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 nasty #1 + what if nothing

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Even Stilinski
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MessageSujet: nasty #1 + what if nothing   nasty #1 + what if nothing EmptyLun 11 Déc - 23:29

What if nothingHead-heart malfunction, Maybe it's not an ending
Maybe it's a beginning (Press restart, press restart)

11DEC 17. Qu'est-ce qui t'sépare de l'animal, p'tit merdeux ? La voix grince-gueule à travers le panneau de bois, chargée de mépris comme un loaded gun, brun-rouge comme la contrariété. Kass y balance un coup de pied en hissant son sac de sport sur son épaule, juste pour le tapage qu'elle ne manque jamais de faire en tremblant sur ses gonds, vibrant comme si elle menaçait de s'effondrer en emportant les murs décrépis avec elle. La porte, papi, il gronde d'un timbre dépourvu de passion, retournant le compliment sans un gramme de remord. Encore mort des excès de la veille, trop pour être d'humeur à relancer la guérilla incessante qu'ils mènent avec acharnement. Les aboiements rageurs de la demi-portion qui sert d'arme sur pattes au vioc font écho dans le corridorterne, résonnent de façon détestable contre les parois endolories de son crâne. La gueule de bois étire ses lèvres en demi-lune inversée, encrasse un peu plus le gris-violacé des cernes qui débordent sur ses joues un peu creuses. Il se fend d'un doigt d'honneur braqué devant le judas de la porte, à travers lequel les jeux de lumière dénoncent la présence du voisin encombrant (et méchamment tenace) que rien ne parvient à déloger. Ni leur tapage diurne, ni leurs folies nocturnes, ni les pseudo-blagues de mauvais goût, les appareils bousillés, que dalle.

Axl apparaît sur le pas de la porte d'en face, indécente dans un peignoir enfilé à la va-vite qu'elle n'a qu'à moitié attaché, incarnation de débauche alizarine. Crache un LA FERME OUI ? Y'EN A QUI DORMENT irrévérencieux et foutrement hypocrite à l'intention de leur cible commune ; claque l'instant d'après un baiser sur les lèvres gercées et grincheuses de Kass avant d'y glisser un joint de skam, puis de fourrer, en guise de dèj, 50cl d'énergie factice en canette dans sa main bionique. Go bring home the bacon, daddy, qu'elle ronronne avec un sourire carnassier tandis qu'il grogne une non-réponse et traine sa carcasse à moitié réveillée dans la cage crade — criblée par leurs soins d'injures peintes et de tags — qui leur fait office d'ascenseur. L'appareil gémit de toutes ses articulations mécaniques, nullement coopératif, quand Kass s'acharne sur les boutons pour accélérer la fermeture des portes et la descente. Axl, elle, l'agace un dernier coup en le saluant de la main pour le railler avant de retourner se pieuter, tandis qu'il se prépare à affronter la grisaille et le froid.

(Ça le frappe parfois.
Quand un flashback le renvoie sans raison apparente au temps où rien n'allait vraiment bien, mais où le décor masquait la laideur du quotidien : la différence flagrante entre la neige d'ici, et celle de là-bas. Cosmo, sublime et distante, sous son manteau immaculé, semble narguer l'Oriel paumé de l'autre côté des ponts, là où les premiers flocons vite foulés par les bottes boueuses se muent en bourbe puis en flaques troubles.
Là-bas, la pureté est souillée par une hypocrisie latente en teintes orangées, simili hospitalité bien vite massacrée par les préjugés et le dédain des nantis qu'élève la capitale à la pelle.
Ici, une misère crue mais honnête dans laquelle Kass ne voudra jamais se reconnaître, mais où les stigmates qui lui gangrènent l'os trouvent leur pareille).

Le jour est gris, comme jamais levé, entre nuages lourds et relents de pollution. Kassian darde d'un regard peu amène le cumulus menaçant ; ne résiste pas plus longtemps, pourtant, à la tentation de sortir de son étui l'appareil photo omniprésent dans son environnement proche, pour en immortaliser l'élégance ténébreuse. Un frisson lui hérisse l'échine tandis que le flash électrise l'atmosphère comme un éclair, fige l'image sur l'objectif. Un peu plus et il se croirait propulsé à Néphède, mais la sensation ne dure que le temps d'emballer les pulsions carmines de son cœur : on respire, sur Altea, si flagrante puisse être la différence entre les bas-quartiers et les privilégiés. Rien à voir.

Les heures qui suivent s'écoulent dans un flou artistique, en une lente agonie albâtre. Cloîtré dans l'obscurité piquée de rouge d'une chambre noire, Kass doucine son mal de tête en solitaire, plongé à corps perdu dans un tirage en amalgame de méthodes novatrices et ancestrales — d'efficacité, de qualité pérenne et d'authenticité, spécialité de la galerie supposée appâter le chaland. Il est friand de ces moments, Stiles ; de ces instants dérobés à la réalité. Où le temps se suspend. Où le rythme effréné cède face aux exigences d'un art précautionneux, passionné, à l'éclat d'or. Ses pensées sont réduite à un grondement sourd, presque inexistant, inconsistant, et lorsque son téléphone l'arrache à cette quasi-transe induite par les effluves des produits, il lui semble presque avoir quitté l'enveloppe étroite que constitue son corps. Le device flexible enroulé à son poignet et connecté à son œil semblerait étrangement déplacé dans cette ambiance, s'il n'était presque littéralement greffé à son corps même. D'un geste il lance la projection du message vidéo envoyé par Mads à l'instant même : plutôt que sa tronche, Kass voit défilé un chaos de véhicules trafiqués qui se déboitent presque dans l'espoir de prendre le lead ; au bas, centré, une légende — race, 10pm, partant ? Le bookmaker est sans doute mêlé à l'organisation des paris, mais juste pour s'en assurer il rétorque — y'a du blé ? Pas question d'y prendre part en aveugle, en banales spectateurs. Il s'permet pas de jouer quand rien n'est truqué en sa faveur, Kass ; thanks but no thanks : pas avec un dealer au cul et une ardoise encore criblée de dettes.

C'est ce qui lui vaut de se retrouver quelques heures plus tard cerclé de ses abrutis favoris, entassés à plusieurs dans une bagnole trop petite pour eux, ferraille reconditionnée cabossée de toutes parts. Les portes les vomissent presque lorsqu'elles s'ouvrent (se dressent vers le haut à la façon d'une paire d'ailes) et il trébuche sur un trottoir peu familier. Première fois qu'il fout les pieds au Reservoir Dogs ; pas du tout son ter-ter. L'ambiance par contre n'est pas déboussolante : un coup d’œil alentours suffit à déceler la came qui circule sans subtilité aucune et, de l'alcool aux gonzes en petites tenues, il se croirait presque dans un nightclub à ciel ouvert. Paraît que ce soir, le bon coup serait de miser sur la chute du numéro un. Combine éhontée orchestrée en hautes sphères, et il est quasi là juste pour ça — l'argent facile. Là pour ça, jusqu'à ce que son regard anthracite se percute à des perles sombres et vire, à son insu, à un bleu clair reflétant étrangement sa surprise. L'écrin de traits fins abritant les yeux qui l'ont captivé n'ont pas grand chose d'inconnu. Ici et là, des ciselures découpées par le temps et l'âge, joues de bébé oubliées, jawline acérée. Nao Ilang dans toute sa prétention. L'échange muet dure une demi-seconde, juste avant qu'Ilang masque le bas de son visage sous un foulard et se hisse dans l'un des véhicules supposés disputer la course. 
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Nao Ilang
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La nuit, le tumulte dans ses tripes s’éveille brutalement et étiole le bonheur que lui procure son spif, la flamme flirte à quelques centimètres de ses lèvres qui s’étirent en un léger sourire. Mauvais, vaguement amusé. Les lumières artificielles sur les murs du club l’entourent d’un halo lourd et quasi apaisant. Il recule, joint au bec et doigts quittant son vis-à-vis, index et majeur contre la tempe en guise de salut. “Sucks to suck.” Am stram gram, Bobby a perdu le pari. Oopsy. Un, deux, trois pas à reculons, quatre, cinq, six secondes avant qu’il le voie passer par toutes les couleurs possibles sans pour autant bouger de-là. Un clin d’oeil plus tard, Nao se casse, doigts caressant l’écrin en velours qu’il vient honnêtement de gagner. La sortie du club se fait en douceur, sans bousculades et mains baladeuses, l’heure anticipée de la soirée mettant un stop immédiat à l’habituelle noyade forcée dans la foule compacte et agglutinée à chaque parcelle de son corps. Il retrouve Blue Moon, sa corvette bleue, à deux pas du club et s’installe derrière les vitres teintées mais sa priorité se trouve à l’intérieur de sa veste : il ne perd pas une seconde pour admirer son gain. L’écrin ouvert, il en tire un bracelet en platine, gagné par caprice enrubanné dans un défi stupide comme tu connais les noms des villes d’Altea ? ; ‘faut dire que son adversaire n’était pas très futé en premier lieu pour sniffer la supercherie. Well, c’est pas Ilang qui va s’en vouloir, il s’en talque les aisselles d’avoir plumé un abruti, ce qui l’intéresse, c’est ce bijou autour du poignet et qui deviendra son nouveau porte-bonheur.

Au Reservoir Dogs, il se laisse entraîner dans les préliminaires de la course, échange quelques mots avec les têtes connues, glisse des baisers aux joues des filles et fait des soufflettes aux habitués jusqu’à arriver au bout de son sachet de skam. Alcool, came et money se déchaînent urbi et orbi. Décompresse dans des bras familiers pour oublier le stress de cette course et tout ce qu’il pourrait perdre : blaze, rang, contacts. Rit un peu plus fort pour taire le barouf de tempête qui martèle sa tête depuis qu’il a quitté le club. En vrai, y’a aucune raison de stresser : numéro un a un pied dans la tombe après avoir provoqué un chef de gang, il restera pas longtemps sur son trône. Probablement pour ça qu’il a défié le petit Ilang sans se douter que ledit Ilang est déter af à le tej de son trône. Pas pour prendre sa place, nope, ça intéresse pas Nao de grimper l’échelle, il veut juste préserver le peu de stabilité que son numéro lui procure. Temporairement. Parce qu’une fois que son heure sera passée, Nao disparaîtra. Comme une pomme rouge : il est éclatant à l’extérieur, pourri à l’intérieur mais tôt ou tard la pourriture finira par attaquer la surface. En attendant, il serre les dents et virevolte dans son élément, port altier et bracelet en platine reflétant tous les néons installés sur le terrain.

Ça lui a traversé l’esprit, l’espace d’une seconde, que c’était une mauvaise idée de lancer un pari juste avant une telle course. Mais têtu et impulsif et surtout très capricieux, il a forcé le pari dès que ses yeux étaient tombés sur le bijou. Sauf qu’en se dirigeant vers sa voiture, il croise le regard d’un fantôme du passé qui vient lui annoncer que c’est sa tête qu’on va retrouver dans les égouts, et pas celle du numéro un. Surpris, oui mais surtout déterminé à aller jusqu’au bout : qu’à cela ne tienne, beau gosse du passé devra attendre même si Nashoba a bien envie de le torturer avec ses avances pour savoir ce qu’il fiche ici (dans sa vie).

Foulard remonté pour cacher la moitié de son visage, il entre dans sa voiture, tout bruit environnement coupé net, même dans sa tête, c’est l’vide mais c’est serein à la fois, il inspire, expire, inspire, expire, regarde à travers la vitre teintée et évince tout sentiment de désarroi qui l'avait submergé en l’espace d’une seconde. Il retrouve instinctivement cette silhouette, il grave sur ses cornées son image tellement tellement changée, rien à voir avec le garçon de ses souvenirs. Son regard se braque ensuite face à lui, il sent les yeux du numéro un sur sa vitre et lui répond en faisant cracher une fumée bleue à sa voiture. Ce soir, c’est Gina qui donne le signal de départ. Nao l’aime bien, elle a toujours plein d’histoires ahurissantes à raconter, souvent en rapport avec les racers qui tombent sous son charme de sirène et qui sont capables de remuer ciel et terre pour ses faveurs. Elle lui fait un clin d’œil, qu’il lui rend même si elle ne peut pas le voir et abaisse son bras pour le départ. Blue Moon s’élance en avant, légèrement en retard, creusant une distance de quelques centimètres entre numéro un et Crush mais il ne s’en fait pas, réussissant à rattraper son retard petit à petit et prenant les devants ; ils tournent sur plusieurs rues de cette façon, des minutes entières, c'est long, c'est loin mais l’adrénaline pulsant dans les veines de Crush qui n’a plus qu’une chose en tête : atteindre la ligne d’arrivée en premier. Ils s’en approchent, Crush devant numéro un, quand les sirènes des flics retentissent et qu’ils interrompent tous les deux la course. Le problème c’est que numéro un se tire bien avant que les poulets ne pointent leurs phares sur eux. Et Crush est beaucoup trop concentré pour y faire attention. Au Reservoir Dogs, c’est la hess, tout le monde se disperse, les véhicules prennent des directions différentes juste dans l’espoir de ne pas se faire prendre par les flics. C’est dans une ruelle adjacente au terrain qu’il tombe sur ce fantôme du passé et l’impulsivité de Nao le fait agir sur un coup de tête (qu’il va regretter amèrement plus tard, il en est sûr) : il s’arrête près de lui et ouvre la porte côté passager. “Get in !” Les phares des flics commencent à devenir visibles à mesure que les secondes défilent et thank god l’fantôme n’hésite pas plus avant de grimper sur le siège. Nao démarre en trombe et slalome en passant près des flics venant d’en face mais les évite de justesse, s'engouffrant dans un raccourci familier qui les aidera à se tirer sans égratignures. Weird. Il penserait presqu’à accuser son passager d’avoir appelé les keufs mais il a surtout la certitude que ça vient du numéro un, maintenant qu’il y songe. Enragé, prêt à retrouver le n°1 et le cogner, il se défoule sur la route en semant les flics complètement et pour de bon, baisse ensuite un peu l’allure pour adapter sa vitesse à la réglementation en vigueur, l’adrénaline retombant finalement pour la soirée. “Long time no see, Stilinski.” À un feu rouge, il décide de faire ressortir son côté taquin habituel et d’enterrer le sentiment d’hostilité que le numéro un a créé en lui ; il abaisse son foulard et lui lance son éternel demi-sourire, en tentant de déchiffrer les émotions qui passent dans le regard de Stilinski.
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MessageSujet: Re: nasty #1 + what if nothing   nasty #1 + what if nothing EmptyDim 17 Déc - 20:52

11DEC 17.  Le signal de départ éclate dans le tumulte ambiant, noyé en un éclair par les rugissements des moteurs et crissements de pneus qu’amplifie la clameur de la foule survoltée. La piste se couvre du nuage d’encre crachées par les pots d'échappement et en un instant, les racers se fondent dans l’horizon illuminé par les marquages phosphorescents, marque de fabrique d’Arcadia.

