Le Deal du moment : -39%
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
Voir le deal
399 €

Partagez
 

 a rough outside with a gentle heart (malfan)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Invité
Anonymous
Invité

a rough outside with a gentle heart (malfan) Empty
AOÛT 2017

Le bruit s'évade de ses lèvres alors qu'autour d'elle, des milliers s'éveillent. Mallory les entend tous avec attention, chacun d'entre eux. Elle a conscience des oiseaux qui dorment paresseusement dans un arbre à quelques pas et d'autres, un peu plus haut dans les airs, qui planent et qui hurlent des paroles que plusieurs ne comprennent pas. Il lui arrive parfois de croire capter certains mots - pas de réels mots, mais des mots qui leur appartient - et elle ouvre sa fine bouche pour leur souffler des paroles qu'elle pense similaire. À certaines occasions, des oiseaux viennent se poser près d'elle. Mal se demande parfois s'il s'agit de ceux qu'elle a sauvé ; la sorcière ne peut s'empêcher de soigner les pauvres bêtes qu'elle trouve au sol, tombées en bas de leur nid pour la plupart. Ils ne restent jamais longtemps et ne pensent pas être redevables. Mais parfois, certaines bêtes volantes s'approchent d'elle et Mal les observe dans les yeux et se demande si ce sont eux. Elle leur demande, au travers d'un regard mystérieux. Ils s'envolent et ne disent rien. Elle ne les comprend pas parfaitement, encore. Mais peut-être qu'elle ne les comprendra jamais. C'est peut-être pour cette exacte raison qu'elle les apprécie autant. Pour les mystères. Elle a cherché si longtemps à percer tous les secrets du monde, des gens ; elle ne demande qu'à les voir exister sans pouvoir les expliquer, maintenant. C'est beaucoup moins compliqué de simplement laisser les choses exister. Qu'importe les douleurs qui peuvent s'en extirper.
Dans le ciel, les oiseaux s'éloignent. Mal y perd son regard un moment, peut-être trop longtemps, mais qu'importe. Elle ne court pas après le temps. Elle le laisse filer entre ses doigts et apprécie la douceur - et la douleur - qu'il laisse contre sa chair.
Lorsque son regard tombe sur l'horizon, elle le voit au loin.
Ifan.
Mallory ne cille pas, le regard posé sur sa silhouette. Elle ne pense à rien de précis, à cet instant. Elle s'attarde simplement sur la personne qu'il est, sur ce qu'il représente, et ce qu'il lui apporte. Elle profite de l'instant. Il est à mi chemin, au milieu de la prairie, lorsqu'elle cligne des yeux et laisse son regard tombé de nouveau sur les plantes qui l'entourent. Elles commencent à être faibles ; l'hiver arrive, c'est normal. Qu'importe si elles viennent d'Altea, elles ne résisteront certainement pas au froid. Elle espère simplement qu'elles reviendront au printemps pour la surprendre. Le couteau entre les doigts, la sorcière continue à couper les plantes qu'elle fera sécher et gardera avec elle, au travers du froid. Elle se demande si elles garderont leur fonction, si elle a la possibilité d'en faire autre chose, quoi, comment, pourquoi, et des milliers de question qui la tiennent occupé pendant de longues minutes.
Elle ne sursaute pas, lorsque Ifan arrive à côté d'elle. Mallory garde le regard posé sur ses fins doigts, liant les plantes d'un bout de tissu, avant de faire la même chose pour chaque bouquet qu'elle a récolté. L'étranger est à côté d'elle depuis de nombreuses minutes lorsqu'elle lève enfin les yeux vers lui.
Mallory ne dit rien. Elle ne parle pas souvent. Elle n'a pas parlé une fois, en compagnie d'Ifan. Ce n'est pas une question de confiance en lui ; elle sent son énergie. Elle sait, qu'importe comment, qu'il est fondamentalement gentil. Peut-être pas avec le reste du monde, mais avec elle si. C'est tout ce qu'il lui faut, tout ce qu'il a fallu, cet aura, pour qu'elle ouvre la porte de chez elle. Elle lui fait confiance sans la moindre hésitation mais elle ne parle pas ; c'est en elle, qu'elle n'a pas confiance, pour le moment. En sa voix, certainement.
Sinned est partie en mission faire quelque chose qu'elle ne comprend pas réellement. Elle ne lui a pas expliqué les détails. Mallory n'a pas demandé, comme elle n'a pas demandé quand elle va revenir ou plutôt, si elle va revenir. Elle ne doute pas.
Une part d'elle sait que Sin reviendra car l'église crée un nous qui n'existe pas sans elle, et que Sin a besoin de ce nous autant d'elle.
L'endroit était silencieux depuis de nombreux jours avant qu'Ifan n'arrive. S'il vient de quelque part, qu'importe où, la triste sorcière ne questionne pas. Il vient d'ailleurs, il est arrivé ici ; ça lui suffit.
Le silence est encore présent, même si l'homme est là, maintenant. Mal ne parle pas. Elle oublie comment faire, parfois, souvent. Ifan le fait à sa place.
Un sourire finit par fleurir sur ses lèvres. Depuis combien de temps le fixe-t-elle ? Depuis quelques minutes, peut-être. Mal n'en a pas eu conscience. Elle est ici, et ailleurs. Elle n'a jamais réellement présente. Prisonnière entre le passé et le futur, si rarement dans le présent. Elle éloigne les divers bouquets de ses cuisses avant de se redresser. La sorcière est pieds nues au milieu des herbes ; à leur contraire, ses mains sont couvertes de ses gants éternels. Lorsqu'elle tend les doigts - haut, si haut, car Ifan est beaucoup trop grand - pour caresser la joue de l'homme,  il doit ressentir le contact du cuir avant de celui de ses doigts froids. Mallory lui sourit un peu plus, quelques mèches de cheveux devant les yeux, avant de tendre le regard vers ce qu'il porte sur son dos, curieuse de savoir ce qu'il a pu chasser, cette fois.
Revenir en haut Aller en bas
Ifan al-Khadiri
Ifan al-Khadiri
Date d'inscription : 30/01/2018
Messages : 332
Pseudo : neige
Avatar : Jason Momoa
multi :
sid:


