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 Nowei — Still into you

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MessageSujet: Nowei — Still into you   Nowei — Still into you EmptyMer 6 Déc - 20:42

Cause after all this time,I’m still into you
En arrivant de l'autre côté, à Altea, ce qui est frappant c'est les couleurs, la lumière et la qualité de l'air. Chaque fois qu'il fait le voyage de Néphède à ce nouveau monde, ses yeux mettent du temps à s'adapter, comme après être sorti d'un tunnel. À Néphède le ciel est bleu mais la notion de « bleu » des Néphèdiens n'est pas la même que celle des Altéans. Chez lui le firmament a la couleur du ciment, chez eux, ça irradie de clarté, c'en est presque surnaturel. Du bout des doigts il tire sur le masque noir qui lui couvre la bouche et le nez pour le baisser jusqu'à sous son menton. Ici il n'en n'a plus besoin, il doute même que le mot « pollution » leur évoque quelque chose de concret. En se mêlant à l'effervescence de la capitale, Nawei détonne. En plus du climat, de l'architecture et du reste. La mode n'est pas la même ici que chez lui. Bien qu'il n'ait pas un style particulier, la couleur de ses vêtements suffit à le démarquer. Leur noir est vibrant, le sien ( à leurs yeux ) est délavé, terne. Il est comme une tache flou sur une photographie éclatante de vie. Malgré ça, les regards s'attardent à peine sur lui et si c'est le cas c'est bienveillant ou juste un peu curieux.

D'après les informations qu'il a récolté Nuo doit être sur la route 66, là où les plus hardis s'amusent à enfreindre les règles pour de l'adrénaline et/ou énormément d'argent. Il pense à Aecha avec regret, elle aurait adoré l'accompagner ( non pas pour revoir Nuo, ça, il se doute qu'elle s'en passerait bien ) mais pour pouvoir admirer de ses yeux passionnés ces voitures à la technologie complexe qui sans doute, la dépasserait mais l'intriguerait aussi avec véhémence. Seulement il a l'interdiction formelle de communiquer l'existence du portail et qui sait ce que sa sœur ferait de cette information. Non, c'est mieux comme ça.
Il trouve plus rapidement que prévu l'endroit où se déroulera la course. Il sait que Nao, le frère de la rouquine, compte y participer. Il a d'ailleurs eu plus d'informations qu'il n'en attendait sur lui et tous les autres membres de la famille Ilang... Et Rietveld, famille décomposée et déchirée. Ça devrait le mettre mal à l'aise d'en savoir autant sur des gens qui ignorent tout de lui, ça devrait.
Une foule composée d'une trentaine de personnes mise leurs stellars sur leur champion. Nao fait partie des favoris, il fait d'ailleurs à peine semblant de l'ignorer. Son air faussement concentré dissimule mal la fierté exacerbée qui étire ses lèvres comme si c'était un jour de gloire. Nawei en sait assez pour savoir que pour lui les jours ressemblent sempiternellement à une grande fête où il est l'invité d'honneur. Le Néphèdien étudie la scène en retrait jusqu'à trouver la vraie raison de sa présence ici, Nuo. Elle se détache singulièrement, elle aussi est facilement repérable au milieu d'une foule mais contrairement à lui c'est parce qu'elle dégage une aura amène, qu'il juge attractive. Elle est accrochée à son « frère », ses yeux lui implorent la prudence. C'est une scène qui lui est familière et qui aurait pu lui décocher un sourire si à sa vue l'air avait continué de faire sa route jusque dans sa trachée pour alimenter ses poumons. Ils ne se sont pas revus depuis qu'elle est retournée chez elle soit un peu moins d'un an. Elle n'a pas changé et il vient à se demander si c'est le cas pour lui. Si oui, est-ce qu'elle serait capable de le reconnaître ? Elle a beau avoir vécu huit mois chez lui, ils ont passé leur temps à se croiser, à échanger des fragments de conversation qu'elle essayait en vain de faire durer. Ça ne fonctionnait pas parce qu'il est lui, elle a donc appris à composer avec son mutisme en parlant pour deux. Il se souvient nettement des moments passés auprès d'elle, ça n'en avait peut-être pas l'air car il n'est pas très expressif mais ces bribes d'instants étaient précieux, aussi curatifs que les pilules qu'il ingurgite pour ressentir mais avec plus de goût et de réel.

☽☽☽
Il se laisse glisser contre le mur de l'entrée, à l'instar d'une traînée de peinture qui dégoulinerait jusqu'au sol. Amorphe, il a le regard perdu à la recherche de rien. L'anesthésie générale qui circule ordinairement dans ses veines ne fait plus effet, il est dominé par l'angoisse. Des flashs de cette nuit s'imposent à lui. La terreur, les supplications mais surtout les ordres. Ils reviennent sans cesse en boucle sans qu'il ne puisse y échapper. Ses jambes remontent jusqu'à son torse, il glisse entre ses genoux son visage, fermant les yeux pour se concentrer et retrouver le barrage qui d'habitude se charge de garder éloigner ce truc inutile qu'on appelle la conscience.
Sa respiration est semblable à celle d'un animal blessé qu'on aurait abandonné sur l'autoroute. Victime et bourreau, qui aurait cru que la limite entre les deux était si fine ?
Une main se pose sur son épaule, sans lever le regard il devine que c'est elle, Nuo. Sa mère l'aurait ignoré, trop ivre pour se rendre compte de sa présence. Hyunki se serait assis à coté de lui sans oser le toucher, l'enlaçant de ses mots réconfortants par défaut et Aecha elle, l'aurait serré si fort contre son être que sa position en aurait été désarticulée et il aurait été contraint d'en adopter une nouvelle.
Nuo est douce, elle l'aborde calmement avec retenue car leur relation est trouble. Elle ne sait pas si elle peut le prendre dans ses bras ou si elle doit garder ses distances alors elle opte pour un entre-deux. Ils restent un moment comme ça, elle avec ses doigts qui emprisonnent son sweat sur son épaule gauche, bientôt la tête posée sur celle de droite et lui reste immuable, seul son souffle connait des fluctuations. D'abord contrôlé par la détresse puis ensuite rasséréner progressivement, jusqu'à retrouver la paix.
« Ça va mieux ? » Il hoche subrepticement le chef. « Tu veux que je te laisse ? » Cette fois-ci il répond par la négative alors elle se rapproche un peu plus et lui il murmure un « merci » du bout des lèvres, qu'elle interprétera comme un soupir.

