(#1) samina + heathens

Elle s’est fait voler sa bagnole.
Quand elle s’en rend compte, elle a presque envie d’en rire.  Elle s’est fait voler sa bagnole. Dans l’entrepôt, il y a dix-huit voitures - toutes appartiennent à la famille Rhodes. Nina a bien compté, Nina a bien tout vérifié. Les voitures de ses parents sont bien là, celles de ses frères aussi, et le modèle hideux de Cecelia n’a pas bougé de son emplacement. Mais au milieu de la voiture de sa soeur et de la dernière acquisition de Matthias, il n’y a que du vide. Sa Coruscant 2016 s’est volatilisée. Elle appelle tous les membres de la famille, pour s’assurer que personne n’a décidé de faire une virée sans la prévenir avec sa voiture, mais tous lui répondent qu’ils ont mieux à faire que lui piquer son moyen de transport, et s’appliquent à lui rappeler à quel point leur emploi du temps est chargé. Merci les gars, j’avais oublié que vous étiez des gens importants. C’est en appelant Henry, son chauffeur, qu’elle commence à comprendre. Il a apparemment refilé les clés de la voiture à un nouvel employé de son père, pour qu’il aille la garer dans l’entrepôt. « Tu t’es fait rouler dans la farine, old man. » lui explique-t-elle, calme et amusée, quand Henry se rend compte de son erreur. « Je vérifie toujours leurs cartes ! Tu sais combien je suis pointilleux avec tout ça, ma belle. » Elle rit un peu au bout du fil. « N’empêche que tu t’es fait rouler dans la farine. » Alors bien sûr, il se confond en excuse, semble vraiment troublé de ne pas avoir compris la ruse. Nina ne lui en veut pas : en vingt-six ans, elle n’a jamais vu Henry faire une seule erreur - et il garde ses secrets, alors elle promet de faire de même. « Je vais la récupérer, t’inquiètes. » annonce-t-elle d’une voix confiante, comme on annoncerait qu’on va chercher le pain. « Nina… » Elle lève les yeux au ciel. « T’inquiètes pas. » Il sait que de toute manière, elle aura le dernier mot, alors il capitule très vite avec un soupir et un « Fais attention. » auquel elle répond « Toujours. ».
Elle s’est fait voler sa bagnole. De toutes les voitures que le connard qui a fait ça aurait pu choisir, il a choisi la sienne. Nina trouve ça dingue. Il aurait pu opter pour la plus récente, la plus chère, ou la plus facile à voler (clairement, celle de sa soeur)... Mais non, il a volé la sienne. Elle en rit, parce que c’est quand même con pour lui : il n’aurait probablement pas payé autant pour cet affront, avec les autres. Ils auraient juste laissé couler et acheté une autre voiture. Mais Nina… Non, Nina elle compte pas laisser passer ça.

Le tracker était une idée de génie.
C’est Kander, l’un des hackers des Wonderlanders, qui lui a suggéré d’en glisser un peu partout dans ses affaires, quelques années auparavant. Plus d’une fois, la technique a fait ses preuves dans le passé, et Nina se promet de le remercier une énième fois quand elle rentrera au QG. Pas inquiète, elle attend le lendemain, après avoir honoré ses obligations professionnelles (un essayage de robe, la remise d’un croquis à son mentor, l’écriture de sa colonne hebdomadaire pour son magazine, The Bold Type), pour aller sur la piste du voleur. Elle prend bien soin de se changer et d’enfiler l’une de ses perruques avant de quitter son appartement par la fenêtre.
La nuit tombe sur Néodam - mais franchement, elle se confond avec la journée, qui était grise, presque noire, aujourd’hui. La pluie n’a pas cessé, et Nina doit redoubler de concentration pour ne pas glisser sur les rebords des buildings et sur les gouttières. Ça fait des années qu’elle fait ça, mais elle sait que c’est dangereux, de se reposer sur ses lauriers. Quelques semaines plus tôt, un mec avec qui elle s’entraînait quand elle était plus jeune a perdu l’équilibre et s’est brisé la nuque au pied des Millenium Towers… Ça l’a pas mal secouée.
Nina suit le GPS de son téléphone, qui l’envoie jusqu’à Downtown, sans grande surprise. Elle aimerait que les clichés ne se confirment pas, mais… C’est comme ça. Quand elle se rapproche et a une meilleure idée des lieux, les choses se compliquent. Elle fait la moue, sur le rebord d’un vieil immeuble, les yeux baissés sur le bâtiment adjacent. Les Sharks. Elle aurait préféré ne pas avoir affaire à eux. Ce n’est pas qu’elle les craint, du moins pas vraiment. Elle est toujours mal à l’aise à l’idée de se retrouver face aux camarades de Max. Les Sharks et les Wonderlanders se respectent et ne marchent pas trop sur les plates-bandes les uns des autres, jusqu’à maintenant, et les deux gangs ont tout intérêt à ce que la situation ne change pas. Peut-être qu’elle devrait tout simplement faire appel à son meilleur ami, qui réglerait l’affaire pour elle. Ce serait probablement plus raisonnable. Mais Nina n’a jamais vraiment été raisonnable. Elle ne sait pas encore ce qu’elle va faire, mais elle s’engage sur le bâtiment d’à côté, au moins pour étudier la situation d’un peu plus près.
Elle n’a pas de mal à se faufiler à l’intérieur du bâtiment, où les lumières sont allumées. De ce qu’elle voit, c’est un petit peu le bordel. Nina comprend qu’elle se trouve dans une sorte d’atelier, aux outils et objets qui couvrent les murs et jonchent le sol. Elle se cache précipitamment derrière un pan de mur quand elle voit du mouvement un peu plus loin. Elle s’octroie un coup d’oeil quand elle juge que la situation est en sa faveur.
ok, t’as pas perdu de temps mon gars
Sa voiture est bien là, mais il lui a fallu quelques secondes pour s’en rendre compte… Parce qu’elle est littéralement EN MORCEAUX. Nina fulmine. Un mec est penché sur ce qu’il reste du moteur, et elle a bien envie de se le faire, là tout de suite… Mais son petit gabarit n’est pas à son avantage. Et puis de toute manière, ça ne créerait que des problèmes, de s’en prendre violemment à un Shark. Elle se décide donc pour la méthode douce. Elle avance dans son dos, va s’adosser à la portière de sa voiture, posée dans un coin, et regarde ses ongles vernis. « On t’a jamais dit que prendre les affaires des autres c’était pas bien ? » lâche-t-elle avec une décontraction apparente.

