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MessageSujet: c l i m a x   c l i m a x EmptyMer 19 Sep - 18:42

mathymdr chui en train de glander ici alors que j'ai du taf le self hatred is real (: mathy, simone pour les intimes, en quête d'amour propre, probablement en train de rager devant les reines du shopping

Elio Cazalefc : james bay ; ©️️️ Lempika ; NEPHEDE ; unique
100%PERFECTIONNISTE
85%IMPATIENT
80%LOYAL
65%TÊTU
90%BOSSEUR
40%ANXIEUX
85%CARTÉSIEN
30%NIHILISTE
   
Nom complet l’gamin, on l’appelle Elio. Elio Cazale. Y a des noms comme ça, on ne sait pas trop d’où ils viennent, ça se donne de père en fils, et on oublie le premier péquenaud qui a lancé cette lignée de ratés. La réputation suit, les rumeurs sont pas forcément avérées. Les Cazale, c’est dans les bas-fonds délétères de Neodam qu’ils ont fait la loi, y a une éternité maintenant, surtout le patriarche, le vieux Pop, terré dans son pawnshop avec ses souvenirs de braqueur du dimanche. Le blaze, sans qu’on crache dessus, n’inspire plus grand-chose aujourd’hui, et c’est pas Elio qui compte redorer quoique ce soit. Surnoms chez les heathens, il devient « Jack », c’est pas un surnom en soi, plutôt un dérivé de l’expression « Jack of all trades » parce qu’il se débrouille plus ou moins partout et a un talent sans pareil pour se tirer d’affaire à coup d’entourloupes. Ça arrive qu’on l’appelle « Caz ». « Ducon » aussi, ça revient souvent. Naissance né le 11 janvier 1990. Il a tendance à raconter des conneries, à décider qu’un matin, c’est son anniversaire, et que le lendemain aussi tant qu’on y est, et il court s’acheter des bonbons. Héritage culturel va savoir. D’héréditaire, chez lui, y a la gnôle, les seringues et la connerie – c’est ainsi qu’on repère un Cazale, au nombre de neurones grillés. Une baise bâclée, un chiard, on prend les mêmes et on recommence. C’est pas à son grand-père laconique qu’il allait tirer les vers du nez en plus – il lui a toujours répété, qu’est-ce t’en as foutre d’où tu viens, le plus important, c’est où tu vas gamin, si tu regardes trop en arrière, tu verras juste qui t’encules. Il avait pas son pareil pour débiter des conneries après sa bière matinale. Statut célibataire, pas friand d’intimité, limite abstinent. Pas du genre à parler de la dernière gonzesse qu’il a levée, et ses potes se foutent de sa gueule : soit ça fait un bail, soit elle était moche, soit c’était une pute. Orientation aucune – c’est pas facile, de s’arrêter à un mot seulement, et il a pas grandi dans le foyer le plus tolérant qui soit. Finances $$$$$$. Ça se sert la ceinture.

Univers enfant désabusé de Néphède, poumons noircis et rêves à l’odeur de rouille ; la capitale pue, les murs tremblent à chaque passage du métro, la misère est rampante, et il s’imagine pas un seul instant quitter ce monde qui lui apporte pourtant rien – peut-être parce qu’on lui a pas donné le choix, et que son libre-arbitre a toujours été limité. Et qu’il en a pas conscience – car il est baroudeur, il a visité d’autres dimensions, sans jamais les considérer autrement que des tremplins économiques pour quelque activité frauduleuse. Même hors des griffes de Neodam, il ne parvient pas à s’en détacher. Occupation(s) son CV est un vrai merdier, mais s’il avait pas hérité du gêne de vicelard de son grand-père, il aurait pu faire quelque chose de sa vie. Propriétaire d’un pawnshop (Downton Buyers), maintenant que le vieux a clamsé, il bosse aussi pour le compte des heathens, qui lui assurent la protection du magasin en échange de sa loyauté. Il touche pas aux drogues ou au proxénétisme ; lui, ses spécialités, c’est le recel, le marché noir d’implants et les fausses identités. C’est con qu’il en soit arrivé là – avec son master en robotique, il aurait pu aspirer à mieux, et l’a presque touchée du doigt, sa porte de sortie, quand il a été embauché par une grosse boîte de biotechnologie. Seulement, il a pas pu s’empêcher de jouer avec le feu et en a payé le prix fort – aux yeux du gang, c’est une chance qu’il soit calé dans un domaine pareil, mais dans le fond, c’est du potentiel gâché. Particularités un compteur siganais factice sur le bras, et c’est bien la seule chose qui sort de l’ordinaire chez lui, si on omet la marque boursouflée qui orne sa nuque : 2015, on peut déchiffrer. Un sceau au fer rouge, symbole de son adhésion aux heathens. Ça lui a fait un mal de chien à l’époque, et ça s’est infecté, du coup, la balafre est pas jolie à voir. Lien(s) cosmique(s) il a jamais été vraiment tout seul – un visage aux traits troubles mais terriblement semblables aux siens lui apparaissait parfois, une voix dormait dans un coin de sa caboche. L’incertitude frustrante de ne pas être juste fou et d’imaginer des choses, ça peut foutre en vrac. Y a cinq ans, il a réussi à lui parler, à lui demander si elle existait ; depuis, ils communiquent « pour de vrai », et bien qu’ils se soient rapprochés, c’est étrange, d’avoir une jumelle cosmique. Elle s’appelle Astra et vit à Sigan – c’est une musicienne. Elle n’aime pas trop ce qu’il fait dans la vie, alors que lui trouve ça marrant, qu’ils puissent tous les deux jouer de la guitare. Il est pas sûr d’avoir une âme-sœur, espère que non. Keywords capricorn culture ; stoic in the streets, softie in the sheets ; dark humor ; old soul ; unhealthy coping mechanisms ; basically born an adult ; tough love ; my way or the highway ; daily dose of self-loathing ; Depression Nap™️ ; low empathy ; resting bitch face 


