echo from my dream (jillian)

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☽ ft. jillian

Prunelles chocolat qui brillent dans le noir ; indifférentes à l’obscurité bien établie. Le sommeil la fuit, comme toutes les nuits depuis aussi loin qu’elle se souvienne. La peur qui lui serre le palpitant, les monstres peuplant ses rêves qui n’attendent qu’un moment de faiblesse, un simple assoupissement pour la torturer. La peur, l’impuissance, prisonnière d’un passé qui se déroule à l’infini lorsque le soleil disparait. Elle refuse de souffrir plus longtemps, refuse de fermer les yeux, d’être emportée. Elle se débat, va à l’encontre de son instinct Remi. Mais elle n’est qu’humaine, n’a qu’un corps fragile qui supporte mal, qui peut briser facilement. Et tout le café du monde n’arrive pas à retenir ses paupières lourdes. Sa vision se brouille, à la fois victime de ses nombreuses nuits sans sommeil, mais aussi embrouillée par les larmes cristallines de l’anticipation. Sa respiration se calme malgré la panique, et il n’y a plus rien.

Jusqu’à ce que les projecteurs s’allument, aveuglants, mais elle est pas nerveuse Remi, elle se sent bien, dans son élément même. Elle serre son micro et commence à chanter, la voix inconnue qui s’élève en même temps que la musique. Remi elle est pas dans son corps, elle est dans celui de quelqu’un d’autre. Un quelqu’un d’autre qui s’amuse à en crever, qui envoie des baisers volatiles à la foule, leurs mains qui s’étirent vers elle dans l’espoir de la toucher. Mais y’a rien de sexuel, rien de sale là-dedans. Fin du concert, direction les loges. Et le miroir. Et cette apparence qu’elle connait pas, cette fille qui n’est pas elle, qui n’a de familier que ses yeux en amandes.

L’alarme sonne, la tire des bras de Morphée sans pitié. Elle s’attendait pas à ça Remi, reste couchée dans son lit à fixer le plafond. Elle comprend pas ce qu’elle vient de voir, ce qu’elle vient de rêver. Ça avait l’air tellement vrai, elle peut encore entendre l’écho de la foule qui s’extasie. Mais au final, c’était qu’un rêve. Étrange, hors du commun pour sa réalité, mais rien qu’un rêve. Repousse les couvertures comme elle repousse le souvenir, la vie continue et il y a les misfits qui attendent pour un autre entrainement. Remi elle a pas le temps de s’intéresser à ce qu’il se passe quand elle a les yeux fermés, elle a d’ja la tête pleine avec sa vie, y’a pas de place pour les rêveries, pour les what if.

Mais les rêves y’ont quelque chose de spéciaux, ils restent, s’installent au fond de l’esprit, pas trop intrusif, mais jamais complètement oublié. Quand les portes du train s’écartent et qu’il y a sa tête devant, elle la reconnait, l’inconnue dans le miroir, l’autre sur la scène. Et l’orpheline comprend pas, arrive pas à saisir ce que ça veut dire, alors elle reste plantée là à la regarder, frozen in time, alors que les autres continuent leur vie.

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Date d'inscription : 27/02/2018