heathens

nina rhodes + sami alucard

“ Where the FUCK did you find that car? ” Scar n'a même pas la décence d'avoir l'air particulièrement honteux d'avoir volé une voiture de course, de marque, de sport, bref une voiture de tout, alors que Sami lui a bien précisé qu'il avait besoin de modèles moins tape-à-l'oeil ces derniers temps. “ T'occupes, tu peux en faire quelque chose? C'est une Coruscant 2016, t'imagines? Non parce que tu sais, la Coruscant 2017- — -est un putain de tombeau ouvert, oui, je sais, ” grogne Sami, finissant sa phrase pour lui. Ils ont longtemps débattu, avec beaucoup de sel, du nouveau modèle de cette marque qu'ils adorent tous les deux; mais si Sami ne peut qu'admirer la finesse de l'équipement des Coruscant, Scar quant à lui leur voue un culte tout à fait improbable et pas du tout mérité, d'après Sami en tout cas. Peu importe, c'est vrai que la voiture est classe, et il a déjà entendu quand Scar l'a garée dans l'atelier, que son moteur ronronnait comme un félin ayant l'envie de sortir... Sami aimerait bien la garder telle quelle, mais il est trop curieux de voir tous ses composants, et puis elle n'est pas faite pour ça: demain, la voiture ressemblera à quelque chose d'entièrement différent, un hybride de ceci et de cela, qui gagner une course dans les mains de Sami. “ Mais à qui tu l'as volé? ” demande-t-il avant de soulever le capot, jetant un regard un peu effaré à Scar. Il n'y a pas photo: il a dû la voler directement dans un garage, personne ne gare une bagnole comme ça dans la rue. Et c'était sûrement dans un joli voisinage, et si jamais quiconque l'a vu entrer dans l'atelier où Sami vit et travaille... “ T'occupes, ” lui dit Scar d'un ton détaché en ouvrant lui-même le capot de la voiture. Sami oublie complètement ses réticences quand il fait enfin face au Saint Graal, la tâche de défaire la voiture l'absorbant immédiatement et le plongeant dans son monde de modules mécaniques et de subtilités techniques.

Ce n'est pas une mince affaire, mais lui et Scar travaillent bien, ça fait longtemps qu'ils se connaissent maintenant et ils fonctionnent bien ensemble. Ils ont tôt fait de démanteler la carcasse dont ils n'auront pas besoin pour la course — la voiture est jolie, mais pas assez résistante — pour se focaliser sur le moteur. Ils mangent un peu, Sami jette un coup d'oeil à son téléphone pour voir qu'il a reçu des messages et snaps de Jas (difficile de réprimer son sourire en voyant ça, de résister à l'envie de lui en envoyer aussi, mais Scar est juste à côté de lui et il finit par fermer la conversation) et Scar finit par s'endormir sur son canapé à l'étage, Sami normalement aurait hâte de dormir pour retrouver Jas dans ses rêves, mais elle ne lui en voudra pas, il pense, d'être un peu en retard cette fois.

Alors il redescend pour continuer d'examiner le moteur, comprendre son fonctionnement, sifflotant gaiement et envoyant enfin quelques réponses à Jas, pensant qu'elle dort déjà à cette heure-là. Il n'y a pas eu de visites aujourd'hui, peu importe, son chiffre d'affaires se fait plus grâce aux courses illégales qu'il fait pour le compte des Sharks; il préfère, même, être seul avec ses objets pour pouvoir travailler et les parfaire, les machines, elles, sont plus simples à comprendre que les humains a-t-il remarqué avec le temps. Mais ses pensées s'échappent et s'évadent et il est distrait, ses bras se recouvrant rapidement de l'huile dont il s'est déjà débarrassé dans la douche plus tôt alors qu'il se remet à travailler. C'est bizarre mais c'est réconfortant comme sensation, parce que c'est si familier et qu'il l'a tant de fois fait; de la texture de l'huile sur la peau de ses bras à son odeur, ça le fait sourire légèrement et il ne se rend même pas compte qu'il en a étalé sur sa joue quand la voix résonne, le fait sursauter et se retourner avec le visage de celui qui a été frappé par la foudre. « On t’a jamais dit que prendre les affaires des autres c’était pas bien ? » C'est une... fille. Mais Sami s'est déjà fait avoir, pas cette fois. Il sait qu'elle peut être dangereuse, même si il ne la connait pas.

Dans cette pièce, quasiment tout a été volé. Des fois il achète des pièces détachées; la plupart du temps, il demande à Scar de le lui en trouver. Alors autant dire qu'il n'a aucune idée des potentiels griefs de la jeune femme en face de lui. Il sait en tout cas qu'il ne l'a pas entendue venir et que la porte d'entrée n'a pas tinté pour annoncer une nouvelle arrivée. Étrange. Depuis combien de temps est-elle là? “ On t'a jamais dit qu'entrer par infraction chez les autres c'était pas bien? ” contre-t-il avec un calme qu'il ne ressent pas, se redressant tout à fait en s'essuyant les mains sur un chiffon avant de le déposer sur son épaule. Il penche un peu la tête sur le côté, il n'a pas de flingue sur lui, il se pensait en sécurité... il devrait être en sécurité, il est chez lui après tout. La fille n'a pas l'air armée non plus, mais il se méfie. Son visage lui est vaguement familier, mais il a du mal à situer d'où. Scar est à l'étage, il devrait être en mesure de l'appeler si il a besoin de renforts. “ Qu'est-ce que je peux faire pour toi? ” demande-t-il, comme si elle n'était rien d'autre qu'une énième cliente.

Spoiler:

