special offer ; it's a big deal (gahen)

On dirait un enfant qui découvre le monde. Pas le meilleur des mondes. Sigan est une épée à double tranchant. Gali l'aime autant qu'il la déteste, plus souvent qu'autrement. Et Cahen semble comme un enfant, perdu sur Sigan, à découvrir des milliers de choses en même temps et ne parvenant pas à les comprendre. Il a ce petit côté décallé, pas forcément idiot mais plutôt à côté de la plaque. Comme s'il venait d'un autre monde - ce qui est le cas - et s'il venait du passé, également. Il dégage quelque chose qui hurle le meilleur qui attire les gens, peut-être. Gali peut le comprendre; il possède cette petite chose aussi, depuis qu'il a découvert Altea, depuis qu'il est revenu. Mais Cahen a une touche plus poussée, sur la chose. Ça le rend unique, spécial ; ça lui met une touche exotique, peut-être. Et Dieu sait à quel point les gens veulent les choses qui les intriguent. C'est peut-être pour cela qu'ils tournent autour de Cahen comme un vautour, les gens. Ils veulent ce qu'ils ne comprennent pas. Ils veulent ce qui est spécial, unique, et Cahen l'est certainement. Il a des traces sur la peau aussi, l'âme aussi, et Gali le regarde et le voit, mais se voit aussi. Et c'est pour cela qu'il décide, impose ; non, il ne couchera pas avec les clients. Non, ils ne l'auront pas comme ça. Gali décide pour lui, sachant que Cahen serait capable d'accepter n'importe quoi. La violence, elle n'est pas que physique. Elle n'est pas non plus la seule chose qui laisse des traces à vie. Si les gens de la Terre sont des brutes et que Cahen est habitué à une forme de violence physique, il n'est pas prêt à celle plus sournoise des gens de Sigan.
Ils sont tous des sangsues. Des bouffeurs de temps.
Mais surtout, des bouffeurs d'âme.
Les gens veulent acheter ce qu'ils ne peuvent pas avoir. Et sur Sigan, il y a beaucoup de gens qui ont vendu leur âme depuis bien longtemps. Gali se demande parfois s'il fait parti de ces gens. Puis, il se rappelle. Qu'importe celui qui a acheté son âme, il lui a redonné. Personne n'est capable de la supporter sauf lui.
L'âme de Cahen, elle est toujours là.
C'est une connerie, au fond, cette histoire d'âme. C'est d'une poésie mièvre qui le fait presque rire, Gali, mais ça porte une portion de vérité, un peu, tout de même. Ça donne une image à la chose.
Cahen lui offre un sourire ; un sourire grand, cette fois. Un sourire presque d'enfant ; innocent, peut-être, mais beau, en même temps. Car Cahen est beau. Gali n'est pas aveugle. Son regard s'est attardé sur lui plusieurs fois. Il sait apprécier une oeuvre. Mais il y a quelque chose de particulier, dans ce sourire, qui lui rappelle un instant Scar. Peut-être car il est criant de vérité. Gali ne sait pas réellement. Mais il se permet lui-même un sourire. Un peu plus léger, en coin, mais vrai également.
- Bien sûr oui. Je me renseignerais du coup, je demanderais aux. Murs. Et aux, androïdes. Et enfin, j’me renseignerais. Et pour l’autre bâtiment, j’suis à disposition ouais. Vous avez besoin de soulever des trucs lourds ? Ou de nettoyer des grandes surfaces ou ? Enfin j’peux faire.
Le sourire grandit, sur ses lèvres, à l'entendre parler des murs. C'est quelque chose que Cahen ne comprend pas encore totalement bien, les intelligences artificielles. Il a beau lui avoir dit leurs noms un millier de fois, Cahen les appelle toujours les Murs. Et les IA trouvent la chose amusante, ont l'impression d'être vus comme des dieux et déesses, et le trouvent certainement attachants, alors ils jouent le jeu, avec lui. Même Baby, qui reste si froide et formelle, presque impérieuse avec la plupart des gens, semble porter une attention particulière à leur nouvel animal de compagnie.
- Un peu tout ça, oui. On a beaucoup de rénovations à faire, de reconstruction, et de meubles à jeter. On a pas encore pris la peine de faire une liste de tout ce qu'il y a à faire, mais il y a beaucoup. On aura besoin de bras comme les tiens, mon joli.
Il accompagne ses mains qu'une poigne solide contre l'un de ses biceps, et d'un clin d'oeil suivi d'une mine exagéremment impressionée.
- tu pourras y avoir un emploi aussi, une fois qu'il sera ouvert. y faire le ménage aussi, si tu aimes tant nettoyer, cendrillon. peut-être même que j'achèterais du matériel de ménage spécialement pour toi et qu'on te fera un uniforme de bonne. dis moi, babyboy, tu penses quoi des jupes ? ou des shorts courtes ?

