(bj#1) when i was a kid, i always hoped the alien who found my balloon was happy.

Wilheim Byrne s'en est allé sans avoir dit je t'aime à son fils une dernière fois. Si Becan prend la peine de réellement y penser et de s'y attarder, il ne saurait dire, en vérité, quand son père lui a dit je t'aime pour la dernière fois tout comme il ne saurait dire quand il l'a vu, outre que dans son cercueil, mort. Ça lui fout un noeud horrible, à la gorge. Ça lui donne envie de massacrer le monde, de tuer des gens. Et Bebe n'est pas souvent traversé par des envies du genre. Il sait que le sang doit couler parfois, que certaines personnes doivent mourir selon la situation et que les choses sont comme ça, tout simplement, mais il a rarement envie de tuer les gens pour tuer. C'est une impulsion qu'il ne possède pas. Ou du moins, qu'il n'avait pas ressenti, encore. Il ne saurait l'idenfitier ou encore, en trouver la cause. Becan se doute, par contre, que la mort de son père est une bonne raison pour toute cette colère, en lui. Il n'a juste pas l'habitude d'être en colère de la sorte. Ça finit souvent en larmes, contre ses joues. Ou alors en weed, dans ses veines. Le cerveau dans les brumes et les ennuis loin, dans les nuages, pour ne pas qu'il y pense. Et dans le fond de sa poche, deux joints reposent, attendent d'être fumer. Le blonde ne les sort pas, pourtant. Il reste là, les genoux sur le gazon humide, devant la tombe. Un grand rectangle de terre se trouve face à la pierre tombale où est gravée le nom de son paternel. Il est sous terre, maintenant. Il est très très profond sous terre alors que Bebe, lui, a toujours été dans les airs. Il a toujours plané trop haut alors que son père, lui, voulait lui garder les pieds sur terre ou plutôt, sur une moto.
Il n'a pas eu le temps de lui dire, pour la moto.
De lui dire fièrement qu'il en avait monté une de a à z, le coeur en miettes, des miettes encore plus petites que celles de la moto, pour s'occuper pendant l'absence de Dakota.
Il se demande si Bill savait, aussi, qu'il n'est plus avec Dakota.
Les lèvres se pincent fort et Bebe finit par déposer le pot de fleurs un peu moche qu'il tient entre ses doigts devant la tombe. Il aurait pu lui apporte des fleurs coupées, mais Becan n'aime pas les fleurs coupées. C'est triste. Elles meurent. Et c'est triste quand les choses ou alors, les gens meurent.
C'est vraiment vraiment triste.
Ça donne tellement envie de pleurer.
Tellement que Bebe, les genoux un peu dans la boue, maintenant, et dans la semence à gazon aussi, car le jardinier travaille bien ici, on dirait, et qu'il a déjà mis de la semence sur la terre noire qui est au dessus de son papa, renifle un peu. Il fixe les pétales des fleurs de ses yeux rougis, se demande s'il ne pourrait pas les arracher une par une pour savoir, à la toute fin, si son père l'aimait vraiment. Il se demande ensuite s'il peut faire pareil avec Dakota, parce que même s'il ne l'a pas vu depuis plusieurs semaines, il l'aime encore très fort, et ça lui brise le coeur de pas avoir sa main dans la sienne ou encore, sa bite dans la bouche ou ailleurs. Ça fait pas romantique pour certains mais c'était leur romantisme à eux.
Il sent l'humidité que prend son jeans contre la terre. Bebe ne bouge pas, pourtant. Il n'en a rien à faire, d'être sale. Ça lui rappelle quand son père lui mettait les doigts dans l'huile pour apprendre à réparer les motos, ça lui rappelle Dakota aussi. Ça lui brise le coeur mais c'est doux et amer mais surtout doux, en fait. est-ce que t'es avec maman maintenant ou alors, t'es tout seul ? Il souffle tout bas, un fin sourire contre les lèvres. Il fixe la tombe, le nom de son paternel, comme si l'homme allait lui répondre. ou t'es avec ton frère ? je ne souviens plus de son prénom. je crois que tu le disais pas souvent, papa. un peu comme tu disais pas souvent becan, aussi. Les lèvres se pincent et du revers de la main, Bebe essuie son nez qui coule. Il se met de la terre au visage au passage, sans vouloir. mais ça va hein. ça va t'inquiète pas, je t'en veux pas. j'ai jamais vraiment dit papa. Un petit silence. Le regard est vide. Bebe hésite à se confesser, même si l'homme est mort. Au final, il laisse un petit rire et lève les yeux. je voulais que tu me dises d'arrêter de t'appeler bill et de t'appeler papa mais tu l'as jamais fait. Un autre rire, un peu plus triste. Si les yeux brillent, ce n'est pas de bonheur. est-ce que tu savais que t'étais pas mon père ? et si - et si tu savais, est-ce que tu savais que je savais que t'étis pas mon père ? C'est quelque chose que Becan a cherché aussi, dans les yeux de Bill. À chaque fois qu'il l'a vu depuis l'annonce de Bobby, Bebe a voulu savoir si Bill le savait. Il a jamais posé la question, pourtant. Il avait peur de voir Bill encaisser la nouvelle facilement et lui dire de vider sa chambre, maintenant qu'ils étaient plus liés. Maintenant, c'est le blond qui doit vider la chambre de l'homme.