Réputation : 17
Bloc-note : a rough outside with a gentle heart (malfan) W32p

a rough outside with a gentle heart (malfan) Empty
Il a marché si longtemps avant de la trouver.

Pas elle, celle pour laquelle il avait tout sacrifié non; c’était une femme différente, une femme qui vivait là et qui avait bien voulu de sa présence — les divins seuls savent pourquoi elle eut tant de clémence à son égard, et il les remerciait chaque jours qui passe depuis, de le laisser vivre, de goûter encore à ces sensations, et surtout, d’être couvé par sa bonté, à elle, l’anonyme aux yeux de biche.

C’est qu’elle ne parle pas, ou plus. Vit-elle vraiment seule, a-t-elle des gens sur qui compter, loin d’ici? Est-elle comme lui, perdue dans le temps et l’espace, à la recherche de ce quelque chose auquel ils n’auront peut-être jamais accès? Se permet-elle de rêver lorsque le silence enveloppe les arbres qui l’entourent, par l’absence d’un vent sifflant?

Tant de choses que l’altéan s’est imaginé, a voulu savoir sans jamais lui poser ces questions, faute d’avoir de réelle réponse. Mais son silence ne l’a, paradoxalement, jamais dérangé. Cela fait bien une semaine maintenant, peut-être plus, qu’elle partage son lieu de vie avec lui, un digne protecteur de la nature malgré les miles infinis qui semblent le séparer de son monde d’origine. Peu étaient comme lui, même à Altéa, là où la nature était pourtant hissée au rang de déité. C’est en ça qu’il croit, c’est en ça qu’il croira encore demain, parce qu’il n’a plus que ça pour le soulager, une foi inébranlable qui calme l’hydre qui est en lui, (et qu’il a cru devenir ce jour-là où il a dû choisir entre son frère traître et sa sœur victime), si elle savait qu’un jour il était devenu cette bête-là, le mettrait-elle hors de son périmètre d’habitat? Pourtant elle semblait bien accueillir tout type d’animaux, sauvages, parfois blessés… tous avaient quelque chose de bestial en eux, ils pouvaient se retourner contre elle, et malgré tout, elle leur ouvrait ses bras… alors, pourquoi pas lui?

Ifan qui part rarement plus d’une heure, il le lui a dit, c’est sa façon de lui dire qu’il est là et qu’il ne l’abandonne pas, même si elle sait qu’un jour il devra partir pour aller chercher celle pour qui il est venu, ce ne sera jamais sans lui dire au revoir, sans l’embrasser sur le front une dernière fois.

