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Tag happy sur ANTIGRAVITY KRZPSujet: Hyunjeong ❃ free playful lion in a savage world
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Rechercher dans: PERDUS DANS L'ESPACE TEMPS   Tag happy sur ANTIGRAVITY EmptySujet: Hyunjeong ❃ free playful lion in a savage world    Tag happy sur ANTIGRAVITY EmptyMar 1 Mai - 22:49

No farewell
We'll meet again
I’m still going somewhere
To an unknown place, to an unknown hall
I’m doubting this moment, between dreams and reality
In the irregularity that’s hard to understand
There’s a story that’s deeply hidden
It’s being awakened from a deep sleep
My seventh sense

B-Day ☾ A sunlight was born surrounded by darkness ☾ another beginning
{#}Happy{/#}
Baby lion

Néphède. Douce pénombre teintée d’une grâce unique ; si quelques secondes vous accordiez à celle-ci, que dans votre contemplation vous n’observiez ce qui vous entourait avec jugement mais avec cet organe qui battait dans votre froide poitrine ; probablement celle-ci saurait vous atteindre. A l’instar de ces reptiles à la peau de jais, ceux qui possédaient venin si mortel qu’une morsure pourrait décimer dizaine d’homme à elle seule ; sa singularité pourrait s’immiscer subtilement au creux de votre cœur. Un refuge pour elle qui n’apporterait morosité ou danger, son seul désir serait d’apporter refuge à ceux qui se trouveraient en son sein. Que toutes âmes se trouvant sous ce ciel qui protégeait d’une éternelle grisaille ces astres timides qui n’osaient s’affichaient sous nos yeux puissent trouver place où se sédentariser, lieu où vivre paisiblement en communauté avec autrui. Mais de ce candide souhait muet d’une terre accueillante, qu’en restait-il à Néodam ? N’entendez-vous le bruit de cette course, ces pas qui se montraient bien plus pressés que tous ceux qui vous entouraient ? Alors que contre votre épaule un choc se produisait et se répercutait telle une goutte à la surface d’un liquide dans l’ensemble de votre corps, que vos pieds, jusqu’alors fermement ancrés dans un goudron aussi sombre que toute chose en ce lieu, commençaient à tituber afin d’offrir stabilité à un organisme à la dérive ; votre regard se tournait instinctivement vers celui qui bouleversait ce petit équilibre que vous aviez créé. Entre les doigts agiles de cet homme : un sac à main. Oh vous n’étiez des plus aguerris pour mettre un nom ou un prix sur cet objet, cet univers était bien loin du vôtre tout comme il était loin du mien, mais assurément vous pouviez affirmer qu’il n’était nullement sien. Sa course précipitée, son souffle agité, son allure qui se désirait aussi furtive qu’un caméléon ; ce n’était dur de comprendre la véritable origine de ce bien. Pourtant… votre main ne se levait pour l’attraper et le stopper. Votre regard ne savait montrer haine ou dédain pour cette personne. Votre conscience ne savait s’inquiéter pour cette femme qui venait de subir cette infraction. L’ennui. Dans sa forme la plus dangereuse : l’indifférence. Cette femme qui, sur ses épaules, portait fourrure afin de stopper l’éternelle pluie de cette ville de s’abattre sur ses vêtements au prix outrageusement trop élevé, qui portait à son cou bijoux bien trop précieux pour se trouver ainsi exposés au regard de tous, celle-ci même qui ne pouvait sortir sans couvrir l’épiderme de son visage de nombre produits afin d’apparaitre « belle » aux yeux d’autrui. Cette personne vous ne la connaissiez, ses cris ne parvenaient à vos oreilles. Ou plutôt, ils y parvenaient mais couvert d’un brouhaha propre à Néodam, une agitation digne d’une fourmilière à taille humaine. Des bruits de pas, de course, des paroles étouffées, des cris lointains, le bruit des voitures, des klaxons et ces embouteillages sans fin, la musique des boutiques environnantes, les slogans de pubs pour implants qui passaient sur écrans géants contre ces immeubles dont le sommet ne pouvaient parfois être perçu de si bas. Tout allait bien trop vite ici, le nombre de personne au mètre carré affolait les compteurs, alors pourquoi devriez-vous vous arrêtez pour une pauvre quinquénaire qui pourrait, de toute évidence, acheter un autre sac dès à présent sans mettre dans le rouge son compte en banque ?