Il renifle un peu. Essuie son visage encore et y met de la terre, forcément, encore. quand zoe m'a appelé pour me dire que t'avais eu un accident de voiture, ça m'a fait rire. Et ça le fait rire encore. Parce que son père, s'il conduisait bien les motos, c'était pas la même chose, avec les voitures. Fallait voir sa tête, quand Bebe s'est ramené avec le camion après avoir vendu la moto. On dirait dit qu'il venait de voir le démon lui-même. t'aimes même pas les voitures. j'le sais. tu faisais la gueule comme un gamin à chaque fois que tu devais en réparer une. tu la fais encore ? enfin, faisais. ou peut-être que tu la fais encore. au paradis des bicker ou quelque chose comme ça. est-ce que c'est joli, là-bas ? est-ce que ça te rend heureux ? Le regard coule vers la terre, noire. Les semences sont toutes dispersées et, du bout de son index, Bebe en replace certaines pour faire une ligne précise. Il garde le silence pendant quelques secondes, plusieurs minutes peut-être. est-ce que je t'ai déjà rendu heureux ? - au moins une toute petite fois... Le bleu de ses yeux luit d'un espoir, d'une innocence certaine, quand il le pose sur les lettres gravées. Il sourit tristement. c'est bizarre parce que je me sens un peu seul depuis un moment et maintenant que t'es plus là, même si on se voyait même plus, je me sens encore plus seul. c'est comme - c'est comme quand j,ai faim, tu vois. ça fait un creux énorme. mais pas dans le ventre. dans le coeur, cette fois. ça fait comme dakota sauf que toi t'es mort, t'es pas parti. Il renifle un peu. Il renifle beaucoup. Bebe n'a pas de mouchoirs sur lui, et il a le nez plein. Mais il a un t-shirt alors, il le soulève un peu et se serre du bas pour vider son nez délicat.
Des pas dans l'herbe, derrière lui. Bebe sursaute et tourne les yeux pour y voir sa fée. Son extra-terrestre. Sa mystérieuse. oh Il cligne des yeux un moment et penche sa tête sur le côté. est-ce que t'es là pour de faux ou pour de vrai ? Elle est jamais là pour de vrai, Jad. Bebe a tenté de la prendre dans ses bras des milliers de fois mais jamais ça a fonctionné, du moins pas comme il se doit. est-ce que t'es là parce que je me sens triste et seul ? est-ce que je t'ai appelé à moi comme une formule magique ? comme un magicien ? Elle est belle, Jad. Bebe se dit que, parfois, il devrait pas la trouver aussi belle, car c'est lui en fille et que, longtemps, ça lui a fait mal coeur de la regarder. Ça lui fait encore bizarre, parfois. Parce qu'il se souvient de ceux qui l'appelaient la petite fille et que, Jad, elle est la petite fille qu'il était aux yeux des autres. j'ai toujours voulu être un magicien. Il sourit doucement, qu'importe le petit peu de larmes dans ses yeux, comme un enfant. Le sourire est douloureux et grand, et les yeux se ferment, un instant. quand j'avais six ans j'ai demandé à dakota de me voler un kit de magicien dans un magasin et il l'a fait et - et je me suis entraîné beaucoup beaucoup, pendant des semaines je crois, peut-être, et puis j'ai voulu faire un numéro devant papa. devant bill. et il a dit ok, assis devant la tv avec sa bière et son repas, tu vois, et j'ai raté mes numéros et au final, il m'a juste dit que c'était ok avant de me dire de me pousser, car je cachais la télé. je pense pas que j'ai pu te faire apparaître, du coup. j'ai raté avec le lapin, je pense pas être capable avec une alien. Il se demande si c'est elle ou lui, l'étrange, entre les deux. Bebe, il a encore du mal à croire en Jad. il se dit souvent qu'elle est dans sa tête. Elle le fait paniquer, beaucoup. Depuis quelques mois, il se dit qu'elle est une alien ou alors, une fée, quelque chose comme ça, et ça lui permet d'être un peu plus calme, à propos de tout ça. C'est que le monde est grand et que Bebe a des questions pour tout, et qu'il est incapable de savoir si son père l'aimait, alors face au reste du monde, il n'imagine même pas. Bebe n'aime pas être petit. Bebe aime toucher à tout pour ne pas être laisser derrière, aussi. Mais si le monde est immense, il est perdu.