La tentation d’immortaliser la scène fait frémir d’impatience ses phalanges si nues lorsque privées de l’appareil qui les prolonge habituellement ; Kass serre et déserre mesurément les poings pour chasser la sensation — l’envie de fixer les pixels sur la rétine, ou d’étaler les teintes à grands coups de pinceaux. Si les téléphones sont tolérés, et si circulent quelques vidéos de basse qualité, le tout reste scruté par l’oeil un peu mauvais de la simili-sécurité constituée de gueules de mercenaires : gros bras tatoués et uniformes noirs complétés par des pantalons typés militaire. Et pour cause : le temple des courses illégales ne s’encombre que d’yeux avides et d’échanges de stellars. Certainement pas de preuves compromettantes. Durant les minutes qui s’égrainent et s’enchaînent, Kassian suit la danse brutale des véhicules en course à travers les écrans que des drones nourrissent d’images en direct. Le bolide d’Ilang se découpe à travers le bordel de véhicules embouteillés sur les boulevards, fuse dans le décor pour grignoter les kilomètres, sauve quelques secondes supplémentaires en serrant la bande blanche de près à chaque virage, jusqu’à parvenir à son but : à force, il déborde sur la gauche de son adversaire en un coude à coude qui fait grincer le métal. En poussant un peu plus, crachant une fumée bleutée que Mads qualifie de sa marque de fabrique, Crush prend de l’avance d’abord morcelée, instable, puis complète, indéniable —

et alors, le chaos.
Les sirènes des voitures de polices déchirent l’atmosphère dans et hors de l’écran. Balayent l’humeur festive de leurs faisceaux bleus et rouges tranchants, intransigeants, et engloutissent la folle inconscience qui régnait jusqu’alors, pour la muer en vent de panique. Reservoir Dogs dégueule sa horde de camés et autres parieurs alcoolisés, qui se jettent à corps perdu dans un sens puis dans l’autre en quête d’une issue. Mais les flics freinent sec pour leur couper la route de tous côtés, dessinant une toile blanche et bleue toute prête à les cueillir ; mettent pied à terre armés jusqu’aux dents, tasers au poing. On se croirait dans les bas quartiers d’Oriel, là où le sang coule en toute impunité. Kass jure entre ses dents. Axl s’est évaporée dans la mêlée et nul moyen de retrouver sa trace. Il se doute qu’elle s’est précipitée pour arracher sa guimbarde à cette merde avant que toutes les sorties potentielles ne soient bouchées, le périmètre quadrillé. Mads aussi a filé, assurément en quête de son blé — Kassian le devine furax de voir l’événement tourner à la débâcle, au même titre que la promesse de pognon qui part en fumée à la même allure que les fuyards. Le plus jeune rabat sa capuche sur sa frange, détale en se fiant à l’oeil trafiqué qui calcule les mouvements et déplacements environnants pour tracer sur sa rétine une voie de secours potentielle. Il bifurque lorsque l’option A s’achève en dead-end : là où il s’apprêtait à passer, une matraque rencontre la cage thoracique d’un type et fait craquer une rangée de côtes. Pas le temps de vraiment y songer : un bras le ceinture. L’instinct le pousse à s’extraire de la prise et un poing le cueille à l’oreille en récompense, l’assourdissant et le déséquilibrant un instant. Il laisse ses membres entrer en action par automatisme : dégaine un coude vengeur, agrippe de sa poigne gauche le col d’un uniforme trop complet pour présenter la moindre faille. Il ne s’essaye pas à un coup — ce serait inutile. A la place, il se serre de sa prise pour faire basculer le poids du flic et le déséquilibrer, le tacle au sol. Sa main de métal agrippe le casque et lui fait percuter le sol à trois, quatre reprises, assez pour le sonner, le semer. Kass ravale tous les relents de rancune revancharde qu’éveille en lui le déploiement de forces armées depuis Néphède. Là-bas ou ici, même combat : les motivations des pseudo-protecteurs de la population le débectent. Ressentiment plus handicapant qu’utile, s’il le laisse l’envahir : toute rébellion est trop sévèrement réprimée pour que l’enjeu en vaille la chandelle, et mettre à terre la racaille des bas-fond ne vaudra pas de réprimandes aux autorités abusives ; tout au plus quelques félicitations.

Il parvient à déboucher sur la route, brandit aussitôt un pouce dressé à l’attention du premier véhicule civile qui croise sa route. Pas d’ébauche de ralentissement : son option de fuite disparaît aussi vite qu’elle s’est profilée, non qu’il puisse en blâmer le conducteur. Lui non plus ne se serait pas forcément offert de stop. Ça ne l’empêche pas de ruminer. Ses pas précipités ne l’éloignent que trop lentement de la descente ; pas assez pour qu’il espère réellement s’en tirer — pas alors que déjà, les voitures de police se remettent en branle pour choper les récalcitrants parvenus à se tirer. Des phares s’allument sans crier gare juste derrière lui, dessinant sa silhouette sur le bitume. Fuck. Fuck. Il lève les bras sans tout à fait caler ses mains à l’arrière de sa tête, demi-rémission, calculant ses chances de s’en tirer bien que toutes formes de statistiques joue définitivement contre lui. Mais aucun ordre aboyé ne retentit ; à la place, du caoutchouc gémit en chauffant contre l’asphalte et une portière s’ouvre à ses côté. Get in ! Kass ne réfléchit pas. Troque un enfer contre un autre, les barreaux et un interrogatoire compromettant contre le cul du diable, les forces de l’ordre aptes à le ruiner contre l’anarchie ayant laissé son âme en foutoir autrefois.

D’abord un silence tendu, le temps qu’ils quittent la route 66 au profit des Arcades et sèment les poursuivants à travers un labyrinthe d’interminables sillons. Choquant : Nao maîtrise les environs comme les lignes de sa paume. Long time no see, Stilinski. Ça suinte l’amusement, comme s’ils étaient des potes d’une autre vie. No shit, Kass ironise, moins plaisant, recelant tout sauf l’excitation généralement associée à des retrouvailles. Don’t call me that, il marmonne, désormais plus habitué à Stiles qu’au nom du père qu’il a rejeté. Tout ça remonte à une poignée d’année, pages tournées, calcinées. Visiblement pas assez profondément enterrées, puisqu’elles resurgissent de leurs cendres, braises rouge-orangées persistantes, nullement mortes sous la poussière. Five years or so and I bet my shoelaces are still bigger than you, hyung. Il esquisse un rictus mi moqueur mi crispé, désabusé, tandis qu’émergent en pagaille les souvenirs traîtres qui lui mettent les nerfs en pelote. La bagnole fait une embardée sauvage au virage suivant, son épaule se heurte contre la vitre en une vengeance moyen subtile. Anyway, il grogne un peu montrant un peu les dents, assénant un regard inaperçu qui se heurte à un ricanement du conducteur. Whatcha doing in such a place ? Can’t believe you actually became a part of the street racing scene. Ça sonne incongru, détonne avec ses réminiscences de l’ado angsty, torturé, chercheur d’embrouilles mais plus en termes de relations foireuses que de bails hasardeux. Quoique. C’est peut-être ça, la vie cachée des mecs aisés : argent à foison, ennui, goût du risque ; c’est pas comme s’ils s’étaient vraiment connus, au fond. Last time I checked you were busy being lovey-dovey with that vapid arm candy of yours. Was he so boring that you turned into an adrenaline junkie to get him outta your system ? Waouh, il s'en rappelle vraiment. Packaging doré de gosse riche et attitude d'enfoiré, suffisamment imbu de lui-même pour ne jamais s'apercevoir qu'il pouvait avoir été cocu, le tout enrobé dans un prénom d'acteur de série B : Scotty, Kass susurre pour le railler. Il se fend d'un demi-sourire un peu plus amusé aujourd'hui qu'il ne l'était autrefois. Inévitablement, la question en soulève une autre, laisse sous-entendre qu’il y a un brin trop d’intérêt dans ce sujet périmé depuis longtemps. Et ouais, Kass n’est rien si ce n’est foutrement rancunier. Il assume le trait, hausse une épaule désinvolte assortie d’un — 'm just curious, is all. Surfe sur la vague de l’excuse balancée : appuie un bras contre la fenêtre entrouverte et appuie sa tempe dans sa main ouverte, torse tourné dans un axe qui lui permet de dévisager ouvertement Nao Ilang. Sa perception de lui a changé, il remarque, au delà de l'aptitude à remarquer combien il s'est affiné, défini avec les années. A ses yeux, Nao était un écarlate passion au départ. Délavé par la frustration et l'incompréhension, plus tard, jusqu’à virer au violacé empreint de ressentiment. Aujourd’hui, l’hématome émotionnel s’est paré de nuances de bleu, aversion chagrine. Kass rejette la capuche en arrière, souffle nerveusement sur des mèches qui lui retombent en bordel sru les yeux. Bouge, cette fois pour se tourner vers l'extérieur, incapable de contempler plus longtemps la gueule d'Ilang. Il a l'air de trouver ça beaucoup trop comique, l'enfoiré. Le cadet ouvre complètement la vitre, expire profondément lorsqu'une bourrasque s'engouffre à grand bruit dans l'habitacle, brossant l'excédant d'agacement qui tapisse ses pensées. Mind if I smoke ? Besoin d'évacuer le stress de la dernière heure, et la tension qui crépite, électrique, entre eux deux. Il n'avait pas prévu de recroiser Nao, ni ce soir ni jamais. Il est associé à l'époque douloureuse de l'adolescence, blessures tenaces et amitiés brisés.

Nao. Eli. Wade. Silas. Nao. Eli. Putain, ça fait encore un mal de chien rien que d'effleurer les souvenirs engourdis par la brume de semi-oubli que Kassian se refuse à creuser.
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Nao Ilang
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Don’t call me that.” Ouh, touchy. Il s’était à peine renseigné sur le cas de Stilinski à l’époque de sa disparition – sa fugue, peut-être ? Peu importe ce que c’était. (Il était retourné le voir mais c’était déjà trop tard). Peu importe c’était quoi, entre eux. (Il n’était déjà plus là). Note mentale accrochée à sa mémoire, il l’appellera par son nom de famille à l’occasion – Kassian lui semble plus personnel, plus intime, plus peint de souvenirs enfouis entre draps blancs et halètements et équilibre triplement instable. Il se rappelle du sombre cumulonimbus et des gouttes de pluie rondes, du fracas électrique et séduisant contre la cabane en friche mais aux murs stables pour leurs cœurs battant en rythme, explosant sous la tornade émotionnelle frénétique que les caresses provoquaient. Il se rappelle de l’incompréhension, de la perte de contrôle, de l’absence de mots cohérents, du moment d’égarement quand leurs lèvres se heurtent, du rêve étrange about us, du réveil brutal sous un ciel gris et du plus douloureux : lui tourner le dos. Son demi-sourire devient plus sépia basané, nostalgie cannelle d’un temps révolu, touches brunâtres de quelque chose qu’ils n’ont jamais eu. “Five years or so and I bet my shoelaces are still bigger than you, hyung.But baby, your dick is particularly impressive, if i recall correctly. It’s a better example of how big you are.” Humour ardent, caresse de sa langue sur sa lèvre quand il le détaille sans aucune discrétion, appréciant l’emballage bien entretenu ; vêtements particulièrement serrés, qui le font deviner ce qu’il est devenu en-dessous, ce qu’il a déjà goûté, ce qui l’a déjà embrasé. À ses côtés ne se tient plus l’adolescent gringalet et maladroit de ses souvenirs qui avait fait chavirer son coeur un instant (réconfort et something retrouvés hors de sa relation qui ne tenait qu’à un fil) mais un portrait écorné de la version adulte qui a perdu ses couleurs – noir et blanc de fauve taillé dans l’ardoise, contraste entre ce qu’il dégage de fervent et ce que Nashoba perçoit dans son regard délavé qu’il zoome pour une meilleure introspection. Il crache même un rire léger, il en apprécierait presque cette arrivée soudaine dans sa vie ; excepté que Stilinski ne vient jamais sans causer de dégâts. Il amorce tempête et déluge, tonnerre et frénésie, confusion et regrets. Amertume de ce qu’ils auraient pu être, ce qu’ils auraient pu avoir, ce qu’il a gâché.