Elle ne serait sûrement pas restée si elle avait su que cette nuit-là, il avait été l'un de ceux qui ont arraché des enfants Altéans à leur mère. Gosses qui serviront de cobayes aux expérimentations de drogues du gang, qui finiront vendus au plus offrant ou pour les plus « chanceux » qui intégreront leur rang pour servir de soldat. Les ordres raisonnent encore, ils sont plus forts que les hurlements déchirants de la mère qui agrippe la main de son fils et qui supplie jusqu'à marchander sa vie mais ce deal ne valait pas grand chose, elle leur appartenait déjà.

☽☽☽
Il réduit la distance, pourtant il a l'impression de marcher sur un tapis roulant qui roule dans le sens opposé au sien. C'est laborieux, plus que tout ce qu'il a dû traverser pour atterrir jusque-là et pourtant il a dû en surmonter des épreuves. Soudoyer les bonnes personnes pour obtenir des informations, passer par le portail sans se faire repérer, trouver un alibi qui tienne la route pour expliquer son absence à son boss, Niran et Aecha. Ce n'était pas facile mais rien comparé à ça.
Le tapis mécanique arrête de faire des siennes, il est tout près. Nao vient de monter dans sa voiture, aborder Nuo sera plus facile. Il hésite sur la manière de s'y prendre. Faut-il juste se contenter d'un vulgaire " bonjour " ou toucher son épaule comme elle l'a fait avec lui par le passé ? Au final c'est elle qui se retourne. Elle le dévisage comme s'il était une équation improbable, elle qui sait pourtant tout déchiffrer. Lui a le visage qui baigne dans la glue, imperturbable ou du moins qui en donne l'air.
Y'a un truc qui est déglingué dans sa poitrine, ça lui fait mal et ça cogne fort comme un navire qui rencontre un iceberg mais à répétition. La coque subit l'impact et dès qu'elle est percée, qu'il s'apprête à couler, une force surhumaine appuie sur reverse pour qu'il vive indéfiniment la même scène. Tout est conditionné par ce petit bouton, un véritable bug dans son système nerveux.
Ça se décoince quand à travers ses orbes il sent qu'elle le reconnaît. « Nuo. » Il aurait dû dire « salut » ou « on peut s'éloigner pour parler ? » Une entrée en matière avec un vrai sens mais non, la seule chose qu'il a réussi à trouver logique parmi les méandres de son esprit détraqué par le "bouton reverse", c'est elle alors il a fait avec.
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Cause after all this time,I’m still into you
Il y a toujours de la vie autour de Nao, et il a toujours de la vie autour d’elle aussi. Que ce soit à Paracelse ou à sa sortie, que ce soit à Paracelse ou ici. Les gens l’aiment bien, en général, parce qu’elle sourit constamment, parce qu’elle aide sans qu’on lui demande, parce qu’elle a les yeux qui s’illuminent facilement. Nao a une aura différente, plus imprudente, peut-être ; et elle déteste lorsqu’il est imprudent. Comme maintenant. Elle s’escrime à lui faire des recommandations de dernière minute tout en sachant pertinemment qu’il ne les écoute que d’une oreille très distraite ; parce qu’elle se répète depuis qu’ils sont gamins et parce que de toute façon, il n’a aucune intention d’être prudent. Il cache mal son excitation et elle le laisse monter derrière le volant sans l’accaparer plus longtemps. C’est plus fort qu’elle, chaque fois — elle se dit qu’il suffirait d’une erreur d’inattention pour qu’il termine comme Kandaras et Kandaras, elle n’a pas vraiment envie d’y penser. Pas maintenant ni jamais.

Alors elle se recule et se met en retrait pour laisser les concurrents se placer, les bras croisés en signe de mécontentement silencieux. Elle a prévenu qu’elle ne resterait probablement pas jusqu’à la fin de la course, parce que ça l’angoisse mortellement ne pas savoir exactement quand il va revenir et surtout dans quel état. Elle préfère encore retourner à Paracelse, s’enfermer dans une pièce à demi éclairée et trouver un sujet sur lequel bosser pour éviter de trop penser. Ce qui résume sa vie, à peu de choses près. Le tout manque cruellement d’action depuis que Katy s’est tirée. Nuo se sent incomplète, comme si elle avait perdu quelque chose d’important sans vraiment savoir quoi. Et pour être totalement honnête, cette sensation ne date pas réellement du départ de Katy — plutôt de son retour de Néphède. Oh, Néphède ne lui manque pas, loin de là. Elle n’aimait rien là-bas. Surtout pas la pollution, ni l’horrible masque qu’elle devait porter chaque fois qu’elle sortait (c'est-à-dire assez peu, parce que Hyunki comme Nawei n’étaient pas très enclins à la laisser vagabonder seule), et encore moins les regards suspicieux que les passants se lançaient les uns les autres avant de se noyer dans la foule.