Le mec sursaute, ça fait sourire Nina. Il ne doit pas être habitué à ce qu’on entre dans sa tanière sans y être invité, c’est un premier bon point pour elle. Elle a réussi son entrée. C’est quelque chose qu’elle travaille depuis des années, les bonnes entrées en matière. Elle n’est pas la meilleure des combattantes, et sa morphologie lui permet rarement d’avoir l’ascendant, alors il faut toujours qu’elle trouve à impressionner dés le début, afin que ses adversaires ne cherchent pas à la mettre au tapis dans la seconde. Ce n’est pas simple, essayer d’impressionner dés le début quand on est foutu comme elle. Ça ne marche pas toujours, d’ailleurs. Nombreuses sont les fois où elle a été obligée de fuir à la vitesse de la lumière pour éviter une catastrophe. C’est pour ça qu’elle est seulement informatrice et espionne, chez les Wonderlanders. Elle a bon espoir d’apprendre à se battre correctement avec le temps, mais pour un apprentissage en bonne et dûe forme, il faudrait qu’elle abandonne quelques temps ses obligations d’héritière des Rhodes, et ça, elle ne peut pas vraiment se le permettre. Mais un jour, un jour, elle pourra se défendre sans avoir besoin de renforts et ne sera plus obligée de cavaler quand on essaie de la menacer physiquement. Les autres ont promis de l’aider. En attendant, elle joue avec les cartes avec sa disposition, et elle est excellente en esquive.
« On t'a jamais dit qu'entrer par infraction chez les autres c'était pas bien? » fait l’homme avec un ton presque aussi détendu que le sien. Nina lève les yeux sur lui et lui envoie un petit sourire mutin. Pas un balourd qui essaie de la dégommer, pas un nul qui dit de la merde… Le mec a pas l’air débile. C’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Nina espère que ça va jouer en sa faveur, mais ça peut aussi extrêmement mal tourner. Elle regarde le gars s’essuyer les mains et se débarrasser de son chiffon. « Qu'est-ce que je peux faire pour toi? » Il n’est pas impressionné. Ou fait semblant de ne pas l’être, très bien. Nina soupire et se redresse un peu, et s’approche un peu de la carcasse de sa voiture de son pas léger, se postant à gauche de celui qu’elle suppose être un mécano. « Il te reste une tâche sur la joue. » lance-t-elle avec une grimace, les yeux toujours fixés sur son bolide éventré. « C’est une jolie voiture, pas vrai? Moi aussi j’aurais bien aimé la voler. » dit-elle en haussant les épaules. Il faut être honnête : si elle était lui, elle aurait probablement opté pour celle-là aussi dans le garage des Rhodes. Elle laisse glisser sa main sur le pare-choc. « C’était quoi ton but ? Récupérer des pièces pour vos trucs bioniques ? » demande-t-elle, sincèrement curieuse. « La trafiquer ? » Elle réajuste un peu son beanie, et lui jette un regard amusé. « Est-ce que c’était un acte rebelle contre le capitalisme et les grandes fortunes ? » propose-t-elle. Elle doute que ce soit ça, mais elle lui laisse la possibilité d’avoir un but un minimum acceptable pour ce vol. Les Sharks ne sont pas des enfants de coeur, ils ne font rien pour le bien commun, mais ils ont le mérite de ne pas être trop gourmands en terme de territoire, donc elle veut bien lui laisser le bénéfice du doute et être sympa dans un premier temps.
Nina aurait pu lâcher l’affaire. Si elle avait été comme ses frères et soeurs, elle aurait probablement laissé couler, et se serait racheté une voiture le lendemain. C’est ce que font les Rhodes, en temps normal. Il n’y a que les plus grandes fortunes qui peuvent se permettre de se faire voler des voitures de course. Le problème, c’est que Nina, elle est franchement attachée à ses objets. Elle les garde aussi longtemps que possible, même quand ils sont usés ou lents. Ça rend ses parents fous, ils ont du mal à comprendre. Mais elle connaît la valeur des choses, alors elle n’a pas le coeur à foutre de l’argent en l’air pour tout et n’importe quoi. Ce n’est qu’une petite chose sur la longue liste des choses qui la séparent irrémédiablement du reste de sa famille. Sa Coruscant 2016, elle y tient vraiment, même si ça ne fait qu’une petite année qu’elle l’a acquise. Elle aime l’odeur de l’intérieur cuir, la texture douce et un peu granulée du volant, le fait que les pédales aient été ajustées à son petit gabarit. Elle aime le bruit qu’elle fait même à petite vitesse, elle aime la gueule de l’avant de la voiture, féline et presque moqueuse, comme elle. Cette voiture, elle a été faite pour elle, alors elle va pas l’abandonner comme ça.

Sami essaie de garder son sang-froid, mais c'est un peu difficile quand l'autre lui rend son calme et son assurance tranquilles. Il essaie de penser à l'endroit le plus proche où se trouve un flingue, juste au cas où. Sami n'est pas vraiment un combattant ou un sportif; ce n'est pas faute de volonté, jusque ses poumons ont tendance à s'essouffler trop vite et qu'il est si facile de le faire se tordre de douleur sur le sol: en lui attrapant son doigt brisé il y a des années, tellement sensible, trop sensible même à la douleur. Et puis il n'aime pas se battre, sauf quand il n'a pas le choix, il préfère les choses expéditives et bien faites, même quand elles sont salissantes. « Il te reste une tâche sur la joue. » Elle grimace et lui fait la moue, légèrement, résistant à l'envie de récupérer le torchon pour s'essuyer la joue; à la place, il pense que c'est mieux de rester immobile et de ne pas se laisser distraire, la regarder en espérant pouvoir l'empêcher de lui faire mal si elle fait mine de se lancer sur lui. Il remarque qu'elle ne le regarde pas vraiment mais la voiture, la Coruscant 2016 que Scar lui a volé la veille et qu'il a déjà à moitié dépecé. « C’est une jolie voiture, pas vrai? Moi aussi j’aurais bien aimé la voler. » C'est donc ça.

Sami fronce les sourcils, un peu, parce que Scar lui a dit... quoi déjà? Il n'a pas voulu lui dire où il avait volé la voiture mais Sami a vite compris que c'était dans les beaux quartiers de Neodam (normal, vu le modèle et l'entretien) et il y avait un détail, dans une boîte à gants, un objet... mais Scar a été trop rapide, s'en est emparé avant que Sami ait eu le temps de l'examiner. Une sueur froide dévale le long de son dos à l'idée que la fille en face de lui soit quelqu'un de trop importante. « C’était quoi ton but ? Récupérer des pièces pour vos trucs bioniques ? » Vos trucs bioniques. Elle connait l'existence des Sharks — non qu'ils se cachent de la face de la société, les gangs faisant partie intégrante de Neodam. Quelque chose le dérange. Si elle avait été une rich bitch cherchant à venir le faire payer d'avoir volé et fracturer sa voiture, elle serait passée par la porte encadrée d'hommes armés, Sami en est quasiment certain. « La trafiquer ? » Il pince des lèvres, malgré lui, sait-elle aussi qu'il est pilote de courses illégales? « Est-ce que c’était un acte rebelle contre le capitalisme et les grandes fortunes ? » Sami n'a qu'une idée imprécise de ce qu'est le capitalisme, mais il comprend où elle veut en venir et il ne peut pas s'empêcher de sourire très légèrement en coin en l'entendant. Vu ce qu'elle semble savoir, ou croire savoir, sur lui, il pense qu'elle se doute qu'il n'a pas vraiment de raisons nobles d'avoir volé et dépecé sa caisse. “ Un peu de ces trois choses à la fois, ” réplique-t-il quand même avec un haussement d'épaules nonchalant.