we are all astronauts 01 Elio parle pas beaucoup, parce qu’on lui a appris qu’ouvrir sa gueule, c’était pas forcément intelligent, et aussi parce qu’on lui demandait souvent de la fermer. Le réflexe de se taire s’est mué en habitude assumée. Si tu te tais, personne t’accusera de mentir, si tu te tais, peut-être que le silence effacera certaines choses, assombrira certains visages. Discret mais pas méchant pour un sou, il inspire les conversations – à défaut de parler, il pose des questions, ça lui plaît, d’entendre les histoires des autres. Son magasin, c’est une référence dans le quartier, tout le monde connaît sa famille et la plupart des résidents le côtoient depuis qu’il est haut comme trois pommes, c’est une figure familière, rassurante quand on le trouve planté derrière son comptoir, à faire sa vie, à suivre son train-train quotidien. Il est conscient que les conditions de vie de sa banlieue sont pourries, que des gens crèvent la dalle sur le pas de sa porte, et s’il a pas le pouvoir, ni l’argent, de changer les choses de fond en comble, il multiplie les initiatives à son niveau, aussi bas soit-il – il embauche pour dépanner, file de bonnes adresses et de bons tuyaux, participe à l’effort communautaire.
02 Elio est pas intimidant. Il est trop maigrichon. Le gamin, on dirait qu’il a pas mangé depuis trois semaines, que lançait son grand-père en lui assenant une tape sur l’épaule (et il devait faire semblant de pas se frotter l’omoplate mais la pogne du vieux manquait pas de vigueur, c’était sûrement pour l’emmerder). Pop l’aimait pas tant que ça. Il l’appelait la crevette, petit con, fillette, merdeux. Même Elio, c’est un prénom de gonzesse, ta mère était sûrement défoncée, elle a toujours eu des goûts de chiotte. Une fois, Elio l’a défié, et a rétorqué, c’est pour ça qu’elle a choisi ton fils alors ? Pop a pas apprécié. Il faut pas cracher sur la tombe de son gamin – Sid était pourtant pas mieux dans son genre, tout le monde savait qu’il avait gobé des cachetons avant de s’enfiler de la mauvaise came dans les veines, mais Pop maintenait qu’il était pas « comme ça ». C’était peut-être parce qu’il avait vingt-trois ans à l’époque. Ou alors, Pop avait pas la fibre paternelle, ça arrivait aussi. Il l’a élevé à la dure, histoire que tu finisses pas comme tes parents. Maman, il l’a pas vraiment connue, mais Pop assure que c’était une pute pas très fute-fute. Rien d’intéressant. Elle est repartie sur les trottoirs, et si ça se trouve, il a une flopée de frères et sœurs. Pop ajoutait que c’est heureux que t’aies pas un pète au cerveau avec toute la merde qu’elle gobait.
03 Pop était membre d’un vieux gang. Un truc en voie de disparition. Tu vois, nous, on était les chefs de Neodam à une époque (c’était pas vrai). On les appelait les drifters. Ils avaient la mainmise sur les quartiers de Downton, et le pawnshop était leur repaire, l’endroit où ils réglaient leurs affaires. Y a encore du sang séché dans l’arrière-boutique. Ils roulaient dans des grosses bécanes, plombaient la « vermine », et défendaient bec et ongles leur soi-disant fief. Des dégénérés carburant à la violence crasse. Plus tard, Elio comprendra qu’ils gardaient ces misérables ghettos infestés de toxicos et de putains parce qu’il y avait des portails. Leur fond de commerce. Ils allaient et venaient entre plusieurs dimensions et ramenaient des trucs rares, introuvables à Néphède. Jamais de la drogue. Sur le long-terme, Pop expliquait, autant t’arracher ton propre pied avec un surin en caoutchouc. La drogue, ça apporte que des emmerdes, souviens-en toi gamin, pense à ta mère. Seulement, les drifters manquaient d’ambition et ont succombé à la facilité : entre la taule, les règlements de comptes, l’âge et les nouveaux gangs pullulant à tous les coins de rue, ils ont perdu du territoire et ceux qui refusaient de se ranger des voitures ont rejoint les heathens. Faut dire que ça aidait pas des masses de castagner la gueule des « frères d’armes » plutôt que celles des merdeux qui empiétaient sur leurs plates-bandes.
04 Elio aimait bien l’école. Il était loin de la boutique et de Pop. Il apprenait des trucs. Les camarades de classe, en revanche, c’était une autre histoire : il se battait souvent, il était peut-être pas bien bâti, et plus fluet qu’une feuille de papier, mais il courait vite et mordait fort. À chaque fois que Pop descendait le récupérer et qu’il essuyait les remontrances de la direction, parce que vous comprenez, on va pas garder un sale morveux dans son genre bien longtemps, il l’emmenait manger un hamburger et le félicitait. C’est bien gamin, te laisse pas faire. L’école ne l’a jamais renvoyé malgré les menaces. Il avait de bonnes notes, et les profs l’appréciaient beaucoup en classe. Il était bagarreur quand on le cherchait, et bientôt, on le laissa tranquille.
05 C’est une tronche, si on veut. Il a étudié la biotechnologie et a un master en robotique. Il a payé la fac de sa poche (s’est endetté sur les trente prochaines années) – c’est pas Pop qui lui aurait avancé de quoi obtenir un diplôme (t’as la boutique, pourquoi tu ferais des études, ça coûte, t’as vu d’où tu viens, ils voudront pas de toi). Il bossait dans un fast-food la nuit et les weekends, et louait une chambre pas franchement salubre près du campus. Dans sa promo, il se sentait comme un intrus, de la vermine sociale – il avait pas les codes, ni le réseau. Ça l’a pas empêché d’être recruté par une entreprise spécialisée dans la conception d’implants et autres augmentations humaines, puis de se faire virer quand ils ont découvert qu’il volait du matériel (enfin, il volait pas, il ramenait chez lui des pièces qui ne servaient pas – la direction n’a pas été très convaincue). Ingénieur disgracié, il poursuit tout de même ses travaux et assiste régulièrement à des conférences tech à Neodam ou New Brasilia – il a développé une quasi obsession pour les androïdes (il a réussi à en ramener un à Néphède et l’étudie avec la dextérité d’un médecin légiste – ça lui gonflerait l’ego de créer son propre modèle). Il a de l’ambition mais y a les dettes, les économies avalées par le magasin et les heathens qui préfèrent le réquisitionner sur du marché noir de prothèses ou des réparations à la con.
06 Il le porte pas toujours mais il a un bracelet au poignet, qui indique son nom, prénom, date de naissance et un numéro de téléphone. Il souffre d’une forme d’amnésie rare pour son âge, qui le frappe « de temps à autre » (comme il a coutume de dire) : désorienté, il est incapable d’enregistrer de nouveaux souvenirs. Ça a commencé à la fin de son enfance : des pans entiers ont disparu de sa mémoire, certains sont revenus, d’autres non, et les crises ont perduré. Il a vu pas mal de neurologues, passé des scanners, parlé avec des psychologues mais ils n’ont pas trouvé de terrain d’entente pour expliquer son trouble (ils ont penché pour des causes neurologiques, puis psychologiques, un traumatisme crânien mal soigné, et le plus hardi a avancé l’hypothèse d’une connexion avec une âme-sœur, décriée par un confrère, soutenue par un autre). Pop a longtemps maintenu qu’on l’a bercé trop près du mur, « y a pas à tortiller du cul ». À l’hôpital, on l’a inscrit dans une base de données reliée aux commissariats du coin, histoire qu’on puisse l’aider s’il se paume à l’autre bout de la ville. Les crises ne sont pas fréquentes, ne coïncident avec un facteur déclencheur et durent en moyenne quelques heures.
07 Il aime les films d’horreur. Les nanars comme les chefs-d’œuvre, il discrimine pas, tout lui plaît : du gore gratuit au huis-clos psychologique où finalement il se passe rien, en passant par l’expérimental plus ou moins foireux et les remakes à deux balles. Ça lui arrive de regarder des trucs franchement dégueulasses et de s’empiffrer de popcorn sans tressaillir un seul instant (il se marre, pointe du doigt les effets techniques, commente à voix haute), c’est pas grave si le scénario est bon à jeter aux chiottes ou si le réalisateur devrait subir une évaluation psychiatrique, ça l’amuse. Cette fascination lui vient de la télé : souvent, Pop s’absentait jusqu’à tard dans la nuit, il lui laissait de quoi manger dans la cuisine et grognait, t’abrutis pas devant les écrans. Il l’écoutait pas, bien sûr. Son plateau repas sur les genoux, il zappait et zappait, puis s’endormait – sauf qu’un soir, y avait un film d’horreur sur une chaîne obscure, le troisième volet de la franchise « Red Moon », et il a adoré, même s’il a pas pu éteindre la lumière après coup.
08 Il devait avoir treize ou quatorze quand Pop lui a donné le choix entre un flingue et un couteau. Les regarde pas avec des yeux de merlan frit putain, t’as l’air con. L’espace d’un instant, il a cru être dans un jeu vidéo, face au menu où on choisit les armes de son personnage. La crosse était lourde et froide ; la lame aiguisée et brillante. Faut savoir se défendre, quel que soit le monde où on est, telle était la philosophie de Pop – dans un sens, il avait pas tort, ils n’avaient jamais vécu dans des coins gentillets, et il tressautait à peine si une fusillade éclatait en bas de chez eux ou si une balle traversait une vitre du magasin ; c’était terrible d’être indifférent à la violence environnante tant elle était ancrée dans son quotidien. Il a finalement choisi le couteau, sans autre raison que le manche était plus facile à manier. Pop l’a forcé à s’entraîner, c’est comme jouer aux fléchettes, il répétait, sauf que c’était des conneries bien sûr – cela étant, maintenant, il est foutrement doué avec les lames.
09 Les heathens sont moins une famille qu’un moyen de survivre. Pop avait contracté des dettes et plutôt crever que rejoindre un nouveau gang, pas à son âge, pas avec son pedigree, aussi peu prestigieux soit-il, alors il a vendu l’idée à Elio. Au départ, il voulait pas s’empêtrer dans ces histoires-là mais le vieux avait préparé son coup, c’est qui qui t’a élevé gamin, hein, j’aurais pu te laisser aux services sociaux, t’aurais atterri dans le système, sans rien, sans personne, je me suis sacrifié pour toi, tu crois que j’aurais des comptes à rendre si y avait pas eu tes dépenses ? Et ça continuait. Sa culpabilité se mêlait à une reconnaissance saumâtre, et il a obtempéré – pour des services seulement. Sauf qu’on se contente pas de rendre des « services » aux heathens : il a adhéré bon gré mal gré, et au début, les tâches étaient ingrates et sans intérêt, c’était du stockage de biens volés, de la revente, principalement sur Neodam. Il ne cherchait pas spécialement à s’élever dans la hiérarchie, n’en nourrissait pas l’ambition, loin s’en faut, mais son statut actuel est « confortable » : il est assez libre, et on lui fait miroiter l’expansion de son business. Puis il a des talents non négligeables : en plus de son parcours d’ingénieur, le vieux Pop l’a initié à des travaux plus underground dont le pawnshop s’occupe en sous-main – les fausses identités, les passages inter-dimensionnels et les armes, rien que ça. (Autrement dit, il a jamais eu vraiment de temps pour lui.)
10 Y a une violence qui lui ronge les os. Ça lui arrive de voler des voitures et de conduire vite et mal le plus loin possible, de frôler les accidents et de manquer de s’encastrer dans un immeuble, juste pour entendre les battements de son cœur lui marteler le poitrail. Les soirs calmes, c’est juste un peu d’opium, c’est pas un junkie mais ça le détend, et l’aide à dormir ; il en prend pas souvent. D’autres nuits, il part à la recherche de quelqu’un ou quelque chose, se perd ici et là, dans des endroits pas fréquentables, quitte à déclencher une bagarre, ou à souffrir, d’une façon ou d’une autre. Le besoin est viscéral, et d’autant plus étouffant s’il tente de le refouler. Peut-être parce qu’il s’est refusé des tas de trucs en grandissant, qu’il a brusquement voulu rattraper le temps perdu. Peut-être parce que sous le joug de l’autorité de Pop, il s’empêchait de vivre, et suffoquait en silence, la cage thoracique douloureuse à force de pas répliquer, de se laisser marcher dessus. Peut-être parce qu’il a un pète au casque, et que les névroses, c’est héréditaire, qu’il a le gêne d’addict de son père, ou de pute de sa mère, ou les deux. Alors si de prime abord, les plus gros tracas ne froissent en rien l’expression profondément indifférente qui paralyse ses traits, il pourrait dégoupiller à tout instant, et sous son sourire affable, derrière la moue résolue, une haine intime contre son cloaque lui tord les boyaux.
11 Il a des dettes par-dessus la tête mais quand il est question d’Exy, il claque toute sa paye dans un billet et va parier, avec son maillot fétiche, de la bière dégueulasse et de l’enthousiasme à revendre. Il aime bien les réseaux sociaux. Il poste souvent des photos de Neodam et s’en sert également pour promouvoir le pawnshop. Pour le soudoyer, t’emmerde pas avec l’argent, offre-lui des bonbons. Il sera super content. Il a l’oreille musicale et a appris à jouer de la guitare en autodidacte ; l’instrument appartenait à son père, et Pop la gardait religieusement dans sa chambre, comme un trésor. Sa pratique est irrégulière, mais avec les chansons d’Astra dans la tête, il est souvent inspiré. Il est très possible qu’il n’ait pas versé la moindre larme depuis ses cinq ou six ans. Ça met du plomb dans la tête de se faire élever par Pop.   Il a toujours froid. Et toujours faim.   Sa famille est pas très famille, y a toujours une querelle qui traîne ou la mort qui vient s’en mêler. Outre ses parents et Pop, il a seulement rencontré la sœur de ce dernier. Elle était connue pour avoir assassiné un juge haut placé de Neodam avec qui elle vivait – l’affaire a fait pas mal jaser la communauté, et il l’a vue deux fois en prison. Elle avait une fille mais personne ne sait ce qu’elle est devenue. Pop lui disait, tu vois, c’est ça qui arrive quand t’essayes de sortir d’ici. Curieusement, ils sont tous les deux morts d’un cancer à une semaine d’intervalle. Malgré ses pérégrinations, il n’a jamais vu la mer. La faute à des occasions manquées. En plus d’être licencié pour faute professionnelle, il a été condamné à un an de prison avec sursis (le tribunal a jugé que le vol de matériel voué à terminer à la décharge n’était pas si grave) et une amende à coller des sueurs froides.
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MessageSujet: Re: c l i m a x   c l i m a x EmptyMer 19 Sep - 18:43