Altéa est infiniment plus vivable. Presque trop. Parfois, le côté lisse de son propre monde l’effraie un peu. Mais alors elle se rappelle que c’est son monde, après tout, qu’elle est née ici, que son père aide à le construire jour après jour et que bientôt, ce sera son tour. Elle n’a pas le droit d’en douter, pas le droit de le remettre en question — pas vrai ? Et ils ont la magie. Magie qui laissait un vide terrible à Néphède. Vide comblé par Nawei.
Non, ça non plus, elle n’a pas le droit de le penser.

Elle en est à se détourner en levant les yeux au ciel tandis que les autres font hurler les moteurs. Les corps, autour d’elle, attendent le départ avec impatience, muscles tendus et cris d’euphorie. Nuo — Nuo, elle le loupe, le départ. Parce que ses yeux se sont posés sur un visage qu’elle ne s’attendait pas à voir ici, qu’elle ne peut pas voir ici. C’est impossible ; il vit dans un autre monde, ils sont séparés par un vide insurmontable, il n’est pas d’ici et elle n’est pas de chez lui. Pourtant il est là, juste là, elle pourrait en jurer, que c’est bel et bien lui et pas une invention de son esprit — elle reconnait ses yeux en amande, ses lèvres résolument fermées, son air décalé qui se fondrait parfaitement dans la masse à Néphède mais qui détonne sur Altéa.

Ce n’est pas elle qui s’approche, c’est lui. C’est lui qui fait le premier pas, et puis tous les suivants, tandis qu’elle reste interdite avec ses bras croisés. Elle est paumée, tellement paumée, c’est l’effet qu’il lui fait. Et de son côté, tout ce qu’il trouve à dire, c’est son prénom. Juste ça. « Nuo. » Juste Nuo. Ils ne se sont pas vus depuis presque un an, et elle a enduré ses blessures à lui sur sa peau à elle pendant tout ce temps, mais il revient les mains vides et la bouche aride, comme d’habitude. « C’est tout ? » Le ton est mi déçu, mi agressif. Le tout est tendu, parce qu’elle a envie de le serrer dans ses bras et de lui hurler dessus dans un même temps. Au final, c’est un entre-deux qui survient ; sa main s’agrippe à la manche du Néphèdien qu’elle attire encore plus en retrait, plus loin de l’attroupement qui commence à s’étendre légèrement en attendant le retour des pilotes. Ils sont seuls, ou presque ; en tout cas l’impression y est, parce que les rires leur parviennent un peu étouffés et qu’elle peut s’appuyer l’air de rien sur une voiture délaissée. « T’as mis dix mois à revenir. Dix mois ! » Et c’était horrible, parce que j’avais envie que tu reviennes tous les jours. J’voulais que tu sois là. Bien avant aujourd’hui. « Dix mois » qu’elle répète encore, comme si c’était insensé, parce qu’à ses yeux ça l’est. Elle sait qu’elle n’a aucun droit de le lui reprocher — qu’il ne s’était jamais expressément engagé à revenir. Mais elle pensait… naïvement, elle pensait qu’il ne pourrait pas tirer un trait aussi abrupt et violent sur elle, même s’il n’y avait rien eu d’autre entre eux qu’une cohabitation forcée de quelques mois. Non, plusieurs mois. Plusieurs longs mois où elle était entièrement, totalement dépendante des Lee — et elle croyait que ça signifiait quelque chose, surement pas pour Aecha, mais au moins pour Hyunki et lui.

Face à son silence (habituel), elle continue sur sa lancée : « T’étais le seul à pouvoir faire quelque chose — pouvoir revenir — t’étais le seul capable de passer d’un monde à l’autre et t’as juste… t’as… tu… » Suite aux nombreuses tentatives infructueuses destinées à terminer sa phrase, elle lève les mains en signe de capitulation rageur. Elle n’avait jamais bégayé auparavant, elle n’avait jamais eu de mal à parler auparavant. Elle se sent soudainement stupide, et même rougissante, ce qui n’est jamais arrivé non plus et la fait se sentir encore plus stupide. Histoire de dissiper la gêne, son regard s’aventure partout où Nawei n’est pas, sur les côtés où il ne se passe rien d’intéressant. C’est plus simple quand elle le regarde pas, elle ne perd pas ses moyens lorsqu’elle ne le regarde pas.
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MessageSujet: Re: Nowei — Still into you   Nowei — Still into you EmptyJeu 7 Déc - 21:02

