everything is digital (sami)

- Mec tu regardes trop la télé, de quoi tu parles?
Le grognement reste pris entre ses dents mais le regard noir, lui, ne reste pas dans ses yeux. Max n'a pas la gueule de quelqu'un qui regarde trop la télé, mais il se garde de le dire. De toute manière, si Scar a autant une grande gueule avec Sami qu'avec lui, il doit parfaitement être au courant du rendez-vous hebdomadaire sur le canapé de Paul pour regarder une télé-réalité débile. Si Max dédaignait le truc au départ et ne venait que pour la bière, il s'est fait prendre un jeu et ne rate pas une semaine, à son grand malheur. Mais il préfère se taire sur la chose ; c'est assez honteux, et si Sami est au courant, il préfère encore ne pas le dire à haute voix. Être obsédé par cette série à la con est déjà suffisant. Les dents serrés pour garder les insultes pour lui, ou encore des commentaires, Max le dévisage faire son travail un moment. Il n'a pas envie, de toute manière, de lui expliquer le pourquoi du comment. Le doigt est coincé et bientôt, il ne le sera plus. C'est le plus important. Et tant mieux si Sami lui invente une sexualité stupide en chemin ou se met à croire des choses qui n'existent pas. De toute manière, il ne serait pas le premier, et Max ne porte que trop peu d'attention à l'avis des gens.
Sauf peut-être Nina, parfois. Naora, aussi. Et d'autres, mais peu.
Qu'importe, de toute manière.
Sami ne fait certainement pas - si - parti du lot.
- Y'a juste un morceau qu'est tordu. Là. T'as dû faire un faux mouvement ou forcer quand fallait pas. Bouge pas maintenant.
Il bouge la tête pour observer brièvement, ne voyant rien. Forcément, Sami ne la joue savant et parle de choses qu'il ne voit pas. Le regard de Max est ennuyé, se pose sur lui encore, et s'il ne doit pas bouger, il fait son possible pour ne pas justement, le faire simplement pour l'énerver. S'il est envahi par un sentiment d'inconfort lorsqu'il perd toute sensation dans la partie inférieur - et métallique - de son bras, Max ne tilte pas, ne bouge pas. Il se contente de renifler  - une activité forte intéressante depuis un moment - et de garder les lèvres serrées lorsque la toux menace de le secouer. Il sent, déjà, le sirop faire effet sur son corps et n'apprécie pas forcément l'effet. À croire que venir voir Sami ne lui apporte que des mauvaises sentiments. Il se souvient, maintenant, pourquoi il ne désirait pas venir le voir plus tôt pour ce stupide doigt. Ce gars a un don pour s'occuper de lui de la pire manière qui soit. À croire qu'ils possèdent plus de points communs qu'il aurait aimé. Il dévisage le mouvement de ses doigts pendant quelques instants, garde pour lui un sourire lorsque le doigt en question bouge enfin sous les gestes de Sami.
- Essaie de plier les doigts. Ça fait mal? J'm'en fous, au moins tu peux fermer le poing.
- Pour te frapper ? qu'il dit, la main ramener vers lui, l'ouvrant et la fermant, étudiant les mouvements en surface sans pour autant s'y attarder. De toute manière, cette main n'a jamais obéi à la perfection à sa demande, et si elle venait à le faire un jour, il serait le premier surpris. Mais elle fait le boulot, alors qu'importe. Me donne pas des idées, Sami.
Au travers de ses cernes et de son teint pale, le maigre Shark lui adresse un sourire de chien enragé. Sur le bureau, le café est certainement devenu froid et doit goûter tout autant la pisse de chat. De toute manière, Max ne le boira pas. Qu'importe la température, la quantité de lait - erk - ou de sucre - blanchie ?? - une merde reste une merde. Il se contente plutôt de tendre les doigts - ah, son majeur aussi - vers la boite de mouchoir pour se vider une nouvelle fois. Le nez hurle de nouveau et forcément, il y en a plus qui reste à l'intérieur qu'il en sort, mais qu'importe.
- Tu promets que tu vas y faire attention maintenant?
- Je fais pas d'promesse, Sami. Don't be a fool, et déjà il se redresse, tangue furtivement et part à la recherche de son manteau. Ou son hoodie ? Il ne sait plus avec lequel il est venu. Ses yeux sont fatigués par la longue journée et la maladie et sa recherche est lente. J'vais surement r'venir bientôt. J'fais des voyages pour le gang depuis un moment. Vaut mieux que tu saches, vu qu't'es coincé à réparer cette merde.