☽ ft. remi

Jelly est sortie de l’hosto. Et ce qu’elle est énervée. Jelly est sortie de l’hosto, et elle a, manifestement, du temps à tuer. Parce qu’on a décidé de la remplacer, pour son émission, à elle. On a décidé qu’elle était pas assez “en forme”. Et Jelly est en colère. Qu’on lui ait pas demandé son avis. Qu’on ait décidé de tout ça alors qu’elle était dans les pommes. Et en même temps, Jelly est soulagée. Soulagée, parce que lorsqu’elle était dans les pommes, elle a pas rêvé. Aucune image n’est parvenu à son cerveau en compote. Rien. Que du noir. Et alors que quelques mois plus tôt, elle aurait été déçue, parce que Jelly, elle aime bien rêver. Parce que Jelly, elle faisait de beaux rêves, avec de beaux garçons. Avec Ilya, en personnage principal, souvent. Là, elle est heureuse, maintenant, de plus en faire. Parce que ses rêves se transforment toujours en cauchemars. Des cauchemars où Ilya devient inconnu. Ou l’étreinte charnelle amoureuse devient autre chose, qui n’a rien d’amoureux. Qui n’est que pure luxure et pur dégoût. Et Jelly veut pas de ça. Alors elle se réveille, et refuse de se rendormir. Et lorsque ses yeux se referment, bien malgré elle, l’histoire recommence, et elle a l’impression que c’est sans fin. Que c’est toujours la même chose, avec des visages différents, qui s'enchaînent face à elle. Et elle peut rien y faire, elle est prisonnière. Et lorsqu’ils dorment, elle met la main dans leur portefeuilles, et face à elle, une fenêtre. Dehors, Altéa. Mais dans le reflet, quelqu’un d’autre. Une autre fille. D’autres cheveux bruns, d’autres yeux bridés. Pas elle. Et elle se réveille en sueur.
Jelly en peut plus.
Jelly a eu aucune image, lorsqu’elle était dans les pommes.
Si Jelly en a fait une blague, face à Tamsyn, elle se dit que c’est vraiment, peut-être la solution, finalement.
Elle marche dans les rues d’Altéa. Elle compte aller voir Adriel, puis Liebe. Peut-être faire un tour chez quelques autres amis. Elle sait pas. Puis, elle se dit que ce serait bien, qu’elle puisse la recroiser, cette fille. Celle qui lui a filer cette maladie, cet enfer. Mais elle sait pas où, elle sait pas quand, ni comment. Et ça l’inquiète. Elle a peur. Parce qu’elle peut pas continuer comme ça. Et elle aimerait, si possible, qu’elle reprenne ses cauchemars pour elle. Qu’elle arrête de les lui faire vivre. Parce que Jelly est faible. Qu’elle est émotive, et sensible. Et que c’est trop, pour elle. D’ailleurs, ce serait trop pour beaucoup de personnes. Elle se doute, peut-être un peu, de ce que ça pourrait être. Mais quoi. Liebe, c’est sa soulmate. Elles le savent, elles le sentent. Elles s’en sont vite rendues compte. Deux soulmates now ? Ca a aucun sens. Jelly a jamais entendu parler de deux soulmates. Si l’idée c’est que la soulmate est la personne qui nous est destiné, l’idée même d’en avoir deux n’a aucun sens.
Elle avance, Jelly, doucement, dans les rues. Arrive au train, et s’installe dans l’un des sièges. Elle pourrait poser sa tête, si facilement sur ce dossier, et fermer les yeux. Se laisser emporter par Morphée. Parce qu’après tout, dormir, ça a toujours été un loisir pour elle, pas une obligation. Mais elle se bat contre ça, s’oblige à garder les yeux ouverts. Démarre même une conversation avec un gamin, face à elle. Sa mère la regarde avec mépris, elle et ses cheveux verts. Elle s’en fout. Le gosse, il a l’air de bien les apprécier, ses cheveux. Elle lui raconte des histoires, pendant le trajet. Lui parle de sa carrière, lui signe un autographe. Il est bien trop jeune pour écouter son émission, il serait terroriser. Bien qu’il soit dans l’âge pour comprendre ses blagues, les sujets qu’elle aborde sont pour les 18 ou plus. Mais c’est pas grave. Il aura l’autographe, si un jour.
Elle descend à la prochaine, et croise le regard d’un homme, et elle frissonne. Parce qu’elle le connaît. Enfin. Pas elle, l’autre. Et même si elle sait, Jelly, que c’était pas elle, dans son cauchemar, le fait que son regard se pose sur elle la fait frissonner. D’un dégoût ancré et profond. Et lorsqu’elle lève les yeux, sur le point de sortir, sa respiration se coupe, quelques instants. Et elle finit par sortir du train, poussée par les gens pressés, derrière elle. Elle quitte pas la fille des yeux. Ces yeux bridés, ces cheveux, si différents des siens. Et son visage, qu’elle voit toutes les nuits, dans ces reflets de fenêtres, sur un fond d’Altéa.
Elle a souhaité la revoir. Elle est là, maintenant, face à elle.

