girls just want to have fun ((lava#1))

Le show s'est terminé avec une minute de retard, toujours autant de sueur et la musique qui continue de bourdonner dans ses oreilles. Quand elle touche la sol, elle a la sensation de flotter, des jambes en cotons et la pression qui se relâche dans ses muscles. Elle suit le rythme de la musique même quand elle marche, sans y faire attention. Jad connaît chaque notes par coeur, son corps y est calqué, si bien qu'elle n'écoute plus depuis longtemps, elle ressent. La blonde n'est jamais sure de quel morceau joue, elle récite sa chorégraphie par automatisme. Si on lui faisait écouter les chansons à part, peut-être qu'elle trouverait ça de mauvais goût et peu inspirant, mais c'est son travail depuis si longtemps. Elle suit instinctivement l'émotion qui accompagne les instruments et sait quand elle doit jouer triste ou devenir féline pour quelques minutes. Jad sait montrer les crocs ou avoir la caresse d'une plume, presque invisible.
La soirée s'est terminée d'un coup comme à chaque fois, par un retour sur la terre ferme et la tête encore dans les étoiles. Jad s'évade dans ses pensées sans faire attention à qui se trouve sur son chemin, évitant avec précaution de croiser le regard de certains et de Max, si par malheur il devait être là. Elle n'a pas de temps à accorder à ça ce soir. Hier à laissé place à aujourd'hui, il doit être trop tôt dans le matin pour que le jour se dévoile, au beau milieu des nuits sans fin de Néodam. la danseuse se laisse choir avec la délicatesse d'un roseau ployé sous le vent, sur son fauteuil devant le miroir qui lui sert à se maquiller. Sa peau brille légèrement et dans le coin de ses yeux, le noir coule de ses cils. La fatigue est marquée sur son visage, une fatigue d'effort. Mais elle ne s'imagine pas rentrer chez elle maintenant, Jad s'invite souvent aux afters quand le sommeil ne vient pas. Ce soir, elle est parfaitement éveillée, maintenue en l'état par l'effort qu'elle vient d'effectuer et l'adrénaline encore dans ses veines. Danser pour les requins lui procure un sentiment de défi qu'elle ne s'est jamais expliqué, elle ne s'est jamais sentie aussi forte que perchée sur une barre de fer. La situation entre ses mains.  Elle danse à l'endroit même où son père est mort, peut-être que ça a quelque chose de symbolique et qu'il s'invite tous les soirs pour la porter. Elle devrait faire comme lui, prendre un verre après, l'avaler cul sec et se laisser berner par le premier homme riche prêt à payer toutes ses dettes pour une soirée à ses cotés. Mais elle n'est pas comme ça.
Elle préfère se débrouiller toute seule, par ses propres moyens. Son propre argent.
Elle ferme les yeux et se détend, jusqu'à ce que le club disparaisse et laisse place à un autre endroit. Elle a apprit à se projeter, sans savoir exactement comment ni pourquoi et quels sont tous les tenants et aboutissants de ce lien. C'est différent de Bebe qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Ils ne peuvent pas faire les mêmes choses. Et lui, c'est presque normal qu'ils se soient connus. Ce n'est pas le cas de Lava. Elle n'a pas tout de suite fait attention à elle, plutôt effrayée par la compagnie dans les reflets. Puis, elle s'est accommodée de cette présence. Tout est différent. Lava n'est pas jalouse, elle ne doit pas savoir ce que c'est. Lava est... particuliè. Mais Jad a le sentiment que ce n'est pas de sa faute. Quand elle ouvre à nouveau les yeux, elle a voyagé dans un autre monde. Son corps n'y est pas physiquement présent, mais son esprit est libre de s'y promener.L'endroit n'est pas celui auquel elle s'attend. Ce n'est pas le club des Nulls où l'ambiance feutrée est calculée pour laisser place au désir des corps. Aux murs rouges tapissés de velours qui isolent les chambres, d'où aucun bruit ne sort. Elle se trouve directement dans l'appartement de Lava - c'est ce qu'elle déduit. Et le rouge lui vient au joue quand elle se rend compte qu'elle n'imaginait pas vraiment Lava vivre ailleurs que dans ce milieu de débauche. Malgré tout, plantée au milieu de la pièce et consciente de la surprendre dans son quotidien, Jad sourit. Je suis venue te voir ce soir. J'espère que ça te dérange pas Ses yeux parcourent la décoration très subtile. Puis se posent sur son amie. Tu fais quooooi ? Lava ne vit pas seule ici, il y a des affaires qui n'ont pas l'air de lui appartenir et... Jad trouve l'endroit aussi sympathique que l'appartement de sa famille. Pas beaucoup, donc.
