suivent. Une part de lui a envie de voler une voiture et de simplement suivre Neo, mais Max n'est pas habile avec son nouveau bras, et il doute être capable de chauffer manuel dans son état actuel. Il soupire par les narines, fort, avant de renifler un coup dans un bruit qui, forcément, ne cache rien du crachat dans sa gorge, plein de morves, qu'il balance au sol sans la moindre manière. j'monte avec toi, j'peux pas conduire Il désigne son bras. Dans ses souvenirs, Neo fait des prothèses. Pourtant, c'est Sami qui s'est occupé de faire son bras. Ou du moins, c'est lui qui l'a posé. Peut-être que Neo se trouve derrière les plans. Il ne sait pas. Il n'a pas demandé. Il n'en a rien à faire. Le truc est là, il est sien, et c'est tout. C'est son bras, maintenant. Il préfère attendre que l'homme désigne la voiture en question pour qu'ils fassent les courses et finissent le plus vite possible. Sa seconde main libre, il s'empare du papier froissé pour lire les premières choses qui s'y trouvent. n'importe quoi qu'il gronde, déjà, à lire les premières conneries. Il secoue sa tête avant de lever les yeux au ciel et, vu l'état de ses nerfs, se prend une seconde cigarette. j'espère que tu t'y connais en tampons et en maquillage. on a des courses de diva à faire. Certaines filles ont même osés lui demander des capotes et des pilules du lendemain, comme d'aller chercher leur prescription mensuel de pilules contraceptives. Peut-être que par la même occasion, il en profitera pour aller se chercher des anti-dépresseurs pour passer au travers de cette journée à la con. bon elle est où, ta caisse ? Il s'impatiente déjà, comme une bête en cage, se retenant de jeter le papier dans une bouche d'égoût.

A défaut d’être beau soit poli ! C’est c’que lui a balancé un jour sa grand-mère à Neo. Tout le monde s’est marré et personne n’a relevé, collant ça sur le compte de la sénilité. N’empêche qu’elle avait certainement raison, déjà à l’époque. C’est ses mots qui lui reviennent en tête quand il passe au crible le blond à côté de lui du coin de soleil. Pas que l’ blond soit moche. Mais justement. C’est p’t-être pour ça qu’il a oublié d’être poli. Enfin c’est pas comme s’il en avait quelque chose à carrer de l’éducation des gens, Neo. Suffisait de jeter un œil à son pedigree pour se demander où était la couille dans l'potage. Mais une pensée pour la mère grand Meer c’était toujours quelque chose de réconfortant. Même si le plus heureux souvenir qu’il en gardait était le jour de son enterrement. Comme quoi y a des tyrans qu’on finit par apprécier. Bref. Il se marre dans son absence de barbe, Neo, à se raconter les blagues de mamie tout seul. L’alcool ça n’aide vraiment pas.

Max et Neo sont sur un bateau, sérieusement, Jad aussi, Sami, y a une limitation des caractères dans l’prénom pour intégrer les sharks ? Ils ont des pages de registres trop petites ou bien ? Faut arrêter d’écrire sur des post-it. Mais le dit-Max coupe court à ses suspicions sur le très faible budget papeteries du gang, en déclarant son incapacité à conduire. Neo baisse les yeux vers la prothèse de Max et grogne vaguement entre ses dents. Encore un travail d'orfèvres … Plus ça va plus il méprise le travail des autres Neo. A moins qu’ce soit le sein, d’avant, mais il crache dessus encore plus.