lovelessTu ne parles pas tout seul, pas encore. Tu ne hurles pas, surtout pas.
malgré la
nuit

1990-1994 « C’est quoi ça ?Quoi ?Ça, salope, » il lui montre l’hématome sur la tempe du poupon, rouge à force de s’esquinter les poumons à hurler, et c’est pas la tétine qu’il essaye de lui mettre dans la bouche qui va aider. Keva est un déchet, il aurait dû se douter que son fils choisirait une pute pour porter sa progéniture et la lui refilerait comme si de rien n’était – d’ailleurs, il était où ce petit con encore, jamais là quand il faut s’occuper de son môme. Elle a le regard vitreux et n’a pas l’air de comprendre. « Bah quoi ?Le bleu idiote, là putain, t’as fait des conneries ?Nan, il est tombé ce matin, mais il a pas pleuré, je pensais pas qu’il avait eu mal…Il est tombé ? » L’autre demeurée hoche la tête, et elle tend les bras vers le bébé qui s’est enfin calmé, mais Ozias lui refuse. Le bambin, il a six mois, et il le retrouve constamment dans des états pas possibles ; la dernière fois, il bougeait à peine, parce que Keva avait « oublié » de le nourrir (puis si elle s’en souvenait, elle lui donnait le sein, alors qu’elle avait pas le droit), et y a quelques jours, Sid l’avait laissé dans sa voiture pendant qu’il allait chercher sa came. Deux gros incapables. C’était un miracle que le môme soit encore en vie. « J’vais le garder cette semaine.Hein ?Elio, je vais le garder. Vous allez finir par le tuer avec vos conneries. » Keva a gueulé. T’as pas le droit vieux con, t’as aucun droit, et c’est au beau milieu de ses divagations hystériques qu’il a compris qu’elle était défoncée. Il l’a renvoyée de chez lui, va trouver Sid et on causera. Enculé ! Il l’entend rager de la cage d’escalier.

Il a quatre ans et il a faim. C’est l’un de ses premiers souvenirs. L’estomac qui tiraille dans tous les sens, les tripes vides, le ventre qui gargouille. Son père lui tient la main mais marche trop vite pour ses guiboles de gamin, alors il trottine derrière lui, geint un peu, fatigué, affamé, tant et si bien que papa a pas d’autre choix que de le hisser sur son dos. Il se rappelle plus du reste. Il faisait nuit, ils ont pris le métro. Papa on va où, papa j’ai faim, papa j’ai mal à la tête, et Sid ne répond pas, il se contente de le garder sur ses genoux pour l’empêcher de gesticuler.
« Hey ! » Sa paume tambourine contre la porte. En retrait, Elio observe papa suer à grosses gouttes, et enfonce son pouce dans la bouche. Pop finit par ouvrir, mais pas tout à fait, juste assez pour laisser entrevoir la moitié de son visage. « J’t’avais dit de pas remettre les pieds ici.J’suis dans la merde.Bah tiens, apprends-moi quelque chose que j’ignore. » Sid touche sans arrêt son bonnet, enfoncé jusqu’à ses yeux, et renifle, renifle fort. « C’est le petit, j’peux pas le garder là.Y a baby-sitter marqué sur ma gueule peut-être ?Putain mais fais pas le con. » La porte s’ouvre en grand, et papa le ramasse. À l’intérieur, y a de la musique et ça sent moins mauvais que dehors. « Tu vis où ?Chez un pote. » Sid a pas besoin d’épiloguer : c’est un toxico qui vit avec d’autres toxicos, et la veille, il avait trouvé Elio en train de jouer avec des seringues usagées. Il avait compris qu’il merdait sur toute la ligne. Keva s’était barrée, le gosse grandissait, il sombrait, et il comptait pas donner le choix à son vieux. « Faut que tu le gardes. » Pop est effrayant, il est très grand et très sec, ses cheveux tirent sur le gris, il pue la clope – à la différence de son fils cependant, il avait de quoi se nourrir, de quoi se loger et de quoi la ramener. Il gardait souvent le petit, enfin, sa compagne, Pia, le gardait. Pia, justement, préparait du café à côté, en robe de chambre. « T’as besoin de te reprendre en main, » Pop dit, en aidant le gosse à retirer son manteau. Sid hoche la tête, comme si c’était une évidence, ouais, ouais, t’as raison, il en pense pas un mot, il mâchonne l’intérieur de sa joue et agite son genou depuis qu’il a posé ses fesses sur la banquette vieillotte du paternel. « T’as pas—t’as pas de l’argent au pire ? » Le con. Pop le voit venir. Réclamer de la tune sous prétexte qu’il habillera et nourrira le gosse avant de filer son pécule à des dealers. Ça pue la merde son histoire. « Papa. » Pop bronche pas. Sid prend ses cliques et ses claques.

