i'm so sick (nephaiah #1)

Nephtys a bu. Beaucoup. Lorsqu’elle ouvre la porte du garage, elle croise Jamie, affolée, qui la regarde avec des yeux inquiets. Elle a une bouteille d’alcool à la main, une cigarette à la bouche. Et Jamie lui enlève en quelques secondes. “Neph, t’es inconsciente ! On fume pas dans le garage !” Nephtys rigole, parce qu’elle peut faire que ça, de rire. Jamie a raison, dans le garage y’a des voitures. Et des motos. Et surtout beaucoup beaucoup d’huile, et d’essence. Boarf, après tout. Ce serait peut-être pas si mal de tout faire cramer, non ? Juste d’allumer un feu, et de se laisser brûler à l’intérieur. Ça doit être tellement, tellement agréable, de brûler. De se laisser emporter par une chaleur si forte qu’on en perd l’habilité à respirer. Que ce doit être bien, de juste se laisser mourir, sans attendre plus, sans avoir de compte à rebours débiles. De juste être à un fait accompli, et de pas avoir le choix. Nephtys a plus envie d’avoir aucun choix, vraiment. Elle veut juste allumer une cigarette, que ce soit la dernière de sa vie ou non. S’allonger sur le banc, au fond de la boutique, avec sa bouteille d’alcool. Elle veut juste éteindre la cigarette en la balançant au hasard dans la pièce, et voir si ça touche un endroit où y’a de l’essence, de l’alcool ou de l’huile. Et avec de la chance, beaucoup de chance, ce sera le cas. C’est pas cool, pour les Boyle, qu’elle pense. Et elle rigole. Et Jamie la regarde encore plus inquiète qu’avant. Nephtys a l’air d’une folle. D’une fille complètement dérangée. Mais elle l’est, peut-être. Peut-être qu’elle l’a toujours été. Ça expliquerait beaucoup de choses, à son propos. Des choses qu’elle aimerait bien, voir expliquées. Pourquoi sa famille l’a rejeté, pourquoi elle est juste une simple norms complètement nulle, pourquoi, pourquoi elle est tombée amoureuse d’une fille, puis de sa sœur. Qui fait ça ? Qui tombe amoureuse de deux filles de la même famille ? C’est hyper glauque putain. Pourquoi c’est elle et Jean qu’on a violé, pourquoi Jean a décidé de partir sans lui en parler. Pourquoi, pourquoi aussi, elle a commencé même, ce décompte. Pourquoi elle a eu une soulmate, qu’était pas sa Jean. Pourquoi elle a rencontré cette soulmate. Et surtout pourquoi elle a accepté de rencontrer cette correspondance mystère. (Fuck). Qu’est-ce qu’elle espérait ? Tomber amoureuse ? Trouver quelqu’un d’assez bien peut-être, pour au moins soigner sa plaie ? Elle y croyait, abrutie qu’elle était, elle y croyait. Elle se disait que c’était beau, ces conversations, qu’elles. Qu’elles étaient accordées. Qu’elles se comprenaient. (Bordel). Un peu qu’elles étaient accordées. Un peu qu’elles se comprenaient. Nephtys, Nephtys s’est sentie trahie. Nephtys a eu l’impression qu’on lui avait tiré une balle dans le dos, et qu’elle avait fait trois fois le tour de tous ses membres avant de s’enfoncer loin, loin dans tous les vésicules de son cœur. Quand elle s’est retrouvée face à Sibel, tout à l’heure, elle a rien dit. Elle a rien dit, elle a tourné les talons, et elle est partie. Elle s’est arrêtée dans un bar, et elle a bu. Bu, et bu, jusqu’à ce que le barman lui demande de s’en aller en lui donnant un verre d’eau. Elle lui a balancé à la gueule, son verre d’eau pourri. Puis elle a été dans un store, et elle a acheté une bouteille d’alcool. De l’alcool fort, le genre d’alcool qui se boit par deux centilitres. Nephtys n’en a rien à faire. Nephtys a envie de plus rien ressentir, de plus rien penser, de plus avoir aucun souvenir de ces derniers mois, non. Mieux, de ses dernières années. Elle voudrait oublier les Boyle, oublier Jean, oublier Jamie, oublier Leo, Galileo et son cher Ajay (enfoirés). Qu’ils aillent se faire foutre avec leur bonheur de merde. Et si elle doit boire jusqu’au coma, si elle doit boire jusqu’à ce qu’elle perde totalement connaissance, pour avoir une infime chance d’oublier, elle le fera, ce soir. Elle entend Jamie partir en disant quelque chose comme “T’écoutes jamais rien, de toute façon.” (Pétasse). Elle a pas besoin de ses reproches ce soir, vraiment pas. Nephtys se lève, elle pleure. Elle balance des coups de pieds sur des voitures, probablement celles de clients. Et elle renverse une moto qui se met en travers de son chemin. Du chemin vers le banc. Oups. Elle regarde la plaque, elle est, elle est responsable, quand même. Elle est professionnelle. Alors elle s’approche du téléphone et du répertoire papier. Et elle regarde, regarde dans  les contacts. Elle voit Stilinski et ça la fait rire. Rire beaucoup trop fort pour ce que c’est. Elle fait tomber de l’alcool sur le livre. Oups. La personne à qui est la moto est là, juste au dessus de Stilinski. Elle suit avec son doigt la ligne jusqu’au numéro de téléphone et le compose. Et ça sonne. Il est vingt-trois heures, peut-être qu’il est tard. Tiens. Nephtys avait pas pensé que peut-être vingt-trois heures, c’était tard, pour appeler les gens. Elle a pas pensé. Elle pense plus à rien, de toute façon. Elle entend un “Allô”, de l’autre côté du téléphone, et elle rigole. C’est drôle comme voix. C’est un homme. Nephtys déteste les hommes. (Crevures). “Allô. C’est l’garage Doy. Foy. Poy. Boy. Boyle. Boyle, c’est l’garage Boyle. J’ai fais tombé ta. Votre euh, motovycle, cycle, motocylce, putain c’est dur à dire ça, motocycle” Et elle rigole de nouveau. “Monsieur j’suis désolée monsieur. J’payerais pour les dégâts monsieur. Monsieur désolée. Bonjour monsieur.” Elle rigole, encore, l'alcool coulant à flot dans toutes les veines. “Monsieur bonjour, j’ai… j’ai…” Et elle se met à pleurer, comme si ça attendait que ça, de sortir. Et elle sanglote, à chaudes larmes, et elle tombe par terre, le téléphone sur les oreilles. Elle se replie, tremble, prend ses genoux dans ses bras, le téléphone toujours à l’oreille, et elle pleure, comme un bébé pleure lorsqu’il a peur du noir.