Prends le comme tu voudras, mais j’attendrais le prochain à ta place. Y’a ce gars. Enfin un type. Tu l'connais j'crois. Ouais bref.

Jelly fonctionne mal sous pression sociale. Et Jelly fonctionne mal actuellement, après avoir été dans les pommes pendant de longues heures. Jelly fonctionne mal face à cette fille, qui a ce visage si familier. Elle veut juste lui dire qu’un gros porc est assis dans ce wagon, et que ce gros porc est un mec avec qui elle a tiré un coup. Mais elle sait pas comment dire ça. Parce qu’elle sait rien, au final, à part ce que les images lui ont montré. Elle sait pas ce que c’est fille faisait avec ces hommes, ni pourquoi elle leur faisait les poches. Elle sait juste qu’elle a rencontré beaucoup, beaucoup d’hommes. Et qu’elle aimait pas ça.

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☽ ft. jillian

elle avait jamais compris les trucs surnaturels remi. s'était toujours permise de rire à la gueule des gens lorsqu'on mentionnait autres mondes et esprits. écoutait ses amis parler de soulmate avec une incrédulité masquée. sceptique jusqu'aux bout des doigts ; orpheline à l'éducation horriblement déficiente. remi elle a pas terminé ses études, remi on voyait pas l'intérêt de cultiver son esprit, son corps faisait amplement l'affaire. gamine qui aspirait à tellement plus, qui aspirait aux sommets. mais ses ailes ont été coupées, arrachées pour qu'on l'enferme dans une prison invisible. ils ont jamais été horribles les nulls, mais elle avait jamais voulu de cette vie la belle. elle avait jamais demandé à venir au monde, et son seul péché était d'être née de la mauvaise personne. et elle avait longtemps détesté sa vie, avait rêvé plus d'une fois de s'éteindre dans la nuit, de disparaître parce que même le vide total aurait été mieux que cette vie de servitude. remi elle était habituée à la solitude, à ce sentiment d'être seule au monde, sans oreille attentive, sans âme qui pleurerais son absence. même au milieu des autres filles, des autres prostituées. constamment entourée, et constamment seule.

mais dès que son regard s'est posé sur cette gamine aux cheveux verts, il y avait un truc de différent. quelque chose qu'elle pouvait pas expliquer, mais quelque chose qu'elle ressentait au plus profond de son âme. probablement le rêve, les traits identiques à ses souvenirs. la situation surnaturelle, si étrange que l'esprit factuel de la poupée n'arrivait pas à comprendre, à saisir les subtilités. Et sa voix s'élève à l'inconnue ; voix qui s'harmonise à la perfection avec celle de son rêve. Les traits se durcissent, le masque d'indifférence feinte se replace sur les traits. remi n'aime pas ce qu'elle entend, n'aime pas ce qui semble flotter entre les lignes. les non-dits qui résonnent trop véridiques, qui trahissent une compréhension de son passé qui la rend mal à l'aise. De quoi tu parles ? Les quatres mots qui résonnent cassants, un peu trop pour arriver à garder une illusion d'indifférence. Les nerfs à vif, la poupée qui se demande si c'est une envoyée des Nulls... si l'heure de payer est enfin arrivée. T'es qui d'ailleurs ? la sonnerie qui résonne, qui intime les deux inconnues de s'écarter parce que la vie continue même si leur temps semble s'être suspendu.

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Date d'inscription : 27/02/2018

