(mahan) look at the stars instead of the dark

Y'a un monde, entre eux. Max a pas besoin de connaître le gars, Yohan, pour avoir conscience de la chose. C'est pas une question de Néphède et d'Altea, c'est une manière de penser, plutôt. Ils ne sont pas pareils. Ils sont différents. Il pourrait pas dire quoi exactement, parce que Max n'est certainement pas une personne qui prend de son temps pour analyser les gens. Il se contente des faits et les garde, les accumule, au fur et à mesure qu'il y a accès. Il ne creuse pas pour connaître la vie des autres tout comme il ne creuse pas pour savoir les secrets de sa propre vie. Encore aujourd'hui, il ne sait pas le nom de famille de Naora la plupart du temps. Il ne sait pas où se trouve la demeure principale de Nina, ni comment s'appellent ses parents ou encore, son frère. Il lui manque beaucoup d'informations sur les gens qui lui sont pourtant importants. Mais Max considère qu'il connait ce qui compte le plus ; eux. Qui ils sont réellement. Et il s'imagine que de leur côté aussi, ils le connaissent réellement. Pas les détails futiles, mais ceux qui comptent réellement. Yohan doit être, il suppose, le genre de personne qui connait parfaitement les détails futiles et importants ; Max l'imagine en faire toujours trop pour les autres alors que, certainement, ils ne font pas assez pour lui. Peut-être qu'il ne remarque même pas la chose. Peut-être qu'il a ce besoin d'en faire toujours trop pour les autres, pour montrer qu'il est là, pour montrer qu'ils comptent, car quelque part, il a manqué de cette attention lui-même à un moment dans sa vie. Max s'en fiche, de toute manière. Mais il se rend compte de la chose facilement ou du moins, la suppose, étant donné la manière où sans trop se questionner, Yohan a accepté de l'accueillir chez lui alors que le Shark ne lui a offert que des insultes et des bleus qui sont, à voir la réaction qu'il a eu face au coup dans les coudes, toujours là. La chose l'étonne, un moment ; Yohan porte la gueule d'un gars à pleurer dés la première blessure et à tout faire pour guérir rapidement. Et pourtant, elle est toujours là. Mais encore là, Max ne le connait pas. La seule chose qu'il suppose à son sujet, c'est sa stupidité. La plupart des gens sont stupides, aux yeux du Shark. Ce n'est donc pas une surprise.
- c’est pas un connard.
Si le ton le surprend, Max le démontre simplement en haussant d'un sourcil, curieux face à la suite.
- il savait pas. Il est persuadé que sa vraie soulmate est morte, et j’imagine qu’il voulait plus que sa soulmark le lui rappelle tous les jours - et puis il sortait d’un an de coma quand il l’a fait, c’était compliqué, à l’époque.
Il perd de l'intêret, brièvement, car l'histoire lui semble déjà mieilleuse. Mais Max ne s'empêche jamais de lire les pires romans qui soient, car la plume est jolie, même si l'histoire vaut de la merde, alors il continue d'écouter ce que Yohan lui raconte.
- c’est ma faute, pas la sienne. clairement pas la sienne.
Une grimace déforme ses lèvres, face à la phrase clichée. Max tourne son regard vers le ciel, les étoiles, trop brillantes, et lâche un rire sans le moindre bruit. Les mots ne l'étonnent pas, venant de Yohan. Il porte la tête de l'idiot qui désire porter toutes les fautes du monde pour alléger les épaules des autres. Peut-être qu'il ne se rend même pas compte de ce qu'il fait. Ça ne l'étonnerait pas. Mais ce n'est pas son problème. Le mec est comme ça, c'est tout. Il préfère s'imaginer qu'il a causé les fautes qui l'ont blessés que se dire que ce sont les autres, les fautifs, de ses plaies. Pour Max, le monde entier est fautif. Aucune main n'est blanche.
Yohan essaie juste de nettoyer celles des autres. Si ça se trouve, il essaie même de polir ceux de Max.
La pensée lui arrache un sourire en coin, léger, moqueur.
- il était si heureux quand il parlait d’elle que j’ai pas eu le courage de lui dire que c’était pas elle, sa soulmate. si j’avais eu des couilles, si j’étais pas aussi con, on n’en serait pas là aujourd’hui.
Le regard est posé sur les étoiles. Max reste silencieux un moment, peut-être pour laisser Yohan penser à ses propres paroles. Il doute qu'il parle de la chose souvent à vive voix à d'autres personnes. Le chien fou ne parle jamais de sa marque ; si Naora l'a vu plusieurs fois, comme Nina, elles n'en parlent pas. Elles jugent le sujet tabou sans savoir. Peut-être l'est-il. Max n'y a jamais vraiment pensé. Peut-être que, en temps normal, il ne veut juste pas y penser. Il ne s'est jamais attardé sur ça.
