there are no bargains between lions and men ((madsin#3))

Sinned se réveille en sursaut et recouverte de sueur, la main plaquée sur son flanc droit. Elle a la sensation désagréable de s'être prise une balle et, par réflexe, elle soulève le t-shirt trop grand de Paul pour inspecter sa peau dans le noir. Si elle ne voit pas l'hématome se dessiner sur sa peau, elle ressent la pointe de douleur qui lui coupe le souffle. La blonde serre les dents ; c'est encore Romir, elle n'en doute pas, les rêves sont rarement aussi vivants. La douleur lui vrille le crâne et elle prend un moment pour elle, assise au bord du lit. Inspirer, expirer, et chasser les émotions négatives de son âme soeur qui déferlent en elle. Mais elle se noie sous la vague, elles ont rarement été aussi intenses et cette fois, la blonde ne sait pas comment y réagir. Partagée entre l'énervement ou l'inquiétude. La localisation de la blessure la toutes les raisons de l'inquiéter. Elle pense à son ancien mentor, son air goguenard et ses cheveux gris, gras et mal coupés. Un clown, mais sans maquillage et qui ne l'a même pas fait sourire. Il n'était déjà plus que l'ombre de lui même quand elle a quitté Altéa, mais leur dernière rencontre l'a frappée. Une véritable claque, elle n'a pas encore digéré ce qu'elle a vu et les paroles de l'homme. Max a raison, quoi qu'il advienne. Cet homme est une épave et un vieux débris, son temps est compté et son frère vaut sans doute plus que ce qu'il semble prétendre. Max à l'air d'y tenir. Son regard dévie sur la personne qui partage son lit. Paul grommelle dans son sommeil et elle craint de l'avoir réveillé. Elle l'observe dormir en silence et la chose la calme. Mieux que tous ses exercices de respirations. Elle balance ses pieds dans le vide et regarde les minutes défiler sur son horloge avant de décider de se lever. Elle jette un dernier regard derrière elle une fois à l'encadrement de la porte, puis attrape un gilet et le met sur ses épaules. Elle a besoin de prendre l'air.

La nuit est fraîche sur Néphède, elle ne saurait dire si elle l'est autant que sur Terre. Elle regrette en revanche de ne pas pouvoir les étoiles dans le ciel. Assise sur les petites marches en bois du perron, elle ferme les yeux et se concentre sur la blessure. Puis sur Romir. Il y a longtemps, il lui arrivait de voir à travers ses yeux, d'entendre ses pensées et de pouvoir communiquer avec lui par ce biais. Mais aujourd'hui, elle se retrouve bloquée, face à un mur qui refuse de céder sous ses assauts. Elle fronce les sourcils, plisse les yeux plus fort, fait le vide de son esprit. Il lui semble qu'elle parvient à capter quelques bribes de paroles. Puis, sa gorge se serre. Quelqu'un est en train de l'étouffe. Lorsqu'elle ouvre ses yeux, ce n'est plus la campagne décharnée de Néphède qu'elle voit, mais le regard bleuté d'un homme qu'elle ne connait pas. Dans sa main droite, une arme directement pointée sur son front. Elle entend le rugissement de Romir dans sa tête. The heck you're doing here ?! La vision n'a duré qu'un instant mais lorsqu'elle revient à elle, un terrible pressentiment l'envahit. Cet homme, il ressemble à celui qu'elle a vu sur la photo de Max, quand il a parlé d'Ajay et de Gali à Romir. La blonde se relève en toute vitesse et fonce dans la maison pour s'habiller. Maintenant, elle se fiche de savoir que Paul est sans doute réveillé. Il faut qu'elle trouve Max.

Peut-être que lui aussi avait un pressentiment. Sinned se débrouille pour monter jusqu'à son refuge et soupire de soulagement lorsqu'il ouvre, après qu'elle ait sauvagement tambouriné à la porte. Le souffle lui manque, elle n'a pas arrêté de courir. Mais elle a vu pire et elle est prête à traverser la ville à pied à nouveau. Ils n'ont pas le temps à perdre. Nina n'est pas là. Tant mieux. Sinned ne la connaît pas, elle ne sait pas si elle peut lui faire confiance. Max a l'air de lui faire confiance en tout cas. « Something really bad is happening. I saw Romir in my head. Whe need to go to Altea right now. I fear we're already too late. » Elle ne lui laisse pas vraiment le choix. Elle s'est déjà préparé pour un affrontement. Sa lame sanglée à son collant, recouverte par son long trench. Ses cheveux sont ébouriffés et elle a l'air plus fatigué que d'habitude mais elle a réussi à les accrocher en chignon. Sans doute à cause du sang que Romir est en train de perdre, elle à l'air horrible. Elle n'a pas dormi de la nuit. « Your Ajay is in a bad situation. I... » Elle détourne le regard. Comment lui dire ce qu'elle a vu. Elle n'a pas eu le temps de détourner l'arme ou de vider le chargeur, Romir l'a chassée aussi vite qu'elle est arrivée. Elle se dit maintenant devant les faits accomplis qu'elle aurait du l'en empêcher. « I saw Romir. He was aiming your daddy. Straight to his head. » Le temps joue contre eux. Sin fait un pas en arrière, déjà prête à repartir. « I'll wait at the portal, be quick. »

