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 mourning moon (erobeans #1)

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MessageSujet: mourning moon (erobeans #1)   mourning moon (erobeans #1) EmptyVen 30 Nov - 12:24

Aoibheann crie. Elle crie si fort, que les voisins ont probablement été forcé de quitter le bâtiment. Elle crie si fort que les oiseaux aux environs ont probablement explosé. Elle crie si fort que les miroirs et fenêtres se sont probablement brisées. Elle est partie si peu longtemps. Elle est partie acheter des pâtes. Parce qu’il lui en manquait, à Liebe, pour faire la cuisine. Et elle s’est proposée d’aller en chercher. Elle aurait pas du. Elle aurait dû forcer cette squatteuse de soulmate à aller en chercher à sa place. Elle aurait du rester avec elle, elle aurait pu empêcher ça, elle le sait. Elle aurait pu. Repliée en boule à côté de Liebe, elle pleure, elle crie, elle décharge sa colère, sa fureur, sa peur, sa tristesse. Sa solitude retrouvée. Et sa soulmate qu’a disparu, volatilisé dans la nature. Qui s’est enfuie, comme la lâche qu’Aoibheann a toujours décelée qu’elle était. Elle la déteste. Elle la hait au point où elle pourrait probablement la tuer. Aoibheann, celle qui n’a jamais taché ses mains de sangs, elle pourrait les tacher du sien. Oh oui, elle pourrait. Elle continue de crier alors qu’elle se repasse la journée en tête, en vitesse rapide. Elle veut voir, tout voir, tout revoir. Comprendre. Comment c’est arrivé. Comment elle a pu laisser ça se dérouler, presque sous ses yeux, sans rien voir.
Elle se revoit, les cheveux blonds sur l’oreiller, ce matin. Elle se souvient du lit partagé avec Liebe, et de son sourire. Elle se souvient de l’autre pétasse, allongée par terre. Elle se souvient qu’elle hésite un instant avant de finalement se décider à se pas l’écraser. Elle se souvient qu’elle sort dehors, juste comme ça, juste pour prendre l’air. Elle se souvient d’un visage. Mais elle se souvient pas des traits spécifiques. Elle se souvient de son odeur. Elle se souvient qu’il avait l’odeur du sel de mer. Et ça lui rappelle ses rêves. Mais elle y fait pas attention. Elle se souvient qu’elle remonte dans l’appartement de Liebe, et qu’elle l’embrasse en la voyant. Elle se souvient qu’elle va prendre sa douche. Elle se souvient qu’elle se déshabille, et que dans le reflet du miroir, elle voit une tache, sur son aine. Qu’était pas là, avant. Une lune. Elle est jolie, qu’elle se souvient avoir pensé. Elle se souvient du couteau de cuisine, qu’elle est retourné cherché, prétextant un bouchon dans l’évacuation. Elle se souvient de la douleur. Cette douleur qu’elle pensait jamais avoir à ressentir, un jour. Elle se souvient d’avoir compris. Que c’était une soulmark. Et elle se souvient s’être acharnée encore plus sur la pauvre lune, en le comprenant. Faisant souffrir la personne à l’autre bout de la marque autant, si ce n’est peut-être plus qu’elle. Puis elle se souvient être ressortie lorsque Liebe a dit qu’il lui manquait des pâtes. S’être proposée pour être gentille, pour être galante. Pour que l’autre connasse aille prendre sa douche à son tour. Elle se souvient avoir senti le sang qui coulait sur ses jambes, de la mutilation d’une marque qu’elle voulait pas. Elle se souvient avoir vu, aperçu, peut-être, des cheveux blonds, courts, prendre une ruelle, pas trop loin de chez Liebe. Mais elle pensait à la marque, elle a pas fait plus attention que ça. Puis elle a acheté les pâtes. Puis elle est remontée chez Liebe. La porte était entre ouverte. Quelques objets étaient par terre, brisés. Et le corps de Liebe, là, par terre, dans une flaque de sang. Son sang.
Aoibheann aurait dû être là. Aurait dû faire attention à l’homme blond. Elle connaît des hommes blonds. Elle connaît le corbeau. C’était peut-être lui. Peut-être qu’elle a eu tort de le soigner, ce jour là. Peut-être que si elle l’avait pas fait, Liebe serait encore vivante. Elle connaît des hommes blonds aussi à la CPIM, mais préfère éviter de penser à cette possibilité. Qui remettrait son existence même en cause. Ils lui en auraient parlé, avant de tuer quelqu’un qu’elle “surveillait”. Qu’elle était censé surveiller. Aoibheann crie. D’une voix suraiguë qu’elle n’avait jamais atteinte. Et elle sort, finalement, en trombe de l’immeuble. Pieds nus, short en jean et débardeur blanc. Et elle prends un grand bol d’air frais. Les larmes coulent sur ses joues. Elle a arrêté de crier. Mais c’est pas loin, avant qu’elle recommence. C’est bloqué, dans sa gorge. Parce qu’elle est triste, avant tout. Parce qu’elle a perdu la femme qu’elle aimait. Parce qu’elle est en colère contre le monde entier, mais qu’elle est triste, avant tout. Et elle crie pas, quand elle est triste. Elle pleure, juste. Elle se laisse tomber par terre, les jambes repliées, et elle pleure, pleure, pleure. Y’a du sang sur sa jambe. Elle le sent. Le sien, de sa marque, et celui de Liebe, lorsqu’elle est tombée à ses côtés en la voyant. Elle a mal, Aoibheann. Partout. Elle souffre. Elle contrôle plus rien, et laisse ses cheveux prendre la teinte qu’ils veulent. Elle les suppose rouge feu ou bleus mélancoliques.
Aoibheann déteste le monde entier. Aurait envie de le voir brûler. Et à défaut, Aoibheann veut s’enfuir, partir loin. Et plus jamais revenir. Ni sur Altéa, ni sur Néphède, ni sur aucun de ces mondes dont les gens semblent être devenus fous. Bien plus fous qu’elle.
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Dans la légère brise nocturne, de son long manteau dont les pans venaient à balayer les embruns aériens, cette cibiche rougeoyante bercée au bord de ses lippes assassines, il avait l'air d'être comme nombreux de ces quidams. Simple enveloppe, acharnée, à l'assaut des rues et de leurs conquêtes du bout de leurs pas noctambules. Les arcades aux néons criards attaquant sa rétine, l'odeur des stands de fast-food dont ses narines ne parvenaient même plus à reconnaître les odeurs, tant les bras vaporeux de cette fumée âpre venaient à danser autour de son visage, en des silhouettes évanescentes, s'évaporant dans le ventre de la nuit. Il ne l'avait pas vu, elle, cette femme dont les pas pressés venaient à attaquer l'asphalte au beau milieu de cette immense intersection où les chauffards se faisaient aussi prudents que frénétiques. Non, les yeux rivés sur ces ruelles tortueuses, de celle où ses pas condamnés venaient inlassablement se loger en conquêtes de nouveaux sévices à la familiarité de vices. Drapé de noir, il avait l'air de ces corbeaux dont les ailes coupées les obligeaient désormais à vagabonder dans une terre où l’intangibilité aérienne n'était plus qu'un lointain souvenir. Juste une âme déchue, comme de ces nombreux anges dégénérescents dont parlaient les textes, les livres, des anciennes croyances.