- donc si j'ai bien compris, le connard, c'est toi ?
Il tourne son regard vers lui, Max, et cette fois-ci, il est sans malice, sans moquerie, sans rien. Il est honnête, simplement, et sans insulte également. Il est un connard lui-même, après tout. Il ne voit pas la chose comme étant mauvaise. C'est un fait, tout bonnement.
- laisse moi deviner ; tu t'imagines que tu dois subir la merde, du coup, à cause de tes conneries ? que tu l'mérites ou j'sais pas quoi ? t'as la gueule du gars à vouloir porter les souffrances du monde, ouais. laisse moi te dire un truc, yohan.
Max passe un bras autour des épaules du coréen, celui métalique, et parvient à contrôler sa force cette fois, en le ramenant légèrement contre lui. Dans l'élan, son nez effleure la chevelure. Une odeur lui parvient l'espace d'un instant ; celle de son shampoing. La lavande le fait grimacer, un instant, mais heureusement, elle est artificielle ; il n'éternue pas. Manquerait plus que ça, avec sa grippe. Max se demande s'il va pouvoir profiter de sa douche également.
- arrête d'être con, achète toi des couilles, ou emprunte les miennes si tu veux, mais cause lui, à ton gars. il croit déjà avoir perdu sa soulmate, de toute manière. ça peut pas être pire pour lui, que ce soit toi. qu'importe l'résultat, parce que j'm'en fous, en fait, dans tous les cas, t'avanceras.
Un regard sérieux. Le bras quitte ses épaules ; Max n'aime pas les contacts trop prolongés. Ils le rendent mal à l'aise.
En vérité, il est surtout timide, derrière ses airs de grand méchant loup. On ne lui a pas fait assez de calins, dans sa vie.
- garde les si pour les autres. t'as pas envie d'en être encore là demain.

Yohan sait qu’il a probablement un peu plombé l’ambiance. Il est bien évidemment très sensible sur ce sujet, alors c’est compliqué pour lui d’en parler avec légèreté. La plupart du temps, il ne s’en sort pas trop mal, parce qu’il peut mentir. Autour de lui, tous pensent qu’il n’a pas encore de soulmark, ou qu’il n’a pas rencontré son âme soeur. Il se contente donc de dire qu’il ne sait pas quand ça va lui tomber dessus, mais qu’il espère vraiment rencontrer la personne qui lui est destinée. C’est une réponse simple, logique, et ça correspond à son caractère enthousiaste et curieux. Cela ne laisse pas de place à la discussion, personne ne peut se douter qu’il dit des conneries. Personne (et ça, ça le surprend encore plus) ne remarque qu’il ne se sépare jamais de ses bracelets, personne n’a même émis l’hypothèse qu’il pourrait cacher sa marque avec cet accessoire pourtant embarrassant pour un sportif de haut niveau. Vraiment, il s’en sort bien, la plupart du temps. Mais avec Max, il peut pas mentir sur la base même de sa situation. Il en sait déjà beaucoup. Il est obligé de laisser éclater la vérité, et avec elle vient forcément la fébrilité, parce que Yohan, il n’est pas habitué à parler à haute voix de tout ça.
« donc si j'ai bien compris, le connard, c'est toi ? » finit par dire Max après un long silence, qui a laissé penser à Yohan qu’il avait peut-être trop parlé. Le sportif hausse les épaules en tournant les yeux vers le grand blond. C’est un peu extrême, dit comme ça, c’est sûr. Yohan ne se qualifierait pas lui-même de connard - il a ses torts dans cette histoire, mais pas à ce point-là. Mais dans une certaine mesure, oui, il a agi un peu comme un connard - surtout envers lui-même. « laisse moi deviner ; tu t'imagines que tu dois subir la merde, du coup, à cause de tes conneries ? que tu l'mérites ou j'sais pas quoi ? t'as la gueule du gars à vouloir porter les souffrances du monde, ouais. » Yohan se tend un peu, et se sent soudain sur la défensive. Ça le met mal à l’aise, ce que Max vient de dire. Il vient de le dépeindre comme ces personnages de fiction qu’il déteste, ces gens maladivement altruistes, ou ceux qui pensent que le monde tourne autour d’eux et donc que c’est à eux de gérer tous les problèmes. Yohan, il se voit pas comme ça. Ça le fait grimacer, l’idée que Max puisse le voir comme ça. « laisse moi te dire un truc, yohan. » Yohan se prépare à entendre quelque chose qui ne va encore pas lui plaire, mais le fait que Max passe un bras autour de ses épaules le déconcerte un peu.