Sur Néodam plane un brouillard opaque qui ne disparaît pas. Au travers des volets ouverts Max peut l'apercevoir ; il lève les yeux à l'occasion du livre qu'il lit et dévisage la nuit, les pensées allant et venant. Il n'arrive pas à dormir, cette nuit. Et de toute manière, la nuit est trop avancée pour qu'il ose se glisser dans son lit ou que, plutôt, il descende quelques étages pour aller rejoindre Sasha qui dort certainement à poids fermé. Des choses sont déjà prévues déjà l'aurore. Il ne saurait dire exactement lesquelles, mais son téléphone ne tardera pas à le faire à sa place, diverses alertes mises en place pour l'informer. Alors, il est assis sur le canapé tout pourri, un livre entre les doigts. Il s'agit d'un recueil de poème. Il ne saurait dire s'il appartient à Nina ou encore, à Ajay. Le Shark se souvient avoir vu l'homme le garder longuement entre ses doigts tandis qu'il séjournait dans la cabane, quelques mois plus tôt. Max pensait qu'il l'avait apporté avec lui, en partant. Pourtant, il l'a trouvé au travers des ressorts du canapé, sous un paquet de bonbons appartenant à Nina. Il le lit, alors, depuis plusieurs heures. Le chien fou n'est pas particulièrement amateur de poèsie. Il comprend la profondeur des sentiments, certes, mais le fait de s'y attarder n'est pas une chose qu'il fait, tout simplement. Il les ressent avec intensité, n'y cogite pas des heures durant. Il les apprécie, un peu. Assez pour avoir lu une grande partie de l'ouvrage, au coeur de la nuit, et de laisser son regard, parfois, s'attarder sur certains mots et sur certaines émotions. La chose l'apaise. Elle lui vide l'esprit, un peu. Alors, peut-être peut-il comprendre pourquoi le King a passé tant d'heures à lire et relire le recueil, alors que diverses choses plus importantes se passaient, autour d'eux. Max comprend, un peu. Penser à autre chose fait du bien, à l'occasion.
La nuit est installée depuis quelques heures, déjà. Il ne saurait dire, entre hier et aujourd'hui, quelle journée est la plus proche. Max n'a pas envie de regarder l'heure. Ses envies ne comptent plus réellement, depuis un moment. Il essaie uniquement de faire ce qui est juste. La chose est difficile. Ses colères se multiplient sans qu'il ne puisse y faire quelque chose, et les moments passés en compagnie de son âme soeur sont les seuls instants où il ose se permettre, brièvement, de penser à lui-même. Il garde Sasha à l'écart de toutes ces histoires. Il ne veut pas l'y mêler. Peut-être une erreur, étant donné ce qui a eu lieu avec Ajay. Mais Sasha est au courant de certains détails et, d'un regard compréhensif, s'est contenté d'hocher de la tête sans poser de questions. Max a d'abord froncé des sourcils, persuadé d'être enseveli sous une pluie d'interrogation, avant d'apprécier la compréhension que le roux lui accordait. Peut-être a-t-il besoin, au fond, de ce moment de calme, à l'extérieur de la tempête, que le roux lui offre.
Un soupir quitte ses lèvres et contre ses cuisses, il dépose le livre. Les yeux se ferment brièvement tandis qu'il bascule légèrement sa tête vers l'arrière, une tension certaine dans le dos, dans les épaules. Il est tendu. Beaucoup trop, depuis un moment.
Les yeux s'ouvrent, grand. La porte est secouée par des coups agités. La tension présente s'accentue et il dépose le livre contre le canapé avant de se redresser pour ouvrir la porte, sous les gardes. Voir sa jumelle de l'autre côté l'agite un peu plus, mais peut-être, au final, que l'agitation ressentie ne vient pas de lui. Il la dévisage, les doigts exerçant une pression additionnelle contre la porte, tandis qu'elle l'agresse de diverses paroles. Il n'est pas surpris d'entendre parler de Romir. late for what ? qu'il gronde, bien que son regard se dévie déjà, à la recherche d'une arme, quelque chose. Des craintes naissent, dans son esprit, bien qu'il n'ose les approfondir. Il ne peut que lui faire confiance. Alors, le Shark se penche et entreprend de mettre ses bottes. Il lève les yeux, quand elle parle d'Ajay. Plus d'un mois, presque, s'est passé depuis leur dispute. Il n'a pas entendu parlé de l'homme, depuis, et n'a pas cherché à prononcer son prénom, bien qu'il est présent dans ses pensées, constamment. Le coeur rate un battement. what sin ? what ? Il gronde plus fort, les doigts qui tirent brusquement sur les lacets, pour aller plus vite. Il y a déjà un bourdonnement, dans ses oreilles. Max enfile la seconde botte, expire brusquement quand elle lui dit la suite. Le geste se suspend. Il pince ses lèvres. fuck Le mot quitte ses lèvres. Sin s'éloigne, dit attendre au portail proche de l'appartement. Celui derrière le restaurant chinois, dernièrement. Il entend ses pas, puis le silence. fuck qu'il gronde, plus fort, à frapper brusquement le plancher de sa prothèse. Il craque et fend, sous le poids, sous le choc, et Max inspire et expire de nouveau, plusieurs fois, l'esprit focus sur Ajay. Ajay, une arme sur le front, tenu par son frère.
Max se demande s'il en est responsable. La chose ne dure qu'une seconde.
Il sait, au fond, qu'il est responsable de toute cette merde.
Il attaque son dernier lacet et se lève, attrape son revolver, le glisse sous sa ceinture, puis s'empare de sa veste, grande et noire, pour aller rejoindre Sin au point de rendez-vous. Quand il l’aperçoit, son expression fait écho à la sienne. Max la dévisage dans les yeux, le regard encré au sien, comme si elle pouvait lui donner les réponses. Elle ne les possède pas. Elle n'a que des craintes, comme lui. Et pour d'autres questions, aucun d'eux n'osent avoir les réponses. Ils savent, pourtant. Max tourne ses yeux vers le portail, toise le corbeau, noir, qu'il y a dessiné, sur une brique. i don't want to kill him qu'il dit, honnête, en sachant que peut-être, surement, il n'aura pas le choix. Il se refuse de regarder Sin, avant de passer de l'autre côté. De tomber au coeur d'altéa, des rues sombres d'Oriel. Ici, il voit la lune et les étoiles. La vision ne l'enchante pas. where he is ? can you tell ? Il marque un silence, avant de la dévisager, de nouveau, la mâchoire serrée. and ajay? gali ? Il pourrait envoyer un message à Sasha pour qu'il use de son lien, pour savoir. Mais Max et Sasha sont silencieux, sur ce sujet, et il n'a pas envie de l'inquiéter, également. i'm sorry Il aurait aimé, après toutes ces semaines, trouver une solution. Et il la cherche encore, cette solution, tandis que, à ses yeux, à leurs yeux peut-être, la fin approche. Max ne s'avoue pas encore vaincu. i'm gonna steal a car. come on. D'un pas assuré, l'homme quitte la ruelle dans laquelle ils ont atteri pour s'aventurer dans la rue, déjà à la recherche de la voiture. Il ne prend pas le temps de la choisir, car ils ne l'ont pas. Et de toute manière, Max n'en a rien à faire, de la voiture. Il ne pense qu'à Ajay. Gali. Romir et aussi Sin. Il pense à ses fautes.

L'anxiété monte alors qu'elle attend Max. Sin porte ses ongles à sa bouche et se surprend à les ronger, chose qu'elle n'a pas faite depuis des années. Elle n'a jamais prit soin de ses mains, bien qu'une femme lui ait déjà fait d'avoir qu'elle serait plus féminine si elle était manucurée. Jusqu'à présent, Sin s'est toujours servi de ses mains comme outil, qu'il s'agisse de porter une arme ou de donner des coups et ses ongles comme de serres ne l'ont jamais préoccupée. Elle a placé ses chances dans des talons aiguilles et des tenues légères. Mais aujourd'hui le corbeaux se fait un sang d'encre pour Max, son père et son compagnon. Elle craint d'avoir fait une erreur. Peut être que si elle n'avait rien dit, si elle n'avait pas montré Max à Romir et inversement, rien de tout celà ne serait arrivé. Derrière le restaurant, elle triture les peaux autour de ses ongles et s'impatiente. Quand Max revient, elle bondit à travers le portail, l'écoutant à peine. Elle sait ce qu'il a à dire et elle sait aussi le fossé entre ce qu'on veut et les règles conséquences.