Il a de la chance, il y a un cric sur la table près de laquelle il se tient et il s'en empare nonchalamment, l'outil est un peu lourd, pas mal pour du combat au corps-à-corps ou au moins pour la tenir à distance. Il le fait balancer distraitement au bout de son bras, la menace est évidente, il se délie même les poignets comme en préparation à l'offensive de l'autre jeune femme. “ Tu seras néanmoins ravie de savoir que ce n'est pas moi qui ait volé ta voiture. À vrai dire, j'ignore où elle pourrait se trouver. Si tu as la moindre réclamation, ceci dit, je t'invite à aller voir la police pour que les agents puissent démêler le vrai du faux et trouver des preuves pour avancer tes accusations. ” Il lui offre un sourire d'ange en tapotant le capot de la voiture. “ Je ne peux pas te promettre que cette bagnole sera là quand ils viendront vérifier. ” Il a presque l'air complètement désolé pour elle, avec sa petite moue et son léger froncement de sourcils. “ Je peux te raccompagner à la porte, si t'as besoin, je ne crois pas que tu l'aies prise en entrant. ”

« Un peu de ces trois choses à la fois, » lui répond le mec des Sharks, sans la moindre hésitation, sans pression. Nina hausse les sourcils. ah ouais, carrément Elle est donc arrivée au bon moment. Quelques heures de plus, et elle n’aurait probablement jamais revu sa belle Coruscant. Elle se demande combien de voitures les Sharks ont volé dans les beaux garages de Néphède. Des dizaines, des centaines ? Elle se rappelle avoir entendu beaucoup des amis de son père se plaindre d’avoir perdu une voiture, ou dire qu’un de leur modèle s’était évaporé dans la nature. Bien sûr, ils disent toujours ça avec le plus grand des calmes, ces mecs-là. Nina ne sait même pas combien ils sont, les Sharks. Elle sait juste que Max en fait partie, que le gars qui lui a fait son bras aussi… Mais elle n’a jamais trop cherché à en savoir plus que ça. Elle sait ce qu’ils font, elle essaie de pas marcher sur leurs plates-bandes, mais elle laisse à William les discussions, les négociations et les identifications. Nina doit déjà trouver le moyen de se souvenir des visages de tous les gens qu’elle rencontre en soirée mondaine, elle ne peut pas être partout.
Tranquillement, le mec s’empare d’un cric, posé un peu plus loin, et le garde dans la main. La subtilité, c’est donc pas son truc conclut Nina. Il se tient visiblement prêt à réagir au cas où elle tenterait quelque chose ou que des renforts arriveraient. Elle ne lui en veut pas, elle serait exactement pareille, à sa place, après tout. Et puis ce serait dommage de se priver de toutes les opportunités que ces outils offrent. Elle laisse ses yeux glisser sur les murs du garage, sur lesquels sont accrochés divers objets en métal. On dirait presque des outils de torture. Oh. Elle se redresse un peu. Shit. Et si ce mec était plus qu’un mécano ? Un drôle de frisson lui parcourt l’échine. Pas de panique. Son instinct ne lui a pas murmuré d’être sur ses gardes à ce point, et elle a confiance en son instinct. Elle ne vient pas ici pour s’engager dans la violence, de toute manière. Nina a prévu de négocier. Ça va bien se passer. Right? Quand il saura ce qu’elle a fait, William va la trucider. Quoique… Il n’est pas obligé de savoir.
« Tu seras néanmoins ravie de savoir que ce n'est pas moi qui ait volé ta voiture. À vrai dire, j'ignore où elle pourrait se trouver. » Donc, c’est un autre mec qui s’occupe de voler les trucs - lui n’est que celui qui récupère les biens après. Enfin, elle suppose qu’il fait d’autres trucs, mais dans la situation actuelle, voilà les rôles qu’elle dégage des indices qu’elle a. Mais alors, qui est le petit con qui a réussi à entourlouper Henry? Celui-là, elle a vraiment envie de lui frapper la tête contre un mur. S’il était arrivé quelque chose à son chauffeur, Nina aurait clairement réagi plus violemment, et pour sûr, elle aurait impliqué les Wonderlanders dans l’affaire. «  Si tu as la moindre réclamation, ceci dit, je t'invite à aller voir la police pour que les agents puissent démêler le vrai du faux et trouver des preuves pour avancer tes accusations. » Nina laisse un sourire s’étirer sur ses lèvres en entendant ces quelques mots, tandis qu’il se penche sur la voiture. Il lui a offert un sourire débile, comme si il était sûr d’avoir gagné le round. « Je ne peux pas te promettre que cette bagnole sera là quand ils viendront vérifier. » Bien sûr, elle n’en attendait pas moins. Les Sharks n’ont pas survécu toutes ces années sans maîtrise de leur environnement et une bonne organisation : s’ils veulent faire disparaître la Coruscant en quelques minutes, ils y arriveront. Ils ont une réputation, comme les autres gangs.
« Je peux te raccompagner à la porte, si t'as besoin, je ne crois pas que tu l'aies prise en entrant. » Nina est plutôt contente d’être tombé sur lui, et pas sur un gros balourd qui lui aurait couru après et aurait essayé de la faire taire dés les premières secondes. La vérité, c’est qu’elle apprécie la conversation qu’ils ont - c’est rare qu’elle se retrouve dans ce genre de situation et puisse vraiment échanger. Même si échanger est un grand mot. « Doors are overrated. » dit-elle en balayant l’air de la main, amusée. Elle déteste entrer par les grandes portes : ça lui rappelle le nombre incalculable de soirées mondaines auxquelles elle a dû assister depuis l’adolescence, avec les photographes et les journalistes qui attendent derrière la porte, prêts à sauter sur le moindre signe de fatigue ou de faiblesse, ou qui la mitraillent en pariant sur la couleur qu’auront ses yeux ce jour-là. « Bon. Je comprends que tu veuilles pas la rendre, cette voiture. » déclare-t-elle. « Le truc, c’est qu’elle appartient à quelqu’un d’important. » Ça, il s’en doutait déjà. « Et si cette personne va se plaindre - surtout à la police… Ils n’iront pas chercher de preuves. Ses mots sont un peu parole d’évangile, alors… Si elle sait qui a volé la voiture, donne des noms, des coordonnées ou des portraits-robots… Vous êtes cuits. » Elle pince les lèvres avec un air désolé. « Now… » Elle décide de se rapprocher un peu - histoire d’instaurer un poil plus de… quoi, confiance ? « Si tu remontes cette voiture et que tu décides de la rendre à son propriétaire… J’ai les codes de trois garages très, très bien gardés sous les Millenium Towers, et un moyen d’y pénétrer sans être remarquée. » Le garage privé de son frère (elle rêve depuis des années qu’il se fasse enfin voler ses bagnoles qui prennent la poussière) et celui d’un des proches associés des Rhodes - et elle est certaine que les Sharks trouveraient leur bonheur, là-bas.