Mais Jad est curieuse. Elle aime s'intéresser aux autres, surtout ceux qui comptent.

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c’est nova qui m’a réveillé en partant ce matin. elle est allé voir son copain. et moi je suis restée seule. parce que le mien, de copain, il est pas là. il est toujours occupé. toujours à faire un truc. mais c’est normal. il est important. et il a un travail qui l’est autant que lui. alors je comprend. puis aujourd’hui, diana m’a pas obligé à sortir. aujourd’hui, c’est un vrai jour de repos. je peux rester allongée toute la journée. je peux rester seule toute la journée. j’ai pas à rencontrer d’autres personnes. j’ai pas à sortir dehors pour “découvrir le monde”. aujourd’hui, je peux juste rester dans mon appartement, et faire des trucs que pour moi. avec nova partie, j’peux faire tout ce que je veux. j’pourrais même aller dans sa chambre. mais j’ai pas envie. y’a rien d’intéressant dans sa chambre. j’ai même peur de tomber sur des trucs sur lesquels je voudrai pas tomber. le canapé dans la petite salle à manger/cuisine a toujours été l’endroit le plus confortable de la maison. et quand nova est là, elle est toujours dessus. et parfois j’aimerai m’assoir dessus aussi. mais elle me le laisse jamais. sous prétexte que j’ai les clients les plus doux, j’ai pas besoin de me reposer autant qu’elle. peut-être qu’elle a pas tord. j’en sais rien. je me suis jamais demandée si elle mentait juste pour avoir le canapé. je trouve ça débile, de mentir pour un canapé. ou de trouver une excuse. puis je connais nova, et nova me connait bien. elle sait que “je suis dessus parce que je veux, et j’y suis maintenant, toi non” aurait suffit. c’est pour ça. je pense qu’elle ment pas. ça me fait pas de la peine. mais peut-être un peu. c’est triste. que j’ai que les gentils, et que les autres m’en veuillent. je sais pas vraiment si elles m’en veulent. après tout personne en parle vraiment, à part nova. mais je pense que certaines m’en veulent. elles comprennent pas. je suis pas vraiment sûre de comprendre non plus, en fait. aujourd’hui, nova est pas là. et aujourd’hui, je peux avoir le canapé. et ça fait plus de trois semaines que je me suis pas assise dessus. et il est toujours aussi confortable. j’ai pris le livre que m’a donné ajay avec moi. il m’a demandé de le lire en entier pour quand il reviendrait me voir la prochaine fois. j’ai pas encore pensé à l’ouvrir. et il serait temps, je pense. j’ai pas envie de le mettre en colère. y’a aucune raison que j’ai envie de le mettre en colère de toute façon. je croise les jambes et me met à lire. ça parle d’un ours. un enfant ours qu’a perdu ses parents. c’est triste. mais je pense que l’ours a de la chance. si ses parents avaient été plus vigilants, il se serait pas retrouvé seul. ses parents le méritent pas. l’enfant ours mérite mieux. il se retrouve dans un bois. et il rencontre un petit enfant. je pensais que j’aimais pas ça, les enfants. parce que j’en avais jamais rencontré un. et que nova me disait toujours que c’était énervant. mais j’ai rencontré un vrai enfant avec opal. et je l’aime bien. elle fait comme si c’était une grande personne parfois. alors qu’elle est encore toute petit. et moi, ça m’énerve pas, ça me fait sourire. l’enfant lui propose son aide. et j’aurai probablement pas fait confiance à l’enfant. parce qu’un ours peut se défendre très bien tout seul. et qu’il a plus de chance de s’en sortir seul qu’avec l’enfant. mais il le suit, dans l’histoire. je crois. je touche la page pour la tourner quand le voix de jad résonne dans la salle. et quand je lève les yeux, elle est là. je comprend pas trop tout, comment ça fonctionne, mais elle est là. et j’aime bien quand elle est là. alors je souris, un peu seulement. elle parle de soir, et je regarde l’heure. j’ai passé la journée à lire. mais c’est pas une bonne nouvelle. j’en suis qu’à la cinquième page. je prends pas la peine de ranger le livre, lorsqu’elle demande ce que je fais. “je lis.” c’est vrai. j’ai pas envie de lui dire que j’apprends à lire. de ce que j’ai vu, c’est pas normal de pas savoir bien lire, à mon âge. nova s’est moquée de moi, quand elle a vu l’histoire. alors je dis juste que je lis. comme ça, ça passe mieux. et les gens jugent pas. “c’est bizarre comme histoire. illogique.” parce qu’un ours suivrait pas un humain. parce que l’ours est bien plus fort que l’humain. l’ours a pas besoin de l’humain. l’ours en fait, pourrait le manger, l’humain.