Il est juste perdu.

Jad elle même n'explique pas pourquoi elle se retrouve à marcher en direction du cimetière d'Oriel ni comment elle a trouvé la route pour s'y rendre, elle a bien une petite idée derrière la tête mais la vérité l'exaspère plus qu'autre chose. La blonde s'étonne encore du nombre d'amis qu'elle a dans ce monde qu'elle n'a jamais exploré, dont elle ne connaît absolument rien, sinon que les femmes y sont bien plus sexy qu'elle et toutes les danseuses de sharks réunis et que Bebe vit, quelque part, dans ce taudis qu'est Oriel. Elle s'imagine, du moins, puisque "Oriel" est le seul nom qui lui vient à l'esprit et que l'assemblage des lettres lui paraît étrange mais familier. Tout est étrange ici, de toute façon, tout est étrange quand il n'y a pas un épais brouillard pour cacher le ciel. Le peu de fruits qu'elle a réussi à voler a un goût de terre et de cailloux - au moins, cela lui fera un régime forcé et gratuit.  De grâce, les nuits sur Altéa sont bien plus chaudes que sur Néphède et sa jacket est une couverture suffisante. Elle s'est même surprise à penser qu'elle crevait de chaud et pas uniquement à cause de sa soulmark, non. Elle ne sait pas combien il fait mais l'humidité de son monde lui manque, la bouffe au goût de merde aussi. Et Cliff. Surtout Cliff, en fait. Cela fait plusieurs jours qu'elle dort dehors et dépourvue de son maquillage, elle ressemble presque à un fantôme avec ses cheveux plus blancs que blond et ses cernes devenues aussi violettes que le restant de fard a paupière qui sont tâchent encore le coin interne de ses yeux. Son mascara a coulé et ça n'arrange pas la chose. Au moins, elle passera inaperçue au milieu des tombes. Pour se réconforter, elle s'imagine ce que Cliff lui dirait si il la voyait comme ça. Une part d'elle se demande s'il dirait quelque chose. Elle n'est pas allée le voir après leur dispute, elle s'est contentée de bouder comme elle fait toujours, sauf que la plaisanterie n'était pas sensée durer aussi longtemps. Elle n'était pas sensée atterrir ici. Tous les soirs, avant de s'endormir, elle rêve que tout ça n'est qu'un affreux cauchemar, qu'elle va se réveiller chez elle et prendre la moto de son père pour aller voir Cliff. Elle lui racontera que sa soulmate est une femme plus âgée et que décidément, le destin se fous vraiment de sa gueule. Et que son  jumeau imaginaire n'est pas imaginaire, qu'il vit. Et qu'il aime se balader dans des cimetières.  Elle baille à s'en décrocher la mâchoire et maudit intérieurement Bebe.
Elle va salir ses chaussures. Pire. Elle ne voit même pas où elle met les pieds, et si elle tombait dans une tombe ? Ew.

Il y a une mélancolie profonde qui l'empêche de s'énerver quand elle le trouve enfin, debout devant une tombe en train de parler dans le vide. Et elle sait, sans avoir besoin de l'entendre. Sans avoir besoin de poser la question.