Souvenir constellé de khôl sur un fond de garance, il retrouve derrière ses paupières une image de lui-même, à neuf ans, en train d’arracher le fil rouge. Il ne sait pas pourquoi ça le frappe maintenant. Il sait juste que c’est encore quelque chose qu’il a gâché, balancé au vent, refusant d’y songer mais tourmenté par les remords même des années après. I always knew that we were doomed.

Whatcha doing in such a place ? Can’t believe you actually became a part of the street racing scene.What can I say, I’m a natural born thrill-seeker.” En guise de démonstration, pied sur l’accélérateur, il dépasse la voiture de devant en la slalomant tout près, causant des klaxonnements du chauffeur et un doigt d’honneur ; la route dégagée lui permet d’augmenter la vitesse juste quelques minutes mais il descend à une vitesse normale en se rappelant d’un radar embusqué sur la droite.

Last time I checked you were busy being lovey-dovey with that vapid arm candy of yours. Was he so boring that you turned into an adrenaline junkie to get him outta your system ?” Son sourire taquin habituel perd de l’énergie, fébrile trait qui s’abaisse sur les coins quand il regarde sur son rétro en guise de distraction. Cet enfoiré a une sacrée mémoire, compartiments de cartouches qu’il enclenche par curiosité sans se rendre compte qu’il touche juste. Or maybe ça l’a plus affecté que Nashoba ne l’aurait cru, de n’être que that guy avec lequel Nao a trompé son mec. Ça l’emmerde. Surtout le prénom qui suit. “Scotty.” Il s’humecte les lèvres, une fois, puis deux, un autre rire lui échappe comme s’ils venaient d’échanger la meilleure blague du siècle (c’est un peu vrai, c’est un peu faux parce que la blague dans l’histoire, c’était lui, ça a toujours été lui). “'m just curious, is all.Ooh, didn’t you know ? Scotty and I are still together ! We got married last year, he’s actually my soulmate.” L’absurdité de sa propre réplique lui arrache un rire sincère quand il aperçoit la tête “ew what??” de Kassian dans l’rétroviseur. Il appuie sur un bouton pour mettre la musique, même un peu basse, juste histoire de remplir la voiture de sons en rythme avec son rire pour ne plus avoir ce prénom qui plane dans l’air comme un fantôme miteux venu lui injecter son venin. “Oh man, you should have seen your face.” Volontairement évasif, paradoxalement affecté par les mots teintés d’akane. Couvrir le sérieux par une blague de mauvais goût, humour en guise de bouclier pour éloigner les mauvais souvenirs. Scotty, Scotty, Scotty, enfoiré notoire, pas du même niveau que Corey même s’ils ont des similitudes : Scotty a tenté de pourrir Nashoba et Corey a complètement détruit Nash. Le premier l’a même tellement bien entubé qu’il a pécho un million d’stellars que Nashoba avait sur son compte à dix-sept piges. Et le tout, juste avant de le larguer en beauté en l’plantant au point de rendez-vous où ils avaient prévu de se retrouver et se barrer ensemble. Mais Scotty s’est barré tout seul et Nashoba s’est retrouvé avec une anomalie sur son compte qu’il a dû cacher du mieux qu’il a pu : en s’cherchant un job qui rapporte gros et en peu de temps. L’industrie du porno lui a ouvert ses bras et il est tombé tête la première dans le piège tissé dans de la soie, ça a été sa prison aux barreaux en dentelles et bougies aphrodisiaques, méli-mélo de plaisir et d’obligation, fausse liberté et vrai libertinage. Stilinski ouvre la vitre et Nao se prend une gifle glaciale dans la gueule qui le sort de sa léthargie momentanée. Il ravale sa salive, regard durement fixé droit devant lui, tente maladroitement de paraître détaché mais c’est un échec cuisant, Nashoba est mal à l’aise et pratiquement sur le point de lui demander son adresse ou même carrément prêt à le lâcher n’importe où. “Mind if I smoke ?Go ahead. What about you ? ‘Got lost on your way home or what ?” Il parle autant de ce qui lui était arrivé y’a cinq ans que son apparition brutale au Reservoir Dogs.



Retrouver la trace de Kassian n’a pas été easy, Altea pullule de wannabe voyous. Le bouche à oreille jusqu’aux circuits, en passant par les bas-fonds d’Oriel et il a réussi à dénicher une piste. Par curiosité, qu’il rétorque à qui veut savoir pourquoi il se donne autant de mal. Et aussi, parce qu’il n’apprécie pas d’être en désavantage puisque Kassian sait ce qu’il trafique la nuit et Nashoba ne sera tranquille qu’une fois qu’il aura quelque chose de sale sur ce dirtbag. Ça l’intrigue aussi, un peu ; ce gamin du passé qui revient,  Nao ne le reconnaissant presque plus (mais il ne l’a jamais vraiment connu), avec son bagage émotionnel qu’il porte jusque dans le regard et sa dégaine du type qui s’est fait fracasser la tête par la vie elle-même. Really, il l’intrigue avec ses réponses évasives et sa pseudo confiance en soi, avec ses questions qui somehow sont beaucoup trop précises pour quelqu’un qui prétend être juste curieux de retrouver un ancien hookup. Peut-être qu’il l’est vraiment. Pour le moment Nao n’veut pas découvrir ce que ça cache, il veut juste avoir ses propres balles pour les viser sur Kassian quand ça sera nécessaire, il veut avoir d’une quelconque façon un peu de leverage sur lui. Entre les couloirs putrides du sous-sol de Rapture, il déambule affublé d’une tenue plus ou moins en raccord avec l’ambiance ; casquette rouge vissée sur sa touffe noire, il se glisse silencieusement entre les corps en effervescence fiévreuse devant le ring, pas léger usant de son don pour se glisser derrière les différents groupes et écouter leurs billevesées ; il cherche surtout un coin où il n’aura pas à se mettre sur la pointe des pieds pour voir les bagarres (sigh).
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Even Stilinski
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MessageSujet: Re: nasty #1 + what if nothing   nasty #1 + what if nothing EmptyDim 24 Déc - 14:21

11DEC 17. Il s'attend à s'faire envoyer chier, Kass, mais certainement pas à : But baby, your dick is particularly impressive, if i recall correctly. It’s a better example of how big you are. Mâchoire qui chute un brin sur le coup d'une surprise azurée qu'il s'empresse de ravaler, refusant de se laisser prendre à ce jeu à nouveau. La sensation ne s'atténue sur le coup que pour mieux resurgit un instant plus tard pourtant, cette fois teintée d'horreur et de dégoût à l'idée que Scott soit encore dans le paysage après tout ce temps. You can't be serious, il lâche d'une voix blanche, un peu vert à l'idée que quiconque en ces mondes puisse réellement être intrinsèquement lié à un tel beauf. Et le rire de Nao de s'égrener dans l'habitacle, démenti gris perlé ; lumineux d'amusement et pourtant étrangement en demi-teinte, terni par des nuances venimeuses et des angles tranchants. Ew, gross. Oh man, you should have seen your face. Fuck you, that's not even funny. I can't get the picture outta my head, Kass proteste d'une voix bourrue en lui balançant son poing dans le bras. La bagnole fait une très légère embardée qui suffit à l'extraire de la bande étroite faisant office de voie à sens unique, mais loin de s'agacer Ilang s'illumine. Fait rugir le moteur pour foncer dans le décor, coupant à travers les sillons anguleux pour débouler sur la route opposée, dont il avale les kilomètres à vive allure. Froncement de sourcils, nez plissé ; Kass s'agrippe un peu à la poignée de maintien mais refuse de moufeter un son, rongé par la sale impression que gueuler à Ilang de retourner sur sa foutue voie et de ralentir reviendrait à perdre— il ne sait pas quoi, mais à perdre quand même. La vitesse suicidaire fait déraper les roues dans un virage en épingle et ils pataugent quelques dixièmes de secondes, roues tournant en vain et faisant gicler la boue avant d'adhérer à nouveau à de l'asphalte.

Kassian se décharge d'une profonde goulée de dioxyde de carbone lourde de tensions sous-jacentes, incapable néanmoins d'expier le nœud tenace de sensations contradictoires amarrées à la base de sa gorge — adrénaline, colère vermeil, soulagement émeraude, angoisse mélèze, qui tantôt affluent démesurément et l'étranglent de leur saturation excessive, tantôt s'atténuent à mesure qu'ils s'éloignent du vide ayant menacé de les engloutir à l'instant, virant pastel. Mind if I smoke ? Il a déjà la main sur un sachet de skam hachée et n'attend pas de réponse pour en rouler dans une feuille. Des conneries il en a fait, Kassian, mais le vide reste sa kryptonite et au cœur des Arabesques qu'il a tant parcourues ado, il suffit de si peu pour déraper, perdre pied ; sombrer. Go ahead. What about you ? ‘Got lost on your way home or what ? Fenêtre ouverte, il s'accorde un instant de silence pour laisser la fumée nocive lui envelopper les poumons et apaiser son palpitant agacé, puis exhale par le nez. Ça lui revient comme un mauvais rêve, flot d'images jaunies par le temps, aux rebords élimés et brûlés d'avoir été profondément enfoui.  
Something like that, il élude en s'enfonçant dans le siège, les souvenirs le percutant en vrac. Voilà longtemps que la douleur aigüe a cessé de malmener sourdement sa cage thoracique à la moindre évocation de la période noire où il a tourné le dos à ce qu'il lui restait de famille, croyant quitter une prison mais plongeant tête baissée dans les mailles serrées d'une autre — Heathens. La question n'en est plus une aujourd'hui, Kass a changé. Il est né à nouveau et ne sait plus ce que signifie vivre sans le rectangle de chair un peu boursoufflée sur son omoplate, omniprésente en guise de signe d'appartenance ; pour autant, il n'a ni vraiment le droit ni la moindre envie d'en parler, moins encore avec Nashoba Ilang. Et juste ainsi l'atmosphère se refroidit entre eux, au rythme du glacier qui lui fige le cœur, s'éparpille de ses veines à ses membres gourds, durcit ses iris à nouveau gris et se diffuse de lui à Nao en hostilité comparable à une bise acide.

Est-ce que les choses auraient été différentes s'ils avaient parlé ? S'il n'y avait pas d'amour ou de beaux sentiments tangibles, reste que l'attraction palpable et la curiosité mutuelle vibraient dans leurs veines à chaque contact, à chaque regard partagé, dérobé ; indéniables. Nao qu'il exécrait si fort dès les premiers instants et qui pourtant, l'embrasait d'un regard, d'un baiser. Nao — le fantasme de ses quinze ans ou à peine plus. Nao — son premier et, tout à la fois, l'homme d'un autre. Fébrilité, désir, anxiété, plaisir, culpabilité, remords.

Parler de quoi ? De l'ébauche de jalousie déplacée qui lui nouait les entrailles quand, venu pour Eli, il errait en pleine nuit entre des murs qui n'étaient pas les siens et, par hasard ou pour l'avoir cherché, captait les murmures et soupires alanguis de Nao valsant dans les bras d'un autre ?

Parler de quoi. De leur première fois, instant volé, gâché ; et des heures suivantes, humiliantes, à le regarder dormir en nourrissant la sordide idée de ne l'avoir qu'à lui, de le convaincre de quitter son mec pour lui ? Les yeux ouverts dans le noir, à ne pas le lâcher des yeux, de peur qu'il ne s'efface comme un cruel mirage ; jusqu'à ce que la fatigue l'emporte sur la détermination. Parler. Des draps froissés mais froids au réveil, amertume des regrets ? Scott, quoi qu'en dise Kassian, avait pour lui le charme de ces gosses à qui tout sourit, de ces perso de télévision pour les beaux yeux desquels on renonce à tout en un claquement de doigt. Ou du moins en avait-il l'apparence, à défaut d'autre chose ; enveloppe craquante. Le cliché qu'on prétend mépriser mais qu'on envie, lowkey, puisqu'il rafle tous les prix, à tous les coups. Et Kass, lui, n'était encore qu'un ado efflanqué, nullement achevé, mal dans sa peau. Haine des gens et du monde crépitant à la surface de son épiderme ; genoux cagneux et rougissements intempestifs au moindre effleurement un peu osé ; voix qui casse et qui racle les cordes, dissonante, en pleine mue.

Parler de quoi ? Tout était dit. Hurlé par les baisers dont Nashoba gratifiait dès le lendemain Scott en sa présence, en son absence ; par leurs regards chargés de promesses, par leur complicité retrouvée, leurs doigts liés. Ils étaient voués à durer et lui, une simple rature dans la marge. Un dérapage, essai, loupé.

