NÉPHEDE Néphède est synonyme d’éternelle grisaille et de majesté ténébreuse. De crachin glacial qui ruisselle en continu sur les nuques. De gouttes gelées traçant de simili stalactites sur les rebords ornés de gargouilles de pierre des tours gothiques. De bitume maculé de flaques miroirs qui décuplent à l’infini les grattes-ciels aux vitres par milliers et causent la mauvaise humeur de la cohue de piétons détrempés par les conducteurs insensibles. Sous l’oppressant manteau d’un ciel tantôt dépourvu d’étoiles tantôt chargé de nuages menaçants, endémique au continent, le fil de la vie se déroule à l’accéléré.

ALTEA Altea est l'alliance de l'homme et de la nature, de l'écologie et du futuriste. Ses habitants ont ceci de particulier qu'ils maîtrisent la small science, mère d'une pléiades d'aptitudes remarquables : manipulation des éléments, des matériaux ou des corps, à un niveau moléculaire. Mais loin de la perfection soigneusement entretenue de la capitale, de ses tours de verre excentriques et de ses espaces verts à perte de vue, misère et violence prennent le relai. Dans les stations plus reculées vers lesquelles aboutissent les rames de métro, les murs sont souillés de graffitis que nul ne se fatigue à effacer, les bâtisses perdent en luxe pour s'avilir sous les traits de la pauvreté, et les guerres de gang divisent les territoires. A vrai dire, les placards cachent tous les mêmes squelettes, qu'ils soient sertis d'or ou pourris par une humidité mordante : des prunelles dilatées par la drogue, des cadavres de bouteilles, et toutes les formes de vices pouvant pimenter la vie de l'homme.

SIGAN Du luxe au sordide, la technologie évoluée est omniprésente sur Sigan, terre d'artifices. En témoignent notamment New Brasilia, la plus riche de ses villes, et Casma, son extrême opposé. Entre néons glacés et publicités futuristes, la population se fait hybride : l'homme nait rechargeable, sa survie et ses factures dépendant des caprices d'un compteur intégré à son avant-bras. Et cette perspective de longévité exceptionnelle n'est pas tout, car aux humains se mêlent des robots dotés d'une intelligence artificielle si développée qu'elle nourrit une conscience et des sentiments. Il y a quelque chose de malsain, pourtant, dans l'obligation de payer de sa vie les nécessités du quotidien. Et de sordide, assurément, dans la façon dont les uns claquent des centaines d'années en resto et trivialités tandis que d'autres crèvent dans les rues impitoyables du ghetto, vidés jusqu'à la dernière seconde pour un simple pass de bus.

TERRE 2000 ans se sont écoulés depuis qu'un holocauste nucléaire a ravagé et irradié la Terre. Polymères humains annihilés, tambouille génétique foncièrement transformée, écosystème bouleversé, biodiversité refaçonnée par de profondes mutations… Ne reste de la planète bleue qu’un paysage post-apocalyptique dévasté peinant à se relever de ses cendres ; vaste château de cartes aux bases branlantes reposant en équilibre précaire sur une surface défigurée par l'excès de radioactivité. Voilà cinq ans que les Hommes ont abandonné la navette spaciale les ayant maintenus en vie et luttent pour leur survie au cœur d’un environnement méconnaissable. Confrontés à des créatures à l’apparence souvent hostile (nombre anormal de pattes et de globes oculaires, déformations proéminentes, etc), mais dont quelques-uns se sont avérés domesticables ; à une végétation traîtresse et à ses thalles empoisonnés ; à un climat difficilement prévisible, bardée de perturbations aussi surréalistes que destructrices. Exit les notions de civilisation et d’unicité : l’arrivée sur Terre a été marquée par une rébellion massivecontre les chefs d’équipage ayant tout régenté durant les deux derniers millénaires ; plusieurs d’entre eux ont été tués et à présent, la reconquête du territoire s’orchestre sur un air de marche ou crève. Les lobsterriens, qui s’élèvent à deux centaines à peine, ont éclaté en factions indépendantes qui établissent chacune leurs lois… tantôt humaines, tantôt bénéficiables au plus fort.