Psyché vagabonde dont les richelieus, sautaient entre passerelle de trams et métros s'enfonçant dans de vastes tunnels obscures. Les bras et veines tentaculaires de la face cachée de Central City. Et les paysages d'une néo-Babylone, qui dans l'horizon, comme élevé au sommet de l'empyrée, à l'apogée des dieux et de leurs visites olympiennes. Ces immenses jardins suspendus, tapissés des statues de ces membres fondateurs dont les lignées archaïques venaient encore à prospérer aujourd'hui. Et là, au devant de cette tour d'acier, colonne, glaive, pourfendant les cieux de son illustre technologie. Il ne lui fallut que peu de temps avant de s'y engouffrer, le cœur et l'âme lourdes de maux venant à essorer ses entrailles d'une peur livide. Et d'être enfin là, au devant du chiffre fatidique de cette porte, les doigts en suspend au dessus d'une sonnette digitale. À arranger le col de cette veste, les mèches trop éparses de cette crinière sombre, en bataille. Durant de longues minutes s'écoulant en des heures impatientes, à éclaircir sa voix sous les grondements de sa gorge rêche. Sèche. Puis lorsque ses doigts s'entrechoquèrent à la sonnerie, de jurer tout bas, dans le fleuve de ces pensées chaotiques. Digne et fier, le Vasilios, dont les traits venaient à s'étendre en une expression qui se voulait indifférente. Mais qu'il ne put s'empêcher de retenir à la vue de ces prunelles gorgées d'océans sous une paire de lunettes rondes. Surplombant un derme maculés de petites tâches brunes se disputant sur ses joues, jusqu'au relief de ce nez mutin. « Je t'attendais, j'ai commandé des sushis. » Un sourire illumina ses traits fatigués, rongés par des insomnies récentes, puis il entra.

Alek. C'était l'un de ces hommes dont le cœur était bien trop tendre pour s'étreindre à la caresse âpre du monde extérieur. Longue et vieille connaissance datant depuis les affres nébuleuses de son adolescence déchaînée. Un warden, qui avait décider d'écouter les battements de son âme, au lieu d'emprunter la voie aux diktats incontestables de G.A.I.A. Professeur à Palo Alto, pour veiller sur ces poussins, comme il avait cette façon de le dire, de ses prunelles gorgées de leurs candides et ces sourires réchauffant son âme esseulée, à la façon de ses raies solaires baignant les plages de son enfance. Alek, lui, avait quelque chose de véritablement incandescent. Une superbe brodée dans une pureté qu'il lui jalousait secrètement. Lui. L'héritier débauché. Cette façon qu'il avait de l'inviter dans son appartement en lui laissant autant de place, d'espace, qu'il le voulait, là, au devant de cet écran translucide où passait les images d'une série qu'il fixait distraitement, perdu sous le goût des sushis fondant sous ses papilles et du bruit discret, de ces boucles roussies que venait à rabattre son compagnon nocturne derrière ses oreilles. Entremêlés à la branche de ses lunettes aux motifs d'écailles de tortues. « Quoi ? J'ai quelque chose sur le visage ? » avait-il fini par dire, en éclatant d'un rire cristallin. Et Eros, de sortir de sa torpeur, surpris de l'avoir fixé avec autant d'insistance durant des miettes de temps éparpillés dans le glissement de son inconscience. « Non. C'est juste que... on est bien. Là. » Un soupir lourd de remords se berça à la commissure de ses lèvres, alors qu'il venait à déployer son regard ailleurs, dans une timidité intime, loin de ces moments volés dans le creux de ces nuits vides. « On en a déjà parlé. Tu le sais... » Sa langue claqua contre son palais, tandis qu'il venait à re-déposer le plateau de sushis sur la table basse. « Je sais. Mais... » Mais quoi ?

Il n'eut pas plus le temps d'y réfléchir, car quelque chose, quelqu'un, il n'aurait su dire. Comme cette immondice, ce monstre sans nom puisant dans ses entrailles à la recherche d'énièmes excès, de poussées auto-destructrices venait de refermer la prise de ses serres insidieuses sur le carcan de son âme. Il se releva d'un bond sous les orbes d'Alek qui le suivit du regard, confus. « Eros ? » Répliquant d'un grondement entre ses dents, il s'échappa du salon pour finalement se ruer dans la salle de bain. Et de là, son corps amorphes retomba mollement au sol, mué dans une position fœtale, ses paupières battantes sous l'indicible douleur venant à échauder le derme de sa peau. Sensation harmonieuse, alambiquée, tiraillant chaque parcelles de sa psyché étouffée. Un étau. Voilà ce que c'était, alors que ses doigts se tordait sur le sol carrelé dans l'espoir d'une prise, de quelque chose, tout, rien, capable de lui faire oublier cette horrible souffrance, fureur, naissant au bout de ses doigts en une nuée d'étincelles. Elle ne s'arrêtait pas. Progressive, dans un crescendo qui venait à rompre chacun de ses souffles vains. Et de l'autre côté de la porte fermée à double-tour, les poings d'Alek s'abattant contre celle-ci, étouffant ses grondements d'un supplice mué de lui-même.