Ozias Cazale, dit Pop (personne l’appelait Ozias, Oz peut-être, mais pas Ozias), avait eu deux gosses. Sid était son cadet, et Knox l’aîné. Knox s’était tué dans une course automobile, il avait à peine vingt ans, et Sid l’a rejoint trois ans après, en lui laissant un bambin dans les pattes et sa camée de copine, qui n’a même pas attendu son overdose pour se faire la malle d’ailleurs. Perdre deux enfants, il le souhaiterait pas à son pire ennemi ; il n’était pas le père de l’année, mais il a aimé ces merdeux, ils rivalisaient en connerie et c’était forcément un peu de sa faute, à lui le géniteur absent, toujours fourré dans des sales coups, pas foutu d’élever correctement sa progéniture. Lolly l’avait quitté après un énième séjour en taule. Elle en avait eu marre. Elle a embarqué les mômes avant de se raviser : son nouveau mec, un fonctionnaire à la con, en avait aussi des gosses, et ça faisait trop dans leur appartement, au point de dormir les uns sur les autres. La piaule d’Ozias payait pourtant pas de mine en comparaison, mais lui comme les garçons avaient compris que Lolly cherchait juste à refaire sa vie, et que les ados qu’elle se traînait n’étaient pas faciles. Ils étaient moins malléables, moins dociles, moins mignons, et merde, j’me suis sacrifiée pour eux, j’ai droit à une pause – cet abandon a renforcé les tensions préexistantes entre père et fils. Knox s’est barré, a coupé les ponts, et Sid a suivi.
On apprend pas à être parent. Y a que des ratés. Avec Elio, il s’était dit, j’vais réussir avec celui-là, peut-être en faire quelqu’un, même si sa définition de « quelqu’un » ne valait pas grand-chose. Il voulait pas qu’il connaisse la prison, comme lui, ou la drogue, comme Sid. Du coup, il a été plus dur. Les baffes volaient s’il lui manquait de respect. T’aimes pas ce qu’il y a sur la table ? Tu manges pas. Tu bâcles tes devoirs ? Tu dors pas jusqu’à ce qu’ils soient finis. Tu réponds alors qu’on t’a pas sonné ? Une mandale, et on en parle plus. Elio, il ressemblait à Sid. Il croyait le revoir dans certaines de ses expressions, et ça le rassurait : longtemps, il avait pensé que le marmot n’avait de Cazale que le nom – mais parfois, on se console comme on peut, jusqu’à vouloir déceler les mimiques d’un fils disparu sur le visage d’un mouflet qui a rien demandé à personne. Keva avait accueilli la moitié de Neodam entre ses cuisses, va savoir si elle s’était pas trompée de porte avec son chiard.

2002Pop lui donne une tape derrière la tête, arrête de tirer la gueule ! Il a douze ans et achève de compter les cryptostellars de la caisse. Les journées sont longues le weekend, quand il doit aider à la boutique. Ça le dérangeait pas avant, mais les choses ont changé depuis qu’il s’est fait des copains à l’école. Ils l’avaient invité à skater cet après-midi. T’as toute la vie pour le skate, puis c’est pas la mer à boire d’aider à la boutique, merde ! Il part renseigner un mec plus loin. Depuis que Pia l’a quitté, il est de mauvais poil. Aboie à tout-va contre la terre entière, comme si chaque âme venant à croiser sa route était responsable, d’une façon ou d’une autre, du départ de sa compagne. Avant de partir, elle avait serré Elio très fort contre elle, et Pop avait pété un câble, c’est parce que j’te fais pas de gosse ? Elle l’avait ignoré bien entendu. Pia lui manquait. Elle préparait ses déjeuners pour l’école, surveillait ses devoirs et l’emmenait au cinéma, mais la vie avec Pop était pas facile – la vieillesse, en plus de l’abîmer, le rendait aigri, alors quand elle avait préparé sa valise, Elio n’avait pas feint la surprise. C’était couru d’avance. « J’peux venir ?Oh, mon lapin. » Mon lapin, mon chéri, mon cœur. Ça lui tombait des lèvres avec tendresse, ces petits noms que Pop trouvait stupides. Ce jour-là, elle avait simplement posé une main sur le sommet de son crâne, sans ajouter quoique ce soit. On est entre hommes maintenant, gamin.
Son index tapote distraitement l’écran d’une tablette électronique : il classe les derniers arrivages, rentre les prix, met à jour le site, il maîtrise bien l’outil ; c’est répétitif, comme la majorité de ce qu’il fait ici après les cours. Du haut de ses douze ans, il est débrouillard le gosse, et mordu de technologie avec ça – au début du mois, il a cassé sa tirelire pour se rendre à Uptown, tout seul, avec son sac à dos d’écolier et un anorak. Ont succédé aux stations insalubres des mauvais quartiers les rames mornes de Midtown où se bousculaient des costards-cravates pressés, et les contrôles se sont multipliés, tant et si bien qu’un flic l’a toisé de pied en cap, l’air franchement méfiant, t’as quoi dans ton sac petit ? Et tes parents, ils sont où ? C’est la première fois qu’on lui manifestait autant d’intérêt. Il était même content qu’on lui pose des questions, tout fier de rétorquer, je vais à Neotexpo, c’est un salon tech, j’ai économisé des semaines. Il avait seulement pu s’acheter un pass d’une journée mais comptait bien en avoir pour son argent. Pop l’a appelé en soirée, alors qu’il était sur le chemin du retour, des gadgets plein le sac, et à la maison, il a pris deux trempes, alors comme ça tu te barres j’sais pas où ? Il lui a confisqué son téléphone et a coupé le jus dans sa chambre, ça t’apprendra. Corvée de boutique jusqu’à nouvel ordre.
Il aime bien observer les clients. Il préfère les acheteurs ; de toute façon, Pop ne le laisse pas prendre les objets que les gens viennent déposer ou vendre, il est trop jeune, faut savoir négocier. Y a de tout, des riches et des moins riches, des pauvres et des plus pauvres. Ceux-là, ils donnent des trucs qui comptent : des bijoux, des montres, même leurs portables. Une fois, une fille, la vingtaine pas plus, a proposé d’échanger son implant contre une poignée de cryptostellars. Pop a hésité, et Elio fixait le moignon qu’elle cachait sous sa veste. C’était une main, un modèle plutôt basique, et Pop négociait durement – il avait jamais pensé autrement qu’en businessman, et s’en carrait si on lui donnait un blouson en cuir ou une jambe entière, il parlerait prix et intérêts avec une indifférence presque cruelle. Faut pas faiblir. La compassion, ça mène nulle part. « Oye ! » Les doigts de Pop claquent sous son nez. « Encaisse le client. »

