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 no one is connecting (johaïna)

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Il avait imaginé pleins de choses concernant les raisons qui avaient poussé son frère à partir. Il se doutait que la famille n’y était pas pour rien, qu’il avait voulu prendre son indépendance, loin de cet univers qui n’était pas vraiment fait pour lui. Il s’était aussi imaginé ce qu’il avait fait tout ce temps, où est-ce qu’il était allé, où est-ce qu’il habitait, avec qui il était. Ouais, il avait créé tant de scénarios mais aucun ne s’était réalisé. C’est ce qu’il réalise alors que son regard se perd sur les craquelures de la peinture des murs. Et il comprend pas Gab, pourquoi son frère les a quitté pour vivre là-dedans et devenir un petit dealer minable. Il comprend pas et Nath veut pas lui expliquer, encore trop énervé après sa venue surprise. Et Gab aussi il lui en veut, de l’avoir laissé pour devenir un moins que rien. S’il avait su, il serait sûrement jamais venu le chercher et l’aurait laissé pourrir dans son coin. Parce que pour Nath, il avait tout lâché : sa carrière, sa vie entière. Et quand il lui avait dit, Nath avait osé lui répondre qu’il lui avait jamais demandé, qu’il avait jamais voulu qu’il le retrouve. Et d’y repenser, ça le fait bouillonner, lui donne envie d’abattre son poing sur le nez de son frère (encore une fois). Alors il se lève du canapé et s’en prendre le temps de prévenir, il se tire. Faut croire que c’est de famille.

Il est déjà loin, déjà perdu quand il se rend compte qu’il a pas pris son téléphone, qu’il a aucun moyen de revenir sur ses pas sans se tromper de chemin. Il observe le quartier quand dans le fond de ses tripes, y’a cette sensation dérangeante mais familière qui s’installe doucement. Et puis y’en a une autre, perturbante, qui lui fait dire qu’il a déjà vu cet endroit quelque part. Pourtant, il sait qu’il y est jamais venu. Mais elle si. Il saurait pas l’expliquer mais il le sait, il le ressent dans le creux de son ventre, à cette chaleur qui l’engouffre. Et avant qu’il ait le temps de s’en rendre compte, elle est là. Ou plutôt, c’est lui qui est là, devant elle, les néons se noyant dans la blondeur de ses cheveux et l’azur de ses yeux. « Quoi ?! Pourquoi tu m’dévisages comme ça ? T’imagines pas des trucs, j’me suis juste perdu et j’ai atterri là ».

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Nath a essayé d’me parler et j’crois que ma réaction l’a calmé – j’veux plus jamais voir sa gueule. Et c’qui m’énerve le plus c’est de pas savoir pourquoi j’lui en veux. Parce qu’il a menti ? J’en ai rien à foutre de ça. Parce qu’il vient d’une famille riche ? J’ai les poings qui se crispent, le regard qui s’assombrit.
Parce qu’il a toujours vécu dans le luxe et l’abondance quand y a des gens qui crèvent ici ?
Pas que j’sois particulièrement sensible, Sevs m’a toujours dit que j’étais qu’un monstre sans sentiments. Mais j’peux pas m’empêcher de les détester pour ça. Pour la simple raison qu’ils existent. Et que peut-être, dans un autre monde, j’aurais pu être à leur place. Si maman avait pas été orpheline. Si elle s’était entichée d’un autre. Si. Si, si, si. Mais j’m’en fous, des si. Tout c’que j’sais, c’est que j’suis ici. Et que j’voudrais être ailleurs pour rien au monde. Parce que y a la colère, y a la haine, y a la rage,
la rage de vivre.
C’est tout c’que j’ai toujours connu et c’est tout c’qui m’a toujours maintenue en vie. Les gens de New Brasilia, ils connaissent pas ça. Nous, si. Et j’suis persuadée qu’un jour, c’est grâce à ça qu’on va les fracasser. Et que j’pourrai prendre un malin plaisir à regarder Nath et son affreux frère droit dans les yeux, quand tout c’qu’ils ont toujours connu s’effondrera. Quand ils auront plus nulle part où se réfugier, plus de draps chauds et réconfortants dans lesquels s’engloutir. Plus rien, le néant.
Parfois j’me dis que j’aimerais bien le connaître, ce fameux néant – et ma mère qui me dit que j’suis folle. Elle comprend pas tout ça, y a que mon père qui comprend. Sûrement parce qu’il connaît ça, lui. Le corps réduit en miettes à plus savoir qu’en faire. Même la technologie et les membres artificiels ont rien pu pour lui, c’est pour dire à quel point ils ont fait fort.
Au moins il est en vie, c’est c’que j’me dis.
En vie jusqu’à c’qu’un connard vienne le buter.