Au bout de quelques secondes, il délaissa le trépas endolorie de son âme et laissa son corps aux commandes. Ses mains crispées s'allongeant jusqu'à la source de cette brûlure, suppurante d'une hémoglobine évanescente, en une caresse invisible, métallique, sur la peau nue de son aine. Une tâche... Non. Une marque. Une soulmark. Un soleil rougeoyant se dessinait sous ses prunelles démentes, abreuvées d'encres. Enténébré par la grâce de songes cauchemardesques. Dans un mouvement rapide, maladroit, sa main se releva jusqu'au verrou, avant qu'il ne tombe de nouveau à terre. Pathétique, qu'il étais. Le Vasilios. À se rouler de douleur contre le carrelage froide, gelant la fibre de chacun de ses ossements. Lorsqu'Alek entra, il n'eut qu'un regard fou, habité, pour toutes réponses. Et sa voix, s'éleva, grondante, tonitruante. « Baisse ton froc, Alek. » parvint-il à émettre, en deux pointes endolories, le souffle court. « Pardon ? » Le rouquin était là, juste au dessus de lui, ses mains réconfortantes étreignant le derme de sa peau. Mais il ne le voyait plus. Ne le ressentais plus. Juste l'effroi. Le vide. Le fer chaud de cette marque sur le point d'embraser sa peau. « Je t'ai dit de baisser ton froc, putain ! » Les traits du professeur s'écarquillèrent et il s’exécuta lentement en baissant son pantalon. Là. Entre l'aine et la cuisse. Rien. Rien. Aucunes traces, ni signes de marques. Il jura entre ses dents serrées. « Malάka ! » Putain de malédiction.

~~

Il avait quitté l'appartement d'Alek en furie. Démon nocturne aux flammes incandescentes parcourant le flux de ses veines ardentes. Vite. Pressé. Comme si le diable venait de se lancer à ses trousses. En claquant la porte, en arrachant cette veste trop longue à son canapé de fibres cotonneuses. À courir, là, dans ces rues. Désorienté. Bête sauvage, animal blessé aux orbes révulsés et aux tempes maculées de perles de sueurs. L'irascible douleur mélangé à la haine destructrice d'un sang frelaté parcourant chacune de ses terminaisons nerveuses. Cocktail nocturne, maladif, empoisonné. Puis il avait fini par se rendre là, inconscient, au devant des parcs de cet immeuble. Panthère sombre, aveugle, touchée. Tenant à peine debout au devant de cette silhouette amorphe. Et l'odeur... Cette odeur qui fait se retrousser son museau, alors qu'il arrache un souffle à la nuit et que ses orbes basculent jusqu'au devant de cette silhouette recouverte d'un manteau d'ombre crépusculaires. Feu follet. Une crinière oscillant entre le rouge feu et le bleu azuréen. Violet. Les bras d'une soie aux éclats d'améthystes qui tremble devant sa vision tachetées d'ombres noirâtres.

Et lorsque leurs orbes se croisent, le vent qui caresse son visage n'est plus qu'un souvenir lointain. Et il plonge. Sans espoir de retour. Au cœur de cette antre dédaléenne, ce labyrinthe de chimères enténébrés.

« C'est toi... »

Souffle haché qui s'éructe de ses lippes, avant même qu'il n'en comprenne le sens.