La carcasse vide ne dort pas, il traîne comme toujours devant son bureau. Pas vraiment comme toujours mais plutôt comment souvent. Dès qu'il n'arrive pas à dormir. Ses insomnies viennent pour de multiples raisons, à cause de sa culpabilité souvent. Parce qu'il a beaucoup merdé dans sa vie et il sait que c'est du passé mais c'est quand même difficile d'y réfléchir. Et ça l'empêche de dormir. Il se dit que les choses auraient été différentes peut-être, si il s'était pas comporté comme un enfoiré. Son existence est un mensonge, il passe sa vie à mentir sans cesse. Moins ces derniers temps parce qu'il se rend compte que il est pas si malheureux que ça maintenant. Et il refuse de tout gâcher. Cette nuit c'est sa soulmate qui le hante. Il n'a aucune idée de ce qu'elle fait mais ça l'a tiré de son sommeil. Crevé, il est vraiment crevé. Il a bossé toute la journée, il a cherché les gens toute la putain de journée. Il a cherché, encore et encore et c'est juste épuisant comme boulot. De chercher les étrangers pour les renvoyer dans leur univers, de leur dire de dégager de là c'est épuisant psychologiquement et physiquement. Il préfère largement aller sur terre pour trouver les altéens perdus. C'est plus gratifiant, il aime voir les sourires sur le visage de ceux qui sont vraiment paumés au milieu de nul part. De les ramener à leur famille. Là Isaiah il veut juste dormir, longtemps et paisiblement si possible. Mais là ça fait beaucoup trop mal, ça faisait beaucoup trop mal maintenant ça s'apaise un peu, légèrement. Mais ça continue de picoter dans le creux de son ventre saleté de douleur diffuse. Elle merde, sa soulmate. Peut-être qu'elle veut mettre fin à sa vie mais putain il souffre lui aussi, il se pose mille questions à son sujet. Il veut savoir ce qui se passe dans sa tête, il veut comprendre. Pourtant il a vu. Quand il l'a trouvé, il a vu le désespoir dans ses yeux, il a vu la détresse dans son regard et pourtant il l'a quand même renvoyé sur terre. Malgré la douleur, malgré tout parce qu'il a simplement fait son travail. Mais là il la déteste. Sur le moment présent il la déteste. Parce qu'il peut plus dormir, parce qu'il y arrive plus. Parce que de sa faute il va certainement faire une nuit blanche. Sa main s'agite sur le carnet encore vierge avant. Il dessine, son visage. Le peu qu'il se souvient en tout cas, les mèches qui tombent devant son visage. Il laisse simplement ses pensées guider sa main.
Puis ça sonne.
Merde, ça le fait sursauter, sa main glisse. Un trait au milieu du croquis. Sa main se crispe autour pour former une déchirure dans le papier. Merde. Merde. Merde, c'est vraiment pas sa soirée. Son croquis. La seule chose qui l'apaise quand il parvient pas à dormir. Son croquis est gâché. Il passe sa main dans ses cheveux, se mord la lèvre inférieure. Mais ça continue de sonner. C'est son téléphone. Alors il décroche. Allô. il connaît pas le numéro alors il attend que la personne au bout du fil se présente. Et il se surprend à espérer, vraiment très fort, que ce ne soit pas sa soulmate. Par pitié, il n'a pas envie de l'avoir au téléphone. D'entendre les explications sur pourquoi il s'est réveillé au milieu de la nuit avec une douleur fulgurante dans le ventre. Mais visiblement ce n'est pas elle. Mais qui peut appeler à une heure pareille ? Il fronce les sourcils. Le garage Boyle. Ouais, il commence à visualiser parce qu'il s'est rendu dans ce garage y'a quelques temps, quelques jours. Mais il comprend pas ce qu'elle dit la fille au bout du fil. Pardon ? De quel motocycle vous parlez ? Je pense que vous vous êtes trompés de numéro mademoiselle boyle. il fronce les sourcils, il sait vraiment pas qui elle est mais il suppose que c'est une Boyle puisque c'est le garage Boyle. Donc techniquement c'est quelqu'un de la famille, non ? Peu importe, il s'en fout. Il fronce les sourcils, un soupir caresse ses lèvres. Et ça commence à l'énerver. Le comportement de la demoiselle qu'il connaît pas, qu'il croit. Et là il commence aussi à se dire que le garage boyle vient de perdre un client. Sa langue claque contre son palais. Vous n'avez rien à me payer je vous dis que vous vous êtes trompé de numéro. et là il l'entend éclater en sanglots.
Il sait pas où se mettre. Il ferme les yeux pour s'empêcher de hurler après la jeune femme, lui dire de supprimer et oublier ce numéro de manière définitive. Mais il n'en fait rien. Il régule sa respiration, il passe sa main derrière sa nuque douloureuse. Sa langue passe sur ses lèvres pour les humidifier. Il sait pas ce qu'il doit faire. La réconforter, peut-être. C'est ce qu'une personne normale est censée faire : réconforter les gens qui pleurent. Sauf que Isaiah ne sait vraiment pas faire ça. Il est incapable d'apporter du réconfort à quelqu'un de la même manière qu'il  est incapable d'aimer. Il se racle la gorge. Vous allez bien ? putain de question idiote. Elle chiale la nana au bout du fil. Elle chiale, donc elle va pas bien. Quand on va bien on ne pleure pas ou alors on pleure de joie. Et là, cette fille, n'a vraiment pas l'air de pleurer de joie bien au contraire. Donc sa question est vraiment idiote mais il peut pas faire grand chose de plus. Il hésite à raccrocher mais elle risque de rappeler. Bloquer le numéro mais c'est pas gentil. Alors dans l'immédiat il se contente d'attendre. Qu'elle reprenne la parole, qu'elle s'explique.

Le téléphone contre l’oreille, et continue de sangloter. Et elle sait pas vraiment pourquoi, elle pleure. Elle sait qu’elle se sent pas bien, qu’elle est triste, qu’elle déteste le monde dans lequel elle continue de vivre, et qu’elle déteste tout autant les gens qui le composent. Elle sait aussi qu’elle déteste au moins une personne dans le monde où elle comptait s’échapper, et maintenant, y’a plus d’issues. Y’a plus la possibilité de se dire que peut-être, à la fin du décompte, elle pourra aller sur cet autre monde, et plus jamais à revoir personne, ni rien venant d’Altéa. Surtout pas les Boyle, surtout pas toutes ces choses qui lui rappellent tant Jean, à chaque fois qu’elle passe devant. Ni les fleurs, qu’elle se souvient lui avoir offert pour leur premier rendez-vous, à chaque fois que l’odeur parvient à ses narines, c’est insupportable. Et à chaque fois, elle a juste envie d’en finir, sur le moment, sans jamais avoir à attendre qu’un putain de décompte se termine. Puis, le décompte, quelle connerie, ce décompte. Quelle bêtise. Elle aurait dû s’en douter, que c’était trop beau, que ce numéro de téléphone tombe sur quelqu’un de complètement inconnu, sur quelqu’un qui pourrait la sauver du trou dans lequel elle s’est enfoncé depuis bientôt deux ans. Elle aurait dû se dire que le destin, qu’a toujours été un putain d’enfoiré avec elle, continuerait son oeuvre, gentiment de son côté. Pour pouvoir l’enterrer vivante, plutôt que de l’aider à se relever. Elle a envie de boire, de boire. Et encore de boire. Elle a envie de se souvenir de rien, et certainement pas du visage de cette fille. (Pétasse). Quand elle l’a vu, elle avait l’air si heureuse, elle souriait. Et Nephtys avait juste envie de lui enfoncer le bout de bois avec lequel elle jouait dans l’oeil, ou dans l’oesophage, pour qu’elle puisse plus jamais avoir la possibilité de la voir. Ou de sourire. Ou, d’ailleurs, encore mieux, de respirer, même. Elle voit, plus que ne regarde sa marque. Elle voit la cicatrice blanche, mais qui l’a pas effacé. Elle se souvient de la douleur qu’elle a ressenti lorsqu’elle a coupé dessus. Elle s’en souvient que trop bien. Et de sa résolution aussi, de plus jamais la toucher. Well, peut-être qu’alcoolisée elle sentira rien ? Peut-être qu’une fois alcoolisée, elle pourrait se découper juste ce morceau de peau là, et aller à l’hôpital ensuite, pour tomber dans le coma tranquille, et possiblement jamais se réveiller. Que ce serait bien.