J’allume une clope et j’laisse mes pas me traîner jusqu’à l’appartement. Il est miteux cet appart, c’est pas le QG, loin de là. Mais j’pouvais pas continuer à y rester. Trop dangereux qu’il a dit, Loan. J’pense que la vérité, c’est qu’il a peur. Peut d’une descente de flics. Peur que j’me retrouve mêlée à ça. Et ça m’énerve quand il agit comme ça, ça m’énerve quand il essaie de m‘protéger comme ça. J’ai grandi, il le sait, et il m’a pas laissé le choix faut dire. Il m’a pas laissé le choix quand ils m’ont ordonné de me trimballer dans toute la ville avec les poches remplies de Joker’s. Il m’a pas laissée le choix quand il m’a envoyée récupérer les armes au milieu des flics, à tout juste douze ans.
Il m’a jamais laissée le choix. Et c’est trop tard pour les regrets.
J’serre les doigts un peu plus fort autour du tube de tabac et me fige quand j’le vois. Et que j’comprends que les ennuis font que commencer. J’ai la remarque, acide, qui grimpe le long de ma gorge – mais il me laisse même pas le temps de l’envoyer se faire foutre, ce con. « Quoi ?! Pourquoi tu m’dévisages comme ça ? T’imagines pas des trucs, j’me suis juste perdu et j’ai atterri là. » « C’est ça ouais. » Ok, j’manque peut-être un peu de répartie aujourd’hui. « Et si t’allais te perdre ailleurs, hein ? C’est pas un lieu pour toi ici. » C’est pas un lieu pour toi Casma. C’est pas un lieu pour les riches comme lui et ça m’fait enrager de l’y voir.
Le ghetto, c’est tout c’qu’on a, ils ont rien à foutre ici.
« Tire-toi. » Tire-toi avant qu’j’ai l’envie de te crever. « Prends ton frère et tirez-vous. » Tirez-vous dans votre prison dorée comme si tout ça c'était qu'un jeu. Comme si notre vie c'était qu'un jeu.

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J’aurai dû rester chez moi et pas me lancer comme un con à la poursuite de mon frère. Après tout, il est majeur et vacciné, s’il a pris cette décision, il est capable de l’assumer tout seul. Puis j’pense qu’il a été assez clair sur le fait qu’il voulait pas de moi. Qu’il me voulait plus dans sa vie. Franchement, quel connard. J’sais pas ce qu’il a raconté pour se faire une place dans un gang mais certainement pas que c’était un gosse de riches qui a grandi avec une cuillère en argent dans la bouche. Ni que sa famille détenait l’une des plus grosses fortunes du pays et qu’avec simplement le quart de ce qu’elle possède, on pourrait faire vivre des siècles tout un quartier. Non ça, il a pas dû leur dire Nath. J’ai pas voulu le savoir en vrai parce que j’sais que j’fais pas partie de sa nouvelle histoire. Il m’a effacé comme le reste, aussi facilement qu’on arrache une page raturée. Mon frère est un connard et moi j’suis le con qui est parti le chercher pour le ramener à la maison. Au moins, j’ai pas promis à ma mère que j’allais le faire, juste que j’allais essayé. Au pire, j’peux l’assommer ou lui refiler de la drogue pour le mettre k.o quelques heures, juste le temps d’appeler un chauffeur, de le fourrer dans la voiture avec ses affaires et retourner au bercail. C’est faisable puis j’pense que ça arrangerait tout le monde. Sauf lui mais après tout, c’est de sa faute si on en est là et certainement pas de la mienne.

