we'll get him falling for a stranger + marvin

KK
Koi ?
Il est revnu
Ki sa?
Mais tsé le mek ki msuivait ya longtps! !!! ! !
nan jsais pas
bon laisse tombé si jrentre pa c ke chui more.
*mort
tepu

C’est sur cette éloquente note que tu clos la conversation par sms avec ta soeur, Kim. Tu verrouilles ton téléphone dans un élan d’agacement. Tu ne supportais pas que ta soeur soit infichue de retenir la moindre de tes petites aventures. Tu estimais que c’était la moindre des choses, face au mal que tu te donnais pour les lui raconter dans les moindres détails, afin de pimenter sa misérable existence de fille aînée. A croire qu’elle n’en avait pas plus à faire que de son traitement pour la robustesse des cheveux que votre mère lui avait refourgué le mois passé.

Ta langue claque dans ta bouche, et tu lèves un peu à la hauteur des yeux ton écran maintenant noir. Tu profites d’envoyer un selfie douteux agrémenté d’un doigt d’honneur à ta soeur pour jeter un oeil à ce qui se trouve derrière toi (merci la front cam). Et ça ne fait plus aucun doute : le type qui te stalkait cinq ans auparavant est de retour. C’était un type immense, aussi haut que large, avec un regard fou et des sourcils de diable, et pire encore, une barbe comme un âtre flamboyant, qui lui dévorait le bas de la gueule, et ne demandant qu’à dévorer la tienne.
Tu ignores si le plus fou est que tu te souviennes encore de lui (en même temps, sa singulière apparence ne l’aide pas à passer inaperçu), ou si c’est de pouvoir disparaître du jour au lendemain pendant cinq ans. Bah, ça n’aurait pas tant dû t’étonner que ça, au vu des récits rocambolesques que pouvait te raconter Jaw, à se projeter tu ne sais comment à droite à gauche dans d’autres caboches, ou d’autres “dimensions”.

Toujours est-il que, pour le coup, tu aurais donné plusieurs mois d’argent de poche pour savoir ce qui se tramait dans la tête de ce type, pour revenir te coller au train cinq ans plus tard. Ta mère avait beau dire que tu vieillissais à une exaspérante lenteur, à toujours arborer ta charmante figure de quand tu faisais tes crises d’insomnie à treize ans, tu en avais aujourd’hui plus du double, et la mode était telle que tu changeais régulièrement de brushing.

Tu t’imagines donc les plus noirs scénarii, dans lesquels ce sinistre individu avait enlevé un jeune homme, croyant que c’était toi, et l’avait séquestré pendant des années, avant de s’apercevoir de l’imposture. Et aujourd’hui, voilà qu’il revenait pour toi, pour accomplir un dessein qu’il pensait avoir achevé depuis des années durant. Sa frustration et sa folie ne devaient en être que décuplées… Tu serres les fesses et te mords l’intérieur des joues pour retrouver ton calme. Ça t’apprendra à traîner tes mocassins et tes longs manteaux dans les quartiers pouilleux de Downtown… Tu aurais fini par payer un jour où l’autre le prix de tes fréquentations éclectiques et surtout malfamées. Cela dit, tu en avais croisé des pires que lui dans ta longue carrière de mécène à scélérats (ou pas ?) et il ne s’agissait pas non plus de te laisser faire comme un vulgaire morceau de bidoche. Aussi, tu continues de marcher encore un peu avant de t’arrêter au beau milieu du passage, feignant farfouiller dans le capharnaüm dans ton sac à main pour homme (que les plus pointilleux appelaient “pochette virile de jour”). Et, au moment où il arrive sur toi, dans un cri un peu trop suraigu pour ton âge, tu te retournes brusquement, le téléphone brandit dans ta main serrée, prêt à t’en servir comme d’une arme de poing. « J’vous préviens, si vous m’enlevez, j-je suis pas comestible ! »

Néphèbe et sa sale gueule. Vraiment, il sait pas comment font les siens pour vivre sur ce monde sombre et déprimant. C’est bien uniquement parce que Cobalt a réussi à mettre la main sur une pièce qui lui est indispensable pour se bricoler une nouvelle main qu’il s’est pointé ici, ruminant comme d’habitude dans son immense barbe de feu. Le géant grommèle, la mine sombre. La dernière fois qu’il avait volontairement mit les pieds sur ce monde, il possédait encore sa main gauche.

