(scarlia) escape the ordinary

le son bourdonne et fait vibrer les verres, il a fallu un peu de temps à scar pour s’accoutumer aux lumières bruyantes, elles aussi – les lumières brûlent son œil droit. l’œil bionique n’a pas aimé les changements de températures si soudains. quelques verres, finalement, lui ont suffi à oublier qu’il ne s’était pas encore totalement habitué. elles semblent lui faire tourner plus vite le crâne qu’à son habitude alors qu’un trop plein d’images se superposent devant sa rétine. sigan est un autre monde.
gali l’a tiré dans ce club sans grande réticence de la partie adverse, comment lui résister. scar était là pour rendre visite à ashley parce que, depuis peu, il peut enfin aller la voir, lui parler, la toucher. pas seulement être présent dans son esprit coincé dans un corps immobile. et ash, elle est plus belle encore par ses yeux un peu démolis par trop de couleurs d’ici. plus belle en vrai que sur les photos, que dans ses clips ou par les yeux de lupe ou de gali. eux aussi, sont différents de ce qu’il avait pu imaginer ou voir. pas tant, juste un peu plus différents – les contrastes ne sont pas les mêmes, les sensations non plus. il a bien l’impression de ressentir bien plus de choses en étant dans son propre corps face à eux. et leurs sourires. scar aime les sourires en général, aime faire rire les gens et voir les yeux se plisser sous l’automatisme. et les leurs sont particuliers. ça a rempli un vide, un manque, dont scar n’avait pas conscience avant qu’il soit comblé. c’est une bonne journée.

scar ne connaît pas bien sigan, quelques chemins et quelques rues perdus, surtout les grands axes – par lui-même, c’est la deuxième fois qu’il met les pieds là et s’il commence à s’habituer à ce nouveau monde, c’est aussi grâce à l’alcool qui afflue dans ses veines depuis quelques heures. scar s’invente des histoires et des mondes, et des aventures extrapolées et des amis imaginaires qui s’inspirent sûrement des images qu’il engloutit par millier ici. et quand vient le tour de gali de partir, le néphédien, lui veut rester, profiter, se bousiller les yeux et boire encore trop. il embrasse la joue de son ami avant qu’il se faufile pour aller bosser et même qu’il lui glisse la main sur ses fesses, par accident (il devrait aller lui rendre visite, pour voir si l’illusion a aussi changé dans ses yeux) avant qu’il ne lui laisse la garde de baby; utile pour sa consommation de la soirée.

à ce moment-même, le brun ne pense plus à grand-chose si ce ne sont aux danseuses artificielles qui apparaissent et disparaissent dans chaque coin du club. il ne pense pas trop à sami – évite depuis qu’il est ici. parce que scar n’a pas l’habitude de gérer la culpabilité et encore moins quand il estime avoir de bonnes raisons de ne pas lui dire qu’il sait comment être ici. il sait quel regard lui lancera son ami, il connaît le noir de ses iris qui devient encore plus profond lorsque la colère s’installe en elles, il sait tout ce qu’il se passera quand il lui dira, quand sami saura qu’il lui a caché. tout ça.
il oublie de se rappeler, d’y penser. peut-être à cause de l’alcool ou par mémoire sélective. mais souvent, il oublie aussi qu’il fait si chaud ici, qu’il fait si chaud partout sauf d’où il vient. à sigan, les lumières chauffent l’atmosphère, en plus, et s’il n’a pas besoin de voir dans la nuit, la chaleur l’entoure et l’oppresse presque.

alors, scar veut sortir, sortir juste pour prendre l’air, pour respirer l’air qui semble tout aussi artificiel que ceux qui le respirent. scar n’a rien d’un siganais, c’est peut-être pour ça qu’à new brasilia, on le regarde un peu plus – un peu plus, on le dévisage et on le suit du regard parce que scar est différent, n’a pas encore les marques du temps tracées sur son visage mais semble peut-être encore trop naturel selon eux. inévitablement, ses vêtements font tâche dans le décor de trop de tout. de néons, de lumières, de couleurs. il a envie d’en vomir des couleurs tant il croit en faire une overdose. à sigan, la nuit n’existe pas et c’est peut-être pour cette seule raison qu’il n’y restera pas. et y a pas que les couleurs qui sont de trop, y a le venin qui lui fait tourner la tête aussi et qui lui a fait oublier le chat dont il ne saisit pas encore bien le fonctionnement. il sait juste qu’il sait retrouver son chemin alors il panique pas, gali ne le tuera pas.
ses pas sont lourds mais pas trop bancals, il sait encore gérer son équilibre alors que les images commencent à se stabiliser. doucement, vraiment doucement – il commence même à croire que ce sont peut-être plus les lumières qui lui grillent le cerveau plus que l’alcool. il avait tort, il ne sait pas habitué à la douleur et c’est peut-être pour cette raison qu’il la voit pas arriver, la brune en face de lui. c’est peut-être pour ça qu’il la bouscule, de peu à la faire tomber. par réflexe, il la retient et peut-être que grâce à elle et son manque de couleurs (parce que son teint est pâle et son regard triste), il arrive à retrouver quelque chose de familier.