Franchement, il s’imaginait quoi ? Ça aurait fini par se savoir qu’il vient pas du ghetto. Suffit voir de sa tronche pour deviner qu’il a été élevé dans la dentelle et pas dans la rue. J’me suis retenu de lui rire au nez quand je l’ai vu avec cette gonzesse et d’lui dire « vraiment Nath, t’as pas trouvé mieux ? ». Faut dire que les gars en face ont été suffisamment débiles pour croire que c’était un habitué. Et j’repense à la gueule qu’elle a tiré la blondinette en me voyant débarqué et brisé son petit monde, démantelé le mensonge de mon frère devant ses beaux yeux. Elle nous avait regardé comme elle le fait maintenant, avec des pulsions meurtrières. Si j’avais pas dix bonnes têtes de plus qu’elle, j’serai peut-être parti en courant à la minute où je l’ai vu. Et si y’avait pas ce truc étrange entre nous qui nous lie pour la fin des temps. Enfin, jusqu’à la fin de l’un ou de l’autre. « – Et si t’allais te perdre ailleurs, hein ? C’est pas un lieu pour toi ici.Eh doucement, j’fais finir par croire que tu t’inquiètes pour moi » que j’lui réponds sans bouger de ma place, le cul vissé sur la marche qui a l’air de mener – du moins je suppose – jusqu’à son appart. « On t’a jamais dit que c’était pas bien de juger les gens sans les connaître ? Oh mais laisse-moi deviner, t’en as rien à foutre, c’est ça ? ». J’rigole plus pour moi-même parce qu’elle, elle a le visage figé dans cette moue renfrognée de la meuf qui se fout de tout, même de crever sur place.

« – Tire-toi. Prends ton frère et tirez-vous.Moi j’demande que ça ». J’lève les paumes comme pour lui attester de ma sincérité, « j’ai pas demandé à venir là. D’ailleurs j’sais pas ce que je fous ici puis c’est pas de ma faute si vous avez été assez con pour croire que Nath ferait un bon dealer. T’as pris le temps de regarder sa gueule ou ça aussi tu t’en foutais ? ». J’sais pas pourquoi, y’a cette sensation bizarre qui me dit que y’a une part d’elle qui s’en fiche pas totalement, que cette histoire avec mon frère, ça l’emmerde plus que ce qu’elle veut bien l’admettre. « Celui qu’il faut convaincre de partir, c’est Nath, pas moi. Moi j’pars juste pas sans lui. Donc s’il reste, moi aussi ». Et j’crois que c’est vraiment la pire idée que j’ai jamais eu.

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Ca pulse dans mes veines, ça pulse dans mon cœur. Un jour, Sevs, elle m’a dit que c’était dommage – que c’était dommage tout ça. Que j’sache rien ressentir d’autre. Que la haine, que la colère, ça soit suffisamment fort pour prendre le pas sur tout le reste. Elle, elle trouve ça dommage. Pas moi. Parce que c’est grâce à ça que j’vis. Parce que j’pense pas que j’pourrais vivre sans ça.
Parce que c’est bâtard ils ont buté mon père – même s’il est encore en vie.
Et maintenant y a le problème Nath. Norlene, elle dira probablement rien, mais j’l’ai vu, son regard. Et c’est probablement à moi qu’elle va plus faire confiance. Même si elle s’en fout d’tout ça, qu’elle préfère me laisser gérer. Même si j’sais que Nath fera rien, parce qu’il sait rien. C’est la même chose. J’me sens con et ça m’enrage. J’me sens con et j’veux plus jamais voir sa sale gueule de ma vie.
Ni celle de son frère d’ailleurs, qui semble pas vouloir bouger son cul. Ca fait des années que j’prends soin de l’éviter, c’est pas pour qu’il se ramène jusque devant ma porte.
Mais ça j’veux pas y penser (j’veux pas découvrir la vérité).