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« C’est tout ? » Il baisse les yeux, les épaules plus basses qu'à l'ordinaire. Oui c'est tout, il n'y'a que lui, ses mots au forfait limité et le nuage gris qui l'accompagne partout où qu'il aille. Il est désolé. Désolé de ne pas avoir pu amener jusqu'ici celui qu'elle aurait vraiment aimé voir, il se doute que c'est décevant de devoir se contenter de lui. « Hyunki n'a pas pu venir. » Il est injoignable pour un moment, pour ne pas dire l'éternité. Elle l'attire hors de la cohue, malgré sa démarche raide qui laisse penser qu'il traîne des pieds, il est en réalité reconnaissant qu'elle les isole. Pour lui les grands attroupements sont comme un pass vip pour son pandémonium personnel. Les pièces closes et les endroits étroits ça l'oppresse quand les fenêtres et les portes sont fermées mais aussi quand un magma d'humains forme un bloc jusqu'à le comprimer et lui dissimuler la ou les sorties possibles. Il a déjà vécu une expérience similaire par le passé, ce n'était pas dans une foule mais dans le cadavre d'une voiture. L'air n'avait plus aucune valeur comme dépossédé de son oxygène. Plus il inspirait, plus le sentiment d'asphyxie se précisait. Le pire, ce n'était pas le manque de contrôle sur sa propre angoisse même si c'était effrayant car il a toujours su être maitre de ses émotions. Le pire curieusement ce fut le silence. Il ne s'entendait plus respirer même lorsqu'il cherchait de l'air par grosses bouffées.
Vide sidéral.
C'est d'autant plus vrai quand au milieu d'une foule les sons s'étouffent comme une flamme vacillante qui finit par s'éteindre brusquement, soufflée par sa propre claustrophobie.
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce n'est pas parce qu'il parle peu qu'il affecte un amour particulier pour le néant, c'est même tout le contraire. C'est un réel handicap d'avoir constamment la voix prise comme dans un piège à loups qui se referme sur sa prise à chaque tentative d'évasion. Les dents d'acier lui écorchent les phalanges et font bander ses muscles jusqu'à faire rompre ses ligaments, qu'il parvienne à se libérer ou pas. Lutter ça consomme de l'énergie qu'il préfère user ailleurs, comme dans les actes de la vie quotidienne qui lui coûtent presque autant que de devoir ouvrir la bouche. Se lever, boire, manger, respirer, bref « vivre. » Alors oui, il déteste le silence, en être victime lui-même est assez pesant pour ne pas en prime être privé des sons du monde extérieur.

C'est désormais à l'abri de l'attroupement que Nuo revient à la charge. « T’as mis dix mois à revenir. Dix mois ! » Il sait, il a compté lui aussi. « Dix mois. — Désolé. » Ça ne va sans doute pas arranger son cas, ça s'ajoutera à la liste des « juste ça. » Juste lui, juste ces miséreux mots en pagaille qu'il est même pas fichu d'aligner. Il glane l'énergie pour pousser ses excuses un peu plus loin, car elle mérite plus. C'est sa faute à lui si elle a mis autant de temps à rentrer chez elle, sa faute aussi s'ils ont coupé les ponts. Il repoussait toujours ça à plus tard en se trouvant des excuses. Il y'a plusieurs mois de ça, Niran l'a même accompagné jusqu'au portail. « Mais vas-y, t'as peur de quoi ?— … —Bon ton jeu il m'emmerde, dis-moi ce que t'as.C'est pas le bon moment.Tu préfères 15h15 ? C'est un nombre rond.Laisse tomber.Peut-être qu'elle va se trouver un autre gars et t'auras l'air encore plus con que maintenant. Je lui souhaite. » Au fond il espérait arriver « trop tard », qu'elle ait le temps de se reconstruire après ces huit mois volés à Néphède, un temps qu'elle aurait pu utiliser pour rencontrer quelqu'un de nouveau. Ça serait mentir que de dire que tout ce qui s'est passé entre eux était platonique, vers la fin ça ne l'était plus du tout. Après sa rupture avec Hyunki, ils se sont rapprochés à une vitesse fulgurante comme si les entraves avaient été brisées. C'est là qu'il a décidé de la ramener chez elle. Elle est mieux ici que dans son monde miteux où il faut dormir les yeux grands ouverts. Il était convaincu de faire le bon choix mais il n'en n'est plus si sûr face à sa perte de contrôle. Elle l'accable, balbutie comme si ses nerfs venaient de lâcher et une fois de plus il est désolé mais son pardon elle s'en moque c'est des explications qu'elle attend et il sait à quel point Nuo adore ça. Sa main se lève, à mi-chemin entre elle et lui. Il veut la réconforter, toucher son bras ou frotter son dos parce que quand elle le faisait pour lui, ça fonctionnait mais il se ravise au dernier moment. « J'ai pas d'excuses qui te satisferaient. » Et c'est vrai, ça ne ferait que la frustrer davantage. « Je suis venu pour te parler de Hyunki. » Il attend, examine sa réaction et elle le déroute. Elle a l'air de ne pas comprendre, comme si ce n'était pas le moment de faire allusion à son frère, qu'il y'avait plus urgent à régler. Il se ressaisit, retrouve la platitude de ses émotions auxquelles il se raccroche pour poursuivre d'un très habile : « Il, hm. » La dernière fois qu'il a dû l'annoncer à quelqu'un, des cris de fureur ont percé ses tympans et ses vêtements ont épongé des larmes. Il réfléchit à la manière de lui annoncer mais il n'y'en a aucune de véritablement meilleure qu'une autre alors il se lance sans préambule. Sa voix est claire lorsqu'il lui révèle enfin : « Il est mort. » Il s'en veut de paraître indifférent, d'annoncer ça sur un ton morne, sans l'ombre d'une émotion. Il ose à peine imaginer ce qu'elle pense de lui à cet instant précis, personne ne devrait être insensible à la mort de son frère. Sa mère a été franche le jour de l'enterrement et encore aujourd'hui lorsqu'elle est plus malheureuse qu'un autre jour elle lui rappelle, pour qu'il craque et finisse par faire comme elles. Sangloter jusqu'à en avoir les yeux irrités ou la voix enrouée après avoir trop sollicité ses cordes vocales comme Aecha. Il n'a pas été à la hauteur de ses attentes en se contentant d'être debout et de regarder la cérémonie comme il aurait regardé un mur de pierre. Si elle avait pu lire dans son esprit, elle aurait pu voir les larmes, les hurlements et la souffrance. Elle aurait pu entrer en contact avec la petite voix qui ne demandait qu'à échanger leur rôle, Hyunki debout et Nawei dans la tombe.
« Je sais pas quoi faire. » Pour une fois il est honnête, il ignore la démarche à suivre. La consoler ? Lui parler de sa mort ? Lui proposer d'aller sur sa tombe ? C'est glauque, non ? Il sait pas. Peut-être que c'est son moment, parce qu'il vaut mieux ne rien dire et que lui il excelle dans cet art. Dans le doute, il demande quand même. « Qu'est-ce que je dois faire ? » Il est incapable de savoir comment agir pour réconforter quelqu'un mais pour élaborer des plans de survie, là, il n'y'a pas plus ingénieux. Aecha a raison, il est vraiment pas foutu comme les autres.
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MessageSujet: Re: Nowei — Still into you   Nowei — Still into you EmptyVen 8 Déc - 17:23

