i'm so sick (nephaiah #1)

Même si elle appelait Yohan, aujourd’hui, pour le faire revenir dans sa vie, ce serait que néfaste. Et pour lui, et pour elle. Parce que même si elle le considère comme celui qui a rendu sa vie meilleure, à un moment où elle était vraiment pourrie, elle a fait son choix, à un moment donné, et ce choix, il est temps aujourd’hui, de l’assumer. Puis, elle veut pas le voir. Elle a secrètement peur que de retrouver des gens du passé, ça l’empêche de mener à bout son décompte. Et ce décompte est important. Elle s’en rend de plus en plus compte, maintenant qu’elle est sur le point de le perdre. Maintenant qu’elle sait qu’elle est dans l’incapacité totale de le continuer. Et c’est elle, qui va briser ce lien, avec Sibel. Parce que c’est elle, qu’a les impair. Et que demain, c’est 51. Que demain, c’est un impair. Et qu’elle lui enverra rien. Sibel recevra pas de message. Et c’est bien pour fait pour elle (pétasse). Nephtys a envie de crier quand elle y pense. Elle a envie de casser des trucs et de frapper les murs. Elle est énervée, non, folle de rage, elle est folle de rage. Parce que Sibel est en train de ruiner les pensées qu’elle avait sur Yohan, et elle refuse qu’une soulmate toute pourrie puisse ruiner des souvenirs d’un temps où tout ça, toute cette merde était pas encore présente. Où tout ça, ça avait pas encore commencé. (Putain). Pourtant ce qu’elle l’aimait, ce temps. Ce temps de drogue, et d’alcool, et Jamie, et Jean. Et même Leo, (connard), tout ça. Tout ça, elle aimait ce temps là. Mais après, y’a eu le monstre, et y’a eu la soulmate, et y’a eu le suicide, et tout est parti en couilles. Et Nephtys, Nephtys aurait peut-être préféré que rien de toute cette période là n’arrive. Et gosh. Si ça se trouve elle serait toujours amie avec Yohan, si ça se trouve elle serait toujours en couple et amoureuse de Sydney. Et il pourrait toujours la protéger de sa famille et la réconforter. Et Yohan serait toujours ce même garçon tout mignon qu’elle entraînait un peu dans ses bêtises, qu’étaient jamais trop graves. Et elle a de nouveau envie de pleurer. Et c’est pas de haine, c’est pas de tristesse, même. C’est de mélancolie. C’est des souvenirs d’un temps qu’elle aimerait tant retrouver.
La voix, encore, qui la sort de ses souvenirs, qui la sort de ses changements d’émotions aussi rapides. L’alcool lui fait ça. Mais Nephtys est comme ça, un peu, déjà. Une gamine lunatique qu’arrive pas à se cantonner à une seule émotion, et qui peut rire, ou pleurer, en battant quelqu’un de colère. Et alors qu’elle entend son rire, elle se surprend à rire avec lui. Et pourtant, dieu sait que ce qu’il dit n’est pas drôle. Well, pas pour elle, en tout cas. Mais son rire lui fait du bien. Lui provoque une chaleur dans tout le corps, qui semble la faire se poser, quelques secondes. Et elle pense que ce serait bien, qu’il continue à rire, qu’il continue à parler. Comme ça, elle pourrait ressentir cette émotion, jusqu’à ce qu’elle s’endorme, qu’elle tombe raide morte, ou dans le coma. Tiens. Parlant de coma. Elle prend une nouvelle gorgée d’alcool, et avale avec la même délicatesse que les quelques unes qu’elle a avalé plus tôt. Elle a plus vraiment soif, mais elle a besoin de boire. Elle veut boire. Elle veut avaler le plus d’alcool possible, et, oh que ce serait agréable, ne pas se réveiller le lendemain. Pas nécessairement mourir, parce qu’elle se dit que finalement, rire avec ce rire dans les oreilles, c’est plutôt agréable. Mais laisser le temps passer, faire son oeuvre sur son corps, et son coeur. Le temps répare tous les maux, c’est ça ? Qu’il le fasse lorsqu’elle est dans le coma, ce serait mieux pour tout le monde.