(Est-ce que les choses auraient été différentes si, quelques mois plus tard, Kass avait frappé à sa porte à lui plutôt qu'à celle de Silas ? Ou se seraient-elles terminées de la même façon : rejet, errance d'un district à un autre, pour échouer à Oriel, parmi les pneus crevés. A crécher dans l'ombre menaçante du bois de Boulogne pour fuir les cris de sa mère, le père qu'il exécrait et l'humiliation permanente qu'était son existence ? Il veut croire que non. Pour ne pas finir plus rageux, plus furieux, il préfère s'assurer que rien n'aurait été mieux.)

You can drop me here, il indique en tapant d'une phalange contre la vitre lorsqu'ils arrivent à proximité d'Oriel, pour indiquer un vieil arrêt de bus décrépi depuis longtemps et jamais restauré. Le véhicule s'arrête sèchement, crissement de pneus contrôlés, et Kass s'en éjecte sans attendre. Se retourne brièvement une dernière fois, index et majeur sur le front, salut militaire décliné avec désinvolture en guise de remerciement et d'adieu. Nao n'était qu'une fascination, une illusion ; le premier garçon un peu trop beau, un peu canaille, à le dévisager comme s'il cachait dans ses poings serrés des trésors à découvrir ; le premier à le faire se sentir vivant, touche d'or dans une marée grise d'antagonistes et de bourreaux. Et peut-être bien, au fond, que Kass n'était pas charmé par lui, mais par la façon dont il le faisait se sentir. Nao était un rêve duquel la réalité l'a extirpé, et les songes de Kass sont désormais trop constellés de monstres pour qu'il espère l'y retrouver.



22DEC 17. Il y a quelque chose de cathartique dans la volée des coups qui pleuvent, la clameur assourdissante des spectateurs en mal de violence et de sang. Quelque chose de libérateur dans la rage qui s’accumule, s’empile le jour, pour mieux trouver un exutoire à la tombée de la nuit, se cristalliser jusqu’à ses extrémités — poings fermés, genoux rudes — faites armes et éclater contre une dentition à moitié démontée, un nez épaté, des muscles bandés. Les obscénités que vomissent les vautours qui l’entourent évincent le bordel que sont ses propres pensées, ses emmerdes, ses tracas, et substituent le tout par quelque chose de brut, férocité primaire qui supplante tout autre sujet de réflexion. Il n’y a pas de place pour d’autres calculs que les coups suivants, d’autre stratégie que la quête de failles, alternance entre déchaînement de frappes et enchaînements défensifs. (Ça, et la parcelle de son esprit perpétuellement rattachée au jumeau cosmique qui encaisse avec lui, à cause de lui). Tous les coups sont permis et quand l’adversaire trébuche involontairement en dehors du cercle faisant office de ring, des paires de mains le repoussent en arrière pour le renvoyer à l’échafaud. Kass écourte et remporte son dernier combat du soir par un étranglement. Il déteste — les pulsation du liquide vital stoppé par son bras, la peau qui rougit violemment sous la pression puis blêmit en mal d’oxygène, les coudes qui lui martèlent les côtes dans la foulée, d’abord abrupts puis de moins en moins énergiques. Il déteste — se sentir ainsi : grisé, enivré par la victoire. Se hait un peu d’être réduit à ça, et ne parvient plus à se réconforter en s’assurant qu’c’est seulement physique, chimique, une réaction toute naturelle à la poussée d’adrénaline. Mais c’est la vérité, crue et nue : il survit grâce à l’éveil, et a l’extase pour brève récompense ; debout aujourd’hui, au sol demain. Tant pis, tant mieux.

Les acclamations sont un bourdonnement vague, ténu, assourdi par le sang qui se rue à ses tympans, tambourine à ses tempes. Carne qui mue en canevas dépareillé, partchwork d’hématomes en voie de guérison et d’ecchymoses naissants ; nuque qui tient à peine le poids de son crâne malmené, tête qui bascule vers l’avant. Son oeil pèse comme une enclume qui l’attire vers le sol, enflé par un cocard encore rouge et vif, tissus imprégnés de pigments chargés en fer. Et lui, vidé ; vacille sous les claques qui s’abattent sur ses épaules douloureuses en guise de congratulations, esquisse un sourire orgueilleux et bancal qui n’étire qu’une commissure, la seule intacte. Ce qu’il perçoit : les stellars qu’on lui met dans les mains, tangibles, fiables, nécessaires ; le soulagement, la fierté souillée de lambeaux de honte. Ce qu’il refoule : les injures qui se répercutent derrière ses yeux, crachées par Kasey qu’il bousille à distance. Sorry, il songe et propulse à travers les étoiles, télépathie fonctionnelle ; et les coins de ses yeux se plissent en un quelque chose d’attendri au fuck you qu’il reçoit en retour. Il tente encore : I won, tho, et peut presque sentir le soupire exaspéré qu’il provoque. I don’t give a damn. Cette fois, un rire rauque s’arrache à sa trachée et le fait tousser. C’est moins amusé que dépité, et il ne traine pas plus longtemps. Se casse. Il lui semble puer la barbarie et la sueur et l’agonie, sale bête ayant échappé de peu à l’euthanasie. Kass récupère son sac de sport, s’enterre dans un sweat à capuche et s’arrache au sous-sol bondé pour tituber parmi les clubbers qui grouillent sur toute la surface du Rapture, un niveau au-dessus. Un mec le stoppe en chemin et Kass se laisse dépouiller de ce qu’il vient de remporter, pas assez inconscient pour se mesurer au costard de l’Ombre missionnée par Heathen. Ce n’est qu’un millième de sa dette qui s’éponge, mais il ne lui reste que quelques noises en lieu et place de son pactole, pour boucler le mois. Il renâcle, frustré. Balance un coup de pied énervé dans une porte close mais n’en tire aucun soulagement. Il est trop crevé pour réfléchir et pourtant, son cerveau ne trouve pas d’apaisement, tente de déterminer ce qui prime entre bouffer durant les prochains jours ou économiser de quoi offrir quelque chose cette année à Thalia, Dylan, … Eliott ? Putain de festivités à la con, vraiment. Ça lui serre le coeur de s’apercevoir que ça compte pour lui, malgré tout ; d’être , avec ceux qu’il aime et n’a jamais oublié, après toutes ces années d’absences. Va pour les cadeaux et l’estomac béant, donc. Ce problème là au moins peut-être compensé par la skam — il peut gérer.

D’un coup d’épaule et d’une main qui se resserre, il redresse correctement l’anse de son sac et s’apprête à tracer tête basse jusque chez lui, luttant contre les vertiges, quand une impression déplaisante lui hérisse la colonne.
Celle d’être épié.
C’est probablement stupide : il n’y a pas pire solitude qu’une foule d’anonymes alcoolisés et pourtant- Kass scanne les environs comme un traqué, malaise traçant un pli entre ses yeux. Il le trouve aisément parce qu’il n’essaye pas de se cacher — Nashoba. What the fuck. Un grondement sourd se répercute à l’arrière de sa gorge et il montre les dents, sur la défensive. Ilang rayonne dans un pantalon de cuir qui moule les muscles saillants de ses cuisses comme le ferait une seconde peau, probablement plus coûteux que Kass et toute sa misérable existence réunis. D’une pression du talon, le plus vieux se détache du mur contre lequel il était appuyé, et abolit la distance entre eux, exsudant l’assurance. Kassian n’a même pas l’énergie de s’énerver ; a déjà à peine celle de tenir debout. Why are you like- everywhere these days, il lâche, masquant la gêne sous une couche d’ennui. Il déteste — se sentir minable et moins que rien, nageant dans la sueur et les plaies ouvertes sous le regard scrutateur d’Ilang. T-shirt blanc flottant lâchement autour de sa carcasse et jogging gris bas sur ses hanches. Whatever. I’m exhausted. G’night. Nao freine son avancée d'une paume suavement plaquée contre son abdomen, enflammant involontairement un point abimé. La douleur irradie et il se raccroche à Nao par réflexe, pour tenir debout. Doigts enroulés dans les mailles larges et délicate de son pull ample, front sur son épaule le temps que se dissipent les lumières qui l'aveuglent, ancrées sous ses paupières fermement closes. Il capte vaguement les mots glissés à son oreille, offre de le ramener chez lui, et se braque. I'm not going anywhere with you qu'il crache en réponse, venimeux. You sure ? Sourire moqueur faisant onduler son timbre. Ses bras qui se resserrent sur la taille de Kassian tandis qu'il le nargue en déclinant le luxe d'un bain à remous, la décadence de draps de soie, éveillant les images d'un confort auquel Kass aspire désespérément sans pour autant pouvoir se l'offrir. Ses phalanges se crispent, sans qu'il ne sache si c'est par volonté de le repousser — ou de les retenir, lui et son offre irrésistible. Pitoyable, non ? De se damner pour un soupçon de bien-être qui ne laissera qu'un souvenir âcre lorsqu'il retombera durement de cet univers hors de portée. I hate you, il statue quand même pour la forme, exaspéré.  
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Nao Ilang
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JUN. 24 2012 — l’un après l’autre, pris d’un soudain élan, ils se saisissent au vol de l’appui et s’engouffrent dans le compartiment du train ouvert, roulant sur le sol poussiéreux orné de cartons divers – sauf Nashoba, en retard de quelques secondes, il a loupé le saut et est obligé de courir à côté du train pour rattraper les autres. “Come on, Nao!” Et puis il saute, usant de son don pour ne pas perdre l’allure, bras tendus et corps se jetant à l’intérieur du compartiment, une paire de mains le rattrape pour éviter qu’il ne dérape et passe sous le train ; c’est Kassian.

Souffle coupé, une fine pellicule de transpiration tapissant ses tempes, Ilang s'ébouriffe les cheveux pour déloger la poussière qui couvre sa tignasse tangerine et son flanc droit au moment où il a sauté dans le wagon ; quand il relève la tête pour le remercier, Stilinski est déjà à l’autre bout du compartiment, occupé à débattre qui aura le plus gros carton en guise d’assise. Nao le gratifie d’un regard ennuyé, ravalant ses mots, peu ravi d’être ignoré mais pas spécialement intéressé pour forcer l’amitié. Ils sont un petit groupe de copains pas tout à fait copains, des garçons du même voisinage d’Eliott et qui traînent parfois ensemble ; Nao est une pièce rapportée du fait de son lien familial avec Eli.

Le train de service qu’ils ont pris d’assaut est vide de monde, transportant uniquement de la marchandise vétuste d’une campagne à une autre ; l’ouverture complète sur le côté leur permet d’avoir une vue sur la nature, laissant derrière eux le tourbillon de silhouettes floues aux branches effilées. Flot de paroles et de rires, ponctué par quelques débats stériles sur les prochains matchs offi en passant par la détresse des cours, c’est simple et léger, s’évaporant dans le cerulean du ciel parsemé d’orange, les discussions ne sont pas forcées mais pas non plus profondes ; juste quelques mecs qui chill dans un train perforé, la brise estivale s’engouffrant sous leurs maigres vêtements et laissant une légère sensation de picotements chaleureux.

En pleine discussion avec Eliott et les autres, Nao fait un geste brusque de la main, maladresse qui le fait lâcher son téléphone ; ce dernier s’écrase dans un bruit sourd que le train en mouvement avale dans son klaxon de barouf. Quand il s’abaisse pour le récupérer, son regard tombe sur la silhouette de Kassian, de dos – assis sur le rebord, les pieds dans le vide et les écouteurs dans les oreilles. Une nouvelle brise, de nouveaux picotements, plus accentués, plus marquant, il s’humecte les lèvres et s’extirpe de la conversation sans mal, les autres ayant déjà oublié son existence ; Nashoba n’attend pas plus pour se glisser aux côtés de Kassian et tirer l’un de ses écouteurs pour le fourrer dans son oreille.

Sourcils froncés et mâchoire durcie, Kassian s’apprête à lui reprendre l’écouteur, agacé d’avoir été dérangé ou plus saoulé que ça soit Nao qui vienne l’importuner. Nao se dit que c’est probablement la deuxième option, si ça avait été Eliott, il n’aurait pas réagi de cette façon. Mais Ilang désamorce la bombe avec un sourire en coin et un simple “Don’t, I like this song”, ses doigts contre le poignet de Kassian, qu’il repousse doucement. ...I'm hoping you weren't heaven sent ‘cause only hell knows where you've been – et puis Kassian soupire et braque son regard sur la nature. Nao récupère ses doigts et balance ses pieds dans le vide qui bougent en rythme avec la musique, happé dans leur bulle en cellophane fragile. Il a jamais vraiment pu saquer ce garçon, antipathique à son égard et pas spécialement ravi de croiser sa tête quand Nao est dans les parages. Énigme enveloppée dans du satin brûlé aux extrémités et qui continue de s’embraser jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. Somehow, en cet instant précis, avec seulement la musique dans les oreilles et la nature volatile et qui crapahute dans tous les sens, avec seulement ce garçon réservé mais qui s’embrase de l’intérieur, il a l’impression que les complications et les doutes s’envolent, rendant les couleurs plus vives. Unafraid and ready. Le temps d’une chanson uniquement, les dernières notes embellies par les please stay en continu dans ses oreilles et puis la coupure soudaine quand Kassian reprend son écouteur, éteint sa musique, les pieds déjà sur le plancher et se dirigeant vers Eliott. Il ne dira pas que ça l’atteint parce qu’ils ne sont pas amis, pas spécialement ennemis, juste des connaissances qui ne peuvent pas rester dans le même périmètre plus longtemps. Ca ne l’atteint pas trop, ça voulait rien dire putain, ils étaient juste en train d’écouter de la musique mais – il ne s’est jamais senti à l’aise avec ce groupe. Quand Boa et Xia sont présentes, c’est déjà différent, il ne se sent pas de trop. Mais en voyant Kassian seul, il a cru- il a cru stupidement qu’ils ressentaient quelque chose de similaire. Un truc du fond de ses entrailles qui lui a dit va et il l’a fait mais sans mesurer les dégâts du crash.

