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 de bouche en bouche et de nos bouches orphelines | Kassie

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Il y avait quelque chose d'impérial dans la démarche de Lua.
Peut-être était-ce dû à sa tête fièrement relevée qui semblait défier le monde entier, son pas assuré qui fouettait le bitume brûlant comme un éclair furieux, ses yeux bruns cernés d'un noir intense qui vous fixaient froidement et ne cillaient pas, ou encore à son dos tenu droit, libéré de tout fardeau. Sa bouche rouge sang élargie par un minuscule sourire de convenance semblait vous assommer, victorieuse, d'un « poussez-vous de mon chemin, misérable larve, j'ai de grandes choses à faire moi ». Mademoiselle Tolstoï puait la classe, peut-être, du haut de ses escarpins de marque noirs douze centimètres, enveloppée dans sa robe chiné dans une friperie de luxe sur la côte altéenne lors d'un été brûlant, mais elle transpirait surtout l'orgueil, ce maudit artifice, cette parure d'orgueilleux bienheureux qu'elle revêtait tous les matins et qu'elle s'évertuait à étaler sous tous les yeux des malheureux. En même temps qu'elle fendait la masse épaisse de ses vêtements éparpillés sur le plancher, Lua aimait se rappeler qu'il était encore loin le temps où elle peinait à se projeter vers un lendemain, qu'elle régnait aujourd'hui sur un chaos qu'elle avait elle même conquit. Elle esquiva leur encombrant voisin d'un mouvement souple du bassin, ignora son regard dédaigneux posé sur ses jambes nues et ponctua son échappé d'un majeur fièrement dressé.
Lua, vous étiez rarement aimable.

▬ Mates ailleurs vieux débris!

Il y avait quelque chose d'amer et de dur dans les volutes de fumée bleue qui s'échappaient de son joint, des caprices de diva ravalés, des silhouettes de Lua et autres torturées, découpées, brûlées à l'acide. Elle avait cette habitude de fumer une cigarette appuyée contre l'une des grandes fenêtres, bercée par les rires cristallins des enfants s'élevant dans les airs, tapie comme la maladie insidieuse dans l'ombre sibylline des rideaux en velours rouge. Sa longue cigarette blanche tordue entre ses longs doigts bagués d'argent et vernies glissait entre ses lèvres rouges comme le venin qu'elle crachait face aux outrages, aux élèves encore en chaussettes, aux jeunes qui ne savaient plus vivre, aux photographies jaunies qui suintaient l'oubli, aux cheveux trop blonds, à sa jeunesse avortée. Ses gestes nerveux trahissaient l'impassibilité marmoréenne de son expression, ses yeux agités traduisaient les torrents de fureur et de frustration qui se déversaient dans le creux de ses reins, toujours. Lua était nervosité, Lua était hystérie, Lua était enfant, Lua était femme. Un paquet de nerfs à vif dont chaque incision dans la chair sanglante était fatale, irréversible. Elle était femme du froid au sang bouillant, une Lua forgée dans l'acier brûlant et sa voix à l'accent fort avait des affreux airs de Goulag. Et surtout, mademoiselle n'avait pas de temps à perdre et s'épuisait de ces incessants dérangement.  

Alors que ses yeux s'agrippait à la maigre porte branlante, Lua songeait à de toutes autres affaires en un tout autre lieu, à l'indépendance qu'elle se promettait et qu'elle se contenterait à jamais d'effleurer du bout des cils, aux grands incendies qui brûleraient tous ces cafards rampants dont faisait parti le commun de mortels qui pullulaient comme de la mauvaise herbe sur Altéenne, aux sourires des gens trop heureux qui se faneraient un jour, à la jeunesse éternelle qui n'existait pas, à ses enfants qui un jour auront les yeux amers pareils aux siens. Lua ou le petit sourire au coin des lèvres, lorsqu'elle ouvrit la porte d'un coup de pied. Elle avait prit son temps pour venir, sans doute s'y était-il attendu.
Elle n'était pas connue pour son naturel matinal après tout.

▬ Kass?!