Sinned est accueillie par la nuit plus douce d'Altea, sa brise calme et ses lumières tamisées, fonctionnant essentiellement à l'énergie solaire. Même à Oriel, on a investit dans des éclairages respectueux. Elle croit savoir que les gangs se soucient de la pollution de leur quartier, soucieux de ne pas empirer le phénomène pour leurs propres poumons. Paradoxalement, les mégots polluent toujours les trottoirs, comme les rats et les prostituées. Muette, elle jette un coup d'oeil à Max. Elle a envie de sourire, elle est de son retour dans son monde ; elle a mal, elle est loinnde chez elle pour autant. Elle sait au fond d'elle que les choses ne seront pas si simple et que si Romir a fait... Ce qu'il a fait... Max ne pourra pas le pardonner et Sin n'en est pas certaine non plus. Elle ne veut pas le perdre, elle ne l'aime plus et une part d'elle le trouve répugnant, mais en bien des manières il lui a sauvé la vie. La blonde se sait incapable de lui faire du mal, plus par conviction que par peur d'avoir mal. Peut-être que si il menaçait Max, elle changerait d'avis. Sin hoche la tête alors, secoue pour dire non quand Max lui demande si elle peut le localiser. Enfin, elle décide de sortir de son silence et pose une main sur son épaule, juste avant que Max ne parte à la recherche d'une voiture. Elle commence à sentir son stress à lui et si tous les deux ne reprennent pas vite leur esprit, alors plus personne ne pourra agir. Mais elle ne trouve rien de rassurant à dire. Seulement une constat sombre
I'm not sure we'll have the choice. He losts his mind. Tonight it's Ajay, tomorrow it's us. La blonde le laisse partir la boule au ventre, affamée.
Elle inspire,. l'air pollué.
Elle se concentre pour localiser Romir.
La chance est avec elle, au sein du même monde, leur lien est amplifié. Elle ressent son souffle saccadé, il boite on dirait, le souffle se mêle au sien et elle a maintenant le poids de son corps sur le sien, ses épaules voûtées, la blessure douloureuse et une culpabilité qui la prend par surprise. Il descend des escaliers. Sin en déduit qu'il ou dans une maison ou dans un immeuble. Elle en conclut qu'il a cueilli son frère chez lui tout simplement et que Max sait où il habituée. En revanche, elle est incapable de dire s'il est vivant, lui ou Gali. Romir essaye toujours de couper le contact, mais sa faiblesse le rend vulnérable et la blonde en voit suffisamment. Sin court jusqu'à la voiture se jette dans l'habitacle, sans attacher sa ceinture. Go ! Where Ajay lives, he is there ! Elle s'accroche à la poignée de la portière et au fauteuil quand le véhicule prend de la vitesse, les yeux rivés sur la route, crie par dessus le bruit monstrueux du moteur d'une génération dépassée quand ils croisent un obstacle, puis à l'attention de Max. We need backups. For us and Ajay. I suppose Gali is with him. Cette fois, elle tourne la tête dans sa direction et aperçoit la mâchoire tendue de Max qui serre les dents. Instinctivement, elle sait qu'il a une raison derrière ce geste. Autre que la concentration de la conduite. Did something happened ? That I don't know ? Elle baisse les yeux. Se mord la lèvre inférieure en cherchant les bons mots. I will not juge you. You did your best Max, you couldn't have known. Que Romir allait sortir de sa tanière, s'en prendre à eux de la sorte. La voiture cahute encore et quand ils arrivent devant l'immeuble d'Ajay au coeur de Little Havana, il est là. Romir. Il s'est fait un garrot avec une cravate - celle de son frère qui comprime une blessure au flanc droit, comme celle de Sin. Elle touche son ventre à l'abri du pare brise. Il a l'air fier et fou. Sin fouille dans sa poche pour chercher son téléphone et attend l'accord de Max.
Ils ont besoin des backups maintenant et elle sait qui appeller. We need to get him outta here while someone is evacuating romeo and his jules.

Il possède ce besoin d'apprendre depuis toujours ; ce besoin de savoir, de connaître et de découvrir tout ce qu'il peut, car l'ignorance est une chose qu'il craint par dessus tout. Cette crainte lui vient certainement du néant tournant autour de sa famille, alors qu'il grandissait. Un néant qui, qu'importe les mensonges que Max pouvait se dire, car il connait le mensonge, qu'importe ce qu'il peut bien croire, lui donnait l'impression de ne pas être suffisant, d'avoir ce besoin de savoir, toujours plus grand, pour combler un vide qui, au final, ne pouvait véritablement être comblé. C'est un fait que Max a accepté au fil des années. Un fait qui est devenu une part importante de lui-même, et s'il a accepté la chose, sa soif de connaissance ne s'est jamais épuisé. Alors, il a continué. Il a continué à découvrir et à connaître de multiples choses sans penser aux parents qu'il n'a jamais connu, sans envier les autres pour ce qu'ils possédaient, et ce qu'il n'avait pas. Puis, les années lui ont apportés des gens. Nina, tout d'abord et Naora ensute, puis Paul et Scar, sans qu'il ne le veuille forcément. Un semblant de famille, qu'importe s'il ne voyait pas vraiment la chose. C'était, après tout, une connaissance qu'il ne pouvait acquérir. Un vide toujours présent. Le Shark a lu pourtant, au travers des livres multiples et vu, également, dans les films, ce que les familles pouvaient être, ce qu'elles pouvaient faire. Il a observé et dévisagé, essayé de se forger une idée et, de son côté, tenté de faire quelque chose d'acceptable pour eux qui, pour lui, possédaient cette place, dans son coeur. Il a cru longtemps parvenir à quelque chose d'acceptable ou du moins, de correct. Non pas d'être parfait, car il est loin de l'être, et le sentiment relié à ces gens, qu'importe ses efforts, le rend toujours terriblement fragile, mais il a tenté de son mieux. Et il a cru, pendant longtemps, même avec l'arrivé d'Ajay puis celui de Sin, qu'il parvenait à tenir la route.
Aujourd'hui, il n'en est plus si sûr.
La crainte est présente en lui depuis plusieurs semaines, déjà, comme un virus qui se glisse doucement dans ses veines et qui le dévore de l'intérieur. Et ses connaissances, cette fois-ci, ne peuvent l'aider. Car la faute vient de ses ignorances. Les livres et les films ne peuvent aider. Max possède des lacunes, qu'importe ses efforts. Il commet des erreurs.
Il a commis une terrible erreur.
Son corps entier se tend alors sa jumelle pose une main contre son épaule. Les mots qu'elle lui adresse sont attendus, mais ils ne sont pas appréciés. Le blond sait parfaitement qu'elle est juste, que le mensonge n'existe pas, dans ce qu'elle dit. C'est bien cela qu'il n'apprécie pas. Il inspire brièvement avant de tourner ses yeux vers elle, le regard sombre. still. i wanna try. Il ne perd pas espoir. Ou peut-être s'accroche-t-il à quelque chose de faux. Non pas pour elle, comme il ose le croire, mais pour lui-même. Pour se laisser croire que tout cela n'est pas sa faute. Et il sait, quelque part à l'intérieur de lui, que la blonde se répète la même chose.
Il finit par détourner le regard pour se diriger enfin vers la rue, et choisir une voiture. Elle n'a rien d'exceptionnelle. La couleur ne porte pas réellement de nom et la porte, usée par les années, résiste à peine sous la pression de ses mains expertes. Le contact pour la clé, quant à lui, semble presque comblé qu'on ose lui donner vie. Max grimace légèrement en voyant le peu d'essence présent et prie brièvement pour qu'elle tienne le coup, peu importe où ils doivent se rendre. Son regard brille d'une attention certaine quand Sinned pénètre le véhicule et, à peine la destination dite, son pied écrase l'accélérateur et ses jointures se crispent contre le volant.
Ajay, qu'il pense.
Ajay, qu'il prie.
Et pourtant, Max n'a rien d'un croyant. Il a perdu l'espoir en Dieu depuis trop longtemps.
Mais il prie, à fixer la route. À entendre les paroles de sa jumelle et à s'imaginer dans quelle situation peut bien se trouver le père qu'il a perdu, mantenant, et peut-être pour de bon. Max a cru pouvoir arranger les choses, seul, de son côté. Qu'importe les promesses qu'il s'était dite, il n'a pas contacté Sinned, après le départ d'Ajay. Les messages ont été composées, mais jamais envoyées. Sauf lui et Romir, personne n'est au courant des rencontres qu'ils ont eu, au nombre de deux, suite aux attaques envers le King et son fiancé. Il a tenté d'arranger les choses de lui-même. Et Max, dans toute sa naiveté, a cru y parvenir. nothing sin. i fucked things up. Le véhicule s'arrête devant l'immeuble, enfin. Max engage le mouvement pour la regarder, elle, mais les yeux s'arrêtent sur Romir. it's what i always do. qu'il gronde, plus bas, persuadé que l'homme le fixe également. En vérité, il ne les a peut-être pas encore vu. you're right, we need backups. Son regard quitte enfin la silhouette de l'homme pour se poser sur elle. Il se pose sur son cellulaire. can your guy do it ? do you trust him enough ? Elle ne prend pas la peine de répondre, se contente déjà de composer quelque chose. Il ne sait s'il s'agit d'un message ou alors, d'un numéro de téléphone. Déjà, Max arrête le moteur et quitte le véhicule.
Il n'a jamais été patient. Peut-être qu'il a tenté de l'être beaucoup trop, dernièrement. L'iris reste accroché à la silhouette de Romir mais le coeur est ailleurs. Plus haut, au sommet de l'immeuble. Il pense à Ajay et Gali. Il se demande s'ils sont en vie.
Il refuse d'être responsable de leur mort. romir qu'il gronde dans la nuit, faisant presque sursauter l'homme. Même blessé, le Warden possède encore certains réflexes et parvient à se retourner brusquement, l'arme à la main, et tire en sa direction. Max s'abaisse derrière un véhicule pour éviter la balle. it's that you, max ? ah, boy. ya next ? Un rire quitte la gorge de l'homme, étouffé par une toux. Max reconnait ce genre de toux. Il a été trop souvent malade, dans sa vie. Et il sait, en l'entendant, que Romir n'est pas malade. L'homme crache du sang. i thought we had an agreement Romir Il ne regarde pas en direction de l'homme. Le dos de Max est appuyé contre l'arrière d'un véhicule, devant celui volé, et son regard est accroché à celui de Sinned. Il ne supporte pas son regard. Il détourne les yeux vers l'homme. i thought you had promised me. about this. about them Max sait, depuis des années, qu'il devrait porter des lunettes. Il en prend encore plus conscience dans des situations comme celle-ci. D'où il se trouve, il lui semble voir l'homme haussé des épaules, bien qu'il soit en parti caché derrière le mur de l'immeuble, sur le côté. ah - i must admit to ya, boy. i lied. Il serre la machoire, Max. À l'intérieur de sa veste, sa main humaine s'empare de son arme à feu. Il ne la sort pas, pourtant. Il ferme les yeux, une seconde. Max se demande si Sinned a contacté son gars. Il se demande comment ils vont, en haut. did you kill them ? Un silence. maybe. maybe not. the slut has lost a lot of blood. and my brother, well, if he's not dead, he will be soon. Un rire, dans la nuit. ya know i think he said your name. asking for your help. how pathetic, eh ? Les jointures sont blanches, contre l'arme. Aussi blanche que l'arme est noire. Max ne tire pas. Romir sait parfaitement pourquoi, peut-être. Max ne peut pas tirer Romir, pas devant Sinned, pas sans son accord.
Et puis, ce con, il cherche encore une foutue solution.