Jad ne se gêne pas. Il n'y a pas grand chose qui la mette vraiment mal à l'aise, en dehors des gros pervers et des vieux qui lui foutent la main au cul. C'est un peu la même chose, avec une différence d'âge en fonction de la catégorie. Les pervers ont en général son âge et le QI égal à la taille de leur sexe, ce qui est malheureusement pour eux, plutôt avantageux vu que peu de personnes possèdent un Q.I négatif. Elle est à l'aise dans toute type d'environnement en dehors de ça et surtout ailleurs que chez elle, où règne une ambiance beaucoup trop stérile. Pire que dans une salle d'attente ou un couloir d'hôpital, elle préfère encore l'appartement de Cliff où le silence est agréable. Pas celui de la mort, qui plane toujours même après des années, comme si personne n'avait accepté la chose et qu'on attendait toujours le retour du paternel. En attendant, elle garde la tête sur les épaules et ramène les billets. Alors, non. Jad ne va se gêner, se cacher dans un coin et s'en vouloir de s'être introduit même involontaire ici. Au contraire, elle se déplace en face de Lava et s'assoit en tailleur, en face d'elle, mais par terre. C'est confortable, malgré tout et le parquet un peu abîmé, les insectes qui doivent y loger. Une araignée qui grimpe sur le mur. Elle aime les araignées Jad.
Elle se voudrait veuve noire après tout, aux doigts aussi long que des pattes, la langue crochue comme des griffes, des crocs. Empoisonnée. Mais la blonde fait plus de bien que de mal. C'est son talent, de faire du bien, physiquement, quand elle danse. Et puis, pourquoi se sentir mal à l'aise. Après tout, elle a l'habitude de voir Lava à moitié nue et réciproquement, la jeune prostituée doit l'avoir vue plutôt déshabiller à de nombreuses reprises. Peut-être dans sa douche. A vrai dire, Jad n'a jamais regardé, elle n'est pas vraiment intéressée par les autres filles. Elle préfère jalouser, faire des scènes et tirer les cheveux, mélanger le shampoing et la mousse à raser comme au bon vieux temps dans les vestiaires. Elle regarde peu de choses à part Max. Elle a même arrêté de fantasmer sur les acteurs de séries. Maintenant, elle se concentre sur sa vie.
Et puis, depuis une éternité, elle n'a pas ouvert un seul livre. Celui que lit Lava lui est inconnu. Dans son monde, il n'existe pas, pas sous cette forme en tout cas. Mais au vue de la couverture et des couleurs criardes des dessins, ce n'est pas un livre pour adulte. Elle en voit quelques uns dans le métro Jad. Aux longs titres, qui sont impossibles à déchiffrer. Les livres ne sont pas sur du format papier, mais sur des liseuses, sur les téléphones. Pas brochés. Elle se compte même qu'avant, elle n'avait jamais vu ce genre de livre. C'est étrange. Elle ne s'imagine pas lire comme ça. Tout est plus pratique chez elle, on lui fait la lecture audio. Mais même avec ça, elle s'endort. Les auteurs manquent cruellement d'imagination. Ses derniers lectures remontent du temps où elle était encore étudiante. Pas si longtemps, trop loin pourtant. Ah. Il parle de quoi ton livre ? La curiosité est de mise, l'envie de parler aussi. Pour une fois qu'un sujet plus profond peut les réunir. Jad finit par se relever pour s'approcher du canapé. Je peux m'asseoir à coté de toi ? Cette fois, elle est assez proche pour déchiffrer quelques mots. Les yeux qui louchent en direction des mots. Elle a déjà mal à la tête. Pour lire, Jad a des lunettes. Des loupes, qui rendent cela plus confortable. Mais puisqu'elle ne lit pas. Elle n'a pas ses lunettes sous la main. A la place elle plisse les yeux et offre une grimace qui lui tord les lèvres en cul de poule. Tu n'es pas un peu grande pour lire ce genre d'histoire ? Jad ne comprend pas tout avec Lava. Elle a son âge mais agit parfois comme une gamine, pourtant très mature dans ses gestes et dans son regard. Un éclat, dû à son travail. Et jad n'est pas douée pour comprendre les choses.