« arrête d'être con, achète toi des couilles, » Le brun tourne des yeux offensés et choqués vers le natif de Néphède. Mais Max n’a pas de lueur provocatrice dans les yeux, pas de sourire au coin des lèvres qui laisserait comprendre qu’il se fout de sa gueule. « ou emprunte les miennes si tu veux, mais cause lui, à ton gars. il croit déjà avoir perdu sa soulmate, de toute manière. ça peut pas être pire pour lui, que ce soit toi. qu'importe l'résultat, parce que j'm'en fous, en fait, dans tous les cas, t'avanceras. » Yohan regarde droit devant lui, le bras de Max toujours sur ses épaules. Il a soudain l’impression que tout autour d’eux est très calme, et que ça laisse de l’espace pour que les mots de Max résonnent et se répètent dans sa tête. « garde les si pour les autres. t'as pas envie d'en être encore là demain. » Il a envie de rire, et de lui dire qu’il est déjà là plus ou moins depuis six ans, alors qu’un jour de plus ou de moins… Ça ne fait pas de grande différence. Mais il se tait, parce que ça servirait à rien de dire ça, et aussi parce que les mots l’ont un peu bousculé. « whatever. » finit-il par faire en haussant ses épaules, qui sont débarrassées du bras qui les entourait. C’est la seule chose qu’il a trouvé à répondre. Il sait pas quoi dire, il a juste une boule dans la gorge et l’impression qu’on vient de lui foutre un énorme coup de pied au cul. Il est pas sûr d’aimer ça.
Il a besoin de temps pour assimiler.
« Je savais pas que t’étais le genre à donner des conseils, mec. » s’amuse-t-il finalement, masquant la gêne et la réflexion que les paroles de Max ont créé. « T’as encore beaucoup de surprises comme ça ? » Il se tourne vers le grand blond et grimace en étant de nouveau confronté à son visage un peu pâle et aux cernes sous ses yeux. « Va falloir que tu voies un médecin, quand même. T’as pas du tout l’air en forme, franchement… » Il réfléchit une demi-seconde. « Quand on arrive chez moi, je te fait un thé chaud avec du miel et du citron. Ça aidera peut-être un peu. Et pas le droit de refuser ou de grogner, sinon tu dors à même le sol. » Il se doute déjà que Max va grimacer et tout faire pour ne pas boire son remède - c’est bien comme ça qu’il l’imagine - mais il lui fera boire, qu’il le veuille ou non. Il usera de la Small Science s’il le faut. « Ça fait combien de temps que t’as pas mangé un truc digne de ce nom ? » demande-t-il finalement, remarquant de plus en plus de détails qui ne le rassurent pas sur l’état du blond. « Et pris une vraie douche ? »

Il n'a pas l'habitude de donner des conseils et n'attend pas à ce qu'on les suive, lorsqu'il le fait. Il n'en a rien à faire que Yohan les écoute ou pas ; à voir la gueule du mec, il doit se prendre des conseils un peu pour n'importe quoi, mais des choses un peu plus douces que les paroles de Max. Qu'importe. Il n'a pas envie de faire dans la douceur pour se garantir un lit ou alors pour plaindre à Yohan. Il ne le connait pas. Il ne cherche pas à ce que le coréen l'apprécie, encore moins pour une raison plus que fausse. Il n'a pas envie de grand chose, en fait, Max, sauf peut-être qu'un lit chaud, d'un repas, une soupe peut-être, et d'un thé. D'une douche aussi. D'une multitude de choses chaudes. Car Altea a beau être plus chaude que Néphède, il sent encore le froid glacial de son monde qui lui dévore les os. La chose vient certainement de son rhume, sans le moindre doute. Après tout, la chaleur ne le quitte pas sur Néodam, qu'importe si le chauffage est hors service dans la cabane et qu'il fait moins de zéro. Le Shark passe ses nuits à poil, qu'importe le froid qui règne, le corps en ébullition. Il est un radieux ambulant. Sauf depuis quelques mois. Sauf depuis qu'il connait Altea. À croire que son système immunitaire s'est pris une sacrée droite en arrivant ici. Peut-être que les deux mondes, ayant évolués à part l'un de l'autre, ne possèdent pas toute à fait les mêmes maladies. Peut-être que les virus ont été modifiés au fils des siècles sur divers légers détails et que, du coup, son corps ne peut pas totalement se protéger contre le froid des environs, qu'importe le chaud de ce monde. Max ne sait pas. Il n'est pas scientifique, il n'est pas docteur, il s'en fiche de ces merdes. Il morve plus qu'il le faut, sa gorge lui pique énormément et ses yeux lui brûlent, c'est tout ce qu'il a besoin de savoir. Il emmerde le monde pour lui foutre des microbes dans veines et Yohan aussi, par procuration. Qu'il prenne ses conseils ou pas, Max n'en a rien à faire. Il n'hausse pas de sourcils lorsque le coréen marmonne quelque chose tandis que son bras quitte ses épaules et n'est pas blessé par la chose. Tant qu'il lui offre encore un lit, le reste lui importe peu. Dans le pire des cas, Yoahn pleurera de nouveau. Un jour, ll se sortira de sa propre merde lui-même. Max n'aide pas les gens pour ce genre de choses. Dans tous les cas, une pensée de merde est connue pour dire qu'il faut d'abord s'aider soi-même avant d'accepter l'aide des autres ou quelque chose comme ça. Personnellemment, ça lui va, comme manière de voir les choses. Max n'a pas envie d'aider qui que ce soit. La chose est plus épuisante qu'autre chose. Chiante, aussi. Comme les gens, au final ; ils sont épuisants et ils sont chiants.
Il lui lance un regard en coin, donc, les doigts de nouveau dans les poches, qu'importe s'il veut s'allumer une nouvelle clope, et le visage un peu enfouis dans son foulard pour protéger sa gorge déjà trop atteinte.
- profite, j'le fais pas tout le temps ; voire jamais, mais il garde la chose pour lui. Le regard dévie de nouveau et se perd dans les étoiles. Les constellations, il lui semble, sont familières. Il s'agit de la même planète, après tout. Juste dans un truc parallèle. Il en reconnait quelques unes, s'il plisse assez des yeux, la vision moins parfaite qu'il ose le faire croire. Il aurait besoin de lunettes. Il préfère nier la chose et vivre sans. Une grimace déforme ses traits lorsque son hôte lui parle de médecin et le chien fou ouvre la gueule pour, déjà, aboyer, mais l'autre continue et la mention d'un thé capte son attention. Max tourne légèrement son regard vers lui, curieux et presque heureux de la chose, même si son visage ne montre rien de la chose.
- un thé hm ? qu'il dit, malgré lui, incapable de cacher son envie pour, évidemment, ce stupide thé. Yohan lui en propose un, et Max en veut déjà dix. pas de miel, par contre. Les sourcils se froncent un peu plus à la suite des questions et Max tousse un peu, avant de soupirer. Il grimace malgré lui, agacé par les questions qui tombent, pris pour un gosse. ça va, t'es pas ma mère. t'inquiète j'ai mangé - mais il lui faut un moment pour trouver quand exactement il a mangé, car Max mange beaucoup, mais oublie souvent de le faire. Ses journées sont trop remplies. ce matin, je crois. La répons est presque une question. Ma coloc avait fini l'eau chaude j'ai pris une douche froide rapide avant d'débarquer ici, qu'il gronde, au final, sachant parfaitement que sortir dehors la tête humide et froide, à Néodam, n'était pas la meilleure de ses idées. Yohan dira bien c'qu'il vaut, Max n'en a rien à foutre. Il est un adulte, il fait ce qu'il veut. j'te préviens si tu me forces à m'laver les ch'veux pour pouvoir dormir chez toi, j'prends pas d'trucs venant des animaux, d'près ou d'loin. on est encore loin ?
Ses doigts sont froids. Son visage aussi. Sa tête va exploser à cause du mal qui y trouve et il en a marre, en faite, de se racler la gorge encore et encore. Il a besoin de dormir cent ans. Mille ans. Le corps le montre d'ailleurs, car les yeux se ferment légèrement tandis qu'il marche et, sans s'en rendre compte, Max tangue brièvement et percute l'épaule de Yohan malgré lui, avant d'essayer de reprendre pied. Il force son corps à valser de l'autre côté et arrête ses pas lorsque sa main entre en contact avec le mur, froid.
