(matcha#4) i'm more delicate than i look.

Il ne sait pas comment il a fait. Le corps est douloureux. Le coeur bat fort. Mais Max y est parvenu. Sinned est toujours inconsciente, lorsqu'il arrive à l'église. Et si Max n'est pas religieux, la vue de l'établissement lui apporte un certain sentiment de réconfort. Il pense à Ajay et Gali. Il pense à Sinned et Sasha. Il pense aux autres, pour ne pas penser à lui. Pour ne pas ressentir la douleur qui lui vient de son ventre où le sang coule encore, et surtout, pour ne pas sentir la pression contre son bras, presque mort, qui pend le long de son corps, incapable de faire le moindre mouvement. Sa prothèse ne fonctionne plus. Il l'a fait exploser. Et à l'endroit exact où le métal rencontre la chair, le sang est présent. Max essaie de ne pas y porter les yeux, de ne pas regarder sa soulmark. Il sait qu'elle est abîmée, encore plus qu'autre fois. Il le sait. Il le sent. C'est une peur panique dans ses entrailles qui ne cesse d'être, et elle est presque impossible d'ignorer. Mais Max le fait. Pour Sinned. Pour Sinned qui a perdu plus que lui, cette nuit, bien que la noirceur s'efface, doucement, alors que le soleil se lève. La terre est inquiétante, dans la nuit. Max n'y a jamais réellement mis les pieds. Il se fit aux souvenirs plus ou moins flous de sa jumelle, pour se guider. Et il est soulagé, maintenant qu'il est arrivé, d'être parvenu à destination. Son bras, l'autre, le bon, est douloureux. Sinned n'est pas lourde, pourtant, mais il doit la tenir. Peut-être la tient-elle trop fort, contre lui, pour ne pas la perdre. Il ne saurait dire. Les pensées sont confuses. Elles sont un amas de choses. Un amas de ressenti, de peines et de douleurs, de rages aussi. Le coeur n'a toujours pas cessé de battre de manière folle, qu'importe si Romir est mort, maintenant. Il sait parfaitement pourquoi. L'esprit ne cesse de vaguer vers l'âme soeur, vers Sasha. Max a peur pour lui. Il saigne et Sinned est inconsciente, Ajay et Gali sont blessés, mais c'est pour le roux que Max s'inquiète le plus, sans pouvoir s'en empêcher. Il n'a pas envie de l'avoir blessé. Il en a peur, terriblement, en sachant déjà ce que la perte de son bras lui a coûté.
Le regard, brièvement, plane vers la marque bleutée, contre son bras. Max pince ses lèvres et inspire brusquement, détourne les yeux, comme brûlé. Puis, il hurle. help Il n'a pas honte des mots qui quittent ses lèvres, tandis que ses jambes cèdent légèrement, proche d'un jardin quelconque, devant l'église. Sinned reste pressée contre son torse et c'est son dos qui se prend le choc. fuck Il gronde, à la dévisager et se rassurer, à bien regarder si la chute ne l'a pas blessée. Les dents sont serrés, et le regard coule vers la porte, de nouveau. Personne n'est là, encore. Max s'impatiente. Pourquoi ils ne sont pas là ? Max s'inquiète. Pourquoi ils ne sont pas là ? Où est Ajay ? Où est ce gars en qui Sinned a confiance ? Qui est allé les chercher ?hey fucker, is there someone here or - Et la porte s'ouvre. Le Shark n'est pas souvent surpris, surtout depuis la découverte des mondes et des corbeaux. Il l'est pourtant, quand il voit le visage de Paul. L'autre stoppe son pas, un tablier autour de la taille, les yeux grands ouverts, avant de lui adresser un grand sourire. maxime ? omg bro, it's you ? Les sourcils se froncent. La colère bouillonne, pour de multiples raisons. it's maxens, fucker. Combien de fois il lui a dit ? Et pourquoi Paul est en vie ? Pourquoi Paul est sur terre ? D'où il connait Sinned, aussi ? Les questions sont nombreuses. Sa tête lui fait mal. Il n'a pas de place, pour encore plus d'inquiétude. Et Paul, lui, ne cesse d'être con, bien évidemment. i - what ? no it's maxime. no ? Les yeux se ferment. Sa tête lui tourne. La colère est si douce, si grande. maxens. and you're alive. Les mots sont grondés. Max a envie d'hurler, si fort. De le frapper. Pour Sasha. Pour lui-même, aussi. Pour Scar, également. Pour tous ceux qui ont pleurer ce connard. Mais Sinned est entre ses bras. she needs help now. Le sourire de Paul se ternit, enfin, et le regard se porte sur la blonde. oh jesus christ. sin... Il y a une tristesse dans son regard et une peur que Max connait, et il ne cherche pas à comprendre, se contente plutôt de laisser la brute s'emparer de la blonde avec une douceur certaine pour la transporter dans la demeure. Max prend quelques secondes, pour le suivre. Ses jambes tremblent, un peu. Et son corps est épuisé. Et la colère, encore, qui gronde. Il se demande ce qu'il devra dire à Sasha.
Quand il pénètre l'église, son regard n'est pas curieux. Il est concentré sur Sinned, déposée sur la table. Elle est pâle. what happened ? Il lève les yeux vers Paul, le dévisage froidement. Max n'a pas envie de lui répondre. Il désire uniquement le frapper. shits happens. she lost your soulmate. i kill him. he tried to kill ajay and gali. Le regard se tourne vers la porte, déjà. i need to go, now. can you take care of her ? Il serre les dents. Pense à Ajay. À Gali. of them ? please ? Si Paul est surpris par la supplication, il ne dit rien. Il hoche de la tête. Dans l'église, un grincement. Une porte. Max tend le cou, et dévisage. Il voit, par l'ouverture, le visage d'Ajay. Ou du moins, une partie. Les lèvres se pincent. Il maintient son regard. Il ne dit rien. yeah but max your arm... it's look like shit bro. maybe i - La voix est violente. no. i need to go, now. sasha needs me. Il détourne les yeux pour regarder Paul. Sa main valide prend appui contre ses côtes, sur la plaie. and he needs you. contact him or i kill you for sure. La brute ne comprend pas. Paul n'est pas lent. Les choses vont juste beaucoup trop rapidement. Max ne lui laisse pas le temps. what ? but - max - i really need to go. and you have to contact him. Le regard coule vers Ajay, une autre fois. La porte est un peu plus ouverte, cette fois. Alors, le regard se pose. Sur ce qu'il peut voir. Sur ce qu'il ne peut pas voir, aussi. Comme une jambe.