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y’a toujours eu beaucoup de choses que je comprenais pas. et je le sais. on me le fait assez souvent remarquer. ‘regarde lava, ça c’est comme ça, et pas comme ça’ ou ‘mais non, lava, tu comprends pas.’ pour finir sur du ‘tu comprends jamais rien, de toute façon’. et dans les choses que je comprends toujours pas, y’a les histoires, les livres. qu’on me les raconte ou que je les lise, c’est toujours très distant, toujours très bizarre. parce que ça fait aucun sens. et on a beau me dire que c’est normal, que je suis censée imaginer tout ça, que c’est pas réel. je comprends pas. pourquoi écrire quelque chose qu’est pas réel ? c’est quoi le but ? qui perdrait son temps à écrire des choses sorties de leur imagination ? le monde dans lequel ils vivent est pas assez intéressant ? pourquoi pas écrire sur le monde tel qu’il est ? lava comprend pas, ces gens là. et cette personne là encore moins que tous les autres. écrire sur un ours qui suit un humain, c’est ridicule. d’ailleurs, écrire sur un humain qui suivrait un ours le serait tout autant. peut-être même plus. mais là. l’ours est un animal, il est censé avoir peur de l’humain. l’attaquer, le manger. c’est ce que font les animaux quand ils prennent peur, ils attaquent. j’ai appris ça dans un livre d’école que theo m’a lu. on a du m’en parler quand j’étais en cours, d’ailleurs. je m’en souviens parce que ça m’avait intéressé. de voir que les animaux faisaient des choses par instinct. je crois plus en l’instinct qu’en la réflexion. depuis toujours. diana pense qu’il faut que je change ça. je sais pas trop pourquoi. peut-être parce qu’un humain est censé réfléchir avant d’agir. elle a probablement raison, diana sait tout, de toute façon. mais j’aimais bien agir avant de réfléchir. réfléchir, ça prend trop de temps. et parfois, on perd l’impulsion de ce qu’on voulait faire, et c’est vite trop tard. en réfléchissant, j’ai perdu de belles occasions. de voir theo, par exemple. ou de harponner des clients. mais d’après diana, et nova, c’est pas grave. d’après elles, y’a plein d’autres occasions. et elles ont probablement raison. elles ont toujours raison. et moi j’ai toujours plus ou moins tord. pas que ça me contrarie. c’est normal. j’ai moins vécu de choses qu’elles. elles sont plus âgées. puis elles ont été instruites. c’est pas vraiment mon cas. alors j’accepte d’apprendre. que j’aime ça ou pas. jad est là, assise. elle s’est mise en tailleur par terre. c’est bizarre, mais pas dérangeant. elle aurait pu s’assoir sur le fauteuil, ou à côté de moi sur le canapé. elle l’a pas fait. c’est pas grave. j’aime bien pouvoir la voir, comme ça, en vrai. ça lui donne quelque chose de réel. plus qu’avant, quand je la voyais quand dans mon reflet. puis, parfois, il m’arrivait de penser la voir, alors que c’était que moi. et quand je m’en rendais compte, j’étais triste d’être seule. maintenant, c’est différent. je suis sûre de quand elle est là, parce qu’on l’est toutes les deux, là, et c’est bien. c’est mieux. malgré sa présence, je repose les yeux sur le livre, et j’essaye de continuer. les mots se forment, mais le sens des phrases, non. même si j’apprécie la présence de jad, elle me déconcentre, pour ça. elle demande de quoi il parle, et j’hausse les épaules. parce que, qu’est-ce que je peux répondre à ça ? je lui ai déjà dit que c’était bizarre et illogique. et je peux pas bien décrire quelque chose de bizarre et d’illogique. déjà quand c’est normal et logique, j’ai du mal. elle se lève finalement, et j’hausse de nouveau les épaules à sa question. elle aurait pu s’assoir là dés le début. je comprend pas pourquoi elle l’a pas fait. mais encore. j’ai jamais trop compris grand chose à rien. finalement, à sa question, je me tourne vers elle, le livre en évidence de nos deux paires d’yeux. elle a probablement raison. à mon âge, je devrais lire de ces livres chiants sans images et écrit en tout petits. mais j’arrive pas à les comprendre. le king m’a dit que je les préfèrerais pourtant, parce qu’ils sont souvent plus réalistes. mais je dois commencer par ça. “Si. Mais c’est facile à lire”. pas à comprendre. c’est même tout sauf facile à comprendre. il irait pas suivre l’humain, l’ours. j’aimerais bien qu’aux chapitres suivants, l’ours mange l’humain. c’est dans la nature des choses, je crois.

