((marilhéa)) she wore moonlight like lingerie

huitième anniversaire, demoiselle drapée de ses plus beaux vêtements pour l’occasion – c’est juste la déception qu’elle porte le mieux sur son faciès de poupée. énième soirée mondaine qui n’a rien à voir avec un anniversaire d’enfant – adieu les ballons, les couleurs, les enfants – tout n’est qu’adultes, champagnes et petits fours. et elle se croyait seule gamine de l’assemblée jusqu’à croiser le regard de cette âme perdue qu’elle attira à elle comme un aimant. nashoba, petit aux yeux lunaires, complices des méfaits exécutés lors de cette soirée ; complice d’une nuit demeurant complice d’une vie. nashoba qui s’ancre en elle comme l’ancre d’un navire. point de repère tel un oasis en plein désert dans cette société où elle ne se sent pas à sa place.

vie si monotone malgré les couleurs si flamboyante – train de vie aux habitudes bien fondées, bien ancrées qui commencent à devenir détestable aux yeux de marilhéa. petit oiseau piégé dans sa si belle cage dorée. victime de l’opulence de sa famille, elle se voit traîner comme un vulgaire pantin dans les soirées mondaines de la haute – se mettant à détestée quiconque voulant l’approcher pour son nom si réputé. et du haut de ses quatorze ans, mari ne se sent pas à sa place. gamine à la vision trop développée, elle ne cesse de vouloir toucher les étoiles quitte à se brûler les ailes. parce que la fureur de vie grouille en elle comme un feu sacré, mari ne se sent plus qu’en sécurité dans les rues malfamées d’oriel plutôt que la mère cosmopolis – mari qui porte si bien son insolence et son indécence dans les couloirs du manoir familial, mais qui se porte si convenablement dans les rues de la ville. enfant aux deux visages, elle donne l’impression à ses parents qu’ils la dominent alors qu’elle est, au contraire, maître de ce jeu. parce qu’elle sait, que si elle déborde de trop, ils perdront tous les trois. alors sa quête de liberté se fait dans le plus grand des secrets. escapades nocturnes et sorties improvisées, elle échappe trop de fois à la vigilance de ses parents qui se reposent sur quelques pièces de satin dorées.

et c’est lors d’une de ses virées non autorisées, qu’elle tombe sur l’être destiné. petite vague à l’âme, elle croise ce jeune homme au détour d’une ruelle – conversation étrange, sensation d’un débordement de soit, une promesse lancée et la rencontre fût si brève qu’elle crût à un rêve, jusqu’à ce qu’elle croise de son regard, cette petite vague dessinée à l’encre noire près de ce cœur tiroir.

la promesse ne fut pas respectée,
pire, la traîtrise n’en fut que plus douloureuse lorsque la marque fut touchée. une volonté de briser cette marque, marilhéa n’en ressort qu’avec plus de colère grondant en elle. part d’ombre qui se réveille à des moments inattendus.

la vingtaine bientôt terminée, c’est après une nuit passionnée qu’elle perd la chose la plus précieuse à ses yeux,
si au départ, ce n’était qu’une soirée qui s’était plutôt bien dérouler, elle se termina dans un bain de sang.
outre l’argent, les choses de valeurs qu’elle pouvait posséder sur elle, sa virginité donnée, la seule chose qu’il ne fallait pas toucher était ce pendentif à la pierre précieuse d’un rouge sang qu’elle portait depuis ses onze ans autour du cou. cadeau légué par la seule personne qui comptait plus que sa propre personne, sa nounou – et voilà que cet inconnu l’avait dépouillé de l’unique trace de cette nounou tant aimée.
et c’est avec une rage nouvelle, qu’elle avait déterré les vieux rats d’oriel à la recherche de cet homme et de son précieux – mais rien. aucunes traces, comme disparûs. et plus les mois passaient, plus la gamine perdait espoir de remettre la main sur cet enfoiré.
la frustration est si grande que pour s’en débarrasser, la gamine s’amuse à monter sur des scènes improvisées – si les premières fois sont désastreuses, marilhéa montre une force à encaisser les coups avant d’apprendre à les rendre dix fois pires.
et si elle est teigne depuis son adolescence, elle le montre encore plus une fois en face de son adversaire. les raclées s’enchaînent et les mouvements sont appris, gravés – jusqu’à ce qu’elle apprenne à le faire. et elle se montre beaucoup plus coriace qu’elle n’y paraît – derrière l’apparence de petite princesse, le feu s’embrase.

et si au départ, ce n’est qu’un moyen pour passer sa frustration et canaliser cette colère grondante, mari y prend goût, demande conseils à quelques mecs du milieu qui la remballent, car trop princesse – mais le début de son histoire se fait lorsqu’elle accompagne eiji au rapture club. royaume de la nuit, l’enfant demande conseil à l’ami pour pouvoir, un jour prendre place sur ce ring –

et lorsque sa peau ne se teinte pas de couleurs du ciel, quand sa bouche ne goûte pas l’âcre douceur du sang, marilhéa s’endort sur les bancs de son université – avec la simple idée que la fortune de son nom de famille la dispense de faire des études pour travailler.

vingt-quatrième année sulfurante, débordante –
la flamme d’or qui ne s’éteint pas, elle s’imagine dans les draps d’inconnus, existe dans les bras de clyde – arbore son amour pour la vie en un sourire solaire sur les lèvres. qui se soigne aux côtés de cette famille dessinée par leurs mains. fabrique et détruit de ses mains des choses venues d’ailleurs. bonnie qui devient maîtresse des coups (de poings et de putes) ; qui quitte la panoplie de la sauvage pour se vêtir de celle de bonne famille le temps de soirées mondaines si détestée dans l’enfance ; enfant aux deux visages qui renouent peu à peu avec la famille délaissée au profit d’une quête à l’existance.