Max serre les dents et détourne le regard. Détourne son corps, également, pour aller vers la porte. Il doit aller sur Néphède. Il doit aller voir Sasha. wait bro i don't underst - shut up paul. fuck La voix tonne et les épaules se tendent. Le regard que Max lui offre est injecté de sang. i need to see him now. i can't - i can't stay. not here. i can't. Et Sasha n'est pas l'unique raison. Sinned et Ajay en sont également. Et Gali, aussi. Mais Max ne le dit pas, et essaie de ne pas y penser. Il quitte plutôt l'église, sans finir la conversation, sans écouter ce que Paul peut lui dire, ensuite. Il pense à la jambe d'Ajay tandis qu'il marche vers le portail menant vers Néphède. Il pense à Sinned, inconsciente. Et à Gali, qu'il n'a pas vu. Alors, ses propres douleurs se font maigre, qu'importe si elles le hantent, et si sa vision est floue, à l'occasion, il ferme les yeux forts et il avance, plus vite ou plus lentement, mais il ne s'arrête pas.
Le choc d'un monde à un autre le rend ivre, une seconde. Sans réfléchir, Max laisse son corps tanguer vers un arbre, mais du mauvais côté. La prothèse ne se soulève pas, sourde de ses ordres, et l'épaule échoue brusquement contre le mur. Il ferme les yeux et serre les dents, retient un cri et goûte le sang.
Quand il ouvre les yeux de nouveau, le soleil est complètement levé sur Néphède. Il parvient à le voir, au travers des nuages. Une tache floue et brièvement lumineuse. Ou alors, peut-être est-ce sa vision qui commence à lui faire défaut. Néphède lui semble plus terne. Et il n'ose pas penser aux arbres sur Terre qui, étrangement, n'étaient pas réellement verts. Il n'ose pas penser que la marque a réellement été touchée. Max se contente d'avancer dans la ville qui ne dort pas et qui n'a certainement pas dormi, cette nuit, comme lui. Il compte ses pas comme si la chose pouvait l'aider, puis les escaliers une fois rendu à leur immeuble. Il a besoin de voir Sasha. De savoir s'il va bien. C'est peut-être la seule chose qui lui permet de rester sur pieds, d'avancer. C'est une peur dévorante, dans ses entrailles. Une peur douloureusement nourrie par la peine que Sinned peut ressentir et que Max goute, en écho, sans le vouloir. Alors, il ne porte pas attention au chemin de sang qu'il laisse, derrière lui, et aux tâches sur les murs, quand son équilibre disparait quelque seconde.
Quand il arrive devant la porte, le coeur ne bat plus. Ou alors, il bat trop rapidement pour que Max puisse entendre quoique ce soit. Il étouffe le bruit que fait sa main valide, quand il frappe à la porte, fort selon lui, mais trop faible surement. sasha ? qu'il geigne, plus haut encore, comme une supplication au ciel. Mais il y a la rage, aussi, dans sa voix. La colère et la rage, mais surtout la peur. sasha ? anwser me. you're there ? Mais la colère s'efface, au fil des mots. Elle laisse place à la crainte, trop grande. À l'épuisement, et aux autres émotions, plus sensibles, plus délicates. Les secondes défilent et l'absence de réponse ne fait qu'accentuer sa peur, sa crainte. Il ne veut pas l'avoir blessé. Max refuse la chose, complètement. Il inspire, tremblant, la sueur au front et quelque chose, dans les yeux, qui le force à les fermer. gingerbread ? come on. Le corps est douloureux. Il tente d'ouvrir la porte, mais elle est verrouillée. please. Cette fois, la voix est plus faible. Brisée. God please. please. be alive. Il renifle. Pas pour le rhume. Pas pour la gripe. be alright. Des gouttes, contre le sol.
De sang.
De larmes.

Sasha s'est écroulé. D'autant plus surpris par le choc qu'en dépit de sa vision catastrophique, le roux s'est toujours arrangé pour ne jamais tomber. Que ce soit chez lui où dans la rue, une part de fierté qui joue là dedans, il retombe toujours sur ses pattes, comme un chat sauvage. Il s'est autorisé des crises de larmes parfois dans le métro, il s'est laissé aller au plus grand désespoir quand on lui a annoncé que Paul ne rentrerait pas, parce qu'il était mort. Mais jamais il n'a accepté l'idée qu'un jour, ses jambes aussi pourraient défaillir, qu'elles ne porteraient pas le poids de son maigre corps et refuseraient d'avancer. Il pensait aveuglément avoir le contrôle sur son corps, puisqu'il n'était pas autorisé à voir comme les autres, il pouvait au moins faire les gestes qu'il désirait. Il en ressent chaque fibre avec une telle précision, que voir ce contrôle si précieux s’échapper à l’instant lui fait peur. Terriblement peur. Et un jour, on lui a demandé, s’il avait peur.
Sasha a répondu qu’il n’avait plus peur de rien, maintenant que la vie lui avait montré ce qu’elle avait de pire à lui offrir. Être quasiment aveugle, perdre sa seule famille.
Il sait maintenant que c’est un mensonge.
D'abord, il a senti ses jambes trembler, la sueur perler sur son visage et le monde tourner autour de lui. La nausée. Il est allé vomir deux fois parce qu'il avait mal au ventre, le genre de douleur qu'il n'avait jamais ressenti aussi forte. En réalité, il sentait ses tripes se tordre, déchirer son âme. Il a ressenti de la colère, du désespoir, tout un spectre d’émotions qui le clouait au sol. Il a senti la souffrance de Gali, autant que celle de Max, écartelé entre leurs deux sentiments. A ne plus savoir ou donner de la tête, il aurait préféré se la fracasser contre la céramique du WC. Mais le pire était à venir, car quand il a relevé la tête de sa cuvette, la lumière lui vrillait les yeux. Comme regarder le soleil droit dans les yeux, trop longtemps. Bien que Sasha ne sache pas exactement ce qu’est le soleil, ne l’ayant aperçu qu’une fois, vaguement sur Altéa. Il avait tellement mal. Il s’est forcé à les cacher derrière ses mains, à se prendre la tête entre ses mains pour comprimer une plaie invisible qui venait de s’ouvrir en lui. Il a pleuré à chaude larme, hurlé en silence. De toute façon, il n’y avait personne pour l’entendre. Il s’imagine qu’à un moment, il est tombé dans les pommes. Sasha ne sait pas exactement ce qu’il s’est passé, dans tous les détails. Simplement que quand il a été capable d’ouvrir les yeux à nouveau, le monde était noir. Noir d’encre, noir de vide, noir d’absence. Le pire qu’il a imaginé, c’est que Max s’était fait tuer ou s’était tué dans un accident, que Gali était mort. Il a rapidement écarté l’hypothèse de Gali car les autres l’auraient sans doute ressenti aussi. Alors, forcément, il doit s’agir de Max.