Elle arrête de rire lorsqu’il arrête de rire. Et elle retient ce qu’il dit, elle retient ses mots. Et peut-être qu’il s’en veut d’avoir dit ça, peut-être pas. Il peut pas savoir, après tout, si elle est jolie ou pas. Et c’est là qu’elle comprend totalement ce qu’il vient de dire. Et comment ça, elle est pas jolie ? Comment ça, il pense pas qu’elle est jolie ? Et même si elle devrait vraiment se sentir offenser, elle recommence à rire, seule. Et silencieusement, elle veut pas qu’il l’entende. Parce qu’elle veut pas qu’il pense qu’elle se moque de lui, ce qu’est pas le cas. Et depuis quand elle donne de l’importance à ce que les gens pensent d’elle, de toute façon, ou à ce que les gens pensent qu’elle pense d’eux. Puis, il se remet à parler. Elle est contente qu’il soit d’accord avec elle. Et elle est contente de comprendre que cette personne, non seulement connaît Yohan, mais à l’air d’être un ami. Ou, si ce n’est un ami, au moins quelqu’un qui lui veut du bien, qui veut le protéger. Et c’est là qu’elle est frappée par un truc. Parole de quoi ? Stilinski ? Parole de Stilinski ? Et elle rit. Elle rit parce que, (putain), c’est juste beaucoup trop. “Stilinski ? Stilinski ? Genre Kassian ? Putain. Yohan, maintenant Kassian. Je sais que t’es pas lui. Je reconnaîtrais sa voix, si t’étais lui. T’es pas la p’tite soeur, je la reconnaîtrais aussi. T’es qui, alors ?” Et elle rigole, reprend vite, avant qu’il ait le temps de répondre. “Oublie ça. J’veux pas savoir. J’préfère que tu sois juste un inconnu qu’a une belle voix et un rire agréable, au bout du téléphone. C’est mieux comme ça, t’façon. 52 jours, c’est trop peu pour faire de nouvelles rencontres.” Elle ferme les yeux, allongée sur le dos. Et l’odeur désagréable de l’essence devient quelque part agréable. Et elle a pas vraiment remarqué que sa voix s’était faite un peu plus sourde sur la fin de sa phrase. Elle est peut-être en train de sombrer, mais rassemble toutes ses forces pour ne pas le faire. Alors que c’est probablement ce qu’elle veut le plus, logiquement. Mais elle a pas envie d’arrêter la conversation, pas maintenant. Pas alors qu’elle parle à un Stilinski qui n’est pas Kassian et qui connaît Yohan.

C'est vraiment la merde. C'est vraiment le moment de mettre fin à la conversation en raccrochant, aussi. Il en sait beaucoup trop, il peut pas en entendre plus. Et pourtant une force invisible le retient au téléphone et putain qu'il déteste ça. C'est pas intelligent de continuer la discussion avec elle parce que ça va rendre les choses bizarres. Comment il va pouvoir regarder son pote droit dans les yeux et lui parler comme si de rien n'était. Alors qu'une de ses (anciennes) amies veut mettre fin à ses jours au bout d'un décompte ? Mais il peut pas se résoudre à lui en parler. Parce qu'il veut aussi le protéger et que cette jeune femme, aussi triste et désemparée qu'elle semble l'être, risque d'être nocive pour Yohan. Et il se dit que si ils sont plus amis maintenant c'est pour une raison. Elle a parlé de la drogue, des prostituées et du tabac. Qu'elle l'a pas entraîné là-dedans, encore heureux. Mais Isaiah ne veut pas qu'elle l'entraîne là-dedans maintenant non plus. Il supporte pas d'être au courant de tout ça, elle se rend sans doute pas compte de l'embarras dans lequel elle le met. Il la déteste. Même sans vraiment la connaître, sans vraiment l'avoir vu. Il se dit que c'est pas correct de se comporter comme ça. C'est son choix à elle, pourquoi elle le mêle à tout ça. Il a rien demandé, sa seule erreur c'est d'être entré dans ce garage pour faire réparer sa berline. D'avoir laissé son numéro sur un carnet, carnet dont cette fille vient de se servir pour le contacter. Il se