J'espère que tu t'y connais en tampons et en maquillage. on a des courses de diva à faire. Il le regarde un instant dubitatif, histoire de voir s’il se fout de sa gueule. Mais le blond n’a toujours pas l’air du type d'humeur à faire des blagues. Ce qui n’empêche pourtant pas Neo de se marrer en jetant un œil à la liste de course. Figure-toi que oui. J’ai bien fait d’proposer mes services, semblerait que j’sois l’homme de la situation. Il continu de se marrer quelques secondes (ça le ralentit un peu l’alcool) vite rappelé à l’ordre par l’autre qui semble autant envie de s’acquitter de sa tâche que d’aller s’faire enlever les molaires. Neo s’mets alors en marche vers sa vieille bagnole garée un peu plus loin. Y a un peu moins de dix ans, c’était un putain de bolide flambant neuf, mais elle s’était détériorée en même temps que la santé de Maaike et sa propre stabilité mentale. La tôle avait plutôt pris cher, entre bosses, creux, rayures et peinture écaillée. Et l’intérieur ne faisait pas rêver non plus, bien qu’ça restait quand même un minimum propre. Si tu trouves des rats tu leurs fout la paix, y en a p’t-être des miens qui squattent. Et même si c’est pas les miens… tu leur fous la paix. Ouais, il a pris l’habitude de préciser Neo, surtout depuis qu’une gonzesse en avait éclaté un contre la fenêtre dans la panique. Sale. Triste.  Il déverrouille la bagnole et s’engouffre à l’intérieur sans avoir check de ne pas écraser un de ses compagnons sous son absence de fesses. (Ni fesses, ni barbe, c’est triste).

Il prend encore son temps Neo, doucement le matin, pas trop vite l’après-midi. Ça doit agacer Max, mais osef, ce n’est pas comme s’il lui devait des comptes. Et même s’il lui en devait…  Il prend le temps de s’attacher (oui), d’écraser sa clope dans la boite qui lui sert de cendrier et d’y laisser le mégot, et de se trouver une station qui passe un peu d’un vieux rock venu des entrailles du passé. Enfin il met le contact, le bon vieux ronronnement du moteur chouïa dopé qui étire toujours ses lippes. C’est parti mon kiki. Ta gueule, Neo. Il se renfrogne, soudain concentré sur la route, captant un peu tard qu’avec la demi-boutanche, ce n’était pas l’idée du siècle. Enfin on ne va pas cacher que c’est loin d’être la première fois.  Il garde le silence pendant les quelques minutes qui suivent, le temps d’intégrer la sur circulation de Neodam et son rythme somnolant.  Encore dix minutes avant d’arriver. Tout à coup il fronce le nez. Bah vas-y pisse sur les sièges, j’te dirais rien. Il adresse un regard à Max. Pas toi, hein. Enfin toi non plus, mais j’pense que t’es au courant qu’ça s’fait pas trop. Y a une boule de poil brune qui passe entre les pattes de Max et le dévisage d’un air circonspect. Max, Nelson. Nelson, Max. Tu fais chier Nelson, tu peux pas au moins pisser dans l’coffre ?

Au moins, l'un d'eux semble heureux de la tâche donnée. Max dévisage Neo avec un certain dégoût, non pas diriger vers l'homme, mais plutôt vers son enthousiasme. Faut dire, depuis quelques jours, Max n'est pas enjoué par grand chose. Il ressent encore une certaine honte et une certaine colère pour le bras perdu dans une situation aussi pathétique. C'est surement pour ça qu'il a balancé le bras entre les doigts de Victor pour que le cannibale le mange, plutôt que de l'enterrer quelque part. En vérité, le boss lui a offert quelques jours de congé. Quelque chose pour se reposer. Max en a pris trois. Assez pour se repasser les événements en tête et avoir envie de buter les gars. Assez pour se souvenir de leur visage, de leur nom, et avoir un semblant de plan, en tête. Sauf qu'il s'agit d'Heathens. Sauf qu'on ne touche pas aux Heathens, pas sans l'accord du boss, du moins. Alors, Max a quitté la cabane à demie construite sans laquelle il vit en compagnie d'une adolescente qu'il considère comme sa soeur, et il est venu travailler. Et maintenant, il fait bien con, en compagnie d'un gars plus ou moins louche - quoique chez les sharks, personne n'a totalement sa tête, même pas lui - en quête de tampons et de pilules contraceptives. Une nouvelle fois, il expulse brièvement son souffle par les narines, crachant sa fumée de cigarette par la même occasion. Ses doigts commencent à être froid, déjà. Ses cinq doigts. Les autres sont froids en permanence, maintenant, comme une grande partie de son bras. Il est certain que la chose n'aide pas sa condition, vu toutes les merdes qu'il se prend, entre les rhumes et les grippes, et autre connerie de la même catégorie.