Il a attendu. Assit par terre adossée au canapé élimé de Paul. Il s’est traîné comme il a pu, dans l’obscurité et l’absence de couleur. Quand quelqu’un tape contre la porte, il sursaute et un vent de panique lui glace le sang. Il se souvient, il n’y a pas si longtemps de ça, au début de l’année. Il a ouvert à un policier, pareil, un soir aussi morne. Sauf que cet homme au costume gris lui a annoncé une terrible nouvelle. Sasha serre les dents et les plisse fort les yeux. Il prie qu’il s’agisse de son imagination. Il préfère devenir fou. Il veut pleurer à nouveau. Et puis il entend sa voix. Il l’entend, moins forte que d’habitude. Avec moins de prétention, de force, d’assurance. Il ne reconnaît pas Max d’abord, il sait qu’il s’agit de sa voix mais il doute, hésite. Puis le roux trouve la force de se traîner jusqu’à la porte d’entrée contre laquelle il s’adosse. Il n’a pas envie d’ouvrir à un inconnu. Et puis, toute cette souffrance laisse place à une colère, qu’il expire en un souffle. « Max… what have you done … ?  » Sasha est trop désespéré pour lui en vouloir longtemps. Il se hisse sur ses genoux, puis ses pieds, pour saisir la poignée et ouvrir la porte. Il ne le voit pas, d’abord. Encore sous l’emprise de la migraine. Il ne le voit pas. Mais il tombe dans ses bras. Et il entend. Le cliquetis du métal.
Son souffle. Son corps. L’odeur du sang, de la pluie, d’une femme, d’Ajay. De.
De Paul. Vague, distraite. Il se dit que sa mémoire lui joue des tours, rejoue une scène. Qu’il aurait aimée voir. Paul qui rentre, en pièces mais vivant.
Sasha éclate en sanglot. Il se fiche de lui faire du mal, il sert fort Max contre lui.

Max n'a jamais peur de perdre quoique ce soit, principalement car il ne possédait rien. Et le sentiment est resté. Il est resté au dela des gens qui se sont glissés dans sa vie, au dela des liens qu'il a pu tissé, sans réellement se rendre parfaitement compte de la chose. Puis, ils sont tombés. D'abord le vieux, ne lui laissant qu'un sentiment amer dans la gorge. Lui laissant un appartement trop plein de livres et de carnets, de mystères et de secrets. Assez pour que Max se perde dans l'appartement mais jamais longtemps, suffisament pour ne pas pleurer sa perte, pour ne pas la ressentir complètement. Puis Paul. Paul ce connard qui a disparu il ne sait où, qu'il a laissé ses jeudi libre de sa personne après l'avoir harceler de longs mois. Paul qui a laissé une téléréalté douce amère qu'il apprécie encore et qui, aujourd'hui, lui donnerait clairement envie de détruire la tv, vu que ce connard est en vie. Et Naora. Naora par deux fois. À briser son coeur pas réellement amoureux pour aller se perdre dans les bras de Samy qui, de son côté, a briser le ciel, puis à buter son père alors que Max l'aurait fait pour elle, avant de se cacher sur Sigan. Il sait, le blond, pourquoi il n'est pas allé la voir, encore. Il lui en vaut. Il est en colère contre elle, pour diverses choses, sans savoir lesquelles. Trop habitué d'être en sa présence, de pouvoir compter sur elle, il ne sait pas réellement comment réagir sur certaines choses, sans elle. Elle laisse un trou. Et Max, il n'en a rien à foutre des trous. Du moins, il s'en foutait avant. Maintenant, c'est autrement. Maintenant, il a conscience de chaque trou, surtout les siens. Ceux qui coulent et qui fuitent le sang, ceux qui laissent le liquide carmin quitter ses veines de manière un peu inquiétante, peut-être. Il ne sait réellement. Il ne prend pas le temps, encore, pour regarder, pour savoir. Même devant cette porte qui n'ouvre pas, Max ne se préoccupe pas des trous dans sa peau. Il pense plutôt au trop plein, dans ses veines, dans ses tripes. L'angoisse qui le rend agitée et la peur qui lui dévore les veines. Il tremble. Il le sait. Il pleure presque, peut-être. Le souffle reste pris entre les lèvres et s'il entend du bruit venant des autres appartements, Max n'est attentif qu'à un seul. Celui de Sasha.
Il a peur de le perdre. Il a peur de l'avoir perdu, par sa faute, par ses conneries, par ses plaies. Le regard coule une énième fois contre son bras toujours couvert par sa veste.
Max a besoin de voir. Besoin de voir, de savoir. Alors, il hurle encore le nom du roux tout en retirant le vêtement. Il le laisse échoué contre le sol dans un bruit poisseux qui démontre l'état monstrueux de sa chair et ne voit que du sang. Du sang et du fer, du métal, de l'acier. Et les dents se serrent. Sous la douleur, sous l'angoisse.
Il tente de sa paume de chasser le sang pour voir la marque quand le bois grince, de l'autre côté de la porte. sasha ? il tente une énième fois, presque trop bas, sans espoir. Il sait, maintenant. Il remarque le gris là où devrait se trouver du beige, et un autre plus foncé, de gris, sur le bois de la porte. Il ne voit pas les couleurs. Il ne voit pas les couleurs, et Sasha ne lui répond pas.
Les battements du coeur diminuent, un instant. Puis, la voix du roux s'élève.
Max est frappé de plein fouet en pleine poitrine, trois fois. Par la voix, par les mots, une première fois.
Par la porte qui s'ouvre et le gris qui, brièvement, laisse place à un éclat de roux et à un vert trop pur, une seconde fois.
Par les bras de Sasha qui capturent son corps, brusquement, à lui arracher une grimace de douleur et une exclamation, également, sous la puissance de l'étreinte.
Mais pour la première fois de cette putain de nuit qui vient de finir, Max apprécie cette douleur. Il la préfère mille fois à ceux ressentis au cours des dernières heures. L'inspiration qui le traverse est rapide et saccadé. Le bras bionique pend le long de son corps et le second, muni d'un semblant de force, passe derrière la nuque du roux pour le retenir contre lui, fort. Pour l'empêcher de fuir. Pour ne pas le sentir partir. Pour savoir qu'il est en vie. sasha Il gronde contre son épaule, le visage enfoui, les mots étouffés. sasha On dirait une prière. C'est l'unique chose qu'il peut dire, à l'instant, pour se persuader qu'il s'agit bien du roux, dans ses bras. Il n'y croit pas, encore. L'inquiétude est toujours là. Il a besoin de le voir. sasha i - just let me look at you. Et pourtant, lui-même ne bouge pas. Qu'importe ses peurs, qu'importe ses inquiétudes. Le Shark le serre plus fort, contre lui. La partie de son bras accrochée à la prothèse couine de douleur. are you hurt ? please tell me you're fine. Il renifle mais ne pleure pas. Ou du moins, si des larmes coulent, elles tombent contre le vêtement du roux. Elles ne glissent pas contre ses joues. don't cry Et il renifle, encore. Il renifle et il tremble, si fort. i'm fine. i - ajay and gali are fine. and sinned. and - Romir est mort, lui. Le souffle de Max se brise. Il pense à Paul. and i love you. god, i love you. i'm sorry. please tell me you're fine. just - i wanna see your face. i need it. Il sait que les mots ne suffiront pas. Certainement qu'il aura besoin de retirer les vêtements à Sasha pour regarder chaque parcelle de sa peau, sans le moindre regard lubrique, pour s'assurer qu'il aille bien, avant de laisser l'autre s'occuper de ses plaies.