@Aoibheann Zhang
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Elle voit des jambes, entrapercoit des pieds approcher d'elle. Mais elle veut dire a la personne qui s'approche de partir. Et loin. Elle a pas le temps pour quelconque connerie que quelqu’un pourrait lui dire. Elle a pas le temps pour écouter quelqu’un lui demander ce qu’elle est ou essayer de la calmer. Elle a pas envie de les écouter. Ces conseils de merdes qui serviront plus à rien, plus maintenant. Elle refuse d’écouter des gens lui dire que tout ira bien, quand, de toute évidence, c’est pas le cas. Ce sera plus jamais le cas. Aoibheann déteste le monde entier. Et Aoibheann sent qu’elle serait capable de tuer. Pour la première fois de sa vie, elle a l’impression qu’elle serait capable d’enlever la vie à quelqu’un. Parce que quelqu’un a enlevé celle de Liebe. Et putain. Putain. Putain. Aoibheann pleure, et elle sent ce cri, qu’est juste coincé, là, dans sa gorge. Et elle sent que si quelqu’un lui parle, si elle entend que quelqu’un s’adresse à elle, il risque de dégager, et de sortir, ce cri. Atroce. Il sera aigüe. Bien plus que ceux qu’elle a laissé sortir à côté du corps de Liebe. Elle est sortie, elle aurait pas dû. Elle aurait pas dû laisser le corps de Liebe, seul, à l’intérieur. Mais elle pouvait pas rester, elle pouvait pas. Elle. Elle est pas morte. Peut-être. Peut-être que c’était une hallucination. Peut-être que c’était un jeu de son esprit. Peut-être que le destin peut faire des trucs comme ça, des jeux de l’esprit. Parce qu’il s’est décidé, tout d’un coup, à lui foutre une soulmark. Et peut-être qu’il s’est dit que du coup, elle avait besoin de se séparer de la femme qu’elle aime. Et parce qu’il lui a fallu tout ce temps, et qu’elle meurt, pour qu’elle réalise qu’elle l’aime, Aoibheann se déteste. Elle aurait du lui dire avant. Liebe lui avait dit, plusieurs fois, qu’elle l’aimait. Aoibheann aurait du lui répondre. Maintenant, elle pourra plus jamais. Elle a l’impression d’être dans une autre dimension. Elle a l’impression d’être une poupée de chiffon, hors de son corps. Elle a l’impression de se regarder pleurer, elle aimerait pouvoir, sortir de son corps. Être juste là, et rien ressentir. Parce que ça fait trop mal, tout ce qu’elle ressent. C’est trop douloureux, c’est trop. Juste trop. Et Aoibheann aime pas quand ce qu’elle ressent, c’est trop. Parce qu’elle comprend pas. Même si c’est pas difficile de savoir ce qu’elle ressent. De la colère, de la tristesse, de la haine, de la culpabilité. Mais c’est juste trop pour elle. Elle qu’a toujours la capacité émotionnelle d’une enfant de six ans. Qui vient de perdre ses parents.
Alors quand elle entend la voix de l’homme, parce que c’est un homme, qui parle, elle ouvre la bouche, la tête toujours enfouie dans ses genoux, et elle crie. Et ça faisait un moment qu’elle avait pas crié comme ça, de pure folie. Sans aucune réelle raison valable. Enfin. Outre que le fait que la femme de sa vie soit morte, coulée dans son sang, quelques étages au dessus. Oui, outre ça. La violence du cri la fait relever les yeux. Dont elle ne parvient pas à deviner la couleur non plus, d’ailleurs. Peut-être même que d’autres choses ont changé chez elle. Elle contrôle plus rien, et certainement pas son pouvoir. Elle a mal aux yeux, la lumière semble s’y réfléchir énormément. Donc elle les imagine d’un bleu assez clair, presque translucide. Elle s’arrête quelques micro secondes, le temps de se souvenir. Le temps de respirer. Et l’odeur. Et le visage. Et son cri, qui repart de plus belle, et elle se lève, sans avoir besoin de faire plus d’efforts que nécessaire. Elle a été habituée, toute sa courte vie, à se déplacer comme un chat, sans faire de bruit. A être flexible, à pouvoir faire ce qu’elle veut de son corps, dans toutes les situations. Et elle se jette sur lui. Et elle lui frappe le torse, avec le côté de son poing. Espère le faire reculer. Espère le faire partir. Il aurait jamais du être là. Il aurait jamais du la croiser. Elle aurait jamais du le croiser. Lui et son odeur de sel, lui et son odeur de mer. Elle le déteste. Lui, plus que tous les autres. Parce que tout ça, c’est de sa faute, tout ça. Parce que même s’il est pas celui qui a tiré, même s’il est pas celui qui a manié l’arme, elle pensait à lui alors que le meurtrier lui passait sous le nez. C’est à cause de lui. C’est tout à cause de lui. Alors Aoibheann elle frappe, et elle crie. “RAMÈNE LA !” Et probablement que si la rue n’était pas déserte, les gens interviendraient pour les séparer. Probablement que des personnes pourraient penser qu’elle se fait agresser et qu’elle se défend. Ou qu’elle l’agresse, peut-être. Ce qui serait plus proche de la vérité. Mais la rue est déserte.
Aoibheann y fait pas attention, pourtant, à la rue. Elle fait attention à rien, d’ailleurs. Elle frappe, mais elle pourrait frapper du vent que ce serait pareil, pour elle. Elle a commencé parce qu’elle lui en voulait. Maintenant, elle a juste besoin d’agir, de faire un truc, de bouger, de se défouler, de faire payer à quelqu’un la tristesse dans laquelle elle est, et qu’elle supporte pas. Elle veut voir Alysa. Elle veut voir Thea. Elle veut voir ses amies. Elle veut voir Sinned. Elle en a marre, ras le bol, que les gens auxquels elle tient meurent, les uns après les autres. Elle veut qu’ils soient avec elle, tout le temps. Elle a besoin d’eux, c’est injuste de la laisser, comme ça, seule. A pleurer leur mort. Et Liebe. Liebe. Elle veut pas, peut pas, vivre sans elle. Elle peut pas, elle imagine pas. C’est pas possible. Pas possible. Non. Impossible. Elle crie, elle pleure, elle frappe. Même si c’est vraiment plus des tapes d’enfant qui sait pas comment transmettre ce qu’elle ressent d’une autre manière que celle ci. Elle s’étrangle avec ses pleurs, tousse, arrête de pleurer. “Ramène la...” C’est qu’un murmure, c’est que des pleurs. Et elle frappe presque plus, plus aucune force dans le corps, vraiment. A deux doigts de tomber par terre. Avec juste l’envie de pas pouvoir se relever.
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Ce n'était pas Alek, le détenteur de ses nuits d'insomnies. Ce n'était pas ses orbes azuréennes, ces lagons archaïques où la mer venait à entonner le chant de ses vagues abyssales, mousseuses d'écumes délestées sur les plages de ces ancêtres. Ce n'était pas la douceur de son derme s'entrechoquant à la morsure de ses lèvres avides. Ni l'intonation de cette voix rassurante prête à combler ces maux, ces creux vides, palpitant dans ses viscères. Ce paquet de nœuds obstruant sa gorge à chaque fois qu'il tentait de mettre des mots sur cette colère, cette mélancolie aigre, rongeant ses entrailles. Cette dégénérescence tapie dans les confins de sa psyché, dans les murmures de ces tombeaux vides, hantés par le tournoiement de figures spectrales aux rondes infinies. Leurs voix et leurs yeux rieurs s'échouant d'une chute abrupte depuis de hautes calanques. Le cliquetis d'un revolver perçant l'abîme de ses nuits solitaires. Et l'aveugle cri mêlé de désespoir s'entrechoquant à ses tympans en une violente symphonie funeste. Le choc d'une colère inextinguible, le feu coulant le fleuve de ses veines ardentes. Puisant, encore, encore. À la recherche de cette résonance, la terre spirituelle de son inconscience, maculée de lave et d'étincelles rugissantes du ventre d'un volcan furieux. Elle. La braise, la fumée, se propageant du choc de son cri dévastateur. Cette triste mélodie sombre le forçant à couvrir ses oreilles de sa dextre, senestre, en vain. Elle hurlait, comme il aurait pu hurler sa haine à la face de ce monde injuste. Au faciès de ses médias hantant chacune de ses apparitions noctambules en regrettant l'absence d'un père qui avait été éjecté de sa vie. Disparu. Mort. Quelle était la différence ? Aucune. Seul le silence pour combler l'absence.

Elle avait l'air de ces femmes dont les voix puissantes crachait le courroux des cieux zébrés d'éclairs, démente, dont les pupilles folles, changeantes, venait à poser leurs piqûres courroucées en direction des siennes. Révolté, sous un essaim de pensées chaotiques, instables. Le contrôle délaissé, au profit de ces émotions abruptes, primitives, perçant la muraille de sa psyché, sa cage thoracique dont les souffles hachés venait à rompre le son de sa propre voix au fin fond de sa gorge. Pathétiques qu'ils avaient l'air, comme des comètes dont le réveil se fait fracassant au contact du choc de leurs roches s'heurtant en des miettes stellaires. Prêtes à nimber la nuit de leurs courroux rugissants. Lui, dont les bras venaient à retomber mollement le long de son corps, brinquebalant dans le vide. Alors que les pièces du puzzle nébuleux de cette marque venait à s'imbriquer aux fenêtres de son âme, morceaux par morceaux. Livide. Pâle.