Le nez coule, d'ailleurs. Max jette un regard vers Neo, voyant qu'il bouge en direction de sa caisse, et le suit, non sans essayer son nez du revers de sa manche sans la moindre classe. Il sent, à la suite, l'humidité de la morve qui lui colle cette fois-ci à l'extérieur des narines. Une grimace traverse sa gueule et un juron ses lèvres, avant qu'il ne recommence son geste de façon plus prononcée tout en reniflant un grand coup, cette fois-ci.
Son attention revient vers son partenaire de mission lorsque le gars lui parle de rat. Il serait mentir de dire que la curiosité n'est pas piquée. Max adore les animaux, pour diverses raisons. Principalement car ils sont cons, mais surtout car ils sont généralement moins cons que les êtres humains. À son esprit, ils méritent plus de droit que les connards de son espèce. Lui y compris. Il ne se fait pas d'illusions. L'oeil se pose sur la bagnole assez pitoyable, selon lui, mais encore, il n'en possède pas lui-même, ayant bousillée la dernière dans une course quelconque. Sami refuse toujours de lui en modifier une nouvelle, d'ailleurs. À croire que le gars lui fait la gueule. Qu'importe, Max lui fait un doigt d'honneur. Plus d'un même. Il a pu le regarder d'un air moqueur le temps qu'il lui posait le bras bionique en sachant parfaitement que cette connerie coûte plus chère que n'importe quelle voiture il pourrait lui demander. Non pas que la chose lui fasse forcément plaisir. Max aurait préféré préserver son bras.
Dans tous les cas, il ne voit pas de rats, au travers des fenêtres. Il jette un regard furtif à Neo, de l'autre côté de la voiture, se demandant, une brève seconde, si le gars n'est pas plus dérangé qu'il n'ose le croire. Pas que la chose lui dérange. À chacun ses démons et ses bestioles dans la tête, après tout. Il fronce un peu plus des sourcils, le regard toujours attentif en ouvrant la porte, vérifiant à deux reprises avant de poser son cul sur le banc qui, étonnement, est confortable. Il lance son regard plané une seconde vers Neo avant de regarder, de manière peu discrète et qu'importe car de toute manière, Max n'en a rien à foutre d'être discret, autour pour voir des rats. Il n'en voit pas. Il lui est presque impossible de se tourner sur son côté gauche pour regarder à l'arrière, vu son bras. L'endroit qui lie sa chair au métal lui est encore douloureux, et y mettre du poids n'arrange pas la chose. Un sursaut le prend, minime, lorsque la musique se met à gronder, dans la voiture. Max reporte son regard à l'avant. m'appelles pas comme ça qu'il gronde, tentant maladroitement sa prothèse pour baisser légèrement le son de la radio. La musique en elle-même ne le dérange pas, mais sa gorge est trop irritée pour qu'il puisse se permettre d'hurler une conversation. Max préfère préserver sa voix en cas où il ait besoin de remettre certaines personnes à leur place ou encore, les insulter. Il laisse son épaule droite s'appuyer contre la porte, emporté par le rythme lent de la circulation. Les yeux se ferment une minime seconde, le corps berné par les avancés et les arrêts du véhicule, quand la voix de Neo tombe. Max ouvre les yeux, tournant son regard, sombre, vers le chauffeur. de quoi tu parles ? qu'il gronde, encore, car la voix n'aide pas, et qu'il est énervé maintenant, presque somnolant mais dérangé si brusquement. Quelque chose s'agite entre ses jambes. Surement pas sa queue, vu son intérêt absent pour les gens. La queue d'un rat, plutôt. Max cligne des yeux, lentement, un peu surpris, tandis que Neo fait les présentations. Nelson le dévisage. Max lève les doigts de sa main robotique, comme un gosse, et le