Sasha les déteste tous. Il déteste Gali et son époux psychopathe, il déteste Sin et le lien unique qu'elle partage avec Max, il déteste les univers et les mondes. Si ils n'existaient pas, peut-être qu'il aurait pu rester au lit ce soir au lieu d'avoir une crise, qu'il serait en train de dormir la tête contre le torse de Max au lieu de retenir des sanglots. Il préfère les moments de tendresse à ces retrouvailles dramatique. Il leur en veux d'éloigner le blond de lui, de le pousser à faire toutes les choses qu'il fait et de les séparer. Sasha ne comprend pas forcément tout ce qu'ils font, il écoute son âme-soeur lui parler des corbeaux, sans pour autant imaginer tout ce que cela implique. Les mondes sont trop immenses pour le malvoyant,lui qui peine déjà à savoir tout ce qui constitue celui au sein duquel il est né. Et s'il n'est pas le meilleur, si Néodam est le pire endroit qui soit, il s'en fiche parce que c'est sa maison. Il s'efforce de rester dans cet appartement maudit dans l'espoir qu'un jour son frère poussera la porte et viendra s'excuser d'avoir été si con et leur avoir fait si peur, il persiste à vivre dans cet immeuble pour les beaux yeux bleus de son voisin. Si il avait voulu partir, il l'aurait fait depuis longtemps. Voyager n'est pas sa passion, il apprécie trop une soirée au chaud, dans son plaid en laine qui gratte tricoté par sa mamie et une série stupide en fond.
Surtout, Sasha est égoïste. Il ne le montre pas, le roux aimerait garder les choses pour lui. Il n'aime pas savoir que Max s'amuse sans lui et surtout qu'il se met en danger. Mais il ne peut pas aller contre le blond. Il sait combien la chose lui importe. Il tient à son père adoptif et à sa jumelle, même si au goût du roux, ils n'ont fait que lui apporter des problèmes. Sasha accepte la chose. Et tout ce qu'elle implique. Qu'il ne puisse pas le contrôler. Qu'il soit condamné à souffrir avec lui. L'idée le rassure quelque part. Il sait quand Max a mal, il n'aura jamais la mauvaise surprise d'un flic qui frappe à sa porte pour lui apporter une mauvaise nouvelle. Leur lien lui permet de se préparer aux choses et de se sentir plus fort. Après tout, pour l'espace de quelques mois, Sasha a pu voir les couleurs. Il se demande s'il doit le dire. S'il doit lui dire qu'il va bien, plus ou moins, mais qu'il ne voit plus la couleur de ses yeux et qu'il risque d'avoir besoin de nouvelles lunettes. Une part de lui voudrait lui reprocher ce pas en arrière et lui dire que tout est de sa faute, mais ses mains effleurent ce qu'il reste de sa prothèse et il n'en a pas le coeur. Il comprend simplement que Max a suffisamment souffert et qu'il n'a pas besoin de sa colère. Il aura tout le temps de lui reprocher son imprudence plus tard. Pour l'heure, le blond est venu se réfugier chez lui, à la recherche d'un réconfort certain que le roux accepte de lui donner. Alors il se contente de sourire et d'hocher la tête. Sans avoir le courage de mentir à voix haute, puisque son âme soeur y décèlerait sans doute le subterfuge. Il préfère déplacer le problème et entraîne le blond à l'intérieur de l'appartement.

Il le force à s'allonger sur le sofa. Pendant qu'il s'affaire dans la cuisine, à ta t-on pour aller chercher une tasse de thé. Tout son corps tremble, de la pointe de ses pieds jusqu'au bout de ses doigts. Des sanglots le font sursauter par moment mais il plisse fortement les paupières et réprime les éclats qui menacent de le faire s'écrouler. Il lui faut garder son calme, à tout prix. Quand il élève la voix, il peine à garder son calme et se répète en boucle de ne pas paniquer. This is fine. Everything is fine.. « Just... Don't move. I'll bring you some tea. And I'm going to... I... Your arm. » C'est différent de Paul. Paul en général, revenait simplement blessé. Le géant est tellement costaud que ses plaies sont souvent trop minimes, c'est juste lui qui pleure beaucoup et serre les dents. La tasse lui échappe des mains et tombe par terre. L'eau brûlante éclabousse sur ses pieds et Sasha saute en arrière. « Shit. » La panique l'envahit. Sans qu'il ne soit capable de la contenir. « Shit.... shit shit shit shit SHIT. » Il renifle bruyamment et retourne au niveau du salon. « What am I supposed to do ?! » La colère est palpable dans sa voix.Sasha ne sait pas quoi faire. Il n'a pas l'habitude d'avoir l'esprit en vrac et il n'aime pas ça, il n'aime pas quand son esprit cartésien vole d'une idée à l'autre. La chose le rend fou. Il est envahit par les inquiétudes de Max et elles sont dirigées vers beaucoup trop de personnes. Le roux se prend la tête entre les mains quelques secondes le temps que la migraine passe. « It's over Max. I'm fine. » Sasha est à bout de souffle. « You're safe here. »

Rien ne va. C'est quelque chose que Max peut sentir sur sa peau, comme à l'intérieur. Il ne saurait dire d'où lui vient le sentiment, pourtant. La chose lui est étrange. Il a cette habitude de savoir si l'émotion ressent lui vient de Sasha, de Sinned ou alors, de son cluster. Mais il se perd. Il se perd dans ce flux d'émotions qui le prend par les entrailles, et il ne fait que ressentir cette douleur et cette panique qui la traverse. Il ne peut que voir le sang contre sa chair et ses vêtements, qu'importe si le liquide n'aborde pas sa couleur habituelle. Max n'est pas choqué par le manque de vision ; il n'en a rien à faire des couleurs qu'il ne peut voir, pour l'heure. Son attention est dirigé vers le roux, et il désire savoir s'il va bien. Le Shark ne se préoccupe pas de sa propre personne, pour l'heure. Il sait qu'il saigne et qu'il porte des blessures qui ne sont pas uniquement corporelles, mais Sasha est sa priorité. La chose le surprend. Il n'a, après tout, jamais fait passer une autre personne en priorité. Il a cru l'avoir fait, certaines fois, avec Nina et Naora. Le sentiment est différent. Horriblement différent. C'est quelque chose qui l'envahit en entier et qui le ravage, un peu comme la mort. Sauf que c'est tendre, doux. Trop tendre et trop doux pour lui, peut-être. Le corps est traversé par des envies pour le roux depuis des mois maintenant, des envies qu'il n'avait jamais ressenti avant, mais les sentiments ne sont pas venus aussi rapidement. Ils se sont perdus, un peu, en chemin, ou alors le blond les a empêché de prendre place, par peur. Mais ils sont là. Max peut les sentir en lui, puissants, et peut-être que c'est ce qu'ils font, d'ailleurs  ; le rendre puissant. Le rendre aussi puissant qu'il se sent faible, à l'instant, avec le roux dans ses bras et cette incapacité à faire quoique ce soit pour l'aider.