Elle avait le sourire sur les lèvres et les mains faussement timide croisés dans le dos, elle déambulait dans l'appartement dans un balancement de rein comme s'il s'agissait du sien. Lua au regard de joie qui rentre dans la chambre et se penche vers toi, de ses mèches d'ors qui s'éparpillent toutes autour de ton visage comme des fils de soies. Lua et ses baisers. Lua et son rire. Lua qui s'assoit sur le bord du lit. Et qui surtout ne te laissera jamais dormir.

▬ J'dois me faire tatouer.

Et il était absolument exclu qu'elle s'y rende toute seule.
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Even Stilinski
Even Stilinski
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de bouche en bouche et de nos bouches orphelines | Kassie XIo

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12JAN 18. Kass est canevas de lueurs lunaires et d'alcool brut, de skam dans les veines, d'encre noire sur peau basanée et d'abandons éhontés. Nomade dans l'âme et jusqu'aux tréfonds des artères, fugitif en perpétuelle cavale, hanté par une armadas de démons qu'il ne saurait quantifier.

Il a envie d'ailleurs, en ce moment. D'horizons vertigineux, de pics d'adrénaline. De tout laisser derrière et de se mentir ferme et dur, en s'jurant qu'cette fois c'est pour de bon. Ça l'bouffe aussi sûrement qu'un acide, rongeant l'épiderme ; mais la brûlure est enivrante et délicieuse, saveur aventure non saupoudrée de tourments. A défaut de pouvoir céder à la tentation des trips que modélise son imagination, pourtant, il se résout à s'encombrer au quotidien de son palpitant à l'agonie. Soulé de la routine morbide dans laquelle il se vautre, à se prétendre artiste bien qu'il ne crée que 40% du temps, faussaire et mercenaire hors des limites de la simili liberté impartie. Plusieurs vies en une : tantôt Thrasher poings de fer nez en sang, tantôt Sian en palette de couleurs, puis son alter ego sombre — Arsen — en échos des ordres du Mécène. Plus rarement Kass, piètre survivant sous les points de suture, pâle copie des sœurs pastels qu'il espère rassurer en se prétendant relativement intact ; et enfin, Stiles dans les moments rassurants. Il est un peu tout à la fois, au fond, et un peu rien en même temps, au point de s'y perdre lui-même parfois. 

Ce soir ses traits se drapent autour de l'univers de Stiles. Cloîtré dans ses murs qui n'ont de barrière que les limites inexistantes de son esprit avide, malléables puisque aptes à s'étendre à tout l'étage à l'exception d'un appart seulement. Perdurant au-delà, même, dans les vastes univers des jeux vidéos sur lesquels il s'use les phalanges et s'égosille, beuglant parfois d'impatience et s'esclaffant à plein coffre la seconde qui suit. Il est Stiles dans la pénombre relativement calme de son coin d'Altea, si différente de celle, suffoquante et morbide, de Neodam. Stiles dans les regards mais moqueurs mais honnêtes des potes, pseudo parmi tant d'autres dans la liste d'Axl et de Mads et autres Slash qui se libèrent du poids de la stricte réalité, et des fardeaux de la naissance, pour embrasser pleinement l'identité qu'ils ont choisie.

Il est Stiles et Sian en un délicieux amalgame, comme l'ébauche de bonheur lui éclot au creux du ventre et apporte avec elle le souffle pur de la sacro-sainte inspiration. Pseudo-muses tous autant qu'ils sont, ces paumés, ses cons, possessivité permissive fonctionnant dans les deux sens.  
Il est Stiles à baver sur un coussins cahoteux ayant peut-être, ou pas, connu des jours meilleurs ; ressorts du clic-clac moisi ancrés dans les vertèbres, laissé KO technique par les parties enchaînées jusqu'aux petites heures du jour et assaisonnées d'une petite collection de bières dont les carcasses gisent à ses pieds et à ceux de son comparse de tous temps — Slash.
Haleine chargée et respiration plus profonde du mec qui a abusé jusqu'au quasi coma.

