KAZER #1

Invité

KAZER #1ON M'SUIT DANS LA RUE COMME UNE BONNE MEUF
J'SUIS PLUS DANS LA VRAIE VIE COMME UNE BONNE MEUF
ON M'PARLE ET J'ME MÉFIE COMME UNE BONNE MEUF

07JAN 2018. Ses mains convulsent lorsqu'elles retirent son casque qui finit par lui échapper des mains. Son droid de compagnie, toujours planqué entre ses deux pieds, récupère l'objet au vol pour le mettre à l'abri dans son ventre oblique. Alex le prend par le coude pour le sortir de scène, en voulant la quitter il le percute, le garçon passe alors son bras autour de ses épaules pour le guider jusqu'à sa loge jusqu'où ils se font escorter par quelques gardes du corps mais aussi et surtout les voix qui scandent « Kasey, Kasey, Kasey ! » encore et encore et encore.

« Je comprends pas comment ça a pu fuiter, c'est pas moi. » Jure Alex avec une nervosité qui ne lui ressemble pas, ce qui ne fait qu'accroitre l'anxiété de Kaz qui recommence à se parler à lui-même tout bas tout en contrôlant sa respiration pour la calquer sur celle de Kassian qui est quelque part dans une voiture et qui respire comme si sa vie en dépendait, mauvais plan donc. « Spencer, c'est toi ? » Kasey ne prend même pas la peine de relever cette accusation, prenant sa tête entre ses mains en la voyant se lever et foncer droit sur lui avec dans ses baskets l'équivalent d'un troupeau de buffles en colères. Le souffle las, le DJ attrape le poignet de la brune avant qu'elle n'arrive jusqu'à Alex pour lui briser les dents sur dix générations. « Sors s'il te plaît. » Ses deux meilleurs amis se jaugent, pas certains de savoir auquel des deux il s'adresse. Spence finit par trancher pour eux deux, envoyant d'un regard Alex prendre la porte, ce qu'il fait sans se faire prier.

Une alerte sonore indique à Kaz qu'il a reçu un message, peu de temps après, Spence reçoit la même notification. Sur leur smartphone s'affiche la video de Noora qui révèle l'identité de Kasey, au début il croit mal avoir entendu alors il se repasse le moment où elle met la journaliste sur la piste à trois reprises avant de se rendre à l'évidence : elle l'a vendue.

14JAN 2018.« On sort à trois, d'accord ? » Il émet un mouvement qui ressemble à un hochement de tête consentant mais il se rétracte, serrant le poignet de Spencer pour qu'elle arrête le compte à rebours d'Alex, le un est trop proche du deux qui est beaucoup trop proche du trois et du moment où ils devront affronter l'extérieur. « C'est juste une émission de radio. Ils posent des questions, tu réponds et ils te lâcheront. » Il lui ment, ça ne s'arrêtera jamais, ça fait déjà une semaine que la nouvelle a été répandue et rester chez lui dans les lumières artificielles de son appartement trois fois trop grand pour lui n'a pas aidé, ça n'a fait qu'amplifier le désir des gens d'en savoir plus. « D'accord. » Qu'il marmonne pour le rassurer, parce qu'Alex flippe de le voir se replier sur lui-même au point de ne plus rien pouvoir en tirer. Cloitré chez lui il est inutile, il en a besoin au studio et dans cette foutue radio pour que leur business tourne puis au-delà de ça, cette image, Kamikaz, ça lui appartient et les musiques qui sont associées à ce personnage elles aussi et il ne peut pas les laisser tomber dans l'oubli parce que Noorjahan n'a rien trouver de mieux à faire que de le pourrir lui dans le seul but de se venger, gamine.

L'interview se passe plus ou moins bien, Kaz sollicite ( trop ) souvent Kassian pour qu'il réponde à sa place et ils se connaissent tellement bien que ça passe inaperçu ( pour certaines réponses il lui avait fait des antisèches la veille. ) En sortant du studio il part s'isoler dans un coin à l'abri des regards. Il pense à dehors, au fait de devoir à nouveau traverser la foule jusqu'à leur voiture et ensuite jusqu'à chez lui parce que maintenant ils savent où il habite. Ils savent tout, il est cerné, il n'y'a pas d'issue, pas d'endroit pour respirer alors il suffoque contre le mur et Spencer le rejoint, elle s'accroupit face à lui et l'étreint jusqu'à ce que la crise d'angoisse laisse place à un calme étrange, comme s'il était là et pas là en même temps.

20MARS 2018.« Noora m'a recontactée après la soirée à l'hôtel, tu sais celle de la cérémonie et je sais plus si c'est moi ou elle mais on a prévu de se revoir. » Elle le regarde avec du plomb dans la rétine, il sent son être se faire cribler par ses balles, sur chacune y'a un petit mot qui lui est destiné « tu te fous de ma gueule ? » ; « tu te souviens pas de tout ce qu'elle t'a fait ? » ; « si tu tombes dans le panneau, compte pas sur moi pour recoller les petits bouts de toi qu'elle aura cassé. » mais il l'ignore, faisant glisser sur le comptoir une tasse de café fumant comme elle aime le boire. « On va pas se remettre ensemble, de toute façon elle a Mikha et moi j'ai... » Il a Spencer ? Ils communiquent par le regard, ils soutiennent tous les deux celui de l'autre mais aucune réponse ne découle de cet échange parce qu'ils savent ce qu'ils sont et que théoriquement c'est une étiquette absconse, "best friends with benefits" ? Ils ne sont pas que ça mais ils ne sont pas plus non plus, comme dit précédemment c'est trop ambigu alors qu'elle porte sont haut à lui qui sur elle est trop large et sous lequel il sait qu'elle ne porte strictement rien. Le col révèle son épaule gauche, couvre à peine ses cuisses colorées dans la fougue d'un instant-fusion où ils n'avaient plus aucune étiquette. Ils étaient juste elle et lui, ils étaient un. La marque de ses doigts est le souvenir de la fougue contre ce mur, celui sur lequel il a dû la maintenir tandis que ses bras à elle s'enroulaient autour de son cou pour plus de contact et moins d'espace. Ils s'embrassaient en s'effleurant avec leur souffle avide et erratique parfois mêlé à des gémissements ténus mais pas moins réels. Elle imprimait ses supplications dans sa chair en pressant ses phalanges partout où elle pouvait prendre appui et lui s'animait en elle jusqu'à ce que leur extase embrasse le zénith puis maintenant il parlait d'elle : Noora.