« Eh doucement, j’fais finir par croire que tu t’inquiètes pour moi. On t’a jamais dit que c’était pas bien de juger les gens sans les connaître ? Oh mais laisse-moi deviner, t’en as rien à foutre, c’est ça ? » « Mais ferme ta gueule. » J’en ai rien à foutre ouais, et j’sais même pas pourquoi lui il aurait quelque chose à foutre de c’que j’pense. Sûrement qu’il a trop pris l’habitude d’avoir tout c’qu’il voulait. Comme tous les autres gosses de riche. Ces gamins qu’j’observais la tête basse quand j’étais enfant – que j’toise droit dans les yeux maintenant.
Y a une époque où j’avais honte d’être moi.
Maintenant j’ai honte pour eux.
La pitié, elle a jamais eu sa place dans tout ce merdier. Et j’vais pas perdre mon temps à essayer d’les comprendre. Dans le fond, ils sont juste tous pareils. Capable de piétiner n’importe qui pour s’enrichir. J’suis pareille ; mais au moins j’le cache pas. « D’ailleurs j’sais pas ce que je fous ici puis c’est pas de ma faute si vous avez été assez con pour croire que Nath ferait un bon dealer. T’as pris le temps de regarder sa gueule ou ça aussi tu t’en foutais ? » J’force un sourire sur mon visage, mais y a pas de chaleur, et j’sais qu’il va pas s’y tromper. « Oh il t’a pas dit pourquoi on l’a recruté ? Dommage. » J’hausse les épaules. On a tous nos fantômes – Nath aussi. Quand il est arrivé, y avait guère plus qu’une ombre sur son visage. L’ombre du passé qu’il veut pas dévoiler. Nath le fantôme qui vient d’nulle part.
Nath le menteur qui vient d’New Brasilia.
Ca enfle encore un peu plus dans ma poitrine, la bombe sur le point d’exploser. J’le toise, tâche claire dans cet océan de noirceur. J’le toise et j’ai le rictus qui grimpe aux lèvres. « Et t’as pas compris qu’il veut pas rentrer avec toi ? » Ça m’étonnerait même pas qu’ils aient oublier c’que c’est la famille, là-bas. Trop occupés à compter le temps qu’il leur reste. « Mais si tu tiens tant que ça à rester avec lui, on peut t’offrir son corps en pièces détachées, c’est plus facile à transporter. » J’prends même pas la peine de camoufler la menace, me contente de l’observe, visage maintenant inexpressif.
J’veux juste qu’il se casse. J’veux juste qu’il me croie et qu’il prenne peur. Parce qu’au fond, j’la connais très bien la vérité. La vérité c’est qu’il me suffirait de dire à Norlene que j’le veux mort pour qu’elle se charge de tout. Sans qu’on ait à se salir les mains, ni l’une ni l’autre.
Et pour le coup, la perspective me paraît presque tentante. Me débarrasser de lui une bonne fois pour toute, faire disparaître les regrets. Me débarrasser d’eux une bonne fois pour toute, faire disparaître le dégoût.
Elle a peut-être pas tort Sevs, finalement – j’suis qu’un monstre sans sentiments.

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J’peux comprendre qu’elle en veuille à Nath et qu’elle ait envie de le descendre. De ce côté-là, j’peux en vouloir à personne parce que y’a un an, la seule envie que j’avais, c’était de lui encastrer la tête dans le mur. J’étais plein de colère, de haine contre lui et j’aurai jamais cru pouvoir ressentir ça pour lui. Ajoutant la déception et la tristesse, un cocktail molotov s’était mélangé sous ma poitrine pour exploser précisément le soir où pour la première fois de ma carrière, j’avais perdu un match. Mon père m’avait ramené à la maison en vociférant que j’étais qu’un bon à rien, un enfant pourri gâté à qui on avait toujours cédé, toujours tout donné et que par-dessus tout, il n’avait jamais eu aussi honte de toute sa vie. Arrivés à la maison, il avait continué à hurler sa frustration et sa fureur, son exaspération d’avoir un fils comme moi et qu’il m’avait pas élevé comme ça. A bout, j’lui avais rétorqué que c’était trop tard pour vouloir refaire mon éducation, qu’il avait qu’à s’en préoccuper quand j’étais gosse. C’est là qu’il a dégainé la claque. Ça avait résonné dans toute la maison, entraînant le silence dans son sillage. Et tout est remonté comme le magma d’un volcan. J’ai attrapé le premier truc qui se trouvait à ma portée et je l’ai éclaté par terre.  Adieu le vase de grand-mère. Adieu les cadres, les photos de famille. J’aurai pu rire de la triste image que ça renvoyait de notre famille, j’aurai pu si la colère ne me bouffait pas. J’avais fini dans la chambre de mon frère et rien n’avait été épargné. Et j’me souviens avoir voulu qu’il soit là juste pour qu’il puisse regarder impuissant, tout ce que j’avais détruit. Comme lui l’avait fait en partant. J’aurai voulu qu’il soit témoin du cataclysme qu’il avait soulevé en claquant la porte comme un lâche.