Rien de bien inhabituel en somme ; l'inélégance faite gosse, puisqu'on le prendrait presque pour un faux-adulte de 20 piges banal dans cet état d'insouciant abandon — peut-être même un rescapé des fiévreux jeudi étudiants de la capitale.  

Le concerto de ronflements sonores se désaccorde sur le claquement bruyant de la porte d'entrée. Jamais vraiment close de toute façon, reconnaissance faciale de l'entrée progressivement bousillée, puis achevée pour de bon le soir où il s'est mangé l'écran (déjà cassé), en trébuchant sous l'effet d'un high proche de l'overdose. La cicatrice de sa joue gauche témoigne subtilement des points de sutures exécutés par Lua alors — suffisamment bien réussis pour constituer l'unique vestige, discret, de coupures pourtant moches à l'origine. Porte jamais close, donc ; assez clairement open bar pour que l'emmerdeur du 1601 ait un jour eu le cran de laisser son maudit clebs encrasser un peu plus les murs jaunis. Puisque Stiles est un abruti et que les autres ne valent pas toujours mieux, les lieux se sont parés de pièges que l'intruse du jour évite sans mal aucun, connaisseuse et exécutrice autant que co-instigatrice du méfait en question.

Stiles ne cille pas. Kass?! Il répond d'un ronflement tout à fait inconscient, toujours aussi dur à endormir qu'à arracher du sommeil. Elle se approche, Axl, et se penche, rideaux de fils d'or coulant suavement de sa nuque à celle de l'interpelé, baisers taquins ici et là, charme à même d'accomplir des miracles : il n'y a bien qu'elle qui parvienne à le tirer des limbes si aisément, là où les autres se retrouvent littéralement à le traîner hors du futon et sur la moitié des kilomètres à parcourir avant qu'il ne consente à ouvrir les paupières. Isthisheaven, il bafouille d'une voix rauque, langue affreusement lourde tandis que le flou artistique de ses yeux mi-clos fusionne en auréole la tignasse de la blonde.

L'instant d'après le pénible rappel à l'ordre qu'est la gueule de bois dément sa supposition. Oh fuck, this is hell, il geint en conclusion. Dégage le truc qui lui pèse en travers de jambes — et qui s'avère être celles de Slash — pour se trainer dans le coin cuisine à peine usité, mi-marchant mi-rampant, en quête d'eau et de cachets pour freiner son déclin. J'dois me faire tatouer, elle l'informe tout sourire, compassion absente de son visage (trompeur) de poupée. Naaah you gonna cry, il lâche sans croire un instant qu'elle soit sérieuse, à moitié certain que tout ça n'est qu'une mise en scène pour lui faire affronter le coucher excessivement tadif et ses conséquences et à moitié incapable de connecter des neurones. Peinant à émerger de son brouillard, il se fout la tête sans pression sous le jet d'eau et pleure sa misère jusqu'à ce qu'elle le rejoigne (précédée de son rire cristallin qui se répercute comme des milliers de cloches dans la boîte crânienne de Kass) et cajole sa nuque et ses tempes douloureuses de ses doigts magiques.

Front appuyé contre l'inox, kass tente de remettre la réalité en place, le monde à l'endroit. Finit d'une manière ou d'une autre sous la douche — glacée parce qu'il n'a jamais la patience d'attendre et aime se prouver qu'il est un Homme, un vrai, capable d'endurer la morsure du froid jusqu'à ce que l'eau se fasse fumante — et, après s'être accordé tout juste le temps de redevenir un peu humain, il s'éjecte de la minuscule salle de bain pour se choppe une bouteille d'eau qu'il avale d'une traite. Avant de finalement percuter. Wait what ? For real ? Ça y'est : l'info est montée au cerveau. Transition difficile mais réussie. Cooooool, il approuve avec un smile en dents de lapin et crescent eyes. J'serai là hein ? Genre si tu t'évanouis et tout, j'veux trop voir quoi. Toujours bons d'avoir des dossiers sur les potes. C'est pas comme s'ils n'en avaient pas des centaines sur lui, prêts à être dégainés à la moindre occasion de l'humilier — qui aime bien châtie bien il paraît, adage plus vieux que les mondes et indéniablement véridique, puisque ayant transcendé l'espace-temps. Voix encore un peu molle, articulation difficile, yeux plissés des relents de mal de crâne qui persistent malgré la merde intense qu'il s'est enfournée pour le contrer. Mais. Uh. Coffee first. Y'a rien dans ses placards ofc, et ils font un tour par ceux de Lua pour des boissons énergisantes, avant de grimper dans l'ascenseur grinçant. Ils l'ont nettoyé ou j'rêve ? Kass de pencher la tête comme un chiot intrigué. « Nettoyé » est un grand mot ; les half-assed tentatives ont éraflé et abimé les tags qui maculaient les parois sans pour autant donner de coup de neuf à l'appareil bien malmené. Abusé, faudra qu'on l'retape. Il secoue la tête d'un air faussement blasé, et puis leurs regards se rencontrent, luisant de l'espièglerie des enfants tapageurs qu'ils seront toujours, et ils grignent un vilain sourire, déjà prêts à sortir les bombes pour refaire la déco.