Le regard de Sin est dans le vague, le paysage défile à toute vitesse. Elle ne connaît pas toutes les rues, juste l'axe principal de Little Havana qui sert de façade. Presque beau, presque propre, presque dénué de tags anti-GAÏA, effacés difficilement. Au delà, aucun Warden ne met les pieds, seuls les flics corrompus arrivent à se faire écouter, parce qu'ils ont serré la main des diables qui règnent dans ce quartier abandonné à la criminalité. Ce sont les plus forts qui dirigent et les faibles sont comme les rats, ils se cachent et ne sortent que pour récupérer les miettes. C'est différent de la capitale. Mais ça a sans doute son charme. Sa morale n'aime pas son endroit et n'aime pas Ajay non plus. Elle se fiche qu'il soit le père de Max, c'est un criminel.
Elle réalise que contrairement à Max, elle n'a personne à perdre.
Si elle peut se permettre de juger, c'est qu'elle n'a personne à aimer, qu'elle craint de voir mourir. Qu'elle accepte malgré ses défauts. Sauf lui et Romir, parce qu'il est son jumeau et qu'il la considère comme sa soeur, qu'elle n'a pas eu le choix. Mais elle a aimé ça, elle a aimé qu'il la prenne sous son aile. C'est trouver un nouveau foyer à nouveau. Sauf que cette fois, cela ressemble à la maison, même si elle ne sait pas à quoi ressemble sa maison. Elle l'aime comme un frère, comme la moitié d'elle. Et elle aime Romir comme une âme soeur, pas comme un amoureux, mais comme une part d'elle. Sans lui, elle serait dans ces rues, à vendre son corps ou à égorger des innocents.
Est-ce que ça change vraiment du CPIM ? Elle se le demande.

Est-ce qu'elle a fait le bon choix ?
Finalement, tout ça l'a menée ici, à ce soir.
C'était le destin , sans doute.

Et ce soir, elle à l'impression de les perdre tous les deux, que l'affrontement inévitable qui l'attend risque de mal se terminer. Elle se voit mal choisir, elle connaît Romir depuis des années, sait simplement qu'il est devenu une épave. Mais les femmes sont des infirmières, elle se dit qu'elle pourraît le réparer, elle
y croit. Même quand elle se retrouve devant lui. Elle a appelé Paul et lui a demandé de venir au plus vite, passer par derrière. Lui aussi, elle a peur pour lui, elle croit. C'est encore différent. Elle tuerait pour Max, elle saignerait pour Romir. Mais elle veut vivre pour Paul.
Max a Sasha.
Ajay a Gali.
Parfois elle se demande. Est-ce que Paul... ?
Son attention est reportée sur les deux hommes qui s'affrontent verbalement. Les paroles de Romir sont horribles et elle a un hoquet. Instinctivement, elle attrape le bras de Max, celui de chair et d'os. Elle veut qu'il baisse son arme. Elle a peur. Tous les deux sont des hommes impulsifs, même si elle sait Max plus intelligent. Sinon, il l'aurait tuée dès l'instant où elle lui a avoué le meurtre de Malek. Il s'est montré plus intelligent qu'elle et elle respecte son frère pour ça. Elle n'en serait pas capable, elle a le sang chaud. Elle est habituée à agir et penser ensuite, pas l'inverse. Et ça, elle l'a hérité de Romir. Romir qui a préféré tuer Olivier et réfléchir ensuite aux répercussions que cela aurait sur lu, son entourage, son frère. Sa culpabilité, il a été seul à la porter, Ajay ne l'a pas vu pleurer. Mais elle, elle a bien réussi à changer ? « Max... don't. Please. » Le regard de Romir se pose sur elle. Il l'a toujours admirée, mais ce soir, la seule chose qu'il y a dans ses yeux est une résignation. Il va mourir, il le sait. Ce qui compte maintenant, c'est qui il va emmener avec lui dans sa tombe.  « I killed my brother. Twice. But this time, it was the last.» La douleur rend sa voix moins dangereux. Il se relève. Il fait au moins deux ou trois fois la taille de Sin. Il s'approche d'elle et elle lâche Max pour venir à sa rencontre. Comme le soir où elle s'est ouverte à Paul, ses larmes perlent au coin de ses yeux, des larmes qui n'échappent pas au géant Artemiev. Une main glisse dans ses cheveux et en miroir, elle caresse sa joue mal rasée. Elle essaye de comprendre où, comment, tout ça a dégénéré.  « I would have done anything for you. Are you going to let me die Sin ? » Elle fait non de la tête. Elle ne veut voir personne mourir. L'homme essuie ses larmes avec ses doigts.  If I can't have you, then nobody can.» Elle est surprise de sentir l'arme directement pointé contre son estomac. Une sueur froide la traverse.  It's me, or him. If you shoot him, I forgive you.» Elle se retourne et dégaine le petit pistole caché dans la poche intérieure de son trench.  « Go away, please. Don't make me do this. » Elle ne va pas le faire, elle sait. Et Romir le sait aussi. Il lit dans son esprit. Alors il l'attrape par le nuque et la prend en otage contre lui, cette fois, il pointe son arme directement contre sa tempe. Elle hurle.  « If ya shoot me, I shoot her. She comes with me and you, I give ya one chace to get out of here. »  