2006 « Je, hm, j’cherche Keva… il regarde le nom qu’il a griffonné au dos de sa main, Keva Hauer. » Il approche son téléphone, montre à quoi devrait ressembler Keva. Le type le toise un moment, jette à peine un œil à l’écran, puis lui marmonne d’attendre là. Il a eu de la veine en fouillant dans les affaires de Pop, il a réussi à dénicher un certificat de naissance et même une photo de ses parents – sa mère était très enceinte dessus, elle avait les cheveux peroxydés, et des lèvres trop pulpeuses pour être naturelles. Il avait zoomé sur son visage, sans s’y voir. À chaque fois qu’il l’évoquait, ne serait-ce que vaguement, Pop commençait à vomir ses invectives habituelles, une salope, une opportuniste, c’est sa faute si Sid est mort, pourquoi tu m’parles d’elle ? C’était trop tard pour la connaître, il voulait juste—il savait pas ce qu’il voulait au fond, ni ce qu’il fichait, planté devant la porte d’une boîte de strip-tease, à attendre comme un con, une capuche enfoncée sur la tête. Il se les gelait. Des mecs plus ou moins bourrés entraient et sortaient, fumaient une clope sur le trottoir, échangeaient des saloperies grivoises, et lui n’existait pas. Petit péquenaud à la recherche de sa maman. Entre-temps, le type est revenu et le somme de le suivre. Il lui demande pas son âge. Au lieu de quoi, il le guide dans une ambiance étrange, un peu triste malgré les lumières qui éclairent les danseuses. La musique n’est pas si forte, la boîte pas si peuplée, les mecs pas si excités, ils sont juste avachis près de la scène, braillent, ivres. Y a quelque chose de terriblement déprimant, et qui lui fait froid dans le dos. Il croise une serveuse avec une prothèse bas-de-gamme à la place de la jambe. Un copain lui avait expliqué que parfois, c’était une bonne chose, plus c’était métallique, plus ça plaisait, y avait même des catégories dédiées à ça dans le porno. Il a rangé ses mains dans les poches de sa veste, mal à l’aise. Il a jamais vu de fille nue, sauf sur internet, et ça l’avait gêné à l’époque. Il baisse la tête et garde le regard rivé sur les talons du gars de la sécurité, qui l’arrête soudainement. « Keva ! » Il entend. Se fige. Elle est là, pas pressée, très loin des pixels qu’il avait presque idéalisés dans sa solitude. « L’gamin qui t’a demandée. » Le type s’en va, et ils échangent pas un mot. Il a du mal à soutenir son regard. « Viens, on sera mieux assis. » Keva ouvre la marche, fait un geste à une serveuse et l’emmène dans le fond de la salle, où c’est plus calme. Il peut quand même voir les filles s’effeuiller sur scène mais choisit de leur tourner le dos. Sa mère n’est plus blonde. Elle arbore une crinière brune parsemée de reflets violets, et ressemble à une pin-up avec ses anglaises. Il retire sa capuche au moment où quelqu’un dépose deux verres devant eux, et des trucs à grignoter. Les bras de Keva sont couverts de tatouages, pas des dessins vraiment élaborés, plutôt des symboles qui se chevauchent les uns les autres, et sous l’étoffe dans laquelle elle s’est emmitouflée, il devine quelque tenue outrageuse. « Je pensais pas te revoir. » Elle dit enfin. « Pourquoi t’es là ? » Il tourne et retourne son verre entre ses doigts. « J’sais pas.J’ai pas de place chez moi, si c’est ce que tu veux. » Une fois, il devait avoir treize ans, une bande les avait chahutés, lui et ses copains, parce qu’ils skataient sur « leur » territoire. Ils étaient plus âgés, et il avait fini par terre. Un pied s’était enfoncé dans ses côtes – et c’est cette douleur, cette sensation, plus vivace que jamais à cet instant, qui lui donne le vertige. Il hoche frénétiquement la tête. « J’ai besoin de rien—je veux rien, » les mots se dérobent, se bloquent dans sa gorge. Il s’est pas préparé, il pensait connement que ça lui viendrait naturellement, qu’il saurait quoi dire, parce que ça devait pas être bien sorcier, d’amorcer une conversation. « Je voulais voir.Tu voulais voir ? » Elle lui sourit. En brune, il distingue quelques similitudes, mais il suppose que Pop avait raison, il ressemble à son père. Y a des silences partagés qui sont confortables, et puis y a celui-ci, lourd, si lourd qu’il lui pèse sur les épaules, terriblement bruyant, parce qu’ils entendent la musique, et les échos des tables alentour, et les éclats de voix, et beaucoup de choses en fait. Il regrette, il a été con, il voudrait se lever mais un espoir naïf l’empêche de décoller son cul de ce siège. Ça brûle dans son estomac. « Tu me rappelles Sid. » Elle approche sa main de son visage, tout à trac, et il a un mouvement de recul. Il aime pas qu’on le touche. Ses doigts se referment sur du vide. « T’as quel âge maintenant ?Seize ans. » Y a que de l’indifférence, dans les yeux de Keva, de l’indifférence, peut-être de l’ennui – de la lassitude, alors qu’il désespérait de partager son désarroi, sa confusion. Il a fini par partir sans demander son reste.
2015 « T’es cramé, on rentre.Lâche-moi sale merdeux ! » Pop est pas alcoolique mais il y va jamais de main morte quand ses potes lui payent des coups à boire. Avec l’âge, il en a plus rien à carrer, la preuve, il s’échine à finir ses clopes alors que ses poumons se métastasent à vitesse grand V. Il balance le bras de Pop sur ses épaules, noue le sien autour de sa taille et le sort du bar. La sortie débouche sur une ruelle crasseuse, il croit entendre un mec se faire sucer à côté d’une benne à ordures mais s’y attarde pas, contrairement à Pop, qui se met à siffler et à proférer des saloperies obscènes. « Avance au lieu de gueuler.Tu m’parles autrement petit con, j’t’ai pas élevé comme ça. » D’ordinaire, la paume de Pop se serait écrasée à l’arrière de son crâne, il perdait jamais une occasion de le remettre à sa place, que ce soit justifié ou pas. Il ajoute « sale gosse ». « Si t’enlevais le balai que t’as dans le cul, tu me laisserais vivre un peu.Il est quatre heures du matin, t’as autre chose à foutre que te mettre une caisse, » l’autre rétorque difficilement, le souffle court. « Tu devrais baiser, ça te détendrait. » Il relève pas mais les muscles se bandent. À cette heure pourtant tardive de la nuit, les rues grouillent de monde, et ça les bouscule à droite comme à gauche, Pop a l’insulte qui fuse, sans se préoccuper le moins du monde de ce type susceptible qui fait volte-face, t’as dit quoi enculé ? Elio a pas envie qu’on lui casse la gueule à cause de Pop.
À l’appartement, il l’aide à retirer ses pompes. Le canapé grince, Pop se plaint des ressorts et du boucan que ça fait. Trois semaines qu’il a été viré de son entreprise. Trois semaines que Pop se fend la poire, t’y auras cru, à ces conneries de diversité sociale. Trois semaines qu’il ronge son frein, frustré d’être de retour au bercail, derrière la caisse du pawnshop, avec un procès aux fesses en prime. C’était que partie remise : il avait « volé » du matériel, mais quand ledit matériel finissait, d’une façon ou d’une autre, à la déchetterie du coin, est-ce que c’était du vol ? Son patron avait réussi à lui glisser, avec votre potentiel, quel gâchis. « T’as ça en toi, chasse le naturel il revient te mordre au cul, » le vieux s’allume une clope. « Ta gueule. » Ça s’échappe de ses lèvres à son insu, sèchement, un murmure assez fort pour être entendu, et le concerné recouvre soudainement ses esprits. La main de Pop lui agrippe la nuque et le rapproche de son visage strié de rides, sa cigarette valdinguant entre ses dents serrées. Le bout lui cramerait presque la joue, et la fumée lui pique les yeux. « T’as dit quoi ?Rien. » La pression se resserre. « T’es mieux que personne ici, tu m’entends ? T’es pas mieux que moi, pas mieux que tes parents, pas mieux que la salope de voisine ou les mendiants d’en face. » Il prétend ne pas avoir peur, et soutient son regard injecté de sang, alors qu’il est tétanisé, à vingt-cinq piges passées. « T’es un cafard dans cette société, comme tout le monde ici. » Il le repousse en arrière. Le râble cogne le coin de la table basse, et Pop s’avachit contre un oreiller. De la cendre se décroche de la clope. « La preuve, t’es revenu, non ? Avec ton petit diplôme de merde, t’as pas été foutu d’aller ailleurs, t’es revenu vivre ici, bosser pour ma pomme, et pourquoi hein ? » Du silence. Il ose pas se relever. « Réponds putain !J’savais pas où aller.J’ai pas entendu ? Le vieux se penche vers lui. – Je savais pas où aller, il répète. » Un rictus vient tordre les lèvres de son vis-à-vis, et sur un ton narquois, il lance, « t’es bien ton père. Que de la gueule et pas de couilles. »

