(#1) ashcas + we shouldn't be strangers anymore

Ashley aime bien traîner à l’Illusion pendant l’après-midi. C’est toujours un peu une période hors du temps, pour le cabaret. Il est souvent vide, à l’exception des quelques personnes qui commencent doucement à préparer les choses pour la soirée. Mais la plupart des employés n’arrivent qu’en fin d’après-midi, à l’heure où les gens sortent du boulot. C’est agréable, de voir cet endroit si vide et de le voir peu à peu se remplir, avec les heures qui passent. Si ça ne tenait qu’à elle, elle passerait sa vie là-bas. Malheureusement, elle a d’autres responsabilités en dehors de l’Illusion, et une vie à vivre, aussi. Mais qu’est-ce qu’elle donnerait pour tout laisser derrière et se terrer au cabaret jusqu’à la fin des temps ? Beaucoup de choses. De toute manière, plus le temps passe, et plus elle s’y enferme. C’est là qu’elle préfère travailler, même pour les choses extérieures au cabaret.
Elle aime bien s’installer sur l’une des grandes tables en bois verni qui accueillent des clients le soir, avec son ordinateur, ses tablettes, ses stylets. Parfois, elle amène même du matériel pour travailler sur sa musique. Elle se sent calme ici, elle se sent bien -- elle se sent chez elle. Parfois, elle entrecoupe son travail de passages sur la scène -- elle aussi vide -- pour gratter un peu une guitare, effleurer le piano, réarranger le rideau de velours qui pend des deux côtés de la scène.
C’est son petit coin de paradis.
Alors oui, du coup, elle voit peu la lumière du jour : les fenêtres du cabaret sont recouvertes de tissus noirs pour préserver l’ambiance et l’acoustique… Mais elle s’en fiche. Qui a besoin de lumière quand on trouve l’illumination dans la musique et le spectacle ?

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Ashley jette un coup d’oeil sur son ordinateur -- 15h19.
Elle pousse un soupire en voyant le nombre de mails non lus qui l’attendent. 509. Elle a l’impression d’avoir déjà passé la journée à répondre à des e-mails. La vie d'entrepreneur, c’est un sacré challenge. Elle le savait avant de se lancer, bien sûr, et elle fait ça avec grand-plaisir… Mais les mails… Vraiment, c’est pas son truc. Elle finit donc par repousser son ordinateur et par balayer la pièce des yeux, en cherchant une distraction intéressante.
La guitare.. peut-être… ranger les costumes… pourquoi pas…
Un mouvement derrière le bar attire son attention. Lucas. Il est visiblement en train de compter des caisses de bouteilles. Il est là depuis tout à l’heure, mais Ashley était probablement trop concentrée sur son ordi, avec son casque sur les oreilles, pour s’en rendre compte. Super irrespectueux, comme comportement, dis donc. Il faut qu’elle se fasse pardonner. Doucement, elle se lève, et se rapproche du bar -- prenant place sur l’une des grandes chaises où se placent les clients, le soir. Elle pose son menton dans sa main, observant le jeune homme qui continue de compter. Salut. dit-elle avec un petit air mutin et un sourire. Je suis désolée, je t’avais pas entendu arriver. Elle passe la tête un peu plus au-dessus du bar. T’as besoin d’aide ? J’ai pas envie de répondre à mes mails… Donne moi un truc à faire. C’est un peu ironique, que ce soit la co-patronne qui demande à avoir des choses à faire… Mais Lucas est de loin le plus au fait de l’organisation de l’Illusion. Le cabaret ne serait probablement pas le même sans lui -- et pourtant, la jeune femme a toujours l’impression qu’elle le connaît mal. Ils se croisent depuis des mois, mais c’est justement ça, le problème : ils ne font toujours que se croiser. Lucas a tendance à être plus souvent avec Gali - qu’il connaît de l’époque où le cabaret n’existait pas encore. Le reste du temps, ils sont souvent trop occupés pour se parler, ou se parlent… du boulot. Ashley sait que c’est normal, mais ça la chagrine quand même, qu’ils ne se connaissent pas plus. Alors aujourd’hui, c’est comme si le destin lui avait envoyé un signe : ils ne sont que tous les deux dans la lumière chaleureuse du cabaret, et il reste encore du temps avant que les autres employés arrive. Peut-être que c’est l’occasion de le cuisiner un peu ?

Ça fait bien une bonne heure qu'il est là, l'homme. bientôt trente années d'existence, trente années qu'il pense inutile depuis son départ, des années vides et mornes et de nouvelles à venir qu'il n'arrive plus à imaginer. Et bref, une bonne heure qu'il est au cabaret, qu'il a fini son travail administratif et qu'il nettoie les autours du comptoir, et désormais qu'il compte et recompte les bouteilles entreposées dans des caisses, méticuleux qu'il est. Ou plutôt que ça le concentre sur autre chose que l'absence et l'oubli de Baby.

Lucas soupire. Pour une fois, il aurait aimer agir comme une vraie machine, celle qui n'ont pas de conscience. Il aurait aimer juste fonctionner et ne penser à rien. Quoique non... Il aurait préférer ne pas exister tout court. Si c'est pour goûter au bonheur et ne plus y avoir accès, autant ne jamais le connaître tout court, c'est trop cruel en réalité...

Ashley s'approche de lui. Il l'avait remarqué, lui, mais quand il avait vu à quel point elle avait l'air concentré, le brun avait décidé de ne pas la déranger, tout simplement. « Salut. » répond-il sans réelle expression faciale. Il n'est pourtant pas hostile, il aurait répondu de la même manière pour ses amis les plus proches, c'est ainsi qu'il a été conçu.

La blonde lui demande du travail et faut bien l'avouer, ça le surprend un peu, après tout, elle est patronne ici. Lui ne s'est jamais considéré comme tel et pourtant, il répond bien à ce genre de fonctionnalité. Mais les responsabilités que ce poste amène, bien qu'il les accepte, sont assez effrayantes. Il penche la tête et réfléchit un instant avant de reporter son attention sur deux caisses remplies de vaisselles propres, mais humides. Il les désigne d'un coup de tête pour qu'Ashley les voit. « Tu peux les essuyer et les poser de côté pour que je les range si tu veux, ça sort du lave-vaisselle. » Il la regarde un instant, intensément, se disant soudainement qu'il n'avait jamais pris le temps de le faire, ni même de lui parler et pourtant ça fait un petit moment maintenant qu'ils se côtoient. « Tu vas prendre du retard dans tes mails, c'est pas plus important ? »