Il désigne vaguement sa main, l'agitant au dessus de sa tête, avant de s'arrêter pour soupirer. Sa seconde main se porte à son visage et il pince l'arrête de son nez un instant, expirant bruyamment. Dans un élan d’impulsivité, il donne un coup de pied sur une patte de table qui, forcément, lui résonne dans les os et lui fait plus de mal que de bien.
- Piece of shit ! qu'il gronde plus fort qu'il ne le faut, se retenant de taper une nouvelle fois le meuble. Sa tête lui tourne moins qu'il y a quelques minutes, mais son état n'est pas forcément mieux. Forcément, il n'a pas d'argent pour prendre un taxi et le shack se trouve à plusieurs rues de l'atelier. Il pourrait appeler Nina pour qu'elle vienne le chercher, mais il n'a pas envie qu'elle traîne dans les parages. Et forcément, il ne trouve pas son manteau - ou son hoodie ? il n'arrive pas à se souvenir -. t'as pas vu mon manteau ? j'suis presque sur de l'avoir laisser par là.
Il ne le remercie pas pour le doigt ; Max remercie rarement les gens, de toute manière. Il se contente plutôt d'accompagner ses paroles d'un mouvement de main - la vraie, cette fois - en direction de l'endroit mentionné, frôle au passage d'envoyer un coup au visage du mécano. Il parvient à l'éviter au dernier moment et le bras finit sa course contre le coin d'une armoire, forcément.
Si une douleur le prend, cette fois Max se contente de serrer les dents et de ramener le membre contre lui, ne contient pas la rage dans ses yeux.
- merci d'me réparer un bras pour en massacrer un autre, Sami. Merci, qu'il gronde, bas, avant de renifler encore, et, de nouveau, de chercher son hoodie - ou son manteau, qu'importe -.

“ Je fais pas d'promesse, Sami. Don't be a fool. ” De toutes manières, Sami serait bien con et désolé de prendre sa promesse: il ne s'attendrait pas à ce que Max s'y tienne. Il grogne en réponse. Un vrai grognement presque sauvage et animal, ses yeux grossissant dans leurs orbites tant il les fait rouler dans tous les sens pour que Max comprenne bien l'étendue de son aggravation. Il est stupide mais ce n'est pas trop de sa faute, Sami imagine. Tous les Sharks sont des gros cons. Max se lève et Sami le regarde faire avec un froncement de nez, vexé qu'il n'ait pas touché au café qu'il lui a servi; pas grave, même si il est froid, il attrape l'autre tasse pour lui faire un sort. Autant s'occuper les lèvres parce qu'il serait presque prêt à faire une nouvelle recommandation pour inciter Max à la prudence, et lui demander de ne pas se foutre trop mal: il a l'air assez malade comme ça. Mais à quoi bon? Autant essayer de le convaincre que Sami chie de l'or tous les matins. “ J'vais surement r'venir bientôt. J'fais des voyages pour le gang depuis un moment. Vaut mieux que tu saches, vu qu't'es coincé à réparer cette merde. ” Un nouveau grognement comme toute réponse. Le tatouage de gueule de requin sur son flanc lui chatouille la peau presque douloureusement. Il leur appartient. C'est son boulot.

Et ça pue la merde. Max arrête ce qu'il est en train de faire et Sami s'attend à ce qu'il quitte l'atelier sans plus aucun états-d'âmes mais non, à la place, il fout un coup de pied dans une table. Sa table. “ Hey! — Piece of shit ! ” Les sourcils de Sami se froncent encore plus qu'avant. “ t'as pas vu mon manteau ? j'suis presque sur de l'avoir laisser par là. ” L'expression sur le visage de Sami s'assombrit un peu plus quand Max manque de lui envoyer un coup de poing et qu'il se recule machinalement pour éviter sa main tendue. À la place, Max s'éclate les doigts sur l'armoire dans laquelle Sami garde des vêtements de rechange et teintés d'huile. “ merci d'me réparer un bras pour en massacrer un autre, Sami. Merci. ” Sami rit un peu, mesquinement, avant de se lever après avoir fini la tasse de café — dégueulasse et froid, mais au moins a-t-il trouvé sa juste place dans son estomac. “ Si j'avais pas peur que tu sois capable de détruire chacun d'mes meubles, je te laisserai bien t'agiter comme un poulet auquel on a coupé la tête. ” Il force Max à s'asseoir. Si l'autre résiste un peu, pas trop et pas trop longtemps: de deux mains sur ses épaules, Sami le force à poser son cul et pose d'autorité une main sur son front. Brûlant. Peu importe. Il a fait de son mieux pour l'aider, Max a refusé et il n'a qu'une seule personne à blâmer: lui-même.