mord l'intérieur de la joue, se jure dans un coin de sa tête de ne plus jamais mettre les pieds au garage. Il en trouvera un autre, peut-être un peu moins bon mais où personne ne l’appellera en pleine nuit. Il a l'impression d'être en plein rêve, non, en plein cauchemar. Cette fille est comme un monstre sous le lit d'un enfant et il ne parvient pas à s'en débarrasser. Ses questions hantent son esprit, il ne veut pas, ne peut pas y apporter de réponses. Elles en font naître des nouvelles. Pourquoi elle veut se tuer, il s'est passé quoi dans sa vie pour en arriver là ? Sauf qu'il ne doit pas se poser ces questions là parce qu'il s'en fout de sa vie, c'est une inconnue. Il ne lui doit rien, c'est pas son devoir de la sauver de ses démons. Il combat toujours les siens, il n'arrive pas à se sauver lui-même, il peut pas la sauver elle. Et elle reprend la parole, et elle évoque Kassian. Et dans la tête de Isaiah c'est vraiment bizarre. Il comprend pas ce qui se passe, il comprend pas ce qui lui arrive et c'est vraiment désagréable comme sensation. Cette jeune femme l'embarque dans sa vie, peut-être qu'elle s'en rend pas compte parce qu'elle est bourrée. Mais elle le met dans une position vraiment inconfortable, et elle a raison de se rétracter sur sa volonté de savoir qui il est. Parce qu'il compte pas lui dire, qu'elle doit pas savoir que Kassian est son frère. Je suis pas une nouvelle rencontre, d'accord ? ça non, qu'elle se fasse aucune illusion. Cinquante-deux jours c'est trop peu pour faire des nouvelles rencontres il est d'accord avec elle, mais si elle veut rencontrer des gens il refuse de faire partie de la liste. Il refuse de la rencontrer, de mettre un visage sur cette voix. Il espère simplement se réveiller le lendemain avec une terrible amnésie. Il veut oublier cette discussion, oublier cette fille qui connaît ses proches. Oublier qu'il est peut-être le seul capable de la sauver, arrêter de se dire que sa mort peut faire du mal à Yohan et maintenant à Kassian. Et qu'il doit la sauver pour qu'eux ne souffrent pas, il veut arrêter de penser à ça. Et en même temps il a peur, d'entendre un nouveau prénom de son entourage. Je suis juste un numéro que t'aurais jamais du composer, mais pas une nouvelle rencontre. il marque un silence, un soupir glisse sur ses lèvres, vraiment il ne sait même plus quoi faire. Qu'elle se noie dans son alcool, qu'il se répète en boucle. Parce qu'elle l'énerve tant. Je te demande une chose, qui que tu sois ne mêle pas mes proches à tes conneries.

Si elle était pas complètement bourrée, elle aurait jamais eu cette conversation. Elle aurait même probablement pas appelé le mauvais numéro. Et encore moins renversée la moto, plus tôt. Et si elle l’avait fait, elle se serait juste excusée et aurait raccroché. Mais elle est bourrée. Et quoiqu’elle puisse dire, la conversation qu’elle a avec cet inconnu qui doit pas l’être tant que ça lui sert d’exutoire. Depuis un an, qu’elle garde tout ça pour elle. Elle a besoin de le dire à quelqu’un, elle a besoin que quelqu’un l’entendre. Pas pour qu’il compatisse, forcément, pas pour qu’il puisse lui dire que tout ira bien. Parce que c’est évidemment pas ce qu’elle attend. Et qu’elle sait que ça arrivera pas. Non. Non, juste pour que quelqu’un connaisse son histoire, et connaisse la réalité de cette soit disante justice parfaite d’Altéa. Que quelqu’un connaisse ses souffrances, et puisse comprendre au moins un peu son geste. Pour qu’une personne puisse être au courant du pourquoi, quand tout les autres se poseront la question. Elle veut pas qu’il se fasse messager, non plus, elle veut imposer ça à personne. Mais elle peut pas s’empêcher de se dire, qu’elle aurait