Invité
| | Dashboard(I. Tu respecteras les femmes) Il est né garçon dans un monde de femmes, dissimulé sous des robes de petite fille pour amadouer celles à qui cela ne plaisait pas. La maison close, il n’a longtemps connu que ça, bambin surprotégé au milieu des jupons, toujours dans l’ombre de la scène sur laquelle elles se vendaient de la plus jolie des façons, chantant, dansant, envoûtant, il a toujours admiré les femmes comme si elles étaient des créatures célestes, les nichant sur un piédestal de ses yeux d’enfant. Incapable de maltraiter l’une d’elles, il les escroque toujours avec beaucoup de courtoisie. (II. Tu mépriseras les hommes) Ces sauvages qui abîment, pour qui rien n’est sacré. Il a appris à la dure que le client est roi, à force de panser celles qui avaient été cognées pendant la nuit, gamin crédule qui ne comprend pas, d’abord, puis adolescent révolté de cette injustice, ensuite. Mais on ne l’a jamais laissé élever la voix contre ces porcs, on a retenu ses mains de frapper à leur tour, on lui a fait avaler, digérer la triste vérité. Elles ne sont qu’objets pour ceux qui achètent, les objets se possèdent, ils ne se respectent pas. (III. Tu soigneras ton apparence) La beauté et l’élégance, ce sont peut-être ses seules valeurs. Il cultive la noblesse de son allure, l’arrogance de son port de tête, l’insolence de sa coiffure. Il sait que son image est plus important que tout ce qu’il peut dire, qu’il suffit d’un joli minois pour faire tourner les têtes, les faire tomber aussi, alors il choisit ses tenues avec minutie, prend soin de sa peau, de ses mains, avec, parfois, souvent, la maniaquerie d’un Narcisse. (IV. Tu charmeras ton monde) Il minaude tant et si bien que peu de gens s’en agacent, toujours à jeter des œillades, douceur acidulée dans le regard, à poser sa main sur une épaule, contre une joue, ou simplement sur une de ses semblables, caressant sans même frôler. Tactile sans être insistant, sachant quand s’arrêter, quand recommencer. Il a rarement besoin de paroles pour séduire, ne gaspille jamais sa salive en compliments factices, recourt à son don, par pure paresse. (V. Tu leur diras ce qu’ils veulent entendre) Au temps du bordel, Gō lui a enseigné l’art de la voyance et du mentalisme, ou plutôt l’art de faire semblant, en devinant les désirs enfouis des passants. Habile de ses doigts comme de ses mots, il est passé maître dans l’art d’embobiner les gens, prétendant lire dans les cartes ou les boules de cristal, jouant de délicats tours de magie pour les mystifier. Cela fait longtemps qu’il ne s’amuse plus de leur naïveté, lassé qu’ils veuillent tous entendre les mêmes sottises. (VI. Tu accepteras leurs attentions avec le sourire) Toujours poli, des mercis plein la bouche, étirant ses lèvres en un simulacre de tendresse, feignant d’être flatté par leurs louanges, leurs offrandes qu’ils étalent pour l’impressionner, le garder là, auprès d’eux, l’acheter. Il aime remplir son univers trop vide de leurs cadeaux, profiter de leurs comptes en banque bien garnis, qu’ils réalisent ou non. Il ne s’en cache pas vraiment, croqueur de diamants. (VII. Tu ne laisseras personne te toucher) Enfant, déjà, il attire les convoitises de quelques déviants qui viennent se perdre entre les cuisses des filles de rien. Elles le protègent, le cachent loin de la lumière pour qu’on ne puisse plus le voir. Elles lui disent qu’il ne doit pas finir comme elles, qu’il ne doit jamais se laisser souiller par ces hommes répugnants, ceux qui assument, et, les pires, ceux qui regrettent. Mais il a envie d’être regardé. (VIII. Sans y mettre le prix) Il a envie d’être regardé alors il se glisse en douce hors de sa prison de velours rouge, pour traîner sur les trottoirs, éveiller les désirs de ces hommes qu’il méprise. Et c’est si facile. Et il demande trop, et on le lui donne. Alors il continue. Il les laisse, ces hommes, poser leurs mains là où il ne veut pas qu’ils les posent, il les laisse disposer de son corps, poupée de chiffon sous leurs doigts, sous leurs coups, parfois. Et puis il nettoie. Il frotte toujours si fort avec le savon que sa peau en rougit, et il efface les traces disgracieuses avec son don. Et c'est seulement alors qu'il peut recommencer. (IX. Tu ne t’attacheras point) Gō est loin de lui et il n’y pense plus beaucoup, à sa mère. Il ne pense plus beaucoup non plus à Ishtar, qui lui a montré comment maîtriser son don, dès son plus jeune âge. Elle est morte, Ishtar, tuée par des Wardens, au nom de la sûreté d’Altéa. Il ne l’a pas pleurée. Les larmes, c’est pour obtenir des faveurs, les larmes, ça ne sert pas à ça. Puis il y a les autres qu’il accapare et jette dès qu’il n’y a plus assez d’argent à son goût. Dès qu’il se lasse, en vérité. Son cluster est une épine dans la ravissante plante de son pied, puisqu’il ne peut s’en débarrasser tout à fait. (X. Tu n’aimeras que toi) Il contemple son reflet, dans les miroirs ou les vitrines, trompe sa solitude en soutenant n’aimer que lui-même, vaniteux, égoïste, cruel, s’il ne s’aime pas, personne d’autre ne le fera. Il le sait. Mais il ne s’aime pas beaucoup, à la folie, passionnément, il n’aime que la surface, l’objet, pas la personne. A ses propres yeux, il n’est pas quelqu’un, il n’est qu’une jolie poupée, vide d’entrailles et de sens, il n’y a rien, quand on gratte un peu, qu’on écaille la peinture pour voir ce qu’il y a en-dessous. Rien, rien, rien. Ou peut-être que si. Plus loin. Plus profond. Mais on ne peut l’atteindre sans que la porcelaine ne se fissure. Des clients, des escroqués, partenaires de soirées, etc. |
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