2016Il a du sang plein la bouche. Plus jamais il laisse Laz le conduire quelque part, et ce connard a eu le culot de se marrer, oh putain, tu verrais ta gueule ! Il a claqué la portière, s’est éloigné le majeur en l’air, sous les mais déconne pas Caz, son autre main couvrant son nez qui par miracle n’est pas pété. Putain d’abruti de merde avec son permis trafiqué et sa caisse qui pue la bouffe.
La semaine dernière, on l’avait détroussé dans le métro. C’était en pleine nuit, il dormait debout, et les mecs lui avaient collé le canon tiède d’une arme sur la tempe ; il se baladait jamais avec des objets de valeur mais leur a filé une poignée de cryptostellars, son téléphone, et ils ont déduit qu’il était fauché. Après quoi, ils ont vidé les poches d’un couple tétanisé et à la tronche de six pieds de long qu’ils tiraient, il a presque ricané – comme si t’allais décrocher le gros lot dans une station bordant Hawkins. Pas assez de couilles pour tâter le terrain de Midtwon. Maintenant, il ne sait pas si être acculé par une bande de pickpockets du dimanche est préférable à une virée en bagnole avec Laz – au moins, personne lui a pété le nez, dans le métro.
Au loin, l’enseigne d’un hôtel bas-de-gamme clignote laborieusement, et trois lettres sont en panne, si bien qu’on lit « PADISE HOEL » ; ça le fascine. Il tire sa manche jusqu’à sa paume et la presse contre son nez. Paradis mon cul, pas dans ce quartier, pas avec cette odeur de mort. Il remonte le bloc et devant son magasin, trois silhouettes patientent devant l’entrée. Il reconnaît Felix. Felix est un proxénète mal aimable, probablement misogyne et sadique, il en mettrait pas sa main au feu mais n’aimerait pas être l’une de ses nanas. Il porte toujours des couleurs vives, et a trois dents en or. Deux filles l’accompagnent, l’une d’entre elles termine sa cigarette au bord du trottoir, perchée sur des talons si hauts qu’elle le dépasse d’une bonne tête. « Jamais tu réponds ?J’ai plus de batterie. » Felix marmonne quelque chose entre ses dents puis jette son mégot sur l’asphalte trempé. « C’est Lieve, il dit en désignant du menton la rouquine. Un client a pas été cool et lui a esquinté son bras, montre-lui Lieve. » La dénommée Lieve remonte la manche de son blouson et dévoile son membre prothétique au bout duquel pendouillait une main inerte. « On va passer par derrière. » Il n’avait pas d’atelier pour les réparations – en fait, il improvisait avec des outils et un ordinateur, et transformait momentanément son dépôt en laboratoire expérimental, sans avoir les ressources nécessaires pour de grosses interventions. Du coup, il appréciait moyen qu’on oublie de le prévenir, parce qu’il était pas Inspecteur Gadget. « C’est qui qui t’a amoché ?Laz conduisait, il a calé et je me suis pris le panneau de bord. » Felix se marre. Connard, y a rien de fendard dans cette histoire. L’autre prostituée s’assoit sur une table et lui tend un paquet de cigarettes qu’il refuse. Elle hausse les épaules, s’en allume une puis elle le fixe, perplexe. « Tu sais, faut pas pencher la tête en arrière quand on saigne du nez. » Elle a raison en plus. Il rince le sang séché en vitesse, mal, se badigeonne le visage d’eau froide, sous les œillades appuyées de Felix qui, malgré son silence, parvient à laisser entendre qu’il aimerait que cet incident se règle rapidement, parce qu’il avait pas l’intention de poireauter dans l’arrière-boutique toute la nuit – Elio le connaît bien, et en général, il est plutôt doué pour deviner ce que les gens pensent. Tout est dans les détails ; du soupir interminable au genou qui gigote. Il attrape la lourde poignée de sa caisse à outils et approche un tabouret de Lieve, qui se contente d’observer les alentours, bien qu’il n’y ait franchement rien à admirer – c’est un petit local où il stocke son bordel. Il examine la prothèse sous toutes ses coutures et se trouve un peu con. « Y a plusieurs circuits grillés, et faudrait remplacer la main.T’en as ?Pas de ce modèle.Bah au pire ça sera dépareillé, c’est pas grave.C’est mieux que les prothèses correspondent, ça évite les bugs.Tu peux en trouver ?Le mois prochain peut-être. » Les billes de Felix ricochent sur le bras de la fille. « Bidouille un truc et on verra plus tard. » Elio hausse les épaules et s’attèle à sa besogne, un peu désolé pour la fille qui va devoir composer avec un prototype pas coûteux. Y aura toujours des tarés que ça excitera de toute façon. « T’es déjà allé sur Altea ? » Concentré, il se contente de hocher la tête. « Paraît qu’ils ont des pouvoirs. » Il connaissait pas trop. C’était pas son domaine – il visitait régulièrement Sigan parce qu’il pouvait se procurer du matériel introuvable sur Néphède, et s’inspirer de ses avancées technologiques, mais Altea relevait de l’anecdotique. Felix donne un coup contre l’épaule de celle qui est assise dans un coin. « Toi tu peux faire quoi ? » Il aime pas la manière dont Felix s’adresse à la fille. « Peut-être qu’ils en ont pas tous, des pouvoirs, » il essaye de tempérer, maladroitement. « T’aimerais en avoir de quel genre ? » Felix se détourne de la prostituée, vaguement pensif. « Sais pas, trop de trucs. Dis voir toi.Changer d’apparence, ce serait cool.Ouais. Lire les pensées. » Puis il continue d’énumérer des idées, voler, être invisible, invincible, immortel, et Elio se dit, en terminant de fixer la main de la fille, qu’il aimerait bien disparaître. Ou pouvoir tout recommencer à chaque fois qu’on fait une erreur.