Les questions ne trouvent pas de réponses, outre ce qui traverse le visage de Sasha. Si Max possède des doutes, il garde ses lèvres scellées et se laisse transporter maladroitement sur le canapé car il n'a pas la force de faire autrement. Dés l'instant où il s'assoit, il peut sentir la fatigue dans chaque membre de son corps. Il tremble ; il tremble d'épuisement et sous l'émotion vécue au cours des dernières heures. Le corps se laisse tomber contre le canapé et il ferme les yeux, un moment, tout en entendant la voix de Sasha. Il reste attentif, malgré l'envie de dormir, à chaque bruit que son âme soeur peut lui accorder. Qu'importe si le Shark l'a vu, il ressent encore cette peur de le perdre. Le fait que Sasha soit vivant à l'instant n'empêche pas qu'il puisse mourir prochainement. Alors, le Corbeau tient son bras délicatement contre lui, posé sur son torse, en essayant de garder la plaie libre de tout contact, pour ne pas blesser l'autre, et non lui-même. Just... Don't move. I'll bring you some tea. And I'm going to... I... Your arm. Le Shark ouvre les yeux et fixe le plafond et la peinture qui s'écaille. i don't care about tea sasha. just - Sa phrase est coupée par le bruit d'un plat qui se brise, contre le sol. Le blond tente de se redresser, alerté, paniqué à l'idée de - Shit.... shit shit shit shit SHIT. Le mouvement se stoppe, le corps tendu. Le corps reprend ses battements. Le blond soupire doucement et tente de se redresser, encore alarmé, malgré la douleur. Il sent encore la plaie contre ses côtes et la présence de l'arme bien qu'elle n'y soit plus. Mais la chose importe peu. Les inquiétudes sont plus nombreuses que ses plaies.
La voix de Sasha le surprend ; il ne s'était pas rendu compte que le roux était de nouveau dans la pièce. What am I supposed to do ?! Il porte un regard agité vers lui, alarmé de le voir de la sorte, le visage entre les doigts, le souffle court. L'inquiétude s'accentue. Max gronde presque ; sash - It's over Max. I'm fine. You're safe here. Les yeux se plissent et le coeur reste affolé. Il n'apprécie pas, d'un côté, que le roux essaie de le réconforter, de le calmer. Max n'a pas l'habitude de l'être, bien qu'il s'est également rendu à l'appartement pour que son âme soeur prenne soin de lui. Il déteste encore plus le mensonge. You're not fine Les paroles sont rauques de sa gorge et chaque mot le brule et blesse. Il déteste la vision qui lui est offerte. Il déteste voir le roux traversé par une douleur dont il en ressent de maigres échos, sans savoir quoi faire. Il méprise encore plus l'idée d'être responsable de tout cela. Sans lui, Sasha ne serait pas traverser par de tels maux. Mais Max n'en vient pas à regretter leur lien. C'est bien la dernière chose qu'il regretterait. Il aimerait uniquement lui apporter plus, et beaucoup mieux que ce qu'ils vivent, à l'instant. N'est-il bon qu'à cela ? C'est une question qui tourne dans son esprit depuis des semaines, face aux événements qui ont eu lieu. Et elle est accentuée ce soir, par la mort de Romir.
L'homme serre des dents et prend appui sur sa main valide, les jointures blanchis tant il s'agrippe au tissu du canapé pour se redresser. Ses côtés sont traversés par une douleur qu'il ignore et le corps tremble, mais les yeux restent fixes sur Sasha, qu'importe s'il ne peut dire si son pull est rouge ou alors, gris. Il parvient à voir la couleur de sa chevelure et celle de ses yeux, heureusement. Un soupir traverse ses lèvres et il ferme les yeux, une seconde, pour faire disparaître les points noirs qui dansent. can you please fucking come near me ? Le regard se pose sur son âme soeur, de nouveau. Il n'est pas aussi froid que normalement, plus fragile. Sa main tremble. Il peut le sentir, quand il la passe dans sa crinière. Le geste en lui-même est douloureux, et une grimace traverse ses lèvres. Max est épuisé mais n'a pas envie de fermer les yeux. Il a besoin de Sasha. Et c'est une première, pour ce genre de besoin, et si la chose le dérange presque, le rend mal à l'aise, Max essaie de ne pas le démontrer. Il accepte entièrement l'affection qu'il ressent pour l'autre, bien qu'il ne sait pas totalement quoi en faire, et comment la démontrer. Ressentir une envie ne veut pas dire savoir comment l'exprimer. Il est encore novice. i don't care about my arm. it's just a stupid arm, okay ? Il serre des dents, peste bas. i can always have another one. but you - Max avale de travers. La langue passe furtivement contre ses lèvres et il ne peut ignorer, cette fois, le goût salé de ses larmes. Pleure-t-il encore ? Il ne sait même pas. Max ignore son propre état lamentablement, fixé sur son âme soeur. i can't have another you so please. can you just come here?