Non pas qu’il regrette d’en avoir fait don à Violet… Non, là n’est pas la question… Il déteste juste que malgré l’importance de son rôle dans son cluster artificiel, personne n’ait jugé utile de s’inquiéter de cette amputation gênante. Il faut bien l’avouer, on a déjà vu plus pratique qu’un ingénieur électronicien amputé de sa dextre. Une chance pour lui qu’il est ambidextre. Enfin, était ambidextre.

Sans doute est-ce encore l’un de ces comportements désobligeants d’organiques qui partent du principe que s’il leur doit la vie – disons plutôt l’existence pour nous éviter un débat potentiellement désagréable sur ce qui peut être quantifié de vie ou non quand on touche au domaine numérique, si les androïdes ont pu gagner leur combat sur Sigan, le sujet n’en reste pas moins sensible, encore aujourd’hui – c’est forcément qu’il leur est inférieur et qu’il leur doit l’obéissance et l’ordre. Quand on voit comment les humains traitent parfois leur propre parents, Marvin se demande bien s’ils se sont regardés avant de critiquer sa race.

« - Qu’est-ce que tu fais, Cobalt ? » marmonne le géant roux alors qu’il piétine à leur point de rendez-vous.

Une vague excuse lui parvient en retour, faisant grogner l’androïde qui se remet en route. Attendre… Mais il ne savait pas lui dire avant qu’il ne passe ce foutu portail qu’il n’était pas disponible à l’heure qu’ils s’étaient indiqués, lui ? Marvin se pince l’arête du nez, contenant sa frustration. Il aime bien Cobalt mais, parfois, ce dernier lui court un peu quelque part.

Le géant se remet en route, avalant la rue de ses grandes jambes. Ses mains fourragent dans ses poches, criant au monde que l’individu n’est pas d’humeur à gérer une conversation ce soir. Et il était prêt à tracer jusqu’à l’espèce de décharge infâme que Cobalt ose appeler ‘chez lui’ quand un son suraigüe vient saturer ses capteurs auditifs. L’androïde frémit sous la désagréable sensation alors que son regard sévère chute sur le gamin qui brandit son téléphone comme s’il avait essayé de le requêter.

« - J’vous préviens, si vous m’enlevez, j-je suis pas comestible ! »

Marvin jette un regard étonné autour de lui. C’est vraiment à lui qu’il parle, le mioche ? Visiblement, oui… Autour d’eux, les passants jettent des coups d’œil interloqués avant de reprendre leur route. Le géant, lui, reste immobile, observant le blondinet de son regard sombre. Vraiment, il n’a pas envie de se prendre le chou avec des conneries pareilles. Il n’aime pas Néphède et n’a pas envie de passer plus de temps que nécessaire ici. Après tout, comment aimer ce monde alors qu’on réside depuis plusieurs années sur Altea ?

« - T’as prit des psychotropes, gamin ? J’ai pas de temps à perdre avec tes idioties. » râle-t-il.

Il déteste ça… Qu’on présume d’office qu’il va être agressif. Ça lui fait remonter la haine et la frustration au nez. Ça lui rappelle cette période où la LED rouge brillait encore sur sa tempe, le catégorisant automatiquement comme étant un individu dangereux alors qu’il n’avait jamais rien fait de plus que voulu être reconnu comme un individu et non pas comme un esclave sur batterie.

Les bras imposants s’étirent, arrachant la main et le moignon de ses poches pour venir se croiser sur son torse alors qu’il juge en silence le gamin qui lui fait une scène pareille… sans raison en fait. Il cherche dans sa mémoire, passant en revue les visages connus pour essayer de voir s’il connait le blond ou pas. Peut-être sa mémoire lui joue-t-il des tours. Il devrait demander à Leene de jeter un œil à ça lors de sa prochaine mise à jour… Si seulement son apprentie accepte de lui adresser à nouveau la parole un jour.