« Doors are overrated. » Sami grimace très légèrement, il trouve ça très bien lui les portes, surtout quand elles sont alarmées comme les siennes et qu'elles envoient des notifications sur son téléphone à chaque fois que quelqu'un en passe le pas. Il ne sait pas qui est cette fille, mais il s'en méfie juste parce qu'elle le regarde comme elle le fait et ne semble pas du tout impressionnée par lui — ce qui, il admet, est plutôt simple. Sami n'est pas vraiment imposant, et il a l'air à moitié convaincu lui-même par le cric qu'il porte comme une arme. « Bon. Je comprends que tu veuilles pas la rendre, cette voiture. » Il arque un sourcil. Ça lui semble plutôt pas mal comme solution: il garde la voiture et elle s'en va, sinon il lui ouvre la tête avec le cric. « Le truc, c’est qu’elle appartient à quelqu’un d’important. Et si cette personne va se plaindre - surtout à la police… Ils n’iront pas chercher de preuves. Ses mots sont un peu parole d’évangile, alors… Si elle sait qui a volé la voiture, donne des noms, des coordonnées ou des portraits-robots… Vous êtes cuits. » Sami penche la tête sur le côté. La perspective de la police ne lui fait pas particulièrement peur — un officier, ça s'achète, après tout, surtout à Neodam. Il n'a pas envie, ceci dit, que la police soit partout dans ses affaires et il pense que Laszlo, le chef des Sharks, n'apprécierait pas non plus. Non, ce qui l'intrigue véritablement, c'est la manière qu'elle a de parler. Serait-elle la fille dont il parle? Ça ne coïncide pas avec son assurance — elle doit savoir qu'il fait partie d'un gang, ou qu'en tout cas il n'est pas un enfant de choeur — ou le fait qu'elle soit littéralement rentrée par effraction.

Sami se demande si la police dont elle parle est déjà en train d'entourer la boutique et il resserre un peu sa prise sur le cric, ses poings devenant blancs tant les os sont compressés contre la peau. « Now… » Elle s'approche un peu et Sami se tend comme la corde d'un arc, le cric cessant de se balancer au bout de son bras, prêt à frapper. « Si tu remontes cette voiture et que tu décides de la rendre à son propriétaire… J’ai les codes de trois garages très, très bien gardés sous les Millenium Towers, et un moyen d’y pénétrer sans être remarquée. » Sami arque un sourcil. Arrangement plutôt généreux, il trouve. Les Millenium Towers, il se demande si Scar est allé jusqu'à là-bas pour voler la Coruscant. Idiot. Ces choses reviennent toujours bite them in the ass. Mais bon, Scar a toujours été inconscient, et Sami doit avouer que le jeu en valait la chandelle, cette fois. Les doigts de Sami se défont brutalement et le cric tombe sur le sol dans un cloink qui fait sursauter la fille, tant mieux, il sourit légèrement et joue avec ses doigts gourds en récupérant le torchon sur son épaule pour essuyer son visage. “ D'accord, ” finit-il par dire lentement. “ Il y a juste un problème. J'ai déjà revendu le collecteur d'admission parce que c'était de la merde. Une partie du moteur, ” explique-t-il devant l'air incompréhensif de la femme. “ Mais je peux le remplacer avec une meilleure pièce si tu veux. ” Ce ne serait pas très long, remonter la voiture en revanche... Scar et lui ont travaillé vite sans trop se soucier des parties qui ne les intéressaient pas, mais ça risque d'être plus délicat à la rendre telle qu'elle l'était avant.

Mais le jeu doit en valoir la chandelle. Sami se détourne pour retourner vers le moteur de la voiture pour l'examiner rapidement, et chercher un collecteur d'admission adéquat dans son stock en fronçant les sourcils. “ Dans ces trois garages, j'espère qu'il y a une autre Coruscant 2016 et pas une 2017, parce que la dernière génération est vraiment merdique, ” bougonne-t-il un peu en trouvant ce qu'il cherchait. Finalement, il relève les yeux vers l'autre fille, il en se sent pas particulièrement menacé, mais il préférerait qu'elle parte. “ Comment tu nous as trouvés? ” finit-il par demander, il a failli oublier de lui demander. Et puis surtout, le plus important: “ Who you riding with? ” Il pense qu'elle fait partie d'un groupe, d'un gang, de quelque chose, même si la voiture semble être la sienne et qu'elle semble y être attachée.