Il n'y a jamais eu beaucoup de livres chez elle, ils avaient une vielle étagère avec des ouvrages qu'elle n'avait pas le droit de toucher car rares et anciens. Ils avaient des liseuses et naturellement elle avait la sienne parce qu'elle était l’aînée et que ses frères préféraient se battre ou joueur au policier et au brigand. Ce qu'on ne dit pas, c'est que dans les quartiers pauvres, ce n'est pas le bon rôle que d'être le flic. Il y avait une sorte d'encouragement à la violence chez les jeunes garçons qui ne leur a pas échappé. Leur père qui était pourtant un homme de sciences ne voulait pas que des enfants s'approchent de trop prêt de l'ordre corrompu. C'était presque pire que de dealer. Quand il a commencé à se droguer, la blonde a rit jaune.
Son père a toujours soutenu la délinquance, il n'aurait pu vivre sans elle. C'est aussi elle qui l'a tuée et, naturellement, Jad la déteste. Elle quittera un jour ces rues infâmes, ces hommes cupides et monstrueux. Elle ira danser ailleurs, auprès de ces riches qui aiment vraiment l'art. Elle sera bien payée. Elle pourra avoir son échoppe. Elle pourra avoir ce qu'elle veut, toucher ce qu'elle veut. Lire ce qu'elle veut. Elle emportera Lava avec elle, pour qu'elle aussi puisse vivre une autre vie, loin des hommes qui eux, la touchent.
Jad n'a pas le souvenir d'avoir été une enfant que aimait lire, parce qu'elle trouvait ça ennuyeux comme la majorité des enfants. Elle a aimé ceux dans le genre que Lava lit, avec de grosses lettres et des mots facile à comprendre, colorés et illustrés. Un peu fantastiques, surtout que ça parlait d'étoiles et de vielles légendes. Jad aimait les fées. Elle en avait sans doute de nombreux, pour apprendre à lire correctement, pour alimenter ses jeux. Elle aurait pu aimer la lecture si elle n'avait grandit, si les images n'avaient pas laissé place à des pages grises et des lettres exclusivement noires, sur des centaines et des centaines de pages. Tout est déjà si monotone et répétitif à Néodam et il fallait que ce soir la même chose, même dans les livres.  
Jad se penche sur l'ouvrage, plisse les yeux légèrement  par réflèxe, habituée à porter des lunettes pour la lecture,  mais les lignes ne se mélangent pas trop sur ces bouquins là. Elle ne connait pas le sentiment d'avoir un livre entre ses mains. Elle en aurait des frissons, tant elle meurt d'envie d'essayer. L'histoire lui est inconnue. Peut-être qu'ils ne partagent pas les mêmes légendes. Là ou Lava vit. « Je connais pas cette histoire. Tu pourrais la lire à voix haute. C'est un peu enfantin. Mais  qui est-elle pour juger ? Elle n'a même pas eu son examen avec une note très élevée, encore aujourd'hui, il y
a un tas de choses qu'elle comprend plus lentement que les autres. Même si, c'est étrange de ne pas savoir correctement lire à son âge. Alors, Jad frisonne pour une autre raison que le livre. Partagée entre le besoin de savoir réellement pourquoi Lava est à ce point en retard et le sentiment que ne pas savoir est aussi bien. Peut-être que la vérité est trop abrupte. De toute façon, Jad n'a pas peur des vérités. Simplement, elle ne sait pas si elle pourrait la supporter, tout en se sachant incapable d'aider son amie. - Tu sais, moi j'étais pas douée à l'école alors c'est pas grave si t'as du mal. Mais c'est important de travailler et s'entraîner. Elle soudainement une idée. Peut-être que je peux lire avec toi, pour t'aider ? C'est ta colocataire qui t'as donné ce livre ou tu l'as vraiment acheté au rayon enfant ?  »  Pour mieux voir, Jad allonge sa tête contre l'épaule de Lava, s'imprégnant du texte en attendant sa réponse. Comme elle n'est pas physiquement présente, elle ne craint pas trop un rejet. De ce qu'elle a vu, Lava n'est pas trop réfractaire au contact. Peut-être en fait-elle même trop parfois.