Jad ne se souvient pas avoir pleuré son père. Elle se souvient de la colère, quand ses potes éméchés lui ont dit qu'il était dans les toilettes. La colère de sa mère et de ses frères et la sienne. Qui s'est vite transformé en horreur quand elle l'a trouvé sur le sol ; quel endroit que des chiottes pour crever. Bizarrement, elle n'a jamais imploré, n'a jamais demandé à ce qu'il se réveille. Elle a su à l'instant même où elle l'a vu qu'il était mort. Elle s'y était préparée, elle savait que ça allait arriver. Enfin, elle s'en est convaincue. Maintenant, elle réalise que tout ça, elle l'a inventé après l'accident pour se conforter. Bien sur qu'elle aurait aimé qu'il se relève. Personne n'encaisse la mort de son père comme ça, sans broncher. Comme ci c'était normal. Et elle a hurlé aussi, elle s'est écroulée. C'est surtout le choc qui l'a emporté. Jad était hébétée. Elle l'est restée longtemps, bien après que sa mère ait commencé à vider les larmes de son corps. La déclic s'est fait une semaine plus tard quand la vaisselle s'empilait dans l'évier que la poubelle empestait l'appartement. Elle a retroussé ses manches et demandé à Nyx de vider la porcherie qu'était sa chambre d'une manière autoritaire.
Tout d'un coup, l'absence de papa était presque normale. Elle s'est alors inventée cette scène où elle affrontait le choc froidement et fièrement. Conneries.
Ce soir, elle a l'impression que toutes ces émotions qu'elle a habillement enfoui en elle sont sur le point de ressortir, elle se déteste déjà d'être aussi vulnérable. Mais au moins, elle n'est pas toute seule. La blonde brise la distance qui la sépare de son jumeau cosmique et se rapproche de lui avec un sourire tendre et moqueur sur les lèvres. « Sadly, je suis bien là, en chaire et en os. Littéralement. Je crève la dalle, je crois que les cadavres sont plus rassasiés que moi. Elle grimace. Non, Jad ne sait pas comment réconforter les gens. Son meilleur réconfort a elle, aura été de repenser aux bons souvenirs puis d'en créer de nouveaux. Hey... je suis désolé pour ton papa. Elle le prend vigoureusement dans ses bras et serre presque trop fort. Moi j'suis sure que tu deviendras un grand magicien alors commence par me faire disparaître ces larmes sur tes joues, c'est inesthétique. » Bebe est le frère dont elle a toujours voulu. Pas un frère pour qui elle est une seconde maman, qui la déteste à force. Grâce à Bebe, elle a des étoiles sur la peau et des petits dessins qui la font sourire chaque fois qu'elle en découvre et en redécouvre un. Avec qui parler avant d'aller se coucher et réfléchir du prochain porte-bonheur gravé sur leur épiderme. Si seulement il n'y avait pas un monde entier pour les séparer. Comme-ci, ils n'étaient pas fait pour se rencontrer. « Comment il était, ton papa à toi ? »
Elle se demande souvent si tous les pères sont pareils. Surement.
Comme tous les hommes. Qui brisent le coeur de petits garçons. Qui deviendront à leur place ces hommes.  

Elle est belle, Jad. Y'a beaucoup de choses que, dans la vie, Bebe trouve beau, mais Jad, c'est quelque chose qui peut même pas être jugée. C'est simplement un fait. Personne peut dire le contraire. Peut-être qu'il est déjà vendu, Becan, pour penser quelque chose comme ça. Mais Jad, elle est vraiment belle. Il se souvient de la première fois où il l'a vu, dans la glace. Il était tout jeune, à peine un homme, même si papa voulait qu'il mette ses doigts dans l'huile et qu'il répare des motos, déjà. Et elle était belle, déjà avec des courbes, avec des lèvres et surtout, des yeux un peu prétentieux. Ça lui a fait un petit bordel dans le coeur, Bebe. Peut-être que c'est pas très net, comme impression, mais il a vraiment eu l'intérieur remué par son apparence. Et puis, rapidement, il l'a bloqué de son esprit. Parce que Jad, elle lui donnait l'impression que peut-être, il devrait être une fille lui-même, finalement. Et Bebe, il a jamais aimé ce genre de questions, ni ce genre de commentaires. C'est ce qui l'a fait le plus souvent pleurer dans sa vie, quand il était gamin, ce genre de choses. Il aimait pas quand son père lui lançait des regards comme s'il était trop sensible, trop faible, trop effiminé. Il a jamais compris, même aujourd'hui, ce qu'il a de mal à être plus délicat. Bebe aimerait l'être encore plus, parfois. Il sait qu'il est pas normal, de tuer des gens sans ciller. Que son coeur est peut-être doux mais que y'a des coins qui sont durs et coupants comme du fer. Il aimerait que son coeur doit plus doux que dur, parfois. Il aimerait être un peu plus comme Jad. Parce que Jad, il sait ; elle fait des grands airs mais au fond, elle est fragile. Ils sont un peu contraire. Un peu beaucoup, peut-être. Bebe, il aime croire qu'il la connait bien, mais parfois quand il parle, il découvre de nouveaux mystères comme les scientifiques découvrent de nouvelles étoiles chaque jour. Jad, c'est comme un grand univers. Et le blond, il est un tout petit astronaute un peu à la dérive qui peut voir dans sa tête. Et elle est belle. Belle en dedans comme en dehors. Il y a des choses, chez Jad, qui font en sorte que Bebe s'accepte un peu plus lui-même. Il se sent bête, souvent, de pas lui avoir parler avant. Parce qu'il a passé des années à bloquer leur lien, et puis l'univers les a frappé fort, et Jad est apparue, un jour, et Bebe il a pas pu détourner le regard comme avec le miroir. Elle était là. Comme un fantôme, comme une fée.