salue. hey Nelson qu'il souffle, sans gronder cette voix, avec quelque chose comme un sourire, sur la gueule. Et c'est qu'il est presque beau, le sourire, en plus. t'as la vessie pleine, p'tit gars ? attends À tâtons, il cherche quelques mouchoirs dans sa poche - il en possède, qu'importe qu'il prend sa manche pour se vider le nez - qu'il pose en paquet pour le rat. pisse sur ça. ou sur neo, hein. il a rien précisé pour ses vêtements. Il a envie de tendre le doigt pour grattouiller la bête mais il se garde de le faire, n'ayant pas envie de se faire mordre. Il n'a pas peur de la rage. Il l'a surement déjà. Max n'a juste pas envie de brusquer Nelson. hé, arrête toi au magasin d'bouffe. on va lui acheter du fromage ou une merde du genre. de toute manière certaines meufs ont demandés des fruits pour des smoothies. Non pas que Max ait quelque chose contre les smoothies. Certains sont vegan, après tout. Mais de toute manière, pour le coup, Nelson passe en priorité. Il lance un regard par dessus son épaule, pour voir à l'arrière. y'en a d'autres ? ils ont p'être faim aussi. La bouche se tord presque, les sourcils se froncent. Max réfléchit, crée une liste dans son esprit, pour Nelson. Il a pas forcément les stellars en poche, mais la carte bancaire pour s'occuper des meufs s'occupera de ça.

Mais, mais, mais c’est qu’il sourit le blond. Non ? Il est pas bien sûr Neo, il le guette du coin de l’oeil, parce que faut quand même faire gaffe à la circulation, tsé. Restent quelques rares domaine où il se figure être raisonnable. En tout ça, s’il sourit pas et qu’il grimace, il a arrêté de râler. C’est déjà pas mal. Ils vont l'embarquer pour leur virée shopping ce brave Nelson. Comme ça, si Max se remet à grogner, il n’aura qu’à lui coller sous le nez. Y en a, il leur faut au moins une part de brownie fondant au chocolat pour arrêter de tirer la gueule. Lui, un rat, ça suffit. Tant mieux, parce qu’il n’y a pas de brownie fondant ou pas, échoué sous la banquette arrière. En tout cas, il se contente de suivre l’échange entre le shark et le rat en silence, ricanant vaguement à l’invitation de Max au rat. Manquerait que ça pour parfaire le tableau de sa personne, une bonne odeur de pisse de rat. Mais il n’en fait rien Nelson, préférant presser le tas de mouchoir pour en faire une couche assez dense pour pouvoir pisser dessus sans souiller la moquette. Vraiment pas cons ces splinters. Il passe déjà à autre chose Neo, en adressant un doigt d’honneur aussi mou que le type qu’il dépasse en grommelant quelques injures. Mais y a Max qu’est resté bloqué sur le splinter. Il lève un sourcil surpris de cette soudaine attention de la part du blond, et hausse finalement les épaules. T’as faim ? Il s’adresse directement à Nelson, se doutant déjà de la réponse. S’il avait la dalle, il lui aurait déjà signifié. C’est l’contrat entre eux. Mais le rat exécute tout de même un lent mouvement du museau de haut en bas. Neo réprime un rire moqueur, qu’il ne se prive pourtant pas de ponctuer d’un gros tas,va… La bestiole s’indigne d’un “couic!” sonore avant de se jeter sur son colocataire (enfin de lui grimper dessus quoi) et de lui mordre l’oreille. Il se marre mollement Neo, en faisant mine de se défendre. Ok, ok, on va augmenter ton taux de cholestérol, pas de problème… Il ne comprend pas le concept de cholestérol Nelson, mais il sait très bien que Neo se fout encore de sa gueule. Mais il sait aussi qu’il va avoir de la bouffe. Alors il se cale sur son épaule. Mais le snob quand même. Les problèmes de conscience d’un rat. Il n’y a pas que les humains qui ont de l’orgueil et se prennent la tête pour rien.