Ifan qui rentre de cette chasse qui leur fera à dîner pour ce soir — la nuit tombera bientôt, sauf si des nuages sombres aux apparitions aléatoires finissent par obscurcir les cieux, ce qui les plongerait dans l’encre beaucoup plus tôt. L’animal est contre son dos, il saigne encore et salit le cuir de son manteau, il l’a égorgé pour qu’il ne souffre pas davantage, puis il a prié, Ifan le fait encore, à chaque pas, remerciant les Anciens de veiller sur lui, sur eux, mais demande aussi pardon à l’animal, flatte son âme qui s’est détachée de sa carcasse — et il le remerciera encore, jusqu’à la première bouchée de sa viande tendre et chaude.

Il progresse à pas lents dans cette prairie qu’il commence à bien connaître, et lève la tête pour y apercevoir de son seul œil la silhouette lointaine de la sorcière de ces bois, presque rassuré de la voir dans son sillage. Sait-on jamais ce qui pourrait lui arriver sur ces terres ingrates et pouvant devenir si rapidement imprévisibles, mortelles. Sans même savoir tout ce que la Terre pouvait lui réserver, c’était pourtant là quelque chose dont il était certain : elle était devenue une mère impitoyable envers ses enfants, en dépit de toute sa majesté.

L’homme, une fois à hauteur, se découvre avec son ami et furet autour du cou, Loa, dont le pelage bicolore blanc-fraise tranche avec la veste en cuir sombre qu’il porte sur les épaules. Il la salue, d’une voix faible et qui portait suffisamment pour qu’elle l’entende — et porte son regard sombre à son visage, qui ne le regarde toujours pas. Elle a l’air perdue dans le lointain, même si son corps est là, affairé à trier quelques plantes. Si aux premiers abords il avait eu du mal à saisir sa façon d’être, il avait eu vite fait de comprendre que c’est ainsi que son esprit se protégeait, et avait comprit que c’était ainsi qu’elle avait réussi à survivre ici bas, seule qui plus est. Les traits du métamorphe — elle est la seule à le savoir, ici, — sont gris, et ce malgré la chasse satisfaisante, qui ravira leur estomac une fois l’heure du repas arrivée. Ça fait trop longtemps qu’il n’a pas souri, depuis qu’il a assassiné son propre frère sans doute, ou peut-être lorsqu’il a récupéré Siam brisée, pour finalement le devenir à son tour. La seule chose qui le maintenait encore en vie aujourd’hui, c’était l’espoir, et dieu sait qu’il était difficile de le nourrir chaque jour, sous peine de muter en une pensée autodestructrice.
À la regarder, Ifan se perd dans ses pensées, il y a bien cinq minutes qui s’écoulent avant que Loa ne vienne flatter de son museau le commencement de sa mâchoire inférieure, le tirant de sa rêverie. D’une voix calme, il poursuit, énonçant ce qu’il allait faire. « Je vais m’en occuper tout de suite, ce sera fait et… » il détourne les yeux quelques instants et aussitôt les eut-il reposé sur elle, la jeune femme (quel âge avait-elle?) le remarque.

Il la regarde faire, silencieux, (elle en impose face à lui, la force de la nature dont le cœur de lion a cédé face à l’incroyable prestance de cette femme), alors qu’elle se hisse sur la pointe de ses pieds, une de ses mains gantées cherchant l’une de ses joues, qu’il lui propose presque en inclinant un peu la tête vers l’avant, soufflé par ce qu’elle était en train de lui dire avec si peu de choses. Oui, c’est dans ces moments-là qu’une pensée infaillible ressurgit, comme une évidence : il ne lui fera jamais aucun mal, aucun, même si ce monde brisé, tout entier, l’y forçait. Et comme s’il répondait à une question qu’elle lui avait posé au travers d’un regard, il dit, son accent griffant ses mots. « Ça s’est bien passé. » à traduire par aucune rencontre malveillante, et même l’issue de sa chasse. « Et toi? Est-ce que ça va? » qu’il lui demande, cherchant la réponse dans un geste, un froissement de muscles, une nuance dans son sourire ou dans son regard. Le healer est là, toujours, et veille.