- fuck

un thé hm ? pas de miel, par contre. Yohan lève les yeux au ciel « J’ai dit, pas le droit de grogner. C’est l’élément clé du remède. » Il se fiche bien de l’air saoulé de Max. ça va, t'es pas ma mère. t'inquiète j'ai mangé… ce matin, je crois. Un coup d’oeil à sa montre suffit à lui faire lever les yeux au ciel de nouveau. Ce matin, ça remonte un peu trop à son goût. Il va vraiment falloir qu’il lui fasse avaler quelque chose d’un minimum nutritif pour éviter que Max lui claque entre les doigts à un moment ou un autre. Il mettra Isaiah à contribution, s’il faut : l’aîné a toujours été le meilleur cuisinier de la coloc. Yohan frissonne à la simple idée d’une douche froide, surtout à Néphède, où il fait toujours une température inhumaine. Les rares fois où il s’est retrouvé dans les corps de Malia et Milena, c’est la première chose qui l’a frappé. Il se doute bien que les néphédiens sont habitués à ces températures, mais une chose est sûre : en bon altéan de naissance, il ne pourra, lui, jamais s’y habituer. j'te préviens si tu me forces à m'laver les ch'veux pour pouvoir dormir chez toi, j'prends pas d'trucs venant des animaux, d'près ou d'loin. on est encore loin ? Yohan lâche un soupir d’exaspération : « J’ai dit quoi sur les grognements? » Ce mec est un vrai gamin : il demande à ce qu’on l’héberge, et se donne quand même le droit de donner ses conditions. Insupportable.
C’est encore loin, oui. Oriel, c’est pas la porte à côté, à tel point qu’il est facile pour les habitants de Cosmopolis d’oublier qu’au-delà des ombres des immeubles modernes, des milliers de familles vivent avec quelques stellars par jour seulement. Yohan est habitué à faire le chemin à pied, bien que la route soit longue, et à vrai dire, il ne comptait pas vraiment faire d’exception pour Max, qui à défaut d’avoir deux bras en bonne santé, a deux jambes en parfait état de marche. Mais il suffit de quelques pas de plus pour le forcer à reconsidérer son plan. Max commence à tanguer dangereusement, confirmant à Yohan qu’il est vraiment temps que quelqu’un fasse quelque chose pour lui, qu’il grogne ou qu’il ne grogne pas. « On va prendre le tram. » Yohan se permet - sans vraiment laisser le choix au grand blond - de prendre Max par le bras pour le traîner jusqu’à l’arrêt le plus proche. Il y a du monde à cette heure-là, mais ils ne sont pas nombreux à faire des allers-retours de Cosmo à Oriel, tous les jours. Les habitants des quartiers pauvres vont travailler à Arcadia, à Soho, mais seuls les plus chanceux réussissent à trouver du boulot dans le quartier le plus riche de Central City. Ils vont donc éviter une traversée de la ville ensardinés et transpirants. Tant mieux. Yohan n’est pas vraiment à l’aise - il pâlit un peu quand ils doivent entrer dans l’une des voitures. De nouveau, il traîne Max derrière lui, cette fois vers deux places libres : ce sera mieux pour son invité imprévu, et surtout mieux pour lui-même, qui ne supporte toujours pas de prendre les transports. Yohan regarde l’extérieur en essayant d’oublier qu’il est coincé dans un véhicule qui circule sur des rails et reste silencieux pendant les trente longues minutes de trajet, ne faisant aucun effort de conversation pour Max, ce qui ne lui ressemble pas vraiment. Quand l’arrêt le plus proche de l’appartement est annoncé, Yohan donne un coup de coude à Max, et saute de son siège comme si des ressorts y avaient été installés.
« On a deux rues à traverser. Ça va aller ? » Il voit à l’air du blond que la question seule lui donne envie de rétorquer un nouveau t’es pas ma mère, alors Yohan se contente de se mettre en marche. Il s’abstient de lui proposer un bras de soutien, pour éviter un nouveau grognement. « En vrai, sois sympa avec mes colocs, ok ? » dit-il une dernière fois quand ils arrivent devant l’immeuble. Il indique les escaliers à Max, préférant se mettre derrière lui dans le cas où le plus grand tournerait de l’oeil après quelques volées de marches. « Troisième étage, allez, du nerf. » encourage-t-il d’une voix enthousiaste, en espérant que ça donnera du courage à Max qui ne fait pas franchement le fier à mesure qu’ils grimpent.
« Bravo, tu gagnes une douche avec du savon naturel, non-testé sur les animaux. Heureux ? » Il n’attend même pas la réponse de Max pour ouvrir la porte de l’appart. L’odeur de légumes grillés lui chatouille les narines. « Oh, bordel, ça sent le gratin. T’as bien choisi ton soir, grumpy. » lance-t-il à Max en s’engouffrant dans le grand loft refait pour trouver Isaiah dans la cuisine, en train de saupoudrer de poivre un plat déjà fumant. « J'ai ramené un néphédien grognon et vegan qui n'a pas mangé depuis bien trop longtemps, donc j'espère que y'a la dose. » annonce-t-il sans détour à son coloc un peu interloqué.