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« Hyunki n'a pas pu venir. » Ce n’est pas ce qu’elle demande, encore moins ce qu’elle implique. Ça ne l’intéresse qu’à moitié, d’une oreille plus que distraite — certes, revoir Hyunki lui ferait plaisir, mais elle ne comprend qu’à moitié ce qu’il vient foutre là, au milieux de Nawei et d’elle. Sortir avec Hyunki était une erreur, et la facilité déconcertante avec laquelle ils se sont détachés l’un de l’autre pour devenir de simples amis l’a prouvé. Il n’y avait rien de fort, pas de sentiments amoureux, juste une entente tacite entre deux personnes qui se ressemblent, deux mômes aux valeurs similaires. Il pouvait lui apporter un toit et elle pouvait lui apporter du rire. Enfin, au début. Avant qu’elle ne se rende compte qu’elle s’était trompée de frère. « Désolé. » qu’elle entend enfin, et le mot ne suffit pas à l’apaiser. Elle aurait aimé plus, elle aurait aimé des explications. Des excuses, oui, mais aussi des justifications. Elle aurait voulu comprendre pourquoi rester à Néphède est si facile pour lui, pourquoi rester loin d’elle est si facile pour lui, pourquoi ne pas passer ce putain de portail pendant dix longs mois a été si facile pour lui. Pourquoi, pourquoi et encore pourquoi. Il lève la main pour faire elle ne sait quoi, elle recule instinctivement, butée et déçue. La voiture immobile, dans son dos, l’empêche d’aller bien loin mais qu’importe ; elle attend la suite d'elle-même, bien décidée à ne pas partir avant d’en savoir plus. Il lui a donné si peu, trop peu. « J'ai pas d'excuses qui te satisferaient. » Elle traduit mentalement : j’ai pas d’excuse tout court, j’avais juste pas envie de venir. Elle avait déjà pu constater qu’il s’en foutait bien plus qu’elle ne s’en foutait, mais en avoir la confirmation n’aide pas à se détendre. « Je suis venu pour te parler de Hyunki. » Forcément, comme d’habitude, encore. Si Hyunki va mal, elle est d’accord pour repasser le portail avec Nawei et endurer Néphède à nouveau. Pour lui, pour pouvoir trouver une solution. Elle le ferait sans même réfléchir, sans trainer, sans faire attendre. Mais elle aurait aimé pouvoir s’expliquer avec Nawei avant, lui dire qu’il avait pas le droit de la laisser comme ça, de la ramener chez elle et juste se casser après, de la nexter et d’agir très exactement comme si elle n’existait plus.

« Il, hm. — Oui ? » qu’elle relance, impatiente, tandis que le néphédien cherche vainement ses mots. Elle l’observe d’un oeil interdit en train de lutter contre lui-même, lutter contre sa gorge qui ne laisse rien passer et sa langue qui ne veut rien formuler. Il semble victorieux, et lance enfin sa trouvaille après avoir tergiversé de longues secondes : « Il est mort. »

Il y avait d’autres façons de l’annoncer.

Elle a envie de redemander : c’est tout ? Tu me balances la vérité crûment (cruellement) et tu me laisses comme ça ? Sans précisions et sans aide et sans rien ?

Mais c’est égoïste et c’est pire pour lui et elle prend sur elle.

« Je sais pas quoi faire. » Elle non plus. Elle n’a jamais perdu quelqu’un, jamais vraiment, elle s’est toujours arrangée pour que la médecine ou la small science viennent les sauver. Elle est face à un point de non retour qu’elle n’a jamais atteint. Elle est face à sa propre inutilité, face à sa propre médiocrité. Face à tout ce qu’elle aurait du faire et qu’elle n’a pas fait. « Qu'est-ce que je dois faire ? » A côté, les altéans s’amusent et leurs rires sonnent flous. Tout a l’air de s’actionner très vite alors qu’ils sont tous les deux au ralenti. Nao est rentré avec la victoire au creux des mains et elle est incapable d’aller l’acclamer. Elle baisse les yeux sur ses bras boursouflés de coupures d’inattention et de bleus fatigués qui devraient apparaître sur ceux du Lee, elle baisse les yeux sur la vitre qui lui renvoie l’image de Nawei, avec les traits dessinés avec légèreté, un peu comme une oeuvre d’art, et elle se dit qu’ils n’avaient vraiment rien en commun, Hyunki et lui. Ni le physique ni la voix ni les envies ni rien du tout. « Y’a plus rien à faire, » qu’elle suppose. Il est du genre à ne pas pleurer mais il a tout de même les yeux délavés. « C’est moi qui devrait trouver quelque chose à faire pour toi. » Elle a dormi avec Hyunki et lui a servi des cafés le matin et ils ont étudié sur la même table avec les jambes emmêlées l’après-midi, mais elle ne veut pas y penser, elle aime bien nier. Et ça n’a rien de comparable avec vingt-trois ans de vie commune, même entre des frangins qui ne s’entendent pas.