Nephtys se rend compte qu’elle est au téléphone, et sort de sa rêverie lorsqu’une voix arrive jusqu’à ses oreilles. Oui. C’est vrai. Elle a cassé une moto que Jamie a réparé. Elle a appelé le détenteur. Le monsieur qu’a un nom qui commence par S, qu’est juste au dessus de Stilinski. Ou est-ce qu’il était en dessous ? Nephtys sait plus. Nephtys pleure, Nephtys est un bordel sans nom. Elle l’entend parler, mais comprend pas ce qu’il dit. Les mots sont trop rapides, la frappent à toute vitesse, mais elle a pas le temps de les faire arriver jusqu’à son cerveau. Et il continue de parler, en plus. Elle retient juste qu’il l’a appelé Mademoiselle Boyle, et ça la fait sourire. Elle aurait bien voulu s’appeler Madame Boyle, un jour. Le sourire est triste, triste et salé. Parce que les larmes continuent de couler, et que ça fait un bien fou, de pleurer. Elle a pas pleuré depuis qu’elle a laissé Ajay seul dans le monde des cauchemars. Maintenant qu’elle y repense, ça aurait vraiment dû se passer autrement. Avec ce qu’elle sait maintenant, elle aurait préféré y rester et aider Ajay à sortir, plutôt que l’inverse. Parce qu’elle, à l’inverse de lui, plus rien, plus personne l’attend ici. Elle est seule. Très, très seule. (Putain). Il a arrêté de parler, elle s’en rend compte. Depuis quelques secondes déjà. Et pourtant le sens de sa dernière phrase vient de frapper son esprit. Il lui a demandé si elle allait bien. Puis les autres informations arrivent au compte goutte. C’est pas le bon numéro. Elle s’est trompée. Oui, bah. Nephtys est pas douée pour choisir avec qui communiquer par téléphone, manifestement. Tombe jamais sur les personnes qu’elle voudrait. Alors après quelques dix secondes de silence complet, juste remplies de ses sanglots, elle renifle bruyamment. “J’travaille ici, j’suis pas une Boyle moi. J’aurais pu. Mais ce sera plus jamais le cas maintenant. J’aurais pu, mais celle qui me donnait cette possibilité est morte. Alors maintenant je peux plus, v’voyez ?” Elle rigole, parce que c’est. C’est ironique. Qu’elle travaille encore ici. Que quelqu’un lui parle automatiquement comme si elle faisait partie de la famille, quand c’est vraiment, vraiment pas le cas. Elle s’allonge par terre, le sol est sale. Le sol est glissant aussi, elle est peut-être allongée dans de l’essence. “Vous aussi, vous trouvez que 52 jours avant de mourir, c’est beaucoup ?” Nephtys trouve que c’est énorme. Nephtys trouve que c’est insurmontable. Nephtys a envie de mourir maintenant, tout de suite, et de plus jamais, plus jamais avoir affaire à quiconque. Juste l’essence sous elle, la cigarette qu’elle pourrait attraper en tendant le bras, et les flammes qu’elle provoquerait en la lâchant à ses côtés.

Il se demande ce qu'elle lui veut cette fille au téléphone. Elle a certainement des problèmes, en tout cas elle a l'air d'avoir des problèmes. C'est bien, ça la rend vivante. Tout le monde a des problèmes, à commencer par lui. Et pourtant il n'appelle pas des numéros au hasard au milieu de la nuit pour pleurer. Pourquoi elle ne voit pas un médecin qui commence par psy-. Un putain de psy- quelque chose, c'est pas comme si elle avait pas de choix en plus. Psychiatre, psychologue, psychothérapeute, psychanalyste, peu importe elle peut faire plouf-plouf dans la liste et en choisir un au hasard. Parce que visiblement elle a besoin de parler à quelqu'un. Et Isaiah ne veut pas être ce quelqu-un. Il voit l'horreur au moins deux fois par semaine, il s'interdit de répondre aux supplications et appels de détresse des étrangers. Il se contente d'obéir aux ordres et de renvoyer les gens dans leur univers respectif. Ces gens-là aussi ont des problèmes et c'est pas pour autant qu'il écoute. Et cette fille du garage boyle il n'a aucune envie de lui porter une oreille attentive. Il s'en fout complètement d'elle et de ses tracas. Si lui se met à parler de ses problèmes aussi il en ont pour la nuit entière et même plus que ça. Sauf qu'il est pas certain que la jeune femme veuille entendre qu'il est lâche. Qu'il a renvoyé sur terre sa soulmate détruite, blessée. Qu'il essaie vainement de se racheter en se mettant au service d'une organisation secrète pas très aimée du gouvernement. Non, il le raconte pas tout ça. Parce que ça ne la regarde pas, parce qu'il refuse déjà d'en parler avec ses proches c'est pas pour se confier à une inconnue. Et surtout parce qu'il est pas alcoolisé. C'est son problème si elle veut boire. Parce que l'alcool adoucit la tristesse, du moins pendant un temps. Parce que là chez elle visiblement ça la décuple. Faut qu'elle arrête de boire si elle se met dans des états pareils, qu'il pense. L'alcool elle l'a vraiment pas joyeux, faut qu'elle se prenne en main. Mais c'est certainement pas lui qui va l'aider pour ça. Il a autre chose à faire. Si il voulait aider les autres à aller mieux il serait devenu l'un de ces psy-truc. Mais il ne l'est pas. Il est agent de la cia. Dans une branche complexe qui se charge de contrôler les arrivées sur altea et les disparitions d'altéens. Il se dit très sérieusement que la prochaine fois il se barre sur terre. Au moins personne ne lui causera de problèmes là-bas.
Il attend, pas tranquillement du tout. Elle l'énerve, pas qu'un peu. Il a envie de la secouer dans tous les sens, de lui hurler de lui foutre la paix. Merde à la fin, pourquoi lui ? Elle a pas des amis, cette fille ? Elle a pas de la famille, cette fille ? Il soupire. Sa main libre se crispe, il enfonce ses ongles dans sa paume. Il se retient de balancer son téléphone à travers la pièce. Elle est en train de lui raconter sa vie dont il se fout complètement. Très bien, quelqu'un de son entourage est mort. D'accord, c'est triste. Mais il voit toujours pas pourquoi ça le concerne en fait. Parce que ça le concerne pas tout simplement, c'est pas sa vie à lui. Et si elle a tant besoin de parler de ça à quelqu'un qu'elle le fasse avec n'importe qui d'autre, mais pas lui. Mais peut-être que justement si elle continue de l'ennuyer ça va finir par l'endormir un peu comme une comptine. Parce que ça l'intéresse pas sa vie, ça commence même à le faire bailler. Ouais, je vois. Désolé pour vous, hein. mais je m'en carre complètement qu'il se retient d'ajouter pour compléter sa phrase. Il se laisse tomber sur son lit, tire la couverture au dessus de lui et fixe le plafond. Mais vraiment, qu'est-ce qu'il fout ? Le mieux c'est de raccrocher, il le sait. Mais c'est pas pour autant qu'il le fait. Il peut pas s'empêcher de rire à la remarque de l'inconnue. Pourquoi 52 jours, autant mourir tout de suite, non ? ouais il comprend pas du tout où elle veut en venir, c'est bizarre d'attendre cinquante-deux jours avant de mourir. Peut-être qu'elle est atteinte d'une maladie incurable ou une connerie du genre. Dommage qu'elle le connaisse pas, il est très doué pour soigner les gens. Tant pis pour elle, il est pas médecin de toute manière. En tout cas elle est peut-être dans un de ces délires de réaliser mille et une choses avant de mourir, il trouve ça débile parce qu'une fois morte elle s'en souviendra pas de toute manière. C'est triste. Mais c'est certainement pas lui que ça va attendrir.