Une fois moyennement convaincu que l'autre squale ne va pas se lever et partir en courant en détruisant tout sur son passage, très calmement, Sami va chercher son manteau et son foutu foulard que Max a mis à l'écart en rentrant. Il lui enroule de force le foulard autour du cou après l'avoir débarrassé de l'écharpe, et lui lance presque le manteau à la figure avec un air goguenard. Rien de tel que d'être en bonne santé quand son prochain, pour lequel on a aucun amour particulier, est malade comme un chien. “ Si t'étais pas aussi décidé à essaye de me rendre misérable et ma vie compliquée, peut-être que je compatirai pour toi. ” C'est plus ou moins faux, bien entendu, mais Sami ne va pas insister si c'est pour que Max le repousse à chaque tentative. “ Tu veux que je te conduise dans le trou à rats que t'appelles ta maison? ” dit-il toutefois, comptant bien sur la fierté déplacée du Shark pour qu'il refuse. “ Tant que tu promets de pas mettre tes miasmes partout dans ma voiture. ”

- Si j'avais pas peur que tu sois capable de détruire chacun d'mes meubles, je te laisserai bien t'agiter comme un poulet auquel on a coupé la tête.
Max serre les dents et lui lance un regard noir, à l'allusion de l'animal. Il n'aime pas quand les gens font des références de ce genre. Il commence à récolter un zoo complet sur son dos, depuis le temps. C'est bien la première fois qu'on parle de poulet, par contre. Le Shark veut simplement qu'on laisse les animaux en paix ; ils ont mieux à faire qu'être comparé à sa sale gueule. Ils méritent mieux de choses sur plusieurs plan mais encore là, il vaut mieux qu'il n'y pense pas, sinon il finira la soirée dans un laboratoire à tout massacrer et libérer les lapins sur lesquels des connards se permettent de faire des tests. Et comme ce connard de Sami aime si bien lui dire, il n'est pas en état de faire quoique ce soit, présentement. La morve lui coule encore au nez et sauf un grognement et un regard noir, il ne fait pas grand chose pour empêcher l'autre Shark de l'asseoir et même de lui foutre une main sur le front. Max serre les dents et le dévisage encore plus, l'envie le prenant fort de lui mordre les doigts comme un animal enragé. Mais les doigts de cet idiot de Sami sont froids, et si Max ne le dit pas, il apprécie plus ou moins le contact. Il s'accorde un soupir de soulagement, presque absent, le temps d'une seconde, sans pour autant perdre la vilaine tête qu'il aborde. Faudrait pas que Sami voit sur sa gueule qu'il est, quoi, heureux du contact ? Faut pas non plus pousser la merde.
- t'es pas ma mère, qu'il gronde, donc, en chassent les dits doigts qui sont sur son front, qu'importe si le contact est agréable. De toute manière, il n'a pas envie qu'on prenne soin de lui. Le sirop de Sami goutte la merde et Max possède plein de merdes biologiques à la cabane. Ça prend un peu plus de temps à chasser les saletés de son système, mais au moins, il ne se fout pas du poison dans le corps pour faire disparaître la maladie.
Son regard, un peu endormi, certainement épuisé, suit les mouvements de l'autre. Il grimace brièvement en voyant où se trouvait ses vêtements, puis ouvre la gueule pour se plaindre lorsque Sami commence à lui enfiler le foulard autour du cou avec une violence qui laisse les protestations à la porte. Max se contente de le dévisager encore, des menaces de mort dans les yeux s'il ose parler de la chose à une personne, un jour, et puis de toute manière, qui pourrait le croire ? avant d'attraper plus ou moins correctement son manteau. Max l'enfile sans un mot, sans un merci.
- Si t'étais pas aussi décidé à essaye de me rendre misérable et ma vie compliquée, peut-être que je compatirai pour toi.