Alors qu'elle se relevait, dans toute sa rage, sa colère. Cette tristesse courroucée, masquée sous l'aveuglement des lumières vives, tiraillant chacun de ses sens décuplés. Ce n'était pas le visage d'Eros, qu'elle voyait. C'était celui d'une chimère. De ces montres hantant le caveau de leurs âmes du bruit de leurs pas effrayant. Les immondices d'une vie marquée par leurs jougs inévitables. Et même au cœur d'un dédale aux chemins tortueux, labyrinthique, l'effort des démons s'intensifiaient, pour toujours. Toujours. Finir par les retrouvés. C'était ce genre de mal incurable, aux souvenirs confus, imprécis, désarticulés. Un hurlement intérieur, constant, comme de ceux qu'elle venait de pousser. Et ses poings dont les trajectoires brusques, venaient à s'achever de leurs courses furieuses contre son torse. Le crépitement vif de son âme étreignant la sienne. Et tous ces hurlements, ces cris, cette tumulte, portait en leurs ancres, les essences de chair martelés, brisés, fracassés, dans les bruits d'un miroir aux fêlures de verre répandue sur un sol de marbre.

Il était ailleurs, comme évaporé, son corps bel et bien là, de chair, de sang, de palpitements, mais la prise de son carcan, elle, envolée. Désintégré sous les échos de cette voix dont il parvenait à peine à saisir le désespoir, tant il était grand, tortueux, alambiqué. Des racines gangreneuses, tacheté du sceau d'une malédiction antique, latente, habitant en chacun des êtres de ce monde. Et la pluie de ses mains enragées, catalyseurs d'une acrimonie gorgée de désespoir.

Des doigts aux allures d'ailes maculées d'encres, s'allongeant sur les notes d'un piano, des raies de lumières transperçant les éclats de rideaux moirés, la chaleur d'une main déposée contre son épaule, l'adrénaline furieuse, inconsciente, d'un saut, depuis le gouffre d'une falaise, des histoires chantées autour de feux rougeoyants. Et l'éclat d'une chevalière délaissée sur sa table de nuit.

Comme s'il venait de reprendre de sa contenance, le Vasilios releva ses prunelles égarés dans celle de sa consœur noctambule. Un souffle, puis un autre. Encore un peu, juste assez, pour reprendre pieds à la réalité.

« Bordel ! Calme toi ! » qu'il vocifère à nouveau, entre ses dents serrées. À nouveau, l'éclat de la douleur vive qui s'éructe dans chacune de ses terminaisons nerveuses, assez fortes pour lui permettre de s'ancrer pieds à terre, face à la brise qui éventre leurs crinières. Mais le chant du vent, semble bien loin, en comparaison de cette sauvage crépusculaire, dont la cuisse maculée de sang attire les éclats de ses orbes sombres. La marque. Elle a voulue se défaire de la marque. En des termes issus dans les tréfonds de son âme battante, là où la raison ne pouvait avoir sa place, il n'aurait su l'expliquer comment, mais il en enrageait. Elle, qu'il ne connaissait pas. Seulement au travers de rêves flous, hantant chacune de ces nuits en gifles insomniaques. Elle, pour qui, il ressentais une bouffée d'empathie inexplicable.

Elle, une femme.

Si loin de cet idéal d'âme-sœur qu'il s'était toujours imaginé. Si loin de ce qu'Alek pouvait représenter à ses yeux.

Et pourtant, c'était bien, ces mains, là, qui tentait de retenir ses poings pris au piège entre les siens. De tenter de calmer le flux d'une colère viscérale, injuste, dont il tentait de comprendre les desseins, les contours et les formes. Les couleurs, qui comme celle, rougeoyantes, sombres, clairs, venait à danser dans le fleuve chaotique de ses orbes.

« Ramener qui ?! » qu'il gronde. Perd patience. Attendant que le feu du brasier s'amenuise, s'éteigne de lui-même et fonde à la prise de ses mains s'échappant des siennes. Glissant, comme de ces vieux mirages qu'il ne parvenait jamais à atteindre. Mais au moment de tomber, il l'a retint, là, de sa poigne ferme, l'arrachant au désespoir pour l'ancrer aux pieds de la réalité.

« Je ne comprend pas... Explique-moi. »

Comment, pourquoi ? Pourquoi ? Tant de questions, pour si peu de réponses. Et les lèvres, qui brûlent, s'embrasent, d'un jour pouvoir s'exorciser de toutes ces absences vides, creuses. On aurait pu les prendre pour des fous ou encore un couple au beau milieu d'une crise conjugale - ce qui aurait doucement fait rire l’héritier. Mais non, il se tenais, plus franc, sincère, que jamais. « Laisse moi t'aider, il faut faire soigner ça, tu entend ? »