Néodam, ville synonyme d’indifférence et d’égoïsme. C’était là que j’avais vu le jour vingt-trois ans auparavant dans un hôpital, ce jour-là, comme tous les autres, la pluie s’abattait en fine gouttes sur les infrastructures de la ville. Paraitrait que ce jour-ci mon géniteur – un homme à l’allure aussi banale que bon nombre de néphédiens, bien que son apparence plutôt négligée et casual pouvait parfois attirée l’œil de ceux pour qui aspect visuelle révélait bien plus que ce qu’elle ne devrait – bien trop sensible pour assister ma mère dans son travail, avait passé les premières heures à compter les gouttes une à une se glissant, avec une lenteur déconcertante, le long des stalactites couvrant le rebord supérieur de la fenêtre contre laquelle il se trouvait. Les heures suivantes furent, quant à elles, passées à user le graphite de ses crayons dans l’unique but de couvrir de couleur, de traits et de motifs, les pages de son calepin ; selon lui, il était parvenu à trouver une nouvelle histoire ce jour-là et en avait esquissé les personnages jusqu’à ce qu’enfin sa femme ne lui revienne, éreintée et le teint blafard. Assurément, Sun Hi devait avoir passé les heures suivantes à dormir paisiblement dans sa chambre d’hôpital, bercée par le doux crépitement de la pluie. Une douce symphonie que ma voix accompagnait pendant de longues et interminables minutes bien loin de celle qui m’avait mis au monde; nourrisson déjà turbulent à peine avais-je rencontré pour la première fois ce monde hostile qui, pourtant, semblait si accueillant pour l’être fragile que j’étais. Il était deux heures quarante-six du matin lorsque je vis pour la première fois la lumière qu’exerçaient les néons sur mon nouvel environnement, un blanc vif qui ne portait de nom à l’époque mais qui savait capter mon attention plus que toutes ses ombres et formes étranges qui se mouvaient devant mes pupilles ; que pour la première fois je respirais cet oxygène que j’ignorais encore chargé de particules alourdissantes, ici c’était une odeur étrange qui parvenait à mes narines, presque désagréable ; la première fois que le son de la pluie parvenait à mes oreilles encore obstruées par le liquide dans lequel j’avais grandi ces neufs derniers mois.
Ainsi débutait ce long périple dans lequel j’avais été jeté malgré moi
Y-Day ☾ Don't mind it, run, laugh, live & follow my heart ☾ me
{#}passion{/#}
freerun
{#}playful{/#}
roll & roll

Est-ce que j’ai oublié quelque chose? Une question qui germait dans mon jeune esprit tandis que mes doigts refermaient, soudainement, bien plus lentement mon sac à dos. Alors que ma position je ne changeais d’un poil, un genou - partiellement dénudé par le tissu déchiré de mon vêtement - reposait sur le sol frais de ma chambre et l’autre, replié, accueillait mon coude; c’était dans mes pensées que je me plongeais momentanément. Une réflexion destinée à m’assurer que le contenu du sac était entier, que rien ne manquait sous peine de ne pouvoir pratiquer lors de l’entraînement de cette après-midi.

J’avais 15 ans à cette époque et mon coeur battait pour deux disciplines bien distinctes mais toutes deux très sportives, la première se trouvait être l'EXY. C’était pour celle-ci que je me préparais en ce samedi, un sport des plus violents qui inquiétait ma mère dans un premier temps mais peu à peu, celle-ci s’était habituée à me voir rentrer avec des bleus ou des marques dues aux entraînements. D’ailleurs, en me relevant pour poser mon sac sur l’épaule, je sentais la dernière en date: un hématome qui ornait mon biceps droit, assez profondément ancré dans mon corps pour que je le sente en utilisant mon muscle aussi légèrement, mais pas assez douloureux encore pour me stopper dans mes mouvements. Ces derniers me guidaient hors de la chambre, direction le salon où ma mère se trouvait dans le canapé, une tisane à la main tandis que mon paternel travaillait sur sa tablette graphique pour finir dans les temps ce mois-ci encore. Le regard fatigué et souligné de cercles légèrement bleutés de ma maternel se posait sur moi, un vague sourire étirait ses fines lèvres en me voyant prêt à partir. « Amuses-toi bien à ton entraînement Hyun. » soufflait-elle à mon égard encore une fois, comme à son habitude. Avant, c’était de l’inquiétude qui passait ses lèvres, des demandes de faire attention à moi, d’éviter de me blesser; à présent, elle semblait savoir combien il était inévitable de revenir avec des bleus de ces entraînements, mais aussi que ces quelques marques ne savaient m’arrêter ou m’affaiblir. Sans doute, avait-elle renoncé à me voir dans un cocon surprotecteur. Ce genre de choses n’étaient faites pour moi de toute façon…