☽ ft. remi

Elle a à peine fini de parler qu’elle le regrette déjà. Jelly est comme ça. Elle est rapide à regretter ses actions, ses gestes ou ses mots. Et déjà, peut-être que ça devrait pas être ses affaires, tout ça. Peut-être qu’elle devrait pas s’en mêler. Sauf que c’est un peu ses affaires, quand même. Parce qu’à cause de ça, elle arrive plus à fermer l’oeil de la nuit, sans avoir peur qu’un souvenir qui lui donne envie de gerber lui arrive à l’esprit. Et la peur sert pas à grand chose. Parce que Jillian aime ça, dormir, et que c’est inévitable, quand elle s’endort, Bam ! Alors, si, c’est un peu ses affaires, quand même. Mais still. Elle regrette. Parce qu’elle la connaît pas, cette fille, et elle est incapable de savoir comment elle va réagir face à sa phrase, à ce qu’elle a dit. A ce qu’elle lance, sans vraiment finir l’idée. Qu’elle sait que la fille connaît le gars à l’intérieur du train. Et finalement, elle est pas censée savoir que la fille connaît le type du train. Et c’est un peu les montagnes russes dans sa tête. Parce que la fille et le type, et les mots, et les pensées se choquent et s’entre-choquent. Alors Jelly, elle baisse les yeux. Et elle s’avance un peu lorsqu’elle entend les portes se fermer derrière elle. Tant mieux. Elle est soulagée. Et c’est stupide, parce que, avec le regard que lui lance la fille de ses cauchemars, peut-être qu’elle aurait dû rester dans le train, après tout. Elle lui demande de quoi elle parle, à Jelly. Et son ton de voix est pas agréable. Et Jillian sait qu’elle a rien fait de mal, mais que peut-être, elle aurait pas dû le faire. Elle est habituée à garder les trucs pour elle, après tout, justement pour pas se retrouver dans ce genre de situation et pour éviter les moments gênants comme ceux ci. Mais là, elle a pas pu. Là, non. Non, parce que cette fille lui gâche la vie. Puis, franchement, elle lui a dit pour son bien, elle devrait pas réagir comme ça. C’est injuste. Et Jillian, si elle sent ses poumons se contracter, et qu’elle sait parfaitement bien ce que ça annonce, elle retient. Elle retient les larmes. Parce que cette fille lui a littéralement juste, dit un truc. Quatre mots. Sur, well, un ton pas sympathique, mais ça reste juste quatre mots. Et la fille reprend. Et Jelly a les yeux par terre. Elle aime pas le ton que prend la discussion. Ou plutôt le ton que prend la fille pour lui répondre. Parce que si ça tenait qu’à elle, la discussion serait jamais allé dans cette direction là, de la colère et de la haine, et, vraiment, pourquoi y’a ce besoin d’avoir autant la haine ? Jelly comprend pas.

Elle relève les yeux, après tout. Elle doit lui faire face, à cette fille qui se pense tout permis. Et elle a un visage qui se veut méchant, mais qui vraiment, reflète juste la détresse que ressent Jillian face à cette colère qu’elle comprend juste pas.

J’en sais rien, et toi, de quoi tu parles ?

Elle attend pas quelques secondes avant de se remettre à parler. Déjà parce que répondre au tac au tac c’est pas son truc. Et parce que parfois, comme là, ce qu’elle dit n’a aucun sens. Même pour elle.

Et toi, t’es qui ? C’est moi qui devrait être énervée, après tout. C’est à cause de toi que je dors plus la nuit.

Jelly a envie de s’enfoncer huit pieds sous terre. Juste pour pas avoir à subir la réponse, quelle qu’elle soit. Parce qu’elle aurait juste dû partir. C’est bien la fuite aussi, non ? Et elle aurait pu ne jamais avoir à la revoir. Et subir les cauchemars. Parce que après tout, ils sont pas réels, eux. Alors qu’elle, la furie en face, elle l’est.

