Yoskar ♦ Oops ! We did it again !

« Okay, guys ! Torture’s over for today ! » Torture. C’est le bon mot. L’entrainement avait repris il y a à peine une semaine et Zach les faisait travailler comme un esclavagiste. Après avoir réussi à se hisser aussi haut, Zach ne voulait pas vraiment qu’ils se relâchent. Et il en était de même pour les membres de l’équipe qui ne voulaient pas que les efforts qu’ils avaient fourni jusqu’ici aient été vains.

« You’re free to go ! » Oskar poussa un soupir de soulagement, et il était sûr que c’était aussi le cas de ses coéquipiers. Il essuya la sueur qui continuait de perler sur son front et tapa sur l’épaule de Yohan qui se trouvait à côté de lui et commença à l’entrainer vers les vestiaires, accompagnés du reste de l’équipe. « Not you two ! Yohan ! Oskar ! » Les deux se figèrent et grimacèrent alors que les autres les dépassaient en ricanant. D’un même mouvement, Oskar et Yohan se tournèrent vers eux et leur jetèrent un regard noir qui les fit encore plus rire.
Ils se jetèrent un regard en coin quand deux mains se posèrent sur leurs épaules. Comme s’ils avaient fait ça toute leur vie, ils se retournèrent pour se retrouver nez à nez avec Zach. Oskar n’avait pas à regarder du côté de Yohan pour savoir qu’il affichait le même petit sourire innocent que lui.

« What’s up coach ? » Zach se contenta de croiserles bras sur sa poitrine, pas dupe un seul instant. Oskar se dit qu’il devait avoir l’habitude et qu’il était maintenant immunisé à leurs tours pour se faire passer pour innocent. Il soupira.« Listen guys ! I like your spirit and the fact that you try to make training a little more fun, really I do. » Oskar et Yohan se jetèrent un regard incrédule, ne s’attendant pas à ça, plutôt à se faire engueuler.

« But… » Et voilà. Oskar se retint avec grand peine de lever les yeux au ciel. Ils auraient dû s’y attendre. Il y avait forcément un « mais ». Zach ne les aurait pas interpelés si sèchement pour leur faire des compliments juste après. « B-But what ? » Oskar sourit intérieurement en entendant la petite voix que prit Yohan. Ok, il savait quoi faire maintenant. Leur arme ultime. Les grands yeux larmoyants de chiots battus et la moue triste. Inffaillible. Ce coup-là marchait à chaque fois. « Oh cut your crap ! All this doesn’t work with me ! » Ou pas.

« Anymore. » « Yeah because it used to work… » « He’d fall for it every time » « Ah ! These were the good times. » Oskar fit semblant d’essuyer une larme imaginaire alors que Yohan prit une inspiration soudaine et le prit par les épaules. « Maybe it’s our fault ! » Oskar posa à son tour ses mains sur les épaules de Yohan. « What do you mean ? » « We’ve rested on our laurels. We didn’t look for new tricks. » Okar prit une inspiration choquée et porta sa main à son cœur et s’exclama dans un souffle dramatique. « Oh my god you’re right. I’m so ashamed of us. » « So am I, mate, so am I » dit-il en tapotant ses épaules pour le réconforter. « But we’ll find new ones » « Yeah ! And we’ll make them all bend to us » répondit Oskar avec un enthousiasme faussement retrouvé. « And then… Then we’ll take over the world » Il ajouta pour le show un vieux rire diabolique qu’Oskar s’empressa d’imiter.

Il osa ensuite jeter un regard du coin de l’œil à Zach qui affichait maintenant un air complètement blasé. Leur rire prit fin lentement et le silence retomba entre eux. Zach le brisa après quelques secondes. « You’re done ? Can we come back to what I wanted to talk with you ? » Oskar et Yohan soupirèrent de concert. « Damn… And me who were hoping it’d work. » « Me too, mate. » « So back to the topic. Like I said I like your enthusiasm in our training sessions, but the last few ones, you’ve been a little… Let’s just say hyper in your enthusiasm. So from now on, please keep it down, okay. » La tristesse devait se lire sur leur visage puisque Zach s’empressa d’ajouter. « Listen, I’m not telling you to completely top what your doing. Just to keep it down and be a little more serious during training sessions, that’s all. » « Okay, coach. » « Okay coach. ».

Zach leur offrit alors un immense sourire et tapa dans ses mains. « Great ! Now, you two are on cleaning duty ! Good luck ! » Sur ces paroles, il laissa les deux jeunes hommes choqués. Ils se retournèrent vers lui quand ils l’entendirent rire avant de se regarder puis de se tourner vers le terrain où tout le matériel qu’ils avaient utilisé pour l’entrainement alors que le rire de Zach continuait de résonner au loin.

« Cleaning duty. » « Yep… » soupira Oskar. Il était totalement découragé par l’ampleur de la tâche qui les attendait. Ils n’étaient vraiment pas sortis de l’auberge.

« Bon. » fit Yohan au bout de très longues secondes à fixer le matériel qui trainait sur leur terrain d’entrainement, presque comme s’ils espéraient qu’il se range tout seul. Yohan posa ses mains sur ses épaules, le regard déterminé. « Ça devrait pas être sorcier, pas vrai ? » Cette détermination et cette force dans le regard de Yohan arriverait presque à faire sortir Oskar de sa déprime, mais un léger regard en coin à ce qui les attend suffit à écraser cette petite lueur d’espoir et ses épaules s’abaissent.

Il soupire mais se dirige malgré tout vers le terrain pour commencer à ranger. « Bon, plus tôt on commencera, plus tôt on aura fini. Alors autant nous y mettre sans tarder… » Ils se mirent à déplacer toutes sortes d’objets qui trainaient sur le terrain en silence pendant un petit moment avant que Yohan ne reprenne la parole. « N’empêche, c’est pas juste. » « À qui le dis-tu… » « Il aurait du dire à Evan de rester aussi, il a failli me cramer le cul avec ses conneries. » Oskar se retourna vers Yohan, un petit sourire aux lèvres. Il secoua la tête pour appuyer ses dires. « C’EST DE LA DISCRIMINATION. » Oskar continua  à jouer le jeu et leva le poing en l’air en criant. « OUAIS ! De la discrimination ! » « ON EST. SOUS. CÔTÉS. C’est une tragédie. » dit-il en pointant un doigt sur la poitrine d’Oskar qui porta sa main droite à son cœur tandis que sa gauche se posait sur l’épaule de Yohan. « Oh mon dieu ! Tu as raison ! Ils nous sous-estiment ! »

Il s’effondra alors à genoux alors qu’ils regardaient tous les deux le bazar qu’il leur restait encore à ranger. « Pourquoi nous faire ça ? Qu’est-ce qu’on a bien pu faire pour qu’on nous traite comme ça ? » demanda-t-il les yeux pleins de larmes de crocodile.Yohan le regarda d’un air faussement peiné et lui tapota la tête.

Il se releva et lança un regard décidé à Yohan. « Tu sais quoi ? Non ! On va leur montrer ! Tu vois tout ça ? » dit-il en entourant les épaules de Yohan de son bras et en faisant un grand geste de l’autre qui englobait tout leur terrain d’entrainement, malheureusement encore plein de matériel. « On va le ranger son matériel ! » dit-il avec un petit sourire en coin que Yohan lui retourna. « On va lui ranger. Mais à notre manière. » Il fit un clin d’œil à Yohan avant d’ajouter innocemment. « Après tout c’est un moyen comme un autre de prouver notre valeur. Et puis c’est aussi le moyen de nous entrainer un peu, non ? » Il lança un regard insistant à Yohan pendant qu’il attirait à lui une barre métallique qui trainait par terre qui atterrit dans sa main tendue.

Oskar sentit alors le vent se lever autour d’eux et vit plusieurs objets s’élever dans les airs pour aller se ranger. « Si on pimentait un peu les choses ? Qu’est-ce que tu dirais d’un petit pari ? Chacun sa moitié de terrain et le vainqueur est celui qui range sa moitié le plus vite. » Il tendit sa main à Yohan qui accepta le pari en tapant dedans.

Ils se mirent à la tâche avec vigueur, mais bien vite les habitudes reprirent le dessus et Oskar profita de l’inattention de Yohan pour envoyer quelques objets sur la moitié de terrain de ce dernier. Au bout d’un moment il se rendit compte que lui aussi faisait la même chose et s’arrêta, outré. « Hey ! Tu triches ! » accusa-t-il, préférant oublier que lui-même faisait la même chose.

Il renvoya d’un geste de la main l’objet que Yohan venait de déposer sur sa moitié de terrain. Yohan ne se laissa pas faire et lui en renvoya d’autres. À partir de là les choses escaladèrent et ce fut une véritable guerre de tranchées que se livrèrent les deux se renvoyant le plus d’objets possibles jusqu’à ce qu’un grand bruit de verre brisé se fasse entendre qui les fit se figer tous les deux.

Yohan avait les yeux complètement écarquillés. Au début Oskar n’osa pas se retourner pour observer l’étendue des dégâts mais se força finalement à lentement tourner la tête pour regarder derrière lui et évaluer les dégâts. « Oh bordel… » Il semblerait que Yohan ait lancé son objet un poil trop fort s’il en croit les morceaux de verre (autrefois des vitres) et les morceaux de bois et de plastiques de ce qui fut autrefois un de leurs mannequins d’entrainement qui gisaient partout autour de l’impact.

Il déglutit et se retourna vers Yohan qui haussa des épaules légèrement tremblotantes avec un air mi-incrédule et mi-penaud.