Max est une tempête. Il est la rage elle-même. Ou du moins, il a longtemps été ainsi. À vivre seul, à ne se préoccuper de personne, il est difficile de penser aux conséquences. Ses propres blessures lui importent peu. Le sang n'est que le sang et les plaies ne sont que les plaies. Les blessures peuvent être guéries qu'importe si la finition n'est pas parfaite. Peut-être était-ce uniquement car les plus fortes sensations qu'il pouvait obtenir lui venait de ses blessures. Le coeur était vide. Le corps, lui, trop plein. Il fallait le vider ; le faire saigner et menacer les autres, toujours, pour qu'ils osent le confronter. Et alors, le coeur portait des battements. Le coeur se battait en marche et Max osait se sentir vivant. Combien de fois, adolescent, a-t-il joué sa vie uniquement pour se sentir en vie ? Il ne saurait dire le nombre de combats qu'il a fait, ni le moindre de courses qu'il a mené, illégalement, uniquement pour sentir quelque chose, dans sa poitrine. Le vieux se contentait de le dévisager et de secouer la tête, exaspéré, sans lui dire quoique ce soit. Et Max serrait des dents. Il serrait les dents, à la recherche de quelque chose, quoique ce soit, sans savoir pourquoi, avant de disparaître plusieurs jours et de revenir avec encore plus de plaies, la fois suivante. Puis, Nina est apparue. Tendre et insolente petite Nina. Peste reine qui lui disait des saletés et qui lui donnait envie d'hurler. Peste ayant pris son coeur et lui ayant fournis des battements sans verser aucune larmes de sang. Sale gamine qui a pleuré, fort, soudain, quand Max s'est ramené sur le toit, un soir, avec bleus à la gueule et des points de suture, sur un bras. Gamine qui a hurlé comme s'il venait de la blesser elle, à s'en briser les cordes vocales, tellement elle était en colère et déchirée face à ses blessures. L'impulsivité ne s'est pas effacée, ensuite. Max n'a pas cessé ses conneries pour autant. Peut-être les a-t-il diminué sans réellement le réaliser. Peut-être a-t-il était plus prudent dans les combats qu'il engageait, à laisser son visage en dehors des coups et à porter des blessures à des endroits où elle ne pouvait pas voir.
Nina a continué d'hurler. De le dévisager fort, avec quelque chose dans ses yeux, comme si elle se doutait à chaque fois. Et Max a avancé plus lentement, alors. Plus doucement. Il a calculé l'écho des coups contre son corps puis les coups eux-même.
Il se demande si Nina sait. Si elle sait qu'elle lui a offert un coeur ou du moins, quelques engrenages manquants pour qu'il puisse plus ou moins fonctionner correctement. Il se demande combien d'engrenages son coeur contient, maintenant, et à quel point il peut en contenir. Il sait, après tout, que certaines horloges sont très complexes. Max a l'impression d'être simple. Peut-être est-ce faux. Il ne sait pas. Il espère uniquement que la mécanique de son coeur ne se casse pas.
Il pense à chaque engrenage. Même les derniers, comme Sinned. Même les plus petits, minimes, comme Romir. Les souvenirs sont flous, mais il se souvient de l'homme. De l'homme qu'il a connu, adolescent, à l'époque où Nina mettait son coeur en marque. Cet homme de la loi qui était trop présent et qui osait lui faire la morale sans jamais l'acheter et qui, une fois, l'avait trainé à l'intérieur d'une librairie pour s'excuser d'avoir voler quelques bouquins.
Max les a encore, ces bouquins. Il était retourné les voler deux heures plus tard, après s'être assuré que l'homme n'était plus là.
Le coeur bat vite. Les jointures sont blanches. Mais une engrenages va plus doucement que les autres, presque à contre sens, et Max essaie de s'y accrocher de la même manière que Sinned s'accroche à lui, pour le contenir. Son regard coule vers sa jumelle et, bien qu'elle ne le fixe pas, Maxens parvient à se calmer, un peu. La colère est toujours là, aussi énorme. Mais il pense aux larmes de Nina, il s'imagine ceux de Sinned qui, bordel de merde, se dessinent, et il déteste encore plus ça que les mots de Romir. i know. trust me. Pas sans son accord, jamais. Max espère qu'elle le sait. Il expire brusquement et tourne ses iris ves l'homme, quand il parle. Les doigts restent cramponnés à son arme. Il ne lui fait pas confiance.
Il est futile. Si futile, le geste, quand Max tente de tendre la main pour empêcher Sinned de s'éloigner, d'aller vers Romir. Peut-être devrait-il la stopper. Peut-être, oui. Les questions sont dans son esprit, mais les doutes aussi. Elle pourrait lui en vouloir. Il lui en voudrait. Et elles tournent, et elles tournent, et Max les déteste autant qu'il déteste les formes d'attachement car elles le rendent faible, trop sensible, trop hésitant. Beaucoup trop, à ses yeux. Il manque un temps de réaction. Assez pour voir l'arme contre le ventre de Sinned et ne pas bouger. Assez pour entendre les paroles, les comprendre, puis Romir exercer une pression contre la nuque de sa jumelle et la tenir, contre lui.
Le hurlement de Sinned l'empêche d'entendre autre chose, il lui semble. Pourtant, il entend chacun des mots de Romir. she's not your qu'il gronde, toujours derrière la voiture, avant de se redresser. Cette fois-ci, Max n'a pas envie de se cacher. Il fait quelques pas, alors, non pas pour se rapprocher d'eux, mais pour leur faire face. Son arme est toujours entre ses doigts. you're already dead, romir. you know that, i know that and she knows that. Son regard ne sait pas ou se fixer. Il aimerait être capable d'affronter l'homme dans les yeux sans ciller, mais l'inquiétude reste présente, et il ne peut s'empêcher de regarder l'arme contre la tempe de Sinned. i'm not going anywhere without her. too many members of my family died 'cause of you. Ses doigts tremblent, contre l'arme. Max doit réfléchir, ne pas être impulsif. Et c'est grâce à Nina, peste horrible, qu'il est capable de le faire, aujourd'hui. Il renifle, agacé, et finit par lever ses mains dans les airs. fine qu'il gronde, pliant les genoux doucement, sans quiter l'homme et l'arme des yeux, surtout son doigt contre la gâchette. don't hurt her. Son regard croise celui de Sinned. Son plan a des chances de ne pas fonctionner. Sinned n'est parvenue qu'à voir brièvement, au travers de ses yeux. Et il ne sait pas, aussi, si elle peut prendre le contrôle de son corps. Encore pire ; il n'a jamais usé de leur lien, entre eux, de la sorte. Il la fixe, pourtant, et se concentre. you're not his. you're your. but i can't leave her. so what are we doing now, hm ? L'arme est posée au sol, maintenant. Max inspire. Les doigts tremblent encore. Il essaie de ne pas penser à Ajay. Le danger pour Sinned est plus immédiat. take control and drop the gun. she's the only family i have now. same for you.