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☽ ft. jillian

Y’a rien à faire. Remi sent son corps se tendre, l’énergie nerveuse à peine contrôlée. Elle aime pas qu’on se mêle de ses affaires, qu’on lui dise quoi faire, qu’on pense à son bien-être. Ça sonne faux à ses oreilles. Parce que les gens s’occupent que d’eux, parce qu’ils sont égoïstes. Et les gestes de bonté soudains, ça existe pas, au final c’est toujours pour eux, pour se sentir mieux dans leur peau, pour abuser des faibles. Y’a son regard sur elle qui la fait grincer des dents Remi. C’est peut-être juste dans sa tête, mais ça se voit qu’elle sait des trucs, qu’elle lance pas des conneries en l’air juste pour la déranger, pour voir l’incompréhension sur ses traits félins. Ça se voit qu’elle en sait trop, l’étincelle de malaise, le reflet de pitié. Elle a rien demandé Remi, elle voulait juste qu’on la laisse tranquille. Et y’a son sang qui bout, y’a ses dents qui se serrent, et la colère mal dirigée. Elle sait que c’est pas de la faute de l’autre, qu’elle voulait probablement bien faire. Remi elle est pas totalement stupide, même si c’est pas la plus lumière de la bande. Logiquement, elle sait qu’elle a aucun droit de s’énervé, de l’attaquer avec son ton glacial. Mais ça empêche pas les mots de sortir, dur, froid, comme des flèches qui s’enfoncent dans la chaire. Les larmes naissent aux coins des yeux bridés de la victime, tiraillant le cœur bouillant de l’orpheline. Elle regrette presque, s’en veut presque. Presque. Elle aurait pas survécu longtemps Remi si elle se laissait attendrir au moindre larme, si elle s’était pas construit un masque d’indifférence. La loi du plus fort, c’est tout ce que Remi connaissait et elle était passée reine de la jungle. Elle balbutie, s’essaie à la répartie pour échouer lamentablement. Bon effort, peut-être que ça aurait pu fonctionner à un autre moment… avec une autre personne. Remi, elle fait qu’hausser un sourcil, blasée jusqu’au bout.

Qu’est-ce que tu racontes ? On se parle pour la première fois.

Sauf qu’elle sait Remi. Les points se sont connectés dans son esprit, et elle sait, qu’elle sait. Et ça la fait paniquer, ça lui fait peur à la fugueuse. Son pouls s’accélère, fracassant dans son esprit, et ses paumes se couvrent d’une fine couche de sueur. La honte, la gêne qu’elle ravale difficilement. C’est la première fois depuis qu’elle a fui que son passé semble si près, si imposant. Et c’est cette inconnue, cette gamine au cœur en guimauve qui l’a appris. Cette enfant naïve aux yeux humides, probablement incapable de se protéger contre quoi que ce soit. Elle sait pas quoi faire Remi, se retrouve comme une conne à hésiter, à pas savoir sur quel pied danser. Probablement que ce serait mieux de faire comme si de rien n’était, mais si elle ouvrait la gueule à qui que ce soit ce serait dangereux. Les possibilités terrifiantes qui s’empilent dans son esprit, alors que ses traits gardent une neutralité déconcertante. Ses tourments internes quasi invisibles sur ses traits fins.

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Date d'inscription : 27/02/2018