DEC. 22 2017 — Un peu de blabla et beaucoup de bières. Les applaudissements de tempête font vrombir le sol miteux, quelques billets perdus déjà encrassés par des dizaines de talons et réduits en poussière. L’environnement n’est pas si étrange que ça ; même ambiance, même audience, c’est juste qu’au Reservoir Dogs c’est à ciel ouvert – ici, les murs serrés sont plus étouffants que réellement de soutien. Il sympathise avec deux jeunes, des habitués des fights, ils savent sur qui miser et sur qui miser mais en cas de défaite. Askip y’aurait des magouilles pour faire perdre des fighters ce qui arrange parfois les gains. Là non plus, rien de nouveau, le street racing est aussi trafiqué qu’il n’est réel.

Les deux jeunes lui servent des bières et des infos et il leur rend avec des sourires et des caresses calculées pour épuiser la source ; ils ne lui ont pas encore dit quand sera le tour de Thrasher. Il a assisté à deux-trois fights attentivement, cringeant à certains moments, huant pour d’autres mais globalement il a surtout passé son temps sur la ficelle du charme, à tout mettre en œuvre pour leur servir des lignes enjolivées afin de récupérer leurs numéros. (spoiler alert : il a les numéros).

Quand le tour de Thrasher est signalé, craché dans le micro par le présentateur, Nashoba s’écarte de ses deux acolytes pour se frayer un chemin entre deux armoires à glace mais qui sont somehow pas du tout dans le game, plus occupés avec des demoiselles en tenues courtes qu’autre chose. En vissant encore plus sa casquette sur sa tête, il atteint le premier rang et attend les festivités. Les premiers coups le laissent désintéressé, il regarde sans ciller, bras croisés sur le torse et posture ferme alors que Thrasher et son adverse s’affrontent, tirant sur la corde de force l’un après l’autre. L’adversaire n’intéresse pas Nao mais il regarde ses mouvements pour déceler si Kassian se castagne pour le fun ou s’il a quelque chose à gagner derrière, l’argent mis à part. C’est ce qui l’intéresse, savoir pourquoi il est revenu maintenant, pourquoi il le retrouve dans le sous-sol d’un club en plein combat. C’est fishy, un peu et grisant. Plus le combat avance et plus les coups de Thrasher deviennent précis, stratégiquement touchant l’adversaire pour lui causer un déséquilibre. Il se bat comme le type qui a plus à perdre qu’à y gagner. Il se bat comme le type qui se prend d’énormes coups dans la gueule mais qui en donne aussi, fort fort fort. Il se bat comme le type qui a une corde au cou et qui se déchaîne une fois sur le ring. Nashoba s’humecte les lèvres, loupant la fin du combat mais n’attend pas l’annonce du vainqueur avant de se frayer un chemin dans la foule et remonter jusqu’au club. Quand il sort pour de bon, il s’arme d’une cigarette déjà roulée et l’allume, coinçant sa casquette dans l’arrière poche de son pantalon.

Un peu de temps passé dans la même pièce que Stilinski et il le supporte déjà plus. Il a beau avoir le corps et la belle gueule qui plaisent à Nao, y’a un truc de profondément pourri à l’intérieur qui le repousse (ou l’attire), ça lui donne à la fois envie d’être celui qui lui fout un coup de poing dans la gueule et de prendre cinquante mètres d’avance pour se distancer. Ca lui rappelle toutes ces fois où ils ont été enfermés dans un placard pour un stupide jeu et qu’il s’est senti comme la pire des merdes. Il se rappelle du jour où Kassian a renversé un café sur son tee-shirt et que Nao a répliqué avec un peasant de mépris. il se rappelle de toutes les fois où c’est lui qui l’a repoussé – autant qu’il a été repoussé. Il enchaîne une deuxième clope, adossé au mur décrépit, se fait la note mentale de se barrer sans l’attendre (pourquoi il l’attend anyway, c’est qu’un fils de pute, il s’en bat les couilles de sa pomme – qu’est-ce que ça lui apporte de le confronter ?). And yet – il bouge pas d’un pouce. Allume une troisième cigarette, atteignant déjà son stock de clopes roulées. Et quand finalement Kassian en sort, il ne l’avait encore jamais vu aussi abîmé. Et mal sapé ; sweatpants du galérien qui a pris trop de coups pour supporter des vêtements fancy et moulants. Pour le coup, il peut pas le juger, lui-même arbore les pièces les plus confortables et amples en sortant d’un tournage. Mais sa tête, fracassée, ew, peut mieux faire.

Nao l’approche, ses bonnes vieilles résolutions de distance complètement oubliées ; il est quand même fier de provoquer de l’agacement en lui. “Why are you like- everywhere these days.” Well, c’est encore pire de près : les traces de coups ont enflé sur certaines zones, rendu rougies dans d’autres, plaies minimes et plaies un peu grosses cascadant autant sur son visage que le reste de son corps visible derrière ses fringues. “Whatever. I’m exhausted. G’night.” Instinctivement, il n’hésite pas à poser sa main sur son abdomen pour l’arrêter, il lui souffle également des ronds de fumée au visage avant de jeter sa clope presque terminée ; il fait volontairement glisser ses ongles sur un point douloureux, un peu sadique, un peu curieux de le toucher-là, malgré le tissu. Mais il s’attendait pas à ce que ça déséquilibre Kassian et qu’il s’accroche à lui : Ilang pose son autre main sur sa taille, exprès là où le t-shirt est légèrement remonté, pour le soutenir. “Baby, you look like shit. Come to my place, I’ll patch you up.I'm not going anywhere with you.You sure ?” Ses bras remontent, il se rappelle des coups qu’il a reçu dans certaines zones et n’hésite pas à les effleurer. “Come with me, I have everything you need to get comfy. A private balcony and floor-to-ceiling windows. I have a hot tub, dude, and the big ass, king-sized bed that you’ll love.” Ses mains se stabilisent finalement sur ses hanches, ses doigts glissant sur la ceinture de son jogging pour le remonter légèrement (il se peut qu’il l’ait baissé lui-même mais pas de témoin, pas de preuves), pendant que les rouages du cerveau de Kassian se répercutent en lui. Kinda cute, de le voir se battre pour une offre pareille alors qu’il a déjà pratiquement abdiqué. “I hate you.” Victorieux, il garde son rire pour lui mais s’écarte sur le côté pour faire passer le bras de Kassian sur ses épaules et le saisir par la taille. “My car is nearby.

Le trajet jusqu’à son appartement se fait en silence, l’autre agonisant côté passager, Nashoba se fustigeant mentalement pour sa putain de proposition dont il n’a aucun putain de regret. Au moins, dans un milieu où Stilinski se sent en infériorité, Nao aura la mainmise sur la discussion et pourra le cuisiner si besoin. Ou pas. Il sait pas trop s’il a envie de creuser et découvrir ce qu’il cache sous sa carapace. Sa voiture quitte Oriel et il met une bonne vingtaine de minutes pour s’orienter dans Cosmo, trop de gens en sortie, trop de gens qui roulent comme des merdes ; il grille les habituels feux-rouges sur la troisième avenue (y’a jamais de flic) et passe par un raccourci jusqu’à son immeuble. Le code entré, il s’engouffre dans le parking souterrain et se gare à sa place attitrée, près de sa seconde voiture. “Let’s go”, il fait passer son bras sur la banquette arrière pour reprendre sa casquette et quitte son véhicule, le verrouillant une fois Kassian sorti. Un autre code tapé pour l’ascenseur et les portes se referment derrière eux, l’appareil remontant jusqu’au dernier étage – un peu creepy mais le gratte-ciel est magnifique, surtout la vue de son balcon.

Quand la porte de son appartement s’ouvre, après un autre set de codes, une boule de poils grise saute dans le hall d’entrée, sans que Nao ait le temps de le voir. “Don’t worry, it’s just my stupid cat.” Il le sent sur ses gardes, maintenant qu’il a mis les pieds dans son penthouse et si c’était quelque chose de recherché, il a envie de le mettre à l’aise maintenant. Il lui fait traverser le hall, passant par la salle à manger et le salon mais Nao le guide surtout vers les pièces promises : du dressing room slash salle de bains, ils arrivent finalement dans sa chambre (2) qui mène jusqu’au jacuzzi tant promis, qu’il met en marche en appuyant sur plusieurs touches. “Sooo… Here we are.” Il gesticule, un peu nerveusement, un peu curieusement, fier de sa baraque mais un peu intimidé de ce qu’il pourrait en penser (well, y’a un fucking jacuzzi, il peut pas mépriser son appartement, c’est pas dans les règles). “Need some help with your clothes or what ?Fuck off.” Avec un roulement des yeux, Nashoba s’éloigne, en direction du balcon, s’extirpant de son pull pour le laisser choir sur la chaise, restant en simple t-shirt noir. Le dos tourné à Stilinski, il pose son sachet de tabac et de skam sur la petite table et son portable à côté et commence à en rouler, faisant comme s’il n’entendait rien derrière lui (Stilinski a complètement craqué pour son jacuzzi mais en même temps, qui ne le ferait pas ? smh). Une fois ses clopes roulées, il s’avachit sur le fauteuil et attape son téléphone, cette fois-ci le regard déviant sur le côté et apercevant Kassian toujours dans l’eau. Il passe rapidement sur une appli de rencontres (hm, de plans cul) et tej les vieux pas intéressants mais sélectionne deux qui lui plaisent et engage une rapide discussion. C’est pas parce qu’il a Stilinski chez lui pour quelques heures que sa nuit est terminée. Lassé, il repose son portable et laisse Kassian prendre son plaisir pendant qu’il part chercher une serviette et un peignoir propres ainsi qu’une trousse de premiers secours qu’il dépose sur le lit de massage à côté du hot tub.
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Even Stilinski
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MessageSujet: Re: nasty #1 + what if nothing   nasty #1 + what if nothing EmptyDim 31 Déc - 19:54

22DEC 17. Ses mains sur son corps, son empreinte everywhere — le fantôme de son toucher sur chaque parcelle de ses hanches, gravé sur son épiderme ultrasensible, ancré dans ses pensées, tatoué sous ses paupières à l'encre indélébile. C'est comme replonger tête la première dans de vieux travers, une addiction indigo jamais oubliée. Plus douce mais à la fois plus destructrice que la skam, plus amère que la bile, acide à en trouer l'âme. L'attraction rampe sous sa chair et semble se décupler dans ses cellules, virus aussi mordant qu'autrefois, là où le temps aurait dû l'enterrer. Fuck this. Fuck him. Kass connait trop bien la saveur de ses caresses, de ses baisers ; s'est laissé aliéner, conquérir par l'excès de désir, et s'est lui-même prêté à ce jeu de séduction qu'il maîtrisait si mal, avant d'être délaissé tel un jouet usé. Il ne devrait pas le suivre. Le fait pourtant. C'est physique, épidermique, indescriptible ; comme un fil d'Ariane tissé du noir des mystères, des secrets, noué au creux de leur ventre par une force supérieure, pour les ramener inéluctablement l'un vers l'autre.

La porte de l'appart se referme derrière lui comme une condamnation, grilles scellées de son enfer personnel. Il pourrait dire basta, se casser juste là sans que l'autre ne le retienne, et il se déteste un peu — scratch that : beaucoup, de ne trouver en lui-même ni l'énergie ni l'envie de le faire. Il émet un son de gorge incrédule en découvrant les lieux, chaque pièce plus élégante que la précédente, la chambre en apothéose. Puis siffle son approbation, attiré par la débauche de richesses promise et nullement honteux de l'avidité qui vrombit dans son poitrail dénudé tandis qu'il se défait avec soulagement des couches de tissus ayant pressé désagréablement contre ses hématomes le long du trajet. Le soupir qu'il ne retient pas en se glissant dans l'eau est chargé de pure extase, et il ferme les yeux, buvant la coupe jusqu'à la lie et chassant de ses pensées la présence de Nashoba derrière lui. Pas spécialement pudique ; plus du tout, même, depuis que son corps s'est vu reléguer au statut de propriété, sujet d'expérimentation. Un rat de laboratoire n'a pas grands droits sur sa carne épiée sous toutes les coutures et de toute façon, si ce n'était pas suffisant, leur passé commun le serait. Une part de lui souhaite presque qu'il regarde et regrette, compare l'ado malingre aux membres noueux au corps qu'il s'est bâti avec le temps. Qu'il voie la soulmark apposée sur ses reins et constate que le jouet d'autrefois est déjà promis à quelqu'un d'autre que lui. Stupidement, il voudrait qu'Ilang se sente bafoué et inexistant, comme il l'a fait se sentir en roucoulant dans les bras de Scott.
Then (2012) :Do you hate me that much ?
Blink. Blink.
... No ? I. I- I don't know ?
Ses yeux scannent la pièce en quête d'échappatoire, l'envie de fuir évidente dans la façon dont ses doigts se tordent et se crispent en une toile désespérée. Well, you certainly act like it. Ses prunelles grises s'assombrissent lorsqu'elles se reposent abruptement sur Nashoba, écarquillées. Le demi-frère d'Eliott ne le regarde pas, lui. Il fixe le mur sans trop le voir, lèvres plissées en une moue boudeuse dont Kassian voudrait effacer le déplaisir. Difficile de le blâmer : Kass ne pipe pas plus de deux, trois mots en sa présence, préférant tenter de se fondre dans les ombres ou de se prendre pour une plante en pot décorative. Contraste singulier avec la façon dont il se comporte, open, bavard af, mischievous, lorsqu'il est avec Eliott. C'est pas personnel, il n'est pas très doué avec les étrangers ; pas à l'aise tant que la glace n'est pas brisée.