« Je rentrerais un peu tard, on a une réunion après l'entraînement. T’as besoin de quelque chose en course sur le retour?  » Les magasins n’étaient sur ma route, mais en passant par quelques raccourcis qui m’étaient propres, j’arrivais à ne prendre trop de temps pour m’y aventurer si besoin. Pourtant, encore une fois, ce fut par la négative que ma mère me répondit, un simple et léger mouvement de tête qui reflétait pourtant combien mon attention la touchait. « P’pa, tu pourrais me mettre 200 cryptostellar sur mon compte? » Je savais cette période comme étant la pire pour demander ce genre de choses à mon paternel, la tension était à son comble, son niveau de stress frôlait les limites du raisonnable et pourtant… j’étais bien obligé de le faire. D’ailleurs, il quittait enfin les pixels de son écran pour m’offrir de l’attention. Un regard qui montrait son agacement face à ma demande, une lueur ferme qui me prouvait combien j’allais devoir me battre pour obtenir ce que je désirais.  « Encore? Pourquoi t’en as besoin? » Comme prévu, le voilà bien sec dans ses propos malgré lui. Je ne lui en voulais, j’avais l’habitude, chaque fin de mois était similaire de toute façon, alors au fil des années je m’y étais habitué. Je n’y faisais même plus attention.  « J’ai b’soin de chaussures. Les dernières sont mortes. » répondais-je avec une honnêteté sans faille tandis que je m’approchais pour me saisir d’une orange reposant sur la table basse. Si dans un premier temps je m’amusais à la lancer en l’air à l’instar d’un jongleur professionnel, bien vite, je dus m’arrêter en voyant l’air assassin de mon père. Si le fruit venait à tomber sur sa tablette c’était assurément la fin de ma courte existence… Alors je m’arrêtais et reculais d’un pas pour être certain de n’avoir à subir cet air encore plus longtemps. Fou mais pas téméraire pour autant… pas avec lui tout du moins.  « Tu sais combien de paire de chaussures tu bouffe à l’année? Combien ça revient cher? Trouve un boulot et paie-les toi!  » Qui prendrait un jeune de mon âge pour travailler? Mon père n’avait toujours la tête sur les épaules, peut-être, me pensait-il plus vieux déjà que je ne l’étais? Ma taille était bien grande déjà pour un adolescent de mon âge d’un autre côté…  « P’paa! s’te plait… Je serais attaquant pour la compétition à v’nir si tu m’les paies.  » Je savais mon entraîneur avec cette idée en tête, je me savais avec l’envie de le devenir, cette promesse n’était un marché que je passais avec lui mais bien un abus de ma part. Je le savais que deux semaines auparavant j’avais demandé la même somme pour les mêmes raisons, je savais que j’abusais à agir ainsi néanmoins il s’agissait là de ma sécurité! Que se passerait-il si je sautais d’un immeuble et que mes chaussures aux semelles usées glissaient? C’était la chute mortelle assurée! J’étais prêt à parier qu’il préférait payer une paire de chaussure qu’un enterrement, beaucoup moins cher, beaucoup moins demandeur en temps, sans oublier ma mère qui serait totalement dévastée.. Non vraiment, il préférait la paire de chaussures. Un sourire victorieux ornait mes lèvres, sûr de moi et ma mère venait m’appuyer en renfort pour n’avoir à écouter un débat trop épuisant pour elle entre les deux hommes de sa vie. L’instant suivant, je recevais un message sur mon portable qui annonçait que mon compte venait d’être crédité, une bataille rapide, simple mais efficace.  « Merci, j’y vais! A c’soir. »