2017À l’entrée, on le débite de vingt-quatre heures. Lui, ça le dérange pas, son compteur pourrait afficher six zéros tout ronds, il s’effondrerait pas au beau milieu de la foule mais ce serait la dèche et on lui poserait des questions. Le type de la sécurité lui claque un scan temporaire sur le dos de la main, s’en cogne s’il a déjà de la bière tiède et s’occupe déjà du voisin derrière. Ça pullule de gamins échappés de leur cage dorée, ils sont bruyants et sapés avec des fringues qui valaient au moins un siècle chaque – en plus, avec la chaleur, c’est juste des morceaux de tissu, des bijoux clinquants, des torses rasés peinturlurés de « rock’n’roll » et des perruques multicolores. Une fille lui frôle le coude, et il s’aperçoit qu’elle a la moitié du visage recouvert de paillettes. Il saisit pas le principe, poursuit son chemin, sa bière bon marché presque vide. Lui, il a vissé un chapeau noir sur sa tête et une paire de lunettes de soleil sur son nez, histoire d’éviter de cramer, il n’est pas habitué aux UV à Neodam, et il est blanc comme un cul.
Il se balade souvent entre les mondes en dehors du boulot, ou sur des heures de boulot, peu importe. Cette semaine, y avait une grosse commande à Casma et le New Brasilia Summer Fest donnait son coup d’envoi. Personne lui reprocherait de traîner – même s’il traînait pas aujourd’hui. Il n’était pas venu pour apprécier la scène musicale siganaise (pas avec cette programmation merdique en tout cas) : il cherchait quelqu’un, dans cette marée humaine où chacun protégeait son bras d’éventuels picktimers. Sur son portable, il vérifie de nouveau le programme et suit le mouvement vers une installation imposante, à quelques mètres de là. Ça se bouscule et ça lui marche sur les pieds, mais contrairement aux coins mal famés de la ville, mêmes les plus pressés n’en ont pas l’air. Ils trottinent dans l’espoir de gruger une bonne place. En retrait, il observe les techniciens s’affairer près des instruments avant de disparaître en coulisses. « ASTRA » apparaît sur trois écrans géants, les projecteurs se braquent sur la scène et la foule, jusqu’alors dispersée, se rassemble comme un seul homme devant les barrières, verres à la main et hurlements extatiques dans la bouche. Il n’a jamais rencontré Astra, il ne l’a jamais vue « pour de vrai », il ne lui a jamais parlé face à face – d’humain à humain. Pourtant, il la connaît, peut-être mieux que quiconque ici – c’est un concept étrangement réconfortant, les jumeaux cosmiques. Effrayant aussi – ça le choque presque, de la voir apparaître sur scène, une caméra braquée sur son visage. Si près qu’il pourrait courir vers les barrières, les escalader et se ruer sur elle ; si loin qu’il ne viendrait pas à bout de cette muraille humaine qui l’encercle. Elle ne ressemble pas à la voix qu’il a dans la tête – elle est bruyante, exaltée, ponctue son set de fuck, s’éclate sur une guitare, hurle dans le micro, et ce n’est pas son milieu, encore moins son univers. Le soleil tape.
Il est parti après quatre chansons, le cœur un peu lourd.

Pop a finalement clamsé. Fallait bien que ça arrive un jour, et il a tenu bon malgré l’agressivité de son cancer. Les médecins n’en revenaient pas de la résistance du vieux, mais il suppose que les infirmiers, eux, étaient soulagés qu’il casse sa pipe – Pop à l’hôpital, c’était pas une partie de plaisir. Il était frustré de finir ses jours dans une chambre aseptisée, des tubes jusque dans le cul, et pas au cœur d’une fusillade urbaine, un rictus triomphant scotché sur les lèvres, à la manière des bandits d’antan. À chaque fois qu’Elio le visitait, il croassait, c’est qui qui tient le magasin ? Puis plus bas, tu m’as ramené des clopes gamin ? De la bière ? Si leurs moments complices se comptaient sur les doigts d’une main, y avait tout de même ce rituel d’échanger une cannette d’alcool bon marché, en silence, comme deux vieux copains – ce qu’ils n’avaient jamais eu (ou pris ?) le temps de devenir. Puis Pop est mort. Il est seul désormais, et c’est étrange. Il pense aussi à l’administratif, à tout ce qui se passe quand quelqu’un meurt – le testament, l’enterrement, et la tête lui tourne. Au lieu de s’embarrasser de ces détails, il a rejoint le snack bar que fréquentait Pop et où ses potes se sont donné rendez-vous, ce sacré lascar, on n’en refera pas un comme lui ! Les verres crasseux se fracassent les uns contre les autres, ça lui tape sur l’épaule, ça va aller petit, ça clope, les plaisanteries grossières et les anecdotes nostalgiques se mêlent aux volutes de fumée, et on l’encourage à vider shot sur shot. Ils confondent son hébétude avec du chagrin : il s’y est préparé, il l’a attendue cette mort, parfois avec impatience, c’est terrible, terrible d’être aussi ingrat, hein ? C’est pas la perte qui le rend hagard : c’est le vide. Il a plus personne. Tout ce qui faisait son monde avait rendu l’âme sur un lit d’hôpital, et de cette maigre famille ne restait plus qu’un sac de vieilles fringues puant le tabac froid. Le barman lui laisse la bouteille, t’en auras besoin. Il quitte le Raven Circle, déambule un moment dans les artères polluées de Neodam, où la vie continue malgré l’heure avancée de la nuit – l’ambiance est flippante quand on connaît pas, irréelle ; un cauchemar moite. Et maintenant quoi, c’est la seule question qui lui trotte dans la caboche, et maintenant quoi ?
Il s’assoit sur le rebord d’un trottoir, les pieds dans le caniveau. En face, des prostituées discutent avec un client potentiel, et une bande éméchée s’engouffre dans une boîte de striptease. Le bruit d’un moteur le tire de sa léthargie. Une voiture s’est arrêtée à son niveau, et lorsqu’il relève la tête, la vitre se baisse. Il aperçoit le visage d’un type, la quarantaine au moins, propre sur lui, cheveux gominés et barbe rasée de près. Confus, il jette une œillade derrière son épaule, mais y a personne, et il comprend que c’est un habitué du quartier à la recherche d’un tapin. Est-ce que le deuil lui donne une tête de tapin ? « J’te dépose ? » Il est dans un état second. Ses doigts serrent toujours le col de la bouteille. Il est pas certain de considérer l’idée – si idée il y a à considérer – il a juste compris que quelqu’un lui propose de monter en voiture, et il a tellement marché que ça serait pas de refus. Du coup, il se hisse sur ses guiboles, et sa main s’accroche à la poignée de la portière, la loupe, sans que le conducteur et son regard lubrique ne se préoccupent de la bouteille cognant contre la carrosserie. « C’est loin le fast-food ?Quoi ?Le, fast, food, » il articule, accoudé à la portière. L’autre est perplexe. « J’peux t’y emmener après.Après quoi ? » La voiture a redémarré en trombe devant lui. Les neurones en vrac, il sort son téléphone, supprime le numéro de Pop et poursuit sa route.
Sur le chemin, il s’arrête devant un food truck et demande un bagel – il est à l’ouest, n’a rien avalé depuis ce matin ; pour autant, la mort ne lui a pas coupé l’appétit. « On s’connaît j’crois. » Il attrape le bagel qu’on lui tend. À côté, la fille le reluque avec un sourire figé ; elle a de grands yeux tristes qui le transpercent sans réellement le regarder, et il fouille les tréfonds de sa mémoire, jusqu’à ce que ses billes glissent sur le bras qu’elle a dénudé – métallique et grinçant, un travail salopé. « T’es une fille de Felix. » Liz ? « Lieve.Lieve. » Il répète. Elle a un soda dans la main, du rouge à lèvres bleu et des bas résille sous un short en jean aux poches apparentes. Son teeshirt est déchiré à l’épaule. « Tu travailles ?Tu voudrais que je travaille ? » Il secoue la tête. Pas de ça avec lui, il a pas les tunes ni… enfin, on paye pas pour être avec une fille. Lieve est très jolie cependant, elle ressemble à une actrice et parle avec un accent qui n’a rien à voir avec le sien ; elle mordille sa paille, alterne avec la cigarette qui se consume entre ses doigts. « Tu vas où ? Il a l’air paumé. Ça t’embête si je marche avec toi ? » Il hausse les épaules et elle cadenasse son bras autour du sien, comme s’ils étaient de vieux amis qui avaient beaucoup à se dire alors qu’il ne la connaissait ni d’Ève ni d’Adam. Elle est sans doute défoncée, ce qui n’est pas plus mal. Il a toujours eu peur de prendre plus d’opium que les doses ridicules qu’il consomme irrégulièrement – il avait parfois des réminiscences de son père, vagues, presque rêvées, de sa silhouette titubante et de ses yeux explosés, et il se disait que la dépendance l’attendait au coin de la rue. Le narguait, testait sa force d’esprit. Il touchait même pas aux cigarettes, il avait des poumons pas terribles, et avec Pop qui écoulait des cartouches entières en quelques jours à peine, c’était tout comme. Ses vêtements sont constamment imprégnés d’une odeur de tabac froid. « J’peux te poser une question ?Ouais.Comment on t’a abîmé le bras, la dernière fois ?Mon client m’a coincé la main dans la portière. Heureusement, j’ai pas eu si mal, j’ai plus de sensibilité. Tu me passes un morceau de ton bagel ? » Sans attendre de réponse, elle en pique un bout. Puis c’est le silence. Un silence qui réchauffe – qui ne veut pas être brisé par des paroles inutiles ; aujourd’hui, parce que ce n’était pas une journée ordinaire, ce bras autour du sien le réconforte.
Finalement, Lieve l’a entraîné vers un immeuble délabré, ils organisaient des soirées sur le toit avant mais c’est devenu risqué et il y avait eu un mort. Les ascenseurs étaient condamnés, les escaliers puaient et malgré l’obscurité, il devinait des formes allongées à l’un des étages inférieurs. « La vue est belle en haut. » Il sait pas pourquoi il l’a suivie. La porte de service avait été dégondée, et une partie du toit s’était effondrée. « C’est assez solide pour deux personnes. » Elle se hisse sur le rebord mais lui ne fait que s’y accouder. Les yeux dans le vide, il contemple les voitures filer à vive allure sur un périph et de petits groupes compacts s’engouffrer dans une rame de métro, et de loin, s’ils étaient plus hauts, ils apercevraient peut-être un morceau de ciel, au-dessus de cette brume grisâtre. « Felix, la dernière fois, il parlait d’Altea parce que t’en venais ? » Elle acquiesce en balançant ses jambes, les paumes appuyées contre le bord. « Je pourrais t’aider, à y retourner. » Des fois, ça le prend comme une envie de pisser : il dit des trucs pas forcément réfléchis, mais y a un désespoir chez cette fille qui lui tord les tripes, ou un désespoir tout court qui résonne avec le sien, pour cette humanité qui vaut rien et le propre cul-de-sac qu’est sa vie. Va savoir à qui il propose vraiment de se tirer. « J’étais rien sur Altea, ça changerait pas grand-chose. Puis tu risquerais pas genre, beaucoup ?Ça changerait pas grand-chose. » Plusieurs fois, il avait voulu fuir. Loin, sans se retourner. Mettre la clé sous la porte, laisser les pilleurs dévaliser le magasin, et disparaître sans laisser de traces. Mais chacun nourrissait ce fantasme ici-bas. La vie serait pas forcément meilleure ailleurs. « J’avais pas envie d’être seule, t’es bien tombé. T’as l’air gentil. » Sur ces mots, elle pousse son sac à dos vers lui et glisse dans le vide. Ça lui coupe la respiration. La chute s’étire, s’étire – et quand le corps s’écrase sur le macadam, quelques mètres plus bas, il a l’impression qu’une heure s’est écoulée. Il entend une bagnole freiner – les pneus crissent, quelqu’un crie, et plus tard, y aura peut-être les sirènes.