Sa vie s’est arrêtée lorsque Jean est morte. Certains pourraient penser que c’est à ce moment que là que sa vie a recommencé, parce qu’elle était seule, parce qu’elle a découvert une nouvelle partie d’elle-même. Mais c’est des conneries. La seule partie qu’elle ait découverte, c’est celle du chat sauvage qui griffe dès qu’on le touche ou le titille un tout petit peu. Et si elle se sent particulièrement bien avec cette partie d’elle-même, si elle se sent vraie et vivante quand elle explose la gueule de bâtards, bah ça n’empêche qu’elle se sent vide. Elle a l’impression que le jour où Jean est morte, ses entrailles ont décidé de se mettre en veille et de se laisser pourrir, un par un, doucement, lentement, juste le temps de la laisser souffrir avant de mourir. Elle pleure, elle arrête de pleurer, elle pleure, puis rigole, repleure, et c’est n’importe quoi. Parce que depuis qu’elle est partie de l’intersection, depuis qu’elle a quitté Sibel sans même lui adresser la parole, elle arrête pas de rire, pour rien, de pleurer, pour pas grand chose non plus, ou de regarder les gens en leur posant des questions existentiels débiles. Elle a frappé quelqu’un aussi, en passant. Un grand blond. Elle se dit que c’est de sa faute. Qu’un mec blond, c’est un mec qui doit pas croiser le chemin de Nephtys. Et elle rigole lorsqu’elle se dit que oui, une grande majorité des hommes qu’elle a frappé, parfois à les défigurer, étaient blonds. Avant. Après, ils avaient les cheveux rouges sangs, et c’était beau. T’façon, le blond, c’est moche. C’est comme les yeux bleus. C’est effrayant, les yeux bleus. C’est l’impression de pouvoir lire à l’intérieur de la cervelle de la personne en cherchant bien. Et sous le soleil, sous le soleil, c’est encore pire. Parce que les yeux bleus deviennent plus clairs, et qu’ils deviennent presque translucide. C’est pas effrayant, dans ces cas là. C’est juste très dégueu. Nephtys, allongée, tourne la tête vers la porte du garage, puis vers la bouteille d’alcool qu’elle a laissé sur le livre de contacts. Elle continue de couler, d’ailleurs, peut-être qu’elle est fissurée. Oh bah non. Ce serait bête. Un gâchis. Regarde son paquet de cigarette finalement, qu’est avec sa veste sur une chaise à l’entrée. Elle a oublié, déjà, la bouteille d’alcool. Pas qu’elle pourrait boire plus sans risquer un coma éthylique de toute façon. Tant mieux, après tout. C’est ce qu’elle veut, non ? Et elle rigole lorsqu’elle traite les informations qu’il lui envoie, les mots qu’il lui dit, les phrases qu’il répond. Elle rigole parce qu’elle entend, à sa voix, que ce qu’elle dit l’emmerde. Qu’il n’en a rien à faire. Et c’est tant mieux, qu’elle pense. Au moins, à lui, elle risque pas de s’attacher. Il a trop de choses contre lui. Déjà, c’est un menteur. C’est à lui la moto, pourquoi. Peut-être, ok, qu’elle s’est trompée. Et une pensée traverse son esprit, peut-être elle a appelé Stilinski. Et elle rigole de nouveau, pour rien. Et elle pleure, parce que ça lui manque, cette époque. L’époque de Yohan, de Kassian, et des autres. L’époque avant les Boyle. Peut-être qu’elle aurait jamais dû les rencontrer. Peut-être que sa vie aurait été plus belle sans eux. Puis oublie vite l’idée que ce soit un Stilinski. Elle risque pas de s’attacher non plus parce qu’il est évidemment agacé par son comportement, à elle. Et elle le comprend, si, si bien. Elle serait à sa place qu’elle aurait déjà raccrochée le téléphone. Peut-être. Elle sait pas. Probablement qu’elle aurait juste pas décrochée, en fait. Mais surtout, surtout elle risque pas de s’attacher parce que c’est un homme. Et que le seul homme auquel elle s’est attachée, même qu’un tout petit peu, depuis Jean, et elle, et le monstre, c’est Ajay. Et qu’Ajay, est, well, obviously, gay. Et même. Même malgré ça. C’est pas vraiment de l’attachement, plus. Plus une relation de mauvaises aventures. Elle s’étonne presque qu’il soit pas là aujourd’hui. Après tout, c’est une situation délicate. Et ils semblent être passés professionnels dans le domaine.
La question de l’étranger, elle répond pas tout de suite. Elle a fermé les yeux. Et elle s’est souvenue du monstre. Et elle a mis la tête de Sibel dessus. Et elle rigole, finalement, parce que la tête de Sibel avec des poils, et un énorme corps, et. C’est juste drôle. Elle en oublie la question, du coup. N’y répond pas. “Je faisais un décompte. J’ai commencé y’a presque un an. J’suis quasiment à la fin. Mais j’peux plus le finir maintenant, j’ai plus personne pour le faire avec moi. La personne qui le faisait, c’est une pétasse. Une connasse. Mais c’est pas de sa faute, je crois. C'est de la faute de la balance.” Elle se roule par terre, atterrit sur le ventre. Elle est plus sur la tache d’essence, mais ses vêtement en sont enduis. “J’peux vous tutoyer m’sieur ? J’vais le faire t’façon. J’aime pas vouvoyer les gens. Je me sens petite face à eux, et je déteste me sentir petite. Surtout face aux hommes.” Parce que les hommes, c’est les hommes qui sont petits. Si, si petits, par rapport aux femmes et au pouvoir qu’elles peuvent avoir. Sur le monde, et surtout sur eux. Nephtys est sûre que les hommes ont peur des femmes, en fait. Que c’est pour ça qu’ils essaient parfois, de prendre le dessus, physiquement. “Tu connais d’autres filles qui se sont faites violées ? Je me demande si c’est récurrent.” Elle connaît, elle, d’autres victimes. Jean en connaissait encore plus, elle avait sérieusement fait des recherches. Du même monstre. Personne n’a jamais osé en parler. Nephtys pose sa tête sur son bras, allongé devant elle, les yeux fixé sur le banc qu’elle a jamais atteint, du coup, au fond de la boutique.