Sasha voudrait hurler, peut-être qu'il y trouverait du réconfort, puisqu'il ne peut pas frapper Max. Ni quoi que ce soit. Et pourtant le roux comprend parfaitement à l'instant, ce sentiment d'avoir envie de pousser les morts de l'appartement ou de détruire encore de la vaisselle. Ce n'est pas que la chose le calme mais elle le ramène à la raison. Et il a besoin de toute sa tête s'il veut aider efficacement Max. Chose compliqué dans l'instant, mais Sasha a l'habitude d'avancer à l'aveugle avec les gens. Il sait improviser, essaye du mieux qu'il peut. Il a cette intelligence, à défaut d'être à l'aise avec les autres et intéressant. Il s'adapte, on ne lui a de toute façon, pas laissé le choix. Il s'apprête à se diriger vers la salle de bain quand les paroles de Max l'arrêtent en plein geste. Au bord de la crise de nerf, le roux réplique sans filtre. « Can you please fucking trust me when I say I'm ok ? » Not fine, just ok. Néanmoins il soupire et vient s'assoir à côté de lui. Il ne peut rien faire, pas même le recoudre. Il ne voit rien. Dans une situation pareil, Gali froncerait ses sourcils, prenant un air sérieux et dirait à son fiancé de ne pas tâcher ses affaires avec son sang. Il pleurerait sans doute même s'il ne veut pas qu'on le voit et l'embrasserait. Sasha pourrait demander de l'aide à Joshua, il a fait du bon travail sur Ajay - même si ça ne l'a pas soigné dans sa tête et qu'au yeux du roux, il reste un connard qui attire les ennuis. Mais Sasha a peur et sans doute qu'une part de lui a peur de ce qu'est Max et de ce qu'il a à lui offrir. Sa mère avait raison en lui disant qu'il finirait sans doute avec un type comme Paul, qui fait des choses que l'on réprime. Mais Max a d'autre choses à offrir. Seulement, Sasha voudrait pouvoir les voir et pas uniquement avec ses yeux. Mais l'amour est aveugle, lui aussi. Sasha le comprend.
Il ne sait pas  ce que feraient les autres et lui, n'est pas certain de faire ce qu'il y a de mieux. Sasha s'attache à toujours faire les choses de la bonne manière, mais cette fois il n'y a pas vraiment de meilleure manière.
Il s'ouvre rarement, sauf pour quelques sarcasmes ou pour réconforter quelqu'un. Aujourd'hui, il en aurait bien besoin, mais aujourd'hui ils doivent être épuisé entre lui et Gali. Tout le monde à le droit au repos et Joshua a déjà assez à faire. Ils vont se débrouiller, c'est ce qu'ils font de mieux. Personne ne pose de questions à Nephède quand on se fait tabasser, il suffirait de prévenir une ambulance et de leur offrir une somme qu'il ne peuvent pas refuser. Sahsa vendrait volontiers l'âme de Kitty pour l'échanger avec un max en bonne santé. Lui, cela fait trente-cinq ans qu'il se repose, il est temps d'agir. Et pourtant, il est terriblement inutile. Sasha pose délicatement sa main sur celle de Max. Et ment avec le sourire. « You eyes are really blue today. Do you know ? » s'enfonce dans son mensonge. Sa main quitte la sienne pour caresser ses cheveux. Ses yeux ne le regardent pas vraiment, évite sans vraiment le vouloir le bras. Puis, il arrête son geste et décide de sécher les larmes du blond. Dans un geste lent, il essuie toute trace de ses joues à l'aide de son pouce. Max n'aimerait pas se voir ainsi. « You don't need to worry for me. I won't move. » Il n'ira pas très loin de toute façon, surtout dans son état. Sa migraine l'empêchera d'aller travailler, il faudra qu'il appelle le bureau et proteste une maladie. S'ils posent des questions, il leur dira qu'il veut pouvoir crever en paix l'espace de quelques jours. Mais ce n'est de quelques jours dont il a besoin, peut-être d'un bon mois. Ou d'accepter leur offre de poste et les lunettes qu'ils lui offrent en échange. Sasha se fiche du salaire. Mais voir, pouvoir observer le visage de Max dans tous ses détails, voir à quoi ressemble son corps à travers ses vêtements.... Il le désire plus que tout.
Malheureusement, ce n'est pas ce soir qu'il risque d'avoir son moment intime. Sasha soupire. Il comprend la frustration de Gali. A un niveau différent. Sasha se pince les lèvres. « Listen... you can't keep going like this. You need to stop. » Il ne lui demande pas de tout arrêter, mais de s'accorder une pause. D'accepter qu'il doit panser ses plaies. Max doit dormir. Max doit changer son bras ou au moins.. se débarrasse du tas de ferraille qui fait un bruit de casseroles. « You must take some time for yourself now. The world is safe for tonight. » Il ironise, dans un rire sans entrain, mais en y mettant du sien tout de même. Presque un reproche, comme il engueulerait Paul et ses bêtises. Il a déjà perdu un frère qui n'a pas voulu l'écouter, il ne veut pas perdre Max lui plus. C'est sans doute pour cette raison qu'il pose sa tête sur épaule valide et encercle son vrai bras. Pour ne pas qu'il s'en aille.
Lui non plus, n'a pas le droit de partir.

Il y a quelque chose dans les yeux de Sasha qui le rend fort et fragile à la fois. Max ne sait pas quoi faire de ce sentiment, outre que de le vivre et de l'accepter pleinement. Il reste encore ignorant de plusieurs choses, incapable de bien convenir à quel point son coeur peut battre fort pour une autre personne et à quel point il peut se sentir minuscule face au roux, pour diverses raisons, tout comme il lui donne l'impression d'être immense. C'est un contraste qui l'enrage bien souvent et à l'instant également, mais le blond ne saurait pas s'en passer. Il commence à s'y faire. Il commence à apprécier la manière dont son intérieur est frappé par des sentiments forts et contraires, et se surprend parfois à penser que chez lui n'est pas forcément la cabane, mais l'appartement de Sasha, certains jours. Il ne cherche pas à savoir ce que représente la chose, se contente plutôt de la laisser être. Il ressent ces nouvelles émotions sans les retenir, bien qu'il ne sache, la plupart du temps, quoi faire avec elles. Elles sont fortes. Trop, parfois. Il lui arrive de se mettre en colère pour rien, uniquement par inquiétude, et Max sait qu'il est sur le point de l'être, s'il continue ainsi. Il est étrange de savoir qu'il a longtemps été cette bête imprévisible et que depuis quelques mois, il a muri qu'importe s'il a passé l'âge pour cela depuis bien longtemps. Il sent la colère mêlée à la panique qui plane dans ses veines et il ne cherche pas à l'étouffer, mais plutôt à trouver raison. Car il n'en a aucune, de raison, pour être en colère contre Sasha. Le Shark l'est principalement contre lui-même. Pour les blessures qu'il porte et pour les maux qui font échos sur Sasha, certainement. Il n'est pas stupide ; peu importe s'il a du mal à déterminer de qui vient ses émotions aujourd'hui, Max sait parfaitement que le roux ne va pas parfaitement bien. Il distingue une poigne de mensonge dans le réconfort qu'il lui offre mais il l'accepte, comme Sasha a souvent accepté les silences offerts pour les questions posées. Beaucoup de choses restent sous silence, encore. Le fait que Sasha travaille au CPIM y est pour beaucoup de choses, mais Max ne s'en fait pas. Peut-être est-il naif, mais il aime croire que Sasha est réellement ignorant. Que ce soit un choix de sa part ou alors, que ses patrons le gardent à l'écart de cela, il ne sait pas.