Alors maladroitement, elle le prend dans ses bras. Il est plus grand qu’elle, elle ne peut pas poser sa tête sur son épaule. Et lui, il reste inanimé, un peu malaisé, sous le choc. Elle devine qu’il n’a pas l’habitude, et elle ne lui en veut pas, elle sait qu’il est comme ça. Qu’il lui faudra surement plusieurs tentatives pour refermer ses bras autour d’elle, et encore plus pour laisser ses muscles se détendre. « J’pourrais être là à l’enterrement ? » Il se raidit encore plus, et lentement, elle comprend. Ça c’est fait sans elle. Il s’en est passé, des choses, en dix mois. Beaucoup trop. Des choses qui ne la concernent pas, des choses dont elle a été exclue. Dans leurs vies, à Hyunki, Aecha, Nawei et la bouteille qui leur sert de mère, elle n’était qu’une intrus, une fille en trop, un ovni débarqué d’une autre planète qui ne s’acclimatait pas. Bien sur, elle le savait. Bien sur, ça fait mal quand-même. Alors elle se détache, le lâche. Il en encore plus raide que lorsqu’il est arrivé, elle est encore plus rejetée. « Pourquoi t’as pris soin de venir me voir pour me dire ça ? » Le ton est plus dur qu’elle ne l’aurait pensé. « C’est trop tard, de toute façon, j’te sers plus à rien. Fallait venir me voir avant, quand j’pouvais encore y faire quelque chose. » (Fallait venir avant tout court, histoire que j’puisse encore croire qu’on avait de l’avenir). Face au manque de réaction, elle réagit pour deux : « C’est le moment où t’es censé m’expliquer ce qui s’est passé. »

Silence.

« C’est le moment où t’es censé me dire que t’y étais pour rien. »

Supplication, puis silence.
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MessageSujet: Re: Nowei — Still into you   Nowei — Still into you EmptyDim 10 Déc - 21:07

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« Y’a plus rien à faire. » C'est une vérité crue qu'il a digéré tôt, sûrement trop. C'est pas comme « maman » qui déterre des souvenirs de famille auxquels elle n'a jamais été attachée mais qui après la mort de Hyunki sont devenus comme de véritables reliques sacrées. La nippone erre dans l'appart avec les fringues de son fils sur le dos. Elle nage dedans, ça lui donne un air vulnérable, puis ça vire au pathétique quant à la place des portraits c'est les bouteilles qu'elle enlace. Aecha de son côté ne se laisse pas abattre, elle a la rage comme hymne dans la poitrine et ça parasite son esprit qui est désormais conditionné pour faire entendre justice. Y'a aussi Niran qui est affecté mais lui c'est pas le cœur qu'il a en lambeaux, c'est sa conscience. Elle est pendue, se balance d'avant en arrière à chaque fois qu'il y pense. Quand il y pense trop fort, c'est lui qui se balance, les bras autour de lui-même en marmonnant une litanie de « pardon » pour lui, pour Aecha et surtout pour Nawei. S'il ne l'avait pas contraint à le suivre cette nuit-là, son meilleur ami aurait toujours son frère, de quoi s'en vouloir pour un bon bout de temps.
Mais oui, y'a plus rien à faire ou presque.
Il en oublie d'être étonné. Il s'attendait à des sanglots, des « non » hystériques ou des « pourquoi ? » dramatiques où elle se serait accrochée à lui en hoquetant de chagrin mais rien de tout ça. C'est comme si, ça ne l'atteignait pas ?
« C’est moi qui devrait trouver quelque chose à faire pour toi. » Il n'a pas fait tout ce chemin pour lui solliciter du réconfort, ni quoi que ce soit d'autre d'ailleurs. Il voudrait lui dire « j'attends rien de toi » mais elle le prendrait mal, pour elle ça sonnerait comme un « j'ai pas besoin de toi » et c'est faux. Il a besoin d'elle, pas pour faire son deuil, ce genre d'épreuve il sait gérer. Mais pour le reste, ces trucs minimes du quotidien qui ont l'air de rien mais qui à la fin constituent une addition conséquente, pour ça elle est précieuse.

Il a en mémoire ses sourires-lumières, sa patience à toute épreuve et leur jeu de gosse qui consistait à lire sur les lèvres des inconnus puis des leurs. Elle lui demandait toutes les dix secondes « et là j'ai dit quoi ? » Pour entendre sa voix et fière de son coup, elle s'empressait de le rapporter à Niran. Y'a aussi eu ces jours sans, auxquels elle a ajouté des plus. Sans oublier ses questions intempestives, celles où il répondait laborieusement par des « hm », « oui », « non », « ok », « ... » et angoissée, elle culpabilisait. « Je t'ennuie c'est ça ? Si tu veux, j'arrête de parler. NonNon quoi ?T'arrête pas. » Elle fronçait les sourcils et lui luttait avec le piège pour faire sortir les mots avant qu'il ne se referme sur eux. « Ça me dérange pas. » C'était même tout le contraire, quand elle lui adressait la parole il se sentait un peu moins vide que d'habitude.
C'était peut-être pas grand chose mais pour lui son temps, son attention, elle.
C'était c'est inestimable.