voulu en avoir elle, de messager, quand Jean a décidé de partir sans rien lui dire, sans la prévenir. Elle aurait voulu avoir quelqu’un qui puisse lui expliquer pourquoi, après coup. Mais non, elle est restée sans savoir, tout ce temps. Elle est restée à se convaincre que c’était de sa faute, à elle. Que c’était pas que le viol, que c’était elle, et que c’était surtout cette soulmark. L’ironie d’une balance de justice qui penche vers le bas. L’ironie que ce soit une autre fille, qu’est la partie haute. L’ironie du fait que Jean était la femme de sa vie, et qu’une fille inconnue lui donne l’impression de la voler à elle sans même la rencontrer. Nephtys aurait voulu avoir un messager. Quelqu’un qui pourrait expliquer pourquoi. Égoïstement, qui pourrait la dédouaner. Et peut-être que c’est ça, qu’elle fait, sans y penser. Elle veut que les vivants comprennent qu’elle part pas pour plus les voir, mais parce que les morts lui manquent. Parce que la justice lui manque. Mais sobre, Nephtys n’aurait jamais pris ce risque là. Sobre, Nephtys n’en parle pas. Sobre, Nephtys s’énerve, parle avec ses poings. Sobre, Nephtys reste seule, et préfère que personne soit au courant du décompte. Parce qu’ils essayeraient de l’en dissuader. Et Nephtys, si elle devait l’arrêter, veut que ce soit une décision prise seule, sans l’aide, ou le coup de main de personne. Surtout pas Jamie, surtout pas Yohan. Surtout pas les Boyle, quels qu’ils soient.
Elle ferme les yeux, et écoute la voix à l’autre bout du fil. S’il connaît Yohan et que c’est un Stilinski, il y a peu de chances qu’elle ne l’ai jamais vu. Alors elle essaye de visualiser un visage, une personne, sur la voix. Parce qu’elle a pas envie de savoir qui il est, mais une partie d’elle, cherche, quand même. Veut savoir à quoi il ressemble son messager. Il l’entend lui répondre, lui dire qu’il est pas une nouvelle rencontre. Et Nephtys peut que humer sa réponse, a plus vraiment la force de parler. Bien sûr que non, c’en est pas une. Déjà parce qu’elle veut pas s’attacher à de nouvelles personnes, elle veut pas en faire souffrir plus qu’ils ne sont déjà. Puis, probablement qu’elle l’a déjà rencontré, finalement. S’il est le frère de Kassian, s’il est l’ami de Yohan. Peut-être qu’ils se sont déjà croisés. Alors il serait pas une nouvelle rencontre. Juste une ancienne du passé. Nephtys pense à Néfer. Et à ses soeurs. Parce qu’eux aussi, ils font partis du passé. Et eux aussi, ils souffriront. Il continue à parler, doucement. Et Nephtys aime l’écouter, il a eu une voix apaisante, même lorsqu’elle est énervée, comme maintenant. Même lorsqu’elle profère des menaces, comme maintenant. Nephtys aime bien son timbre, elle pourrait s’endormir, en l’écoutant, oui, probablement. Il parle de ses proches. Il parle de son numéro de téléphone. Il lui dit de pas les mêler à ça, à ses conneries. Et Nephtys sourit, un peu. Tristement, parce qu’elle a pas le choix, que de les mêler à ça. Mais aussi, elle est contente. Parce que c’est bien, pour Yohan, d’avoir un protecteur comme lui. D’avoir quelqu’un qui tient à lui assez pour menacer une inconnue au téléphone.
Nephtys garde les yeux fermés, et tourne la tête vers le côté, plongeant sa joue dans un reste d’alcool qui a coulé là. Et alors qu’elle tombe dans le néant, il lui semble apercevoir une figure, au loin. Dans ses souvenirs. Il la regarde à peine, et rentre chez lui. Nephtys sait plus où c’était, ni avec qui elle y était. Mais il était beau, dans ses souvenirs. Puis Nephtys se souvient d’avoir demandé à la personne avec qui elle était comment il s’appelait. Et elle se souvient que la personne lui a répondu. Elle tombe dans les vapes avant de se souvenir de sa réponse.