Un sursaut le traverse, violent, et le corps se tend douloureusement quand une main effleure la sienne. Le chien fou est encore sous l'adrénaline du combat, qu'importe le temps qui s'est écoulé. You eyes are really blue today. Do you know ? Il lui faut quelque seconde pour se détendre faiblement et tourner son regard, agité, vers le roux. Quelque chose absent, dans l'oeil de Sasha. Mais Max ferme les siens, sous la caresse dans sa crinière, et se permet une seconde de calme. Il tressaute lorsque les doigts effleurent ses joues et les yeux s'ouvrent de nouveau, perçants. Il déteste réagir de la sorte mais sait qu'il ne peut faire autrement, dans son état. You don't need to worry for me. I won't move. Un grognement quitte ses lèvres, aucun mot. Le toucher de ses doigts dans ses cheveux lui manque déjà. Il se garde de lui dire pourtant, par principe. Ou alors, peut-être par gêne. Listen... you can't keep going like this. You need to stop. Une grimace traverse ses lèvres et cette fois, Max se redresse un peu, bien qu'à peine. Ses pieds touchent le sol et bien qu'ils ne supportent aucun poids, ils tremblent terriblement. Les épaules se voutent vers l'avant il passe sa main valide dans sa crinière. Quitte à ce que Sasha ne le fasse plus, il peut bien s'accorder lui-même un peu de douceur. You must take some time for yourself now. The world is safe for tonight. Les lèvres se pincent et il retient son souffle, un moment, en colère. Il lui faut quelques secondes pour qu'il expire brusquement et tourne son regard vers Sasha, sans pour autant lever la tête ou retirer ses doigts de ses cheveux. Au travers de sa crinière, Max le dévisage une seconde, les sourcils froncés, face à l'absence de regard dans sa direction. Ou du moins, pas au creux du sien. are you ? qu'il finit par demander, bien que d'autres questions se trouvent dans sa tête. safe. are you ? Il précise, tout de même, le ton toujours bas, avant de soupirer un grondement dans la gorge puis, avec lenteur, laisser son dos se poser contre le dossier du canapé. Il doute parfois de la sécurité de Sasha. Max a peur de lui causer du tort. Il a peur de ce que le CPIM pourrait lui dire, s'ils savaient. come here Le Shark demande mais bouge de lui-même, à peine mais suffisamment pour que ses lèvres effleurent ceux du roux avant de s'y écraser plus fort. Même le contact est tremblant ; le manque de force commence à se faire sentir. Le manque de sang, aussi. Il a besoin de s'occuper de ses plaies. Cette fois-ci, son dos percute le dossier un peu plus brusquement quand il cesse le baiser ; Max n'a pas la force de retenir son propre corps. don't be mad. Il ricane, au travers d'une grimace. it could be that I still bleed. and that the ball is still there Il porte sa main valide à ses côtés touchées pour en sentir l'humidité présente, comme la douleur. Max grimace et baisse les yeux ; il voit le sang, mais il est gris. do you have the stuffs for that ?

Sasha ne parle jamais de ce qu'il ressent, pas à voix haute. Il laisse s'échapper quelques soupirs, parfois il s'égare et souffle quelques plaintes. La plupart du temps, le roux reste très pudique sur ce qui traverse son esprit, il a apprit à être fort et pour ne plus jamais être faible, il lui a fallu faire impasse sur certaines choses. Les gens ont trop souvent tendance à penser qu'il est plus accessible que d'autres mecs, parce qu'il est malvoyant et pacifiste. Ils ont tort, ils ne savent rien de sa vie et Sasha n'a pas envie de leur dire. De leur parler de l'absence terrible que son frère à laissé, de la solitude qu'il vit au quotidien. Même s'il est entouré, Sasha sera toujours seul, avec ses parfums, ses dossiers, avec ses couleurs fades. Il a cru que la chose changerait avec Max, mais maintenant il a peur. Il a peur que Max le blesse irrémédiablement, il a peur que Max parte, de la même manière que Paul l'a quitté. Brutalement, sans pouvoir se dire au revoir, sans un dernier baiser. S'il continue toujours de pleurer pour exprimer sa rage, sa peine et sa fatigue, il ne sait plus mettre de mots dessus à l'heure actuelle. Il marmonne dans sa barbe et lève les yeux au ciel, sa frustration il la passe ailleurs. Et même à cet instant, s'il voulait vraiment reprocher le monde entier à Max, il ne saurait pas comment lui dire. Comment lui expliquer qu'il fait battre son coeur cent fois trop vite, par sa présence autant que son absence, par ses blessures. Sasha hoche la tête faiblement et répond un "hm" quand Max lui demande s'il va bien. Il ne veut pas lui dire que ce n'est pas le cas, il ne veut pas que Max s'inquiète, il ne veut pas qu'il pense à autre chose qu'à lui. Parce que celui qui a le plus besoin d'attention, c'est bien lui et sa tignasse blonde et ses yeux bleus et ses plaies rouges qu'il distingue faiblement. Sasha n'aime pas rester inactif, mais il est happé par Max.
Happé par ce baiser.