Et Nao, comme ils l'appellent, a tout de ces gars que Kass préfère éviter à tout prix. Fringues chics, prétendants à ses pieds, port de prince ; une touche de drama personnel pour lui obscurcir le regard et ajouter un peu de mystère à son charisme. Un cercle d'amis de la même trempe à Paracelse. Un peu plus et il aurait pu s'appeler Wade, ou peut-être aurait-il été Silas — charme trompeur, belles phrases visant à l'amadouer, attitude friendly en dépit des fuites et de l'hostilité passive-agressive à laquelle se heurtent ses tentatives.
Kassian sait trop bien ce que cache ce genre d'enveloppe. Des rires mauvais, des bousculades, des taquineries qui n'en sont pas et qui tôt ou tard dérapent en bullying.
I don't hate you, il réplique malgré tout, prudent. I'm just— Froncement de sourcils ; not necessarily excited about your existence, il conclut dans un marmonnement en se repliant sur lui-même, prêt à encaisser le contrecoup. Qui ne vient pas. Ilang le fixe juste sans broncher, puis ses commissures frémissent, et puis il éclate d'un rire cristallin qui secoue l'ensemble de son corps, torse chutant contre Kassian et front se posant sur son épaule. Le second retient un souffle nerveux, mais le regard qui le dévisage à travers une frange est réellement amusé. You're such a funny little thing, il lâche avec quelque chose d'attendri, et Kassian s'empresse de protester. 'am not ! I'm... tough. La réplique de Nao, quelle qu'elle soit, est interrompue par l'arrivée de son mec.

Kassian est de l'autre côté de la pièce en un instant, à nouveau sur ses gardes, laissant derrière lui un Nao ahuri ayant chuté sur un coude lorsque son support de fortune a fuit du fauteuil à la hâte. What was that ? Kassian tourne nerveusement le dos, occupe ses mains tremblantes en prétendant se verser un verre d'eau. Did he try to flirt with you or something ? What ? Of course not, it was nothing like that, Nao rit en l'attirant par la nuque pour presser un baiser contre ses lèvres. Bien sûr que non, Kass pense. Jamais quoi que ce soit du genre. Nashoba Ilang est — way out of his league. Il tente de faire passer avec une gorgée le noeud qui se loge dans sa gorge, manque de s'étrangler en l'avalant de travers, et une main vient lui taper fermement le dos. Don't worry buddy. C'est pas comme si j'te voyait comme une menace. C'est juste incroyablement drôle, ricane Scott en continuant de le secouer un peu comme pour lui déboiter un poumon. Kassian gronde quelque chose qui n'a de sens ni pour l'autre ni pour lui-même, gardant les yeux sur son verre d'eau, et puis le mouvement change — le boyfriend fait mine de lui épousseter sympathiquement l'épaule. Ajoute un peu plus bas : Pas qu'un gars comme toi puisse satisfaire un mec comme Nao, anyway. Il lui ébouriffe les cheveux, et Kass aimerait lui cracher à la gueule mais il laisse juste faire, peu enclin à se ridiculiser en déclenchant une rixe.

Scott lance à la volée une idée de jeu d'alcool, la bouteille, et Kassian ferme péniblement les yeux, conscient que ce genre d'invitation ne s'adresse clairement pas à lui. Tant mieux. Il glisse un coup d’œil qui se veut discret en direction de Nashoba, est pris de court en trouvant le regard du concerné fixé sur lui, et détourne brusquement la tête en rougissant violemment. Damn. Tu sais c'qui s'rait drôle babe ? Que tu tombes sur la demi-portion en tournant la bouteille. Cette fois, quand la gorgée d'eau passe de travers et fait Kassian cracher ses poumons, Scott ne le rejoint pas ; il reste plutôt confortablement installé dans le canapé, bras autour des épaules d'un Nao calé contre lui, à fixer Kassian d'un air moqueur et dangereusement intrigué.

Inspire.
Expire.
C'est le passé.
Choquant, à quel point tout ce qu'il avait oublié revient à la surface, vif comme au premier jour, sitôt qu'ils se refont face. Kassian laisse basculer sa nuque pour appuyer l'arrière de son crâne contre le rebord, délassé et massé par les remous incroyablement réconfortants. You must be one hell of a racer for it to pay that much-, il s'arrête en milieu de phrase en sentant un mouvement près de lui, relève la tête pour trouver Nashoba à quelques pas, à lui poser une serviette sur le rebord marbré. I'm not going out. Like, ever. Il se fait gamin pour la première fois depuis ce qui lui semble une éternité, ne se hisse hors du jacuzzi que pour plonger dans la piscine qui le borde. Se laisse couler jusqu'à toucher le fond avant d'émerger en secouant la tête, excité comme un chiot. Le rideau de lumière accroché au plafond confère à la pièce une atmosphère assez incroyable ; intimiste, un brin magique, et l'eau salée pénètre dans ses plaies, piqûre qui lui arrache un frisson — mais pas de déplaisir. So. Do you live alone in your ivory tower ? il demande en posant ses avant-bras croisés, menton appuyé sur le tas et regard curieux dévisageant l'autre. Ajoute : Must feel lonely, incapable pour sa part de vivre sans le bordel permanent des comparses avec lesquels il partage son espace vital. Seul entre quatre murs... quoique. La sensation d'étouffement n'a pas lieu d'être à cette hauteur, sans vis-à-vis aucun, la pièce grande ouverte sur un ciel peint par le dégradé de bleu, de rose et d'or du coucher de soleil. Son attention passe du décor hypnotisant à l'aisance avec laquelle Nao vaque à ses occupations comme s'il était seul, et ce n'est que lorsqu'il s'éclipse dans une pièce attenante que Kass consent à émerger, la solitude rendant le temps long. Il s'enroule dans un peignoir laissé à son intention, passe énergiquement la serviette dans sa tignasse trempée ; profite de l'instant pour déambuler à travers la pièce, laissant derrière lui une traînée de pas humides. Charme moderne et épuré, peu d'éléments outrageusement personnels. Un ordinateur portable qui offre un fond sonore suffisamment discret pour ne pas être dérangeant mais assez présent pour combler le silence. Il ne devrait probablement pas le faire, mais effleure l'écran du bout des doigts pour le sortir de veille, pensant tomber sur la playlist et ne s'attendant pas à voir popper une discussion par-dessus la fenêtre. Il détourne le regard, sourcils froncés et conscience hésitante, mais trop tard : déjà, quelques mots persistent à demeurer figés sur sa rétine.

hot as fuck-
so pretty when you beg for me to ravage you
(...) wasn't even in the script
wanna take a look ?


S'écarte à reculons, tente d'accrocher son attention ailleurs pour chasser de son esprit les questions qui y pulsent déjà follement.
Revient inéluctablement au point de départ, jure en découvrant sa main à quelques centimètres à peine — à deux doigts de scroller indiscrètement —, la referme brusquement en poing lorsque retentit la voix de son hôte. Il met un instant à percuter la question qui lui est posée, avec l'impression que son esprit sort de très loin, mais finit par capter les syllabes et parvenir à les remettre dans un ordre compréhensible. Jap, noich, viet, italien, something else entirely ? Kass ne s'accorde pas une seconde de réflexion, sa seconde paume pressant contre son estomac grondant bruyamment à l'appel de la faim. I'm good with whatever you want to eat, il offre avec un haussement d'épaule qu'Ilang ne percevra pas anyway. Or should I rather order a pizza ? Err... brève pause, le temps de recentrer ses pensées.
Il se peut que son index ait... dérapé sur un lien.
Il se peut qu'une sextape se soit lancée en conséquence.
Ou pas ? Plutôt un—
Yeah, make that three ? I can eat an awful lot of that shit.
.... film.
Avec— genre, direction artistique et tout le reste. Angles de vue variés et.
Close-up shots.
Il fait avancer, avancer, avancer. Passe de foreplay à action, lèvres entrouvertes sous le choc tandis que ses iris dévorent le corps de Nashoba qui se délie sous les doigts experts d'un partenaire dont il voit à peine le visage.
Oh.
Oh.
Il ne sait pas trop ce qui le pousse à le faire, mais plug son téléphone à l'écran. Laisse s'écouler de ses lèvres un souffle bas telle une ébauche de rire, mais incrédule et dépourvue d'amusement, lorsque l'appareil le reconnaît — au vu de l'état de son tel, il s'attendait presque à ce que ce monstre dernier cri l'envoie se faire voir en le déclarant obsolète. Mais non — ça marche. Ça passe. Coup d’œil nerveux par-dessus son épaule. Il s'humecte les lèvres, regard retombant sur la barre indiquant le statut du téléchargement ; se torture la lippe de ses incisives lorsque le chargement ralentit et se suspend ; tape du pouce contre la surface du bureau.
Un son retentit trop bruyamment pour lui en signaler la fin et il l'arrache presque de l'écran, ayant à peine le temps de fermer la vidéo et d'émerger de derrière l'ordinateur avant que Nao, alerté, n'apparaisse sur le seuil, sourcil arqué. Et Kassian ne peut plus tout à fait le regarder comme s'il ne venait pas de le voir écarter les cuisses et demander plus, assez irrésistible pour faire rougir de jalousie la plus adulée des pornstar—
A moins qu'il le soit ?

'twas my phone. Gotta go. Mouvements rigides, face blank, les you're fucking kidding me de Nashoba ne suffisent pas à stopper les gestes secs qui font chuter le peignoir de ses épaules et la frénésie avec laquelle il réenfile ses fringues, zappant le calbar dans sa hâte et optant pour le fourrer dans son sac. Hm, il se racle la gorge, s'oblige à le regarder en face pour ne pas sembler encore plus louche. Cligne des yeux ; tentative qui ne suffit pas à chasser l'image qui se superpose à la réalité — les même prunelles, dilatées par un plaisir brut (ou feint ?). Do you- (fake it, when you're on screen ?) Il ravale juste à temps la question aussi audacieuse que malaisante. Son regard dérive malgré lui au niveau de la clavicule, actuellement couverte, où trône peut-être encore un suçon (ou était-ce du maquillage ?).

Kassian finit par opter pour fixer un vague point au-dessus de la tignasse brune d'Ilang. Never mind. Thanks for the bath and— and sorry 'bout dinner, I guess. I'll see you around. Or not. Le dernier mot s'orne d'un énième juron après qu'il ait contourné Nashoba pour filer en direction de la porte et se soit pris le cadran dans l'épaule. Ça se répercute douloureusement, ravivant les douleurs nullement apaisées, temporairement oubliées par la seule force de l'habitude. Un souffle, et il disparait.
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Nao Ilang
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JUL. 14 2012 — Ouh-ouh, Nash et Kass pour un tête-à-tête au paradis ! Roulement des yeux et doigt d’honneur aux crétins qui poussent même l’exagération jusqu’aux bruits de baiser quand les concernés quittent le cercle en direction du placard spécialement décoré pour l’occasion. Un coup d’oeil à Scott et Nashoba a envie de call it off ; Scott s’en réjouit un peu trop à son goût, pas parce que ça lui donne la trique de voir Nao dans les bras d’un autre mais plus parce qu’il prend un malin plaisir à descendre Stilinski à chaque occasion. Tu sais c'qui s'rait drôle babe ? Que tu tombes sur la demi-portion en tournant la bouteille, lui avait dit Scott sans remord, un peu plus tôt. Peut-être que Nashoba a manipulé l’air pour faire tourner la bouteille quelques millimètres sur la gauche, direction Stilinski. Or maybe not. Peut-être qu’il a envie de lui montrer à quel point ça s’rait drôle. Or maybe not.