En sortant, rapide tour de l'immeuble juste pour voir et ouais : y'a eu de l'essai là aussi. Les vestiges de leurs œuvres ont dégouliné sur les briques sombres, comme attaqués au décapant. Ce serait sad si ces vieilleries ne dataient pas d'un bail ; en l'occurrence Kass se sent presque gâté par la perspective de s'être fait offrir sur un plateau d'ébène de nouvelles surfaces à encrasser. Il dégaine un bras à enrouler autour des épaules de Lua pour l'attirer à lui, l'autre main fourrée dans la poche de son sweat, et bascule brièvement la nuque pour admirer le ciel voilé de nuages épars. Un d'ces quatre on s'casse en road trip ? Entassés dans ta vieille gimbarde, nuits à la belle étoile, de l'horizon à l'infini et j'sais pas, de l'escalade un peu ? Mi-proposition mi-réflexion à voix haute, un peu pour elle et un peu pour le Slash qui squatte une parcelle de son crâne au même titre que le reste du cluster dont ils découvrent le potentiel à tâtons. Il sait pas si Lua pourrait vraiment envisager de disparaître, avec ses responsabilités — lui a l'excuse du boulot pour échapper aux radars de son gang, mais ses modalités à elle il ne les connait pas ; sujet sensible un peu : on n'aborde pas les affaires quand on n'est pas officiellement alliés. Ses doigts se ferment sur un paquet de cigarette au creux de sa poche et en tirent une, briquet avec. Faut qu'j'me casse bientôt en tout cas, mes shootings puent la merde en c'moment. B'soin d'voir autre chose, il formule autour du cylindre de papier qu'il tente d'allumer d'une main à l'épreuve du vent. Et d'où l'idée du tatouage ? C'est soudain. Du coq à l'âne, fil de pensées toujours encombré et en vrac. Ils échouent dans un café au décor steampunk chargé de rouages, alliance de bois et de métal. Commandent sans trop y penser, par habitude. Tellement tu m'trouves beau gosse avec les miens qu't'en veux aussi c'est ça ? Il offre en guise de supposition aberrante, s'étirant comme un chat satisfait de se repaître des riches effluves des boissons chaudes qu'on leur tend.
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Lua s'amusait beaucoup des airs ensommeillés de son cher Kass. C’était brouillon, c’était boudeur, c’était tentateur, et ce mélange d’émotion arrivait à cueillir les rires de la jeune femme. C’était, d’ailleurs, très probablement cet air là qui était parvenu à lui faire prendre goût à son rôle de réveil matin – quoique l'honnêteté tout en sourd grognement qu'il affichait n’était pas désagréable non plus. Riant toujours, elle l'observa quitter péniblement ses draps, vint caresser de sa chaire encore fraiche ses tempes douloureuses de la pulpe de ses doigts avant de le laisser filer vers la tiédeur moite de sa douche. A force elle ne savait pas qui d'elle ou de lui avait plus de mal à se remettre des lendemains de cuite. C'était, très probablement, une de ces nombreuses interrogations dont la réponse variait en fonction des quantités d'alcool ingurgité ou de skam décemment ingérées. Mais Kass, il était délicieux. Un péché à la peau pale, au regard profond. Un mal dont elle ne désire aucunement se défaire à chaque fois que son regard se posait sur elle. Au contraire, elle brûlait de revivre ces escapades qui lui engourdissaient l'esprit et lui volait sa voix. Elle brûlait de leur liberté, brûlait d'un feu qu'elle n'avait pas conscience d'avoir un jour entretenu sur les braises de leurs amitiés. Seulement, il était bien plus aisé de le penser que de clairement l'avouer. Et puis, il le savait, Kass. Il le savait très bien que jamais, ô grand jamais, elle ne se le permettrait. Pas alors que son esprit était encore claire et qu'elle alignait si aisément ses verbes. Elle leur préférait ses aveux silencieux, ces attentions égrenés au fil des jours qui s'étaient peu à peu mués en simple habitude. Parce que ses enfants, ses idiots, n'étaient pas n'importe qui. Elle pourrait s'en méfier Lua, mais jusqu'alors elle n'en avais jamais ressentit le besoin. Elle leurs voue même une confiance presque aveugle. Car fermer les yeux en toute quiétude en demeurant blottit contre un autre. Ce n'est pas rien.