Ainsi je quittais la demeure familiale rapidement, non que j’étais en retard pour mon entraînement, loin de là - le combat s’était avéré plus court que je ne l’avais espéré aujourd’hui -, j’avais purement et simplement une envie incontrôlable de sortir. Toute ma matinée je l’avais passé enfermé dans ma chambre, bouquins sous les yeux, ma nature ne savait le supporter, j’avais assez vu de murs; maintenant ce qu’il me fallait c’était de l’aventure, de l’action, de l’air frais. Même si Néodam ne savait apporter cet air pur et rafraîchissant des ventilations de notre maison, celui-ci me faisait bien plus de bien que tous les autres car évocateur de libertés. Sur mon nez j’hissais mon keffieh et c’était le début de l’aventure pour moi. A peine avais-je mis un pied dehors que, déjà, le monde se bousculait sous mes yeux, mais je ne faisais parti de cette foule. Jamais je ne m’y fondais. Mon regard se posait sur le rebord à ma gauche, quelques instants plus tard c’était à son sommet que je me tenais. Une impulsion et je sautais sur la barrière en fer de l’autre côté, me fichant pas mal de ceux qui auraient pu craindre pour leur sécurité pendant ce saut. Ma réception était parfaite malgré mes semelles arrivant en bout de vie, tant mieux, je pourrais survivre jusqu’à ma boutique préférée ainsi. Perché en équilibre sur la barrière, j’avançais avec aise pendant plusieurs mètres loin de l’agitation et des bousculades néphédiennes oppressantes. Sûr de moi, je profitais même de cette tranquillité pour me délecter de l’orange précédemment cueillit sur la table basse.

J’avais 15 ans à cette époque et mon coeur battait pour deux disciplines sportives: la seconde s’avérait être le freerun. L’habilité de se mouvoir librement, en dehors du temps, des conventions, loin de l’agitation de Néodam. Utilisé son corps pour glisser, sauter, grimper, nul besoin de matériel, nul besoin de quelqu’un; une liberté totale et unique qui s’offrait. Apprivoisé ses peurs pour en faire, non pas un frein, mais un trampoline sur lequel rebondir toujours plus haut, les contrôler pour savoir où se trouvait la limite à ne franchir, apporté une assurance indéniable. Un style de vie au quotidien qui transformait l’univers si morose de Néodam en un terrain de jeu macroscopique. Une façon de vivre qui me suivait depuis maintenant des années, qui m’avait valu nombreuses blessures, nombreux problèmes également; mais qui, sans que je ne le sache encore à cette époque, saurait me sortir de bien des ennuis, m’apporterait de nouvelles expériences et de nouvelles rencontres au fil du temps.

D-Day ☾ The awake sense's still here, slowly leading me to my destiny ☾ You
{#}her{/#}
soulmate

Quittant la surface humide et glissante de la douche italienne de mon appartement, c’était sur une tout autre matière que ma voûte plantaire se déposait à présent. Une texture bien plus moelleuse et stable, un duveteux tapis que j’avais pris soin d’étendre avant de pénétrer sous l’eau chaude quelques instants auparavant. Probablement, un choix des plus judicieux à voir comme je m’agitais sur celui-ci puisque, à coup sûr, c’était d’une chute que le carrelage m’aurait gratifié si je ne l’avais couvert. Oh je n’étais performer sous la douche ou à la sortie de celle-ci, loin de là, pourtant mes gestes revêtaient l’aspect d’une étrange danse, un certain rituel qui implorait les Dieux auxquels je ne croyais de m’accorder grâce et pardon pour un tel péché si ma voix ils entendaient en cette soirée de désespoir. Roulant sur mon mollet, se glissant sur cette peau précédemment si propre, un liquide rougeâtre qui trouvait son chemin vers un tapis, lui aussi, précédemment propre.  Qui sur Néphède avait eu l’idée de rendre aussi douloureux une blessure une fois passée sous l’eau? Alors ce soir, je ne ferais Caterpillars, je ne ferais serveur mais bel et bien danseur jusqu’à avoir trouver la trousse à pharmacie rangée quelque part dans la pièce. « Aaah ça pique! ça pique, ça pique, ça pique! » Des mots que je répétais inlassablement comme si ceux-ci se trouvaient être les paroles accompagnant cette étrange danse. Ici et là, sur le sol si blanc que mes pieds trempaient à leur passage, venaient également se déposer multitudes de gouttes de sang avant d’enfin mettre main sur le Saint Graal. Alors sur le tapis je m’asseyais, vers l’extérieur de mon mollet je portais mon attention afin d’observer l’étendu des dégats tandis que mes mains s’occupaient d’ouvrir la boîte si durement trouvée. Tranchant avec la blancheur de ma peau, une ligne si clairement précisée malgré l’hémoglobine qui s’en échappait et se mélangeait à l’eau couvrant encore en partie mon corps. Je ne savais à quel moment celle-ci s’était formée dans mes aventures de la journée, la douleur je n’avais ressenti un seul instant avant qu’elle n’entre en contact avec des molécules d’H2O. Probablement un accident de parcours, encore un. Alors pour récupérer au plus vite, je prenais soin de la traiter comme un professionnel de la médecine le ferait: avec beaucoup d’attentions. Ma peau je séchais, le désinfectant j’appliquais avec, il fallait l’avouer, beaucoup de générosité, une compresse tenue d’un bandage afin d’absorber le sang qui oserait continuer son aventure pendant mon sommeil et la machine repartait de plus belle.

