(eclipse) -- boa.

3 a.m thoughts. le souffle qui s’échappe si délicatement de ses lèvres, les paupières qui s’ouvrent une nouvelle fois sur cette pénombre – la vision qui s’adapte de nouveau à l’espace. c’est la chambre éclairée par quelques clartés sauvages d’une lune à son apogée qu’elle rencontre de ses pupilles abyssales – xia, elle n’arrive pas à dormir. le sommeil qui ne semble pas vouloir l’embrasser cette nuit encore.
la laissant victime de ses pensées vagabondes, un peu désordonnées et souvent dressées en un seul et unique portrait.
(( le s i e n ))
(et y a la voix qui résonne ; l’image qui se dresse à nouveau comme un souvenir d’antan -
d’un homme qui s’aventure. le regard noircit par les écrits d’un savoir trop profond, trop vaste, perdu dans un univers qui n’est pas le sien.
c’est comme une impression de déjà vu ; le souvenir d’une autre période, d’une autre vie. couleurs chaudes qui colorent le paysage – le rire innocent qui résonne, qu’elle reconnaît. le sien.
et y a du rouge. et du bleu. beaucoup de bleu ... )
le grognement qui résonne comme un murmure alors qu’elle fourre son visage dans l’oreiller avant de se mettre à plat ventre. et elle ferme les yeux, elle arrête de respirer. compte jusqu’à dix, mais le sommeil ne passe toujours pas par la porte.
la lune qui éclaire, qui garde les pensées éveillées – nuit blanche qu’elle se sait capable de passer si elle ne trouve pas un moyen de sombrer dans le sommeil.
et les secondes défilent, le silence qui gêne un peu – elle se retourne xia. le regard qui se pose sur ce plafond parsemé de fausses étoiles. galaxie au bout des doigts. univers si adoré. si fascinant. les lèvres qui se retroussent légèrement alors qu’elle passe ses mains sur son visage. chasse pourtant les traces de cette fatigue qui s’accumule.
soupire qui se glisse d’entre ses pulpes, elle tourne la tête vers la porte de sa chambre.
et boa. est-ce qu’elle arrive à dormir ? qu’elle se demande. est-ce que le double a trouvé le sommeil ? et y a le désir de rejoindre la moitié, de se glisser sous les draps à la recherche de la tendresse, de la sûreté, du calme – choses qui lui manquent terriblement. elle se pince les lèvres, pas très adoratrice de devoir briser le probable sommeil de boa. pourtant, ce sont bien ses draps qu’elle retire de son corps. silhouette qui se redresse lentement.
les frissons que le parquet froid lui arrache dès l’épiderme en contact et c’est l’inspiration qui gonfle les poumons qui fait sourire. et elle s’avance vers la porte, tout doucement. démarche féline sur la pointe des pieds, elle prie pour ne pas faire de bruits. (…)
et ce sont les interrogations qui la coupent dans son élan – main à quelques centimètres de la poignée de sa porte. peut-elle le faire ? en a-t-elle le droit ? le front qui se pose sur le bois, elle se mordille les lèvres – pense trop fort, sur trop de choses et finalement, la main se pose doucement. elle ouvre la porte et jette un regard discret.
silhouette qu’elle perçoit dans les draps, elle inspire silencieusement avant de pénétrer le jardin secret de sa sœur dans le plus grand des silences. porte refermée, elle s’avance rapidement vers le lit, se faufile sous les draps, le regard scruté sur le moindre mouvement que le double pourrait faire.
une fois calée, xia, elle regarde de nouveau le plafond – il n’y a pas de bleu dans sa vision – que du gris, un peu terne, le gris habituel ; sans saveur, sans sentiments.
et finalement – elle s’élance dans l’inconnu ; murmure à peine audible. « boa, tu dors ? »