☽ ft. remi

Ce serait mentir de dire qu’elle lui fait pas peur, la fille face à elle. Et c’est bizarre, parce que d’un côté, elle la fait flipper, et de l’autre, elle lui fait (un peu) de la peine. Parce que les rêves, dans lesquels elle est, c’est pas. Enfin, Jelly est presque sûre que c’est pas juste des rêves. C’est pas juste son imagination qui lui joue des tours. Surtout que, bah, voilà. Le type, elle l’a vu aussi, le mec existe, vraiment. Donc c’est pas juste un truc qu’elle a inventé. C’est vrai de vrai. C’est cette fille qu’a vécu tout ça. Et, enfin, c’est pas si horrible que ça, en soi. Enfin, ce qu’elle voit, en tout cas, elle, dans ses rêves. Mais assez pour la réveiller la nuit. Parce que c’est pas tant ce qu’elle voit, que ce que ça implique, qui lui donne la gerbe. Et puis, elle devrait pas être liée comme ça à une fille ou à n’importe qui, d’ailleurs. Elle devrait rêver de ses trucs à elle, tranquille dans son coin. Ouais. Elle devrait faire comme d’habitude et avoir ses nuits noirs, sans rêve, et reposantes. Parce qu’elle a besoin de sommeil, Jelly. Elle a besoin de dormir pour récupérer de ses nombreuses heures passées à chanter, danser, ou animer une émission de radio. Elle a besoin de son sommeil réparateur. Et c’est même pas un beauty sleep, à ce niveau là. C’est juste le stricte minimum. Parce que sinon, bah, il se passe ce qu’il s’est passé tout à l’heure. Elle tombe dans les pommes, de fatigue. Et c’est pas possible. Elle ose même pas imaginer ce qu’il se serait passé si elle avait fait ça lors d’un concert, devant tous ses fans. Non. Faut pas qu’elle imagine ça.
Alors Jelly ose parler. Ose répondre. Même si ce qu’elle répond n’a aucun sens. C’est juste pour dire qu’elle se laissera pas faire. Cette fille va finir par la faire crever si elle continue de s’insinuer dans ses rêves, comme ça. Merde quoi, elle est sympa Jelly, mais à la fin, sa vie c’est sa vie. Et c’est pas parce qu’elle est merdique qu’elle doit empêcher les autres de dormir. Et Jelly reste là, comme une conne, à attendre. A attendre un truc, probablement, sans savoir trop quoi. Et putain, ce que ça l’irrite. Parce qu’au moins, qu’elle réponde un truc ? Qu’elle réagisse ? Elle hausse juste un sourcil, et c’est tellement dédaigneux que Jelly se retient de partir en tapant du pied. Le fait pas. Parce qu’elle aimerait entendre, cette fille. Est-ce qu’elle aussi, elle fait des rêves affreux ? Est-ce qu’elle aussi, elle rêve de sa propre vie ? C’est quoi leur relation, au fond ? Jelly a des débuts d’idées, mais aucune qui lui plaise réellement. Est-ce qu’elle, elle rêve de sa vie, à Jillian ? Est-ce qu’elle connaît son intimité, sa vie privée, comme Jillian connaît la sienne ? Ce serait bizarre. Vraiment, vraiment bizarre.
Et lorsque la fille répond, c’est au tour de Jillian d’écarquiller les yeux. Ah ok. C’est pas vraiment ce à quoi elle s’attendait, mais. Et Jillian a encore les larmes aux bords des yeux, mais elle les ravale. Elle est plus frustrée et énervée que triste ou quoique ce soit d’autre. La fille face à elle ressemble à un robot. Et pas à un androïde de ceux qu’elle connaît (et apprécie) sur Sigan. Non. Même eux, ils ont plus d’expressions que la fille face à elle. Alors Jillian lâche une expiration longue et bruyante, et baisse la tête. Regarde le sol.

La dèche. J’voulais juste t’aider moi. Je sais pas, ce type avait pas l’air commode. Et la façon dont il m’a regardé alors qu’il me connaissait même pas. J’ai pas envie de penser à. Enfin. Ouais bref. J’ai pas besoin d’y penser, à chaque fois que je dors, j’y pense. Sans avoir le choix.

Elle repense au fait que, dans les pommes, au moins, elle pensait à rien. Ouais. C’est peut-être vraiment la solution, finalement.

Mais on a jamais parlé, non c’est vrai. Je m’appelle Jillian, en fait. Jillian Samuels. Mais tu peux m’appeler Jelly.

Et elle sait pas, Jelly, pourquoi elle s’est présentée. Mais elle est dans un état second. Un état de détache cérébral. Après tout, sérieusement, maintenant qu’elle est là, face à cette fille. Peut-être que plus elle lui parle, moins elle pensera à elle la nuit ? Genre, comme si c’était une balance, et un nombre d’heure pendant lesquels elle devrait la voir. Un truc comme ça, quoi. Et que si elle la voit pas la journée, elle est obligée de la voir la nuit. T’façon, les liens cosmiques et tout, qui existent entre les gens, Jelly les comprend pas. Et a jamais essayé de les comprendre. Maintenant, elle se dit qu’elle aurait peut-être dû, malgré tout.