Il se souvient de la première fois qu'ils se sont embrassé et des autres qui ont suivi et il en oublie presque pourquoi il en veut autant à Max d'être là, dans ces circonstances. C'est suffisamment pour calmer son coeur qui bat la chamade, qui menace d'imploser sous l'effort. Si seulement il n'était pas blessé, s'il ne s'était pas passé quelque chose, Sasha l'aurait fait taire et se serait contenté de l'embrasser pour la soirée. Juste pour le plaisir de le prendre dans ses bras et l'avoir pour lui toute une nuit. Mais ses lèvres ont aussi le goût du sang, ce qui le rappelle à la réalité de manière trop brutale. Sasha n'aime pas ce qui est en train de se passer, les choses vont trop vite, il n'a pas le contrôle sur la situation. C'est comme regarder un train passer sans s'arrêter, foncer droit dans un mur sans pouvoir l'arrêter. Il a toujours été spectateur des catastrophe, coincé dans son canapé les yeux dans le vide, à s'imaginer vainement tout ce qu'il ferait s'il avait une meilleure vue, s'il ne se sentait pas autant handicapé. La cœur serré il répond à ses inquiétudes, toujours vaguement, ne voulant pas l'avertir du trouble dont il est atteint - qui semble s'atténuer un peu au fur et à mesure des minutes - longues - qui passent. « Of course I'm safe.  » Sasha a besoin de calme pour réfléchir, de se poser dans un coin et poser la situation.  Mais ce que Max a à lui dire ne le rassure en rien. Il a envie de le gifler, même si ce n'est pas comme ça que l'on s'occupe des personnes blessées, qui sont en train de se vider de leur sang sur votre canapé. Le roux couvre son visage avec ses mains et soupire, faute de pouvoir hurler tout son désespoir et sa frustration. Il prend une grande inspiration et  passe une main dans ses cheveux pour repousser une mèche de cheveux qui le dérange, ou peut être parce qu'il a envie de se les arracher. « com> You need to get in a fucking hospital Max are you serious ?! » Sasha réprime un sanglot, le trop plein d'émotion finalement prêt à exploser. Il se penche pour attraper une boite sous le canapé. Ils ont décidé d'un commun accord avec Paul, qu'ils garderaient la trousse à pharmacie dans un endroit facilement accessible. Alors, au lieu de la cacher dans la salle de bain et de paniquer parce que les compresses ne s'y trouvent plus, ils ont décidé que la meilleure place était sous le canapé. Là où il pourrait s'en servir même si Sasha dormait où n'était pas là. Cela fait longtemps qu'elle n'a pas été ouverte et Sasha redoute qu'il manque certains ustensiles. Paul cassait souvent les petites paire de ciseaux. Le boitier rouge pâle entre les mains, il peine à l'ouvrir, les mains tremblantes et les larmes qui lui brouillent la vue. Mais sa plainte est silencieuse, Sasha s'applique à ne pas montrer les choses. Max doit les ressentir, de toute façon. Mais il ne lui fait pas cet affront de chialer devant lui. Il lui tend la boite et cette fois, n'a pas d'autre choix que de lui dire où se situe son plus grand problème. S'il a besoin d'aide, Sasha n'en sera d'aucune. Il ne voit pas, pour l'instant. La migraine l'a trop affaibli. « You can do this alone ? Cause I can't help you. » Ses points se serrent. « 'case I can't see it. »

You need to get in a fucking hospital Max are you serious ?! Les mots tonnent et Max ferme les yeux. Il les attendait et il se permet, pendant un instant, d'être lâche. De ne pas affronter la vision que Sasha lui offre, à moitié brisé, le corps et le visage lui démontrant sa détresse certainement. Le roux a tout les droits, après tout, d'être en colère. Max n'a rien à dire, sur la chose. Il est conscient de ses erreurs, plus que n'impporte qui. Conscient de ses fautes et du fardeau qu'il porte sur ses épaules et que, malgré lui, se trouve également sur les épaules des gens qui sont chers à son coeur. Et il se sent soulage alors, et terriblement en colère à la fois, que Sasha ait à porter un pareil fardeau. Il ne désire pas cela, pour lui. Il ne souhaite que son bonheur, mais sa vie ne lui permet pas de lui apporter uniquement cela. Il le souhaiterait, parfois, bien que le blond sache parfaitement que la chose est impossible. Il possède des crocs et des griffes ; il blesse sans même le vouloir. Soi-même, mais surtout les autres. Ceux qu'il aime. Celui qu'il aime.
Quelque part, Max sait. Il sait que si Sin avait hésité plus longtemps, si elle ne lui avait pas donné de réponses, il aurait tuer Romir tout de même. Qu'importe s'il se sentait - se sent - responsable de la situation, le désire de voir Sasha, de passer encore d'autres moments en sa compagnie, était plus fort. Et ce désir sera certainement toujours plus fort que bien des choses, même sa culpabilité. Même sa lacheté. Il ouvre les yeux, après quelques secondes. Assez pour voir que le visage de Sasha est plus calme, et qu'une trousse de premiers soins se trouve à côté de lui sur le canapé, maintenant. Les couleurs n'y sont pas présentes ; elle porte des tons de gris et de blancs, suffisament pour qu'il y voit une croix. i need to see you more than a fucking hospital il marmonne à demi les mots, sachant parfaitement que Sasha risque d'être en colère. Ross n'est pas stupide. Il sait ; il sait parfaitement que ses blessures sont suffisament grave pour qu'il se sente terriblement faible. Il est borné également. Suffisament pour ne jamais être aller à l'hopital de sa vie, sauf peut-être à sa naissance. Malek lui a toujours dit de se méfier. De ne pas leur faire confiance. La chose est restée ancrée en lui. Et même lorsque son bras a été coupé, Max n'y a pas mis les pieds. it's alright qu'il souffle, plus fort, le regard fixé sur les doigts tremblants du roux. i had worse Le ton est presque farceur, moqueur, et Max s'en veut aussitôt.
Il n'ose pas penser. Il n'ose pas se demander comment il serait, si Sasha était blessé. En colère. Furieux. Prêt à démolir le monde entier, à le mettre à feu et à sang, entièrement, un monde à la fois.
Contre les jours de Sasha, les larmes sont silencieuses. Sasha est si silencieux. Max ne s'est jamais pensé comme une personne bruyante, dérangeante. En présence du jeune Beaumont, il a des doutes. Sasha est si calme, même en colère. Max pince ses lèvres ; il a envie d'aboyer pour lui.
La boite est ouverte. Sasha lui tend. Max se doute, un peu, pourquoi. Les mots le mettent en colère, pourtant. You can do this alone ? Cause I can't help you. 'cause I can't see it. Il ferme les yeux, une nouvelle fois. Moins longtemps. Suffisament pour inspirer et expirer, pour contrôler la bête qu'il est et ceux, nombreuses, en lui. yea i figured it. alright Le mot roule sur sa langue et Max tend sa main valide pour s'emparer de la boite. Il se contente de la poser à côté de lui. À l'intérieur, tout alterne entre différentes nuances de gris, de noir et de blanc. can't see colors qu'il finit par avouer, aussi. Son regard se pose sur Sasha. Sasha qui reste coloré, malgré la noirceur autour d'eux. except you. i can't fucking see colors La chose lui arrache un rire cassé. C'est cruellement romantique. Ça lui donne envie de vomir, et pourtant, putain, il a honte, mais il aime cette merde. Il a appris à l'aimer, parce que c'est Sasha. Ce connard de roux. Max s'empare d'une pince, les doigts tremblants. Il inspire et garde son souffle, comme si la chose pouvait l'empêcher de trembler, avant de s'emparer d'un morceau de métal, éclat de sa prothèse. Il est dans la marque. Leur marque. Max tremble, brièvement. Une douleur le traverse et il serre les dents. Ça goute le sang, dans sa bouche. Il s'est mordu la langue. i don't want to hurt you qu'il gronde ; peu importe qu'il soit le blessé. Il n'en a rien à foutre. Il ne veut pas blesser Sasha. Il lui a suffisament fait de mal. it's on the mark sash'. Le souffle tremble. Se casse. Max ferme les yeux, une seconde. Pas complètement lâche ; il les ouvre, vite. Cherche la lueur. La couleur. Cherche Sasha et le trouve. it's all my fucking fault.