Le compromis est clairement intéressant. Pour une seule voiture rendue, ils en gagnent une dizaine, voire peut-être plus. Il faudrait être fou pour refuser une opportunité pareille. Nina sait qu’il n’hésiterait probablement pas à lui dire oui dans d’autres circonstances. Le truc, c’est qu’ils se connaissent pas - et que l’homme doit probablement (en bon membre de gang) se dire qu’il ne peut pas faire confiance à une nana qui est entrée dans son atelier sans y être invitée. Elle s’attend à un non clair et net, motivé par la méfiance et l’instinct de préservation. Il ne la prend même probablement pas au sérieux, avec son mètre soixante-cinq et ses vingt kilos. Après tout, elle peut bien dire ce qu’elle veut, il n’y a pour l’instant aucune preuve qu’elle peut en effet tenir sa part du marché. L’homme finit par lâcher le cric, qui tombe dans un bruit désagréable sur le sol de l’atelier - la faisant sursauter un peu. « D'accord, » Pendant une demi-seconde, elle pense qu’elle a mal entendu, alors elle hausse un peu les sourcils. Il vient vraiment de dire d’accord ? C’est presque trop beau pour être vrai. Elle plisse légèrement les yeux, attendant le mais, ou la mauvaise nouvelle, quelle qu’elle soit, qui va suivre. « Il y a juste un problème. J'ai déjà revendu le collecteur d'admission parce que c'était de la merde. Une partie du moteur, » Nina soupire, et lève les yeux au ciel. « Mais je peux le remplacer avec une meilleure pièce si tu veux. » Elle pince les lèvres, regarde sa voiture chérie éventrée. « Vous perdez vraiment pas de temps, vous, les sharks. » Un petit sourire se dessine aux coins de ses lèvres. « De vrais requins. » Elle se trouve drôle, alors elle lui fait un petit clin d’oeil et prend un air de gamine débile.
Elle ne sait pas trop si elle a envie de lui faire confiance, par rapport à cette pièce du moteur. Et s’il foutait plus la merde qu’autre chose ? Nina imagine déjà d’ici perdre le contrôle de sa voiture, ou la voir retourner chez sharks automatiquement, parce qu’un logiciel aurait été installé dedans… Il y a plus de risques qu’il la lui fasse à l’envers qu’autre chose, si on étudie la situation avec logique et intelligence. Cependant, il a lui-même essayé de faire un pas vers elle en acceptant son marché… S’il est sincère, elle se doit de lui rendre la pareille avec un minimum de confiance. Nina décide que pour l’instant, le fil sur lequel ils marchent est encore trop fragile. Ils ne se connaissent pas assez pour qu’elle puisse le considérer comme digne de confiance. Le fait qu’il soit un shark mis de côté… Ce mec a pas l’air d’être un mauvais gars, honnêtement. Après tout, il ne l’a pas attaquée, n’a pas essayé de la draguer lourdement… Leur échange - bien qu’un peu tendu - a été cordial et calme. Ça la pousse à vouloir penser que tout est possible. Mais pour l’instant, elle ne répond rien, et le regarde fouiller dans des pièces dégueu de son atelier à la recherche… d’elle ne sait pas quoi. Peut-être cette fameuse pièce par laquelle il veut remplacer le… truc qu’il a déjà vendu.
« Dans ces trois garages, j'espère qu'il y a une autre Coruscant 2016 et pas une 2017, parce que la dernière génération est vraiment merdique, » Nina sourit. Il sait de quoi il parle. Elle ne s’y connaît pas vraiment en pièces de voitures, mais elle est assez calée pour avoir remarqué la différence entre les deux modèles, en utilisation. La marque l’a invitée pour le lancement, au début de l’année, et elle a pu faire partie des privilégiés à tester la Coruscant 2017 en avant-première. Ça n’a fait que la conforter dans l’idée qu’elle ne se séparerait pas de son modèle 2016. « Il y en a même deux, si je me souviens bien. Et y’a aussi des Arkadis et des Dakota… Ce qui rend le marché encore plus intéressant, si tu veux mon avis. » Elle lui envoie un sourire, quand il se redresse, avec une pièce à la main.
« Comment tu nous as trouvés? » Elle est presque surprise qu’il n’ait pas posé la question avant. « Who you riding with? » Toujours avec un sourire aux lèvres, Nina glisse sa main dans son t-shirt et retire son collier, qu’elle fait pendre du bout de ses doigts. Trois pendentifs en argent répondront à la question du shark : un petit lapin, une horloge et une tête de chat tout sourire. « Don’t worry, we’re friends. Kinda. » Amis, c’est un grand mot, encore une fois - mais les deux gangs s’entendent et ils ont même collaboré une fois, d’après ce que Nina a compris. « Et comment je vous ai trouvés…. » Elle s’adosse de nouveau à ce qu’il reste de la voiture, un sourire aux lèvres. « C’est mon petit secret. » Elle ne tient pas à révéler ses atouts. « I’m Ash, by the way. » dit-elle en tendant la main pour qu’il la serre - un moyen de créer du lien entre eux, un accord tacite aussi peut-être sur le fait qu’ils peuvent travailler ensemble. Elle grimace en regardant les mains du mécano qui s’affairent sur le moteur. « Tout compte fait, on se serrera la main quand t’auras les mains moins dégueu. » Elle reprend sa place contre la carcasse. « Je bosse pour quelques personnes bien choisies le reste du temps, pour mettre du beurre dans les épinards. » Elle bosse pour elle-même, finalement. « Je suis une bonne amie de Madmax. » Ça la fait sourire, d’utiliser le surnom de Max - elle en a rarement l’occasion. « Je suppose que tu le connais ? » demande-t-elle pour faire la conversation - mais aussi par curiosité, en observant quand même consciencieusement ce que fait le shark.

« Vous perdez vraiment pas de temps, vous, les sharks. De vrais requins. » Sami a regardé l'autre jeune femme avec un long regard vide comme si il ne savait pas vraiment comment réagir, entre hilarité forcée et mépris ostensible. Elle a l'air d'être fière de sa petite blague, c'est pour ça qu'il est particulièrement confus parce que ce n'était pas... drôle du tout. À moins qu'il ait loupé une subtilité. Il y réfléchit en cherchant la pièce qu'il lui faut dans son stock dégueulasse, avant de bougonner à propos des voitures potentielles de la véritable Corne d'Abondance qu'elle prétend lui offrir. « Il y en a même deux, si je me souviens bien. Et y’a aussi des Arkadis et des Dakota… Ce qui rend le marché encore plus intéressant, si tu veux mon avis. » Le regard qu'il lui jette en coin est un peu plus impressionné qu'après sa boutade. Elle n'a pas l'air totalement néophyte en la matière et si effectivement il y a dans les garages ces marques-là, alors Sami va être heureux. Très heureux. C'est des marques chères, ça veut dire qu'il n'a jamais pu vraiment mettre la main dessus sauf sur les anciens modèles; impossibles à voler, les plus récents sont munis de beaucoup trop de sécurité. Sauf quand on sait les cueillir à la source même, même si les garages d'Uptown sont réputés pour leurs mesures drastiques de surveillance.

Scar a toujours eu les couilles plus grosses que le ventre. Quand il lui demande avec qui elle est, la fille sort quelque chose de sous son t-shirt. Un collier, où il y a trois pendentifs qui le font grogner légèrement. Wonderlanders. « Don’t worry, we’re friends. Kinda. » C'est un bien grand mot, mais ils ne sont pas ennemis, c'est déjà ça. Sami préfère les Wonderlanders à Heathen, mais c'est choisir entre la peste et le choléra. « Et comment je vous ai trouvés…. » Ça, ça l'intéresse un peu plus. « C’est mon petit secret. » Nouveau grognement. OK, donc elle ne sert à rien. « I’m Ash, by the way. » Il lui tend déjà la main pour l'attraper, comptant bien lui crader la paume, mais elle se rétracte au bon moment. “ Sami, consent-il à dire. — Tout compte fait, on se serrera la main quand t’auras les mains moins dégueu. » Il hausse les épaules, elle n'a pas tort. Il va poser le collecteur d'admission sur sa table de travail pour vérifier qu'il est en bon état, faisant mine aussi de bricoler quelque chose dessus, comme si il était cassé. En réalité, il s'empare d'une petite puce qui traîne toujours sur son plan de travail. « Je bosse pour quelques personnes bien choisies le reste du temps, pour mettre du beurre dans les épinards. » Sami l'écoute à peine. Dans toutes les prothèses faites par les Sharks, ou presque, il y a des puces de localisation, ordre de Laszlo. Les Sharks veulent savoir où vont la plupart de leurs créations, leurs alliés mais surtout leurs ennemis. Évidemment, Sami n'en a pas assez pour en foutre partout. Mais cette fille-là, il ne lui fait pas confiance alors, d'un mouvement plutôt naturel, il dépose la puce sur le collecteur d'admission, bien cachée. « Je suis une bonne amie de Madmax. » Le surnom de l'autre squale a le mérite de faire relever les yeux de Sami vers Ash. « Je suppose que tu le connais ? » Il cligne des yeux.