Cahen voit Gali sourire, et ça l’étonne, un peu. C’est pas vraiment que Gali sourit pas souvent, après tout, Cahen en sait rien. Ce qui est sûr, c’est que lui, l’a rarement vu sourire. Et ce sourire, il est presque moqueur. Cahen comprend pas pourquoi. Après tout, pour une fois, il a rien dit qui pourrait entraîner moqueries, si ? Boarf, c’est pas grave. Après tout, si Gali veut se moquer, qu’il le fasse. Cahen a cette impression assez particulière, assez agréable, que même s’il venait à réellement se moquer, ce serait jamais vraiment méchant. Gali est pas quelqu’un de méchant. Vraiment pas.
Le premier jour où il est arrivé, Cahen était en total état de choc. Mais le deuxième, il a commencé une toile. Il l’a bientôt fini, ça fait un mois qu’il travaille dessus. De savoir qu’il était proche de Mélia, et enfin la voir, ça l’a motivé. Cette toile, c’est Gali, l’Illusion, son grand couloir, et Gali derrière le comptoir. Dans sa splendeur habituelle. Sur la toile, on voit que lui. En vrai, les gens doivent le voir que lui aussi, pas vrai ? Gali fait partie de ces hommes qui attirent le regard automatiquement. Ceux qu’on repère, même dans une salle bondée, Cahen en est sûr. Gali le fait un peu penser à Mélia, ce jour là, sous la douche. Il ne la regardait pas comme une femme, mais comme une image. Avec Gali, c’est un peu pareil. Cahen arrive pas à déceler sa beauté en tant qu’homme, mais en tant que modèle, il a aucun soucis.
Peut-être qu’il aurait dû lui demander, avant de le peindre. Mais comme il compte lui donner la peinture, une fois terminée, c’est une surprise, un peu. Et puis, s’il comptait la garder, il comprendrait que ce soit dérangeant. Mais pour la donner, ça ressemble presque plus à une commande, qu’à une envie personnelle. Oui, c’est ça qu’il se dit.

Gali finit par répondre, sortant Cahen de ses pensées de pinceaux et de couleurs. Il hoche la tête, comme un enfant à qui on vient de donner un ordre. Mais le sourire sur ses lèvres contredit le fait qu’il le ressente comme ça, un ordre. Cahen est heureux de pouvoir aider, est content de pouvoir être d’une quelconque utilisé à Gali. Parce qu’il est là depuis un moins, et qu’à part faire le ménage, il cherche encore mille et une façon de le remercier de l’avoir accueilli, de lui avoir présenté quelqu’un pour le tatouage de temps, lui avoir proposé travail, logement. Il est encore loin, très, très, loin, de l’avoir assez remercié.
Cahen rigole, à la pseudo-grimace de Gali, en réaction à la dureté de ses bras. Il lèverait presque les yeux au ciel, mais le fait pas. Pas qu’il le fait jamais, mais ça lui rappelle un peu trop Seth. Il lève souvent les yeux au ciel, quand il est avec Seth. Très, très, souvent.
Ce qu’il dit enfin le fait sourire. Il pourra y faire le ménage, c’est cool. ll aime avoir cette responsabilité, d’être certain que les personnes qui viennent se sentent bien, dans un endroit, sans la peur de quelconque bactéries liées à la saleté. Cahen aime se dire que ce serait grâce à lui.
La suite de sa phrase le fait froncer les sourcils, et ouvrir la bouche, en un wtf silencieux. Un costume ? Une jupe ? Un short ?
Cahen y’a un mois, aurait pris ça au premier degré. Cahen aujourd’hui aurait tendance à le faire aussi, mais il réfléchit, avant de répondre quoique ce soit.
C’est Gali, et Gali, il aime bien, faire des blagues, ou dire des choses au dixième degré. Il aime se moquer gentiment aussi. Alors, alors c’est ce que c’est, pas vrai ? Un moyen pour gêner gentiment Cahen et jouer sur sa naïveté, c’est ça ?
Ou alors, il le pense vraiment ?
Cahen veut surtout pas assumer que c’est une blague, surtout si ça se révèle pas en être une. Ce serait une catastrophe, et Gali pourrait lui en vouloir, d’avoir moqué ses idées comme ça, aussi facilement. Cahen se dit que c’est toujours mieux de passer pour un naïf, que de contrarier le boss, surtout quand il s’avère être gentil, comme l’est Gali actuellement.