@Aoibheann Zhang
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Aoibheann est dans le flou. Elle sait pas ce qu’elle est censée faire, mais sait encore moins ce qu’elle a envie de faire, ce que son corps la pousse à faire. Alors elle crie, elle pleure, elle frappe, elle se calme, elle tombe. Mais rien de tout ça ne semble juste. Rien de tout ça ne semble être ce qu’elle devrait être en train de faire. Aoibheann veut pleurer, continuer à pleurer, jusqu’à être sèche et ne rien plus pouvoir sortir. Elle veut crier, jusqu’à devenir muette, et ne jamais plus pouvoir parler. Elle veut tomber, devenir un chiffon, et ne plus réussir à se relever. Elle veut tout à la fois, mais peut pas. Parce que son corps suit pas. Son corps semble la déchirer de plusieurs côtés, entre plusieurs besoins, qui semblent fondamentaux, à cet instant précis. Et Aoibheann sait pas lequel suivre, des besoins. Et tout ça, ça lui retire sa force à une vitesse éclaire. A une vitesse telle qu’elle n’est pas complètement sûre d’avoir le temps, encore, de réfléchir à ce qu’elle va faire. Puis, finalement, elle réfléchit pas, Aoibheann, quand elle agit. Elle est pas du genre à réfléchir avant de faire quoique ce soit. Quand ça concerne ses émotions, en tout cas.
Elle l’entend pas, lorsque sa voix tente de percer la fumée de ses cris. Elle l’entend pas, lui, rappliquer, véciforer. Elle l’entend pas lui demander de se calmer. Et c’est peut-être mieux comme ça. A bien y réfléchir, elle l’aurait probablement mal prit. Et ça l’aurait probablement juste poussé à pleurer, et à crier, encore un peu plus. Parce que c’est comme ça qu’elle a toujours réagit, Aoibheann, aux personnes qui criaient. Plus ou moins, en tout cas. Et c’est définitivement comme ça qu’elle réagirait face à lui, qui crie. Parce qu’elle lui en veut déjà bien assez d’exister, pour qu’en plus elle le laisse lui crier des ordres sur comment elle est censée se comporter. Elle sent, plus ou moins, ses mains se refermer sur ses avant-bras, pour la tenir. Pour que ses poings arrêtent de le cogner. Et elle a l’impression de continuer à frapper, pourtant. Même si c’est que dans sa tête, même si c’est que dans son imagination. Elle a besoin de tenir quelqu’un pour responsable. Et c’est d’une parfaite logique que ce soit lui, le seul responsable, de tout ça.
Il continue de parler, lui pose une question. Alors qu’elle se calme, enfin. Elle se calme, parce que son corps à achever de l’épuiser. Ou que c’est ce qu’elle ressent, pour le moment. Parce qu’elle est à ce moment de la colère d’enfant, où elle est trop crevée pour continuer. Où elle veut juste tomber, par terre, et reprendre son souffle, reprendre de la contenance. Reprendre un peu de ses forces qu’elle a épuisé dans le vide. Parce que, encore une fois, personne n’y a fait attention. Personne ne l’a vu. Personne n’a essayé de comprendre sa colère, de comprendre ses sentiments. Le seul qui le faisait est probablement mort, quand elle était encore gamine. Elle se souvient, de lui, un peu. Pas assez, encore. Et elle se demande pourquoi elle se souvient pas plus de lui. Et surtout pourquoi elle a commencé à se souvenir de lui qu’il y a une semaine. Il lui demande, la menace, devant lui, qui elle veut ramener. Et Aoibheann repense à Liebe, dans son appartement, morte. Elle avait presque oublié pourquoi elle était là, pourquoi elle ressentait tout ça. Elle s’en veut. Elle se dit que c’est de sa faute, à lui. Avec ses beaux cheveux, et son beau visage. Elle a envie de le griffer pour lui faire perdre de sa lumière. De sa superbe.
Et lorsque ses genoux semblent enfin lâcher, c’est lui qui la rattrape, aussi. Elle aurait voulu s’éclater en sol, dans un fracas. Avec un peu de chance, peut-être, il se serait ouvert sous son poids plume. Peut-être qu’il l’aurait engloutti. Et avec beaucoup de chance, lui avec. Puis qu’ils semblent être liés, autant qu’elle l’emmène en enfer avec elle. Il comprend pas, qu’il lui dit. Bien sûr, bien sûr qu’il comprend pas. Il peut pas comprendre, personne peut comprendre. Puis personne a jamais essayé de comprendre. Personne veut comprendre. Personne a jamais voulu comprendre. Alors. Forcément. Lorsqu’il lui demande de lui expliquer, elle lève les yeux vers lui. Un seul instant de faiblesse, pour essayer de trouver une pointe de sincérité dans ses yeux. Est-ce qu’il veut comprendre, vraiment ? Ou comme les autres, est-ce qu’il veut juste la calmer, pour qu’elle arrête d’éclater les tympans des gens aux alentours ? Elle baisse les yeux, rapidement. Trop de choses non dites, dans un regard qui devrait pas lui être destiné. Jamais. Qui lui sera jamais destiné.
Elle a besoin de Liebe, celle qui était détentrice de ses regards, de ses joies et de ses peines. C’est elle, la seule, qui la comprenait, sans même avoir à demander.
Il lui demande de le laisser l’aider. Aoibheann peut pas faire ça. Aoibheann peut pas laisser un étranger l’aider, en temps normal. Encore moins lorsqu’elle est fragile, et dans un état de faiblesse, comme celui ci. Et encore moins lui. Elle aime déjà pas l’idée qu’il la touche. Même si c’est elle qui l’a touché en première, en envoyant des poings d’enfants sur un torse qu’elle a imaginé robuste. Même si son corps, lui, semble trouver une sorte d’apaisement, à ces mains qui la retiennent de tomber. Et Aoibheann sait, mais n’y consent pas, que c’est pas juste que quelqu’un l’empêche de tomber, que son corps apprécie. Mais le fait que ce soit lui. Aoibheann exècre cette idée.
Alors toute enfant qu’elle est toujours restée, Aoibheann se détache de la prise de l’homme, qu’il avait sur elle. “Lâche moi !” Elle crie pas. Mais sa voix gronde, comme la sienne l'a fait quelques secondes plus tôt. Elle se met dos à lui, et regarde en l’air. Là où la fenêtre de l’appartement de Liebe est cassée. La seule fenêtre cassée de l’immeuble. “Faut que j’y retourne.” Qu’elle lance, plus pour elle, que pour que quiconque d’autre ne l’entende. Et Aoibheann avance d’un pas, de deux. Et est sur le point, vraiment, de taper un sprint sur les quelques étages qui la séparent de l’amour de sa vie.
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Il l'avait connu, la perte, l'absence, l'abandon injuste d'une vie sacrifié inutilement, le creux, le vide. Et ce goût aigre, d'amertume, rongeant le relief de ses lippes. Le poids d'un fardeau, de responsabilités avec lesquelles il jouait comme de ces enfants rois jonglant avec le poids de leurs couronnes. Préférant son appartenance à la nuit, aux vices et sévices, à toute ces lettres qu'il lisait, relisait, dans l'espoir d'y voir des indices, des réponses à toutes ces questions envahissant les fleuves magmatiques de sa psyché volcanique. Là, le dos penché au dessus des halos et l'encre dont s'abreuvait ses prunelles. Mais rien. Toujours rien. Si ce n'était que le silence de toute une vie laissée dans le sillage de son père.