Autant dire que c'est possiblement la pire manière d'avoir une bonne première impression de la part de Sami, non pas qu'il pense que ce soit l'objectif d'Ash. Sami n'aime pas Max. Il est arrogant et violent et stupide. “ Ouais j'le connais, ” dit-il avec pas mal d'hostilité dans sa voix qui montre, sans aucun doute, tout l'amour qu'il a pour l'autre couillon. “ Ça va prendre du temps, ” fait-il en indiquant le collecteur et le ramenant vers la voiture. Il ouvre le capot en faisant signe à Ash de se détacher de la voiture. “ Et je dois de toutes façons remonter d'autres trucs. ” Dont une portière. Petit détail. “ Donc t'as aucun intérêt à rester ici, franchement, c'est chiant et je vais me parler à moi-même. Vraiment ça me fait chier parce que j'avais d'autres choses à faire aujourd'hui mais c'est de bonne guerre. ” Autant ne pas inciter à un conflit avec les Wonderlanders aussi... bizarres soient-ils. Excentriques, voilà le mot. “ Mais si t'as envie de rester... je suis sûr que tu peux nous commander une petite pizza? ” Il fait un grand sourire innocent. Sami est passé maître dans l'art de se faire acheter de la bouffe par d'autres gens. “ Et si t'aimes les voitures... t'as déjà entendu parler des courses illégales qui ont lieu pas loin? Genre à une heure de la ville. Ouais. Si t'es intéressée pour parier, ou pour aller voir, ou pour même sponsoriser... t'es au bon endroit aussi, ” fait-il, toujours aussi innocemment, avant de se mettre au boulot pour démonter la moitié du moteur de la voiture pour remplacer la pièce qu'il a si discrètement hijackée.

Nina a l’espoir que peut-être, le fait qu’elle soit amie avec Max finisse de dissiper la méfiance et la petite tension qui subsistent dans la pièce. Mais elle déchante vite quand Sami lâche un « Ouais j'le connais, » bien peu engageant. Bon, il n’a pas l’air de beaucoup l’aimer. Il ne va donc pas falloir qu’elle compte sur son ami de toujours pour l’aider aujourd’hui. Merde, ça lui aurait été bien utile.
Elle ne sait pas très bien comment ça fonctionne, chez les Sharks. Max et elle passent la moitié de leur vie ensemble, mais ils ne discutent pas de ces choses-là. Ce n’est pas un tabou, c’est juste qu’ils n’ont aucun intérêt à en parler. Depuis qu’ils se sont rencontrés, il y a de nombreuses années maintenant, ils se sont accordés sur le fait qu’ils avaient chacun leur jardin secret, un jardin dont l’autre ne passe pas les barrières - sauf autorisé. Il vaut mieux que Max ne sache pas tout ce qu’elle fait - tout ce qu’elle risque - pour les Wonderlanders, de toute manière. Ça ne lui plairait pas. Tout comme elle se doute qu’elle n’aimerait pas beaucoup savoir ce qu’il fait pour les Sharks. C’est mieux comme ça. Mais ça ne veut pas dire que Nina ne s’interroge pas sur ce qu’est le quotidien au sein de ce gang qu’elle connaît mal. Elle a l’impression d’en apprendre plus sur eux depuis qu’elle est entrée dans l’atelier de Sami que depuis qu’elle vit à mi-temps avec Max. Ce qu’elle comprend, pour l’instant, c’est que les relations au sein des Sharks ont l’air beaucoup moins sympa que chez les Wonderlanders. Elle ne peut prétendre que son gang est parfait - mais ils ont le mérite d’être soudés. Toutes les rivalités, les rancunes… William met un point d’honneur à les faire disparaître - soit en forçant les membres du gang à régler les problèmes, soit en se séparant de ceux qui dérangent trop l’harmonie du gang. Nina considère les Wonderlanders comme un gang soudé. Elle a l’impression que c’est rare, à Néodam, cette dévotion et cette atmosphère positive. Elle a eu l’occasion de voir assez d’interactions entre les Heathens pour se rendre compte que ce n’est pas particulièrement soirée bière et billard tous les soirs chez eux.
« Ça va prendre du temps, » déclare finalement Sami en se rapprochant de la voiture. Elle joue les filles obéissantes et se déplace un peu, délaissant la carcasse de sa voiture. « Et je dois de toutes façons remonter d'autres trucs. » Il est en train de lui sous-entendre qu’elle devrait probablement filer. Nina n’est pas sûre d’en avoir envie. Malgré leurs échanges relativement… normaux, elle se doute bien qu’il pense peut-être encore à un moyen de la lui faire à l’envers. « Donc t'as aucun intérêt à rester ici, franchement, c'est chiant et je vais me parler à moi-même. Vraiment ça me fait chier parce que j'avais d'autres choses à faire aujourd'hui mais c'est de bonne guerre. » Elle fait une petite moue, croise les bras devant sa poitrine. Elle a décidé qu’elle ne s’en irait pas. Peu importe combien de temps ça prend. Elle ne travaille pas le lendemain, de toute manière, et tous ses proches peuvent avaler quelques mensonges. Sauf Will. Il faut au moins qu’elle dise à Will (plus ou moins) ce qu’elle fait. Il va se mettre en colère, mais tant pis. Elle est adulte. « Mais si t'as envie de rester... je suis sûr que tu peux nous commander une petite pizza? » Nina hausse les sourcils.
Donc... il n’est pas complètement contre l’idée qu’elle reste ? Elle sait qu’il aurait eu moyen de la mettre dehors s’il l’avait vraiment voulu. Nina ne sait pas si c’est bon ou mauvais signe. Peut-être qu’il a déjà trouvé un moyen de la lui faire à l’envers. Peut-être que d’autres Sharks vont débarquer ? Nina se détend : ils ne peuvent rien lui faire. Surtout à elle. William n’hésitera pas à tous les brûler s’ils touchent un seul de ses cheveux - il lui suffit de donner son surnom, et on la laissera tranquille. Les avantages d’être la protégée du boss. « J’adore la pizza ! Et t’as de la chance, je suis d’humeur généreuse. Tu veux quoi ? » Elle sort son vieux téléphone - qu’elle n’utilise que pour les missions du gang. Hors de question de sortir l’autre, dernier cri - elle aurait peur qu’il disparaisse d’une manière ou d’une autre et que Sami trouve aussi un moyen de l’éventrer. « Et si t'aimes les voitures... t'as déjà entendu parler des courses illégales qui ont lieu pas loin? Genre à une heure de la ville. Ouais. Si t'es intéressée pour parier, ou pour aller voir, ou pour même sponsoriser... t'es au bon endroit aussi, » Elle se hisse sur une table, à deux mètres de la voiture, et appose un sourire sur ses lèvres. « Donc… Tu voles et démontes cette voiture… Et maintenant tu veux que je t’achète de la pizza ET que je sponsorise tes courses de voiture ? » Elle lève les yeux au ciel, balançant légèrement ses pieds dans le vide. « T’es pas croyable, Sami. » Elle garde pourtant son sourire. « Mais je crois que tu commences à me plaire. » Elle passe une main sur les outils qui sont posés à côté d’elle - pas pour se faire menaçante, juste par curiosité. « J’en ai entendu parler, mais je suis jamais allée voir. » Nina lâche un petit rire. « Honnêtement… Y’a plus de risques que j’ai envie de participer que de sponsoriser, si je viens voir. C’est pour ça que je viens pas. Ce serait pas raisonnable. J’ai d’autres chats à fouetter. » explique-t-elle. « Tu participes, toi ? » demande-t-elle finalement, curieuse ? Elle l’imagine bien être faire ce genre de choses. « Pourquoi je devrais parier, selon toi ? » Elle attend qu’il lui vende le truc, autant que ces commerciaux lui vendent les marques qu’ils veulent qu’elle sponsorise lors des soirées mondaines. Sami est-il un bon publicitaire ? Nina ne parierait pas sur ça, en tous cas.