Sin ne sait pas qui elle doit croire, qui elle doit suivre. Son coeur et sa conscience sont en conflit constant. Entre l'homme qu'elle connaît depuis des années et le frère qui est entré dans sa vie. Peut importe ce que Romir a pu lui faire, elle a prit l'habitude de lui faire confiance et de le croire. Croire à ses beaux mensonges et ses paroles pleines de poisons qui l'ont intoxiqué pendant des années, l'empêchant d'être indépendante. Sin s'est toujours considérée comme une femme qui n'avait de comptes à rendre à personne et qui ne comptait sur personne pour s'en sortir. Ce n'est pas forcément vrai, elle s'est toujours accroché à l'infime espoir que si quelque chose lui arrivait, son âme soeur la protégerait ou trouverait un moyen de lui venir en aide. Qu'ils pourraient rester ainsi, indéfiniment. Mais l'homme qu'il est ne peut pas aller contre ses désirs et maintenant elle le réalise, pour elle il n'y a jamais eu d’ambiguïté, ce n'est pas le cas pour l’aîné Artemiev. Elle se déteste de lui avoir laissé tant de chances, tant de fois l'occasion de raffermir son emprise sur elle au point qu'elle hésite encore à le suivre.
Il suffirait qu'elle abatte Max pour qu'on lui pardonne, Romir saurait quoi dire au CPIM. Il sait toujours quoi dire, quand il n'a pas bu et qu'ils n'insulte pas la terre entière. Il n'a pas les mots de son frère, il ne sait pas vendre aux gens ce dont ils n'ont pas besoin, Romir sait seulement mentir. Des mensonges qui enflent et pourrissent. Il cache les choses, comme il cache depuis des années le cadavre d'Olivier dans un placard bien fermé de son esprit. Et avec le blond rayé de la liste, les corbeaux battrait de l'aile une bonne fois pour toute, jusqu'à s'écraser. Il suffirait qu'elle mette de le coté qu'ils sont liés et qu'elle ne peut rien y faire. Mais ce n'est pas ça, ce n'est pas elle. Elle n'est pas une traître jusque là, elle veut tenir sa promesse auprès d'Aoibheann et réparer ses erreurs. La situation dérape complètement et la panique monte en elle. Les possibilités sont infinies, mais elle ne voit pas comment s'échapper sans que l'un d'eux soit blessé. Sinned ne sait pas quoi faire exactement. Le sang froid de la blonde a atteint ses limites. Elle voudrait se débattre mais elle sait qu'au moindre geste, Romir s'en prendra soit à elle, soit à Max. Les paroles de son jumeaux lui redonnent du courage, mais maintenant que le doute s'est installé en elle, il chemine à grand vitesse. Dans ses oreilles, le souffle haletant de Romir. Sa blessure est plus douloureuse qu'il ne le montre. Elle reconnaît la souffrance en lui et la ressent, plus claire encore que celle de Max. Peut-être qu'au final, elle n'hérite que du tourment du blond qui lui fait perdre doucement la tête.
Elle comprend que Max gagne du temps. Et elle sait que Romir va tomber dans son piège. Il souffle comme un boeuf et raffermit sa prise sur Sinned, mais sa poigne n'est pas possessive. Elle sait que le géant tremble, qu'il sait que Max a raison. Partiellement. Romir se sait condamné, et ils sont sur son chemin comme des dominos qu'il veut à tout prit faire tomber. « Family ? Ya thought Ajay was my family ? Il a toujours ce rire gras mais il doit s'arrêter pour tousser et cracher du sang. « Family is a weakness. That's why Ajay is going to die, he values more ya'll lifes than his. » Sin ferme les yeux. « Ya know, he couldn't kill me. I'm his "brother". » Romir a totalement baissé sa garde, il ne pense qu'à montrer les crocs, il aboie mais ne mords pas pour l'instant. Il leur a cependant suffisamment montré qu'il en était capable. « ... that's really funny, ya sure Oliver is ya dad and ya mother didn't cheat him ? Because, he also asked me to didn't hurt his loved one. Family thing. »  Elle tente quelque chose, une idée qui lui est venue mais qui n'est pas d'elle. Elle n'y aurait pas pensé seule, elle n'a jamais cherché à découvrir tout ce que leur lien cosmique leur permettait.Par pudeur et crainte. Elle sait pouvoir voir à travers les yeux du plus vieux, mais elle espère pouvoir prendre le contrôle de ses mains. Au moins pour qu'il la libère pendant qu'il est occupé à faire le paon.
Elle sent sa conscience glisser hors de son corps et bientôt, elle ressent Romir. Elle a envie de déchirer son âme en deux, pour lui faire comprendre toute la douleur qui la traverse. Toute la rage et la colère qu'elle a contre lui. Elle n'est plus que culpabilité et déception. Son corps pleure des larmes de frustrations et d'effort. Elle n'arrive pas à faire grand chose, seulement faire lâcher l'arme. Il se recule et la lâche, surpris par la faiblesse de sa propre main et elle en profite pour dégainer sa lame lui porter un coup au visage. Sin n'a pas le temps de viser. Elle grimace simplement en sentant la douleur se dessiner sur son propre visage. Le coup a tranché la peau de part en part, seulement en surface mais assez pour que ce soit douloureux. Elle se demande si de son coté, elle portera aussi une cicatrice fantôme. Pour l'heure, ce n'est pas le moment d'y penser. Elle s'élance dans la direction de Max et le pousse pour monter dans la voiture, coté conducteur. Elle est habituée à conduire les voitures d'Altéa. Ses pieds trouvent rapidement place sur la pédale et elle appuie avec force sur l’accélérateur. La caisse démarre en trombe et dans un bruit de moteur de crissement de pneu terrible. Derrière eux, Romir a ouvert la porte de sa propre voiture pour les suivre. Sinned n'est pas au maximum. Elle veut l'éloigner de l'immeuble. « My friend evacuates ... the bodies, we, we're going to make Romir run. Maybe... he is going to give up. » Elle même n'y croit pas. Elle entend le moteur rugir derrière elle et elle est forcée d'accélérer pour maintenir une certaine distance entre eux. La panique reprend, de nouveau. Ses mains sont moites sur le volant. Il y a comme un voile devant ses yeux. Peut-être que Romir est en train de perdre conscience. Elle perd la sensation dans ses doigts. Sin va tomber dans les pommes, elle en est certaine, parce qu'il perd trop de sang. Elle nage entre deux eaux. Si Max lui parle, elle n'est pas capable de répondre, elle veut articuler mais elle ne peut pas contrôler ses gestes. Elle comprend trop tard qu'il l'a eu à son propre jeu. Romir a prit le contrôle de ses mains et du volant. Ils sont en train de foncer sur un mur. Elle voit le reflet de ses phrases illuminer le béton, le faisceau d'abord distant puis qui se rapproche dangereusement.
Elle a la sentiment d'avoir déjà vécu quelque chose comme ça. Le moteur dans ses oreilles, puis le bruit des vitres qui se brisent. Les cris, le sang absolument partout. Mais surtout la tôle qu'on froisse et la douleur dans ses muscles. Comme foudroyée par le souvenir qui la traverse et son improbabilité, elle sursaute et reprend le contrôle. Elle lâche la pédale et le volant puis se tourne vers Max. Lancée à pleine vitesse, la voiture continue de glisser droit vers sa fin. « Open the fucking door. Right now. » De toute ses forces elle le pousse à coup de mains et de pieds pour l'évacuer du véhicule. Elle l'entend tomber sur la route et la voiture de Romir qui fait une virée. Il a encore des réflexes. Il veut sans doute finir ça à main nue et Sinned le remercie. La blonde dans un geste désespéré fait une embardée se jette du coté passager. Le flanc gauche de la voiture s'écrase contre le mur alors qu'elle est éjectée par la violence du choc. Elle atterrit sur le bitume, secouée mais en un seul morceau. Des éclats de verre dans les cheveux et quelques éraflures. Ses mains saignent, râpées contre la route. Vivante. Elle ose à peine bouger, la blonde est en état de choc.
Elle rejoue sans cesse le souvenir. Elle ressent à nouveau un désespoir qui lui est étranger. Elle n'a pas le courage d'affronter à nouveau Romir. Elle veut fermer les yeux et se reposer.
Elle voudrait tendre les bras et se cacher dans les bras de sa mère.