Quand Max lui demande s’il n’y aurait pas d’autres rats dans la voiture, il a bien envie de lui dire qu’il en a pas une foutue idée, et qu’il s’en bat un peu les couilles en fait. Ils font bien ce qu’ils veulent, c’est pas leur mère, juste leur associé. Mais il dit pas ça, parce que le blond commence à peine à se dérider et ça serait con de se le mettre à dos. A table ! qu’il braille alors, Neo. S’il y a des splinters, ils savent parfaitement ce que ça veut dire, et se ramèneront d’eux-mêmes. Et les rats-rats bah… tant pi’ hein. Il y a une deuxième frimousse blanche, rousse, et noire, qui passe sous le siège de Max et le dévisage d’un air aussi sceptique qu’un rat puisse avoir l’air sceptique. Millie, Max. Max Millie. Elle est pas commode Millie fait gaffe. Elle latte la tronche de tout le monde quand on la contrarie. Enfin c’est une gonzesse quoi... Sur cette remarque à peine sexiste, Neo décélère et s’engage sur le parking du premier magasin de bouffe croisé. Garé, moteur coupé, il considère deux secondes ses trois comparses et s’adresse au seul humain des trois. Tu permets… Il lève un bras et pose sa main sur l’épaule du shark et change d’interlocuteur (si on peut appeler ça comme ça). Bouge de là, miss Millie voudra pas partager. Nelson ne proteste pas, ayant déjà bien compris que Max lui sera plus dévoué que son casse-burnes de colocataire (qu’il aime bien quand même ofc), et trottine jusqu’au blond. Millie n’ayant pas perdu une miette de ce qu’il s’est passé, grimpe en un éclair sur le siège de Neo, les griffes qui bousillent à peine plus le cuir déjà décédé, et se blottit contre son cou. Il adresse un clin d’oeil entendu à Max, qui ne doit pas y comprendre grand-chose, étranger au microcosme formé par Neo et ses splinters, puis sort de la voiture. Fruits pour ces d’moiselles et fromage pour les poilus c’est ça ? Il se met déjà en marche Neo, mains dans les poches, rat sur l’épaule, et croise un type qui le toise avec un sorte de mépris croisé avec du dégoût. Il se contente de lui adresser un grand sourire carnassier dévoilant ses dents péraves qui suffisent à lui faire passer son chemin un peu plus vite que prévu. Il sait qu’il est moche Neo, et ça l’arrange. Genre pour pouvoir se balader avec ses rats en public sans qu’on vienne lui faire des remarques.

Max aime animaux. Il déteste un nombre de choses qui, tant la liste est longue, ne se calcule pas réellement. Il n'existe pas suffisamment de papiers pour qu'il puisse, au cours de sa vie, noter les choses qu'il méprise et qui sont horribles, dans ce monde. Mais les animaux, eux, ne font pas parti de cette liste non existante. Ils possèdent quelque chose d'innocent, de pur ou qu'importe, une merde du genre dans tous les cas, qui glissent un sourire contre ses lippes, et qui allège facilement son coeur. Max ne possède pas, bien évidemment, tout les maux du monde. Il ne se lamente jamais sur son sort, qu'importe s'il possède un bras en moins maintenant, qu'importe si ses parents n'ont jamais fait partis de sa vie. Il accepte les choses comme elles sont. Mais les animaux, peu importe lesquels, lui apportent une certaine paix avec la vie, ou une connerie du genre. Il ne se pose pas réellement de questions. Le Shark a simplement envie de sourire, lorsqu'il les voit, et de les observer en silence, au calme. Ils ont cet effet, sur lui. Celui de le rendre plus léger, de lui calmer l'esprit. Ses sourcils se sont plus doux, comme la plupart de ses traits, et quelque chose, à l'occasion, se permet de briller, dans ses iris. Il reste une tempête, une bête. Max sait, bien évidemment, qu'il est trop impulsif, qu'il ne réfléchit pas assez. Que ses mots sont violents, comme ses poings et ses gestes. Ils n'effacent en rien cette part importante de sa personne. Ils apaisent simplement le reste, un moment, pour lui permettre un peu de calme, quelque instant.