La porte du placard refermée derrière eux, Nao s’extasie devant la star flashlight qui diffuse les étoiles artificielles au plafond, la lumière légèrement tamisée les plonge dans un canevas pigmenté de céruléum et de cornaline, malgré l’espace légèrement étroit du placard sous l’escalier. Au moins, ils n’sont pas collés serrés – même s’il suppose que c’est l’but. Mordillement de sa lèvre, son regard quitte les étoiles et se pose sur Kassian avant de tomber par terre après que celui-ci ait relevé la tête. Wow, quelle ambiance. Oh. Il porte des chaussettes Iron Man. “Nice- huh, socks” – really, la première chose que tu lui balances c’est nice socks. “I’m more of a dc fan anyway”, intéressante façon de faire la conversation, Ilang. Le deuxième sujet que tu vas aborder, ça sera quoi, le réchauffement climatique ? Kassian lâche une réponse inaudible mais probablement pas super importante puisqu’il ne semble pas intéressé de pousser le sujet des chaussettes plus loin. C’est jamais soft avec cette bande, y’a des règles strictes qui s’appliquent même dans le placard mais Nashoba ne se voit pas forcer Kassian de faire quelque chose qui le rendrait mal à l’aise, encore plus qu’il ne l’est déjà ; mais ils ont un peu plus de six minutes encore à tenir et s’ils ne brisent pas ce nuage violacé et malaisant, ça sera pénible à tenir jusqu’au bout, bras ballants et regards fuyants. Il se passe la langue sur les lèvres, geste nerveux qu’il camoufle derrière un sourire en coin et une pseudo-confiance en soi. “How about we do the eye contact experiment for three minutes ? No talking, no touching, no funny faces, nothing.” Stupide idée, comme s’ils réussiront à créer une complicité (ou une connerie du genre) en quelques minutes ; ça semble fun sur papier pourtant. Le plus jeune a le regard fixé sur la porte et les doigts crispés le long du corps ; Nao sait ce qui va suivre avant même qu’il ne réponde. “No, thanks, I’-” mais il l’interrompt, bras croisés sur son torse et sourire devenant taquin, la lueur malicieuse dans les yeux. “Are you telling me you’re chickening out ?” À ça au moins, le regard de Stilinski se pose sur lui. “What ? No !” Funny, il recule dès qu’il est hors de sa zone de confort mais une fois provoqué, il rapplique et montre ses crocs ; ça l’intrigue. “Scared, Stilinski ?” Qu’est-ce qu’il cache encore sous sa carapace ? “You wish.” Probablement rien qu’une coquille brodée dans la timidité reposant sur un lit d’amertume. “Then prove it to me.” Un battement de cils avant qu’il ne cède. “Fine. You’re on.” En un clic sur son portable, il enclenche le chronomètre.

Dans son regard anthracite nébuleux, il voit l’inconfort, la réluctance, la frustration. Piqué d’une lueur charbonneuse, il voit l’ennui chauffé à blanc. Mais ce qu’il voit surtout c’est la détermination couleur rouge furie qui l’oblige à garder ses pieds cloués au sol, son propre regard ne flanche pas d’un millimètre. Puis il voit quelque chose qui redonne vie à tous ses sens, ce regard dur qui le transperce mais qui laisse une trace chaleureuse sous son épiderme. Sa nuque chauffe, il sent quelque chose brûler ses joues – oh god, faites qu’il ne rougisse pas. Une minute s’est écoulée depuis le début de l’expérience et il regrette sérieusement de l’avoir proposée. Je déteste ses yeux, le genre d’regards qui abîment et sévissent sous ses vêtements et sa chair et son cœur et putain qu’il déteste ses yeux qui l’laissent complètement déstabilisé en même pas une minute. Ses jointures blanchissent blanchissent blanchissent parce qu’il a beaucoup de mal à soutenir son regard, à ne pas fixer ses lèvres. Il s’humecte les siennes une seconde fois, pas de nervosité mais d’envie, celle de planter ses dents sur sa peau, d’y laisser des marques, de remonter jusqu’à ses lippes entrouvertes et s’enivrer de son contact. Kassian avale durement sa salive, sa pomme d’adam bougeant et Nao le regarde faire, ses yeux tombent pendant une seconde sur sa gorge avant de remonter à ses yeux, plus vifs et intenses, il fait un pas vers lui mais Kassian recule. Dans son regard, l’ennui laisse place à quelque chose mais qu’il n’arrive pas à nommer mais qui semble animer les traits de Stilinski, quelque chose comme désir mais éphémère comme les cherry blossoms : c’est beau et intense pendant un moment puis se flétrit pour ne rester que des ruines cendrées. Peut-être qu’il voit du désir parce qu’il a envie d’y voir autre chose que de l’ennui à son égard.

Et juste comme ça, les trois minutes sont écoulées. Il se sent pantelant, légèrement désorienté, complètement grisé, écarquille des yeux, une, deux, trois fois, ils sont immédiatement arrachés à leur rêverie mais la bulle est toujours intacte ; leur bulle. Tend la main pour caresser la joue de Kassian mais se défile en la glissant dans ses propres mèches pour les écarter de son front. Fixe ses lèvres sans retenue, malmenées par ses dents de lapin pendant l’expérience, fixe ses yeux qu’il déteste tant mais ne peut s’empêcher de s’y perdre, fixe sa dégaine d’adolescent mal à l’aise pas spécialement attirant ni repoussant, juste quelconque mais qui donne envie à Nao d’y faire glisser ses doigts. “I wish I could kiss you right now, Kassian,” un pas vers lui, réduisant la distance de quelques centimètres, il se retrouve tout près sans pour autant oser l’approcher davantage. Son souffle sur sa bouche, ses lèvres à quelques centimètres des siennes, pourtant, jamais il ne le touche mais c’est tout comme ; l’effet grisant de l’expérience cause un aftermath de proximité sans contact, complicité sans paroles, toucher sans toucher. “Because I would beg just one off you. Under all this.” De la main, il lui montre les étoiles-
Et un peu son cœur.

Des coups sont portés contre la porte, signalant la fin de leur round. Sept minutes au paradis écoulées. Le charme rompu, avant de sortir, il passe ses doigts sur la tignasse de Stilinski pour y mettre le désordre avant de faire le même châtiment à ses propres cheveux, froissant légèrement leurs vêtements pour leur donner plus de crédibilité. “We can pretend it happened.” Prétendre qu’ils auraient pu être quelque chose. Conclusion concise et pristine de ce quelque chose qui n’a jamais eu lieu et qui ne se reproduira probablement jamais.

JAN. 02 2018 —No more loans, I'm not your fucking piggy bank!Come on, Frank, you like me.” Sa nature clingy prend le dessus sur sa vibe négative quand son dealer habituel refuse de lui filer sa came ; sous prétexte que Nashoba lui doit des sous. Kind of vrai. Le problème avec Nao c’est qu’il est plongé dans les dettes jusqu’au cou, fracture sinueuse dans les emmerdes qui l’obligent à faire des choix. Frank ne fait pas spécialement partie de ses priorités à l’heure actuelle.

En fait, il en a pas.
Il en a jamais eu.

Shut up, it ain’t true. Come back later, I’ll see what I can do.” And yet, Frank n’est pas complètement fermé à l’idée de lui faire une avance ; cool. Frank, c’est le type dans sa caravane qui vadrouille sans remords dans les quartiers pour vendre la skam mais qui reste principalement dans la décharge désuète et coincée entre les montagnes. Pour la tranquillité d’esprit, qu’il a dit à Nao une fois ; y’a quelque chose d’apaisant de se retrouver seul ici, loin du brouhaha citadin et des bousculades intempestives. Pas profondément un enfoiré mais pas un softie non plus, juste un type qui fait son business sans pour autant agresser les petits jeunes qui ne peuvent pas lui payer à temps. Ça veut pas dire qu’Ilang peut en abuser, loin de là, il sait ce qui peut lui arriver si le boss de Frank l’apprend ; still, temporairement ça le dépanne. Il n’sait pas quand il pourra le payer mais hopefully, ça ne traînera pas trop.

Après tout, vivre dans un écran craquelé lui remplit les poches.

Hier il a eu un tournage qui va lui rapporter gros. Kinda. Spécial nouvel an, avec beaucoup d’entrave aux poignets et chevilles, beaucoup de gens pour une pièce étroite, beaucoup d’heures pour quelque chose qui sera édité et raccourci, balancé sur une catégorie précise d’un site pullulant de ce genre de vidéos. Après un check à Frank, il quitte la caravane et se dirige vers sa propre voiture, direction nulle part. Terrassé par la fatigue, autant émotionnelle que physique, il se cache derrière un onesie en forme de dinosaure et espère que les troubles violacés tapissant son corps guériront rapidement pour qu’il puisse envisager des vêtements moulants. C’est pas une bonne journée, cette sensation vibrant dans sa cage thoracique, cette familiarité lui empoignant tout son cœur. Y’a des journées comme ça qu’il préfère passer au lit, oublier que le monde existe, oublier qu’il a des dettes. Y’a des journées où sa médication empire légèrement son état ; c’est le cas, aujourd’hui. Un peu. Peut-être juste un mauvais pressentiment qui va se dissiper une fois qu’il sera dans un coin familier, avec des têtes familières. Se tenir à sa routine, c’est ce qui lui permet de ne pas trop se perdre dans sa tête. Il roule jusqu’à Arcadia, dans son café favori, commande son habituel et s’installe à l’écart avec ses bouquins et sa morosité qui prend trop de place. Il se perd un peu plus, quand il est seul, quand un tournage ne se déroule pas comme prévu. C’est pas qu’il voulait pas, ce qui est arrivé hier – c’est juste incroyablement démunissant de se rendre compte qu’il n’y a pas d’après. Qu’il y a juste un corps et rien derrière. Malheureusement, son corps se vend bien. Mais le reste, sa personnalité, son idiosyncrasie, son cœur- c’est… inintéressant et beaucoup mieux à l’intérieur de la benne.

Se noie dans sa tasse pour éviter que les pensées ne pullulent déjà dans sa tête criblée de migraines. Ouvre un manuel sur John Cage mais le bouscule loin sur la table, comme piqué par un serpent venimeux ; comme si éloigner le bouquin rendrait le calvaire moins pénible. Avec un peu de skam, ça passerait mieux. Mais il a fumé tout son stock. En dénichant son sachet de tabac à l’intérieur de son onesie, il le dépose sur la table et ouvre la fenêtre. Même pour ses feuilles, il est dans la dèche : il a utilisé toutes ses feuilles transparentes mais a eu la flemme d’aller en racheter, se retrouve avec des feuilles colorées. Et en or, en plus, fancy motherfucker malgré lui (cadeau de Nell pour noël qu’il n’a pas osé jeter à la poubelle ; whatever, tant qu’il peut fumer, il va pas cracher dessus). Les phonèmes des badauds passant près de la fenêtre l’ancrent dans le présent taillé dans l’incertitude et l’absence d’avenir, se raccroche à sa cigarette roulée dans la hâte, souffle la fumée, positionne ses yeux sur la marque cerclant son poignet. Tired. Le genre de fatigue surmontable et qui partira bientôt. Il relève hasardeusement ses yeux érodés en tirant le cendrier quand il tombe sur la silhouette de Kassian se dirigeant vers lui ; déterminé dans ses traits, calme en apparence mais une tempête se prépare derrière ses prunelles grises. Funny, ils se croisent trop souvent ces derniers temps. Il se passe la langue sur ses lèvres, à cause d’une habitude nerveuse qu’il camoufle sans peine. “Fancy seeing you here !” Il n’peut pas fake la sincérité de son sourire parce qu’il peut pas nier que ça fait plaisir d’avoir quelqu’un dans les parages, même pour un instant. C’est déjà assez pour qu’il ait l’impression de ne pas être pas juste Kashmir mais Nashoba, étudiant au parcours chaotique, désintéressé par les cours, désillusionné et n’ayant aucune passion dans la vie. N’ayant aucun talent à part celui de se mettre à genoux. Même si ce quelqu’un, c’est un type qui le méprise jusque dans son essence tourmentée par un ressac. Ils sont faits de fumées incompatibles, bittersweet ending avant même que quelque chose n’ait le temps de naître. Retrouver Kassian a été easy, c’est comme s’allonger sur l’herbe encore fraîche de la pluie de la veille et regarder le ciel avec un filtre clair-obscur pour cacher la tempête ; still, passer quelques minutes en sa présence et c’est l’effondrement émotionnel et le blackout complet. Il aurait dû se méfier.
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Even Stilinski
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2JAN 18. Souffle chaud contre paume glacée. Le temps est probablement plus clément à Central City que n'importe où à travers les univers multiples qui s'entrecroisent et, pour une fois, Kass se réjouit presque d'en côtoyer les beaux quartiers, encore gourd de son dernier passage à Néphède. Son unique main de chair porte les stigmates d'une vague de gel qu'aucun de ses contemporains ne saurait dater, lacée du murmure d'un froid mordant mais étranger. Ses phalanges dérapent sur la surface lisse des prospectus sans parvenir à en saisir une au sommer de la pile, papier englué par l'humidité ne soulageant en rien la maladresse des blocs de glace que semblent être devenues ses extrémités.