Puis, au détour d’un regard, d’une tête qui se penche, il découvre un peu l’animal dans son dos, secoue un peu la tête à la positive. « Loué sois les divins et la terre-mère, elle va nous nourrir deux jours si tout va bien. » et il déblatère deux-trois choses dans son dialecte natal par la suite, il n’a pas (encore) perdu ses habitudes d’Altéa, après tout il est arrivé depuis peu, même s’il a l’impression que c’est une éternité. Et ici personne ne le jugera, pas elle en tout cas, pas pour ça.

Ifan se déplace, va déposer la carcasse encore tiède de l’animal sur ce vieux banc en pierre qu’il utilisait pour le dépeçage — celui qui jouxtait les murs de cette petite église, lorsqu’il y avait encore des fidèles pour la fréquenter. Il ignorait toujours qu’il s’agissait d’un lieu de culte, ou du moins, l’était. Il l’étale avec une certaine délicatesse, et toujours avec un respect des plus nobles pour la chair sacrifiée. Il jette un regard vers la jeune femme, allant récupérer une lame de fortune, arquée qui plus est. « Si tu veux j’irais chercher de l’eau s’il en manque, j'aurais dû y penser avant de partir tout à l'heure. J’ai juste oublié comment la filtrer, il faudrait… que tu me remontres comment faire. Il a la lame dans la main et reviens vers l’animal — Ifan s’arrête un instant, près d'elle, et pose une main sur la naissance de son trapèze, toujours prévenant. Si ça te ne dérange pas. » L’hospitalité est une chose, mais ô grand jamais il se laisserait mourir les bras croisés. Il avait très vite mit son aide au service de la jeune femme et, disons, de son domaine. Il récupère également une pierre qu’il utilise habituellement pour ré-affûter l’os qui servait de couteau, observe brièvement l'une des plantes qu'elle s'était affairé à trier. « La plante aux boutons violets, elle vient de chez moi. Si tu la laisses immergée dans un fond d'eau claire et à l'ombre, elle tiendra l'hiver. J'espère juste que les lunes ne sont pas différentes ici, enfin… je crois que ça pourrais changer la donne. Mais auquel cas, on le saura, c'est toujours ça… » À chaque fois qu’il parle, et à chaque réflexion qui s’installe dans son esprit, l’homme à la crinière sauvage a cette même boule dans la gorge, il pense qu’en parlant elle va disparaître, elle et sa souffrance psychique, et il a peut-être raison… pour autant, il n’oublie pas, il a mal, toujours et se sent fautif et lourd, estropié.

Sourire…

Il faudrait qu’elle lui réapprenne à sourire, si tel était un de ses pouvoirs.

Et qui sait, elle aussi reparlera peut-être, et ce jour-là, ce sera grâce à lui.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Invité