« - On se connait ou tu cries dès que quelqu’un t’approche d’un peu trop prêt ? »

Tu étais en train de te maudire intérieurement, non pas pour la disproportion de ta réaction, mais bien parce que tu avais osé bafouiller dans ta mise en garde. Parce qu’il faut croire que tu te croyais malin, ainsi sur le qui-vive, étirant dans tous les sens tes bras et tes jambes maigrelets, comme si tu avais la moindre chance de lui échapper, si tu en venais à prendre tes jambes à ton cou. Il aurait tôt fait de te rattraper, avec un peu de chance, avant que tu ne t’emmêles les pattes dans ton propre manteau ou ton écharpe en cachemire infiniment longue.

Cela dit, pas de course poursuite ni de prise d’otage désespérée en vue. Le type s’arrête, te toise et croise ses bras énormes sur son poitrail encore plus énorme. Ta respiration se calme malgré elle, laissant place à une irritation latente, et la vicieuse et rampante impression que tu avais, peut-être réagi avec force exagération. Tu finis par baisser ton bras ankylosé (alors que tu ne l’avais littéralement levé que quelques secondes), te reconstituant un semblant de dignité en réajustant ton foulard avec dédain. « Audacieux de votre part d’assumer que je ne suis qu’un petit gosse de riche qui ne trouve du plaisir que dans les psychotropes… » Bon, il n’avait jamais pensé tout ça, mais tu t’étais découvert le don de sur-interpréter tout ce qu’on pouvait te dire ; tu t’en croyais que plus intelligent… Et puis, ça sonnait toujours mieux que d’admettre que tu n’avais jamais réussi à tenir quelconque substance illicite… pour le peu que tu en avais essayées.

Tu te régalais de ces quelques passades échangées avec un énergumène de cette taille. Tu te voyais déjà en train d’en faire le compte-rendu à ta soeur plus ou moins ébahie. Il était rare en effet que tu ailles au-delà du simple « coup de foudre au premier regard ». En effet, habituellement, tu te contentais de jeter ton dévolu sur un parfait inconnu croisé dans la rue et, sans qu’aucun contact ne soit établi, tu t’imaginais tout un tas d’histoires obscures et dramatiques qui pouvaient vous arriver. De fait, maintenant que tu avais retenu l’attention de l’un d’eux, tu n’étais pas prêt de le lâcher.
« Si ça peut vous rassurer, je ne « crie » que quand j’en sens la nécessité… » A croire qu’il aurait dû se sentir privilégié que tu ne jettes ton dévolu et ton téléphone sur lui.

C’est à ce moment que ton attention à toi est captivée par son absence de main gauche. Tu n’y avais pas fait gaffe, comme si ton cerveau était tellement accoutumé à ne rencontrer des individus dotés de leurs deux mains que le calcul ne s’était pas fait immédiatement. Tu enchaînes aussitôt avec tout un tas d’hypothèses sur le pourquoi du comment il avait pu la perdre. Et désormais, ton objectif était qu’il te fasse suffisamment confiance -ou que tu le fasses suffisamment chier- pour qu’il t’en explique davantage.
Tu étais resté un peu hébété devant cette singularité physique, à croire que c’était là le seul moyen de te couper le sifflet. Mais, conscient que ce n’est qu’en le laissant tranquille qu’il se décidera à lever le camp, tu te reprends.
« Quelle idée aussi d’avoir l’air si menaçant ! On a pas idée, avec un physique pareil ! Je ne dis pas que ce n’est que de votre faute, bien sûr, mais il faut me comprendre ; avec une apparence et un sens inné du look comme le mien, je me sens constamment menacé dans la rue… Ce n’est pas faute d’avoir demandé à mes parents d’engager un garde du corps, mais… maintenant que j’y repense, même un garde du corps ferait pâle figure comparé à vous… »

Ça y est, tu étais lancé ; difficile de croire que tu avais pu réellement craindre ce pauvre homme, à voir comment tu levais tes yeux de biche vers lui, battant exagérément tes cils transparents, la bouche en coeur, à lorgner sur ta circonférence de ses bras, amputé ou pas.