keep calm and be a bitch (mew)

Jillian est probablement pas la meilleure personne à qui poser des questions sur l’amour. C’est même peut-être une des pires. Parce qu’elle aime se dire cupidon, elle aime dire qu’elle connaît tout, et qu’elle a même réconcilié des couples, et tout ça. Et c’est vrai. Mais c’était le couples des autres. Elle, pour elle-même, c’est autre chose. Elle a toujours une vision plutôt claire d’une relation, du moment que c’est pas la sienne. D’ailleurs, c’est pas comme si Jillian avait déjà vraiment eu des relations qui comptent. Alors pouvoir décrypter celles des autres, ouais. Mais trouver chaussure à son pied, c’est pas donné. Surtout que rien n’est dit qu’une fois que ce sera le cas, elle accepte le couple, réellement. Jelly pense qu’elle pourrait pas dire adieu à sa liberté. A ces envies parfois qu’elle a, d’appeler un gars, juste pour une nuit. Juste pour pouvoir donner libre court à ses envies et ses désirs. Et ça, juste parce qu’elle est en couple.
Lorsque Mew lui répond, elle réfléchit un peu à ce qu’il dit avant de faire quoique ce soit. Parce que c’est un chouilla déprimant, quand même, quand on y pense. Puis pas totalement vrai. Jelly prend pas les choses avec détachement, au contraire. Elle prend les choses trop à coeur, ce qui l’empêche de s’attacher à quelqu’un de peur d’être déçue, ou de finir par carrément déprimer. Elle arrive à être détachée, et bon juge, c’est vrai. Mais seulement, uniquement, quand ça concerne les problèmes des autres. Surtout ceux qu’elle a elle-même créés. C’est le plus drôle à résoudre, faut pas s’voiler la face. Mais quand ça vient pas d’elle, et que c’est même. Enfin, ça lui est arrivé, plus d’une fois, de donner raison au partenaire d’un, ou d’une amie. Alors que le dit partenaire, elle le connaissait pas plus que ça. Mais Jelly dira toujours ce qu’elle pense, d’une relation, et d’un problème. Même si ça arrange pas la personne qui lui demande. Peut-être qu’elle est un peu trop franche. C’est pas comme si on lui avait jamais reproché.
Donc elle a presque envie de répondre à Mew, que non, c’est pas qu’elle est détachée. C’est qu’elle a peur, c’est qu’elle a un côté très lâche. Mais elle le fait pas. C’est beau de le laisser penser qu’elle est une fille qui assume complètement d’aller voir à droite, à gauche, sans aucun soucis. Pas qu’elle l’assume pas, juste que c’est pas à 100% à choix. Plus à 95%, plus les 5% qui restent et qui sont juste de la peur d’aller plus loin. Puis, ce qu’il dit après est bien plus intéressant que de le reprendre sur des compliments qu’il lui fait. Il lui parle du fait qu’il aimerait bien faire comme elle. Et Jelly se demande s’il a quelqu’un à l’esprit. Ou plusieurs personnes. Jelly a jamais douté du fait que les androïdes puissent avoir des sentiments. Après tout, y’a les perfect boyfriend. Et même sans parler de ceux dont c’est la première fonctionnalité, d’aimer, y’a ceux qui apprennent. Elle pense à son père, et à sa nouvelle partenaire. Une androïde. Elle pense à sa mère, qu’a toujours pas avalé d’avoir été plaqué pour une androïde, d’ailleurs.
Elle hoche la tête quand il reprend ce qu’elle a dit. Être libre, c’est bien. Bien sûr que ça l’est. Tout le monde devrait être libre. Tout le monde devrait toujours se sentir libre. Même les personnes en couple. Jillian comprend pas comment ça pourrait marcher ensemble, et c’est peut-être pour ça qu’elle a du mal, à s’imaginer en couple, mais. Elle s’attend pas à la question de Mew, derrière. Et elle sait surtout pas comment lui répondre. Elle a l’impression qu’il parle d’un cas précis, et elle a peur de lire mal les choses et de l’envoyer dans un mur. Elle veut surtout pas faire ça. Mais parce que Jillian sait toujours tout, et a toujours un avis sur tout, qu’elle se sent toujours obligé de partager, elle répond quand même. “Bien sûr oui. Après je sais pas si, une fois qu’on aime la personne, c’est aussi facile de s’en aller. Quand on l’aime vraiment, j’veux dire. Mais si c’est juste un crush, bien sûr. Une fois consommé, l’amour partira même probablement de lui-même, alors...” Elle se lève, et balance ses jambes, s’étirant. Elle aime pas être assise trop longtemps. Même sur Altéa, quand elle parle à la radio, le plus souvent, elle marche dans le studio, avec un casque micro sur la tête. “Après, si l’amour s’en va pas, c’est peut-être que c’est du vrai amour. Et dans ce cas, perso, je fuis.” Et elle rigole, un peu grassement, un peu trop fort, peut-être. Ca fait du bien, de laisser son côté lâche ressortir, parfois.