Max sait que les mots blessent. Il a appris, avec les années et les coups reçus, que les mots sont plus violents que les poings. Il a trop souvent saigné et il a perdu des bouts de son corps, mais ce n'est rien face à l'impact que son coeur se prend, avec les mots. Le Shark serre les dents, à écouter les paroles de l'homme. Il a terriblement envie de le tuer ; il ne serait pas le premier. Max a tué, plusieurs fois. Pour de raisons valables qu'il ose se dire, à chaque fois. Il ne se voit totalement comme un meurtrier, car chaque meurt portait une bonne raison, à ses yeux. Peut-être sont-elles fausses, depuis le temps. Peut-être qu'il se laissait croire pour laisser sa conscience tranquille, qu'importe. Ses mains ne sont pas blanches. Elles sont rouges. Du moins, celle qui lui reste. L'autre luit d'un gris métalique bon marché, le bruit des engrenages créant un son similaire à la mort. La bête ferme les yeux, une demie seconde. Elle ne peut se permettre de les fermer plus longtemps, par peur que l'inévitable ait lieu à ce moment là. Mais il les ferme, car il se le doit, pour contrôler sa colère, son impulsivité. C'est une chose, une part de lui-même qu'il a toujours accepté. Qu'il n'a jamais réellement contrôlé, mais les derniers mois le forcent à faire autrement. Max travaille sur lui, énormément, dans un silence trop ample, pour les autres. Il essaie de faire de son mieux, sans l'aide de personne, car il n'a jamais appris, qu'importe les années, à quémander l'aide des autres. Il ne la refuse pas lorsqu'elle est offerte, car il n'est pas non plus bonré sur ce point, et qu'il ne voit pas la chose comme une faiblesse, mais il ne parvient toujours pas à penser facilement d'aller vers les aides, et de leur demander de l'aide. Il a appris à vivre de lui-même, à agir de lui-même. Il sait que l'aide est présente et Max est comblé lorsqu'il peut y avoir droit, mais certaines choses restent, et il est seul, non par choix, mais par habitude. Max ne considère pas posséder de secrets. Il suppose plutôt que les choses sont des silences. Des éléments qu'il garde pour lui. Ajay verrait certainement la chose autrement. Comme de la trahison. Un manque de confiance, comme il lui a dit, cette fois-là. Le Shark parvient un peu à voir son point de vue et, peut-être, il se dit, que l'homme a raison. Il se demande si Sin pense la même chose, étant donné qu'il a été voir Romir plusieurs fois sans lui dire, et qu'il ne lui a pas parlé du problème, qu'importe sa présence, et surtout, son lien direct avec l'homme. Elle avait le droit de savoir. Il a songé, longtemps, à lui parler. Mais Max a vu la faute comme la sienne, et a voulu réparer le problème seul. À la manière d'un enfant faisant ses premières erreurs, il dissimule la chose et tente de réparer ses erreurs par lui-même, par peur d'être abandonné.
Il est surpris. Il est surpris depuis quelques temps, par cette peur. Max n'en possède pas beaucoup, de peur. Il essaie de les apprivoiser, bien souvent, ou alors de les confronter brusquement comme il a fait en avril pour son timer et sigan. Mais cette peur, il ne sait comment la prendre, comment la confronter. Le Shark ne peut que la ressentir dans ses veines, dans ses conversations, dans ses relations. C'est un battement étrange à son coeur, qui porte un son différent. C'est quelque chose qui résonne et qui lui glace le sang, à l'occasion, non pas un murmure, mas plutôt un bruit sourd, presque silencieux.
Max a peur d'être abandonné, maintenant qu'il n'est plus seul. Et par ce fait même, il s'en rend compte, il n'agit pas de la bonne manière, et finit par l'être.
Ajay l'a abandonné. Et pire encore, Max l'a abandonné. C'est de sa faute, à cet instant, si l'homme se noie dans son sang. Ou pire, encore. Il ne saurait dire.
Dans la voiture en compagnie de sa jumelle, Max respire enfin. Les dernières secondes se sont écoulées rapidement. Il a du mal à tenir le fil, mais il ne lâche pas prise. Puis, le sang se glace. not bodies. people. Il gronde fort, paniqué par les mots, en colère également. Son regard fixe Sin plutôt que la route, plutôt que Romir, et il sent en lui une certaine colère, car elle n'appuie pas ses mots. Elle reste silencieuse.
La machoire de Max se braque et le corbeau tourne ses yeux vers la route, voit le mur. sin L'avertissement est dans sa voix. La voiture ne change pas de direction. sin. it's not a road, it's a fucking wall. Elle lâche la pédale. Le volant. Max gronde plus fort. what are you doing god damnit La panique est présente dans la voix, et s'il veut s'emparer du volant pour contrôler la route de la voiture - déjà proche du mur - Sin lui ordonne autrement. Le Corbeau la dévisage, une seconde. Il doit choisir entre lui faire confiance ou non. Tout se déroule dans l'espace d'une seconde, à peine. i - Il fronce des sourcils. not without you Mais elle est bornée, et elle le pousse. Et le coeur aborde un bruit sourd tandis que son corps échoue contre le bitume, et que, quelques secondes suivantes, la voiture percute le mur. Max a le souffle coupé. Il reste contre le sol, les flancs qui élancent terriblement, le souffle brisé. sin qu'il gronde, cherche à ouvrir les yeux mais les ferme vivement. Il tousse, tente de bouger mais ne parvient qu'à se mettre sur le dos. Enfin, il inspire un grand coup. SINNED Il n'y a pas de réponses. Max appuie l'arrière de sa tête contre le bitume pour la chercher des yeux. Quand il la trouve, Il entend une porte de voiture claquée, et quelque instant suivant, un poids l'étrange. Romir pose un genou contre ses flancs et lui coupe le souffle. Max voit flou, un instant, et s'il tente d'atteindre son arme, l'homme possède plus de force que lui, sur le moment, pour la lui retirer ses mains. Il la garde plutôt dans sa main, visant Max. i'm gonna kill ya and then, i will take her with me. Le chien fou gronde, malgré la force. Il tente de bouger, malgré la douleur. Ses flancs hurlent mais il parvient à se redresser et renverse l'homme contre le sol. Max prend le dessus.
Romir a toujours l'arme entre les doigts.
Il appuie. L'arme fume. Max ressent une douleur, plus forte, contre ses côtes, bas.
Romir reprend le dessus, au dessus de Max cette fois.
Le poids de l'homme l'écrase en entier. Max peut le sentir sur les plaies, vive venin qui lui traverse la chair, aussi puissant que le regard de Romir, posé au creux du sien. Il sait, à cet instant. Il sait qu'il ne s'agit de quelque seconde. Le timer a beau ne compter aucun chiffre à son bras, il entend pourtant le tic régulier dans son esprit. Les secondes défilent. Ce n'est plus une question de minutes. Le chien fou sait, à quelques pas d'eux, que Sinned est figée. Inconsciente certainement. Il ne saurait dire. Il veut le savoir. sin Incapable de choisir entre le jumeau et l'âme soeur, prisonnière par un choix qu'elle ne veut dire. Max aimerait l'empêcher de devoir choisir. Il aimerait pouvoir faire le choix final pour elle, lui permettre de trouver une paix dans la chose. Il s'accroche à cette chose qui ne représente même pas une poussière, tandis qu'il sent, contre son torse déjà douloureux, le bout fumant de l'arme qui se presse. Les choix ne sont pas nombreux. La fin rêvée n'existe pas. Il le sait. Il doit simplement l'accepter. Alors, les dents se serrent et, dans une rage non seulement contre l'homme, le monde entier mais également contre lui-même, Max hurle. Sin !Et elle sait exactement ce qu'il veut dire, par son simple mot. Elle entend la question qu'il n'a osé poser depuis le début de la chasse. Il aimerait lui apporter une bonne réponse, lui donner une solution qui n'apporte aucune douleur, mais Max s'avoue vaincu. Et pourtant, il lui laisse encore le choix. Il n'y a pas d'homme bon ou mauvais, dans cette situation. Que deux fous. Elle doit seulement choisir celui qu'elle préfère. Contre lui, Romir bouge son bras, l'écrasant toujours de son poids. Peut-être parle-t-il, mais le Shark n'écoute pas ses paroles. Il sent uniquement l'arme allant de son torse à son front, suivi du bruit de la gachette. Il fixe le canon puis l'homme, et ne peut que voir le regard qu'il a vu chez son père - non, chez Ajay - quelques jours plus tôt. Une douleur se tord, dans ses tripes. Une voix s'élève ; celle de Sinned. Max inspire et, qu'importe s'il est prisonnier, parvient à jouer son bras bionique. ferme les yeux qu'il exige. Il attend quelque seconde, prie pour qu'elle le fasse, prie pour qu'elle ne voit pas cette terrible chose et inspire un quart de secondes, cherche dans l'oeil de l'homme un semblant de raison, ne trouve qu'une folie trop grande, et tire. L'arme se trouvant dans le bras bionique n'était qu'un prototype à peine terminée, le coup résonne assez fort et avec assez de puissance pour traverser le torse du Warden, le projetant à moins d'un mètre. Un élan de recul le prend, et couché contre le sol, Max sent son souffle lui manqué, la douleur le prendre, et des éclats métalliques lui traverser la peau à plusieurs endroits sur le torse et les bras. Il sent, un long moment, son ouie lui faire défaut et la conscience le quitter, avant qu'il n'ouvre les yeux pour apercevoir Sinned, près de lui. Ou peut-être se trouve-t-elle contre son âme soeur, déjà en deuil. Max grimace et, malgré la souffrance, essaie de tendre un bras vers elle, pour l'empêcher de regarder le carnage fait. C'est là qu'il remarque. L'état de son bras ; le métal fumant, les pièces manquantes, presque toutes absences, et le sang, rouge vive, qui perle sur ce qui reste de sa soulmark. Dans un souffle tremblant, la langue effleure ses lèvres et Max dévisage le dégât avec un noeud dans les tripes, inquiet des répercussions pour un certain roux. Les blessures semblent minime, sur la marque, et inspire un coup, essuyant son bras contre son t-shirt porté déjà sale, avant de tendre l'autre main vers Sinned. Elle ne se trouve pas vers lui. Max ne dit rien. Il ne regarde pas l'homme, non plus. Il ne dit pas désolé, qu'importe s'il le pense. Il ressent peut-être pour la première fois de sa vie un regret face à la mort. Il aurait préféré ne pas le tuer. Il aurait aimé que les choses se passent autrement. Mais Max Ross n'est pas né pour sauver le monde ; il possède beaucoup trop de violence.

