(briaul#1) god, if you're going to be dumb, you better be tough

Paul est perdu. Il s'avoue vaincu. Il laisse tomber les armes. La brute laisse un lourd soupir quitter ses narines - et libérer un soupçon de morve par la même occasion - tandis qu'il lève les yeux du plan envoyé par Munnin. Il manque la moitié des noms des rues, et seul un point précis indique l'endroit où il doit aller chercher les deux blessés pour les mener sur terre. Le Beaumont n'ose pas regarder combien de temps s'est écoulé, depuis que Sin l'a averti qu'il avait une mission, avant de partir en trompe. Il aurait voulu lui poser des questions ; ce qu'il a vu dans son regard l'a empêché de le faire. C'est pour la même raison qu'il ne lui envoie pas le moindre message, pour lui dire qu'il est perdu. La chose est honteuse, bien qu'il ne connaisse pas ce putain de monde. La nuit est chaude, au moins, et l'air est pur. Il a laissé son pull pour le lier à sa taille et profite de la chaleur pour être en t-shirt. Le regard sombre se pose sur les lampadaires du quartier qui, selon lui, est effectivement celui d'Oriel. L'état de diverses immeubles et des rues lui permet de croire que l'endroit n'est certainement pas le plus chic de cette ville. Il espère uniquement être dans le bon quartier. Le portail emprunté, de toute manière, devait directement le faire atterrir dans le bon endroit. Il l'espère sincèrement ; sauter dans une benne à ordures pour passer d'un monde à un autre n'est pas une activité plus amusante que ça. Il préfère encore nettoyer la merde des vaches. Au moins, elles, elles lui disent merci à leur manière, ses beautés.
Il espère que rien n'arrivera à leurs bêtes, pendant qu'ils sont tout deux absents de la ferme. Il se demande s'il ne devrait pas envoyer un message à quelqu'un de confiance - mais qui ? - pour aller s'occuper d'elles et leur donner l'amour qu'elles méritent. Paul sait, après tout, que les Sasha ont besoin d'attention et qu'elles sont déprimées lorsqu'elles passent plus de deux jours sans des caresses et des gratouilles, derrière les oreilles.
Il fronce des sourcils. Il a envie d'un feu près de la maison, avec ses vaches, à se servir d'une des Sasha comme fauteuil, en lui caressant le cou. Sa préférée reste la plus vieille, non pas pour son âge, mais pour sa vision qui commence à se barrer. Elle fonce dans les poteaux de bois, parfois. Elle lui rappelle Sasha, lorsqu'il a presque perdu la totalité de sa vue et qu'il s'entêtait à se guider seul, les premiers temps.
Ses doigts se tendent un peu plus contre son téléphone et il baisse les yeux pour regarder une nouvelle fois son stupide plan à moitié complet. Il essaie de voir, au travers des maigres noms écrits d'une écriture horrible, où il peut bien se trouver. C'est un bruit venant d'à quelques mètres de lui qui le force à lever les yeux. La nuit est sombre, pourtant, malgré les lampadaires. Paul n'y voit pas grand chose. Il perçoit pourtant que le bruit lui vient d'une ruelle à quelques mètres de là et, curieux, il range son téléphone dans sa poche arrière de son jeans pour aller voir.
S'il s'attendait à un couple en train de baiser derrière un bar ou encore, une bagarre entre deux loubards un peu saouls, il est surpris de tomber sur un grand gamin maigrelet tout couvert de vêtements qui, grossièrement, se fait mettre une sacrée claque par un balourd. Les sourcils se froncent et d'un geste familier, la brute fait craquer ses jointures de la main gauche dans sa paume droite. bah mon gars c'est quoi ça ? on frappe pas les p'tits gars qu'il balance, en s'attirant le regard du plus gros, avant de lui balancer une sacrée gauche à la mâchoire. La tension traverse son poing et il serre les dents, une seconde, tandis que l'adrénaline traverse son corps. Paul a toujours apprécié la bagarre. C'est une chose qu'il n'a jamais nié, bien qu'il aurait du être honteux de la chose, selon sa famille. Mais c'est une part de lui, et il l'accepte. Il avait oublié, depuis le temps, la sensation d'un bon coup de poing. Un rire gras traverse sa gorge et les yeux pétillent d'excitation.