Qu'elle lui foute la paix, c'est tout ce qu'il veut. Lui il arrive pas à raccrocher pourtant il en a envie. Il a vraiment envie de raccrocher. Même retourner à son dessin, le recommencer depuis le début. Tout plutôt que poursuivre cette étrange conversation. Mais pourtant malgré cette envie il ne raccroche pas, il arrive pas à s'y résoudre. C'est peut-être de la curiosité mal placée. C'est peut-être autre chose. C'est peut-être la soif malsaine de constater que certains ont plus une vie de merde que lui. Peut-être le besoin de se rassurer, de se dire qu'il est pas si mal dans sa vie. Que ça pourrait être pire, que ça pourrait être comme elle. Mais pourtant ça lui fait pas forcément du bien de l'écouter non plus. C'est à double tranchant, cette discussion. Parce que de sa faute il se pose des questions maintenant, sur la mort. Il se demande si c'est pas plus simple de mourir que de continuer à vivre de cette manière. Mais il peut pas mourir lui, c'est hors de question. Se donner la mort c'est impossible à ses yeux, même si il le voulait vraiment. La peur d'avoir mal, de souffrir, elle est plus forte que l'envie de disparaître de son monde. Mais sa soulmate elle est détruite, elle finira peut-être par se donner la mort un jour. Et si ce jour arrive il deviendra quoi, lui ? Est-ce qu'il mourra également si elle se tue ? Il espère que non, il veut pas crever à cause d'une autre. Alors peut-être qu'il doit se retirer la marque. La gratter jusqu'à la faire disparaître, gratter jusqu'au sang pour extirper de ses veines le mal qui le ronge. Putain, il la déteste. C'est pas suffisant de pas réussir à dormir, maintenant il se pose des questions. Non, il les déteste. Sa soulmate et ses idées morbides, ses gestes tout aussi morbides et sa putain de vie de merde dont elle veut se débarrasser. Et cette folle au téléphone qui a les mêmes idées morbides visiblement, qui est alcoolisée en plus. C'est peut-être pour ça qu'il sait pas aimer, aussi, d'ailleurs. Il veut pas aimer les femmes parce que à quoi bon ? Porter leurs problèmes et être une épaule réconfortante ? Non, c'est vraiment pas son genre. Les gens tristes, les gens qui vont mal, il les laisse dans leur merde. Parce que personne ne lui a tendu la main, à lui, quand il était gosse et qu'il crevait de faim. Il s'est construit tout seul grâce à son intelligence, sa volonté et son ambition. Les gens ont qu'à faire de même, mais les gens sont juste plus lâches que lui encore. Ceux qui baissent les bras sont  lâches, sa soulmate est lâche et cette fille au téléphone l'est tout autant. Il la déteste. Parce qu'elle va encore plus troubler son sommeil maintenant. Et qu'il peut encore moins raccrocher maintenant que la discussion avance dans le temps, qu'elle lui donne de nouvelles informations. Il lâche un rire, à nouveau. Et ça se confirme dans sa tête, cette femme est complètement folle. Puis il se dit que finalement c'est sa soulmate à lui qu'elle aurait du appeler, tiens. Entre folles elles auraient pu se comprendre. Un putain de décompte, elle fait un décompte jusqu'à sa mort avec quelqu'un, avec une pétasse qu'elle lui dit, une connasse qu'elle dit encore. Isaiah il pense surtout que c'est elle la connasse qui l'empêche de dormir et le dérange en pleine nuit.  Hé bien si vous ne pouvez plus le finir, tuez-vous maintenant au lieu de m'emmerder. J'sais pas, buvez encore trois ou quatre verres avec un peu de chance le coma éthylique vous emportera dans votre tombe.
C'est pas gentil. Sauf que de toute manière il est pas là pour être gentil. Et qu'à la toute fin tout le monde sera dans sa tombe de toute manière. Alors qu'elle rejoigne la sienne si elle le veut plutôt que le mêler à ses conneries. Ils se connaissent pas, ou très peu peut-être. Ouais peut-être qu'il l'a croisé au fameux garage boyle, qu'il a posé son regard sur elle pour oublier son visage la seconde suivante. Donc il s'en fout complètement de si elle veut rester en vie ou non. Et ça sera sans doute triste pour ses proches à cette fille mais tant pis, si c'est lui qu'elle appelle c'est que ses proches sont pas là. Ils auront qu'à pleurer et culpabiliser dans leur coin. Lui il culpabilise bien assez pour ses actes envers ses propres proches, hors de question de culpabiliser parce qu'il n'a pas réussit à raisonner une inconnue. Non, qu'il n'a même pas essayé.  Vous avez un problème avec les hommes ? Et pourquoi donc, celui dont vous êtes amoureuse vous a mit un vilain râteau alors vous vous dites que tous les hommes sont des connards ? il se moque bien d'être désagréable ou d'être à côté de la plaque. Cette fille est presque en train de l'insulter à l'autre bout du fil simplement parce qu'il est né avec le service trois pièces. Il sait pas si c'est une blague mais ça ne lui plaît pas, si elle a des soucis à régler avec des hommes qu'elle s'adresse aux hommes en question. Il n'est certainement pas le porte parole de tous les hommes de tous les univers. Le vouvoiement c'est juste de la politesse. Peu importe l'âge de la personne, peu importe son sexe. Quand tu connais pas quelqu'un tu le vouvoie, point. Et là elle est en train de lui manquer de respect. Puis elle parle, de viol cette fois. Il renifle. Allons bon, de mieux en mieux qu'il se dit. Isaiah continue de s'en foutre, ouais les hommes méchants ça existent. Mais il pense que certaines femmes ne valent guère mieux. Sauf que quand t'es un homme tu peux difficilement te poser comme une victime. T'as la pancarte bourreau collée, vissée dans le dos pour toujours. Jamais un homme peut apparaître comme la victime d'une femme, jamais. Mais c'est pas le débat qu'il compte avoir avec la folle.  Non, j'en connais aucune. Chacun sa merde. c'est pas son problème, putain. Son problème à lui c'est de venir en aide aux enfants disparus sur terre par exemple, son problème c'est de maintenir l'équilibre. C'est d'aider les corbeaux à faire exploser le secret des univers. Mais certainement pas d'apporter une aide psychologique aux victimes de viol. Cette inconnue commence, non, continue, à vraiment l'emmerder.  Sérieusement, pourquoi vous m'appelez ?