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☽ ft. jillian

Elles sont tellement différentes les deux belles, y’a que les traits exotiques qui étirent leur yeux qui sert de similarité. Les vagues d’agression de l’une qui se heurtent à la bonté de l’autre. Y’a rien qui les rapproche, y’a pas de points d’accroche entre les deux, y’a que ce désir insensé de l’univers de les lier implacablement. Et les deux, elles auraient bien aimé s’en passer, auraient aimé ne pas être victime du destin. En tout cas, Remi elle refuse ce lien du plus profond de son âme. Y’a rien qu’elle aime dans cette idée, serait prête à abandonner ses nouvelles heures de sommeil pour garder ses secrets. Elle préférait crever de fatigue que de devoir partager son histoire. Elle a peur la belle, elle a peur de ce que les autres pourraient penser, a peur de perdre sa crédibilité, peur de réveiller les démons de son passé surtout. Remi, la peur la consume toute entière. Elle est tellement préoccupée par ses propres problèmes qu’elle pense pas une seconde à se mettre à la place de l’autre. C’est peut-être la jalousie qui parle, la jalousie de cette vie qu’elle a jamais eu. Parce que même si elle connait pas l’autre très bien, même si elle sait pas tout de sa vie, ce qu’elle a vu quand ses paupières se ferment anticipant monstres, ça faisait tordre son ventre d’envie, de convoitise pour cette vie si différente de la sienne. C’est peut-être la voix de la jalousie qui fait taire sa logique, qui vient attisé sa mauvaise volonté. Elle a jamais vraiment souffert, qu’elle deal avec les cauchemars quelques temps, c’est plus facile que de les vivre, ce sont que des souveirs... Mais y’a rien qui puisse pardonner, rien qui puisse rendre l’échange égal.

La dèche. J’voulais juste t’aider moi. Je sais pas, ce type avait pas l’air commode. Et la façon dont il m’a regardé alors qu’il me connaissait même pas. J’ai pas envie de penser à. Enfin. Ouais bref. J’ai pas besoin d’y penser, à chaque fois que je dors, j’y pense. Sans avoir le choix.

Même si on essayait, pourrait pas y avoir plus diamétralement opposée que ces deux-là. Remi sert les poings, ses ongles s’enfoncent dans la peau blancharde de ses paumes, assez pour y laisser des croissants de lune sanglants. Elle sait pas comment réagir, sait pas ce que l’autre veut. N’importe qui aurait déjà pris la fuite, se serait tiré en lui hurlant des insultes à la gueule. C’est à ça que Remi s’était attendue, c’était ça que Remi avait voulu causer avec son humeur maussade. Mais elle s’accrochait la beauté aux yeux humides. Elle voulait pas savoir Remi, voulait pas savoir ce qu’elle avait vu, voulait plus en entendre parler. Elle voulait juste faire l’autruche, s’enterrer la tête six pieds sous terre et espérer que la menace passe. Elle avait pas la force d’assumer sa vie de merde, avait pas la force de raconter son histoire à une inconnue, avait même pas la force d’en parler à ses proches.

Ah, t’es la meuf de la radio.

Elle sort pas beaucoup Remi, mais elle vit pas sous une roche. Elle a entendu la radio, parce que sa coloc la faisait jouer dans l’appartement des fois, parce qu’elles avaient rien de mieux à se dire et qu’il fallait meubler le silence. Elle en a rien à faire, mais elle fait l’observation quand même.

Remi.

Deux syllabes laissées à contrecœur. Sait pas pourquoi elle a accepté de le dire, refuse de prononcer le nom en entier, trop souvent souillés par ceux qui le lui ont murmurés à l’oreille comme une menace, comme une preuve de possession sur son corps. Remi sait pas quoi lui dire, lasse de lui cracher son venin au visage pour ne voir aucun résultat.

Je sais toujours pas de quoi tu parles, mais merci de m’avoir prévenue.

Remi qui continue de renier le lien, continue de tourner la tête. Espère qu’en acceptant de faire un compromis, elle va la laisser continuer sa vie, même si elle se dirige droit dans un mur, même si elle court pas assez vite pour fuir le passé qui va la rattraper. Remi, elle veut pas l’impliquer dans ses histoires de merde, pense que si elle fait juste renier son existence, elle arrivera à rompre le sort. Gamine sans éducation, gamine un peu conne, gamine qui sait juste pas.