Vêtu d’un simple boxer, les cheveux encore humide et un brin en bataille du sechage rapide que je leur avais offert, je me dirigeais vers la chambre avec quelques… embûches sur le chemin. Beaucoup trouveraient mon appartement impossible à traverser, beaucoup s'énerveraient au bout de plusieurs jours de devoir supporter une telle chose - pour les plus patients d’entre eux car certains ne tiendraient une soirée - mais pour moi, c’était comme un dernier jeu avant d’aller me reposer. Me faufiler entre les branchages verdoyants, sauter sur le plus gros tronc de la maison pour grimper sur le comptoir de la cuisine dont l’utilisation normale se voyait proche du néant et me diriger ainsi vers la porte de ma chambre. Un chemin que je connaissais bien depuis le temps, une habitude que j’avais pris sans le moindre soucis et qui serait en sens inverse dès mon réveil. Bien que ce dernier, encore une fois, risquait d’être plus tôt que nécessaire. Mais de cela aussi, j’avais l’habitude. « Cocco! Tu vas bien ma belle? » Patientant jusqu’à mon retour comme la sage fille qu’elle était, c’était allongée sur mon lit que je retrouvais l’animal dont le museau se levait à entendre ma voix. Sa langue goûtait l’air avant de s’approcher du rebord moelleux où je la rejoignais afin de lui offrir quelques caresses d’avant dodo. Dans la nuit elle risquait de partir rejoindre la verdure de mon appartement, mais dans mes premiers instants de sommeil, elle m’accompagnait et s’occupait de me réchauffer alors que mon corps fatigué, lui, se refroidissait instinctivement. Et cela ne manquait pas, comme tous les autres jours, ce fut contre mon flanc qu’elle s’installait, tête sur l’oreiller libre de mon lit deux personnes, les yeux guettant vers la vitre face à l’agitation  sans fin de Néodam.

C’était dans ce brouhaha lointain mais bien présent que mes paupières couvraient mes iris de leur matière opaque. Plongé dans l’obscurité la plus totale, bercé par la douceur des draps; il ne fallait bien longtemps à ce corps fatigué pour plonger dans les bras de Morphée. Alors je partais à la rencontre d‘une dimension qui n’avait de matière autre que celle de l’esprit, un pays que chacun construisait: le monde des songes. Ou, en tout cas, c’était le lieu vers lequel mon sommeil aurait dû m’orienter pour les heures à venir, comme toute personne normale sur cette planète. Pourtant, de mes nuits, je ne retenais d’aventures contre les aliens envahisseurs et dévoreurs d’humains, je ne retenais des songes que seuls les adultes pouvaient se permettre, je ne retenais de course poursuite réaliste avec les forces de l’ordre avant de disparaître dans un écran de fumée pour me retrouver sur une plage. Rien de tout cela, mes rêves s’avéraient plutôt calmes et… interactif, c’était le mot. La pièce où mes yeux s’ouvraient n’était ma chambre ou tout lieu que j’aurais pu reconnaître mais depuis tout ce temps j’avais bien arrêté de chercher à identifier l’endroit où je m’étais les pieds car totalement vain. Alors à la place, je la cherchais, elle. Celle qui, malgré les lieux changeant, malgré les années passantes, s’avérait toujours la protagoniste principale de mes songes sans exception aucune. Et encore une fois, je la retrouvais ici, dos à moi aujourd’hui. Je ne savais si matière j’avais dans ces rêves, pourtant, je me sentis sourire en la voyant. Je ne connaissais son nom, jamais sa voix n’était parvenue à mes oreilles, j’ignorais si nous parlions simplement la même langue et pourtant, je me sentais vivant en la retrouvant une nouvelle fois ici. Sur sa silhouette mes yeux s’aventuraient sans faille, marquant les courbes de celui-ci dans mon esprit si bien que je pourrais assurément les redessiner une fois réveillé; observant sa chevelure ébène se mouvoir au gré de la brise qu’offrait, sans doute, la fenêtre ouverte, et m’arrachant l’envie d’y plonger mes doigts tant elle semblait soyeuse; détaillant les gestes que je pouvais percevoir d’ici dans leur plus imperceptible mouvement pour y voir une grâce bien différente de celle qui émanait de nous autres freerunners.