De manière exagérée, il mimique les paroles de Sami, levant les yeux au ciel, avant de se redresser. Max lui accorde un doigt d'honneur avec le doigt fraîchement réparé, avant de passer ses doigts dans ses cheveux. Il crève de chaud, maintenant ; c'est horrible. Mais il sait que dans deux minutes, il aura froid comme tout.
- ta compassion tu peux te la foutre où que j'pense, qu'il grommelle, bas, obstiné.
S'il a bien une chose qu'il déteste plus qu'être malade, c'est la foutue compassion qu'ont les gens. La plupart du temps, la chose est de la merde. Les gens font des actes de bonté pour eux, et non pour les autres. La plupart des idiots qui donne des pièces de monnaie aux sans-abris, c'est surtout pour se sentir mieux. Pour raconter leur exploit de la journée au travail, un peu plus tard. Ils font parti de la pire espèce. Max les repère directement, dans les manifestations. La plupart du temps, ils ont leur cellulaire au bout de la main et prendre des snaps et des instastories pour montrer à leurs followers à quel point leur coeur de merde est grand et qu'ils sont gentils. Il doute que Sami lui offre du sirop et un foulard pour faire son beau sur les réseaux sociaux ensuite, mais une part de lui se refuse totalement à accepter l'aide des autres dans la plupart des situations. Il a, après tout, attendu un bon nombre de jours avant de se présenter à lui pour son doigt. Il a envisagé un instant le garder pour toujours avant de voir le regard de Nina, face à l'idée. Elle n'a aucun humour.
- Tu veux que je te conduise dans le trou à rats que t'appelles ta maison? Tant que tu promets de pas mettre tes miasmes partout dans ma voiture.
Il a déjà fait quelques pas vers la porte, Max. Il est décidé à partir depuis qu'il est arrivé, après tout. Mais il arrête son pas et tourne les yeux vers lui, un sourcil haussé, la vision un peu floue. La maladie n'aide pas et, si Max ne l'avoue pas, il a certainement besoin de lunettes pour voir clairement au loin. La chose n'est pas affolante et sur Neodam, il ne voit pas réellement la différence, mais sur Altea, il s'est rendu compte qu'il n'avait pas la meilleure des visions du monde. Une part de lui a envie de tout voir ; l'autre refuse d'avouer que sa vision n'est pas parfaite. L'orgueil, encore.
La bouche se tord en une moue après un certain silence, et Max soupire, les mains dans les poches.
- j'savais pas qu'tu connaissais un mot comme miasme, Sami. tu m'impressionnes, mon gars, le sourire en coin est tueur et Max le dévisage quelques secondes avant de continuer. fais attention, on pourrait croire que t'as pas envie que j'parte. besoin quelqu'un pour réchauffer tes draps, p'être ? désolé, t'es pas trop mon genre, sami.
Une grimace désolée et Max reprend ses pas jusqu'à la porte. La poignée est entre ses doigts lorsqu'il tourne le visage une nouvelle fois vers lui, un sourcil haussé.
- bon tu t'ramènes ou pas ? on s'les gèle et j'ai pas tout mon temps, non plus.

Max s'est levé et s'est dirigé vers la sortie, mais il s'arrête en l'entendant lui proposer de le ramener chez lui et Sami le regarde sans rien dire, passablement agacé — un sentiment que l'autre lui inspire à chaque fois qu'il le voit. Il y un long silence — si long que Sami lève les yeux au ciel en soupirant, faisant mine de ranger quelques choses en attendant son verdict et en laissant les rouages de l'esprit de Max tourner difficilement dans son crâne apparemment — et puis il finit par soupirer, suffisamment fort pour que Sami l'entende et relève le regard.“ j'savais pas qu'tu connaissais un mot comme miasme, Sami. tu m'impressionnes, mon gars. ” Sami se sent rougir, de confusion et de honte. C'est vrai qu'il ne connait pas beaucoup de mots, et il ne sait en écrire aucun. Il ne l'a jamais dit à personne — sauf à Jaz — mais il pense que Scar sait. Il ne pense pas que Scar l'aurait dit à Max ceci dit... si? Il est tout rouge et il fronce les sourcils et il serre les dents après qu'une expression de vulnérabilité fragile suprême soit passée sur ses traits. “ fais attention, on pourrait croire que t'as pas envie que j'parte. besoin quelqu'un pour réchauffer tes draps, p'être ? désolé, t'es pas trop mon genre, sami. ” À ça, en revanche, il fronce le nez et grogne un peu, la rougeur ne quittant pas ses joues ceci dit. “ T'es pas le mien non plus, j'suis pas pédé. ” Tout le monde dit que Max l'est et que c'est pour ça qu'il est si proche des filles du gang, Sami en serait presque heurté de ne pas être son genre. Y'en a d'autres qui disent que Max ne s'intéresse juste pas à ça mais Sami n'y croit pas, parce que lui il s'intéresse beaucoup à ça et il ne peut pas imaginer ça autrement.