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j’aime bien jad. et je crois que jad m’aime bien, aussi. on s’entend bien. je pense qu’on se ressemble plus qu’on n’est différentes. et je pense que c’est bien. j’ai besoin de personne, je suis une grande fille responsable. mais j’aime bien parfois, avoir des gens autour de moi. j’aime bien avoir nova. j’aime bien aussi avoir les autres. j’aime avoir theo et diana. et plus que tout, c’est vrai que j’aime avoir jad. parce que jad est là sans être là. et depuis six ans. j’aimerais bien la rencontrer un jour. je pense que ce serait pas amusant, mais que ce serait émouvant. je pleurerais pas, parce que je pleure rarement. mais peut-être, un peu, quand même. j’aimerais que jad soit plus présente que juste là comme un fantôme. parfois, jad me manque. parfois, je vis des trucs, et je me dis que j’aimerais bien en parler à jad, ou savoir ce que jad en pense. puis jad, elle est plus grande que moi. enfin, non, je crois qu’on a le même âge. mais elle fait plus âgée que moi. comme beaucoup de gens. je pense que beaucoup me donnent moins que 19 ans. parce que je sais pas lire, ou pas écrire. ou parce que je me comporte de façon étrange. ça me dérange pas. par contre, ça donne toujours envie de me protéger de moi-même, et ça, ça m’énerve. parce que j’ai 19 ans. et que je sais prendre des décisions toute seule. les pires, c’est ceux qui essayent de me convaincre que j’ai rien à faire chez les nulls. que j’ai rien à faire dans le métier que j’ai. c’est les pires. je les aime pas, ceux-là. ils se mêlent de choses qui ne les regardent pas, et ça m’énerve. alors eux, je les ignore. et je me concentre sur ceux qui me comprennent, et qui comprennent que les nulls sont importants pour moi, l’ont toujours été, et le seront toujours. les nulls m’ont accueilli et ont été plus une famille que quiconque l’a jamais été. puis chez les nulls, y’a theo. et je quitterais les nulls pour rien au monde, rien que pour ça. et c’est même pas la seule raison. mais même si c’était la seule, elle serait suffisante. mais j’aimerais que jad soit plus présente. parce qu’elle est de ces gens qui semblent plus âgé, mais qui le montrent pas forcément. qui me font pas remarquer que je suis bizarre. et je m’en fou, de ceux qui s’en moquent par exemple. mais ceux qui se pensent supérieur, et se permettent de juger ce que je fais de ma vie, ça non. eux je les aime pas. jad s’assoit à côté de moi, et ça me dérange pas. je suis habituée au contact des gens, évidemment. après, y’en a que peu que j’apprécie. jad en fait pas forcément partie. mais elle fait pas partie des gens que j’apprécie pas non plus. puis finalement, je sais pas trop si c’est vraiment considéré comme un contact. après tout, enfin. jad est là, mais pas vraiment là, en même temps. j’évite de trop penser aux liens cosmiques, c’est vite le fouilli dans ma tête quand je commence à y réfléchir. lorsque jad me demande de lire à voix haute, j’hoche la tête. pourquoi pas. diana et ajay seraient ravis s’ils savaient que j’ai quelqu’un qui peut m’aider à lire, et m’aider à apprendre. et à m’exercer. ils s’inquiètent vraiment de ce que je peux ou ne peut pas faire. et ils seraient contents, de voir que je peux avec quelqu’un. je tourne les pages pour revenir au début. mais change d’avis. elle comprendra bien l’histoire, même si je la continue de là où je me suis arrêtée. puis j’ai déjà lu le début, alors c’est pas intéressant de le relire. ni pour la compréhension, ni pour la lecture, en elle-même. j’hoche la tête de nouveau, en entendant ce qu’elle dit. elle a raison. travailler et s'entraîner, c’est le plus important. même si c’est dur. j’aime jad. parce qu’elle comprend ses choses là, sans me juger, jamais. je réfléchis quelques secondes à sa proposition de lire avec moi. pourquoi pas. “Oui, d’accord. Je peux lire l’histoire, et toi, les dialogues, d’accord ?” le sourire sur mes lèvres s’étire. j’aime ce moment, passé avec elle. “Non, c’est Diana, qui me l’a donné. Je pense qu’il était à elle avant qu’elle parte de chez sa famille.” mais c’est pas important, à qui il est, le livre. ce qui importe, c’est ce qu’on va en faire, avec jad. et ça m’amuse d’avance. j’aime bien, ça. j’vais pouvoir apprendre, en m’amusant un peu. puis avec jad, en plus. quand je fais ça avec nova, elle s’ennuie, rapidement, et s’en va. c’est frustrant. “Je commence.” je retourne au début, finalement. parce que si elle lit avec moi, faut qu’elle lise le début aussi. “Monsieur l’Ours s’est disputé avec ses parents. Il a décidé de partir en forêt pour se calmer et chasser des oiseaux. Monsieur l’Ours arrive alors à une intresetion, intersetion, intersection, et se perd. Il prend un chemin, et croise un humain. Il dit”. je m’arrête. et je souris plus. j’étais contente, de lire avec elle. mais j’ai peur, maintenant. parce que nova dit souvent que j’ai l’air ridicule. et jad est l’est vraiment pas. peut-être qu’elle va me voir différemment, maintenant. c'est injuste. j'ai jamais cherché à être ridicule, moi.