Bras le long du corps, bouche scellée. Il darde son regard dans le sien à défaut d'une réponse. C'est plus facile pour lui de communiquer par ce biais, il a l'impression de pouvoir s'exprimer dans sa langue natale, le silence. Le silence se parle avec le corps, avec le cœur. Les ponctuations sont les soupirs, les souffles coupés ou haletants. Parfois les mots peuvent être des sons, le bruit des articulations qui craquent, de déglutissement, de langue qui claque le palais. C'est un langage qui ne s'apprend pas, il est instinctif et Nuo semble le comprendre. Là il essaie de faire passer un message confus, parce qu'il l'est. Dans sa tête les ratures se superposent, elles apparaissent à chaque nouvelle pensée. Ça forme un gros gribouillis indéchiffrable. Il est désemparé mais là elle l'enlace et c'est pire. Y'a plus de rature, tout est bleu, avec des taches de lumières indistinctes encore plus floues que le reste. Il est raide, comme un bloc de glace mais avec un palpitant qui bat. Il n'ose pas bouger, cependant il n'en a pas besoin pour vivre cet instant.
Quelques-unes de ses longues mèches de cheveux lui chatouillent le visage. Il a en image ses doigts qui démêlent ses boucles, son parfum et le sien qui fusionnent jusqu'à enfanter une nouvelle fragrance, la leur. Quand elle s'éloigne, ses yeux dévient une fraction de seconde sur ses lippes sur lesquelles il n'y'a pour cette fois pas de message à décoder, juste des rêves à broder avec de l'imagination. « J’pourrais être là à l’enterrement ? » Elle brise l'étreinte car ses muscles ont parlé pour lui « c'est trop tard. »
La magie se dissout. C'est l'heure des reproches, de l'interrogatoire au goût de blâme. « Pourquoi t’as pris soin de venir me voir pour me dire ça ? » Heureusement qu'elle enchaîne avec une autre question car à celle-ci, elle n'aura pas réponse. « C’est trop tard, de toute façon, j’te sers plus à rien. Fallait venir me voir avant, quand j’pouvais encore y faire quelque chose. » C'est acide, ça fait des trous dans la peau, ça ronge jusqu'aux os. « C’est le moment où t’es censé m’expliquer ce qui s’est passé. » Ça c'est dans ses cordes, rapporter des faits c'est pas s'exprimer, s'ouvrir en deux pour que la personne voit ce qu'on a dans le ventre ( Nuo veut pas voir, c'est pire qu'un cauchemar. ) « C’est le moment où t’es censé me dire que t’y étais pour rien. »
Là par contre, ça devient compliqué.

Il commence par ce qui lui semble le plus important, la faire déculpabiliser car elle n'aurait rien pu faire. Il ne veut pas qu'elle vive avec des « et si » car ce n'est pas son fardeau, c'est le sien, celui de sa soeur et aussi, celui de Niran. « Il a été tué, personne n'aurait pu le sauver. Pas même toi. » Et pourtant il sait à quel point elle est douée ( il sait aussi à quel point elle en doute. ) « Je l'ai pas tué mais... » Sa phrase en suspens irrite la rouquine, elle est tendue comme un ressort qu'on aurait tiré jusqu'à son extrême capacité. Elle est à deux doigts de le secouer pour qu'il termine sa phrase, il met alors brutalement un terme à l'agacement lié à l'attente. « C'est comme si. » Il anticipe ses futures questions et de nouveau, l'acide fait son job d'acide. Sa trachée fond comme du beurre au soleil, elle est recouverte de cloques. De bulles de sang se forment dans sa gorge et ça devient critique, il aimerait tousser un bon coup mais ses réflexes sont en panne.
Il se fait violence pour poursuivre sans donner l'air de souffrir le martyr, parce que l'aveu qui va suivre, il va tout changer. Il le confronte aussi à ce qu'il est : un meurtrier. Une pourriture qui tire sur la gâchette pour satisfaire un père qui n'est pas le sien. La liste de ses crimes est longue, mais ce meurtre en question il est différent des autres. C'était soit Niran, soit ce mec. Avec du recul, c'était pas simplement la vie de Niran qui était en jeu mais aussi celle de Hyunki et il se dit que si c'était à refaire, c'est écoeurant mais il recommencerait avec seulement l'ombre d'une hésitation.
« Y'a un bail j'ai tiré sur quelqu'un et ce mec a été vengé, au prix de la vie de Hyunki. » Maintenant elle sait, il vient de confirmer ses craintes. Il ne pouvait y être que pour quelque chose pas vrai ? Il ne lui avait même pas parler des circonstances de la mort de son frère qu'elle le savait déjà coupable. Il finit par dire, d'un ton plat, sans nuance. « Tu vois, vaut mieux que je retourne à Néphède. J'ai pas ma place ici. » Il pense d'ailleurs avoir sa place nulle part mais au moins là-bas, les gens savent subir le chaos. Nuo elle, il doute qu'elle ait les épaules pour tous les cadavres qu'il se traîne. Il est comme un cancer qui s'inocule dans l'âme sans permission. Ça a tué Hyunki, il ne veut pas qu'elle soit la prochaine. Il jette un rapide coup d'oeil par-dessus son épaule, désigne Nao. « Je vais y'aller. » Ils n'ont plus rien à se dire ou du moins, rien qu'il puisse formuler même par ses silences.
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MessageSujet: Re: Nowei — Still into you   Nowei — Still into you EmptyLun 18 Déc - 20:39