a rough outside with a gentle heart (malfan) Empty
Autour, la forêt parle dans une langue qu'elle ne comprend pas totalement, encore. C'est bien comme ça ; chaque chose mérite de garder cette part de mystère. Peut-être fait-elle partie des mystères de la forêt. La sorcière ne comprend pas ses propres secrets ; elle ne cherche pas à les creuser, non plus. Chaque chose se doit d'être, peut-être. Chaque secret est la vérité d'un autre, et chaque mensonge susurre autre chose à quelque d'autre. Elle ne se pose plus de questions sur le monde, la sorcière. Lorsque le mystère prend place, elle l'observe avec curiosité ; l'effleure du bout des doigts, le caresse doucement, sans pour autant le brusquer. Elle le laisse être, dans sa beauté étrange, en désirant qu'on la laisse être également. Elle ne sait pas réellement, Mallory ; elle laisse les choses être. Depuis longtemps elle a compris ; il est impossible de capturer l'eau entre ses doigts, lorsque l'on est dans la mer. Il est impossible de capturer l'air dans ses mains. Rien ne peut être posséder. Pas les mystères, ni les connaissances. Tout est indéfini, sans la moindre frontière, et elle voit, plus qu'elle observe, que les limites ne sont jamais la fin de quelque chose. Il y a toujours un commencement. Au bout de ses doigts, le commencement de la joue d'Ifan, de sa peau mal rasée et de son regard dur et doux, à la fois. Il y a pas de lui, il n'y a pas d'elle ; il y a peut-être un nous, mais même cette chose, ce qu'ils sont, n'a pas de limitation certaine. Rien n'est certain ; il y a trop de mystères. Il y a trop de questions. Il y a la terre et les oiseaux, il y a les arbres et le bruit du vent, dans les feuilles. Il y a la sorcière et le chasseur, la bête sur son dos et les gouttes de sang qui tombent, une à la fois, et certaines qui tâchent le blanc des pétales des géraniums qui poussent quelques pas de là. Il y a les secrets plongés au milieu des mystères, les mots qui fendent l'air et d'autres, plus forts peut-être, qui résonnent d'un regard à un autre, harmonieux.
Sur les lèvres de la malheureuse, un semblant de sourire. Elle fleurit doucement, Mallory, qu'importe si elle est un peu fanée. Ses mouvements encore légers, mais ne le sont-ils pas toujours, car elle ne le connait pas totalement. Ifan possède pourtant, malgré tout, quelque chose qui l'attire et la calme.
Dans ses silences, il voit des mots. Dans ses regards, il entend des paroles. Mallory n'a pas parlé, depuis qu'il est arrivé. Elle n'en ressent pas le besoin, ni l'envie. Car il lit entre les lignes, dans les gestes, dans les légèretés qu'elle lui accorde, sans cesse. Il voit plus qu'elle le voudrait, parfois, et elle fronce des sourcils malgré elle, si peu habituée d'être vue comme un livre ouvert.
Elle ne cille pas, face à la question. La sorcière le dévisage sans un mot, curieuse, silencieuse, désirant savoir s'il peut lire quelque chose dans l'absence de geste et d'expression. Ils s'étudient, un moment. Deux êtes opposés qui, jamais, ne se complètent, mais créent plutôt quelque chose qu'elle ne peut nommer, encore. Mais à quoi bon nommer les choses ? Elles existent, c'est le plus important.
Un pincement de lèvres ; ses oreilles bourdonnent sous les mots qu'elle ne comprend pas, et Mallory penche légèrement la tête, écoute les mots, essaie de les assimiler. Ne les comprend-t-elle pas, certes, mais ils possèdent une mélodie qui berce légèrement son corps. Ses pieds, nus, effleurent l'herbe brièvement, et si Ifan s'éloigne vers l'église, dissimulée au travers des arbres, Mallory reste avec le cadavre des fleurs coupées. Ses cuisses, nues sous sa longue robe, frissonnent dans l'herbe.
Elle reste un moment sans bouger, le regard fixé sur les fleurs qu'elle ne voit pas réellement. L'oreille est attentive aux bruits que l'homme lui accorde, comme à ceux de la forêt. Elle guette l'arrivé d'autres personnes. La sorcière ne sait pas quand Sinned reviendra, ni quand Patch lui rendra visite. Les gens vont et viennent ; pour l'un et pour l'autre, elle ne sait pas quand ça arrivera. Les oiseaux et les autres animaux lui annoncent, à chaque fois. Peut-être lui annonceront-t-ils, un jour, lorsqu'Ifan partira pour ne plus revenir. Elle a compris depuis un moment que les morts restent bien plus souvent que les vivants. Les morts la hantent et les vivants la quittent. Elle ne fait peut-être pas partie du bon monde ; la sorcière tangue entre les deux, le regard attentif à des choses qui ne sont tout simplement pas là.
Entre ses petits bras, elle capture de nombreux bouquets qu'elle ramène contre son torse, avant de se redresser une nouvelle fois et d'approcher Ifan, encore. L'homme lui adresse un regard, conscient de sa présence, et la sorcière suit le reflet léger de la lame qu'il tient, encore ses doigts. Une brève seconde, elle croit apercevoir un regard ; pas celui d'un mort, ni d'un vivant. D'une créature étrange qu'elle ne comprend pas encore totalement, qui traîne trop souvent dans les reflets, curieux de son monde. Les sourcils se froncent une brève seconde avant que l'homme n'éloigne le couteau et par la même occasion, l'intrus trop curieux.