Il se détourne, embarrassé et agacé et un peu énervé aussi quand Max reprend son chemin vers la porte. Peu importe, il s'en fout de lui (il se le répète toutes les deux minutes environ). Il relève seulement le nez de ce qu'il est en train de faire quand Max s'arrête et qu'il voit qu'il a la tête tournée vers lui. “ bon tu t'ramènes ou pas ? on s'les gèle et j'ai pas tout mon temps, non plus. ” Il pourrait lui dire: non, va te faire foutre ou bien démerde-toi ou alors je croyais que t'avais besoin de personne pour bien lui foutre l'orgueil en noeuds. Mais non, à la place, Sami le regarde quelques secondes puis hoche la tête, attrapant sa veste et ses clefs en passant pour le rejoindre en quelques grandes enjambées, pressé d'en finir. Il éteint les lumières et ferme la porte derrière lui avant de la verrouiller. Conduire un peu va lui changer les idées, et au moins Laszlo ne pourra pas lui dire qu'il est pas un team player et qu'il s'en fout de Max ou qu'il est pas assez sympa avec lui. Il le mène dans la petite ruelle derrière l'atelier, retire la bâche noire qui recouvre la bête: cette voiture est sa fierté, Scar essaye toujours lui piquer les clefs, il a une seconde voiture aussi, mais il a envie de vitesse ce soir, de vitesse et peut-être d'impressionner Max, même si ce dernier ne doit pas savoir différencier un vélo d'une moto. Il lui ouvre sa portière (fronçant un peu le nez en se rappelant de l'état de ses bottes, pas grave, il nettoiera la bête plus tard) et va se glisser derrière le volant, mettant les clefs dans le contact avec un plaisir évident. La voiture ronronne comme un lion enfermé depuis trop longtemps en cage.

Max tousse un peu et Sami lui adresse un regard brûlant. “ N'ose pas, ” le prévient-il. Il a intérêt à garder ses germes et ses bactéries dans son foulard et nulle part ailleurs. “ Tu crèches où? ” lui demande-t-il en sortant de la ruelle, se glissant entre les voitures une fois qu'il a rejoint une artère de Neodam un peu plus bondée, et appuyant aussitôt sur l'accélérateur pour se faufiler entre les voitures. La conduite est rapide, un peu dangereuse, certainement illégale, mais il est sûr de lui: il y a bien un endroit où Sami est à l'aise, c'est sur le siège de conducteur. Il se demande si Max est comme Scar et crèche un peu partout et nulle part à la fois, mais est trop fier pour demander de l'aide à quiconque. “ Tu vis seul? ” lui demande-t-il en gardant les yeux sur la route, comme si il essayait d'apprendre à le connaître ou de faire la conversation.

