la peur au ventre (alviss)

Koda est peut-être devenue un peu paranoïaque depuis toutes ses années, peut-être. Ok, ça elle a pas de soucis à l’admettre. Mais quand elle se fait repérer pendant une mission, qu’elle fait tout pour partir discrètement, mais rapidement, et qu’elle a l’impression d’être suivie. Bah elle préfère suivre son instinct, aussi paranoïaque soit-il, que de finir une nouvelle fois dans le coma avec une coupure dans l’abdomen. Elle sent qu’elle est suivie. Y’a cette présence derrière elle, qu’est là, qui reste là. Même quand elle prend des rues qu’elle sait déserte pour la plupart du temps. Depuis qu’elle a confirmé, dans son esprit apeuré qu’elle était suivie, elle a arrêté de les prendre, les petites rues. Elle se tient strictement aux rues et avenues où le monde est encore présent. Beaucoup de monde. Plus il y a de monde, mieux c’est. Et puis, elle accélère pas, non plus. Parce que bientôt, elle sera à cours de grandes avenues, et ça, c’est pas bon. Y’a aussi l’fait que la nuit commence sérieusement à tomber. Non rectification, est tombée. Les gens sont encore dehors, ils règlent leurs derniers problèmes ou font les dernières choses qu’ils ont à faire probablement, mais ils seront pas là longtemps. Elle le sait, Koda. Elle a souvent été seule dans la rue à cette heure là, et dans un quart d’heure, y’aura plus que deux trois personnes dans les rues. Et pas forcément des gens sobres. Oh, y’a des endroits en ville où y’a du monde toute la nuit. Mais pas ici. Et pas sur le chemin de la maison, de sa maison à elle et Bambi. Il est pas question qu’il l’amène jusqu’à là-bas. Pas quand la seule réelle protection qu’elles aient toutes les deux, c’est un chaton, un Shiba et un petit bulledogue incapable d’aboyer sur le ci-nommé chaton.

Alors elle réfléchit rapidement, ou essaye. Les gens commencent à rentrer chez eux. Et y’a quelques années, elle en aurait alpaguer un, en lui demandant de marcher avec elle, mais. Elle peut plus. Et puis y’a quelques années, cette personne aurait eu aucune raison de la suivre. Elle sait pas vraiment pourquoi il la suit, d’ailleurs. Parce que si cette personne est la personne qu’elle pense qu’il est, c’était pas lui, la cible. Celui qu’elle devait espionner, c’était pas lui. C’était même pas son collègue ou quelqu’un de proche non. Juste un autre invité de ce gala de charité à la con. Gala de charité, écran d’fumée oui. Gala pour hommes libidineux. Koda était pas la seule femme, mais les seules qu’il y avait restaient entre elles. Elles avaient, peur, peut-être ? Ou un sentiment qui s’en rapprochait franchement. Cela dit, certaines de ses femmes étaient probablement épouses d’hommes présents. Et dans ce cas là, elles partagent leur vie avec des hommes satisfaisant leur plaisirs sexuels partout sauf sur elle. Et à leur place, finalement, j’en serais ravie.

Peut-être que c’est un mec qui pense qu’elle est de la viande fraîche, l’homme qui la suit. Et elle pense rapidement qu’elle préfèrerait finalement, peut-être, finir dans l’coma que de vivre ce qu’elle pense qu’elle va vivre si ce type finit par la coincer seule quelque part. Elle en a des frissons.

Ou peut-être que son esprit de parano lui fait encore des tours. Peut-être que personne la suit et. Non. C’est des conneries. Elle veut se rassurer mais ça marche pas. C’est trop présent pour être juste de la paranoïa. Et puis, finalement. Koda a jamais vraiment été paranoïaque, hein, au final.

Et puis elle a une idée. Mais si elle veut la mettre à exécution sans qu’elle se retrouve une seule fois seule dans une rue, va falloir qu’elle aille vite. Genre, très, vite. Et qu’elle prenne un itinéraire spécial. Le genre d’itinéraire pas vraiment vraiment légal. Celui qui perd assez bien les suiveurs non désirés.

Et il faut une bonne demi-heure pour arriver là où elle voulait aller. Elle sent plus la présence derrière elle et ça la rassure. Mais pas assez pour retourner tranquillement chez elle rejoindre sa femme. Elle prendra le téléphone d’Alviss pour envoyer un message à Bambi. Pour la prévenir. Elle sonne, plusieurs fois. Elle est pas bien, se sent pas bien. Garde un visage stable, parce que c’est comme ça qu’elle est, Koda. Elle garde le visage fermé, il faut que personne sache qu’elle a peur. Sauf Bambi, elle a le droit. Son cluster a le droit. Mauve, a pas besoin de le voir pour le savoir et. Et Alviss. Sans qui elle serait morte. Lui, il a le droit de la voir, quand elle a peur. Non, quand elle est morte de trouille.
Finalement, il ouvre, et elle se sent reprendre une respiration normale quand son visage apparaît à la place de la porte.
Désolée. Qu’elle signe simplement. Vu le nombre de fois qu’elle lui a signé, qu’elle lui a écrit ce que ça voulait dire, ça doit être un des mots en langage des signes qu’il ne risque pas d’oublier.