Une main contre son dos ; un frisson contre l'échine. Mallory tend le cou pour le dévisager, silencieuse, aucun cillement dans les yeux. La chose dure une maigre seconde, avant qu'elle ne tend l'une de ses mains - en serrant un peu plus fort les bouquets contre elle de l'autre - pour toucher la grande main de l'homme, lorsqu'il amorce un mouvement pour éloigner son bras. Elle ne le retient pas, la sorcière ; se contente d'une pression contre son avant bras, légère, avant de couper tout contact. La sorcière n'aime pas se sentir ancrée dans la réalité ; elle a l'impression de perdre une part de sa liberté. Ses pieds, nus, exécutent quelques pas vers une corde tendue entre l'église et un arbre où elle commence à poser les bouquets tel des pendus, tête à l'envers. Elle force sur la pointe de ses pieds pour bien les pendre, les lèvres un peu pincées, les sourcils légèrement froncés.
Entre ses doigts, un bouquet précis. La voix de l'étranger s'élève une nouvelle fois et Mallory l'écoute comme elle écoute le chant des oiseaux, le bruit distinct d'un renard et celui du vent contre les écorces plus vieilles. Il lui est étrange de savoir s'il vient du même monde que Sinned ; elle ne voit pas de similitude, entre eux, que des écarts. La plante est déjà coupée, entre ses doigts, malheureusement. Mallory redescend sur les pieds, plein plats, et dévisage tristement la plante assassinée. Certes, connait-elle des moyens d'utilisés ses fleurs séchées et ses racines comme ses feuilles, mais une part d'elle se sent responsable de ne pas l'avoir totalement écouté. Son regard reste de longues secondes sur la plante qu'elle finit par serrer contre son torse, avant de se tourner vers Ifan. Les sourcils sont toujours froncés et, dans l'oeil, une légère présence d'humidité. Minuscule à côté de lui, elle ressemble à une gamine capricieuse ayant fait une bêtise, et s'étant blessée sur les genoux. Peut-être est-ce le cas. Si l'on regarde attentivement, il y a quelques bleus, sur ses genoux osseux. Les lèvres se pincent un peu plus fort et dans l'herbe, la sorcière s'avance de quelques pas, les fleurs qu'elle a assassiné dans les bras. Le regard n'a pas quitté celui de l'homme. Quelques mèches de cheveux, toujours, tout le temps, devant ses yeux. Elle les chasse d'un mouvement de tête léger, avant de poser le bouquet sur le banc sans toucher la bête. Le regard reste accroché à l'homme, quelques secondes, avant d'aller vers la bête.
Deux créatures sont mortes avant leur heure, aujourd'hui. Ils mériteraient peut-être quelques pleures ; alors, sur les joues de la malheureuse sorcière, les larmes se glissent, silencieuse. Elle ne les efface pas; elle les laisse là. Ses doigts, petits, minuscules, se posent contre le pelage déjà imbibé de sang qu'elle caresse, doucement. Entre les lèvres éternellement scellées, un fredonnement léger s'éveille. Il faut tendre l'oreille, pour l'entendre attentivement ; c'est une légère chanson. Un petit ton triste qui sert à endormir les enfants. La sorcière caresse la peau de la bête comme pour l'endormir pendant de longues secondes, minutes peut-être, elle ne sait pas. Mallory a perdu depuis longtemps la motion du temps. Il s'évade entre ses doigts, toujours trop vite, à chaque fois. Mais elle chante pour une âme qui est peut-être encore là, autour d'eux, et qui a quitté son corps malgré elle. Elle demande pardon au travers d'une mélodie brisée dont elle ne prononce pas les mots, ils sont pris dans sa gorge depuis des jours, de toute manière. Elle ne peut pas les dire. Les mots ne sont pas assez nombreux pour dire pardon comme elle le ressent. Le fredonnement y arrive peut-être. Il continue, le léger bruit qui s'évade entre ses lèvres, lorsque les doigts, rouges maintenant, quittent la fourrure pour aller vers les fleurs fanées, elles aussi. Mallory sélectionne deux bourgeons avec douceur qu'elle ouvre délicatement avant de les poser sur les yeux de l'animal et de se pencher pour poser un baiser contre son front. Entre ses lèvres, un désolé s'évade que personne n'entend.
Lorsqu'elle lève la tête, son regard s'attarde sur celui de l'homme. Elle prend le temps de sélectionner une nouvelle fleur dont elle garde la tige et, de nouveau sur la pointe de ses pieds, elle la glisse dans la crinière de la douce brute.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

a rough outside with a gentle heart (malfan) Empty
Revenir en haut Aller en bas
 
a rough outside with a gentle heart (malfan)
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
ANTIGRAVITY :: through the valley of the shadow of death :: Let the record spin :: IRP :: RPS TERMINÉS OU ABANDONNÉS-
Sauter vers: