// Lucky charms ft. Ajay Artemiev

Ajay a du mal à s'habituer à la prothèse, mais il fait des efforts. Il boite moins que les premiers jours. Il s'est fait violence au début de la rééducation pour réussirà marcher droit, courir plus ou moins. Il a peu dormi ces dernières semaines et cela se ressent. Les cernes violacés ont reprit place sur son visage et son teint terne s'accorde bien à la grisaille morbide d'Oriel. Il se fond à nouveau dans le paysage, à l'exception de son costume impeccable, parfaitement repassé. L'oeil le plus attentif remarquerait qu'il est légèrement distrait car il n'a pas mit de cravate, mais le Lynx n'est pas là. Il n'a pas vu la Jack of Hearts depuis plusieurs semaines. Bien avant le malheureux accident avec son frère.
Il espère intimement que les deux événements ne sont pas liés. Cela fait des années qu'un Warden n'a pas réussi à pénétrer dans son quartier, pour venir le menacer. Lui et ses hommes. Au moins, il n'en est pas ressorti.

Le King écrase son mégot de cigarette avant de pousser la porte de l'Inkling. Il fait de son mieux pour cacher qu'il boite légèrement et afin de dissimuler sa jambe en métal, il a mit les bottes de Gali. Il ressemble à une bonne femme avec et il est plutôt ... incertain des mollets qu'elle lui font. Mais au moins, il n'a pas de soucis à se faire.

Il ne s'est pas rendu au tattoo shop depuis une éternité. Il n'avait plus grand chose à se faire tatouer après les pièces imposantes de son dos. Il a fait chacun de ses tatouage ici, le diamant sur son majeur gauche, la reproduction d'un tableau dans la chute de ses reins. Mais l'idée qu'il a en tête trotte depuis un moment, sans qu'il n'ait eu le courage de la mettre a exécution. Mais il s'est enfin décidé, plusieurs événements dans sa vie lui ont fait prendre conscience qu'il n'avait aucune raison de se retenir. Il fait ce qu'il veut de son corps et il espère que son geste l'aidera à faire reculer sa phobie. Bien sur, il aurait préféré que ce soit sa vielle amie qui s'en charge, mais vu comment les choses se dégoupillent, il se contentera de son assistante.
Le King la connaît mal et l'intéressée ne doit pas le connaître tant que ça non plus. Il la dévisage en entrant et lui rend sa salutation par un hochement de tête muet. Il lui trouve quelque chose d'innocent, mais les apparences sont généralement trompeuses. Les rares fois où il vient, il parle en privé avec la patronne loin des regards indiscrets et s'arrange pour s'y rendre avec un visage différent à chaque fois. C'est la première qu'il est seul en face à face avec elle. On lui a suffisamment fait ses éloges. Il ne doute pas de sa loyauté pour eux.
Il ne sait pas s'il a besoin de se présenter, se dit que si elle pose des questions il saura y répondre, mais que la discrétion est généralement de mise entre eux. Elle doit se douter de qui il est. A qui d'autre la Jack pouvait-elle parler, sinon son supérieur ? Ajay offre à Vee son sourire narquois habituel, il a toujours l'air de se moquer. C'est loin d'être le cas. « J'imagine que la Jack n'est pas là. » Son regard balaye le salon. Nickel. Il a rarement vu une employée aussi appliquée aussi propre. Et durer aussi longtemps. Ils ont bien faillit la perdre, pourtant. « J'avais besoin de ses services mais tu feras l'affaire. »  La tâche qu'il a à lui demander n'est pas anodine. « Tu penses que tu peux m'aider ? » Dans son gang, ce genre de question sonne toujours comme un ordre.
Elle est toujours libre de l'envoyer bouler et lui rappeler que les clients doivent réserver longtemps à l'avance. Mais le King  n'est pas roi pour rien. Et il pense avoir une activité intéressante à lui proposer.

Il ne pense pas qu'elle dira non, quand il lui expliquera qu'il vient faire recouvrir sa soulmark.

Oh, bien sure qu’elle savait qui il était.

Elle n’avait jamais eu l’occasion de lui parler depuis tout ce temps qu’elle travaillait pour lui. On lui avait dit que ce n’était pas vraiment sa place d’adresser la parole au King. Dans tous les cas, bien peu de gens entrait dans le salon de tatouage avec autant d’assurance. Un peu comme un chien qui avait pisser dans tous les coins : ici, c’était à lui. Les visites précédentes, il n’avait même pas à adresser la parole à qui que ce soit pour être suivit docilement par la Jack qui faisait habituellement rouler ce business.  

Puis le rythme de sa démarche. Fallait avoir soit même subit quelques modifications physiques pour entendre la légère incoordination d’une articulation. Il se forçait, l’effort était presque visible sur les traits de son visage mais il faisait surtout de son mieux pour ne pas qu’on remarque son handicape, quel qu’il soit.

Violet tenta de percer se sourire narquois qui s’afficha sur le visage du «  patron du patron ». Elle n’était pas du type à être impressionnée : elle en avait vu d’autre et savait que son courage, s’il lui en manquait, elle pourrait le puiser chez les autres. Elle le scruta de son regard glacier ne sachant pas trop à quoi s’attendre puis décida qu’il n’était pas une menace pour l’instant. Elle baissa sa garde, ses prunelles pâles retournant leurs attentions sur son plateau d’outils et d’encre, pendant que ses fines mains gantées de latex noir ajustaient les composantes de sa machine à tatouée.

- Elle est effectivement toujours absente. mais c’était de la rhétorique. Il devait le savoir que la Jack qui s’occupait du Inkling était absente depuis quelques temps déjà. Laissant ainsi la place à Vee, qui en avait fait sa principale activité. Travaillant sans relâche, tout les jours, contrôlant d’une poigne de fer dans un gant de velours, les deux volets « professionnel » du salon de tatouage.

C’est un sourire en coin qui fit bouger ses lèvres, son visage toujours penchée sur ses objets de torture et d’encrage. Elle fera l’affaire. Autant dire que les choix étaient minces et peu nombreux. Il y avait plusieurs tatoueurs apprentis au Inkling, quelques vieux artistes doués sans point d’accroche qui passait de temps en temps mais peu d’entre eux était aussi fidèle et accrochée à la place que Vee. Le Inkling avait été son exutoire, sa maison et ce qui ressemblait le plus à une famille.

Une famille un peu disjoncté et coloré, qui avait acceptée à bras ouvert ses étonnantes capacités de manipulation des corps et n’avait pas fait un cas de sa qualité de Botcher.

Il lui demande enfin si elle pensait pourvoir l’aider.

- Il y a peu de chose que je ne puis faire. Elle pose enfin sa machine, recouvre sa table d’une feuille protectrice bleu criarde pour empêcher la propagation des cochonneries sur sa table prête à être utilisé puis enlève ses gants en les tirants du bout des dents, coinçant un doigt entre ses lèvres.

Un coup d’œil à l’horloge au haut de la porte d’entrée ; On ne pouvait pas si facilement dire au King de prendre rendez-vous et de revenir la voir dans quelques mois. On pouvait juste se dire qu’avec chance, elle avait pris encore de l’avance sur son horaire et aurait la paix pendant une heure ou deux avant que son client vient finir un énorme tatouage qu’ils ont commencé il y a des mois.

Elle aime surtout penser qu’elle lui doit bien ça aussi. Le King, la protège par défaut aussi. Les Wardens ont essayé de lui mettre la main dessus dernièrement, pour atteindre son frère et ses … son … enfin… comment les appeler ? Ce ne sont pas tous ses meilleurs amis, encore moins de la famille… ou pas tous… c’est… ils sont … là. Juste présent. C’était aussi compliqué à expliqudf comme concept que cet implant cervicale cérébro-rachidien d'encryptage lifi qui la connectait à eux. Bref, les Wardens n’avait pas encore réussit à la capturée et elle savait être en sécurité encore quelques temps dans les parages. Mais cette sécurité doublait sous le joug des Nulls.

Autant se montrer sympa avec le grand boss quand il te demande de faire un truc pour lui.

Simple formalité de survie aussi.

Un signe de la main l’invite à la suivre au comptoir centrale de la réception et elle lui indique des books remplit d’idées, de dessins et de flash possibles.

- Alors...Est-ce que vous aviez déjà une idée en tête, ou encore une image à me montrer ? Il y a une promo si vous choisissez un tatouage avec un raton roux, cette semaine. C’est thématique. Et complètement absurde mais ça fait changement des symboles qui ne font pas de sens. Elle tourne les pages d’un grand livre noir aux pages lustrées remplit de dessins et arrive à une section de raton roux. Tous différents et variés, si l’inspiration n’y était pas, la sélection était excellente. Je peux aussi vous créer quelque chose de totalement custom. J’aime bien aussi dessiner directement sur la peau, pour bien ressentir les courbes et les formes. C’est vraiment créatif mais vous devez avoir pleinement confiance en votre artiste.

Un soupir. Un court silence. Ses mains se croisent.
- J’espère que vous savez que vous pouvez me faire confiance.

Ajay a toujours aimé être proche des membres de son gang, même si il est difficile d'aller serrer la main de tout le monde le matin et d'apporter le café. Il fait de son mieux pour se faire des amis parmi ses employés, des hommes et des femmes de confiance qui sauteront sous les balles pour lui. La loyauté est bien payée au sein du gang et elle a plus de valeur à ses yeux qu'un talent en small science ou une affinité avec les armes. Ce n'est pas suffisant pour survivre dans les rues d'Oriel, savoir s'adapter est la qualité qu'il reconnaît le plus. Tout le monde est sur le même pied d'égalité, Le King récompense seulement ceux qui font leur travail, et le font bien. Ce qui est le cas de Violet, malgré qu'elle ait disparu des radars à un moment ou un autre. Elle ne l'a jamais déçu, bien qu'il ne soit pas toujours derrière son dos pour vérifier ses moindres faits et gestes. Sa collègue lui en a toujours dit du bien et, étant plutôt avare de compliment, c'est une bonne chose de sa part. La Jack est une femme particulière, dans sa bouche, les insultes ont même de la valeur. Elle n'accorde aucune attention aux personnes qu'elle ne juge pas de valeur. Si elle vous insulte, c'est au moins qu'elle vous remarque. Maintenant qu'elle n'est plus là, le King songe qu'il faudra la remplacer, même si l'idée ne l'enchante pas plus que.
Elle aurait voulu que ce soit sa meilleure employée, lui préfère se faire une idée de lui même. Ils n'ont jamais vraiment eu l'occasion de s'adresser la parole, hors du rapport hiérarchique.

Il apprécie son assurance, en tout cas.

Ce quelque chose d'important dans ce qu'ils font, il n'y a pas de place pour l'hésitation. Ceux qui ne savent pas où se positionner finissent souvent dernière les barreaux, à trop vouloir rester aux frontières de ce qui leur paraît bien ou mal. Ajay aime les femmes d'assurances. Il est convaincu qu'elles sont infiniment plus dangereuses qu'un simple colosse.

Il la suit docilement, bien qu'il ait déjà une idée, et grimace quand elle évoque les pandas roux. Ils sont adorable, mais Ajay n'a pas vraiment envie d'en avoir un tatoué sur les pectoraux. Il ne sait pas d'où vient cette mode, il n'y connaît pas en tatouage. Les quelques pièces qu'il possède déjà commencent à dater et n'ont pas de signification particulière. Elles sont juste jolies. Il préfère le tatouage esthétique aux dessins bourrés de symboles. Les expliquer serait trop long et il veut s'éviter cette peine. Il a déjà du mal à dire à haute voix quand il ne se sent.
Il a déjà assez de ses cicatrices.
« Je ne pense pas que mon compagnon va apprécier la blague. Il n'aime pas vraiment les bestioles. » Il ricane. Il ne lui a pas rendu les choses faciles en ramenant un loup domestiqué. Il aurait pu commencer avec un chaton ou quelque chose de moins imposants, déjà qu'ils n'ont pas réussi à s'entendre sur un enfant. Mais Ajay est Ajay. La suite lui plaît déjà plus.

Ajay relève son regard du carnet pour détailler Vee.
Faire parler l'artiste. Il imagine que c'est ce qui lui plaît le plus. Si il avait été doué en destin, il aurait aimé qu'on laisse parler son inspiration du moment, laisser libre court à son instinct. Ce n'est pas chose aisée. Mais la confiance est quelque chose de précieux. Et c'est ce qu'il essaye de déterminer, s'il pourra oui ou non lui faire confiance. Jouer le pari sur un tatouage n'est sans doute pas ce qu'il y a de plus ordinaire, mais ça va bien avec l'image de son gang. Être soit-même, c'est ce qui prime. Il n'y a pas vraiment d'épreuves à passer pour avoir son aval, pour être ces êtes de confiances qui détiennent une part du secret.

Le King se gratte l'arrière de la nuque indécis. Son regard va du carnet à la tatoueuse et il décide finalement de lui faire confiance. Il pose les mains à plat sur la table. « En fait, j'ai l'intention de faire recouvrir ma soulmark. » Faire disparaître ce couteau en forme de plume et toute trace d'Aquila de sa vie. « Je n'ai pas d'idée précise en tête. J'ai juste envie de rendre hommage à quelqu'un. La fleur de lilas à une signification particulière pour nous... Il tourne les pages à la recherches de compositions florales, de motifs abstraits, d'animaux fantastiques... Le sentiment de liberté est si grand qu'il ne sait pas où donner de la tête. ... Mais.... Je te laisse mon corps. » Il referme de lui même le book et lui offre un sourire poli en coin. « Montre moi ce dont tu es capable. » C'est une invitation sincère. « Je suis curieux de savoir ce que je t'inspire. »
Il veut voir ce qu'elle a dans le ventre.