La bagarre à sens unique se prolonge tout le long de son périple à travers les rues que GAÏA lui a généreusement concédé l'autorisation de maculer de tracts — c'est que Sian est, après tout, un citoyen respectable et un artiste prometteur, là où toutes les autres identités qui s'affrontent en duel sur ses fausses cartes n'ont pour principal objectif que de rester loin des radars. Il œuvre diligemment, motivé par une deadline fixée avant même que ne soient réunies les conditions du shooting — imperturbable jusqu'à passer la vitrine d'un café à l'intérieur duquel se démarque un dino qui lui arrache un demi-sourire. Son regard s'accroche presque machinalement à l'onesie qui lui inspire d'innombrables souvenirs liés à l'époque où il vivait encore sous le même toit que ses proches ; mais s'il s'attend à trouver dans cette silhouette excentrique un gamin lambda, ce sont les traits qui s'y révèlent qui freinent son avancée avant de l'arrêter net, faisant muer l'amusement safran en un dilemme cobalt. Quelques secondes d'hésitation à peine et jure dans son absence de barbe en se surprenant à pousser la porte de sa main d'acier. Un tintement accompagne son entrée, banalité vieille comme les mondes, et il rentre la tête dans son écharpe avec l'impression aussi dérangeante qu'erronée de voir toutes les prunelles des lieux se tourner curieusement vers lui. L'accuser, même— de céder à la tentation écarlate que représente Nash, fléau de toute une vie.  

Rien ne le salue réellement, toutefois, hormis la tonalité joyeuse et calculée d'une serveuse... et puis, sans crier gare, l'attention de Nashoba, dérobée à la boisson chaude coincée entre ses mains pour se focaliser sur lui. Kass prétend passer son chemin, résolument concentré sur le bar qu'il ne voit pourtant même pas, avant de feindre la surprise à l'entente du Fancy seeing you here ! qui fuse sur son passage. Il suspend sa quasi course, pèse réellement le pour et le contre, laisse retomber ses épaules en une mimique typiquement désabusée en se sentant perdre la lutte contre lui-même ; défaite et instabilité chronique cristallisées en teinte mélèse. Il consent alors à trainer des pieds jusqu'à la table et à se laisser tomber dans un siège libre face à Ilang. All alone again ? Il s'étonne sans tact aucun, questionne sourcil arqué ; curiosité que sa synesthésie pare d'une acidité agressive, jaune citron. C'est ainsi qu'il l'a croisé toutes les autres fois, depuis que Nashoba a refait irruption dans son existence pour vraisemblablement ne plus en sortir, et le constat est déboussolant : il n'avançait que rarement en solo, avant. Toujours flanqué de besties ou glué aux lèvres d'un boyfriend, une main possessive glissée par un autre dans la poche arrière de son jean, rire cristallin captant toutes les attentions. Oriel quelques jours plus tôt puis à nouveau Arcadia, à croire qu'il fuit les codes de luxe associés à son rutilant penthouse au sommet du monde. Watcha doing here hyung ? Gotta get shit done for uni ? Il pose un coude sur la table pour appuyer son menton au creux de sa main et détailler avec une grimace les fiches de cours qui s'étalent sur la surface de la table, dégoût gris de lin lui courbant les commissures. Faut dire qu'il n'a jamais franchement aimé l'école, Kass, et à vrai dire, sans même le plus basique des diplômes en poche, le moins que l'on puisse dire est que le sentiment est indéniablement réciproque. Et puis il déchiffre les titres des bouquins et autres papers disséminés ici et là et déglutit en se renfonçant dans son siège, part passion piquée et part humaine renfermée sur ses trauma ; il songe sans émotions limpides (jeux de couleurs habituellement omniprésent, soudain engloutit dans un trou noir aux ombres monochromes) à son propre apprentissage des faits, des techniques et des références, des époques et des dates, des styles et des mediums ; à ses débuts de Heathen, à tout ce qui a officieusement parachevé la formation de Sian en créant Arsen. Joue nerveusement de sa main libre avec les flyers encore roulés entre ses doigts, avant de poser sur la table la pile malmenée. It doesn't really look like you. I mean. With that mouth you could be, like, a model or something. An actor, even ? Il le regarde du coin de l’œil, guette malgré lui une réaction à la référence à son... boulot. La dimension offensante de sa remarque lui échappe même entièrement, à Kass ; dans son esprit tout est clair : il ne le réduit pas à son seul physique ou à un faciès attrayant, pique seulement là où converge involontairement l'attention de son deuxième cerveau, le premier partiellement court-circuité depuis qu'il sait.

L'atmosphère chute d'un degré, bleu glacé, mais il ne s'en blâme pas, peut-être trop occupé à fixer lesdites lèvres, carmines et appétissantes, pour s'en apercevoir ; elles se pincent un instant, avant de se lisser en un sourire un peu forcé, tension grenat, qui en un battement de paupière se fait séducteur. Puis fane, au profit d'une moue surprise. Suffisamment pour que les iris anthracites de Kass se relèvent, inquisiteurs, vers ceux de Nashoba. Nashoba qui lui, s'est tourné vers ses flyers, pour en saisir un entre deux doigts et demander si le shibari indiqué sur sa recherche de modèle implique du contenu explicite. Ses phalanges nerveuses s'égarent dans ses mèches brunes en quête d'un point d'ancrage, à la fois choqué et blasé par la facilité avec laquelle la présence de Nashoba lui fait, encore aujourd'hui, perdre contenance. Not at all— well, it's for an exhibit so it can't be strictly erotic, il précise ; se racle la gorge, change de position. I'm more willing to explore it from an artistic standpoint. I'm— il s'interrompt le temps de fouiller dans la poche de son blouson et complète, preuve à l'appui sous forme de la carte de visite qu'il tend — I'm a professional photographer now, you know. Et il est rare qu'il le clame, associe volontairement son visage à son pseudonyme d'artiste ; mais en l'occurrence, la façon dont Nashoba parcourt le flyer, pensif, sourcils froncés, lui inspire l'espoir un peu dingue de l'enrôler.

Ce serait un clin d’œil plus ou moins amusant du karma ; le garçon qu'il photographiait à la dérobée, adolescent, épousant officiellement son objectif après toutes ces années.

L'idée fait son chemin, éclot et s'épanouit en lui telle une plante carnivore qui déjà, lui dévore l'âme, le fait esclave. Car il n'en faut pas plus pour que l'imagination s'en mêle, érige en évidence la façon dont ce regard fatigué et envoûtant dans un écrin de longs cils sombres, et ces traits doux quoique comme tracés à la serpes, ressortiraient, exquis, immortalisés par l'appareil. Et tout à coup ce n'est plus une envie, mais un besoin. Would you like to try ? You'd be amazing, I think. Il pourrait se faire tentateur et caressant, chercher à le convaincre ; mais la lueur hésitante dans les yeux de Nashoba tire désagréablement sur une corde intangible. Il lui semble qu'aucun autre ne collerait, tout compte fait, et il ne saurait dire pourquoi il n'y a pas songé plus tôt, tant cet homme est celui qu'il lui faut. Il n'y a que ça : l'inspiration un brin obsessionnelle, tout en saturation abrupte et excès de magenta, et la crainte de le voir lui filer entre les doigts, de devoir se contenter d'un modèle de second choix, déception pâlotte, nuance soufre. Il n'y a que ça, qui prime lorsqu'il ajoute : And you're familiar with bondage already, aren't you ? La suite s'impose sans qu'il n'y ait clairement réfléchi en amont, pression-provoc au climat maléfique du vert viride, telle la profondeur d'eaux immobiles — menaçantes. I could... keep my mouth shut about your dirty lil' secret, if you were willing to at least give it a try.
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Nao Ilang
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Watcha doing here hyung ? Gotta get shit done for uni ?” Sadisme révélé par cette dernière question, traumatisme des cours et des futurs examens venant frapper Nashoba de plein fouet. “Why you gotta kill the mood, you fucker.” Au moins pour cinq minutes il avait oublié l’outrage de son réveil matinal qui creuse une grimace sur son visage crayeux. Et outre la haine qu’il porte contre son réveil, la simple perspective de se rendre aux examens paralyse ses membres comme une chape de plomb de médiocrité ; véritable imposteur autant sur papier que dans la vie de tous les jours. Prochaine réorientation envisagée pour camoufler son incapacité à réussir quelque chose mais probablement qu’elle sera tirée au sort alors il y a des chances qu’il se rate de nouveau.

Kassian s’installe comme s’ils étaient deux vieux potes retrouvés dans un café, curiosité étalée dans ses prunelles et tirant même ses sourcils de concentration. Inspection cursive des divers bouquins dispatchés sur la table comme s’ils contenaient la peste en personne dans leur encre sombre. Nashoba ose le contempler sans aucune discrétion, cigarette replacée entre ses lèvres rougies et regard brumeux glissant sur chaque millimètre carré composant Kassian Stilinski, tiré à quatre épingles par un costard sombre que Nao qualifie de cheap. “It doesn't really look like you. I mean. With that mouth you could be, like, a model or something. An actor, even ?” Mais-quoi-putain- Nashoba est contraint de reprendre sa cigarette entre les doigts pour le dévisager plus ouvertement, cette fois-ci focalisant son attention sur le choix des mots que sur le physique attrayant qu’il a en compagnon d’infortune. Pretty face, shitty personality, don’t get fooled. “That almost sounds like a compliment.” Les traces d’un quelconque engouement s’évaporent, rendant ses traits légèrement plus forcés, le mot acteur le fait tiquer ; pas à cause de son métier actuel (pas moyen que Kassian soit au courant, l’enfoiré aurait probablement fait profit sur son dos en revendant ses films) mais l’impression mesquine qu’il vise ses tentatives ratées au drama club. Inspire - expire, Stilinski n’était même pas dans les parages quand Nashoba s’est embrasé de honte, dégoût d’une passion laissée sur scène. Juste une coïncidence, juste une coïncidence, juste une coïncidence-

Shibari ? Oh, I've heard of it. It’s like rope bondage, right ? Your main purpose is porn ?” Feindre l’ignorance en se concentrant sur le flyer done. Intérêt piqué dès le moment où ses yeux sont tombés sur le mot shibari pourtant pas capable de se présenter en tant que modèle ; ça serait jouer avec le feu et Kassian tient l’allumette de son âme. “Not at all— well, it's for an exhibit so it can't be strictly erotic, I'm more willing to explore it from an artistic standpoint. I'm— I'm a professional photographer now, you know.Oh, is that so.” Sans accentuer par un point d’interrogation, le regard parcourant la carte visite. Ses sourcils disparaissent légèrement sous la capuche de l’onesie. Même le gosse duper s’est trouvé sa voie - son métier. Sourire mi-intéressé, mi-envieux, Nashoba attrape le bloc-notes qu’il utilise le plus et insère la carte à l’intérieur, comme une façon de garder la réussite d’un autre près de lui, dans l’espoir que ça lui arrive aussi.

Would you like to try ? You'd be amazing, I think.” Il relève brusquement la tête, cligne des yeux face au second compliment qu’il lui a lancé, Kassian qui chavire un premier rempart parmi un millier. La méfiance, pourtant, toujours là. Don’t get fooled - Kassian a le goût de l’incertain et de l’imprévisible mais certainement pas de la sincérité. Et puis- “And you're familiar with bondage already, aren't you ?” Sa cigarette s’est consumée complètement, devenue mégot de l’âpreté sur la céramique de cendrier. “I could... keep my mouth shut about your dirty lil' secret, if you were willing to at least give it a try.

Il sait.
Il sait.
Il sait.

Atmosphère oscillant vers le glacier qui semble avoir goudronné ses pieds au sol, l’empêchant de bouger d’un pouce, de même envisager de prendre la fuite. Tout prend son sens, d’un coup : ses jeux de mots, compliments forcés, tout menait jusqu’à ce moment amer. “Whatever you think you know, I’m not a whore.” De panique, il commence à fourrer dans son sac la paperasse, se fustige mentalement d’avoir tout balancé n’importe comment parce que ses doigts tremblants glissent sur les feuilles. “How do I block you in real life ?” Marmonne-t-il une fois que tout est zippé et la sangle passée sur son épaule. Il se rassoit pourtant, regard incendier fixé sur Stilinski qui n’a pas dardé un cil, imperturbable. “I’m not a. Whore.” Et la plus cheap, de surcroît : le shooting sera probablement gratuit. “Find someone else, I’m out.

... of your closet ?” Le ricanement de Stilinski, Nashoba le perçoit comme s’il jouait au yoyo avec sa vie. “Indeed.” Mais rapidement ses traits se durcissent, toute expression moqueuse disparaissant du visage de Kassian, devenant inexpressif ; il se penche par-dessus la table pour lui annoncer sa sentence : “I may not have been clear enough. Do it or I'll send that video to the entire campus.” Et s’enfonce dans son siège, comme si de rien n’était. “Scratch that : to the entire world.” Son estomac se tord, son cœur s’accélère, sa tête explose ; y’a finalement quelque chose dans ce monde qui fissure sa carapace. Et il a peur. “Okay, fine, whatever.” Ses doigts crispés sur la sangle de son sac, regard peint de fausse certitude et sourire tiré par l’agacement, il compte le nombre de ratés de son cœur. Trop pour qu’il puisse tenir le rythme. Pas assez pour couvrir la voix de Kassian qui répète en boucle I could keep my mouth shut about your dirty lil’ secret. La seconde d’après, secoué brusquement par les rires d’un autre client, Nashoba se ressaisit et attrape de la boisson pas du tout entamée qu’il avait achetée tout à l’heure et la renverse sur Kassian, feignant cette fois-ci la maladresse. “Oh, I’m sorry, I’m such a butterfingers!” Sous-entendu voulu. En quelques enjambées, il se retrouve sans trop savoir comment dehors et les pas hâtifs en direction de son appartement ; le cœur toujours embrasé sans que les battements ne soient calmés. Il est complètement et irrémédiablement foutu.

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