Jad n'est pas mal à l'aise. Ce n'est peut-être pas le genre d'activité qu'elle aurait aimé faire avec Lava, mais c'est moins que rien. Elle est au moins heureuse de pouvoir passer du temps avec quelqu'un d'autre que les autres filles du Gentlemen's Club, avec qui elle ne s'entend pas du tout. Jad a l'habitude de jalouser ses congénères, pas d'aller prendre un verre une fois le travail terminé. A la différence de certaines, elle ne monte pas dans les limousines noires de gros clients, elle ne se laisse pas avoir par l'attrait de l'argent même s'il profiterait grandement à sa mère et ses frères. La blonde est mal à l'aise avec ça, elle déteste l'idée que des hommes fortunés puissent profiter de la pauvreté et du désespoir de certaines filles pour satisfaire leurs pulsions. Non, Jad n'aime pas les hommes. Ceux qu'elle a aimé ne sont pas comme ces porcs. Jad prend place pour pouvoir lire sur le livre de Lava. Elle sait que Diana est sa bosse, mais elle ne connaît pas l'étendue de leur relation. Apparemment, le gang au sein duquel Lava évolue est plutôt familial. Il  y règne une bonne ambiance, elle le ressent grâce aux émotions de son amie, qui sont rarement négatives quand elle va travailler à cette endroit. Ce n'est pas le cas de Jad, elle n'aime pas les Sharks. Ce sont les sharks qui ont volé la vie de son père et elle ne pourra jamais leur pardonner.
La jeune fille ne pense pas qu'elle pourra un jour tolérer un gang, elle n'aime pas appartenir à quelqu'un. Se sentir enfermée. Elle n'est pas libre de ses propres gestes et rêve de pouvoir saisir l'occasion rêvé, qui la propulsera au dessus des nuages noirs et menaçant qui planent au dessus de sa tête. Elle a hâte de retrouver la surface, respirer et nager jusqu'au rivage, où une vie meilleur l'attend. Loin des barres de pole dance. Jad aurat préféré une scène, des spotlights et son corps vêtu d'un joli tutu en cuir. Au lieu de cela, elle trémousse ses fesses musclées en string devant des chiens. Elle est un peu comme cet ours. Sauf que même si elle a marre de sa famille, elle retrouve toujours le chemin. « Hum... Okay. Alors...Monsieur L'Ours dit "Bonjour" et l'homme qui n'avait jamais vu d'ours prend peur. Il se cache derrière un rocher mais Monsieur L'Ours  lui dit "N'ait pas peur, je suis un ours gentil. L'homme va voir Monsieur L'Ours et lui demande "Comment t'appelles-tu ?" Monsieur l'Ours répond "Je m'appelle Monsieur L'Ours et toi ?" L'homme se présente. "Je m'appelle Dimitri". Ils discutent ensemble puis Monsieur l'Our lui dit "Je me suis disputé avec mes Parents et je suis parti. Veux-tu être mon ami ?" L'homme est joyeux, il lui serre la patte. "Soyons amis" » L'histoire ne plaît déjà pas à Jad. Parce que dans la réalité, un homme et un ours ne font pas bon ménage. Elle n'a jamais vu d'ours à Néphède, mais elle sait que si il y en avait, soit les gangs trouveraient le moyen de mettre la main dessus pour les vendre, soit ils décideraient de le tuer. Car c'est ce que font les hommes quand ils rencontre quelqu'un qu'il ne connaissent pas et qui est différent d'eux. L'histoire doit ans doute prôner la tolérance et c'est une bonne chose. Elle ne sait pas, Jad, comment est la vie sur Altéa. Elle n'y est jamais allée, n'a vu qu'à travers les yeux de Jad. Et ça lui faisait mal. Les couleurs étaient si vive et le ciel était si bleu, qu'elle a prit peur en pensant qu'il allait leur tomber sur la tête. La blonde tourne la tête vers  Lava, faisant bouger ses boucles tenues par de laque extra forte. Tu te débrouilles pas mal. Tu veux continuer  ? Elle sourit avec tendresse, comme une mère avec son enfant. Comme-ci elle était avec son plus jeune frère et qu'elle le dorlotait encore, pour ses rares moments où il n'est pas dans l'adolescence, à vouloir être seul et la jeter hors de sa chambre. Quand il lui dit qu'elle ne remplacera pas papa.