Lua.
Elle déambule, ébouriffe ses cheveux d'une main alors que d'un geste négligeant du talon, elle repousse une pile de vêtement éparpillée de ci de là, qu'elle avait promit de nettoyer un jour mais qu'elle avait oubliée tout aussi vite, attrapant un bâton de rouge à lèvres abandonné près d'un cendrier pour s'en appliquer. Distraitement, elle vint remplir une bouteille d'eau qu'elle posa sur le plan de travail, y écrasant un comprimé que le jeune homme ne prendrait surement pas la peine de relever. Leurs réveils étaient une suite de gestes désordonnés, une harmonie branlante constituée d'allés et venus qu'elle ne manquait pas de ponctuer de temps à autres d'une remarque ou d'une autre. Elle vint s'asseoir sur le plan de travail, jambes croisées, écoutant d'une oreille distraite les grognements de son partenaire tout en guettant l'illumination qui ne tarderait pas à inonder sa conscience lorsqu'il saisirait la pleine porter de ses propos. Et elle rit à nouveau Lua, lorsqu'enfin il réalisa, lorsqu'enfin , il la dévisage. Kassian la regardait comme s'il la redécouvrait une nouvelle fois.

Et cet air là, elle ne s'en lassait pas. Cette fierté un rien canaille qui illuminait ses traits, elle y répondit par une langue insolemment tiré alors qu'elle s'en allait quérir leur petit déjeuner dans sa propre chambré.

▬ Ce n'est pas une petite aiguille qui aura raison de ma magnifique et non moins irréprochable personne.

Ah Lua, elle n'était ni plus ni moins qu'une perpétuelle ode à elle même.
Qui d'autre qu'elle pouvait reluire comme sa seule étoile, gravitant autour de son seul système solaire? Même si au fond, Lua, elle s'en foutait. Des secrets qu'ils pouvaient bien avoir sur elle, de cette image peu digne que souvent, elle leur renvoyait. Elle en avait tout autant à leurs égards et se plaisait à le leur répéter à chaque fois qu'elle en trouvait une occasion.Le bordel de leurs immeuble n'en était qu'une preuve de plus, et c'est presque surprise qu'elle releva l'inhabituel pseudo-netteté des murs de leurs ascenseurs. Il s'agissait, après tout, d'un éternel bras de fers qu'ils étaient prédestinés à gagner. Vandaliser demeurait un plaisir pour leur groupe là où les agents de maintenance s'échinaient à réparer un foutoir qui réapparaitrait le lendemain. Elle s'étonnait que quelqu'un s'emmerde encore à passer derrière eux.
Mais elle ne s'en plaignait pas, bien au contraire.

▬ Tu vois que je vais pouvoir finir ma chanson sur les couilles finalement, j'ai à nouveau plein de place.