Alors j’peux comprendre, la colère au bide, la rage dans le poing, j’peux comprendre tout ça. Et pourtant ça me tiraille, y’a toujours cette envie traitresse de vouloir qu’il revienne à la maison, de lui faire entendre raison et de le protéger alors que putain ! il s’est foutu dans la merde tout seul. Alors pourquoi quand elle parle de lui, ça m’énerve ? Parce qu’elle sait elle, pourquoi Nath il est là. Enfin, à moitié. Mais c’est toujours plus que moi. Et ça j’le supporte pas. « Oh il t’a pas dit pourquoi on l’a recruté ? Dommage ». J’l’entends à sa voix qu’elle jubile de mon ignorance. Elle y prend tellement plaisir que y’a les coins de sa bouche qui cherche à s’étirer, qui cherche à me narguer. « Et t’as pas compris qu’il veut pas rentrer avec toi ? ». J’me relève et descend la marche pour m’approcher d’elle. Ça me tord le bide et j’comprends pas pourquoi. J’préfère penser que c’est de l’entendre avec ce ton haineux et cette assurance froide me dire qu’elle aurait aucun remord à tuer mon frère. J’préfère me dire que c’est ce malaise qui plane et pas ce truc incompréhensible.

J’la regarde et j’sens toute cette aversion qu’elle éprouve pour moi. J’le sens juste, ça me revient dans la gueule, ça pulse dans mes veines, contre mes tempes. « T’as juste la haine de t’être fait avoir comme une bleue. C’est pas d’la faute de Nath si vous avez gobé tous ses mensonges. En fait, c’est même pas d’la tienne, Nath est un menteur né, c’est comme ça qu’on les élève les gosses chez nous. C’est pas si différent de chez vous, sauf que la fortune est pas la même. Quoi que, connaissant mon frère, il a pas choisi le petit gang de quartier donc tu peux parler, haïr le fait qu’on soit blindé mais qui sait combien tu caches dans ton petit appart’ pourri ? T’es pourri jusqu’à la moelle. Comme nous. Tu veux juste pas l’admettre ». Mes yeux glissent jusqu’à son poignet qui tient sa clope, oubliée entre ses doigts. Sous sa manche brillent les chiffres de son compteur. A peine de quoi tenir la journée.

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J’sais pas pourquoi ça me fait tant plaisir de lui faire du mal. J’sais pas pourquoi j’ai envie d’le blesser. J’sais pas pourquoi, c’est comme si y avait quelque chose. Un combat qu’j’ai pas envie d’perdre. Comme si pour gagner fallait mettre l’autre à terre. Comme si ça me tuerait de le laisser gagner.
Et quand il s’lève, j’sens que la balance penche de mon côté. Pas coulé, mais touché quand même ; et son regard qui veut tout dire. Le regard que j’lui rends, pas effrayée par ses centimètres en plus. Au moins il mesure pas deux mètres et est pas aussi baraqué que le gars de l’autre fois ( gars qu’est reparti la queue entre les jambes au passage ).
C’est pas d’la peur que j’ressens quand j’le toise, rien d’plus qu’une légère indifférence à l’arrière-goût de victoire.

Et les mots crachés avec haine, que j’le laisse déverser sans émettre la moindre objection. J’lui laisse même pas le plaisir de m’atteindre, froide comme un glaçon, la colère évaporée. Et la cigarette qui laisse tomber ses cendres, me rappelle son existence. Cigarette que j’porte à mes lèvres dans le silence le plus total, à peine percé par les bruits de la ville.
C’est comme si y avait plus rien, comme si y avait plus que nous, dans cette bulle étanche. Et le pique qui refait surface, la colère, chaleur réconfortante. « C’est faux. » Braises agitées qui rallument lentement le brasier. Mais c’est pas sa faute, pas totalement ; ou alors sa faute pour exister. « Tu la connais la vraie différence ? J’sais que j’suis pourrie, que y a plus rien à sauver. Et j’en ai rien à foutre. J’tente pas d’la camoufler sous des tapis dorés. J’en ai rien à battre que les gens le voient. » Parce qu’on est tous un peu pourris, ici bas, parce qu’elle est gangrenée, Casma, qu’on pourra jamais rien en tirer de bon.
Quand t’es né ici, t’es foutu – c’est la règle.
J’tire une nouvelle latte, j’laisse mon regard se promener aux alentours, dans les zones d’ombre, cet océan de noirceur, à peine percé de taches blanches diffuses. J’jette un regard à tout ça, à ce monde – mon monde – et j’me dis que finalement, j’préfère être ici qu’ailleurs, j’préfère être ici que là-bas. Au moins ici, on m‘demande pas de m’cacher derrière un masque de loup.
Même si j’le fais de moi-même.
« Quoiqu’en fait si. Ça m’arrange, qu’on le voit. » Les monstres savent se reconnaître entre eux de toute manière alors à quoi ça sert ?
J’écrase le mégot sur la rampe délabrée de l’escalier, pour jeter le déchet par terre. « Casse-toi. J’te le répèterai pas. » Faudra pas pleurer si tu t’fais tabasser en rentrant. Mais ça j’le garde pour moi ; au cas où il pense que j’m’inquiète quand tout c’que j’espère, c’est qu’il se fasse effectivement tabasser. Mais pas par moi. Et j’trouve que j’ai déjà été suffisamment patiente avec lui – suffisamment généreuse d’pas avoir pris son bras pour un cendrier.  
Parce que y a ce truc inexplicable, inexprimable. Ce truc qui m’pousse à le haïr ; mais qui retient mon bras quand tout c’que j’voudrais, ce serait de le lui balancer dans la gueule. Y a ce truc que j’comprends pas, que j’veux pas comprendre, que j’préfère ignorer comme s’il avait jamais existé.
Et peut-être qu’un jour, il cessera effectivement d’exister. Peut-être qu’un jour, elles vont enfin disparaître, les voix dans ma tête, qui distillent leur poison dans mon cerveau. Les démons hurlant qui m’entraînent plus loin, me rapprochent chaque jour des portes de la folie.
J’espère juste que ça arrivera avant qu’il soit trop tard.