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nova a jamais été la fille la plus gentille de l’univers, avec moi. je le sais. mais je pense qu’elle l’est avec personne. diana dit que c’est parce qu’elle est pas vraiment heureuse dans sa vie. et qu’elle est aigre. je sais pas ce que ça veut dire. mais si ça veut dire que du coup, elle est facilement méchante, alors c’est probablement vrai. puis, diana dit rarement des choses fausses. jamais, même. donc, oui, nova est méchante. mais peut-être qu’elle a raison sur certaines choses. sur mon incapacité à lire, par exemple. peut-être que c’est pitoyable, ridicule, comme elle dit. et peut-être que c’est ce que je dégage à jad. j’ai peur que ce soit le cas. j’aimerais bien que ça le soit pas. mais après tout, jad me connaît mieux que quiconque d’autre. le lien de cluster est le lien le plus intense que j’ai. outre celui de soulmate, avec theo, dont je suis fière. et d’un coup, alors que je viens de finir de lire, j’ai plus du tout envie de lire. pas face à jad. j’ai pas envie qu’elle pense que je suis nulle, ou débile. pas que je lui fasse pas confiance pour comprendre, mais, ça me fait peur, un peu. ce que les gens pensent de moi, en général, ça m’importe peu. mais pas jad. jad est l’une de ses personne pour qui c’est important, ce qu’ils pensent de moi. et pourtant, elle lit à son tour, jad. et je l’écoute, attentivement. même si je connais déjà l’histoire, et surtout le début, par coeur. j’essaye de lire ce que j’entend, en même temps qu’elle le dit. c’est plus facile que ça l’était à une époque. mais c’est toujours aussi débile. l’histoire change pas, qu’importe le nombre de fois où je la lis. l’histoire reste absolument ridicule, et impossible. un homme ne serait pas ami avec un ours. un ours ne suivrait pas un homme. l’ours mangerait l’homme. et c’est tout. et lorsque jad se met à lire tout, dialogues et textes, je l’arrête pas. parce que finalement, j’ai plus envie de lire. et lorsqu’elle s’arrête, finalement, et se tourne vers moi, je tourne les yeux. j’veux pas qu’elle me voit. j’veux pas qu’elle me regarde. j’suis nulle. j’ai l’âge de savoir lire, écrire, et faire plein d’autres trucs. et je sais juste danser, et embrasser, et avoir des relations sexuelles avec des inconnus. comparée à moi, jad sait faire plein de trucs. et peut-être qu’elle aurait préféré être liée à quelqu’un de mieux. je sais pas. parfois, ça me fait peur. elle me dit que je me débrouille bien, me demande si je veux continuer. je secoue la tête, négativement. et je ferme le livre, et le balance à travers la pièce. je croise les jambes, et regarde jad. elle est si jolie, jad. pas plus que moi, mais quand même. j’aimerais bien lui ressembler, parfois. j’aimerais bien avoir l’impression d’être intelligente, au moins un peu. le physique c’est important. mais diana me donne que les hommes qui veulent pas discuter. parce que je sais pas faire. j’aimerais bien pouvoir savoir faire. “Dis Jad...” est-ce que tu m’aimes bien ? est-ce que t’aurais préféré être dans un cluster avec quelqu’un d’autre ? est-ce que c’est normal, ma vie ? “Non, rien. Laisse tomber.” je connais les réponses. et j’aime pas poser des questions inutiles. diana m’a dit que parfois, il fallait que je me fasse confiance, que je connaissais les réponses à mes questions. que j’avais pas besoin de les poser. c’est le cas, aujourd’hui, j’en suis sûre.