Bien sûr, je continuerais le ménage, je m'appliquerais à la tâche. La jupe, though. Et le, le short… Je suis vraiment pas sûr que ça m’aille, vraiment. Vraiment pas sûr.

Il sourit, désolée.
Si Gali insiste, cela dit, peut-être qu’il pourrait finir par essayer, oui.

Le sourire grandit sur ses lippes, à voir la tête que Cahen tire directement en entendant ses mots. Gali essaie de garder son sérieux, au travers du sourire. Il aime jouer. Et Cahen est souvent pris au jeu. Peut-être est-il réellement naïf ou idiot - qu'importe, sa beauté l'excuse - et son patron ne peut s'empêcher de jouer un peu avec lui à chaque fois. Avec des petites phrases et des petits mots par ci par là, assez pour essayer sa confusion et les questions dans ses yeux. Car Cahen mord si facilement, mais si facilement à l’hameçon. Peut-être qu'il se lassera, avec le temps. Depuis un mois, la chose n'a toujours pas eu lieu. Même les filles s'en amusent de manière affectueuse. Il est comme un enfant auquel on peut faire croire n'importe quoi. Gali trouve la chose aussi attendrissante que surprenante, et triste un peu. Il est heureux d'être tomber sur le jeune homme, devant l'illusion. Il se souvient de la colère qu'il a ressenti, ne le voyant là, à faire peur aux clients, et à cette envie si forte qu'il a ressenti de le faire dégager le plus loin possible pour qu'il ne perde pas des ventes. Il se souvient avoir presque appelé la police. Gali est heureux de ne pas l'avoir fait, maintenant qu'il connait le blond. Il ne l'imagine pas entre les mains de gens dangereux. Il ne l'imagine pas entre les mains de gens qui pourraient lui vouloir du mal. Il sait, sans le moindre doute, qu'il a certainement échappé au pire. L'illusion n'est pas le meilleur des endroits au monde, certes, et ce pour un grand nombre de gens, mais ce n'est pas l'enfer. Certains pourraient même qualifier l'endroit de paradis, selon leurs désirs.
À chacun son mot à dire.
Gali les écoute avec son entière attention, malgré lui. Mais avec moins de naiveté que Cahen, très clairement.
Le sourire désolé qu'il offre à Gali lui apporte presque un fou rire. Mais le siganais se contente d'un léger sourire en coin, bien contenu.
- Bien sûr, je continuerais le ménage, je m'appliquerais à la tâche. La jupe, though. Et le, le short… Je suis vraiment pas sûr que ça m’aille, vraiment. Vraiment pas sûr.
Le sourire grandit et finit en léger rire. Gali secoue la tête légèrement, le rire lui secouant les épaules, une lueur amusée dans l'oeil. Ça lui fait bien, mine de rien, cette conversation. Ça lui fait oublier pendant quelques minutes ce qui est arrivé il y a quelques jours et ses inquiétudes permanantes pour Ajay. Ça enlève un poids sur son coeur pendant quelques instants, et ça fait du bien.
- merci cahen, qu'il le remercie, même si le blond ne va certainement pas en comprendre la cause. Derrière lui, la clochette de la porte retente, et Gali détourne le regard pour dévisager l'escalier, attend quelques secondes avant de voir un client se présenter au comptoir.
L'italien lui fait un signe de la main, avant de regarder Cahen de nouveau.
- allez, je te laisse à ton balai, cendrillon. fais bien ça, d'accord ? t'es un ange.
Un clin d'oeil, une bise sur la joue - ou deux, connaissant Gali - avant qu'il ne retourne à sa place, derrière le comptoir.