f*ck u very very much (daniil)

Ça va cette fois ta maquilleuse t'a pas loupée.

Elle reconnaît la voix. Bien sûr qu’elle reconnaît la voix. Elle se demande rapidement si y’a pas un moyen pour elle de juste partir, loin. Mais non. Non, parce qu’après tout, pourquoi ce serait à elle de partir, hein ? Et. Et. Sa présence l’insupporte, c’est dingue. Il s’assoit face à elle, demande évidemment pas la permission. Elle lève même pas les yeux. Elle préfère pas lever les yeux. Parce qu’il vient de lui faire un compliment, après tout, et que si elle lève les yeux, il sera forcément en train de sourire comme l’enfoiré qu’il est. Et qu’elle, comme l’ado en chaleur qu’elle devient quand il est dans les parages, elle va se mettre à rougir, et à bégayer. Alors, non, elle lève pas les yeux vers Daniil.

La journée avait pourtant bien commencé. Elle avait répété pour sa dernière chanson, devant des managers heureux qu’elle se soit pas enfuie des locaux. Puis y’avait eu la séance de dédicace de ce midi, où elle partageait un repas avec quelques privilégiés de son public. Les managers devraient savoir que c’est jamais une bonne idée de faire manger Jillian face à des personnes de son public pour qui elle doit paraître parfaite. Jillian n’est jamais parfaite quand elle mange. Elle est naturelle. Trop naturelle. Mais elle y peut rien, c’est sa façon d’être. Puis, que les managers apprécient ça ou pas, c’est pas ce qui l’importe. Ce qu’elle voit elle, c’est l’amusement, et le sourire que ça apporte à ses fans de voir qu’elle aussi, elle est humaine. Que c’est pas juste un produit créé. Que, contrairement à certaines rumeurs qui couraient sur elle à une époque, c’est pas un androïde. Ensuite, y’avait eu le shooting photo. Qu’elle vient de quitter. Il a duré un peu plus longtemps que prévu. C’était intéressant, mais extrêmement long. Elle a fait tout ce qu’on lui a demandé, même les poses qu’elle trouvait les plus ridicules. Et on l’a félicité. Et c’était cool, vraiment. La journée était sur un bon train, agréable. Il faisait pas trop chaud, et on l’avait autorisé à aller se désaltérer à la cafétéria de l’immeuble. Seule. Les managers devaient parler avec le photographe, et elle était pas conviée. Tant mieux. Ca l’emmerde les trucs techniques. Elle aime bien être seule. Préfère être seule qu’avec son équipe. Ils la collent aux basques quasiment tout le temps. Et c’est juste extrêmement étouffant. Là, elle peut avoir un peu de temps à elle, pour se poser, prendre un thé, ajouter autant de sucre qu’elle veut sans qu’on lui fasse de remarque. Et elle peut même manger un énorme cookie. Elle emmerde les régimes pourris qu’ils sont censés l’obliger à faire. Et qu’elle est censée tenir. Elle mange déjà bien trop green sur Altéa pour se priver quand elle est sur Sigan.
La journée avait pourtant bien commencé, donc.

La présence de Daniil a toujours été particulièrement insupportable pour elle. Parce que. Parce que rien. Y’a même pas réellement de raisons. Elle l’aime pas. Le voir en vrai, c’est une torture. Le voir en photo, ça passe crème, parce qu’il est hot. Et qu’il a ce truc, sur les photos, qu’est particulier, qui lui va bien. Qu’il est le seul à avoir. Mais en vrai. En vrai. Jelly a juste envie de l’envoyer bouler et de lui foutre des claques. C’est de sa faute. C’est lui qu’a commencé. Au début, elle avait pas d’aprioris, elle. Mais il l’aimait pas. Dès le début, il l’a pas aimé. Jelly est quelqu’un de plutôt aimable, pourtant. Ou c’est comme ça qu’elle se considère. Mais nope. Il l’a ignoré parfaitement, a même été parfois exécrable. Et Jelly veut bien essayer d’être sympa, mais faut pas pousser. Si on l’aime pas, on l’aime pas. Il s’trouve que lui, elle a apprit à pas l’aimer non plus. C’était facile. Presque trop.

C'est l'même que d'habitude, ducon.

Elle prend son cookie, et en arrache, presque un peu trop violemment un bout avec ses dents. Elle a croqué trop fort, ses dents ont claquées les unes sur les autres. Ca fait mal. Elle en dira rien. Elle laissera rien paraître.

En fait, assieds toi, je t’en pris.

Elle lève les yeux finalement, deux fines lignes, les yeux plissés. Elle a un sourire ironique, presque cynique. Ce type lui tape sur les nerfs. C’est physique.