Ils avaient les sourires espiègles et l'air chafouin.
Des visages de sales gamins qu'on avait oublié d'éduqué ou qui s'y était simplement refusé. C'était là l'image de leurs errances, la corrosion de leurs existences, à faire de celle des autres une véritable punition. Lua. Elle vint enrouler un bras autour de sa taille, écoutant ses divagations d'un air songeur sans y répondre immédiatement. Elle en avait toujours rêvé, d'sen aller. De se casser de cette ville peuplée d'hypocrite pour arpenter l'ailleurs de la semelle de ses chaussures, sa planche sous le bras et son sac sur le dos. Lua, elle avait voulut les immensités. Elle avait voulut le ciel dénudé, rehaussé de ses plus belles nuances bleutés. Elle avait voulut s'en peindre une fresque qu'elle étalerait sur le mur de sa chambre, en construire quelque chose de beau, quelque chose de vrai. Quelque chose qu'elle conserverait à ses côtés comme un souvenir précieux. Elle avait voulut la quiétude de ses songes. Le calme de leurs silences, le désordre de leurs passions, le soulagement de son inconscient. Elle avait voulut ce qu'Eridan lui offrait encore, à l'époque. Un apaisement, l'ultime abandon face à cette chose qui la submergerait totalement. Une réalisation qui lui serait apparut soudainement comme à dessein, une vérité brute, presque absolu: Que valait-elle face à un couché de soleil?

Mais Lua, elle avait eut la rue. Elle avait eut le sang. Elle avait eut la violence des conquêtes et le plaisir artificiel des puissances éphémères. Alors elle n'y avait jamais repensé, à son désir d'évasion. Elle s'était efforcée d'oublier, comme la médecine, comme son père, comme le reste. Mais avec eux, c'était différent. Avec Kassian, Lua réfléchissait. Avec lui, elle se rappelait.

▬ J'voudrais qu'on le fasse. Qu'on s'entasse comme des cons dans ma bagnole et qu'on s'en aille.

Un jour, peut être, qui sait. Parce que la vie de Lua n'était plus si simple, mais qu'avec eux, elle le redevenait, au moins un tout petit peu. Avec eux, son coeur cessait ses mouvements erratiques pour cette accalmie salvatrice. C'était presque plus efficace que la skam, presque.

▬ Et tes shottings sont jamais merdiques. T'es juste casse couilles comme une pucelle.

Elle ponctue sa phrase d'un rire moqueur avant de lui piquer sa clope fraichement allumé pour en tirer une longue bouffée, lâchant un rond de fumé d'une taille toute à fait respectable avant de la lui restituée, s'installant sur la banquette de leurs cafés.

▬ Je sais pas trop, ça m'a prit avant hier. Je pensais que ça passerait mais pas du tout.

C'était presque plus fort qu'elle même, ce besoin de graver sa chaire. C'était venu après. Après qu'elle se soit réveillée près d'Eridan, l'esprit embrumé et le corps courbaturé. Après qu'elle ait entraperçut son air soulagé lorsqu'elle avait quitté son appartement sur la pointe des pieds. Après le silence. La compréhension. Elle avait eut changer quelque chose sur son corps qui ne vienne pas de lui. Récupérer ce bout d'elle même qui au fond, ne lui avait jamais vraiment appartenu. Mais Lua, elle se contente de rire et de l'éclabousser de son café. De rejeter une mèche de cheveux par dessus de son épaule et de sourire encore en haussant une épaule. De remettre à plus tard ces réflexions là. Encore une fois.

▬ Mais je te paierais une bière pour fêter mon nouveau super tatouage. Deux si tu es sage. Voir même trois si tu me portes lorsque mes talons me feront mal.

Elle lui tire la langue en prenant une gorgée de son café, certaine de l'emmerder plus tard dans la soirée quand elle commencera à regretter son despotisme vestimentaire et cette nouvelle paire de chaussure qu'elle avait absolument voulut porter aujourd'hui alors même qu'elle devait arpenter la moitié du coin. Lua, elle était aussi comme ça. Consciencieusement casse pied et absolument pas décidée à changer.
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