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Date d'inscription : 27/02/2018

☽ ft. remi

C’est compliqué. Lorsqu’elle a su, pour Liebe, c’était tranquille pépère. Parce que Liebe et elle étaient amies. Parce qu’elles avaient passé plusieurs jours, plusieurs nuits, à s’aimer comme des amantes. Elles ont compris après qu’elles étaient amies. Mais ça les a rapproché. Beaucoup. Et du coup, aujourd’hui, c’est simple. Et limpide. Elles sont amies, et âmes-soeurs. Et il se passera jamais rien entre elles deux. Et elles s’entendent bien. Et Jillian voit pas la vie de Liebe défiler sous ses yeux toutes les nuits. Elle préfèrerait, forcément. La vie de Liebe, même si pas non plus couverte de bonbons et d’arc en ciel, est largement moins pire que celle de cette fille, face à elle. La vie de Liebe l’empêcherait pas de dormir. Alors, ouais, c’est compliqué. Parce que ça semblait simple, si simple, avec Liebe. C’était de la crème. C’était une aubaine, pour Jillian, de se dire que, “ouf putain, c’est elle et pas quelqu’un que j’aurais à rencontrer plus tard”. Mais non. Non, il a fallu que le destin de merde se dise que c’était pas assez compliqué comme ça, et qu’au lieu de faire comme tout le monde, et de la laisser tranquille avec une soulmate, ils allaient lui en foutre une deuxième. Et, en vrai. Si elle l’empêchait pas de dormir la nuit, et qu’elle était juste un chouilla plus sympa, Jelly serait heureuse. Parce que les gens avec des multi-soulmates, doit pas y en avoir cinquante milles. Et que Jelly fait partie de ces gens là. Et que ça la rend un peu spéciale, un peu différente. Et Jelly, comme ses cheveux verts le montrent, aime bien être spéciale.
Jillian préfère se présenter, prendre les devants, juste agir, faire un truc. Parce que l’ambiance est trop froide, et que si elle avait réellement une marque de soulmate sur le corps, à coup sûr qu’elle pourrait la sentir se geler. Cette fille est incroyablement désagréable. Froide, et penché sur sa position du “on se connait pas”. Et vraiment, genre, sérieux ? Parce que si Jelly voit son passé dans ses rêves, alors probablement qu’elle, elle voit son passé, à Jelly, non ? Elle voit les concerts, elle voit la famille, elle voit peut-être les Bae. Jelly kifferait pas que cette fille voit trop Ilya, dans ses rêves. Pas qu’elle soit possessive, mais bon. Peut-être un peu, sur les bords. Lorsque la fille répond, Jillian hoche juste la tête. Elle sait pas si c’est bien d’elle dont elle parle, après tout y’a pas qu’elle, à la radio. Mais oui, elle travaille à la radio, et elle s’appelle Jillian Samuels, et ça doit pas y’avoir des dizaines de Jelly sur la radio Altéenne. Et lorsqu’elle se présente, Jelly a juste l’impression que c’est une info de plus, qui lui servira pas forcément, mais qui risque de lui prendre la tête. Quoique, après tout. Au moins, si elle veut faire une poupée vaudou à son effigie, elle saura comment la prénommer.
Et lorsqu’elle finit de parler, Jillian est juste blasée. Jelly comprend pas ce qu’elle cherche, à éviter le problème comme ça. Comprend pas pourquoi elle est si chiante, là dessus, à faire celle qui comprend pas. Alors peut-être que Jelly s’est trompée de personne, mais elle en doute, beaucoup. Peut-être juste que la fille se souvient pas des rêves qu’elle fait, elle, quand elle se réveille le matin, et que le visage de Jillian, du coup, lui dit rien. Mais ça aussi, elle en doute. Ou alors c’est que le destin est un bâtard sans coeur qui lui fait elle se souvenir d'atrocités, et pas Remi de ce que Jelly imagine facilement être d’assez beaux rêves. Après tout, Jelly a une vie facile.

De rien.

Elle meurt d’envie de rajouter un truc. Elle a envie de continuer à lui parler, parce qu’elle s’est pas enlevée de la tête l’idée que peut-être, peut-être, plus elle lui parle, moins elle pensera à elle, et moins elle fera de cauchemar. Mais elle sait juste plus quoi dire. Elle baisse la tête, crevée. Si elle était pas maquillée, la fille verrait probablement les crevasses qui lui servent de rides, qu’elle cache sous ses yeux.

J’ai envie de dormir.

Et elle rigole. Elle rigole parce que c’est drôle.

J’ai pas envie de dormir du tout, en fait.

Et son rire devient un peu plus cynique. Elle en a marre, elle en a tellement, tellement, marre.

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