2018« Je peux pas vendre ça.Pourquoi ?C’est un faux. » Il tend sa tablette au chef du groupe, sur laquelle figure un scan des bijoux volés et tout un tas de graphiques. Dans un coin de la pièce, Orion chique bruyamment du tabac et roule une clope. « C’est de la zircone cubique. Du synthétique. » Le type échange un regard mauvais avec l’acolyte qui se tient derrière lui, prêt à en découdre. Il aime pas traiter avec des braqueurs médiocres, il aime pas perdre son temps avec de la merde sans valeur et il aime encore moins les petits yeux vicieux de ce mec, qui le dardent avec insistance depuis de trop longues minutes. « Alors moitié prix. » Cazale secoue la tête, croise deux bras malingres sur sa poitrine. « Je peux pas vendre. C’est bon à être remballé.Et j’en fais quoi ?J’ai quelqu’un qui peut s’en occuper.Pop commence à manquer, il se serait arrangé.Il avait plus toute sa tête sur la fin, il aurait pas fait la différence entre un morceau de gravier et un diamant. » Ça claque sèchement, et il en profite – Pop lui manque pas, alors il se permet, maintenant qu’il se décompose six pieds sous terre, de cracher sur ses vieux jours. Plus personne ne l’engueulera, plus personne ne le menacera d’une beigne, et sans avoir véritablement changé, une drôle de confiance retrouvée crépite dans son bide. L’armoire à glace qui accompagne le type s’impatiente, et ce n’est qu’une question de temps avant qu’il se décide à braquer le canon de son arme sur sa tête. Il résiste, ça se voit, il y met du sien. « Trente pourcent.Pour l’effort ?Tu te fous de ma gueule, petit con ? » Dès l’instant où t’insultes un tant soit peu leur professionnalisme, ils perdent les pédales – il bossait pour les heathens, pas pour une organisation de seconde zone, et lorsque son regard rencontre le flingue pointé dans sa direction, il se dit, putain, ce serait pourtant plus simple – mieux encore, ne pas avoir de compte à rendre. « Vingt.Je négocie pas comme ça. (Du menton, il désigne la brute épaisse.) – Tu vas apprendre. J’te pensais à bonne école avec Pop.Baisse les yeux. » Il a ses couilles à la merci d’un cutter. « Quand je pense qu’il disait que t’avais rien dans le ventre. » Et malgré tout, malgré sa main qui ne tremble pas, le ricanement qui s’échappe de la bouche du voleur est une humiliation.
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Noor Vane
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MessageSujet: Re: c l i m a x   c l i m a x EmptyMer 19 Sep - 19:08

JAMES BAY IS BAE
bbbbbbbbbbb love glande autant que tu veux va, sod c'est la casa moustache tu peux même flooder si vrmt t'as du taff à fuir tkt même pas arrow bon courage pour ta fiche, trop prête à être encore slay par ton talent, j'ai hâte d'en lire plus là jule si t'as des questions tmtc, faut pas hésiter à nous contacter etc etc BREF REBIENVENUE À LA MAISON iiih
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MessageSujet: Re: c l i m a x   c l i m a x EmptyMer 19 Sep - 20:04

ce début de fiche alléchant. jule
bienvenie sur sod et bon courage pour la suite de ta fiche. I love you
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Ana Washburn
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MessageSujet: Re: c l i m a x   c l i m a x EmptyMer 19 Sep - 21:26

james coeur
c'est cute
bienvenue, et bonne chance pour la suite de ta fiche I love you ce début est si bien écrit angel
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Nina Rhodes
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MessageSujet: Re: c l i m a x   c l i m a x EmptyJeu 20 Sep - 22:19

ce choix d'avatar trop original et génial, on dit ouuuuui iiih
bienvenue à la maison (et bienvenue à néphède jule) et bon courage pour ta fiche kr même si celle-ci est bien avancée hinhin
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MessageSujet: Re: c l i m a x   c l i m a x EmptyVen 21 Sep - 18:09

Bienvenuuue inlove
J'adore le prénom et ce début de fiche cute
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MessageSujet: Re: c l i m a x   c l i m a x EmptyDim 23 Sep - 16:30

noora bb love la queen herself qui parle de talent jpppppp qsdlkjsqkjd jte lowkey blâme cette version est folle et j'ai craqué comme une gueuse en mode fuck it???? jte remercie pas???
merci chaton! hh kr hh

jad merci!  cute  cute

diana deepika chui weak inlove inlove merci! pétille

nina lily je  minikr (c'est ma connexion internet inexistante qui me fait avancer, jpeux pas glander sur tumblr et youtube  meuh  meuh ) merci!  pétille

navid ce choix de famille :purple: merci! cute
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Scar Kolisnychenko
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MessageSujet: Re: c l i m a x   c l i m a x EmptyLun 24 Sep - 21:04

j'adore le prénom, ça commençait déjà bien
puis cette tête
puis cette plume
puis ce perso

??????????
me is in love
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Thalia Stilinski
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MessageSujet: Re: c l i m a x   c l i m a x EmptyLun 24 Sep - 21:12

mathyyy de retouuur sobs damn j'ai pas encore tout lu mais doux jésus tu vas nous faire un perso absolument trop perf jpppp tbe BIENVENUE SUR LE FO et bon courage pour ta fiche, tu sais où nous trouver jule kr
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