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J’voudrai lui demander ce que j’ai fait pour qu’elle me déteste autant mais j’crois que j’ai la réponse. Elle l’a très bien dit, on vient pas du même monde. Le sien c’est la rue, la misère et la survie. Le mien, c’est les grands boulevards aux vitrines étincelantes, le fric en abondance et l’oisiveté. Mais y’a pas que ça. Y’a pas que son aversion pour les gosses de riches, c’est pas que la faute à Nath, c’est pas dû qu’au fait que j’suis arrivé de nulle part pour lui renvoyer dans la gueule qu’elle a merdé avec mon frère. C’est autre chose, plus compliqué. C’est ce truc qu’on peut pas expliquer qu’elle a pas l’air de comprendre plus que moi, qu’elle a pas l’air de vouloir plus que moi. Mais ça, elle a pas l’air de vouloir l’entendre. J’suis pas responsable de ce boulet qui nous bouffe la vie depuis six ans maintenant, qui me fait me penser que j’suis fou quand j’croise mon reflet dans un miroir ou même une vitre. J’ai jamais voulu de tout ça, être relié à elle, aux autres.

Un rire s’échappe du fond de ma gorge, pas de ceux qui témoignent de la joie ou de l’amusement. Ceux qui sont amers, satyriques. « Si tu le dis. Crois c’qui t’aide à mieux dormir la nuit ». J’hausse les épaules, indifférent de ce qu’elle peut dire ou penser de moi. J’suis pas là pour m’faire tirer le portrait par une gamine. « C’plus facile de se laisser imposer une destinée que de faire la sienne. Mais bon, si t’es trop lâche pour t’sortir de celle qu’on t’a tracé, tant pis ». J’ranges mes mains dans le fond de mes poches tandis que les siennes s’activent autour de sa cigarette. Après tout, c’est plus facile de se conforter dans son malheur que de chercher à en sortir. Elle a choisi la facilité en restant la nana qu’elle veut que les autres soient mais c’est son problème, pas le mien. Moi, j’m’en fous. (Alors pourquoi ça m’énerve autant).

« – Casse-toi. J’te le répèterai pas.T’inquiète, j’avais pas prévu de rester te faire la causette dans ton appart’ miteux ». j’fais un pas pour m’éloigner d’elle avant d’en faire un autre en arrière, revenant à ma place initiale. « On sera amenés à se revoir. Et ça, t’y pourras rien ». Je ponctue ma phrase par un clin d’œil, sourire placardé sur les lèvres Tu le sais aussi bien que moi que ce sera pas la dernière fois. Je m’éloigne d’elle, démarche assurée alors que mes pas me guident loin d’elle, loin de cet endroit qu’elle clame comme son royaume. Sauf que j’ai pas la moindre idée de par où aller, j’suis toujours aussi paumé qu’à l’arrivée. « Bien joué Gab ... » que je marmonne les dents serrées pour par avoir l’air de parler tout seul. Et comme ça me dit vraiment rien de m’enfoncer dans la jungle, j’suis obligé d’l’appeler pour lui dire de venir me chercher. S’il refuse, j’lui envie l’armada, rien à foutre. « Nath, j’me suis paumé. Viens me chercher ».
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