Il est parti sans qu'elle ne s'en rende compte. Le temps de cligner des yeux et la vie a quitté son corps, elle l'a senti sans le voir, comme un poids qui cesse subitement de peser sur son coeur, un poids de moins qui la maintient au sol. Plus tard, un autre qui se diffusera dans ses veines. Sourde aux ordres de son frère, elle est restée face contre terre, incapable de bouger, dans l'attente de l'inévitable.Elle a regardé. D'abord, le combat d'un oeil distant et les tempes bourdonnantes encore du choc, de la voiture, de son corps balancé contre le bitume. L'assassin ne s'est rien cassé, elle n'a jamais autant eu conscience de son corps, il n'y a pas un nerf qui ne soit tendu, pas une cellule qui ne hurle de douleur et d'appréhension. Elle a commencé à souffrir avant le coup final.  Sin savait que Romir allait mourir, d'une manière ou d'une autre et s'il n'était pas mort de leurs mains ce soir, il serait mort plus tard de ses remords. La fierté du warden a des limites et elle l'a trop souvent vu noyer son chagrin dans l'alcool pour savoir qu'il se noierai un jour dans son verre. Il doit mourir, elle réalise. Il doit mourir car il n'attend plus rien de la vie et qu'elle n'a plus rien à lui donner, qu'il n'a que de la colère à revendre et que son corps s'est obscurci, terni et ne pourra jamais briller à nouveau. Elle ne pourra pas lui pardonner ce qu'il a fait, personne ne le pourra. Il vaut mieux qu'il meure. C'est lui ou Max. Et au fond d'elle, elle dit : Max.

Max doit vivre et survivre, Max doit pouvoir voir le soleil se lever. Panser ses plaies et celle de son père et de son fiancé. Cette pensée lui donne la force suffisante pour pousser sur ses mains écorchés et se redresser. I won't turn away.. Pourtant, la chose de passe sans qu'elle ne réalise. Elle voit le coup partir et le corps de Romir décoller du sol comme une vulgaire poupée de chiffon pour venir s'écrouler quelques centimètres plus loin. L'écho du coup résonne un moment dans sa tête avant qu'elle ne comprenne qu'il est mortel et que son âme soeur n'a pas pu survivre. Ce n'est donc qu'à ce moment que Sin réalise le sang qui s'échappe de sa poitrine. Ce n'est pas le sang de son frère qui retient son attention, mais celle de son mentor qui tâche le pavé d'Oriel. Si le corps du blond s'était arrêté, sans doute que le sien aussi aurait cessé de battre. Mais ce n'est pas le cas, la seule chose qui se brise en elle sont ses os, ses muscles, chaque fibre de son être. Mais son esprit et son corps demeurent et suffisent à sa survie.
Dans un effort surhumain, d'une lenteur extrême, elle se relève. Boite vers le corps désarticulé de l'homme, si menaçant quelques instants plus tôt. Il est maintenant ridiculement petit et grossier. Même dans la mort il n'a rien de paisible, le visage déchiré par la surprise et la haine. Elle craint de trop s'approcher, qu'il ne redresse dans un dernier souffle et la prenne avec lui. Mais il ne bouge pas, son regard est perdu dans le vague. Il ne la voit pas, quand elle penche la tête sur le coté, quand elle s'accroupi pour les lui fermer, ses yeux ont cessé suivre les mouvements de son corps.

Elle reste là, des secondes. Des minutes, peut-être une heure. Le temps qu'il faut pour que ses joues mal rasées deviennent gelées. En réalité, sans doute une vingtaine de minutes, le vent froid dans ses cheveux. Sin ne sait pas si elle pleure à cause de la douleur qui la traverse et lui coupe la souffle, ou à cause du vent qui s'est levé. C'est perdre sa famille une seconde fois, car même si le vieil homme n'était plus grand chose pour elle, il aura apporté sa pierre à l'édifice. Elle lui sourit, acceptant finalement la chose et sa main le quitte une ultime fois. Sin a du s'agenouiller, ses jambes trop faibles pour la soutenir, elle fixe une dernière fois le ciel à la recherche d'une étoile nouvellement allumée, jusqu'à ce que ses yeux se ferment et qu'elles ne sombre dans l'inconscience.