Nephtys est contente. Et surprise. Et triste. Et amusée. Et en colère. Et toute autre émotion qu’il est possible de ressentir lorsque l’on est un être humain. Et tout ça, elle le ressent parce qu’elle est bourrée, et que la personne à l’autre bout du fil a toujours pas raccrochée. Elle est contente et surprise, de pouvoir parler à quelqu’un qui raccroche pas. Triste parce que ça la rassure sur le fait que jamais personne pourra la comprendre. Pourra comprendre ce qu’elle ressent. Pour le comprendre, faudrait le vivre. Amusée, parce que, parce qu’elle le trouve amusant. Mais encore, alcoolisée comme elle est, elle trouve tout amusant. En colère. En colère, elle l’est tout le temps. Et lorsqu’elle est bourrée aussi, forcément. En colère contre Sibel, contre le destin. Contre cette marque à son poignet. En colère contre le coup qu’elle a foutu au mec, tout à l’heure, peut-être qu’elle aurait pas dû le frapper. Lui, il avait rien fait, à part être là, devant elle, quand il fallait pas. En colère contre cet homme au bout du fil qui semble rien comprendre, et Nephtys crève d’envie que quelqu’un, enfin, un jour, puisse la comprendre. Et c’est terrible parce qu’elle connaît quelqu’un, elle connaît même quelques personnes qui pourraient la comprendre, ou au moins qui feraient l’effort d’essayer, ce qu’est clairement pas le cas du type derrière le téléphone. Mais ces gens là, elle les a barré de sa vie y’a un bout de temps déjà. Pour leur propre protection. Parce qu’à l’époque où elle trainait avec Jamie, ou Leo, ou les autres, ces gens là, qu’elle aimait, n’avaient pas leur place. Parce qu’ils fallaient pas qu’ils tombent là dedans, pas à cause d’elle. Puis y’a eu Jean, et, en soi, elle aurait pu reprendre contact avec eux, à ce moment. Mais Jean était toute sa vie, et elle voulait pas. Puis y’a eu le viol, puis le suicide, puis Nephtys est devenue ce qu’elle est. Et les seules personnes ayant réellement une place dans sa vie étaient les gens pétés, comme elle. Les gens cassés. Ceux à qui il manquait une case, un truc. Les gens comme Nao, Jamie. Et peut-être, finalement, que c’est pour ça qu’elle est proche d’Ajay, aussi. Peut-être que lui aussi, il a un truc cassé. D’ailleurs, elle le sait. Il lui a dit. Cette femme, qui est morte. Ah. Ils se ressemblent plus qu’elle ne le pensait, vraiment. Deux personnes ayant vécus des désastres avec le sexe opposé et qui se sont rabattus sur l’homosexualité. Nephtys a jamais compris comment ça fonctionnait, l’orientation sexuelle, mais elle a certainement pas envie d’y réfléchir ce soir, là, allongée par terre, ses habits imbibés d’essence. En conversation téléphonique avec un parfait inconnu. Qui l’agresse, carrément. Elle se sent agressée par le ton qu’il prend, avant même de comprendre ce qu’il lui dit. Mais lorsqu’elle comprend, elle rigole. Parce qu’il a raison, après tout. Elle se retourne sur le dos, se remettant dans la flaque d’essence, et regarde la bouteille d’alcool qui continue de se vider par la fissure. Oups. Demain, elle va se faire disputer. Très très fort. Mais ça la fait rire, Nephtys. Non, pas rire. Pouffer. Comme une enfant qui a dessiné un tag sur la caisse des voisins. Elle pense pas aux centaines, centaines de numéros que le liquide est en train d’effacer. Elle pouffe parce qu’elle pense à Jamie en train de la disputer. Et Jamie est hot, quand elle est en colère. Ses cheveux roux sont de la même couleur que ses joues, et c’est juste beau. Elle ressemble à un petit renard. Elle se calme lorsqu’elle comprend ce qu’il dit, ensuite. Lâche un souffle sarcastique. (Connard). S’il savait juste de quoi il parle. Un râteau ? Elle aurait préférée lui foutre un râteau, à ce monstre. Si possible littéralement. Et si possible le manche dans le bas, et les pics dans les yeux. Ces yeux monstrueusement bleus. Elle se met assise, et écoute lorsqu’il répond à sa question, sur les femmes violées. Et il est violent, dans ses propos. Mais Nephtys se sent pas offensée. Non, en fait, ça alimente la flamme de colère qu’est au creux de son corps, et ça lui fait du bien. Elle supporte pas les gens qui parlent, jacassent, sans savoir ce qu’ils défendent, ou qui ils offensent. Et là, elle a juste envie d’arracher les cordes vocales au mâle à l’autre bout du fil. Et la question tombe, et Nephtys déteste ça. Parce que Nephtys a jamais aimé les pourquoi. Elle a jamais aimé qu’on lui pose des questions. Elle a jamais aimé qu’on lui demande des raisons à ses actions. Et elle sait pas quoi dire, comment réagir. Alors elle se lève, et elle récupère la bouteille d’alcool, avant d’aller se rassoir pile au même endroit. Elle l’ouvre, boit une gorgée, deux. Elle déglutit assez bruyamment pour que l’homme l’entende à l’autre bout du fil. Pas qu’elle le fasse exprès, elle est juste pas assez consciente pour boire silencieusement. “Parce que j’ai cassé ta bécanne, j’te l’ai déjà dit. Puis je sais pas. J’ai personne d’autre à qui parler.” Et elle rit, vraiment, se moque. D’elle-même. Elle pleure, un peu, aussi. Parce que la seule personne à qui elle pourrait réellement parler, qui pourrait lui prêter son épaule pour pleurer, elle l’a laissé tomber y’a tant, tant d’années. Et que lorsqu’il a essayé de reprendre contact avec elle, elle l’a honteusement envoyé balader. “J’suis une bouffonnne. Le seul type qu’aurait pu m’aider, je l’ai éloigné de ma vie. Pour l’protéger, genre. Mais il comprend pas, les gens comprennent jamais. Mais il me manque. Tellement.” Et elle rigole plus, cette fois ci, elle pleure. Elle sanglote. Elle s’est rallongée, en chien de fusil, cette fois ci. L’alcool lui pique le nez, mais l’odeur d’essence aussi. Elle regarde la porte du garage, la fixe comme si elle allait lui donner une quelconque réponse. “Yohan me manque.” Et parfois, elle aimerait que Yohan passe cette porte, et qu’elle soit pas orgueilleuse au point de l’envoyer bouler. Là, maintenant, elle aimerait qu’il passe la porte, et qu’ils reviennent au temps où ils étaient enfants, et qu’ils étaient juste deux weirdos, qui connaissaient encore rien au monde.

Il est là, à l'écouter. Au lieu de dessiner, encore mieux au lieu de dormir. Et ça va être difficile le lendemain. Il le sait, il le sent dans ses muscles douloureux. Il va se lever après une nuit blanche probablement, ou seulement quelques heures de sommeil. Il va se lever avec une migraine atroce pour lui vriller le crâne. Il va travailler au ralenti, essuyer les reproches de son patron. Il va avoir du mal à hausser le ton pour persuader les gens de dégager, pour pas leur laisser le choix. Il va être trop fatigué pour leur courir après si ils essaient de s'échapper. Il va être trop amorphe pour soigner des blessures. Tout ça parce que sa soulmate l'a tiré de son sommeil en cherchant à se faire du mal. Et parce que cette folle au téléphone le retient et l'empêche de dormir. Mais ça va durer un temps, de jouer avec ses nerfs. Il sent que la colère grimpe, redescend puis grimpe à nouveau pour foutre le bordel dans sa tête. Elle est peut-être bourrée la fille à qui il parle mais il est presque certain que ses pensées sont aussi désordonnées que les siennes. En vrai ça serait vraiment simple de la rejoindre cette fille. De se pointer au garage boyle et de tambouriner très fort contre la porte pour voir celle qui ose le déranger en pleine nuit. Il le fera pas pour autant parce qu'il n'a pas envie de le faire, parce que ça le concerne pas. Et peut-être parce que ça rendrait les choses plus compliquées. De mettre un visage sur cette voix qui lui insinue qu'elle veut mettre fin à sa vie. Il veut pas avoir envie de la sauver, cette fille. Il veut pas lui parler en face à face, finir par s'attacher à elle et penser lui devoir quelque chose au bout du compte. Parce qu'il ne lui doit rien. Il ne doit rien à personne, peut-être à son frère. Des excuses. Et peut-être à sa mère, un peu. Et certainement à ses sœurs. Quant à son père, non il ne lui doit rien. Et il ne veut certainement pas s'excuser auprès d'un homme raté qui a mit sa famille dans la merde. Alors non, il ne bougera pas de son lit. Il fixe le plafond, c'est mieux comme ça. Il écoute mais garde ses distances. Sa langue claque contre son palais, elle l'emmerde vraiment avec cette histoire. Je t'ai dis que j'ai pas de putain de moto, t'es bourrée mais pas sourde, si ? il passe sa main dans ses cheveux, entortille une mèche autour de son doigt et enfonce ses dents dans sa lèvre inférieure. Et je suis pas ton putain de psy. que ce soit clair, qu'elle comprenne que c'est pas à lui qu'elle doit parler et qu'il a pas envie l'écouter, de la comprendre. Il reste au téléphone pour une raison qu'il ne comprend même pas.