Cause after all this time,I’m still into you
Nawei n’hésite pas longtemps avant d’ouvrir la bouche pour lui répondre, et ça la surprend parce qu’elle pensait qu’il y réfléchirait à deux fois, qu’il trouverait la question trop difficile, qu’il lui dirait qu’elle n’a pas à le savoir, que ça ne la regarde pas. « Il a été tué, personne n'aurait pu le sauver. Pas même toi. » Qu’est-ce qu’il en sait ? Hein, qu’est-ce qu’il en sait ? Elle est l’enfant prodige. Et ce handicap, cette façon qu’ont les autres de l’appeler génie dans les couloirs avec de la jalousie cachée dans la voix, ce regard que portent les professeurs sur elle si facilement déçus parce qu’ils en attendent toujours tellement, cette pression écrasante au point que parfois elle doive s’isoler pour respirer, ses sursauts qui agitent ses mains lorsque ses doigts sont traversés par la magie — tout ça, il faut bien que ça serve à quelque chose. Qu’elle soit utile. Qu’elle sauve des gens et des vies et encore et toujours. Qu’est-ce qu’elle a accompli, si elle est infoutue de sauver Hyunki ?

« Je l'ai pas tué mais... » Chaque parcelle de son corps est tendue à l’extrême. Il lui semble que chaque mot résonne à l’intérieur d’elle tellement elle est remplie à ras bord d’impatience. Elle a besoin de savoir, terriblement besoin de savoir. Pour une raison de curiosité innée, certes, mais pas seulement — aussi pour être rassurée. Elle veut entendre Nawei lui dire qu’il n’y est pour rien, qu’il n’a joué aucun rôle, qu’il n’était pas là, absent, quelque part ailleurs. Elle veut pouvoir s’endormir en se disant qu’il n’y a aucune connexion entre son âme-soeur et le drame — les drames, qui semblent le poursuivre inlassablement et qu’elle s’escrime à nier. Il n’y est pour rien, non, rien. Il n’est pas comme ça. Pas vrai ? Elle est si douée lorsqu’il s’agit de s’en persuader qu’elle parvient presque à y croire. Enfin, jusqu’à un certain point. Jusqu’à ce qu’il dise : « C'est comme si. »

Même là, elle trouve encore la force de faire non de la tête. Comme une enfant qui ne pourrait pas se résoudre à y croire. « Pourquoi tu dis ça ? » Elle s’attendait à ce que sa voix soit plus forte, mais elle ne l’est pas. « Y'a un bail j'ai tiré sur quelqu’un. » Rien que cette première information est déjà compliquée à digérer, parce que même si elle sait que Nawei n’est pas vraiment clean, elle ne peut pas se résoudre à l’imaginer en train de faire ça. Lui ne semble pas se rendre compte de la bataille intérieure qu’elle livre et continue d’un ton égal : « et ce mec a été vengé, au prix de la vie de Hyunki. » Elle est vive d’esprit, habituellement. Cette fois-ci, il lui faut tout de même un petit temps pour relier toutes les informations entre elles. La trame finale refuse de se mettre en place, ne veut pas délivrer son résultat. « On a qu’à dire que c’était pas vraiment de ta faute, alors. » Elle essaye mais ça sonne comme une supplication. Ça veut dire que ça sonne mal. Ça ne tient pas la route et une partie d’elle le sait. Ce n’est qu’une partie minuscule au départ — et puis elle grandit, prend de l’ampleur, de la place. Elle gagne. Il est fautif. Il est responsable. Non ?  

« Tu vois, vaut mieux que je retourne à Néphède. J'ai pas ma place ici. » Il est si froid que ça l’enrage, elle. Il reprend son masque indifférent, il prétend que ça ne l’atteint pas. Et il va partir, encore, et ne pas revenir pendant dix mois, encore. Voire ne jamais revenir. « Ouais, t’as raison, t’es mieux à Néphède. » Le sarcasme est plus que palpable mais presque en même temps, Nawei conclu leur conversation par un « Je vais y aller » sans appel. Elle continue à le fixer plusieurs secondes, et il fait pareil, et ils restent là comme deux cons, à entendre que l’un daigne mettre sa fierté de côté pour retenir l’autre. « Qu’est-ce que t’attends ? » Elle n’avait jamais réagi comme ça auparavant — en tout cas, jamais avec lui, jamais face à lui. Elle voudrait pouvoir arrêter de se battre contre tout ce qu’elle ressent, contre l’idée même que Hyunki est mort, que c’était lui qui les reliait, qu’ils n’ont rien pu faire pour l’aider ; contre l’idée qu’elle ne trouve pas Nawei responsable alors que si elle était réellement quelqu’un de bien, elle le devrait ; contre l’idée, aussi, l’idée qu’il reste à Néphède la tue. « Tu reviendras ? » Il a déjà tourné le dos et elle ne parle pas très fort mais ça n’empêche qu’il l’entend quand-même, elle en est certaine. « Dis, tu reviendras à Altea ? » Elle se sent stupide de demander ça, mais elle sait que ce n’est pas lui qui le ferait et qu’elle s’en voudrait encore plus de rester muette — parce qu’il dit qu’il n’a pas sa place à Altea mais elle n’a pas sa place à Néphède non plus, et pourtant pour lui elle y retournerait.
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