Le regard pétille un instant, face au bolide, bien que Max garde la chose pour lui. Il ne fait aucun commentaire sur ce qu'il voit, qu'importe s'il apprécie le véhicule, et se contente d'attendre que la protection soit retirée pour s'approcher. Le sourcil s'hausse, haut, lorsque Sami s'approche et lui ouvre la porte. Max le dévisage une seconde, plusieurs, peut-être. Le sourcil redescend lentement pour permettre à l'ensemble de se froncer puis, encore sceptique, il finit par lui adresser un simple hochement de tête et de se glisser à l'intérieur. Il aurait préféré rentrer par lui-même, certainement. Une part de lui se refuse à ce qu'une autre personne connaisse où se trouve la cabane. Scar ne sait toujours pas où il disparait, après les soirées en compagnie de Paul dans l'appartement du plus vieux. Il ne sait pas pour l'appartement trois étages plus bas, ni pour la cabane construire sur le toit, à l'abri des regards, effacée du monde. Paul sait. Naora sait. Il n'a pas envie que d'autres sachent. Plus ils sont nombreux et plus les dangers le sont également. Alors, qu'importe l'amusemnet qu'il ressent à agacer Sami, il n'a pas forcément envie de lui dire l'adresse en question. Max se contente de rester silencieux, la bouche contre la manche de son manteau, toussant à quelques occasions, qu'importe le commentaire de l'autre, et ne prend même pas le temps d'apprécier la voiture de Sami. Il se garde également de lui parler de son affection pour les véhicules, car il n'a pas envie de partager trop de choses avec trop de gens. Il n'en voit pas l'utilité. Le Shark n'a pas de temps à perdre, surtout dans un état pareil. Peut-être qu'un jour Sami le saura, lorsqu'il aura sa propre voiture. Car autant Max puisse-t-il être adorateur des animaux et vegan jusqu'au plus profond de ses racines, il reste un grand adepte des véhicules, de l'alcool et de la clope. Les trois vices restent les siens. De toute manière, il sait parfaitement que les gaz des vaches d'élevage - beaucoup trop nombreuses, et seulement pour la consommation alimentaire, en plus - sont beaucoup plus nocives pour la planète qu'une voiture qui ronronne aussi bien qu'une panthère ou que kitty.
Il a les yeux fermés, un moment, à profiter du bruit de la bagnole et surtout, du calme de sa toux. Mais Sami revient avec une autre question, et Ross réalise qu'il n'a toujours pas répondu à la première. Il prend le temps de se racler la gorge plusieurs fois et, le nez enfouis dans le foulard de l'autre, marmonne; Midtown. À l'angle de kingwood et la huitième avenue. En vérité, l'immeuble se trouve à quatre coins de rue de là, mais il n'a pas envie de lui donner l'adresse exacte. Il s'imagine que Sami connait l'endroit, pour y avoir amener ou être venu chercher Scar chez Paul quelques fois, mais il ne veut pas partager l'information. Certes, font-ils tout deux partis des Shark, mais Max n'est pas du genre à donner totalement sa confiance à n'importe qui. Nina et Naora sont certainement les personnes qui le connaissent le plus, et il y a des choses qu'il ne leur dit pas, encore. Énormément. Mais il est bon à savoir que, dans la vie, tout n'est pas bon à dire. Les gens qui sont comme des livres offerts sont souvent blessés.
Il ouvre les yeux paresseusement, et tourne le regard vers Sami, concentré sur la route. Peut-être pourra-t-il lui accorder sa confiance un jour. Le blond sait qu'il lui accorde un brin de confiance, tout au moins. Il ne laisse, après tout, pas grand gens toucher son bras bionique. Encore moins le voir dans un état du genre, ou encore s'occuper de lui. Il refuse de voir Naora depuis plus d'une semaine car il sait qu'elle déposera ses lèvres contre les siennes qu'importe la maladie et il refuse qu'elle tombe malade. Il ne dort pas avec Nina, lorsqu'elle vient à la cabane, pour ne pas qu'elle chope sa merde. hm, ouais, si on veut. Il se contente de répondre quelque chose qui n'est pas réellement une réponse, avant de tourner son regard vers la fenêtre. ça dépend des jours. Il se rappelle, un instant, du chauffage dans la cabane qui a rendue l'âme au cours des derniers jours, encore. De Nina qui est à une soirée, ce soir, et du froid qui l'attend certainement. Max grimace brièvement, envisage de marcher jusqu'à chez Naora depuis l'endroit qu'il lui a indiqué, avant de grogner. tu sais quoi, j'viens d'me rappeler un truc. dépose moi chez naora, ok ? Il sait, après tout, que Sami la connait également. Il était la cause de leur rupture, après tout, à l'époque. Non pas qu'ils étaient réellement un couple. Max n'a jamais su comment définir leur relation. Ils n'ont jamais cessé de faire ce qu'ils faisaient ; soit presque rien. Il n'a jamais vu Naora de cette manière là, de toute façon. Il n'a jamais vu qui que ce soit de la sorte. Il se demande, brièvement, si Sami sait également de son côté. Mais ça, Max n'en a rien à faire, en vérité. Comme il n'en veut pas au gars pour ce qui s'est passé entre Naora et lui. Ce n'est pas de ses affaires. Naora a tendance à aimer les hommes qui ne sont pas pour elle ; elle l'aime lui, après tout.