Cet homme. Si grand. Si ardent. Dont l'atroce lumière venait à projeter son ombre sur les traits du jeune warden. Papa, avait été le premier mot qu'il avait soufflé. Et aujourd'hui, ce mot était mort, pour finalement devenir l'un de ces maux incurables dont semblait avoir été dotée l'étrangère. Elle et ses traits fins rongés par une démence aux origines nébuleuses, elle, dont la jambe maculée de sang l'avait attiré comme de ces requins des grandes profondeurs, à la recherche de cette odeur si particulière, métallique, amère, gorgée d'aigreur. Mêmes océans, aux mêmes vagues houleuses, tumultueuses, prêtes à les faire passer par dessus bord. Et l'horizon de ses orbes qu'il fixait, dont les pigments désaxés oscillait sous les lueurs des réverbères kaléidoscopiques.

Une attention, qu'il n'aurait sans doute eu à avoir, s'il n'était pas cet homme flamboyant, dont l'empathie ternie surgissait au contact de l'ombre crépusculaire. Parce qu'il y avait indéniablement ce lien, cette marque, pour les unirent d'un jour immuable. Qu'il comprenait, sans vraiment comprendre les desseins nébuleux d'une quelconque déité architecte. Parce qu'elle était une femme. Une femme esseulée, meurtrie et complètement dévasté par une chose dont il ignorait tout. Mais il restait là, comme il aurait pu affronter son père et ses réminiscences moroses, à la recherche de réponse à toutes ces questions que l'on s'efforçait d'évincer. Et sans doute, parce que sa douleur était la sienne, que sa peine, lui appartenais tout autant qu'à elle. Et qu'ils étaient de ces astres aux trajectoires déviantes, prêt à s'affronter sous le regards de ces lunes livides, pâles, projetant leurs projecteurs marmoréens sur leurs silhouettes égarées.

Et lorsqu'elle relâcha, grondant, crachant le venin insidieux de ces pensées hagardes en sa direction, il tenta à nouveau d'attraper son poignet, qui glissa fatalement entre ses doigts.

« Attend ! »

Je ne connais même pas ton prénom.

Mais trop tard. Elle filait. Les prunelles rivées sur une vitre fêlée, brisée, quelques étages au dessus d'eux. L'appartement était éteint et impossible pour lui d'y apercevoir une quelconque trace des tourments de l'étrangère. Pareil à de ces blessures béantes, ouvertes tout droit sur la vue d'un gouffre sans fond, enténébré. Sa langue claqua d'agacement contre son palais, alors qu'il se lançait à sa poursuite.

Voilà ce à quoi il en était rendu désormais. Poursuiveur, traqueur, de chimères ombrageuses, dont les souffles vains parvenaient à ses oreilles en des échos dévastateurs. Il entendait le bruit de ses pas, la porte d'entrée se fermant dans un lourd bruit dans son dos, alors qu'il se faisait chasseur d'ombres noctambules. Gravant les escaliers deux à deux de ses jambes élancées, finement musclées, comme de ces statues dont le marbre marmoréen pliait face à la poigne habile d'un sculpteur. Les mains s'accrochant à la rambarde de verre, traversée par d'infimes fibres de néons phosphorescents. Et là, au moment de se détourner à la conquête d'un de ces corridors, l'ombre de sa crinière polychrome.

Ses jambes se mouvèrent d'elles-mêmes, comme mue par leurs volontés propres, il courut à nouveau, le souffle haché qui se rompis au moment d'apercevoir cette porte bardée de trous. De crevasses. Brinquebalante dans la brise nocturne, il l'a repoussa du pieds et celle-ci émit un grincement des plus sinistres. Il fit face alors à une vision des plus apocalyptiques.

Des objets, sans-dessus, dessous. Verres renversés, sièges dont les trajectoires avait fini par éventrer des meubles, lumières tamisées clignotantes, folles, éclatantes, jusqu'à la rétine de ses orbes gorgées d'ombres. Et là. Une odeur pestilentielle. Nauséabonde, qui fit se retrousser ses narines. Et ses pas s'arrêtèrent d'eux-mêmes.

Chaos et mort.

Une télévision grésillante projetant ses lueurs vacillantes sur une scène des plus macabre. La furie agenouillée au dessus du corps sans vie d'une femme à la peau qui avait pris l'aspect grisâtre de cendres ternes, comme de ces cibiches dont les braises étouffées par le vent finissait par se répandre en poussières cendreuses.

Il aurait pu en vomir le maigre repas qu'il avait à peine touché chez Alek, s'il n'était pas habitué à apercevoir des corps désarticulés, aux prunelles béantes et aux dermes couverts de filaments vermeils. Avec le temps, les années, le Vasilios s'était forgé une carapace de sang-froid. Mais ce qu'il ressentais, là, sous sa cage thoracique. C'était cette détresse, cette palette de haine, combiné à un immense chagrin chargé d'affliction. C'était celle de cette femme.

Auprès de laquelle il s'arrêta, reconstituant désormais le tableau dédaléen de cette excursion nocturne. Il hésita, puis finalement posa une main sur son épaule, comme pour lui arracher cette douleur viscérale filtrant dans chacun de ses pores, ces veines.

« Je suis désolé... »

Désolé de quoi ?

Les bons mots ne venaient jamais aux bons moments, mais il s'efforçait d'être là. Près d'elle. Qu'il ne connaissait ni d’Adam, ni d’Ève.