Puis ce fut la pénombre à nouveau, un bref instant, pour m’offrir l’opportunité d’admirer ce minois qu’était le sien. Dans mon esprit, plus que sa silhouette, c’était lui que je gravais au fer chauffé à blanc, car bien le seul me permettant d’être certain de son identité une fois que nous nous rencontrions -si ce jour devait arriver-. Alors mes iris s’aventuraient sur sa peau de porcelaine, remarquaient combien celle-ci semblait si parfaite, dénuée de la moindre cicatrice, de la moindre petite marque sans qu’un excès de cosmétique ne soit à constater. De son épiderme passé au crible, c’était ensuite son regard, qui semblait croisé le mien, qui captait mon attention. Des iris d’un marron si prononcé, un regard qui fut si brillant que le voir ainsi ternit aujourd’hui m’attristait. Toi dont j’ignorais le nom, avais-tu des ennuis? Quelque chose te peinait-il? Jamais, probablement, n’aurais-je remarquer ce détail réveillé car bien trop excité à l’idée d’enfin rencontrer celle qui hantait mes songes depuis mon enfance, mais ici, en ce lieu où seule occupation j’avais était bien de l’observer, comment pouvais-je l’ignorer? Alors un pas j’effectuais vers elle, ou tout du moins, j’avais la volonté de le faire, je voulais mouvoir ce corps bien que j’ignorais s’il existait véritablement mais il ne bougeait. Et face à moi, ce fut un rayon de soleil qui s’offrait, malgré ce regard qu’était le sien, ses paupières se mouvaient de telle sorte qu’un sourire je devinais naissant sur son minois. A quoi pouvait-elle bien penser pour sourire de la sorte? Sur la pulpe de ses lèvres aux teintes rosées je déposais mon regard une fois de plus, m’assurant que les courbes de celles-ci je retenais également avec minutie. Connaître ainsi chaque petite parcelle de son corps, chaque expression de son visage, n’était-ce passible de prison dans la vraie vie? Un stalker… Je devais en être un. Pourtant, ici, je ne risquais rien, alors je me le permettais encore un peu pour détailler la structure exacte de son visage avant de m’attarder à sa tenue, ou en tout cas, c’était le but, mais mon attention fut plutôt captivée par les courbes de son corps caché par tant de tissu. Mes pupilles aventureuses partaient alors en quête d’une parcelle de peau, aussi infime fût-elle, afin de satisfaire ma curiosité d’homme plus proche de l’adolescent dans ce domaine. Je n’avais d’expérience avec les femmes - était-ce là l’origine de ces rêves? - et pour cause, à peine prenais-je conscience de mes pensées qu’une gifle je m’affligeais. Pervers que j’étais.

Autour de moi je regardais alors pour me distraire, la pièce je détaillais sans grand intérêt: je ne connaissais l’endroit; et à regarder par la fenêtre, rien n’était visible. Comme si une censure s’effectuait malgré tout, celle qui m’interdisait de replacer ce lieu dans la vraie vie pour me concentrer sur cet ange qui hantait mes rêves. Alors mon regard se détournait vers elle, je ne savais combien de temps nous avions aujourd’hui, m’offrirais-tu une nuit entière en ta compagnie? Enfin vers elle, je m’approchais, main tendue à hauteur de son visage bien que timide. D’ailleurs celle-ci se voyait légèrement tremblante d’anxiété, allais-je partir si je venais à la toucher? Le sentirait-elle? J’ignorais si elle était réelle et pourtant, j’avais envie d’y croire; pourquoi rêverais-je de cette femme depuis tant de temps autrement? La distance s’amenuisait, mes phalanges s’approchaient dangereusement de son visage avant que mes paupières je n’ouvre une nouvelle fois. L’obscurité la plus totale, le brouhaha de Néodam dans les oreilles. Sur mon réveil, une heure et demi était passée seulement et à mes côtés, Cocco avait disparue déjà. Sur le plafond que je devinais malgré la pénombre je posais mon regard, abattu. J’aurais pu passer plus de temps avec elle si je n’avais oser ce geste, peut-être même que j’aurais pu enfin l’entendre parler, connaître son nom, le lieu où elle vivait… Un soupir franchissait la frontière de mes lèvres et mes mains venaient cacher mon visage un instant, je regrettais mon geste. Alors la prochaine fois que je la verrais, pour sûr, je ne m’y reprendrais...

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