« Merde.Merde. Merde. » Yohan avait finalement pris conscience des dégâts et s’était rapidement avancé vers la vitre brisée. Oskar le rejoint à un pas plus mesuré et prudent. « On va se faire défoncer. » Il n’aurait pas dit mieux pensa-t-il en déglutissant. De près les dégâts semblaient encore pires qu’au premier coup d’œil. Yohan se tourne alors vers lui, l’air paniqué. « Dis-moi que tu peux faire quelque chose ? » Oskar releva la tête des morceaux de verre brisé qui jonchaient le sol pour lancer un regard perdu à Yohan. « Euh… Hm, eh bien… » Il a un peu de mal à formuler une phrase complète dans une telle situation. Pour Yohan ça a l’air d’être le contraire. C’est comme si il était un vrai moulin à paroles. Chacun réagit à sa manière à des situations plutôt stressantes dans le genre de celle-ci.

Il pourrait sûrement faire quelque chose. Après tout il est un manipulateur de matériaux. Mais Yohan semble prendre son hésitation comme une confirmation qu’il ne peut pas y faire grand-chose. « Bon. Pas de panique. Soyons pragmatiques. » Oskar le regarda prendre une grande inspiration en silence. « D’abord, on va ranger tout le reste, comme ça ça sera fait. » Oskar acquiesça en silence en hochant vivement la tête. Bonne idée ça. Un problème à la fois. Au moins après ça ils auraient tout le temps se creuser la tête et trouver une solution à leur plus gros problème.

Le rangement ne leur prit qu’une petite quinzaine de minutes. Comme quoi, avec la bonne motivation on pouvait faire des miracles. Et maintenant les voilà de nouveau devant le désastre qu’ils ont provoqué, sans aucune idée de quoi faire. « Une idée d’excuse ? » Il hausse les épaules. « Là tout de suite, rien ne me vient. » Après tout, la situation semblait s’expliquer d’elle-même. Il ne voyait pas quel bobard ils allaient pouvoir trouver et surtout comment ils pourraient le faire gober à Zach. « Je propose… Quelqu’un est entré par effraction et s’est écrasé sur le mannequin après notre départ ? » Il lance un regard totalement empli de scepticisme, dont l’effet doit être amoindri par le sourire qui commence à naitre sur ses lèvres. Il n’y vraiment que Yohan pour trouver de telles idées. « Je doute très fortement que cette excuse puisse passer auprès de Zach. C’est presque une insulte à son intelligence. » Yohan lui sourit avant de prendre un air songeur. « Tu crois qu’on peut utiliser les morceaux du mannequin et un peu de métal pour les lier, pour couvrir le trou ? On pourra toujours dire que c’est une oeuvre d’art signée Yoskar pour remercier Zach ? » Oskar a du mal à se contenir alors quand Yohan lui sourit après lui avoir sorti une idée aussi farfelue, il ne peut pas s’en empêcher. Il explose de rire.

Il peine à reprendre sa respiration après un tel fou rire. « Et…Et on signerait ça d’un Y et d’un O pour Yohan et Oskar. Ça donnerait aussi YO pour Yoskar. Ça aurait du style je trouve.” Et il repart dans son fou rire.

Il lui faut plusieurs minutes pour réussir à se calmer et à reprendre une respiration normale. « Non, mais sérieusement, je doute très fortement que ce soit du goût de Zach. J’ai comme l’impression que ça lui donnerait plus envie de nous mettre de corvée de rangement et de nettoyage à vie… » Un frisson de peur le parcourt à cette idée. Non, il n’avait vraiment pas envie de se taper le rangement à la fin de chaque entrainement.

« Au pire… Au pire je peux tenter de réparer les dégâts du mieux que je peux. Je pense pouvoir gérer les réparations du mannequin facilement. » Il fait une pause pour observer les morceaux de verre de la vitre brisée. « Pour la vitre… Eh bien… Advienne que pourra. »

La réparation du mannequin lui prend effectivement moins de trente secondes, celui-ci étant fait en grande partie de métal, matériaux qu’il maitrise parfaitement. Les pièces s’assemblent en un clin d’œil et le mannequin est de nouveau sur pied, comme neuf. Il se tourne vers Yohan pour lui sourire et lui lancer un thumb up des deux mains. Après cette réussite magistrale (un peu d’autocongratulation ne fait pas de mal), il est déjà plus en confiance pour ce qui lui reste à faire.

Il prend une inspiration, se concentre et se lance. Les morceaux de verre commencent à s’élever dans les airs, se plaçant chacun au bon endroit, comme un puzzle. Ils se rapprochent petit à petit les uns des autres et Oskar ressent une immense joie à l’idée qu’il puisse réussir quand, au moment de réunir tous les morceaux et d’enfin reconstituer la vitre, il voit sous ses yeux ahuris, le verre se mettre à se désagréger. « Oh non ! Non, non, non, non, non !! » L’ahurissement fait place à la panique alors que la désintégration du verre se propage. Il a beau tout tenter, mais rien n’y fait. À ses pieds git maintenant un petit tas de sable, anciennement les morceaux de verre de la vitre qu’ils avaient brisée.