Et peut-être que, à ce moment là, il en avait besoin de ça. D'elle.
Un peu comme là.
Alors même si y'a des larmes bien bêtes au coin de ses yeux, Bebe il peut pas s'empêcher de sourire, à la voir. Il s'imagine qu'elle est là pour de faux, parce que le vrai est jamais vraiment vrai et qu'elle est quelque part sur sa planète. De toute manière, il faudrait certainement des années lumières pour qu'elle puisse venir le voir et qu'il puisse envie la serrer dans ses bras. Et il a l'air un peu stupide Bebe, à cligner des yeux sans savoir quoi faire, quand elle lui dit le contraire. mais - vraiment ? t'es vraiment là ? t'as un vaisseau spécial pour voyager à la vitesse de la lumière, Jad ? Et il te donne faim ? Comment tu fais pour avoir faim. tu veux - on peut aller manger. je connais des restos et peut-être - Il marmonne et se perd à bout de souffles, mais il arrête quand elle parle de nouveau parce que Bill, il lui a appris que les gens, il faut les laisser parler. Surtout quand on s'appelle Becan et qu'on a du mal à se taire. Et si son père a longtemps cru qu'il était jamais parvenu à l'élever, Bebe se souvient de certaines choses malgré tout. Et puis, elle dit désolé pour Bill, et elle le serre fort, dans ses bras. Ça lui fait étrange, à Bebe. Ça lui arrache un hoquet de pleurs de la gorge et en plus, Jad, elle sent un peu mauvais, l'odeur ça lui rappelle presque Dakota, quand il oublie de laver ses cheveux, et ça lui donne encore plus envie de pleurer. Alors, il la serre fort dans ses bras, même si elle est toute petite, et il pince ses lèvres forts pour ne pas sangloter plus fort même si ses épaules, elles, elles se secouent fort. tu penses que je pourrais le faire sortir d'un chapeau ? Il a pas vu Bill depuis des mois et ça le brise de savoir qu'il le verra plus jamais. Il a envie d'aller dans les draps de Dakota et de plus en sortir. Sauf qu'ils ne parlent plus depuis plus de deux mois, maintenant. Il a envie d'aller chez Bobby et de manger du poulet frit avec lui et de se servir de ses larmes pour faire le sel.
Il renifle un grand coup puis deux, et quitte ses bras, et essuie son vilain nez avec sa manche avant d'hausser des épaules, fort, comme si c'était la chose la plus tragique du monde. Ça l'est peut-être pour lui, sur le moment. je sais pas. c'était un papa. mais pas un bon papa. mais peut-être que oui. je sais pas. on se comprend et tu viens d'une autre planète et avec lui ... on venait de la même planète mais on se comprenait pas. peut-être que c'est pas ma planète, ici Il lui adresse un sourire doux au travers des larmes et de la morve, parce que Bebe, il est incapable d'être totalement triste. Le sourire se tord dans un sanglot et Bebe rit un peu, sous l'émoi, avant d'essuyer son visage, encore. je crois que les papa on les comprend jamais vraiment parce que les parents, c'est un peu des extraterrestes. mais je sais pas. j'ai jamais eu de maman. et bill - bill, ah - je sais pas. et bobby. bobby, c'est comme le père noel en chomage, ça compte pas. Il a envie de lui demander, pour son père à elle. Et peut-être que certains seront délicats, mais Bebe ne l'est pas vraiment. et ton papa ? tu le connaissais mieux ou avant sa mort ? Il penche sa tête sur le côté et attend quelques secondes, avant de tourner ses yeux vers la tombe de Bill. Puis, il pense au ventre de Jad. tu veux du poulet frit ou de la pizza ? j'ai envie de burgers. et de frites. et peut-être de - oh, des burritos. Bill aimait ça, les burritos.