« J’adore la pizza ! Et t’as de la chance, je suis d’humeur généreuse. Tu veux quoi ? » Sami sourit de toutes ses dents. “ Bacon, pepperoni, poivron rouge, maïs, ananas. Taille XXL, s'il te plaît. ” Ça va lui faire de la nourriture pour les deux jours à venir, nice. Vu le léger froncement du nez d'Ash, il pense qu'elle ne va pas en vouloir, encore plus nice. Ça le met d'encore plus bonne humeur, il se met à parler des courses de voitures. Sami adore les courses de voitures. Il aime bien les regarder, mais il aime encore plus y participer, avec le masque noir qui lui recouvre tout le visage et les gants de la même couleur serrés à s'en faire mal autour du volant. Rien que d'y penser, il sourit distraitement, ses doigts travaillant habilement sur le moteur qu'il est en train de bidouiller. « Donc… Tu voles et démontes cette voiture… Et maintenant tu veux que je t’achète de la pizza ET que je sponsorise tes courses de voiture ? » Sami hausse les épaules en se redressant pour la regarder. Always on that grind. Il a besoin de fric, il a besoin d'avoir des choses à faire, il ne s'arrête jamais de penser à ses magouilles et les possibilités dans le monde autour de lui. Il a appris quelque chose très tôt: rien n'est donné, tout est à prendre. « T’es pas croyable, Sami. » Elle sourit, pourtant, alors Sami se permet un petit rictus lui aussi. « Mais je crois que tu commences à me plaire. » Il lève les yeux au ciel en retournant à son boulot.

Elle le fait se détendre, et il devrait se dire que c'est une mauvaise chose. Sauf qu'il a du mal quand elle rit un peu et qu'elle a l'air si détendue, maintenant que leur bref moment de tension s'est écoulé. « J’en ai entendu parler, mais je suis jamais allée voir. Honnêtement… Y’a plus de risques que j’ai envie de participer que de sponsoriser, si je viens voir. C’est pour ça que je viens pas. Ce serait pas raisonnable. J’ai d’autres chats à fouetter. » Sami sourit à lui-même, en allant chercher la pièce avec laquelle il va améliorer le moteur de la voiture. Il se demande si elle tiendrait la route face à lui. « Tu participes, toi ? Pourquoi je devrais parier, selon toi ? » Il arque les sourcils. Il y a une chose pour laquelle Sami a une confiance en lui certaine et immense, et c'est la conduite et les courses de voitures en général. Il est à l'aise dans un studio, il sait qu'il a une jolie voix mais il est persuadé, et il sait, qu'il est excellent derrière un volant. “ Parce que si tu paries sur moi, tu vas être plein aux as. ” Ceci dit, vu la voiture qu'elle possède, elle doit être soit très chanceuse, soit économiser beaucoup comme lui, soit avoir déjà assez d'argent au point de ne pas en avoir besoin. Il hausse les épaules d'un air indifférent et détendu, comme si de rien n'était. “ C'est plutôt intéressant à regarder, m'a-t-on dit. Moi, je ne fais que conduire. ” Il en tremble d'excitation rien que d'en parler: c'est bien le meilleur moment de sa vie quand il se retrouve derrière un volant. Ça fait deux ans qu'il fait ça, deux ans qu'il se fait pas mal d'argent grâce à ça, deux ans qu'il fait partie des Sharks aussi après avoir passé la plupart de sa vie sous leur joug. Désormais il leur appartient, à cause de ses talents derrière un volant. Laszlo lui  souvent dit que c'était une bénédiction. Sami ne sait toujours pas quoi en penser.

“ Mais tu sais, c'est un peu violent et dangereux alors une petite meuf comme toi... ” Il se fiche d'elle bien entendu, comme l'indique son sourire en coin quand après avoir fini de bidouiller le moteur, il se redresse pour la regarder. “ Voilà, j'ai fini ta pièce, il faut juste que la foute sous le capot et que je répare le reste. Ta voiture va être un peu mieux qu'avant, ” fait-il avec une note de dédain. “ Ça te coûterait un millier ou deux normalement... ” Mais il veut bien faire un trait sur ce bénéfice si elle ne va pas lui envoyer tous les Wonderlanders au cul. “ Je te conseillerai pas d'aller faire la course avec. Généralement, les voitures sont un peu plus lourdes, ça donne un meilleur drift et une meilleure prise en main. Peut-être que tu pourrais commencer en était ma copilote? ” rigole-t-il en se tournant vers elle. C'est impossible bien entendu, Scar le truciderait et Sami n'aime pas avoir quelqu'un dans sa voiture. “ J'déconne. Mais ouais, si jamais un jour t'as envie de te frotter à moi... tu ferais mieux d'être bien préparée. Je ne perds jamais. ”