Son esprit est drôlement occupé, depuis un moment. Depuis la blessure. Par ses propres maux et par la douleur, par les effets de la chose, et par le regard des gens, sur le nouveau bras. Max n'en a rien à faire, du jugement des autres. Ce qu'ils pensent. Il s'en amuse, bien souvent. Mais il n'apprécie pas être inconfortable dans ses gestes. Il n'apprécie pas être responsable de la douleur des autres, alors que la chose n'est pas son intention. Et il y pense, sans cesse, pour cette âme soeur à la marque presque complètement arrachée. La bête contre ses mains lui permet, à l'instant, de ne plus remuer les choses sans cesse dans son esprit, et de se concentrer sur elle.
Le hurlement de Neo capte son attention et, une seconde, Max lui envoie un regard sombre et sceptique. Il regarde de nouveau vers l'arrière, attendant le résultat, pour ne rien voir. C'est lorsque Neo parle de nouveau qu'il tourne ses iris vers l'avant pour apercevoir, à ses pieds, une boule blanche qui le dévisage. Les lippes bougent, légèrement. Max contient son sourire, persuadée que la pauvre bête risque d'être insulté. Et s'il n'en a rien à foutre d'insulter les gens, c'est autre chose avec les bêtes. yo millie qu'il offre, aux rats, tandis que le véhicule se stationne enfin. Max tourne son regard vers l'enseigne du magasin pour voir où ils se trouvent, exactement, et grimace légèrement en voyant l'endroit commercial. Il déteste les chaines de magasin. Il préfère ceux locaux ou du moins, il essaie de s'y concentrer depuis qu'il pense à son impact écologique, dans ce putain de monde.
Un bref coup d'oeil vers Neo. Quelques secondes, puis Nelson pressser contre lui. la capuche est chaude, s't'veux Neodam est froide, après tout, au travers de la brume, du brouillard et de l'absence de soleil. La neige risque de tomber aujourd'hui également, pour ne pas changer, sauf si c'est la pluie. Ou encore, de la cendre. Reste que rien ne sera bleu, dans les cieux.
Il quitte le véhicule et suit l'autre à l'intérieur. Max le dévisage un instant, derrière lui, avec Millie sur l'épaule. Il essaie de se faire une idée du personnage, bien qu'il en fait pas cela, normalement. Il suppose, brièvement, que l'homme ne peut pas être si horrible que cela, s'il possède des rats. Encore faut-il savoir si les fenêtres étaient fermées, quand les splinters se trouvaient à l'intérieur. Personne n'enferme des bêtes dans un véhicule. faut voir les tampons aussi. qu'il gronde, en prenant un panier à main, une fois à l'intérieur. Malgré ses mots, le Shark s'empare plutôt de fruits que certaines filles préfèrent - il les connait par coeur - d'autres pour lui, avant d'aller vers les divers fromages. Sa main dévie vers ceux vegan et Nelson, dans la capuche de son hoodie, couine presque son mécontentement. Max pince ses lèvres. tu verrais même pas la différence. Il soupire et lève les yeux au ciel, avant de s'emparer d'un véritable fromage - non sans une pensée pour la pauvre vache - avant de se rendre dans la rangée des tampons. Neo s'y trouve déjà. Max se glisse à côté de lui et, sans un mot, dévisage le large mur. Il pince les lèvres de nouveau. elles veulent des trucs différents. qu'il lance, avant d'enfouir la main dans sa poche et sortir la liste. Ses yeux s'y attardent, une seconde. extra mince, longue de nuit, parfumée. les bleus, pas les roses. Son regard dévie vers l'étagère, large, de nouveau. Il fronce des sourcils, légèrement. Il n'y a rien de bleu. y'a rien de bleu. Et pourtant, en vérité, il y en a, des paquets bleus. Max ne le voit tout simplement plus, étrangement.