Il soupire, encore. Il en a vraiment marre de ses plaintes à cette fille. Et il est persuadé que c'est pas près de changer. Qu'elle va continuer de se plaindre et de pleurer pendant encore un certain temps. C'est contrariant. Il attrape le drap pour le tourner entre ses doigts, histoire de s'occuper sa main libre. C'est quand même bizarre cette conversation avec une inconnue. Ils discutent tous les deux comme si ils se connaissent depuis longtemps sauf que ce n'est pas le cas. Et qu'il a l'impression de se mêler de sa vie. Que ses questions le dérangent. Oui, il sait pour les viols. Parce que quelqu'un dans son entourage est un violeur. Ou plutôt quelqu'un dans l'entourage de quelqu'un de son entourage est un violeur, c'est pas plus clair mais plus vrai. Il le fréquente pas ce type, c'est pas son entourage à lui. Par contre ce qu'elle est en train de dire ça commence à être intéressant. Tu sais quoi ? Ce type tu l'appelles, tu t'excuses et tu lui parles de ta vie si ça te fait plaisir mais tu me fous la paix, ok ? il sait pas qui c'est mais il est sans doute plus habilité que lui à s'exprimer sur ce genre de conneries. Sauf que là elle finit par prononcer le prénom. Yohan. C'est son pote, Yohan. D'où elle connaît son Yohan. Il fronce les sourcils, essaie de comprendre à qui il est en train de parler. C'est pas possible qu'elle parle d'un autre Yohan ou alors c'est une sacrée coïncidence de prénom. Tu connais Yohan ? Mais putain, t'es qui ? il plisse les yeux, cherche dans sa mémoire. T'es la jolie rousse, là ?

Et y’a beaucoup de gens qui lui manquent, Nephtys. D’avant Jamie, ou même d’après. Leo lui manquait, Yohan lui manque, parfois Sydney aussi. Kassian lui manquait. Elle s’est mise à retrouver des gens, après le début du décompte. Et elle sait pas trop quoi en penser. Elle sait même pas si elle doit en penser quelque chose en particulier. Elle pense peut-être qu’ironiquement, le destin essaye de lui faire changer d’avis, sur son décompte. Alors que c’est à cause de lui et de ses satanées soulmates que tout a commencé. Parce que si Nephtys n’en était pas sûre, maintenant elle pense que Jean ne se serait jamais suicidée si la soulmark était pas apparue. Elles auraient pu passer le viol ensemble, elles auraient pu s'entraider, elles auraient pu continuer à s’aimer, malgré ça. Mais non. Non, parce que Nephtys avait une soulmates, et que peut-être que Jean s’est dit que Nephtys allait la laisser tomber. Et elle aurait tellement voulu, tellement, tellement voulu qu’elle lui en parle. Parce que Nephtys aurait pu la réconforter, aurait pu lui assurer qu’elle la quitterait jamais. Qu’elle ferait tout, tout pour rester avec elle. Elle aurait pu lui montrer la cicatrice sur son bras, well, qu’elle a fait après son suicide. Mais elle aurait pu la faire devant elle, si c’est ce qui aurait pu la faire changer d’avis. Elle aurait été capable de supporter la douleur qu’elle a pas pu supporter après sa mort, et la retirer, cette putain de soulmark. Juste pour prouver à Jean qu’il y avait qu’elle, et qu’il y aurait qu’elle jusqu’à la fin de sa vie. Et aujourd’hui, c’est encore le cas. Aujourd’hui, il y aura qu’elle jusqu’à la fin de sa vie. Que ce soit ce soir, ou dans 52 jours. Enfin. Nephtys, pour la première fois depuis qu’elle est partie de l’endroit du rendez-vous avec Sibel, pense réellement, vraiment, à ce qui va advenir du décompte. Est-ce qu’elle va le continuer seule ? Est-ce qu’elle va demander à quelqu’un de le continuer avec elle ? Elle aime pas quand les choses se terminent pas comme il faut. Et ce décompte est certainement pas terminé. (Bordel). Il est même pas à un chiffre rond. Elle rigole lorsqu’elle l’entend crier, encore, au bout du fil. Et pour la première fois depuis qu’elle a pris le téléphone, elle est contente qu’il soit là. Pour l’empêcher de se perdre dans ses réflexions sur le temps, ou sur la mort. Quoique, il peut pas les empêcher, celles-ci, sur la mort. C’est pas possible, pour Nephtys, de pas y penser. Elle y pense tous les jours depuis un an. Un an moins 52 jours. Elle y pense à chaque J- qu’elle envoyait à Sibel, ou qu’elle recevait de Sibel. Et elle a une envie incontrôlable, nouvelle, de juste supprimer tous les messages de son téléphone. Tous les messages qui viennent de son numéro. Et de l’oublier, ce numéro, de plus jamais le voir. Elle est pas sourde, non. Y’a juste des choses qu’elle veut pas entendre. Mais ça, oui, qu’il avait pas de moto, elle l’avait entendu la première fois. Elle l’avait juste oublié. Et tant pis si ça fait seulement quelques secondes qu’il lui a dit. Tant pis. Elle a déjà oublié ce qu’elle lui a dit, y’a quelques secondes. Et ce qu’il lui a répondu. Et c’est bien. Parce que ça veut dire qu’elle a toute ses chances, demain, d’avoir oublié toute la journée d’aujourd’hui. Et que c’était exactement ce qu’elle espérait, en vidant tous ces verres d’alcool, et cette bouteille. Elle note aussi dans un coin de son esprit, qu’il a commencé à la tutoyer. Et ça la fait sourire. Même, ça l’étourdi un peu. Lui monte le rouge aux joues. Mais encore, c’est probablement plus l’alcool que le garçon au bout du fil. Il a une belle voix, ceci dit. Surtout lorsqu’il est énervé. Nephtys aime voir les gens énervés. Elle aime Jamie énervée. Et la voix de cet homme, c’est pareil. Peut-être qu’il a une belle voix lorsqu’il est pas énervé aussi, elle en sait rien. Et elle aime ça, ne pas savoir. Parce qu’elle sait pas qui il est, et il sait pas qui elle est. Et cette fois, c’est vrai. C’est pas une soulmate au bout du fil. Juste un parfait inconnu. S’excuser auprès de Yohan.