« Il vas falloir partir. Tu as besoin de soin. »




@Aoibheann Zhang
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La fatigue, l’envie de crier, l’envie de détester. Non, c’est plus qu’une envie, bien plus qu’une simple petite envie. C’est un besoin. Elle a besoin de crier au monde qu’elle le déteste. Mais est trop fatiguée pour le faire. Trop détruite. Trop petite, recroquevillée dans ses sentiments. Liebe l’a laissé. Liebe lui a été enlevée. Et elle ait, Aoibheann, sent, que c’est pas un hasard. Elle sent que ça vient des corbeaux, peut-être, ou de la CPIM. Elle veut tellement, espère, finalement, que ce soit les corbeaux. Mais sait, quelque part, que c’est pas le cas. Elle le sent. Après tout, elle a aidé quelqu’un d’important, chez les corbeaux, et après cette petite action, le plus logique serait que la CPIM lui en veuille. Peut-être qu’ils veulent s’assurer qu’elle n’oublie pas sa place. Ou peut-être, juste, qu’elle se fait des idées. Peut-être que c’était des corbeaux. Peut-être que c’est comme ça qu’il la remercie, l’homme blond, le jumeau de Sinned. En assassinant la personne qui compte le plus pour elle. Comme… Comme levier, peut-être, ou comme menace. Aoibheann sait pas. Aoibheann a besoin de savoir. Elle sait déjà pas exactement pourquoi ses parents sont morts, quand elle était enfant. Elle a besoin de savoir pourquoi Liebe, elle, au moins, est morte. Pourquoi elle a donné sa vie. Ou plutôt pour quelles stupides raisons on la lui a prit. Elle veut trouver un responsable. Et Aoibheann sait que le jour où elle le trouvera, elle le tuera. Le jour où elle le trouvera, cette personne ne sera plus jamais capable de respirer. Et pas parce qu’elle l’aura tué, non. Mais parce qu’elle l’aura tellement compressé de sa haine, elle l’aura tellement torturé, qu’il cherchera tous les moyens pour se suicider. Et elle laissera rien, autour, pour l’y aider. La seule solution qu’il aura sera de se forcer à s’arrêter de respirer. Et Aoibheann voudra être là, tout ce temps là, et le regarder. Aoibheann trouvera qui a fait ça. Et cette personne là vivra le pire des enfers.
Pour le moment, elle doit retrouver Liebe. Elle doit retourner à ses côtés, et attendre. Attendre que cette lâche de Jillian revienne, par exemple. Pour qu’elles puissent disposer du corps, mais pas comme elle le faisait pour la CPIM. Faire ça bien. Et lui donner un vrai enterrement. Elle refuse que Liebe soit juste un corps de plus à faire disparaître. Elle laissera pas ça arriver. Alors elle va rester avec elle, jusqu’à ce que Jillian revienne, ou. Ou quelqu’un d’autre, même, n’importe qui pourrait l’aider à faire ça bien. Parce qu’après tout, Aoibheann a absolument aucune idée de comment faire ça bien. Elle court, monte les escaliers le plus rapidement possible, et arrive en haut, à peine essoufflée. Après tout, elle est habituée à être toujours au meilleur de sa forme. Et à utiliser sa douleur comme une force. Elle entend le gars la suivre. Et elle veut pas. Elle veut qu’il reste en bas, qu’il s’en aille, et qu’ils se voient plus jamais. Même si une partie d’elle même, qu’elle refuse d’écouter, a juste envie de se serrer contre lui pour pleurer. Jamais. Elle acceptera jamais ça. Quelque soit le nom que les gens donnent à cette relation qu’il leur est imposée. Aoibheann a jamais eu qu’une seule âme soeur, et c’était Liebe. Que le destin en ait décidé autrement, Aoibheann s’en fout. Le destin et elle ont jamais été très potes, de toute façon.
Elle entre dans l’appartement comme une furie et s’agenouille si rapidement auprès de Liebe, qu’elle s’explose presque les rotules par terre. Le sang teinte ses jambes déjà ensanglantée de sa propre blessure d’un rouge encore plus foncé. Le sang, elle a l’impression qu’il ne s’arrête pas de couler. Même si elle sait, que ça fait déjà un moment, qu’il s’est arrêté. Il est pas encore sec, mais il ne s’étend plus, ne s’élargit plus, sur le parquet du salon. Elle baisse la tête, et pleure. Parce qu’elle peut pas faire grand chose d’autre. Elle prend la main, froide, et sans vie, et presque rigide désormais, de Liebe, dans la sienne, et la porte à son visage. Et pleure, pleure. Son corps est pas parcouru de soubresauts. Parce que durant toutes ses années, Aoibheann a apprit à pleurer sans que personne ne s’en rende compte. La seule chose qu’elle n’a pas encore réussi à faire, c’est de rendre ses larmes invisibles.
Elle sent la main sur son épaule, et sa fierté veut l’enlever, mais elle la garde là, pourtant. Parce qu’elle doit bien s’avouer, qu’elle l’accepte ou non, que la chaleur que ça lui provoque lui fait du bien. Énormément de bien. Comme un de ces calmant qu’on lui donnait, à la cellule, lorsqu’elle faisait des crises, le soir. Elle se relaxe, sous son contact. Elle arrête même de pleurer. Et lorsqu’elle l’entend parler de nouveau, elle pense que sa voix aussi, est apaisante. Sauf qu’il y a quelque chose qui va pas, avec ce qu’il dit. Parce qu’il lui dit qu’il faut partir. Il lui dit de la laisser là. Et qu’elle a besoin de “soin”. Il lui dit qu’elle a besoin de soin alors que Liebe, elle, est morte, juste devant eux, et qu’il le voit bien. Et qu’il ose lui dire qu’elle, elle a besoin de soin. Elle, alors que la seule blessure qu’elle a, elle se l’est infligée à elle-même, sur sa marque. Et.
Oh.
C’est ça, en fait. Elle dégage sa main de son épaule, avec une violence qu’elle n’a jamais réellement utilisée. Mais le regard qu’elle lui envoie, lui, elle le connaît. Parce qu’elle utilise le même à chaque fois qu’elle croise quelqu’un qui la répugne, quelqu’un qu’elle déteste. Elle a presque envie de cracher, mais le fait pas. Pas alors que le corps de Liebe est à côté. “Égoïste.” Qu’elle lance, d’abord. Pas fort, non, elle veut pas crier. Mais froid, c’est tellement froid. “Tu penses que me soigner te fera aller mieux, aussi ? C’est ça ?” Elle sourit, un peu, en coin. Loin du sourire chaleureux et amoureux qu’elle offrait ce matin à Liebe. Un sourire machiavélique, à la limite du sadique. Elle se retourne, et marche avec sûreté dans la salle de bain. Descend son short en jean, et tant pis pour la nudité que ça offre. Et les yeux dans ceux de l’homme, face à elle, s’ouvre la chair, taillant un soleil, qui est apparu à côté de la lune déjà coupée en deux.
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