Oui, ça pourrait être bien, de s’excuser. Puis, elle ferait bien de faire d’une pierre deux coups et de s’excuser auprès de Sydney aussi. Parce qu’elle a dû lui faire du mal en le laissant tomber pour une fille. C’est violent, comme rupture. Elle rigole. Elle pleure. Parce qu’il était beau, ce temps là. Le temps des Pearson. Elle était heureuse. Et elle connaissait pas le goût de l’alcool, ni l’addiction du tabac, à cette époque, pas encore. Elle se redresse rapidement, et est prise d’un haut le cœur lorsqu’il lui parle de Yohan. Il connaît Yohan. Le même Yohan ? Nephtys vomi pas, pourtant, réussi à se retenir. Elle continue de l’écouter, et tente de réfléchir à quelle rousse il pense. Mais c’est impossible, de réfléchir, dans son état. La seule chose qu’elle gagne, c’est un mal de crâne abominable, et des images de cheveux roux de Jean quand elle ferme les yeux. “Rousse ? Non. Jolie, probablement.” Elle rigole, mais reprend vite. Avant qu’il ait le temps de dire quoique ce soit. “Tu connais Yohan ? C’est ça ? Il me manque, vraiment beaucoup. Mais je voulais le garder éloigné de tout ça. De l’alcool, de la drogue, du tabac. Je trainais avec des prostituées à l’époque. T’imagines, toi, Yohan dans cet environnement là ? Pas moi. Alors je l’ai pas entraîné là dedans. Et je l’ai éloigné de moi. T’façon, c’est pas comme si c’était grave. Pas vrai ? J’ai pas du lui manquer tant que ça. J’suis sûre que ça fait des années qu’il pense plus à sa vieille amie Nephtys. Et c'est tant mieux.” Et elle sait que c’est faux. Elle le sait. Parce qu’elle l'a revu, la dernière fois, au garage. Qu’elle était encore au tout début du décompte. Elle se souvient de son regard lorsqu’il l’a vu. Elle sait qu’il pense à elle. Elle sait qu’elle lui manque. Et il lui manque, aussi. Mais elle refuse de le faire revenir dans sa vie pour 52 jours. Elle peut pas lui faire ça.

Donc cette fille est une amie, non, une ancienne amie de Yohan. C'est de mieux en mieux cette situation grotesque. Il va peut-être lui en toucher deux mots de toute manière, sur ses fréquentations douteuses. Parce que la folle au téléphone est une fréquentation vraiment douteuse pour appeler des inconnus au milieu de la nuit et pour annoncer son suicide. Parce que c'est ce qu'elle fait en parlant de son foutu décompte là. Il lui manque une case à cette fille, il comprend pas comment Yohan peut la fréquenter. A pu la fréquenter. Mais Isaiah n'est pas une bonne fréquentation non plus. Il ment, beaucoup. Il a lâchement abandonné sa famille en quelque sorte, il a caché avoir un frère pour ne pas essuyé des regards mauvais durant ses études, pour ne pas avoir de remarques sur ses origines, sa pauvreté et son père raté. Il est lâche, il a abandonné sa soulmate dans la détresse simplement pour poursuivre dans ce métier auquel il aspire depuis toujours. Mais il essaie vraiment de changer, il fait des efforts pour ça. Il essaie d'être plus ouvert, d'aider les autres. C'est pour ça qu'il s'est engagé auprès des corbeaux. Quand il a comprit que son métier correspondait à l'ancien lui. Au Isaiah égoïste et égocentrique. Celui qui essaie de se racheter ne peut pas renvoyer les gens dans leur univers comme si de rien n'était, en lisant leur détresse dans le regard. Pourtant il sait qu'importe ce qu'il peut faire rien ne rachètera ses fautes ni n'effacera son passé. Mais il vit avec ses erreurs, avec sa culpabilité, il veut juste être un homme meilleur. N'y arrive pas forcément. Parce qu'un homme meilleur dans sa situation est censé venir en aide à la jeune femme au bout du fil. Certainement pas s'énerver parce qu'elle le dérange en pleine nuit. Mais là il n'a pas envie de faire d'efforts pour elle. Simplement que ne pas raccrocher est plus facile maintenant qu'il sait qu'elle connaît Yohan. Il peut se raccrocher à ça, se dire qu'il le fait pour son pote. Et pas pour lui, pas pour se dire que finalement sa vie est pas si pourrie que ça en comparaison. Cette fille le rassure autant qu'elle l'horripile. Cette fille est peut-être un poison en fait. Un doux et lent poison qui s'infiltre dans ses pensées pour lui retourner le cerveau. De sa faute il se pose des questions maintenant auxquelles il ne veut pas de réponse. Et à côté de ça elle le rassure délicatement sur son existence, elle lui rappelle que lui n'est pas assez bas, pas assez détruit pour s'abaisser à un décompte jusqu'à la rencontre avec la mort.  Cette fille est folle, lui ne l'est pas. Non, je ne crois pas que tu sois jolie. il rigole, il peut pas s'en empêcher parce qu'il trouve sa petite pique extrêmement drôle. C'est très enfantin pourtant comme réplique, il sait même pas pourquoi il lui dit ça. Mais juste ça le fait rire. Il a l'impression de revenir des années en arrière, quand il était enfant et que la petite fille du premier rang le concurrençait dans les meilleures notes, qu'il devait absolument la déstabiliser. Il en sait rien de si elle est jolie ou non, au fond, puisqu'il la connaît pas. Mais c'est un automatisme de lui répondre ça. Il mord sa lèvre inférieure et calme le fou rire qui l'agite. Enfin, je veux dire ... bref. qu'il se taise l'idiot avec ses blagues pas drôles et ses piques déplacées. Pourtant au bord de ses yeux perle la larme du rire, ses lèvres s'étirent en un rictus moqueur. Il resserre ses doigts autour du drap pour ne pas rire à nouveau. Mais au fond, pourquoi une fille jolie boit toute seule à vingt-trois heures ?
Il se dit qu'il va passer au garage boyle dans les prochains jours. Histoire de voir à quoi elle ressemble. Si elle est vraiment jolie, comme elle le prétend. Il risque rien, si c'est le cas il profitera de la vue. Si ce n'est pas le cas il se souviendra de sa pique et sortira pour cacher son rire. Elle continue de parler de sa vie et ça lui coupe toute envie de rigoler à nouveau de toute manière. Elle est vraiment pénible cette fille. Elle peut pas s'empêcher de parler, parler et parler encore. Il veut lui mettre un bâillon dans la bouche pour la faire taire, que quelqu'un la fasse taire ! Il sait pas où elle trouve toute cette salive pour discuter alors qu'elle est complètement bourrée. Non, non j'imagine pas du tout Yohan picoler avec des prostituées. D'ailleurs tu ferais bien de continuer à ne pas le mêler à tes histoires sinon je te botte le cul, parole de Stilinski. c'est quand même normal de vouloir protéger son pote ils sont dans le même cluster et dans la même colocation, c'est comme un frère pour lui à ce niveau là. Et cette fille peut fréquentable est très bien là où elle est, cette nepthys. Il soupire, il sait vraiment pas quoi faire. Il se demande combien de temps il faut à une personne alcoolisée pour s'endormir, il espère que c'est rapide pour qu'elle lui foute enfin la paix. Mais c'est sûrement trop tard pour lui par contre, il trouvera plus le sommeil maintenant. C'est terminé. Tout ça à cause de deux folles, sa vie se résume à tomber sur des personnes nocives pour sa santé mentale. Le premier, c'est son père. Ensuite sa soulmate. Et maintenant, Nephtys.